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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 06:18

Voici “Le Diable Noir de Saint-Cado” (Éd. Bargain, 2009), huitième suspense de Gisèle Guillo. On y retrouve Vincent et ses proches, mais il n’est absolument pas indispensable d’avoir lu les précédents titres pour apprécier celui-ci. Car seule importe la situation mystérieuse à laquelle ils sont confrontés.

Vincent et Margot ont loué, avec leurs amis Jean-Luc et Anne-Marie, une maison au bord de la Ria d’Étel, dans le Morbihan. Ces vacances à Saint-Cado débutent mal. Jean-Luc est victime d’une entorse, à cause des trous invisibles creusés dans le jardin. Les jeunes enfants de Vincent et Margot sont effrayés par l’épouvantail pendu au cerisier de la voisine. En outre, la maison est beaucoup plus sinistre qu’ils ne s’y attendaient. Dans le secteur, on prétend même qu’elle est hantée. Ils apprennent qu’une forte rivalité oppose Basile Martin, le propriétaire, à sa cousine et voisine Pénélope Martin. Se disant spoliée de son héritage, elle se montre hostile envers tous les occupants de la maison. Les deux couples parviennent à amadouer Pénélope en l’invitant à dîner. Une sympathie mutuelle naît entre eux tous, même si la célibataire garde quelques secrets.

Un autre cas épineux se présente pour les vacanciers. Gabriel Martin, grand-oncle de Pénélope et Basile, a provisoirement quitté sa maison de retraite pour s’installer en caravane dans le jardin. Ce non-respect du contrat de location irrite Vincent et ses amis. Hélas, Basile Martin et son épouse sont injoignables, car ils effectuent un voyage en Chine. Sans être désagréable, il a l’amitié envahissante, ce Gabriel. Plus inquiétant, la fille de Jean-Luc et Margot croit voir un fantôme, puis sa mère entend des bruits nocturnes dans la maison. Dans un placard, les vacanciers remarquent une poupée ancienne. Contrairement aux affirmations de Pénélope et Gabriel, cette demeure n’a pas toujours appartenu aux Martin. Avant la 2e Guerre, une famille de Juifs allemands y a vécu. Tués ou disparus dans la tourmente nazie, ces diamantaires auraient caché ici un véritable magot.

Les trous dans le jardin s’expliquent : on cherche encore ce légendaire trésor. Si le cyclothymique oncle Gabriel joue au somnambule par une nuit d’orage, la suite est plus dramatique. On le trouve pendu au cerisier de Pénélope, à la place de l’épouvantail. La gendarmerie enquête sur ce douteux suicide, empêchant les vacanciers de quitter la région. Basile Martin et son épouse restent bien difficile à joindre en Chine. Quant à Pénélope, qui n’a pas d’alibi, elle est une des héritières de Gabriel. L’ambiance reste tendue dans la maison, d’autant que la poupée ancienne a disparu. L’accident dont est bientôt victime Pénélope apparaît vite suspect. La voiture de la voisine a été sabotée. Les gendarmes soupçonnent Vincent de ce méfait. Ses amis et lui sont plusieurs fois interrogés. Menant leurs propres investigations, Jean-Luc et Vincent trouvent une piste…

Gisèle Guillo cultive une tension légère, bien présente, sans oublier quelques touches d’humour, notamment à travers le personnage de Gabriel. C’est évidemment la fluidité du récit qui constitue l’atout principal de ce roman. Cette souplesse narrative est réellement entraînante. Dans la meilleure tradition, un très bon petit polar comme on les aime.

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 06:19

Réédité en 2009 par Moisson Rouge, “Cassidy’s Girl” de David Goodis est un très bon exemple du roman noir traditionnel, à lire pour enrichir sa culture polar.

En ce début des années 1950, Cassidy végète dans un quartier miteux de Philadelphie. Pourtant, il a connu des époques plus glorieuses dans sa vie. Sportif universitaire, puis héros de la 2e Guerre, il fut pilote de ligne. Jusqu’à ce qu’un accident d’avion dont il n’était pas responsable provoque sa déchéance. Après divers jobs, il est désormais chauffeur d’autocar. Il traîne surtout une réputation justifiée d’ivrogne. C’est chez Lundy, un bar accueillant une clientèle de purs alcooliques, que Cassidy passe son temps à s’enivrer avec ses amis. Quatre ans plus tôt, c’est dans ce même bistrot qu’il se laissa séduire par la sensuelle Mildred, devenue depuis sa femme. Cassidy est toujours accro à son excitante compagne, qui aime autant que lui les boissons fortes. Malgré l’obsession q’elle lui inspire, les scènes de ménages se succèdent. D’autant que Mildred aguiche Haney Kenrick, qui a plus de fric que Cassidy. Tout ça finit par une sévère bagarre entre les deux hommes chez Lundy, sans vainqueur.

Cassidy devient l’amant de la jeune Doris, dont l’alcoolisme maladif lui donne envie de la protéger. Elle aussi a traversé de dures épreuves, qui l’ont fait sombrer. Cassidy décide que Doris et lui vont vivre ensemble, qu’il l’aidera à arrêter de se détruire. Ce qui rend plus que sceptique Shealy, un des amis de Cassidy. Sa violente rupture avec Mildred n’empêche pas Cassidy d’envisager l’avenir avec une certaine sérénité. Que sa femme ait vidé leur appartement et jeté tous ses vêtements le met quand même en rage. Peu après, il est agressé par trois hommes. C’est Kenrick qui les a payés pour le cogner. Cassidy se rend chez son rival, pour une mise au point, le laissant libre de vivre avec Mildred. Difficile pour Cassidy d’aider Doris, alors que son ami Shealy incite la jeune femme à s’alcooliser, mais il espère quand même y parvenir. Passager de l’autocar de Cassidy, Kenrick cause un dramatique accident. La police refusant de croire sa version, Cassidy s’enfuit et retourne se cacher à Philadelphie…

David Goodis est un des auteurs de romans noirs que les éditeurs français s’efforcent depuis longtemps de sortir de l’oubli. Ils ont bien raison, c’est un écrivain de bonne qualité. Toutefois, comme le précise ici James Sallis dans la préface : “Rien ne prouve que Goodis ait eu de grandes ambitions artistiques ; il semble simplement avoir adopté un genre romanesque qui lui permit à la fois de gagner sa vie et de rester anonyme.” Ce roman où, pour les personnages “il n’y a pas d’échappatoire, seulement de nouveaux pièges fatidiques” (dit J.Sallis), est probablement le mieux structuré de l’auteur, qui déclinera dix fois le même thème ensuite.

Goodis décrit des protagonistes de la fatalité et de la médiocrité, non sans savoir-faire : “Leurs corps, intoxiqués, affaiblis par l’alcool, n’étaient plus que des masses de substances animales, privées de pensées et d’émotions, qui avançaient, avançaient toujours dans cet espoir de survivre à cet horrible voyage qu’était la traversée de la rue.” Entre alcoolisme, serein espoir dans l’avenir, et fausse accusation, Cassidy subit les aléas d’un destin incertain et chaotique. A-t-on envie de s’apitoyer sur son sort, de lui souhaiter de s’en sortir ? Pas sûr, d’où l’ambiguïté des romans de Goodis - leur force, diront ses admirateurs. La part de dérision reste rare dans le récit : “Tu n’es pas le seul, dit Shealy. On aime tous ça, nous les paumés, les épaves. On en arrive tous à prendre du plaisir quand on descend la pente, pour arriver en bas, au fond, là où c’est doux, dans la boue.”

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 06:22

Le roman de Gregory Macdonald (1937-2008) “Rafael, derniers jours” a été récompensé par le Trophée 813 du roman étranger 1997. Il s’agit d’une histoire poignante, humaniste, et puissante. Il présente une image très sombre de l’Amérique, plus violente qu’Horace McCoy évoquant la crise des années 1930, ou que David Goodis racontant la médiocre vie d’alcooliques victimes de la fatalité. (Johnny Depp a adapté ce roman au cinéma, sous son titre original : "The Brave")

Pour la première fois de sa vie, Rafael a trouvé un vrai travail. On lui proposait 25000 dollars. Il a durement négocié, et obtenu les 30000 dollars qu’il réclamait pour ce boulot. Rafael n’a pas cédé face à McCarthy, son futur employeur, qui n’est pas un tendre. L’homme lui a clairement exposé ce que Rafael aurait à faire, lui donnant quelque conseils. Il s’agit d’un film, dans lequel on le grimera en Indien - parce que Rafael a un peu l’air amérindien. Son rôle sera pénible, Rafael l’a bien compris. C’est lui-même qui a fixé la date du tournage : jeudi matin. Ce qui lui laisse trois jours, d’ici là. Ils ont signé un contrat, avec une avance de 250 dollars. Si Rafael - accro à l’alcool, ça se devine - était ivre jeudi, ça compliquerait les choses. Larry, le neveu de McCarthy, a amené Rafael chez un coiffeur, qui ne cache pas son hostilité. Puis ils ont allés à la banque, afin d’ouvrir un compte pour Rafael. Il a pu alors toucher son avance.

Avant de retourner chez lui, à Morgantown, il a acheté des cadeaux pour sa femme Rita, ses enfants et ses amis. Ce n’est pas par hasard qu’il a voulu aussi une dinde. “Une fois, dans ce magasin, Rafael et Rita avaient aperçu une dinde. Rita n’en avait jamais vu auparavant. Ils l’avaient admirée derrière la vitre, jusqu’à ce qu’un type se pointe. On achète ou on dégage. Bien sûr, ils n’avaient pas la somme nécessaire. Ni l’un ni l’autre n’en avaient jamais mangé.” Enfin, Rafael s’est acheté des vêtements neufs, les premiers de sa vie. C’est à cause de ça qu’il a failli avoir des ennuis avec les vigiles du magasin. Mais, il n’avait pas à voler puisqu’il pouvait payer. Avant qu’il ne prenne le bus, le barman qui lui avait refilé le tuyau pour ce job lui a offert une grosse bouteille de vodka. Et Rafael est rentré en bus à Morgantown. Sur le trajet, il y avait les flics, à cause d’un braquage à Big Dry Lake, où une femme était morte.

Morgantown, ce n’est pas une ville, ni un quartier. C’est un terrain dans un ravin, au bord d’une décharge. La population pouilleuse vivant là a organisé “un système économique rudimentaire [qui] fonctionnait sans trop de difficultés.” Rafael est né dans ce trou à rats, où tous sont plus ou moins malades. Il est illettré, déjà alcoolique avancé malgré son jeune âge, marié à Rita parce qu’il l’a toujours connue, avec laquelle ils ont trois enfants. Leurs voisins et eux-mêmes se logent comme ils peuvent. Ils grappillent dans la décharge ce qui est revendable, gagnant trois fois rien. Ce qui sert à alimenter leur “magasin” communautaire. Depuis peu, la décharge a été à nouveau clôturée, et le gérant est armé. Celui-ci va même jusqu’à tirer sur le petit Ninja, 12 ans. “Foutre le camp d’ici”, voilà ce que Rafael veut pour Rita et leurs gosses. C’est pourquoi il a accepté de tourner dans un snuff movie

Le mot neutre squat a remplacé le trop évocateur mot bidonville, ce qui a permis de gommer une réalité miséreuse, d’oublier qu’il existe des populations vivant dans des conditions plus que précaires. On aurait tort de croire que dans les riches pays occidentaux, il n’y a plus de traces de ces bidonvilles. Sans doute est-il plus facile de parler avec un cynique mépris de marginalité délinquante, voire de la fainéantise congénitale de ces populations. C’est plus simple que de chercher un remède. Justement, Rafael a trouvé une solution, une clé, une porte de sortie. Expérience finale, pour lui, mais qui permettra de sauver les siens. Rafael n’est pas un naïf, c’est même l’inverse. Il a pris sa décision avec calme et dignité. C’est un honnête homme qui, même s’il avait les moyens d‘y souscrire, ne simulerait pas son décès pour toucher une assurance-vie. Plutôt que de continuer à végéter, il est prêt à souffrir une heure “comme un taureau dans l’arène”. Sans ce sacrifice, pas d’avenir pour sa famille. Le désespoir lui donne ce courage.

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 17:19

 

La ville de Templemars (au sud de Lille) organise un Salon du Polar le samedi 26 septembre 2009 dans la continuité de ce qui a fait la réussite du premier salon en 2008.

- le Polar : La rencontre d’une vraie littérature portée par le dynamisme des ch’tis dans une région où les lecteurs sont friands des romans noirs et les auteurs prolifiques.

- les rencontres et dédicaces :
Franck Thilliez présentera son dernier succès : « L’anneau de Moebius ».

Une quarantaine d’auteurs seront présents : Anne Clerson, Bruno Descamps, Christophe Debien, Dirk Degraeve, Eléna Piacentini, Emmanuel Sys, Eric Lefebvre, Franck Thilliez, Gilles Warembourg, J. Wouters, Jean-Marc Demetz, Jean-Paul Fosset, Jean-Christophe Gérard, Jean-Christophe Macquet, Johann Moulin, Laurence De Greef, Laurence Fontaine, Léo Lapointe, Lucienne Cluytens, Michel Vigneron, Noel Simsolo, Pascal Jahouel, Paul Colize, Philippe Declerck, Philippe Masselot, Philippe Montaigne, Philippe Govart, Roger Facon, Sandrine Rousseau, Sylvain Jazdzewski, Valéry Coquant, Viviane d’Helfaut, Yves Baudrin, Zacharie Depreytis…

 

- la convivialité :
Après un jazz band en 2008, cette année c’est une troupe de théâtre qui animera un Cluédo permanent dans lequel le visiteur devra découvrir le meurtrier d’un crime au sein du salon… Suspens garanti…Toute la journée, des lectures interactives d’histoires policières seront proposées aux petits et aux grands.


Le samedi 26 septembre 2009 de 10h à 19 h à la salle Henri Desbonnet – 6, rue Jules Guesde à Templemars.

Contact : Patricia Gautier - Mairie de Templemars - 101, rue Jules Guesde.

03.20.58.99.99  villedetemplemars@wanadoo.fr

Et sur le site de Jean-Marc Demetz

http://jeanmarcdemetz.canalblog.com/archives/2009/07/19/14447852.html

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 06:17

Didier Daeninckx est l’auteur de plusieurs épisodes du Poulpe, dont “Nazis dans le métro” (1996) et “La route du Rom” (2003). Retour sur “Éthique en toc” (Librio), une aventure poulpesque parmi les plus dignes de cette série.

1999. Gabriel Lecouvreur apprend le suicide de Pierre Floric, son “jumeau”, né comme lui le 22 mars 1960. Ce brillant historien a mis fin à ses jours à Caluire, dans la maison où fut arrêté Jean Moulin. Pour Le Poulpe, difficile d’expliquer ce geste, même en imaginant un acte symbolique lié au héros de la Résistance. Gabriel se déplace à Lyon. Il va y être hébergé par son ami Zill Dagona, militant qui révèle des infos occultées dans sa petite revue. Gabriel rencontre l’étudiante Léa Bargane, danseuse et créatrice d’abat-jour, qui fut la maîtresse de Floric. Elle évoque quelques-uns de travaux du défunt, entre autres sur l’industriel lyonnais Berliet, qui fut à l’époque proche du nazisme. Gabriel n’est pas certain que Léa soit vraiment étudiante. Et ses abat-jour sont assez curieux.

Février 2000. Les raisons de la mort de Pierre Floric n’ont jamais été éclaircies. Quand il entend à la radio que la bibliothèque interuniversitaire de Lyon a été ravagée par un incendie, Le Poulpe retourne sur place. Des milliers de livres ont disparu dans ce désastre. On sait qu’il y a une victime, une femme. Gabriel est sûr que la radio a annoncé le nom de Léa Bargane, mais personne ne confirme plus cette info. Il visite clandestinement l’appartement de Léa, s’intéressant à la malle pleine de documents que Floric avait laissé chez elle. Le Poulpe est agressé par deux hommes, qui volent ladite malle. Gabriel se requinque grâce à son ami Zill Dagona, avant d’aller interroger l’épouse de Floric. Que celui-ci ait étudié l’histoire de Nostradamus n’est probablement pas lié à son suicide.

Selon Zill, qui enquête pour sa revue sur les meurtres de travestis, l’autopsie indique de Léa a été abattue par arme à feu. Gabriel se rend au Centre Gabriel-Roux, où Floric exerçait son métier d’historien. Le directeur admet, sans se l’expliquer, que le caractère de son collègue avait changé avant son suicide. C’est au club La Jungle en Folie que Gabriel trouve une piste, grâce à une amie un peu paumée de Léa. Elle cite un nommé Béraud, dont Le Poulpe découvre bientôt qu’il est archiviste au Centre Gabriel-Roux. Étonnant parcours que celui de Béraud qui, six ans plus tôt, se trouvait aux Mexique, auprès des rebelles du Chiapas. Comme sympathisant à leur cause, ou pour quelle autre raison ? Telle reste la question. Son passé parait tabou. La collection de fiche de films pornos de Béraud offre au Poulpe une piste sérieuse…

Le personnage du Poulpe permet à Daeninckx de souligner ici l’existence de réseaux révisionnistes. Entre les historiens ayant minimisé l’importance de faits graves (“Ces estimés professeurs étaient chargés de pacifier la réalité pour la rendre acceptable” p.84) et les négationnistes falsifiant l’Histoire avec des théories fumeuses, quelle place pour la vérité historique ? Les méthodes insidieuses de ces derniers sont connues. Héritiers de la Collaboration et admirateurs du nazisme, ces imposteurs ne sont pas avares de versions mensongères. Au passage, l’auteur nous rappelle quelques aspects peu glorieux de l’histoire lyonnaise, et fait même un détour latino-américain. Il n’oublie pas que les aventures du Poulpe se doivent d’être riches en péripéties. C’est ainsi que Gabriel mène, à sa manière si personnelle, une enquête mouvementée. Toujours disponible chez Librio, un roman à lire ou à relire.

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 06:21

Ces deux auteurs-là ont fidélisé un large public : Peter Robinson et James Paterson figurent, de longue date, parmi les auteurs de best-sellers. Retour sur deux de leurs romans, aujourd’hui diffusés en format de poche.

Peter Robinson : “Étrange affaire

À Eastvale, dans le Yorkshire. Le quinquagénaire inspecteur Banks se remet lentement d’une précédente affaire, où son cottage fut incendié. Sa collègue Annie Cabbot reste perplexe sur ses relations avec Banks. Ayant reçu un appel téléphonique de son frère Roy, Banks se rend d’urgence à Londres. Tous deux n’ont guère de point commun. Roy est un homme d’argent, peut-être à la limite de l’escroquerie. Il semble avoir disparu. Banks s’installe dans sa luxueuse maison, qu’il fouille en quête d’indices. Il trouve un Cdrom et une clé USB. Il en examine le contenu chez Corinne, l’ex-fiancée de Roy. Selon elle, les activités de Roy sont absolument légales.

Jennifer Clewes a été assassinée près d’Eastvale. Annie Cabbot est chargée du dossier. La victime venait ici rencontrer Banks. Elle était responsable d’un centre privé de planning familial londonien. Tandis que l’inspecteur Templeton suit une piste locale, Annie va enquêter à Londres. Elle rencontre les proches de Jennifer Clewes, qui était la nouvelle petite amie de Roy Banks. Au Centre, tout le monde appréciait la victime. Annie pense que le docteur Lukas, femme originaire d’un pays de l’Est, garde quelque secret. De son côté, Banks s’aperçoit que son frère s’était amélioré. Car il fut témoin direct des attentats du 11 septembre à New York.

Parmi les amis de Roy, Lambert parait impliqué dans des trafics suspects. Le cadavre de Roy est découvert sur les berges de la Tamise. Banks se sent surveillé par deux mafieux, les mêmes qui ont éliminé Jennifer Clewes. Le docteur Lukas révèle à Annie qu’elle venait en aide clandestinement à des prostituées issues des Balkans, avec l’accord de Jennifer. Grâce à Carmen, enceinte, elles comprirent enfin qu’il s’agissait d’un véritable esclavage sexuel…

Cette aventure de l’inspecteur Banks démontre encore une fois la parfaite maîtrise de Peter Robinson. D’une part, une double enquête astucieusement construite autour d’une même affaire. Avec un habile chassé-croisé entre Banks et Annie. S’y ajoute un dossier d’agression criminelle, qui finit par être résolu. D’autre part, exposé avec précision, le vécu des personnages leur apporte une grande véracité. Ils évoluent dans un monde concret, réaliste, parfois dur, complexe et nuancé. Si le thème du trafic en question n’est pas neuf, il est fort bien utilisé. Un roman de qualité supérieure. (Déjà disponible)

James Patterson : “Promesse de sang

Nick Pellisante dirige à New York un service du FBI. Deux de ses hommes ont été abattus par Dominic Cavello, lors de son arrestation. Puissant chef de la mafia que Nick traque depuis longtemps, Cavello va être jugé pour des crimes qu’il a commandités. Parmi les jurés à son procès, Annie DeGrasse est une comédienne qui élève seule son fils de dix ans. Un rôle qu’elle aurait préféré éviter. Les témoignages de mafieux repentis sont accablants pour le cynique accusé. Nick assiste au procès, cité aussi comme témoin. En parallèle, Remlikov a été engagé par les amis de Cavello. Ce tueur expérimenté venu d’Israël doit faire cesser le procès. Par précaution, on isole les jurés. Sous les yeux de Nick, les sbires de Remlikov font exploser le bus transportant le jury. Annie est la seule rescapée.

Cinq mois plus tard. Nick s’est mis en congé du FBI. Annie tente de surmonter le drame. Ils restent en contact. Le nouveau procès de Cavello est annoncé, hautement sécurisé. Alors qu’on sélectionne les jurés, Remlikov est de retour à New York. Avec les mêmes complices, il organise l’évasion de Cavello, au cœur du tribunal. Intervenant lors de cette action sanglante, Nick est blessé, impuissant à empêcher leur fuite. Malgré les contrôles, Cavello disparaît, non sans se venger de la famille d’un témoin repenti. Sa hiérarchie refuse de réintégrer Nick, trop impliqué. Obsédé par l’affaire, il note un détail lui offrant une piste. Le FBI possède un dossier sur Remlikov. Pas question pour Nick de demander l’appui de ses collègues. Possédant l’adresse de leur suspect, Annie et lui s’envolent pour Israël. Le couple kidnappe le fils de Remlikov afin de faire pression sur lui. Le tueur donne l’adresse approximative d’où se cache Cavello…

Mouvementé à souhait, ce thriller est impeccable. La fluidité de la narration constitue son atout majeur. Pas de temps mort dans les péripéties et rebondissements qui agitent cette histoire. Les mafiosi et autres tueurs sont typés, sans être trop caricaturaux. On s’attache vite à la jurée, marquée par le drame, mais digne autant que sexy ; et à l’agent du FBI, déterminé, allant jusqu‘au «bout du monde» pour que justice soit faite. Un scénario solide et captivant. (Disponible en septembre 2009)

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 06:17

C’est à Belle-Île-en-Mer que se déroule “Mauvaises graines” de Louarnig Gwaskell, nouvel épisode de la collection Léo Tanguy. N’oublions pas que les enquêtes du cyber-reporter se passent dans un futur proche. Cette histoire ne reflète donc pas la réalité actuelle de Belle-Île, largement basée sur diverses formes touristiques.

Léo Tanguy débarque à Belle-Île. Il a appris que son vieux copain Fanch Mahé, un marin adepte des tatouages, a disparu depuis peu. Logé chez son ami écossais Cecil, photographe, Léo laisse au repos son Combi bariolé pour utiliser un scooter non polluant. En effet, protéger l’environnement n’est pas un vain mot sur l’île. D’ailleurs, les exploitations agricoles sont toutes bio, désormais. Par contre, la propriété de la Pointe des Poulains (qui fut celle de la comédienne Sarah Bernhardt) est strictement interdite, et bien gardée. Elle appartient à Martial Saint-Alban, puissant homme d’affaires. Dans le plus grand secret, ce dernier prépare un projet pharaonique pour l’île, un complexe touristique d‘élite. Lourd investissement, bien sûr, mais les moyens financiers et la mégalomanie de Saint-Alban sont sans limite. Léo ignore encore tout cela.

Le journaliste s’inquiète sérieusement de la disparition de Fanch, sachant qu’on est aussi sans nouvelle du meilleur ami de celui-ci, Pierre Manchec. Après le patron-pêcheur qui employait Fanch, Léo interroge le tatoueur attitré de son copain. Diablement créatif et novateur, celui-là. Il s’intéresse aussi aux ennuis de quelques exploitants bios de Belle-Île, dont l’un a eu sa grange incendiée. Léo rencontre un éleveur, une séduisante arboricultrice, un apiculteur passionné. Toutes les terres ont été vendues quelques années plus tôt, sous conditions de produire bio, par le Conservatoire du Littoral avant sa privatisation. Les abeilles de l’apiculteur ont été touchées par des produits chimiques. D’autres ont trouvé traces de semis OGM dans leurs plantations. Le matériel d’un agriculteur vient d’être saboté. En outre, une société bidon cherche à acquérir leurs terres.

Les nuits sont agitées sur l’île. Les sbires de Saint-Alban commettent des dégradations pour inciter les fermiers à vendre. Un deuxième commando rôde dans les parcelles agricoles, y introduisant des semences OGM vérolant les produits bios. Un troisième groupe surveille les premiers, se heurtant parfois aux seconds. Ce commando-là est en mission officielle. Après qu’on ait retrouvé le cadavre de Pierre Manchec puis celui d’un plongeur, les gendarmes locaux admettent ne rien comprendre. Léo non plus ne voit pas le lien entre ces méfaits contre les agriculteurs et la disparition de Fanch. Néanmoins, il dérange sûrement ceux qui ont volé le disque dur de son ordinateur, avec tout le dossier en cours…

L’auteur nous présente une aventure garantie 100% bio. Ou, plutôt, une illustration par l’exemple des enjeux de la production biologique face aux lobbies des semenciers, telle la multinationale nommée ici Mondosancto. On nous donne moult détails intéressants sur l’univers du bio. Quant à l’affairiste Saint-Alban avec son délirant projet, qui peut affirmer que ce genre de mégalo n’existe pas ? Un type réellement dangereux. C’est une affaire particulièrement mouvementée que raconte Louarnig Gwaskell. Espérons que la prise de conscience qu’il évoque, de la part des officiels, ne soit pas qu’utopie. Un roman qui se lit avec grand plaisir.
-Cliquez ici pour une autre aventure de Léo Tanguy -

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26 août 2009 3 26 /08 /août /2009 06:22

Après 0666 (coll. Noir Express, Éditions du Barbu), Bernard Leonetti vient de publier “Gévaudan !” Avec ce quatrième titre de la collection Polars et Grimoires, dirigée par Renaud Marhic, nous revisitons laffaire de la Bête du Gévaudan. Ces faits mystérieux, jamais sûrement résolus, restent dans notre mémoire collective.

Julien vient d’hériter de la ferme de son oncle en Lozère. Ce Parisien pur jus, créatif dans la publicité, ne voit qu’une solution : mettre en vente cette maison d’un parent qu’il n’a pas connu, qui avait mauvaise réputation dans sa famille. Débarquer à Saint-Chély-d’Apcher, au cœur du Gévaudan, constitue déjà pour lui une aventure. Au bar de l’hôtel où il est logé, il entend parler des mystérieux décès récents de deux femmes. L’une avait tout l’air d’une prostituée. L’autre effectuait le pèlerinage de Compostelle avec son compagnon. Elles auraient été tuées par des animaux, d’aucun accusant des loups en maraude. Le notaire chez qui Julien a rendez-vous connaît bien l’histoire de sa région. Ces deux morts font forcément penser à la célèbre affaire de la Bête du Gévaudan, qui sévit de 1764 à 1767. Les faits historiques ont donné naissance à nombre de superstitions, de légendes, de rumeurs, prétextes à désigner quelques boucs émissaires.

La ferme de l’oncle paria est véritablement située au milieu de nulle part. Quand Julien la trouve enfin, une curieuse “locataire” s’y est installée comme chez elle. Cette jeune Lisette a fugué de hôpital psychiatrique, où elle est soignée par le Dr Delorme. C’est une vraie sauvageonne mutique, bien difficile à amadouer. Sa sensualité brute attire Julien, qui en oublie son amie parisienne Nadège. Il ne parle à personne de la présence en ces lieux de Lisette, pas même à Delorme avec lequel Julien a sympathisé. Le médecin n’ignore rien de tous les fantasmes liés aux Bêtes mythiques. Même la théorie d’un cryptozoologue, érudit sur ces questions, ne l’impressionne pas du tout. Nulle base formelle ne vient étayer les diverses versions, ramassis de rumeurs. Animal préhistorique préservé, fauve importé d’Afrique, légende des “meneurs de loups”, ne sont que chimères.

Une troisième femme a été attaquée par la Bête, mais elle est sauve. Néanmoins, un chasseur viandard nommé Raymond, un autre Tartarin taré de son espèce, et le pieux compagnon de la deuxième victime, ont décidé de réagir. Ils s’en prennent à Julien, accusant son oncle (parmi tous ses méfaits) d’avoir possédé un chien monstrueux. Ce serait ça, la Bête. Alors qu’ils frappent Julien, un marginal nommé l’Espagnol intervient. Avec ses pitbulls, il n’est pas moins inquiétant que le trio d’agresseurs. En réalité, sûr d’être le seul intéressé, l’Espagnol se porte acquéreur de la maison maudite de l’oncle de Julien. Lisette vit toujours là. Aussi, quand arrive Nadège, l’altercation violente en inévitable, la sauvageonne étant mieux armée que son adversaire. On dénombrera encore plusieurs victimes avant que la vérité sur la Bête ne soit faite…

Au-delà des rappels historiques documentés, des hypothèses romanesques parfois farfelues qui furent émises, l’intrigue est actuelle. Une nouvelle série d’attaques mortelles, et l’ombre du monstre réapparaît. Soulignons un scénario à suspense plutôt habilement construit, très entraînant. Non seulement les scènes se succèdent à bon rythme mais, qualité majeure, chaque personnage tient ici un rôle dévolu. En effet, il n’y a pas vraiment de figurants dans ce récit, chacun ayant une vraie fonction, active ou informative. L’auteur évite une description rétrograde de la contrée, dessinant sans caricaturer des villages ruraux et peu habités. Toutefois, il ne manque pas d’ironiser sur les fanfaronnades de l’expert cynégétique local. Un roman solide et passionnant.
- Lire ma chronique sur le précédent roman de cette collection, signé Michel Brosseau "La Dame blanche était en noir" (cliquez sur le titre) -
Site éditeur : www.polarsetgrimoires.fr

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