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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 06:13
 

À l’occasion de la sortie de son quatorzième roman, aux éditions Alain Bargain, Serge Le Gall a répondu pour Action-Suspense à quelques questions.

Ton roman "Vagues à lames à Noirmoutier" est une nouvelle aventure du commissaire Landowski. Pourrais-tu nous dresser un portrait de ce personnage ?

Serge Le Gall : J'ai voulu que le commissaire Landowski soit un flic de chair et de sang. Un cerveau mais aussi des tripes ! Pas un être aseptisé, asexué, insensible ! Un mec vivant quoi ! Certes solitaire et taciturne, avec ses contradictions et ses lâchetés, ses passions et ses haines mais aussi avec ses élans de générosité. Par le nom déjà, j'ai voulu lui donner de l'universalité à sa nature de héros. Par ses origines polonaises, son histoire familiale, j'ai cherché à lui donner une dimension humaine. Par sa fonction fluctuante, je l'ai réservé à des affaires un peu tordues, pour lui donner l'occasion d'exprimer pleinement son talent ! Je crois aussi qu'il fait comme tout un chacun. Il se cherche, se déçoit lui-même, pour se donner l'instant d'après. A fond.

Les missions de Landowski le mènent principalement sur les côtes bretonnes et françaises, ce qui apparaît comme un vrai choix pour toi ?

Serge Le Gall : Un choix de fait plus qu'une volonté délibérée. Homme libre, toujours tu chériras la mer ! Elle est le plaisir, le secret, la vie et la mort. Quel décor idéal pour le polar ! On me dit parfois que je suis auteur d'histoires de bords de mer. C'est sûrement vrai vu les romans que j'ai publiés sur ce thème. Plus prosaïquement aussi, c'est que l'histoire tourne plus facilement de la mer à la terre, de l'île à l'estuaire, avec une vivacité et un mouvement qui peuvent se comparer à la marée. Flot et jusant construisent ainsi mes histoires. Mais Landowski n'a rien d'un vieux loup de mer... même s'il répond parfois à l'appel lancinant des sirènes.

Cette fois, à Noirmoutier, il va être question pour Landowski de "faire le ménage", en s'attaquant à son éternel adversaire faisant partie de la police ?

Serge Le Gall : Oui il était temps pour Landowski de régler quelques comptes. Des squelettes, il y en a dans des placards. C'est bien connu. Et un flic comme lui a forcément des amis et des ennemis. Les luttes de pouvoir et les rapports de force ne sont pas exclus de la vie courante des policiers. Et cette chasse au grand fauve (qu'il est) apporte un plus, conforte sa nature de solitaire avec un cercle d'amis très restreint. J'ai eu envie de le voir triompher, mais je n'ai pas pu m'empêcher de le rendre vulnérable au final, en laissant un porte ouverte au destin.

Tu as, entre-temps, écrit un polar sans Landowski ("Coup fourré dans les Monts d'Arrée"). Est-ce à dire que le commissaire va se ranger, épouser sa compagne, et terminer ainsi ses aventures ?

Serge Le Gall : Question qui m'a été posée dernièrement ! Madame Lorraine Landowski ? Pourquoi pas ! Lando rangé des voitures ? J'ai bien du mal à imaginer ça ! Si cela arrive, il ne pourra pas s'empêcher de mettre son nez dans les affaires des autres. Cela dit, je vais récidiver dans ce type d'histoire sans flic et sans magistrat où je laisse le destin être le seul juge.

Tu es aussi l'auteur d'une série de polars historiques. Le détective Pinkerton reviendra-t-il bientôt ?

Serge Le Gall : Pinkerton se trémousse déjà sur sa chaise ! Il rêve d'une bonne petite enquête, comme de nouvelles conquêtes ! On l'a vu. Ici. Là. Y a quelqu'un qui m'a dit…

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 10:15
 

Créée et dirigée par Jean-Bernard Pouy aux Éditions La Branche, la collection Suite Noire connaît un beau succès. Hommage à la célèbre collection de Gallimard fondée en 1945 par Marcel Duhamel, Suite Noire convie tous les auteurs français ayant été publiés dans la Série Noire à signer un court polar, incisif et rythmé, reprenant sous forme d’allusion (allitération, jeu de mots ou homophonie) ses titres les plus fameux. Des livres dans lesquels les auteurs utilisent le genre noir pour porter un coup de projecteur sur les dérèglements de notre société.

Huit téléfilms innovants et décapants de 60 minutes adaptés de ces romans noirs ont été réalisés par des cinéastes. Chaque film est le fruit de la rencontre volontaire entre un réalisateur venu du cinéma et l’un des livres de la collection Suite Noire. Il s’agit donc bien de huit oeuvres originales où, tout en jouant avec les codes du film noir et de la série B, chaque réalisateur a eu à coeur de faire une création personnelle, innovante, libre. Originalité de ses tandems romanciers/cinéastes, richesse de ses castings, pluralité des univers et des sujets abordés, vraie liberté de ton et de mise en scène, admettant la distance, l’humour, l’outrance, la provocation voire la transgression : tel est le projet de ces téléfilms. Une nouvelle génération d’oeuvres noires, à déguster sur France2 dès le dimanche 5 juillet, vers 22h50.

Pour mémoire, voici ma chronique concernant On achève bien les disc-jockeys, de Didier Daeninckx (2006), premier roman adapté de cette série.

Sur une radio associative contestataire, Crista anime chaque vendredi soir une émission destinée aux détenus, Levée d’écrou. Certains l’appellent en cachette depuis leur prison, grâce à des portables bricolés. Manu fait partie des fidèles de ce programme, qui dénonce les tares de la vie carcérale et de la justice. Dès sa sortie, Manu rencontre Crista à la radio. Il admet appartenir à la petite délinquance, mais n’a pas mérité son séjour en prison. Crista et lui passent le week-end ensemble, chez elle. Manu connaît Baquery, le responsable de la radio. Ils ont un passé militant en commun. Maîtrisant l’informatique, Manu propose de créer à peu de frais un site Internet pour la radio. L’initiative plait à Baquery. Afin d’assurer le contenu du site, Manu discute avec chacun des animateurs. D’une large diversité, tous sont très motivés par leur action. Manu acquiert vite une belle notoriété auprès d’eux. Il continue à vivre avec Crista. Manu possède un lot de portables top niveau, des téléphones indétectables. Ces coûteuses petites merveilles intéressent Stormy et ses amis. Il en achète dix, payées cash. Crista ignore ce trafic lucratif. Manu doit passer quelques jours en Touraine, où vit son fils de dix ans. Crista les y rejoint un peu plus tard (…)

La description de cette radio militante permet à Daeninckx de défendre des thèmes sociaux, son éternel combat. Entre autres, il souligne combien les conditions de vie pénitentiaire n’ont rien de luxueuses, il évoque une souriante « affaire Brassens », et il rend hommage au comédien méconnu Jacques Rispal. Pour autant, il ne néglige pas l’intrigue à suspense. Malgré un apparent optimisme, le destin de cette poignée de personnages ne peut qu’être sombre. Car tout est manipulation en ce monde où règne le flicage.

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 12:09
 

Les Éditions du Barbu viennent de créer leur collection Noir Express, en format de poche (consultez leur site). Deux auteurs qui ont déjà prouvé leur talent inaugurent cette collection.

Yvon Coquil : "Docks". Novy Dardoup est enquêteur pour la Société d’Assurance Mutuelle, à Brest. Il est le protégé de Chapot, le patron, car Dardoup fut le meilleur ami de son fils Pierre. Engagé dans l’activisme anar, Pierre est mort lors d’un braquage. Dardoup reste fidèle à sa mémoire. Divorcé, l’enquêteur loge chez ses amis Mathieu et Chantal, au dernier étage du bar Le Maltais. Le patron du bistrot est le champion du traficotage. Petites combines permettant à Dardoup d’être toujours habillé de luxueux costumes, et de changer fréquemment de véhicule. Dardoup a aussi la fâcheuse habitude de faire la tournée nocturne des bars, suivie de réveils éthyliques pénibles. Un incendie sur le Port de commerce. Dardoup est vite alerté. Mais les flics dirigés par Le Gall l’écartent du sinistre. Chapot lui apprend que la SAM laisse la police officielle s’occuper de l’affaire. Il est vrai que Penhors, retrouvé mort dans les décombres, était un courtier respecté du Port de co’. La curiosité de Dardoup l’amène à rôder autour des lieux incendiés. Une Porsche est cachée, bien à l’abri. Il remarque des tags qui peuvent lui donner une piste. Peu après, Dardoup reçoit un appel téléphonique anonyme menaçant. Selon la rumeur, le policier Le Gall et Penhors étaient proches. Les contrôles radicaux organisés chaque mois par le flic dans le secteur du Port gênent Mathieu et ses amis traficoteurs. Même si Chapot le fait monter en grade pour l’acheter, Dardoup continue son enquête parallèle. Alors qu’il a identifié le tagueur Bonzo, ce dernier est découvert noyé. Difficile de croire au hasard. Selon le vieux docker Gaonac’h, Le Gall fricote du louche avec le nommé Louvois, responsable logistique de la société Chic and Chicken. Après avoir été tabassé, Dardoup s’en est remis. Voilà qu’il retrouve son logement saccagé...

Les ambiances portuaires pluvieuses constituent de parfaits décors pour romans noirs. Passionné de culture polar, Yvon Coquil exploite ce climat grisâtre avec une belle réussite. Il met en scène un enquêteur d’assurances aux allures de détective privé traditionnel. Sans cacher la référence à Sam Spade, héros des romans de Dashiell Hammett, incarné au cinéma par Humphrey Bogart. Malgré quelques douloureuses mésaventures, les privés durs à cuire ne renoncent jamais. Voilà qui pourrait servir de base à un très bon scénario de film. En noir et blanc, de préférence. L’auteur nous présente aussi quelques scènes de la vie brestoise, pleines d’authenticité. Le roman noir est aussi un témoignage, Coquil ne l’ignore pas. Ce deuxième roman confirme le qualité déjà remarquée dans “Black Poher” (Prix du Goéland Masqué 2008).

Bernard Leonetti : "0666". Quinquagénaire, Marcel Dupin est détective privé à Laville. Il fantasme sur les héros, agents secrets de roman ou de cinéma entourés des plus belles femmes, qu’il ne risque pas d’égaler. Jouer à être Nestor Burma, c’est déjà ça. Marcel n’est sans doute pas aussi efficace que son collègue Anastase, détective sérieux dont il fut l’employé. Marcel a, quand même, résolu l’épineuse affaire Jason, son unique titre de gloire. En grande partie grâce à l’esprit mathématique de son neveu Édouard, brillant informaticien, il l'avoue. Les clients ne se bousculent pas dans l’officine (c’est ainsi qu’il appelle son bureau) de Marcel. Sabine de Génovis s’adresse à lui, afin qu’il retrouve sa fille disparue, Maribelle, étudiante de 26 ans. Marcel comprend bientôt qu'Anastase a abandonné l’affaire. Le père de la disparue est le patron de la société d’informatique HTC, qui emploie Édouard. Tétraplégique, ne recevant personne, Henri de Génovis reste un cerveau. A-t-on enlevé Maribelle pour viser cette grosse entreprise ? La jeune fille semblant sous l’influence d’un maître à penser, Marcel Dupin imagine l’hypothèse d’une secte. Dans l'appart' de Maribelle, l’ordinateur semble l’unique élément qui importait à la disparue, par ailleurs accro du téléphone portable. Autant de domaines auxquels Marcel est parfaitement hermétique. Un coup de main de son neveu sera le bienvenu. Anastase contacte Marcel. Il parait sur la défensive, conseillant à son ex-enquêteur de se méfier de tout, lui confiant de curieux codes. Édouard explore l’ordinateur de Maribelle. Elle fréquentait un espace virtuel, le Monde d’Henri, sorte de Second Life. C’est comme un club sécurisé où même le code 666, reçu d’Anastase, est insuffisant pour pénétrer. Il faut être connecté avec un portable de toute dernière génération. Marcel se renseigne sur 666, le nombre de la Bête, porteur de tant d’imaginaire assez malsain, symbole de cette idée de secte à laquelle tient le détective. Quant à Mme de Génovis, elle prétend que le Monde d’Henri n’est qu’un divertissement. Se concentrer sur le Monde d’Henri, y pénétrer sous avatar, c’est la bonne solution - mais elle n’est pas sans danger mortel…

Une histoire dont l’intrigue et le climat ne sont pas si ordinaires. Certes, l’auteur attribue à ce brave Marcel Dupin un petit air ridicule. Avec ce minable détective, aussi sympathique qu’incompétent, on commence dans la fantaisie, l’humour farceur. Mais, bien qu’il déplore certains usages actuels, Marcel vit au 21e siècle. Le jargon informatique le dépasse. Toutefois, il possède un bon instinct, celui de l’Être humain. Un Modérateur anonyme qui intervient sur une ligne téléphonique, ou son neveu qui s’enferme pendant deux jours dans un monde artificiel, ce sont des situations qui l'interpèlent. Et c’est ainsi qu’on avance peu à peu vers la noirceur, sur un chemin jalonné de cadavres. Une belle illustration par le polar d’un phénomène programmé, la lobotomisation de l’ensemble de la population.

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 06:13
 

Parmi les nouveautés à signaler dans la collection Seuil Policier, voilà deux valeurs sûres. Les romans de Sue Grafton ont depuis longtemps convaincu les amateurs de polars. En quelques titres, Michael Koryta s’est imposé parmi les grands noms du genre.

Le nouvel opus de Sue Grafton utilise le thème de la maltraitance des personnes âgées, avec la tension que cet auteur qu’on ne présente plus sait inclure dans tous ses suspenses. Dans "T comme Traîtrise", on retrouve la détective Kinsey Milhone. Celle-ci mène des enquêtes de routine, sans grand enthousiasme, lorsqu’un de ses voisins âgés fait une chute et se retrouve hospitalisé. Après son opération, celui-ci est trop faible pour vivre seul. Privé de son autonomie, fait appel à une infirmière à domicile. Entre alors en scène la terrible Solana Rojas, une infirmière qui a usurpé son identité et les diplômes qui la qualifieraient entièrement. Elle soumet Gus, le voisin handicapé, à un traitement inhumain. Le but est de lui faire perdre la tête, afin d’accéder à toutes les demandes de l’infirmière indélicate. Kinsey Milhone qui s’en aperçoit un jour doit alors tout faire pour arracher le vieillard aux griffes du monstre. Sa monstrueuse adversaire ne maque pas de psychologie. La tâche s’avère vite bien plus compliquée et dangereuse que le pensait Kinsey Milhone.

Après "La Mort du privé" puis "Et que justice soit faite", voici la troisième aventure du privé Lincoln Perry, par Michael Koryta : "Une tombe accueillante". Lincoln Perry gère tranquillement son agence de détectives lorsque l’inspecteur Targent commence à s’intéresser à lui. L’avocat Alex Jefferson vient d’être assassiné. Or, trois ans plus tôt, Perry l’avait rossé pour avoir épousé son ex-fiancée, Karen. Perry s’était alors fait virer de la police. Temporairement hors de cause, Perry est contacté par la veuve de l’avocat. Elle veut retrouver Matthew, le fils d’Alex séparé de sa famille depuis cinq ans. Celui-ci doit hériter de huit millions de dollars. Ce qui n’aurait dû être qu’une simple recherche de personne disparue tourne vite au cauchemar, aussi bien pour Perry que pour Matthew. Car, dans l’ombre, des gens qui font de grosses affaires côtoient des individus peu recommandables. Et ce petit monde suit de près l’enquête de Perry dans le but de ne pas la voir aboutir.

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 08:00
 

Dans son nouveau roman, "Le secret d’Amélie" (Éditions du Palémon, 2009), Jean-Paul Birrien propose une chronique villageoise, où l’on retrouve avec plaisir l’esprit souriant, ainsi que plusieurs personnages pittoresques, de "Tournée de campagne" (2007). Fanch, le candide facteur, raconte l’affaire criminelle telle qu’il la comprend, tandis que se déroule dans le même temps la narration proprement dite. Ce procédé astucieux, qui nous offre deux versions, permet aux lecteurs de mieux approcher la réalité du village et les protagonistes.

Que voulez-vous qu’il se passe de grave à Bourvillec, bourgade oubliée du Centre-Bretagne, en cette année 1975 ? Selon Fanch, le serviable facteur local, la vie s’écoule ici sans histoire. Enfin presque, car depuis son retour d’Amérique, où il a passé vingt ans, Édouard Couchouron a racheté et modernisé à grands frais l’abattoir. Il est revenu les poches pleines de dollars, et ne circule qu’en Cadillac. Il a plus de chance que son défunt frère, mort à Chicago, et dont il a rapatrié le cercueil. On ne se souvient plus bien pourquoi Édouard avait quitté précipitamment Bourvillec à dix-neuf ans. On ignore aussi comment il s’est enrichi.

L’octogénaire Chapuis, l’ancien Juge de paix, vit reclus depuis des années dans sa propriété. Amélie fut au service de la famille du notaire qui vécut là, avant d’être l’employée de maison du Juge. Depuis la fin de la guerre, Amélie observe un mutisme qui intrigue bien des gens. Le Juge reçoit par la poste une sorte de poupée vaudou, sans doute symbole de vengeance. Il faut dire qu’il a régné en despote sur le secteur pendant des années, cet ancien collabo passé entre les mailles du filet de l’Épuration. Un peu plus tard, c’est évidemment Amélie qui découvre le triple meurtre du Juge, de son chien et de son chat. Pour la police, la culpabilité d’Amélie est évidente : elle est mise en prison.

Quand il reçoit la visite des émissaire du truand Maloukian, Édouard doit régler le problème avec l’aide de son contremaître. Sans nouvelle de ses complices, c’est bientôt le caïd lui-même qui se déplace avec ses sbires. Édouard prétend avoir payé, sans convaincre Maloukian. Pour glaner des renseignements sur le Juge et Amélie (qui reste muette), l’inspecteur Bramoullé accompagne le facteur dans sa tournée. Des témoignages sérieux confirment que le tyrannique Juge Chapuis était malhonnête. Il spolia le notaire, épousa l’épouse de celui-ci, dont la fille Mathilde est restée à demi-folle. Quant au secret d’Amélie, nul n’en parle. L’inspecteur cherche aussi qui adressa la poupée vaudou au Juge. Il pourrait aussi s’intéresser au couple suisse qui loue une maison dans les environs. C’est Amélie qui hérite de la maison du Juge, et Mathilde bénéficie (sous tutelle) du reste de sa fortune. La vérité est sans plus compliquée que prévu...

Il ne s’agit donc pas d’un simple roman d’enquête. Car au-delà de l'intrigue à suspense, c'est tout autant l'ambiance villageoise qui importe. Situer les faits dans la France rurale de l’époque témoigne que les comportements d’alors étaient sans doute différents. Le fameux secret d’Amélie apparaît en filigrane dans le cours du récit, ainsi que des indices concernant le coupable. Un roman vraiment agréable, comme les précédents titres de Jean-Paul Birrien.

Les autres romans du même auteur : cliquez ici

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 16:13
 

Eléna Piacentini est née en 1969 à Bastia. Passionnée de lecture et d’écriture, profondément attachée à son pays natal, elle concilie ses deux amours dans un premier roman policier qui lui vaut d’être finaliste du Prix du premier roman policier de la ville de Lens en 2009 avec "Un Corse à Lille". Admiratrice de Edgar Allan Poe et Charles Baudelaire, elle cherche avant tout à atteindre un idéal d’écriture dont les maîtres-mots sont fluidité et justesse. Elle avoue aimer les romans noirs, et ce qui l’intéresse ce sont les personnages et la façon dont ils s’incarnent. Retour sur la présentation de ses deux romans, publiés dans la collection Polars en Nord, aux Éditions Ravet-Anceau.

"Un corse à Lille". Pierre-Arsène Léoni vient d’intégrer la P.J. de Lille, après s’être forgé une réputation de dur à cuire à Marseille. A peine est-il installé qu’une drôle d’affaire se présente : Stanislas Bailleul, chef d’entreprise, a été retrouvé mort dans son bureau après avoir disparu pendant une dizaine de jours. Le tueur a tracé une croix sur le torse de sa victime et dessiné un sourire au marqueur rouge. Cette mise en scène laisse le commandant et ses adjoints perplexes. Stanislas Bailleul ne semblait pas très apprécié de ses employés. Mais quand d’autres chefs d’entreprises sont enlevés, torturés et assassinés, Léoni s’interroge : rackets, crimes mystiques ou règlements de compte ?

"Art Brut" (2009). Le pape qui hurle est un célèbre tableau de Francis Bacon représentant un homme en cage. Quand une représentation en trois dimensions de cette peinture est découverte devant le Palais des Beaux-Arts, le directeur pense à une simple manifestation artistique et la fait déplacer. Mais en manipulant l’objet, les employés découvrent qu’un cadavre est caché sous la glaise. Le commandant Léoni est dépêché sur place au côté d’une séduisante médecin légiste pour éclaircir l’affaire. Il ne tarde pas à apprendre que Denis Hennaut, le responsable du musée, est un spécialiste de l’œuvre de Francis Bacon et que ce qu’il prenait pour une simple coïncidence pourrait bien être un message personnel. Il décide donc de fouiller dans le passé du riche héritier où la présence d’une jeune femme d’une incroyable beauté va de pair avec tromperie et trahison.

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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 17:26
 

Après un petit résumé du récit, les lecteurs pourront comparer trois opinions sur le nouveau roman de Moussa Konaté, “La malédiction du Lamantin” (Fayard Noir, 2009). La tribu des Bozos est une des plus anciennes du Mali. Elle est sous la protection de Maa le Lamantin, le Maître des Eaux. Le village de Kokri est le fief des Bozos. Mais ils s’installent parfois au campement de Kokrini, près du fleuve Niger, à Bamako. Cette nuit-là, orage et tempête pluvieuse se sont abattus sur la ville, avec des allures de fin du monde. Au matin, on retrouve les cadavres foudroyés de Kouata, vieux chef des Bozos, et de sa deuxième coépouse Nassoumba. Chef de la brigade criminelle, le commissaire Habib Kéita, assisté du jeune inspecteur Sosso, doit vérifier qu’il s’agit de morts naturelles. Rien de moins sûr : si Kouata est décédé d’un arrêt cardiaque, son épouse a été poignardée.

Le commissaire Habib se renseigne sur le clan Bozos, dont les traditions sont différentes de l’ethnie majoritaire malienne, les Dogons. Par le guérisseur Zarka, ami de longue date de sa famille, Habib obtient des précisions sur leurs coutumes. Sosso a retrouvé une vieille cassette audio où un griot raconte le parcours de ce peuple. Les ancêtres de Kouata ont toujours entretenu un lien fort avec Maa, puissant Dieu des Eaux. Parmi les proches du chef des Bozos, restent Kaïra, fille de Kouata et Nassoumba, et Djaaba, la troisième coépouse que l’on décrit comme folle. Mais il y a également Sodjè, fils de la défunte première coépouse de Kouata. Dans une grotte de la colline de Koulouba, il dirige une secte aux rites violents, qui hait les Blancs. Une délégation du clan s’invite chez Habib. Ils lui racontent la malédiction qui frappe la lignée de Nassoumba, depuis qu’un aïeul et un colonial ont voulu affronter Maa. L’épidémie de diarrhée qui sévit, et la mort accidentelle de cousins de Kouata sont, selon eux, des signes supplémentaires. Des indices rendent Sodjè de plus en plus suspect…

Par commodité, les Occidentaux parlent souvent de “l’esprit africain” pour évoquer rites et traditions du continent Noir. S’il est un auteur capable d’exprimer profondément cet “esprit”, c’est évidemment Moussa Konaté. Évitant tout cliché, il montre comment cohabitent la religion musulmane et les fortes légendes tribales. On respecte Allah, mais c’est avec Maa (le Génie des Eaux) que les rapports sont les plus intenses pour le peuple Bozo. Même dans “l’acte criminel” en question, cette spiritualité joue pleinement son rôle. L’enquête porte donc autant sur les coutumes de la tribu que sur l’identité d’un coupable, bien sûr. Soulignons aussi la complicité quasi-filiale entre son adjoint Sosso et Habib, celui-ci apparaissant au plus jeune tel un père spirituel. Ce qui suggère une autre tradition, la transmission du savoir-faire. Si Habib et Sosso traversent des moments pénibles, on sourit aussi. Le personnage d’Apété est savoureux, par exemple. Bienvenue au Mali !

Confrontons mon opinion à deux autres commentaires…

Sur le site de Yann Le Tumelin, Moisson Noire, la chronique signée Jeanjean : Konaté sait conter une histoire, et si on peut lui reprocher d'être un peu trop didactique - les dialogues ressemblent parfois à de courts exposés -, ses descriptions et ses observations de la vie quotidienne, des coutumes et des croyances de ses compatriotes (et ceux notamment appartenant à des ethnies au mode de vie traditionnel et séculaire) sont toujours pertinentes. […]
Lire Moussa Konaté, c'est en quelque sorte un remède contre l'occidentalo-centrisme. Au lieu des pseudo-réponses définitives et simplistes qu'on nous assène si souvent sur l'Afrique, ses romans, eux, donnent à voir, et font naître des questions, que personnellement j'ai plaisir à laisser flotter un peu sous la surface apparente des choses... Sur la part de vérité contenue dans les légendes, sur l'idée de progrès et celle de modernité, associée trop souvent peut-être aux seules capacités techniques et technologiques, sur l'altérité […]
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Sur son blog, Actu-du-Noir, Jean-Marc Laherrère conclut : […] Malgré ces quelques réserves, je conseillerais quand même cette lecture. Parce que l’auteur réussit pleinement la description de la ville, et surtout de cette ethnie Bozo partagée entre animisme et islam, vivant dans un monde moderne sans avoir jamais perdu ses croyances. Parce qu’il nous fait voyager et découvrir un monde qui nous est totalement inconnu. Parce qu’il nous met fasse aux incompréhensions entre « l’école des blancs » et un autre façon de concevoir le monde, et qu’il le fait, justement, depuis l’autre rive, et pas, comme on en a l’habitude, avec les réflexions de « l’école des blancs ». Parce qu’il le fait au moyen d’une belle écriture, adaptée au propos. Parce qu’il est parfait quand il passe dans le registre du conte […] lire cet article

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 07:12
 

Avocat au barreau de Paris, Emmanuel Pierrat dirige un cabinet spécialisé dans le droit de la propriété intellectuelle. Sans être lui-même auteur de polars, il est bien connu dans ce milieu pour avoir défendu quelques éditeurs ou romanciers. Après avoir publié aux éditions First “La Justice pour les nuls”, il nous présente aujourd’hui, toujours chez First, “Les grandes énigmes de la Justice”. Ce sont ici une douzaine d’énigmes qui sont retracées. Des cas célèbres comme celui d’Omar Raddad ou de la réhabilitation de Seznec, mais aussi des affaires sordides ou douteuses. Car il est vrai que méthodes d’enquête ou témoignages incertains, acharnement policier ou lynchage médiatique, troublent parfois des dossiers judiciaires déjà compliqués.

Avant la sortie, le 2 juillet 2009, de “Les grandes énigmes de la Justice”, voici (en exclusivité pour Action-Suspense) un extrait de ce livre d’Emmanuel Pierrat.

L’affaire de la rue des Chrysanthèmes

L’affaire de la rue des Chrysanthèmes reste assez peu connue. Elle contient pourtant tous les ingrédients de la parfaite énigme judiciaire, où se mêlent sexe, bar à voyous et ombre du bagne.

Pierre Bouchet exerce la profession de menuisier-ébéniste. Il a 37 ans en 1969 lorsqu’il est accusé du meurtre de sa maîtresse, Joséphine Gardil, tuée chez elle à La Rochelle, au 3 bis, rue des Chrysanthèmes. Dans le quartier de Saint-Éloi, chaque rue porte le nom d’une fleur. Pierre Bouchet avoue devant le juge d’instruction, et se rétracte devant la cour d’assises.

La scène du crime

C’est au début du mois de novembre 1969 que le cadavre de Joséphine Gardil est découvert, par son locataire, gisant dans le garage de son pavillon. Cette veuve, mère de deux enfants, âgée de 57 ans est gérante du bar La Cabane, ouvert tard le soir et notoirement fréquenté par la pègre. Lorsqu’on trouve son corps, la tenancière de La Cabane est morte depuis quatre jours, soit dans la nuit du 2 novembre, un dimanche.

Une clé à molette, sur laquelle a séché le sang de la victime mêlé à quelques cheveux, est abandonnée à proximité du corps. Elle ne porte plus ses chaussures, elles aussi posées tout près du cadavre. Comme à son habitude, une fois fermé l’établissement dont elle s’occupait seule, elle avait enfourché son cyclomoteur et était rentrée chez elle.

Premières investigations

Le commissaire Léridon et l’officier de police Bruneau prennent l’enquête en main. Le juge Faucillon est, quant à lui, chargé de l’instruction. Entre autres faits troublants, les enquêteurs relèvent que le chien de Joséphine Gardil n’a pas aboyé. Il est sagement resté enfermé dans le garage où est morte sa maîtresse, ce qui accrédite la piste d’un familier des lieux. Et rien n’a été volé.

En revanche, l’état de la cuisine témoigne d’une certaine activité dans les instants qui ont précédé ou suivi le meurtre. L’attestent de la cendre de cigarette, un verre et une bouteille de whisky, ainsi que des traces de vomissure – comme il en a été observé dans le garage et dont l’« origine » a été attribuée au chien.

Yannick Aubrée est gardien de la paix. Partageant l’inquiétude d’un des locataires de Joséphine Gardil, qui ne l’a pas vue depuis trois jours, il pénètre dans le garage de la tenancière de La Cabane et trouve son corps sans vie étendu par terre.

Pour compliquer ce ténébreux tableau, Joséphine Gardil loge parfois des individus connus des services de police pour leurs points communs avec une part, non négligeable, de la clientèle interlope de La Cabane. De plus, la police est aussi au fait que la victime noue de fréquentes relations intimes avec des hommes rencontrés dans son établissement. Enfin, Joséphine Gardil a déjà été la cible de vols, chez elle et à La Cabane. Ses demandes pour obtenir un permis de port d’arme sont chaque fois restées vaines.

L’autopsie fait apparaître six plaies sur le crâne, causées par des coups portés avec une extrême violence. De nombreux fragments osseux sont détectés autour de la morte. Rapidement, les soupçons de Léridon se focalisent sur deux fréquentations de la victime, dont on sait qu’elles ont eu maille à partir avec elle.

Il s’agit d’Armand Fayolle, parti sans régler son loyer, et de Jean-Claude Duverney-Prêt, ancien légionnaire et quelque temps amant de Joséphine Gardil. La réputation d’agressivité furieuse dont s’accompagnent les beuveries du second n’est plus à faire. D’ailleurs, Joséphine Gardil se méfiait de lui. Il a disparu depuis plusieurs mois quand survient le crime ; toutefois, il a été aperçu par des voisins à peine quelques jours auparavant.

L’enquête s’intéresse aussi à d’autres familiers de l’entourage de la victime, qu’ils soient des habitués de La Cabane ou de son domicile de la rue des Chrysanthèmes.

Plus concrètement, Tabet Farouk, qui s’est inquiété au bout de soixante-douze heures après la disparition et en a fait part à l’agent Aubrée, déclare aux enquêteurs que Joséphine Gardil lui avait confié ses craintes d’être un jour menacée par son dernier amant en date, un dénommé Pierre Bouchet, alias Pierrot. Et peut-être même, « plus que menacée »…

Bouchet est en quelque sorte un morceau de choix. À 37 ans, il a été condamné à treize reprises ! Tabet Farouk et lui se sont connus au pénitencier de Saint-Martin-de-Ré, où ils avaient tous deux été relégués. Bénéficiant d’une libération conditionnelle, Pierre Bouchet sort en décembre 1968, et retrouve Farouk à La Rochelle, au centre d’accueil dit L’Escale.

Ce dernier présente Joséphine Gardil à son ancien camarade de prison. Ils ne tardent pas à devenir amants. Puis Bouchet entame une autre liaison avec une jeune femme, une certaine Françoise Laurent, qui a rencontré le menuisier- ébéniste en juillet 1969, dans un bar où il jouait de la guitare, et en est tombée instantanément amoureuse.

Lorsque les policiers l’interpellent, le 11 novembre 1969, il est chez elle. Et c’est encore elle qui lui sert d’alibi pour la nuit du meurtre. Le problème avec cet alibi est qu’il est infirmé par les deux filles qu’a eues Françoise Laurent avec le rejeton du maire de la ville… La jeune femme n’a pas tellement d’autre solution que de renoncer à sa version et d’admettre que Bouchet ne partageait pas son lit ce soir-là (…)”

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