À New York, Bernie Rodenbarr est le propriétaire de Barnegat Books, librairie d’occasions en livres rares ou plus ordinaires. Ce commerce est situé dans la 11e Est, entre University Place et Broadway. Tout près de là, se trouve le salon de toilettage canin de Carolyn Kaiser, meilleure amie lesbienne de Bernie. Chaque soir, ils se retrouvent au Bum Rap, le bar du coin de la rue. Toutefois, l’activité la plus lucrative pour Bernie Rodenbarr, c’est le cambriolage. De tout ce qui a une valeur artistique en particulier. Mais ce jour-là, Carolyn attend Bernie dans l’appartement de celui-ci, s’alcoolisant comme souvent. Son chat birman a été enlevé, et la ravisseuse – qui s’exprime d’une voix gutturale – réclame une rançon de 250.000 $. Une somme que Carolyn est loin de posséder. Heureusement, Bernie est prêt à y remédier.
Qu’est-ce qui représente à peu près le montant exigé ? Une toile du peintre Piet Mondrian (1872-1944) par exemple. Sauf que, même en préparant soigneusement un vol, Bernie est conscient qu’il serait illusoire de dérober un Mondrian dans un musée. Néanmoins, il a une alternative. Il est en relation commerciale avec M.Onderdonk, homme fortuné qui habite l’immeuble Charlemagne, au cœur de New York. Si ce bâtiment de style est ancien, il est hautement sécurisé. À l’origine, ce qui intéressait Bernie, c’était la collection de timbres précieux d’Onderdonk. Ça se négocie assez facilement, les timbres de ce genre. Bernie ayant l’œil à tout, il savait que son voisin John Charles Appling possédait une toile de Mondrian. Ayant un pied dans l’immeuble Charlemagne, Bernie compte donc se risquer à dérober le tableau… qui a disparu entre-temps.
Si cette nuit-là, Bernie fait une sensuelle rencontre avec Andrea, l’amante du propriétaire des lieux, une mauvaise surprise l’attend. Onderdonk a été retrouvé dans le placard de sa chambre, ligoté, bâillonné et le crâne défoncé. Il semble bien que le crime se soit produit alors que Bernie se trouvait à proximité. La police n’a pas besoin de chercher longtemps un coupable : l’inspecteur Ray Kirshmann – qui connaît bien le libraire – procède dès le lendemain à l’arrestation de Bernie. Si son vieil avocat est décédé, Bernie en a un autre sous la main, jeune et sportif, qui ne tarde pas à le faire libérer sous caution. Pourtant, ce sera au libraire lui-même de comprendre les rouages de cette histoire afin d’établir son innocence. Pas si simple alors qu’apparaissent d’autres toiles de Mondrian, probablement fausses, et que l’on peut craindre d’autres meurtres…
— J’ai de plus en plus de mal à te considérer comme un libraire et de moins en moins de difficultés à te voir sous les traits d’un cambrioleur. Ce que les journaux appellent un criminel de carrière endurci mais, dans cette affaire, tu serais plutôt un kleptomane prévoyant. Tu es retourné dans un appartement où tu avais laissé tes empreintes la veille au soir ? Et alors que tu étais entré dans l’immeuble sous ton vrai nom ?
— Je ne prétends pas que je n’aurais pas pu prendre une meilleure décision.
— Heureusement. Je ne sais pas, Bernie, mais je ne suis pas davantage certain que tu as pris une meilleure décision quand tu m’as engagé. Je connais bien mon métier, mais mon expérience criminelle est limitée, et je ne peux pas dire que j’ai vraiment beaucoup aidé le client qui avait poignardé deux personnes, même si je ne me suis pas trop cassé parce que j’ai pensé que tout le monde dormirait plus tranquillement quand il ferait des tours de piste à Green Haven. Mais tu as besoin de quelqu’un qui soit capable de manier un mélange de corruption et de négociation de l’inculpation ; et, si tu veux honnêtement mon opinion, ça me dépasse un peu.
Les onze aventures du libraire-cambrioleur new-yorkais Bernie Rodenbarr sont publiées en France chez Série Noire et aux Éditions Seuil, en poche chez Point. Si des séries comme celle ayant pour héros Matt Scudder s’avère très sombres, la tonalité de Lawrence Block est plus souriante – plus légère – autour de Bernie. Certes, des intrigues solides sont développées et ça ne manque ni de péripéties, ni de suspense. Mais l’action vive n’est pas la priorité de l’auteur, qui possède un sacré savoir-faire. Nous sommes les témoins de l’habileté et de la méthode de Bernie, autant que de ses efforts pour s’en sortir le moins mal possible à chaque fois. “Le voleur qui aimait Mondrian” en est un très bon exemple. Tous les romans de cette série sont chaleureusement conseillés.
Toutes mes chroniques sur les romans de Lawrence Block ? Cliquez sur ce lien.
commenter cet article …