Pour “La valse des ombres” (First Thrillers, 2009), Peter de Jonge a concocté un suspense diablement solide qui, au final, s’avère nettement plus original qu’un thriller ordinaire. D’abord, le décor citadin new-yorkais est utilisé avec une belle justesse. Avec son lot de suspects et de pistes incertaines, l’intrigue est plutôt nuancée. Opiniâtre flic de base, Darlène O’Hara a connu des épreuves qui lui ont forgé le caractère, lui offrant un discernement dont l’inspecteur Cooney manque cruellement. Bien qu’elle ait une vraie expérience de la vie, la vérité sera bien pire qu’elle ne l’imaginait.
Darlène O’Hara est une rousse new-yorkaise de 35 ans, qui vit seule avec son chien Bruno. Étudiant de 18 ans, son fils Axel a été élevé par les parents de Darlène. Policière au 7e
commissariat, la jeune femme ne s’occupe que des affaires courantes. Routine qu’elle partage avec son coéquipier Serge Krekorian. Au lendemain de Thanksgiving, David McLain vient signaler la
disparition de son ex-petite amie, Francesca Pena, chez qui il est hébergé. Cette étudiante boursière d’origine portoricaine ayant pu s’absenter volontairement, l’enquête de Darlène ne débute
vraiment que quelques jours plus tard. Au Freeman’s, bar où elle a été vue le soir de Thanksgiving avec trois copines, on se souvient qu’elle était la dernière cliente. Et qu’elle est partie
seule.
C’est dans East River Park que le cadavre de Francesca Pena est retrouvé. Elle a été violée et torturée, sans doute la nuit même de sa disparition. Darlène et Krekorian interrogent David McLain, et les trois amies de la victime, issues de milieux bien plus aisés. Le duo de policiers fait la tournée du quartier où Francesca Pena a disparu, cherchant des témoignages. Ils repèrent le chantier où la jeune fille a été torturée. Mais c’est l’adipeux inspecteur Cooney qui est réellement chargé de l’enquête. Et celui-ci ne tarde pas à suspecter David Mc Lain, qu’il va bientôt inculper. Ce jeune paumé lui faisant penser à son fils Axel, s’il avait mal tourné, Darlène vérifie qu’il n’a pas menti. Puis elle fait en sorte qu’une amie avocate efficace le sorte de ce guêpier.
Se disant souffrante, Darlène mène sa petite enquête. Elle s’interroge sur le tatouage curieux de Francesca. À la New York University, Deirdre Tomlinson hésite à lui prêter le dossier d’admission de la jeune fille. Sportive accomplie, Francesca était également bénévole pour une association caritative. Elle parrainait la famille Entonces, une mère ex-junkie et ses deux fillettes. Darlène découvre que Francesca était aussi strip-teaseuse occasionnelle. La policière finit par avoir des ennuis avec sa hiérarchie. Suspendue durant un mois, Darlène en profite pour continuer. Par une agence de call-girls, Francesca se livrait à la prostitution. Ses trois clients, un présentateur-télé, un avocat fiscaliste, et un designer ont de bons alibis. Après le suicide d’un témoin, Darlène doit poursuivre clandestinement ses investigations. C’est en reconstituant chaque minute de l’emploi du temps de Francesca cette nuit-là qu’elle pourra comprendre…
Certains seront déroutés par un détail: l’auteur désigne chacun principalement par son nom de famille : O’Hara, Pena, McLain, etc. Cette forme “clinique” diminue l’empathie envers les personnages. Une manière de souligner que les policiers sont des pros, qui gardent leurs distances avec les protagonistes d’une affaire. Ce qui, on le verra au dénouement, est justifié dans le cas présent.