Lagos, au Nigeria. Korede, l’aînée infirmière, et Ayoola sont deux sœurs vivant dans un milieu aisé avec leur mère, veuve depuis dix ans. Outre son métier à l’hôpital, la mssion de Korede consiste à protéger sa cadette, ce qui n’est pas si simple. Non seulement elle est d’une beauté sans égal et la préférée de leur mère, mais surtout Ayoola a la fâcheuse habitude de supprimer ses amants. Déjà trois victimes au compteur. Au fil du temps, Korede est devenue de plus en plus experte pour faire disparaître les traces de sang (sa méthode en cinq points est très efficace, minutieuse) et les cadavres. Avec le cas de Femi, dernier petit ami en date que sa sœur a poignardé, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer. Toutefois, Ayoola n’a aucunement l’intention de lui avouer où elle cache le poignard hérité de leur père.
Korede est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu’elle côtoie chaque jour dans les couloirs de l’hôpital où elle travaille. Quand sa jeune sœur s’invite à l’hôpital, elle sédut immédiatement le médecin Tade. Korede ne peut effectivement pas rivaliser. Non seulement, Ayoola est gagnante d’avance, mais il est à craindre que Tade subisse le même sort que les précédents petits amis de sa sœur. Pour assumer, Korede n’a trouvé qu’un seul confident : Muhtar, un patient dans le coma. Tade fait une offensive de charme envers Ayoola, mais celle-ci se lasse vite de ses "fiancés". Il est vrai qu’avec sa beauté fascinante, elle n’a que l’embarras du choix. Alors que la famille de Femi est sur le point de tourner la page, un indice sanglant – non repéré par Korede – est découvert dans l’appartement de celui-ci. Les policiers ne tardent pas à interroger les deux sœurs. La candeur affichée par Ayoola les convainc, mais son aînée est l’objet de leurs soupçons.
Après tout, Femi est adulte, il a pu choisir de disparaître. Autant clore l’enquête. Sans vraiment délaisser Tade, Ayoola a mis le grappin sur Gboyega, riche homme marié et père de famille. Sous le prétexte de ses affaires, celui-ci lui offre un voyage en amoureux à Dubaï. Comme aurait pu le prédire Korede, ce séjour se termine mal. Gboyega est victime d’un empoisonnement. Pourquoi soupçonnerait-on la jolie Ayoola ? Elle réussit même à ce que son nom n’apparaisse nulle part dans ce dossier. De son côté, le médecin Tade est toujours aveuglé par Ayoola, leur mère voyant du meilleur œil cette relation. Il ne servirait à rien de mettre en garde Tade. Et puis, l’infirmière doit aussi assumer son quotidien, à l’hôpital et en famille. Le patient Muhtar finit par sortir enfin du coma. A-t-il retenu les confidences de Korede ? Ou restera-t-il un interlocuteur en capacité de parler avec elle ? Peut-être serait-elle soulagée si des soupçons finissaient par peser sur sa sœur…
La littérature africaine est probablement sous-représentée en France, ce qui est fort regrettable. On peut y dénicher de vraies perles rares, pas forcément d’une noirceur absolue. C’est le cas de ce livre d’Oyinkan Braithwaite, excellente comédie à suspense. Si la sœur cadette est une tueuse en série, on pourrait lui prêter une certaine innocence. Son aînée déploie tout un savoir-faire pour la protéger sans que la jeune Ayoola semble réaliser ses efforts. Tout juste craint-elle que Korede se mette en colère, mais il n’y a pas de véritable calcul dans ses actes criminels.
Au-delà de l’humour, c’est avec une forme d’ironie que l’auteure relate leurs mésaventures. Non sans laisser une place à une tendresse bienvenue, quand l’infirmière se confie au comateux Muhtar, par exemple. Comment ne pas être sous le charme de cette intrigue, dont les chapitres courts rendent la lecture addictive. Le polar peut s’avérer très sombre, très noir. Mais il est bien agréable dans sa version souriante comme ici.
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