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29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 04:55

Originaire de Jersey City, dans l'Est des États-Unis, Dick Steele fut affecté durant la guerre en Angleterre, dans l'aviation. Ça reste encore présent dans son esprit, le conflit n'étant terminé que depuis deux ans. Financé par son avare oncle Fergus, Dick s'est installé en Californie voilà quelques mois. Il loge à Beverly Hills, dans un luxueux appartement de la résidence "Virginibus Arms". Il l'a sous-loué à son ami Mel Terriss, parti vivre au Brésil, à Rio. Celui-ci l'a aussi autorisé à utiliser sa voiture. Un jour, il renoue avec son copain Brub, qui fut avec lui dans l'armée, en Grande-Bretagne. De retour au pays, ce dernier a épousé sans tarder sa fiancée Sylvia. Ils habitent à Santa Monica. Il est aujourd'hui inspecteur à la Criminelle, dans le service de Lochner, un limier chevronné. Malgré ces retrouvailles, Dick ne tient pas à revoir le couple, car son attirance pour Sylvia peut poser problème.

Néanmoins, il a une raison de rester proche de Brub. Le policier participe à l'enquête sur une série de meurtre, presque un par mois, visant des jeunes femmes. L'assassin en est à sa sixième victime, âgée de vingt-six ans. Il les étrangle et les viole, assez prudemment pour ne pas laisser d'indices. Dans le dernier cas, par exemple, les traces de pneus de sa voiture ne serviraient guère. L'assassin n'est autre que Dick qui, sous le prétexte d'être en train d'écrire un roman policier, voit là un bon moyen de rester informé. La voisine de Dick est une superbe rousse, Laurel Gray. Une relation débute bientôt entre eux. Elle ne semble pas vouloir évoquer son passé, mais Dick devine qu'il y a eu un homme riche dans sa vie. Il ne l'est pas, ce qui lui cause une grave amertume. Laurel et Dick deviennent vite intimes, même si la jeune femme garde une certaine part d'ombre.

Selon Brub, l'assassin ne peut qu'être un fou, certes méticuleux et rusé, mais qui finira par se trahir. Dick accompagne Brub et le chef de la Criminelle, Lochner, sur les lieux du dernier crime. Ce dernier pense que le tueur vient de l'Est du pays, mais ne dispose que de faibles pistes concrètes. Sylvia avait remarqué Dick et Laurel sortant d'un restaurant. Elle s'arrange pour faire la connaissance de la jeune femme, s'invitant chez Dick. Laurel se montre quelque peu jalouse de Sylvia, mais Dick parvient à la rassurer.

Bien que bancale, sa relation amoureuse se poursuit avec Laurel. Celle-ci voudrait avoir des nouvelles de Mel Ferris, qui lui doit de l'argent, mais Dick ignore son adresse à Rio. L'affaire du tueur en série est en sommeil pendant quelques jours, faute d'éléments. Brub apprend à Dick le décès d'une de leurs amies anglaises, Brucie. Un meurtre inexpliqué, et une information qui choque visiblement Dick. Il avoue à Brub et Sylvia que Brucie l'a beaucoup marqué : “Ce n'était pas une cavaleuse. C'était une fille unique.” Quand Laurel finit par s'éloigner de Dick, celui-ci pense que c'est Sylvia qui en est la cause. Le tueur fait une nouvelle victime, Betty Banning, sortie sur la dune côtière promener son chien. Cette fois, Lochner et ses policiers sont sous pression, employant tous les moyens pour enfin coincer le tueur de femmes…

Dorothy B. Hughes : Tuer ma solitude (Un Mystère, 1951) - Le violent

Puisque l'assassin est au centre du récit, il ne s'agit bien sûr pas d'un roman d'enquête. C'est un suspense psychologique basé sur l'état d'esprit tourmenté du criminel. La guerre lui valut une belle dose de prestige : “Cette vie était tellement dense qu'aucune autre ne pouvait exister à côté ; même après la guerre, il était impossible d'imaginer une existence autre.” Ce n'était qu'un intermède à l'issue duquel Dick Steele s'avéra incapable de trouver sa place dans la société. Son caractère reste intérieurement bouillant, voire hargneux. Sa solitude et ses démons personnels (dont l'alcool, qui n'arrange rien) aboutissent au besoin de dominer avec violence des femmes. “Le bonheur ? Qu'il aille se faire foutre. Ce qui comptait, c'était l'exaltation, le sentiment de puissance et la vague chaude que procurait l'érotisme. Ça faisait tout oublier ; à côté de ça, le bonheur, c'est de la guimauve.”

Dick est un être complexe qui veut à la fois inspirer la peur et la ressentir lui-même : “La peur… ce n'est pas quelque chose qu'on peut affronter et annihiler en se montrant plus fort qu'elle. La peur, c'est le brouillard qui rôde, qui vous enserre dans ses tentacules, qui se glisse par les pores de votre peau jusque dans votre chair et vos os.” Être en contact avec la police, c'est une façon de se renseigner, mais aussi d'exciter une crainte chez lui. Son allure d'homme ordinaire le protège tant soit peu des soupçons. En outre, l'auteure utilise à bon escient l'atmosphère californienne d'après-guerre, dont la légèreté contraste avec les faits dramatiques.

Un suspense d'une magnifique subtilité.

En 1950, le cinéaste Nicholas Ray adapta ce roman à l'écran, avec Humphrey Bogart et Gloria Grahame dans les rôles de Dick Steele (surnommé Dix) et Laurel Gray. En France, ce film fut exploité sous le titre “Le violent”. C'est cet intitulé qui fut choisi par J.Éditions, lors de la réédition de ce livre en 2013.

Dorothy B. Hughes : Tuer ma solitude (Un Mystère, 1951) - Le violent
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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 04:55

Chrétien est un homme d'environ soixante ans, gravement malade, tenant le coup grâce à de forts médicaments. Il continue d'exercer son métier, tueur à gages. On le contacte par Internet, quand on a besoin de ses services. Vendeur de poupées de collection, c'est sous ce subterfuge qu'il est joignable. Chrétien a choisi cette activité de couverture, car “il avait toujours trouvé les poupées effrayantes”. Cette fois, sa mission l'a conduit à Phoenix, en Arizona. Il s'agit d'éliminer un nommé John Rankin. Il le surveille depuis plusieurs jours, quand une autre personne tire sur la cible en question. À l'hôpital, Chrétien parvient à obtenir des renseignements et à approcher Rankin. Il n'est que blessé, il s'en sortira vite. Chrétien croise près de la chambre du patient un type qui pourrait être le tireur. Mais il ne le situe pas, peut-être fatigué par son propre état de santé.

Dale Sayles est un policier chevronné de Phoenix. Avec son jeune collègue Graves, il mène sans passion des enquêtes routinières, comme à contrecœur. Même si bien des cas sont insolites, ça le touche peu. Il a lui-même des soucis avec sa compagne Josie. Dépressive, elle a choisi de partir, sans lui préciser où elle allait. La tentative de meurtre visant Rankin, ce n'est qu'une affaire parmi d'autres, d'autant que cet homme est bientôt rentré chez lui. On peut juste imaginer que le tireur est un pro, capable de ne pas se faire remarquer. Chrétien s'est introduit chez Sayles en son absence, lui laissant un message, ou plutôt un mot de passe pour un contact par Internet. Le policier reste sceptique sur cet inconnu : “Et quel était son intérêt dans cette affaire ? Les chances qu'il ait quoi que ce soit d'utile à lui proposer étaient quasiment nulles, évidemment.”

Jimmie est un jeune garçon qui vit seul chez lui depuis un an. Subsistant en vendant ce qu'il peut via Internet, il ignore ce que sont devenus ses parents. Il a compris avoir “d'une façon ou d'une autre, glissé entre les mailles de la société.” Personne ne se préoccupe de lui, tant mieux, sauf sa voisine latino Mme Flores qui a saisi la situation mais sait se taire. Il fait la lecture aux personnes âgées d'une résidence, un jour par semaine. Jimmie passe du temps sur le web, consultant des sites zarbis, entre infos farfelues et confessions douteuses. Ça explique probablement que l'adolescent fasse chaque nuit des cauchemars extravagants. Sa mère est passée, un jour, mais le contact ne sera pas renoué.

Chrétien est désorienté par la tournure prise par cette mission. Il s'interroge toujours sur le tireur anonyme. Alors qu'il recommence à surveiller Rankin, il doit être hospitalisé pour un sérieux malaise. Ce qui, même s'il donne une fausse identité, laissera une trace. Sayles est rassuré de savoir où se trouve Josie. Dans l'affaire Rankin, Graves a le sentiment que “ce type [Chrétien] est un fantôme”. Sayles lui répond : “Eh bien, les fantômes veulent aussi quelque chose… Sinon ils ne traîneraient pas toujours autour de nous”…

James Sallis : Le tueur se meurt (Rivages/Noir, 2015)

Récompensé par le Grand Prix de Littérature Policière en 2013, “Le tueur se meurt” est disponible désormais en format poche. Si James Sallis est un excellent écrivain, un grand auteur de romans noirs, ce titre n'est pas le plus facile à aborder parmi son œuvre. Il ne s'agit pas strictement d'un polar, plutôt d'une illustration du mal-être. Les personnages centraux (le tueur malade Chrétien, le policier Sayles, et le jeune Jimmie) partagent, sans se rencontrer vraiment et pour des causes différentes, un décalage avec la société. Dans leur esprit, la mort n'est jamais loin. Leur vague à l'âme s'associe à des images morbides ou inquiétantes. Ce qui donne une tonalité sombre et singulière au récit.

Chez James Sallis, on retrouve deux points forts. L'évocation du quotidien : “Tout autour de lui, les gens poursuivaient leur vie et, jour après jour, c'était à peu près toujours la même chose… Ce n'était certes pas la première fois que cette pensée lui venait. Mais il lui semblait que, ces temps-ci, elle lui venait de plus en plus souvent.” Et puis des souvenirs d'épisodes ayant forgé la vie de ses héros. Tel Chrétien qui, ayant été agressé lors de son seul séjour en prison, se vengea cruellement. On creuse l'intime de chacun, par exemple l'obsession de Jimmie envers une énigmatique internaute, la Visiteuse. Cet assemblage de détails nullement anecdotiques forme un tout, et c'est ce qui (malgré la morosité du sujet) séduit dans ce roman de James Sallis.

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 04:55
Dominique Dyens : Intuitions (Pocket, 2013)

La famille Royer habite depuis toujours à Bois-Joli, ville huppée des Yvelines. À quarante-sept ans, la blonde Nathalie est agent immobilier. Son époux Patrice est avocat. Ils ont un fils de vingt-deux ans, Grégoire, expatrié à New York pour faire carrière dans la finance. Leur narquoise fille Amélie est âgée de seize ans. Les Royer sont catholiques pratiquants, comme il sied dans la bonne bourgeoisie de Bois-Joli. Ils reçoivent ponctuellement leurs relations, qu'ils appellent leurs amis, pour des dîners. La jeune Amélie n'est pas dupe de ces apparentes amitiés-là, ni du poids de l'hypocrisie régnant dans ces milieux. Nathalie et Patrice n'ont plus d'activité sexuelle, ce qui développe des fantasmes chez l'épouse. Elle sent que la vie paroissiale ne lui apporte plus autant de joie spirituelle qu'avant.

Nathalie n'est guère optimiste sur son avenir. Surtout qu'en ce mois de septembre 2008, après la faillite de la banque Lehman Brothers, la crise économique prévisible risque d'être catastrophique. Les familles de leur catégorie sociale pourraient être les plus touchées. À New York, Grégoire a rencontré la jolie brune Gala. Française, elle se nomme en réalité Victoire Mallet de Puysere. Comme lui, elle est originaire des Yvelines, issue d'une famille aisée. Malgré ses moments migraineux, Gala séduit bientôt Grégoire, au point qu'ils vont former un vrai couple. C'est par SMS que le jeune homme annonce son futur mariage à sa famille, et leur retour en France. Une bonne nouvelle pour Nathalie et Patrice, puisque les parents de Gala appartiennent à des milieux fortunés comparables au leur.

Amélie s'avoue plus sceptique. Pour son frère, s'agit-il d'une histoire d'amour, ou bien de se marier pour assurer sa position sociale dans leur univers ? Amélie se désespère de voir Grégoire si conformiste, à l'image de leurs parents. Sans être ouvertement rebelle, elle se sent moins sclérosée que sa famille. Après un dîner chez les Mallet de Puysere, manière d'officialiser le couple Grégoire-Gala, Nathalie se montre carrément plus réticente face à cette union. Une impression qu'elle ressasse : “L'idée que Grégoire épouse cette fille lui donne la nausée. Le pire est qu'elle n'a aucune explication. Juste cette terrible intuition. Le regard de Gala la taraude. Et la glace d'effroi.” Elle compte mener son enquête.

Patrice Royer n'est pas à l'aise face à cette situation, non plus. Car Marie-Laurence Mallet de Puysere n'est nullement une inconnue pour lui. Et il n'oublie pas que son épouse a été par le passé victime de troubles psychologiques, qu'il ne faudrait pas raviver. Avec l'aide d'anti-dépresseurs ou de l'hypnose, elle devrait calmer ses obsessions contre Gala. Bien au contraire, Nathalie utilise Internet pour se documenter au sujet de sa future belle-fille, usant volontiers de subterfuges. Il est vrai que le parcours de Victoire Mallet de Puysere apparaît plus perturbé que celui des autres enfants de cette famille. C'est en Suisse qu'elle va trouver quelques réponses à ses questions...

Dominique Dyens : Intuitions (Pocket, 2013)

On pourrait se dire que les gens décrits par l'auteure, soit n'existent plus vraiment, soit sont moins caricaturaux qu'elle le suggère. Ce serait à tort, car cette bourgeoisie vivant “entre soi” est réellement présente dans notre société. On s'y considère comme une élite, supérieure au reste de la population. On a reçu la meilleure éducation, on ne connaît pas le moindre souci financier. On a fait de beaux et solides mariages, on a des enfants dont l'avenir est assuré dans les mêmes cercles. On fréquente assidûment la même paroisse, on choisit ses amis selon des critères identiques. Un ordre parfait règne au sein de ces sortes de communautés, à l'écart de la masse. On appartient fièrement au clan des nantis.

Et pourtant, tout ça n'est généralement que fausses certitudes, apparences de sérénité heureuse, façades de respectabilité sociale. Nul besoin de la tempête d'un scandale pour que s'écroulent certains de leurs châteaux de cartes. Il suffit d'une goutte d'eau faisant déborder le vase de leurs secrets de famille. Faire semblant devient alors embarrassant pour eux qui savaient si bien simuler. Encombrante, la maîtresse de monsieur. Gênants, les fantasmes de madame. Énigmatiques donc suspects, la future bru et sa famille.

Si ce roman est classé en “littérature”, il n'est pas interdit de le rapprocher de l'esprit du polar. Derrière l'ironie, la narration laissant une belle part aux sourires, se cachent en effet des facettes beaucoup plus sombres. Équilibrés, ces gens ne le sont pas tant. On assiste à un projet de meurtre, d'ailleurs. Le suspense ne manque pas, dans l'attente de révélations douloureuses. Certainement, un roman qui devrait plaire aux amateurs de polars.

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 04:55

Mario Leroux est policier dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, au Québec. Âgé de cinquante-quatre ans, Leroux est divorcé d'avec Myriam, enseignante à l'Université Laval, depuis cinq ans. Une rupture pas seulement due à cette affectation au Lac, sans doute. Sa compagne actuelle se prénomme Caroline, barmaid et vaguement étudiante, nettement plus jeune que lui. Ils n'affichent pas leur liaison amoureuse. La réputation de leurs deux métiers, policier et barmaid, contribue à cette discrétion.

Le seul collègue de Leroux qui soit au courant de ça, c'est le sergent-détective Dave Rathé, aussi nommé Yawatha. “Il avait une belle figure d'Indien, un sourire à un million de dollars, et la carrure d'un ancien joueur de défense qui se serait relâché à l'entraînement… Tout dépendant du point de vue, Yawatha était la pire ou la meilleure police du Québec. Ce séducteur ayant cultivé un vaste réseau d'indic, “personne ne trouvait plus rapidement d'informations que Yawatha”.

Un crime sanglant a été commis au village de Saint-Léandre (rebaptisé Villeneuve, nom qui n'est pas du goût de Leroux). Les Fortin, un vieux couple de fermiers sans enfants, ont été massacrés chez eux. Des sexagénaires bien intégrés dans leur village près du Lac. “Il y avait un genre d'énigme autour du double meurtre de Saint-Léandre. Dans la cave de la maison, on avait trouvé un coffre-fort, fermé et barré. C'était un vieux coffre, à clé, pas à combinaison... C'était sans doute la chose que Leroux détestait le plus au monde : un mystère. Un faux-mystère, en plus.”

Le policier chevronné est sûr que deux agresseurs ont attaqué ce couple âgé. Rien ne prouve qu'ils aient emporté une grosse somme. Autour de Leroux, ses collègues jouent aux limiers façon Columbo, émettant les plus absurdes hypothèses. De toutes façons, le coffre-fort était vide. Les victimes avaient un petit-neveu, Martin Gagnon. Ce jeune repris de justice purgeait sa peine au moment du crime, au pénitencier fédéral de Donnacona, à l'ouest de la ville de Québec. Il s'y trouve toujours. “Martin Gagnon avait exactement l'air auquel Leroux s'était attendu. Un petit toffe [dur] qui essayait très fort d'avoir l'air plus toffe et plus vieux qu'il n'était en réalité” constate le policier.

Le détenu ne se montre pas coopératif. Ça n'empêche pas Leroux de quitter le pénitencier avec des certitudes. En particulier, qu'il n'y avait “pas une cenne [centime] chez les Fortin”. Par ailleurs, on a découvert des empreintes sur le lieu du massacre. Ce sont celles d'un malfaiteur répertorié, Benoît Gamache. Ce voyou médiocre serait impliqué dans un trafic avec des Hell's. Leroux est confiant : c'est dans ces circonstances-là que Yawatha, le champion de la traque, est capable de montrer tout son talent. Il repère bientôt le suspect et son complice, pas du genre à effrayer l'Indien...

Samuel Archibald : Quinze pour cent (Éd.Le Quartanier, 2013)

Strictement polar, ce roman québécois d'une soixantaine de pages ? C'est effectivement d'une affaire criminelle et d'une enquête, dont il est question. Toutefois, les étiquettes n'ont aucune importance quand il s'agit d'un bon roman. À travers le contexte évoqué et le portrait du policier Leroux, c'est aussi de la société de son pays dont nous parle l'auteur. Si les lecteurs québécois sont sûrement plus habitués aux décors, cette histoire est également l'occasion pour les Français d'une visite dans des paysages différents.

D'un œil parfois rêveur, l'enquêteur observe autant le Québec qu'il se fie à son instinct, à son expérience. On lira -page 55- une définition juste du rôle d'un policier : “Leroux avait toujours été lucide sur ses propres motivations à faire son travail. Il n'avait jamais pensé qu'il travaillait à protéger les innocents contre les méchants. Il n'était pas idiot. En vieillissant, il se rendait compte qu'il était payé surtout pour empêcher deux communautés de se rencontrer...” La vie privée de Leroux n'est pas moins intéressante que l'aspect professionnel. Il forme avec la jeune Caroline un couple encore incertain. Doit-il être jaloux des clients du bar qui l'emploie, et du beau Yawatha ? Un court roman diablement sympathique.

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 04:55

Giriviller est un village rural situé aux confins de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges. En 1924, on y compte une centaine d'habitants. La Grande Guerre, encore proche, a laissé quelques séquelles. Certains se sont expatriés, tel le frère du maire. Hélas, Germain et sa famille n'ont connu à ce jour que des déboires en Algérie. En ce dimanche de Pâques, la bonne du curé découvre un cadavre nu dans l'église. Tué par une baïonnette, le corps fait penser à un crucifié allongé. Le curé ne tarde pas à avertir le maire, Émile Husson, qui va aussi rapidement que possible alerter la gendarmerie dans un village voisin. Chacun se demande si l'inconnu a été tué dans l'église, ou si on a déplacé là le cadavre. Le procureur qui végète dans son poste à Lunéville est bientôt mis au courant. Il n'ignore pas que les campagnards sont peu causants, ce qui annonce une enquête difficile.

Âgé de trente-deux ans, Pierre Rieuze est journaliste pour l'Est Républicain. Lui-même fils de reporter, il espère prouver ses qualités. Le meurtre de Giriviller peut lui offrir une belle occasion de convaincre son rédacteur en chef. Au village, il observe l'agitation dûe à cette affaire si inhabituelle ici. Il va s'installer chez Mlle Anna Martin, qui possède quelques biens et fait le service chez les notables locaux, dont le maire. Fille-mère, Anna élève son fils de huit ans René, légèrement boiteux. C'est à des policiers nancéiens, dont le quinquagénaire commissaire Juste Robin, que sont confiées les investigations sur ce crime. Le procureur a identifié la victime, Georges Dutertre, un avocat de Lunéville. Époux de Clarisse, il est le gendre du banquier juif Hartmann, très connu en Lorraine. Celui-ci ne souhaitant pas être mêlé à l'affaire, les policiers et le journaliste doivent se montrer prudents.

Clarisse Dutertre ne paraît pas particulièrement choquée de la mort brutale de son mari. D'autres savent que l'avocat ne dédaignait pas la fréquentation des bordels chics. Le banquier Hartmann ne cache pas sa méfiance envers son gendre. Pierre Rieuze consulte les archives de Giriviller, recensant un cas de sorcellerie datant du 17e siècle. Toutefois, il s'agit cette fois d'un crime de sang, plus brutal. Dans les environs, on a remarqué un cheval de selle abandonné, peut-être volé. Mais c'est surtout le cas de Paul Thouvenin qui intéresse les enquêteurs. Ce vagabond sans véritable alibi est arrêté, interrogé. Il s'avère qu'il a appartenu en 1914 au même régiment que Georges Dutertre, qui y fut lieutenant. Le commissaire peut imaginer un coup de colère vengeur de Thouvenin, mais ça ne colle pas avec la mise en scène de l'église. Pierre Rieuze, lui, trouve bientôt un indice crucial...

Francis-Émery Roch : Meurtre à l'église (Éd.Serpenoise, 2013)

Publié par un éditeur régional, ce roman serait digne de figurer dans une grande collection de polars historiques. En effet, l'intrigue est idéalement maîtrisée, solide à souhaits, et l'érudition locale n'empiète nullement sur la part criminelle du récit. Loin de la caricature, les lieux et les portraits des personnages sont fort bien dessinés, totalement crédibles. Si le calme est revenu après la Première Guerre mondiale, on voit que l'ambiance reste un peu pesante. En témoigne le profil de Thouvenin, médaillé durant le conflit, et pourtant qui erre à travers la région. Le poids des notables se fait encore sentir sur la population, une influence qui ne se diluera que nettement plus tard.

Située à cinquante kilomètre au sud de Nancy et à une vingtaine de Baccarat, Giriviller est aujourd'hui une commune d'environ quatre-vingt habitants qui existe réellement. Ce livre a été publié début 2013. Depuis, l'ancien maire ne se représentant pas en 2014, il semble bien que (sauf erreur) le nouveau ne soit autre que Francis Roch, l'auteur de ce roman. Voilà qui explique la précision du récit et, sans doute, l'utilisation de quelques mots typiques du parler lorrain, traduits dans un petit lexique. Un authentique suspense historique et régional, très réussi et franchement sympathique.

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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 05:55

Eddie Grist est natif de Stroma, une île au large de la côte nord de l’Écosse, dans le détroit du Pentland Firth. Il est le fils de Roy Grist, contremaître de la distillerie locale et maire de l'île. Eddie fut employé dans l'entreprise de son père, avant de quitter la région. Pendant treize ans, il a été policier à Inverness, poste qu'il a quitté depuis un mois. Ses relations sont restées difficiles avec son père, qui s'est toujours montré dur avec ses trois enfants. Le frère et la sœur d'Eddie n'ont plus guère de contacts non plus avec leurs parents. Roy est de plus en plus amer. Il sait qu'on ne le respecte plus tellement en tant que maire. D'autant qu'un projet qu'il approuve est plutôt contesté ici. Et si son épouse Sarah fait preuve de froideur depuis longtemps, ça ne s'arrange pas depuis le retour annoncé d'Eddie. Le seul qui reste fidèle à Roy Grist, c'est son ami le prêtre Graham Linley.

C'est afin de reprendre la boutique de souvenirs de son oncle Charlie O'Keefe, qu'Eddie a accepté de revenir à Stroma. Il a encore deux amis d'enfance sur l'île, Dan et Harry. Il peut aussi compter sur le nonagénaire Samuel Docherty, autrefois maire de Stroma. Bien qu'âgé, il reste lucide et vaillant. Parmi les amis d'Eddie, il y a surtout Jack Irvine, ancien instituteur et adversaire de son père pour la mairie. C'est chez Jack et son épouse Mallory que logera Eddie, non pas au pub comme a pu le penser Roy. Dès le soir de son arrivée, l'ex-policier est confronté à un incident. Des ouvriers ont découvert un squelette sur un chantier. Si la Dr Ellen Pleskie se charge des ossements, il faut prévenir les flics de Wick, sur le continent. Eddie, Roy et les témoins débarquent en pleine nuit au commissariat.

C'est l'ancien supérieur d'Eddie qui dirige depuis peu la police locale. L'enquête est menée par l'inspectrice Moira Holm. Originaire de Stroma, elle fut l'amour de jeunesse d'Eddie. Avec la bénédiction de Roy et du père Linley, elle quitta l'île il y a vingt ans pour épouser un autre homme. Divorcée, elle est mère de deux enfants. La police scientifique trouve peu d'indice sur le site où reposait le squelette, à part une croix religieuse. Une affaire qui intéresse le journaliste Gus Grimby, que Roy Grist connaît. Une semaine plus tard, le mort est identifié. Ce Murdoch Durhan fut autrefois prêtre à Wick, durant les années soixante. Moira ne trouve guère de renseignements dans les archives du diocèse. C'est sur l'île qu'elle pourrait en dénicher. Le père Linley, Roy et Sarah ne voient pas d'un bon œil le retour de Moira. Eddie n'est pas censé suivre l'enquête. Mais ça le rapproche de Moira, qui aura probablement besoin de son aide...

Guillaume Audru : L'île des hommes déchus (Éd.du Caïman, 2013)

Énigmes en forme de huis-clos sur des terres assez isolées, les ambiances insulaires sont propices aux romans de mystère, comme en témoignent de multiples histoires policières situées dans des îles. Entre population locale, la plupart se connaissent, et un événement ne passe jamais inaperçu. L'attachement des îliens à leur sol natal n'est pas un vain mot. Encore faut-il éviter de tomber dans la mauvaise caricature, restituer un climat crédible, traduire ce genre de réalités. Guillaume Audru y parvient de belle manière. En présentant les antagonismes existant fatalement dans un groupe d'habitants, pas tous amicaux. En suggérant d'anciens secrets, dont l'ombre plane longtemps après sur ces lieux.

Bien sûr, Eddie Grist figure au centre de l'intrigue. Mais l'auteur choisit de faire raconter les faits par plusieurs témoins, chacun s'exprimant à la première personne. Si le procédé n'est pas neuf, il permet d'ajouter une importante part psychologique au récit. L'amertume inquiète des uns, l'obstination d'autres à démasquer la vérité, ça transparaît d'autant plus fortement grâce à cette approche incluant les sentiments intimes. Autre atout, même si le sujet reste sombre, cette polyphonie narrative apporte une fluidité certaine à l'histoire. Le lecteur partage donc ainsi le vécu des protagonistes. Voilà un premier roman convaincant, qui mérite d'être apprécié par un large public.

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 07:48

En décembre 1996, dans la région d'Angers, trois policiers sont exécutés successivement par un tueur qui apparaît chevronné. Jousse est abattu dans un stand de tir, puis c'est Aumard qui est supprimé alors qu'il fait son jogging. Le tueur prend par surprise Ledoux, leur collègue, dans sa propre voiture. Sans doute l'assassin vise-t-il un quatrième homme. Bien que ce dernier ne soit pas le moins important, il devra patienter. D'autres personnes sont au même moment dans les parages, ne devant pas entraver la meurtrière mission qu'il s'est fixée.

D'un côté, il y a le jeune informaticien Kamel Ouslemane et son amie Malika Addi, attachée à l'Unesco. Kamel est le fils d'un défunt notable du régime algérien, Rachid Ouslemane, lequel fut toute sa vie marquée par un épisode sanglant de la guerre d'Algérie. Le tueur éprouve une certaine affection pour Kamel et Malika, beaucoup moins expérimentés que lui pour combattre dans l'ombre.

De l'autre côté, se trouve Lyes Si Arkoun. Sous son allure de cheikh du désert, c'est un haut responsable islamiste en poste en France. Au nom d'Allah, c'est un grand manipulateur visant le triomphe du GIA et du FIS, dont la puissance progresse alors dans le monde arabe. Bien informé, il a repéré le cas de Kamel qui, avec Malika, pourraient nuire à ses projets. Accompagné de Saïd, son homme de main, Lyes Si Arkoun a pris en filature le jeune couple jusqu'à Angers.

La police a délégué le commissaire Costa Pedretis, et son adjoint Lumet, afin de faire toute la lumière sur le triple meurtre angevin. Énergique par nature, il a bien l'intention d'avancer vite. En consultant des vidéos ayant trait aux trois meurtres, Costa Pedretis remarque une moto suspecte. Renseignements pris, elle appartient à un tranquille prof de philosophie et animateur de théâtre, Michel Gerber, âgé de quarante ans. Rien ne semble le relier avec les victimes.

Le commissaire n'ignore pas que Jousse, Aumard et Ledoux furent auteurs d'une lourde bavure qui causa deux morts, en octobre 1979. La mise en scène de leur légitime défense restait douteuse. Si le tribunal correctionnel de Marseille relaxa en 1982 les trois policiers, ça ne les disculpait pas forcément. Pour le tueur, la meilleure façon de protéger Kamel et Malika, c'est de s'attaquer à Lyes Si Arkoun, avant d'affronter son ultime cible...

John C.Patrick : Dies Irae (Éd.Lokomodo / Asgard, 2013)

Il s'agit d'une intrigue comportant plusieurs “approches”. On retient d'abord le roman d'aventure, riche en péripéties et en suspense. Aucun temps mort, l'action étant menée tambour battant. Avec ses contradictions, inhérentes à ceux se trouvant dans sa position, le tueur n'a pas à faire preuve de pitié envers les “victimes” de sa vengeance. Ce n'est ni un redresseur de torts, ni un cinglé, pas même un militant. Juste quelqu'un de déterminé qui pratique “sa” justice, face à des personnes qui se sont commodément abrités derrière un paravent de légalité.

 

L'autre aspect de cette histoire s'avère plus politique. Entre guerre colonialiste, islamistes de la décennie 1990, et réseau d'activistes extrêmes, comment en serait-il autrement ? On impose à l'opinion publique une version manichéenne de certains faits de société, d'un monde où bons et méchants sont identifiés. Le propos de l'auteur vise aussi à rappeler les méandres des ententes opaques, façon poupées gigognes. Certains veillent à ce que ces faits ne soient surtout pas médiatisés. Une réédition poche bienvenue, pour un livre datant de 1999. Un roman rythmé franchement palpitant, au noir contexte, voilà qui séduira les lecteurs de très bons polars.

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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 05:55

Carrickfergus est une petite ville côtière un peu au nord de Belfast, en Ulster. En ce début de printemps 1982, c'est la quatorzième année que sévit en Irlande du Nord cette guerre civile que les Anglais nomment des Troubles. Depuis la mort de Bobby Sands en mai 1981, l'IRA n'a aucun problème pour recruter des volontaires. Presque chaque jour, des bombes explosent à Belfast, la répression anglaise et les milices protestantes n'y pouvant rien. La population vérifie chaque jour si l'on a pas posé un explosif sous sa voiture. Les trajets dans la région de Belfast sont malaisés. À partir du 2 avril, la Guerre des Malouines qui débute risque d'enlever des troupes militaires en Irlande du Nord, ce qui peut dé-sécuriser encore une situation déjà largement chaotique.

Bien que médaillé après une précédente affaire, l'inspecteur Sean Duffy n'est pas vraiment heureux, car il reste lucide sur le foutoir qui l'entoure. Ce qui explique d'ailleurs en partie que sa compagne, la médecin légiste Laura Cathcart, préfère s'éloigner en Écosse durant quelques temps. Son appartement trop vide de Coronation Road est à peine un refuge pour Sean Duffy. Nouvelle affaire mystérieuse, lorsqu'on retrouve un torse humain dans une valise jetée une benne à ordures. Le corps a été congelé, mais difficile de déterminer depuis quand. L'homme, sans doute un étranger, a été empoisonné. Toutefois, l'abrine est un toxique extrêmement peu courant. La plante dont on l'extrait ne semble pas du tout présente dans les îles anglo-irlandaises. Le tatouage de la victime va apporter un élément crucial. L'homme est un ancien soldat d'un régiment d'élite américain.

Malgré les précautions de l'assassin, la police découvre l'adresse du propriétaire de la valise funeste. Sean et son collègue y sont reçus par la veuve de Martin McAlpine. Celui-ci a été abattu dans la cour de sa ferme par un commando de l'IRA en décembre dernier. Le scénario du meurtre apparaît illogique à Sean. L'agressive chienne de McAlpine aurait dû réagir, et puis les fusils de chasse ordinaires sont obsolètes au sein de l'IRA. Le collègue local de Sean confirme que le dossier est clos, après une enquête bâclée. Pas de trace sur les lieux des douilles du tueur, ni de marques laissées par sa moto, c'est étonnant aussi.

Le corps de la valise est finalement identifié. Il s'agit d'un nommé Bill O'Rourke, venu en pèlerinage au pays de ses ancêtres. Comme si la région en proie à la guerre civile était si touristique. Le consulat des États-Unis ne collabore qu'au minimum. Dans cette affaire, les meurtres sont assurément destinés à masquer un trafic. Sean Duffy doit faire un détour ― très agité, puisqu'il passe par l'hôpital ― via Boston (Massachusetts) afin de faire avancer son enquête, malgré le FBI. Il comprendra enfin d'où vient l'abrine, ce poison si rare. Bien qu'il ait reconstitué l'ensemble des faits, après un final explosif, Sean risque des ennuis hiérarchiques...

Adrian McKinty : Dans la rue j'entends les sirènes (Éd.Stock, 2013)

Après “Une terre si froide” (2013), c'est la deuxième aventure de Sean Duffy publiée dans la collection Cosmopolite Noire, chez Stock. Merci à l'ami Norbert de m'avoir signalé cette trilogie. Commencer par le deuxième titre ne pose aucun problème, j'en témoigne. Cette histoire démontre, une fois de plus, qu'une enquête mouvementée n'est pas incompatible avec l'ambiance du roman noir. D'autant que, les faits étant racontés par le héros, l'auteur y ajoute une dose d'humour, entre autodérision et ironie fataliste. Sans doute était-ce le seul moyen de ne pas sombrer, pour qui survivait en ces temps perturbés à Belfast.

C'est évidemment par son contexte général que cette intrigue appartient pleinement à la catégorie du roman noir. On est là dix ans après le dramatique Bloody Sunday, mais la guerre civile avait débuté quelques années plus tôt entre minorité catholique et majorité protestante. S'il évoque les belligérants, et la montée en puissance de l'IRA au début de l'ère Thatcher, Adrian McKitty souligne surtout le climat qui règne dans la population. La police est mise à contribution aux côtés de l'armée, alors qu'elle inclut des personnels de plusieurs religions. À cause de cette instabilité, l'Ulster perd de plus en plus d'atouts économiques. Ce qui n'incite guère à y rester quand on peut faire autrement. À moins d'être attaché à cette terre, et d'accepter une certaine dérision, comme Sean Duffy.

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