L’assassinat d’un Immortel – Un écrivain a été tué chez lui, dans son bureau. Le policier interroge son employée (d’origine arménienne), la nièce du défunt (qui le considérait comme vaniteux et prétentieux en privé), son éditeur (qui lui apprend que l’écrivain postulait pour l’Académie d’Athènes), la critique littéraire Mme Kouranu (sévère sur le talent relatif du mort). Son adversaire pour l’Académie, l’écrivain Romylos apparaît modérément motivé. Il faudra probablement se souvenir d’un autre meurtre dans le milieu littéraire, cinq ans lus tôt, qui présente des similitudes avec celui-ci…
En terrain connu – Un Turc s’est installé de longue date en Allemagne. Son fils, policier formé en Allemagne, parti vivre en Turquie, vient découvrir la maison actuelle de son père. C’est ainsi qu’il apprend le meurtre du voisin et meilleur ami de son paternel. Ce dernier projetait de bâtir une mosquée locale, qui échapperait à la montée des intégrismes religieux. En effet, deux fanatiques de l’Islam l’aurait menacé. Parfois, les intérêts de ces islamistes ultras et de l’extrême droite allemande convergent. La police ne s’est guère éternisée sur ce crime, considérant qu’il s’agissait juste d’une affaire "entre Turcs".
Trois jours – 1955. Vassilis est un commerçant qui fait partie des Grecs de la Ville à Istanbul. Sa famille avant lui a souvent subi le sort chaotique des Grecs installés ici. Lui-même est proche de la ruine. Sous l’influence d’Atatürk, le nationalisme turc se fait de plus en plus exigeant dans le pays. Son ami commissaire prévient Vassilis que la situation est en train d’empirer pour les Grecs de la Ville. Les Turcs alimentent le conflit chypriote, et un attentat (certainement simulé) visant la maison d’Atatürk ne font qu’aggraver les choses. Avec la complicité des forces de l’ordre, des émeutes entretiennent le chaos. Les Grecs de la Ville sont visés par le vandalisme. Vassilis n’y échappe pas. C’est ainsi qu’il découvre un squelette dans la cave (invisible d’accès jusqu’à là) de sa boutique. Un mystère qui réveillera son passé familial…
Le cadavre et le puits – Quand le cadavre d’un homme de trente-cinq ans est découvert dans un puits, ça entraîne une enquête de police. D’autant que la victime avait des idées de gauche, était même syndiqué. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Une mise en scène meurtrière peut induire en erreur les enquêteurs…
Ulysse vieillit mal – Un Athénien s’est pris de sympathie pour un petit commerçant d’Istanbul faisant partie des Grecs de la Ville. Toutefois, le septuagénaire Ulysse sent le besoin de quitter la Turquie. Il va finalement habiter dans un hospice, en Turquie, où l’Athénien lui rend quelquefois visite – rarement, car leur relation n’est plus la même. Tardivement, il apprend la mort d’Ulysse. Rien de suspect, c’est un infarctus suite à un ultime "coup de sang" de révolte…
L’arc de Pompéi – En Grèce, le père Ioannis est très actif dans l’aide aux nécessiteux et aux migrants. Ce que lui reproche un comité nationaliste grec, des enragés hostiles à sa généreuse démarche. Mais le père Ionnais n’est pas de ceux qui cèdent aux pressions, il persistera. Sans doute ne mesure-t-il pas que ses ennemis (il ne s’agit plus de simples adversaires) sont des jusqu’au-boutistes…
Tentative tardive – En juillet 1944, le couple Krull accorde toujours sa confiance à Hitler. Ceux qui ont organisé un attentat raté contre le Führer sont, pour les Krull qui refuse d’y voir le début de la fin, des traîtres – qu’on va bien vite juger et condamner mort. Malgré la fermeté toujours affichée par le Reich, l’Histoire est en marche…
Crimes et poèmes – Le commissaire Charitos enquête sur un meurtre commis au cœur de la nuit près d’un café-librairie, suite à une soirée de danse à laquelle participèrent le policier et son épouse. La victime est un cinéaste connu, actuellement sur un projet de nouveau film. Si Charitos interroge un modeste marchand de fleur, c’est davantage en tant que témoin que comme suspect. Le policier comprend de plus en plus mal son pays : “Les metteurs en scène se font tuer, les flics écrivent des poèmes, les maisons d’édition se changent en bistrots, la Grèce est mal barrée.”
En marge des enquêtes du commissaire Charitos, ce recueil de huit nouvelles offrent une autre facette du talent de Petros Markaris. On y retrouve la même lucidité de l’auteur sur son pays (à la fois Istanbul dont il est natif, et la Grèce) et son histoire. C’est particulièrement vrai dans “Trois jours” qui illustre la position souvent incertaine des Grecs d’Istanbul. Il traite aussi de sujets de société d’aujourd’hui, avec la radicalisation contre les immigrés en Grèce, et l’Islam qui installe ses théories fortes y compris en Allemagne. Par ailleurs, ce sont des enquêtes de police plus classiques qu’il nous invite à suivre – soulignant quand même la déliquescence de la culture en Grèce. Ces crimes ne relèvent pas de la tragédie, dont ce pays fut autrefois maître en la matière. Markaris ne manque pas de nous faire sourire dès que s’en présente l’occasion. Comme dans ses romans, on savoure son regard sans préjugé.
Voilà quelques nouvelles de Petros Markaris qu’on a grand plaisir à lire.
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