Un cadavre est découvert sur la pelouse du centre d’entraînement de l’OM. Il est aisément identifié : il s’agit de Jo Mangin, un des entraîneurs du club. Enfant abandonné, Jo fut repéré adolescent par l’animateur d’un des multiples petits clubs marseillais. Athlétique et prometteur, Jo avait besoin d’être canalisé, son impulsivité confinant souvent à la violence, d’être éduqué. Grâce à a discipline acquise, il fit son chemin chez les professionnels.
Tout ce qui touche à Marseille, et à son club de football mythique, devient vite une affaire d’État. C’est ainsi que le Ministre des Sports intervient en personne, en urgence. Il charge de l’enquête la commissaire parisienne Clémentine Paccini. Celle-ci connaît bien le monde du football : elle est actuellement chargée du dossier de la FIFA, avec ses malversations financières scandaleuses. Clémentine Paccini ne tarde pas à rejoindre sur place (sous une pluie persistante) son collègue le commissaire Romain Dugrand. Elle s’avoue impressionnée par les installations de l’Olympique de Marseille, dont le centre d’entraînement est hautement sécurisé.
Bien que le meurtre ait été rapidement médiatisé, la commissaire et Romain Dugrand sont relativement à l’abri – même s’il y a beaucoup de gens dans la sphère de l’OM. La victime a été émasculée, ce qui montre sans doute la haine que pouvait éprouver l’assassin. On a utilisé un produit chimique dérivé de la pharmacopée interdite parfois ou souvent utilisée pour "traiter" les footballeurs. Les policiers interrogent l’entourage de Jo Mangin, non sans remarquer le comportement de certains, tel le médecin-chef du club.
Ce dernier est bientôt retrouvé poignardé, un crime absolument similaire au meurtre de Jo. Ce ne sera pas la dernière victime dans cette série, un vigile du club étant lui aussi la cible du criminel. Probablement faut-il s’attendre à ce que l’assassin ne s’arrête pas là, surtout si l’enquête de police progresse dans sa direction. Clémentine Paccini étant une gastronome avertie, elle essaie de profiter de son séjour marseillais pour goûter aux recettes locales. Mais elle sent les réticences dans ce milieu footballistique masculin, où les femmes ne sont pas les bienvenues. Quant aux motivations vengeresses de l’assassin, d’où viennent elles ? Frustration, peut-être. Il est probable que Clémentine Paccini doive affronter directement le coupable pour venir à bout de cette affaire, mais elle ne manque pas de qualités sportives.
Formé à l’AS Monaco, Emmanuel Petit s’imposa tôt parmi les meilleurs footballeurs français. Avec l'équipe de France, il a remporté la Coupe du monde 1998 (on n’oublie pas qu’il marqua le dernier but de la victoire des Bleus contre le Brésil) et le Championnat d'Europe des nations en 2000. Un palmarès impressionnant. Marseillais, auteur d’une trentaine de polars et d’une dizaine de romans-jeunesse, récompensé par plusieurs Prix littéraires, Gilles Del Pappas est un romancier aguerri. Avec Emmanuel Petit, ils signent ici un suspense plein de qualités, une enquête classique d’une construction et d’une narration impeccables, centré sur le monde du football.
Si Del Pappas en profite pour nous décrire les charmes de la cité phocéenne (et ses atouts culinaires), Emmanuel Petit souligne que “jouer à Marseille n’est pas anecdotique. Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut également être costaud mentalement face à la pression quotidienne. Chaque joueur doit rendre des comptes aux dirigeants, à la presse et, surtout, aux supporter connus pour se déchaîner rapidement…” Football, ton univers impitoyable : gagner des sommes astronomiques, ça se mérite, à l’OM plus qu’ailleurs. Comme l’ont montré les détournements financiers autour de la FIFA, les millions brassés par le foot engendrent le pire – bien loin de l’esprit amateur ou semi-pro des petits clubs guidés par un véritable enthousiasme sportif.
La face cachée du professionnalisme, on ne finirait pas de faire le tour de la question. Emmanuel Petit et Gilles Del Pappas nous en présentent quelques aspects à travers la thématique de ce polar réussi.