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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 05:55

Il était temps d'actualiser le dossier d'enquête sur Elena Piacentini, d'éclaircir les points obscurs de son parcours d'auteure de polar. Elle a répondu à la convocation qui lui a été adressée. Voici le procès-verbal de l'audition de cette romancière suspecte.

 

Je me présente : commissaire Le Nocher. Figurez-vous, ma p'tite dame que je suis votre dossier depuis… hum, depuis 2008. Pas de bobards avec moi, OK ? "Un Corse à Lille", "Art brut", "Vendetta chez les Chtis". Alors, donc un éditeur vous a contrainte à publier trois romans de 2008 à 2010, c'est bien ça ?

 

Elena Piacentini : Je me disais bien que j’étais sous surveillance… Et il fallait être un enquêteur drôlement curieux et vicieux pour dénicher ces titres chez un éditeur régional ! Contrainte, je ne dirais pas ça. Pour être certain que je ne fasse pas quelque chose, il peut suffire de me l’interdire. C’était une opportunité à saisir, même si pour la suite, rien n’était gagné, surtout en termes de visibilité. Cette période correspond à une première étape qui m’a permis de rencontrer des complices qui sont devenues des amis. Ne serait-ce que pour cette seule raison et si c’était à refaire, j’emprunterais le même itinéraire. Ni remords, ni regrets.

 

Bon, passons à 2012 où vous changez de crèmerie. Une autre esclavagiste de l'édition – Au-delà du Raisonnable, j'vous demande un peu si c'est un nom – vous exploite encore pour trois titres : "Carrières Noires", "Le cimetière des chimères", "Des forêts et des âmes".

 

J’avoue, j’ai changé de gang. Avec Véronique Ducros, fondatrice des éditions Au-delà du raisonnable, on forme un tandem de choc. Elle m’apporte beaucoup par son regard éditorial très fin, son sens du texte et des histoires. Une association de malfaiteurs qui, je suis au regret de vous le dire, est amenée à perdurer. Nous avons notamment le projet de rééditer les trois premiers titres après avoir remis un peu les mains dans le moteur. Je sais que des lecteurs qui ont pris la série à partir de "Carrières noires" sont curieux de découvrir les premières enquêtes de Leoni, alors nous allons leur donner satisfaction. C’est pas demain la veille que je vais me ranger des bagnoles… Ah ! Et puisque vous abordez le sujet de l’exploitation, je tiens à préciser que les éditions Au-delà du raisonnable sont fondées sur le principe de l’équité. C’est, à ma connaissance, la seule maison d’édition où les pourcentages perçus par l’éditeur sont identiques à ceux perçus par l’auteur. Le butin, c’est moitié-moitié. Ça vaut bien une remise de peine, non ?

 

Vous avez obtenu en 2014 le Prix Calibre 47 et le Prix Soleil Noir pour "Le cimetière des chimères". Vous avez menacé les jurys avec des armes, ou plutôt vous les avez fait chanter, c'est bien ça ?

 

Sur ce coup, j’ai un alibi. Vous n’arriverez pas à me mettre ça sur le dos. C’était à la loyale et sans entourloupe. J’encourage d’ailleurs les membres des différents jurys à se montrer aussi curieux que vous et à sortir des voies royales pour permettre aux lecteurs de découvrir de nouveaux auteurs. La notion de compétition est pour moi incompatible avec l’écriture. Dans les lettres, les chiffres, on devrait s’en cogner ! On est encore loin du compte...

 

Un bon prétexte pour faire le tour de France des festivals polars, en compagnie de mon collègue le policier Leoni, tout ça. Vous ne me direz pas que c'est juste le plaisir de rencontrer des lectrices, des lecteurs ?

 

Ben, un peu, oui, j’avoue. C’est pas interdit quand même ! Ok, je deale, mais je ne force pas les gens à acheter ma came. M’enfin, il y en a, quand ils ont goûté à mémé Angèle, ils en redemandent. Pour certains, c’est Eliane. Pour certaines, c’est Leoni. On est en démocratie, non ?

Elena Piacentini : interrogatoire de police d'une romancière suspecte

Et j'apprends qu'un de vos titres sort en format poche, chez Pocket, ce printemps ! Oh, vous allez sûrement me répondre que c'est pour vous « une certaine reconnaissance » ?

 

Ben allez-y, vous gênez pas ! Signez le PV d’audition à ma place, tant que vous y êtes ! La rencontre avec Pocket s’est faite aux Quais du Polar où "Des forêts et des âmes" avait été retenu dans la sélection. Cela, je le dois aux libraires passionnés de L’esprit Livre et au gang des lyonnais (ils se reconnaîtront). "Carrières noires" sortira donc début mars. Et il y aura récidive avec "Le cimetière des chimères" et "Des forêts et des âmes", à intervalle de 6 mois environ. Là aussi, c’est une sacrée équipe et une formidable opportunité de toucher un plus grand nombre de lecteurs. Bref, une occase en or !

 

Je vois que vous êtes un peu masochiste, vous continuez chez la même éditrice en 2016. Avouez le titre de votre septième roman ! Quand sort-il, et ça parle de quoi ?

 

Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Le prochain sortira en mai et aura pour titre "Aux vents mauvais". Leoni enquêtera sur une disparition requalifiée en meurtre. Il y sera question de cold cases et de la manière dont les vents du destin nous malmènent. Des fois, les sacs à dos que l’on trimballe sont si lourds qu’il est impossible de faire un pas de plus… Justement, je n’en dirai pas plus. Et c’est pas la peine de sortir le bottin.

 

Dans la police, on est bien informés. Je sais que vous préparez un scénario pour la télé, ne niez pas ! Alors, où, quand, comment, pourquoi ? Et plus vite que ça…

 

Je ne nie pas. Où ? Ce sera sur France 3, dans la série « Meurtres à ». J’ai écrit une histoire originale qui se déroulera entre Bastia et le Cap Corse. Quand ? Pour ma partie, c’est-à-dire le scénario, j’aurai terminé au printemps. Le tournage pourrait démarrer aussitôt après, sinon, ce sera à l’automne. Quant à la diffusion, difficile de vous répondre, mais je vous informerai dès que j’ai du neuf. Comment ? J’ai eu la chance de rencontrer Matthieu Tarot, le producteur de l’Hermine, avec lequel le courant est passé. Il faut dire que c’est un amoureux de la Corse. Il m’a proposé ce challenge et, comme, je suis faible, je n’ai pas résisté à la tentation. Pour m’aider dans cette nouvelle aventure, je peux compter sur l’accompagnement de Catherine Touzet, l’excellente scénariste de la série "Disparue" que certains ont peut-être vue sur France 2 au printemps 2015. Et pourquoi ? M’enfin, un coup pareil, commissaire ! Même vous, vous auriez craqué, avouez…

 

Mmouais, admettons vos explications. Vous êtes libre, Mlle Piacentini. Mais attention, je continue à vous avoir à l'œil. Évitez de vous faire remarquer, sinon j'vous coffre !

 

Je vous prends au mot. Même pas peur.

Elena Piacentini : interrogatoire de police d'une romancière suspecte

Un grand merci à Elena, pour avoir accepté avec humour cet entretien quelque peu original, d'avoir joué le jeu de l'interrogatoire de police. On l'aura compris : Elena Piacentini est une talentueuse auteure, à suivre de près, l'année 2016 s'annonçant riche de projets (en cours) pour elle.

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 05:25
Gipsy Paladini : J'entends le bruit des ailes qui tombent (2015)

Après "Sang pour sang", son premier titre ayant connu un joli succès, Gipsy Paladini vient de publier un nouveau thriller, "J'entends le bruit des ailes qui tombent". Voici la présentation de ce roman :

« Al avait déjà pensé au mal, le pur et dur, celui qui ne connaît ni la souffrance, ni la morale, celui qui évolue dans un néant absolu sans passé, sans présent, sans futur. Il avait parlé à des tueurs dans les yeux desquels il n’avait rien lu. Le vide. Le noir. Un abîme. Pas même une branche pourrie à laquelle s’accrocher. On plongeait en chute libre dans leurs rétines et on ne s’arrêtait jamais, parce que le mal n’a pas de fond. »

New York, 1969. Au milieu des bouleversements sociaux et politiques qui ensanglantent cette fin de décennie, une poignée de meurtres ne pèse pas lourd dans une ville comme New York. Mais lorsque de jeunes enfants sont retrouvés assassinés dans des mises en scène macabres, la terreur s’installe. L’inspecteur Al Seriani, rongé par la culpabilité depuis la mort de son coéquipier, est mis sur l’affaire.»

Gipsy Paladini a accepté de répondre à quelques questions, ce qui nous éclaire d'avantage sur ce thriller.

- "J'entends le bruit des ailes qui tombent" fait référence à Léonard Cohen, célébrité des années 1960-70. Cette époque est-elle une source d'inspiration plus forte que la nôtre ?

- G.P. : Oui. J'aime les bouleversements qui chamboulaient le monde à cette époque et en particulier les États-Unis. L'émancipation des femmes, la rébellion des Noirs pour leurs droits, l'immigration massive vers le rêve américain, une époque sanglante, pleine de rage et d'espoir, qui connut Bukowski, Charles Manson, Martin Luther King ou encore John Kennedy. Une époque aussi défigurée par la guerre du Vietnam qui marquera à jamais les esprits. Et puis il y a la si fascinante New York, l'identité unique de ses quartiers : Harlem, la star déchue et décadente, Broadway la magnifique et ses shows grandiloquents, le quartier défavorisé du Lower East Side qui ne lui brillait vraiment que par ses crimes, puis le Village et ses clubs underground qui virent les débuts de Bob Dylan auprès de Johnny Lee Hooker. 

Je me suis inspirée, pour le titre, d'un poème de Leonard Cohen, qui me fait penser aux anges déchus, au bruit que firent leurs ailes quand ils tombèrent. Ce n'est pas, à ma connaissance, le thème qu'a traité Cohen dans ce poème, mais c'est ce que cette strophe m'a inspirée. C'est tout à fait en accord avec le thème du livre et les jeunes victimes qu'on y croise. 

- Le titre initial citait, me dites-vous, Ted Bundy. Sans trop en révéler, quelle est ici la place de ce fascinant tueur en série ?

- G.P. : C'est une simple référence, il n'a pas de place à proprement parler dans le roman, même si on y croise des personnages de son acabit. Mais il représente le mal à l'état pur, un thème qui hante le personnage principal, Al Seriani, qui n'a de cesse de vouloir le comprendre. Dans le livre, il se prend d'amitié  pour un prêtre -une amitié basée sur la fascination de la pureté que celui-ci est censé représenter-, et qui, lors d'une de leurs conversations, lui dira:

Le mal, comme le bien, est indestructible. Vous trouverez l’harmonie quand vous aurez accepté la présence du mal et cessé vos inutiles tentatives de vouloir le détruire pour apprendre à vivre avec.

Vous pensez donc que je ne devrais pas essayer de comprendre ?

Non, ce que je pense est que vous ne cherchez pas la réponse au bon endroit.

J’aurais pourtant pensé qu’une église était l’endroit idéal pour ce genre d’affaires.

Non, pour comprendre le mal il ne faut pas chercher en Dieu, il faut chercher en soi. 

- Comment peut-on acquérir votre roman ? 

- G.P. : Pour le moment, le livre est disponible sur Amazon. 

Pour en savoir plus sur ce thriller, et visionner la bande-annonce, rendez-vous sur le site de Gipsy Paladini

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 05:55

Né en avril 1945, le Dr Olivier Kourilsky a publié depuis 2005 plusieurs polars aux Éditions Glyphe. Les lecteurs ont pu le croiser dans de multiples salons du livre à travers toute la France (entre autres, au Salon du livre de Paris ou au Salon du polar de Montigny-les-Cormeilles en 2010, au Salon du Mans ou au Salon du polar de La Ferté-sous-Jouarre en 2012, au Salon du livre de Bondues-Lille Métropole, au Salon du polar de Templemars ou au Salon du livre policier de Lens en 2013). En cette année 2014, il sera présent au Quais du polar à Lyon (librairie Decitre) et au Salon du livre de Villeneuve-sur-Lot, parmi beaucoup d'autres rendez-vous chez les libraires et dans les festivals du livre.

Les six titres d'Olivier Kourilsky, publiés chez Glyphe : Meurtre à la morgue, 2005 - Meurtre avec prémédication, 2007 - Meurtre pour de bonnes raisons, 2009 (prix Littré 2010) - Homicide par précaution, 2010 - Dernier homicide connu, 2012 - Homicide post mortem, 2013.

Olivier Kourilsky répond à l'Interview Express

Olivier Kourilsky a accepté de répondre à l'Interview Express d'Action-Suspense. Qu'il en soit vivement remercié.

-L’ambiance de vos romans, c’est plutôt : Soleil bruineux sur jungle urbaine, ou Grisaille radieuse sur cambrousse pittoresque ?

En lisant cette question, je découvre que la météo complète est représentée dans mes romans ! Ce n’est guère étonnant, ils se déroulent dans des endroits très divers qui vont de la région parisienne (été comme hiver) au Laos, en passant par la Bretagne nord (où, comme on sait, il fait beau plusieurs fois, par jour !). Je m’aperçois aussi qu’elle ne joue pas un rôle primordial. Point n’est besoin d’avoir une ambiance sinistre pour développer des envies de meurtre. Chez moi, on tue par tous les temps

-Vos héros sont plutôt : Beaujolais de comptoir, ou Double whisky sec ?

En tant que médecin, je suis réticent à les voir s’enivrer (ils ne fument pas beaucoup non plus !), mais je ne peux pas les surveiller en permanence. Je leur ai en tout cas appris à préférer les bons crus au gros rouge qui tache, le Ruinart au mousseux et le pur malt au Chivas !

-Vos héros sont du genre : J’aime personne, ou Je me déteste ?

On trouve tous les genres, mais ce serait plutôt j’aime personne - enfin, pour les méchants... Néanmoins, leur désamour est volontiers sélectif : la vengeance est un moteur fréquent dans mes histoires criminelles, comme dans celles de la vraie vie d’ailleurs.

-Vos intrigues, c’est : J’ai tout inventé, ou Y a sûrement du vrai ?

De nombreux auteurs indiquent que leurs intrigues partent souvent d’un fait divers réel. Là, aucune hésitation : j’invente tout ! En revanche, j’adore parsemer mes intrigues d’anecdotes vécues (et « retravaillées »), de clins d’yeux destinés à qui saura les déchiffrer (lieux, noms, etc.). Et comme beaucoup de mes romans se passent dans le milieu hospitalier, il s’y mêle forcément quelques détails véridiques. De même, mes personnages sont entièrement fictifs, tout en représentant parfois un kaléidoscope de certains traits de caractère appartenant à d’autres. Je me tue à le répéter à ceux de mes amis qui s’obstinent à y chercher une personne qu’ils connaissent !

-Vos intrigues sont : Des torrents imprévisibles, ou Des fleuves canalisés?

Je dirais plutôt des fleuves canalisés, ce qui n’exclut pas des débordements imprévisibles, en particulier lorsque mes personnages m’échappent et exigent d’avoir leur vie propre. J’ai un synopsis en tête (et parfois sur le papier !) avant de commencer un livre, mais ensuite l’appétit vient en écrivant, les idées bouillonnent et je peux emprunter des chemins de traverse, y compris tomber dans un torrent.

-Quel est votre propre état d’esprit : C’était mieux demain, ou Le futur c’est maintenant ?

Il y a définitivement (comme on dit en anglais) des choses que je trouvais mieux avant. Ça n’empêche pas d’essayer de redresser le tir.

Olivier Kourilsky répond à l'Interview Express
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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 04:55

Dans “Comme un roman” (Gallimard, 1992), Daniel Pennac définit “Les droits imprescriptibles du lecteur” en dix propositions. Action-Suspense en a retenu cinq, et a demandé à quelques auteurs leur opinion personnelle sur...

Le droit de ne pas lire.

Le droit de sauter des pages.

Le droit de relire.

Le droit de ne pas finir un livre.

Le droit de lire n’importe quoi.

 

"Tous les droits"Joseph Incardona – auteur de Remington (Fayard), 220 Volts (Fayard), Lonely Betty (Finitude), Trash circus (Parigramme), Misty (Baleine).

Le droit de ne pas lire – La base.

Du moment qu’on n’est pas obligé de faire quelque chose, on se sent libre de la faire.

Le droit de sauter des pages – Dans ce cas, l’affaire est mal engagée. On commence par sauter des pages et on finit par sauter le livre. Ce qui donne :

Le droit de ne pas finir un livre – Comme avec les gens, le courant passe ou pas, les affinités et tout le reste. En revanche, on peut se recroiser quelques temps plus tard et la connexion se fait…

Ou jamais.

Dans ce cas, on a aussi le droit de se débarrasser du livre.

Le droit de relire – Bien sûr. Et y voir ce qu’on n’a pas vu lors de la précédente lecture.

Le droit de lire n’importe quoi – Oui, mais avec les années, on devient plus exigeant et on ne peut plus lire n’importe quoi. Une revue sur les toilettes, mais pas un livre. Ou alors quelques phrases, juste pour mesurer à quoi on a échappé…

De manière générale, et pour conclure, le livre n’a pas de statut « sacré » : j’en ai donnés, jetés, déchirés, oubliés, volés. Je déménage souvent, aussi. Du coup, je ne garde que ceux qui pour moi sont essentiels, que je relis, que je consulte. De temps à autre, il y a un petit nouveau qui arrive et prend sa place à côté des autres. Et, au final, la bibliothèque n’est pas si grande.

Combien a-t-on de vrais amis ?

Les droits du lecteur ? Parlons-en !

"Le droit de..."Marc Villard – auteur de Un ange passe à Memphis (Rivages), La guitare de Bo Diddley (Rivages), Entrée du diable à Barbèsville (Rivages), I remember Clifford (Folies d'Encre), Ballon mort (Castor astral), Quand la ville mord (La Branche, Suite Noire), etc.

Il y a un manque : le droit de jeter le livre par la fenêtre. Ça m’est arrivé récemment avec un roman d’Harlan Coben. Titubant face aux dialogues bouche-trou et au remplissage besogneux, j’ai fermé l’objet et d’un geste large il fusa par la fenêtre ouverte. J’habite dans une rue peu fréquentée mais je ne m’inquiétai pas car le livre possédait une forte chance de frapper une automobile. Ça tombe bien car je déteste également les voitures. Les grises métallisées de préférence.

Sauter des pages, oui, oui, je vois ce que Daniel veut dire. Notamment quand il s’agit de littérature américaine où aucun détail vestimentaire, alimentaire et architectural ne nous est épargné. Elmore Leonard, qui vient de disparaître, refusait de lire les romans commençant par le bulletin météo de la journée, du genre « Bobby progressait sous un ciel gris et sale. La situation évoluait rapidement car un vent glacial descendait du nord de l’état et noyait la vallée dans une nasse à la consistance opaque et incertaine. » Au fait, au fait, comme on dit. Quant à laisser choir avant la fin, c’est un peu vicieux. Je fais partie des gens fatigués d’avance qui abandonnent carrément à la page 12. Pourquoi s’infliger les 300 suivantes ?

Vous noterez que dans sa liste, Pennac ne parle pas du droit de jeter le livre au feu. Nous avons vu Fahrenheit 451 à l’époque où il fallait le voir et ça nous est resté en travers de la gorge. Ce qui n’est pas le cas de Pepe Carvalho, le héros de Montalban, qui allumait sa cheminée avec ses bouquins. Cela dit, le fait de les brûler implique que nous avions affaire à un lecteur. C’est déjà ça.

J’ai décidé depuis peu d’utiliser ma haine envers les livres exécrables. Je les soigne, je n’écorne pas les pages, je les maintiens dans un état de propreté insoutenable. Puis je les offre à mes pires ennemis. Assez curieusement, aucun ne s’est plaint de la médiocrité du cadeau. Comme quoi j’ai raison de les haïr car, en plus, ils ne savent pas lire.

 

"Le droit de ne pas lire. Le droit de lire n’importe quoi" – Elena Piacentini, auteur de Un Corse à Lille, Art brut, Vendetta chez les Chtis (Ed.Ravet-Anceau), Carrières noires, Le cimetière des chimères (Ed.Au-delà du raisonnable).

Mm... Ben moi ça me donnerait envie de causer du droit de ne pas lire n’importe quoi.

Je ne discute pas des préférences personnelles, hein. Après tout, il en va de la lecture comme des affinités culinaires. Certains préfèrent la popote de terroir et les plats canailles dont l’accent vous explose en bouche en vous râpant la glotte de leurs inflexions typiques. Pour d’autres, la chose ne se conçoit qu’en grande pompe – ah ! Ma langue a fourché, j’eusse dû écrire en escarpins vernis – petits plats dans les grands, toques, étoiles et tralala.

Pour d’autres encore, ce sera l’appel du large et la recherche de l’exotisme pour humer les épices et les saveurs d’un ailleurs bienvenu parce qu’étranger.

Il y a ceux, aussi, qui mangent sur le pouce, sur une pierre plate, sur la tête d’un pouilleux oui… Enfin, je m’égare.

Tous les goûts sont dans la nature et aucun grand mamamouchi n’a autorité pour prétendre que le veau Marengo l’emporte sur l’osso bucco, sur une pointe de fromage de chèvre ou que sais-je encore.

Et si autorité il y a, je ne le reconnais pas !

Tous les goûts sont dans la nature, soit.

Mais gaffe quand même à ce qu’on vous sert dans l’assiette ! Halte au prémâché, prédigéré, pré…. Bref, lecteur(-trice) ton assiette n’est pas une auge, cochon qui s’en dédit.

Ton droit, c’est aussi ta liberté de refuser de consommer ce que l’on t’impose parfois en tête de gondole. Calme un peu ta joie en poussant ton caddie dans les allées. Évite les raviolis qui donnent la fièvre de cheval, le transgénique qui pourrait sérieusement t’endommager les neurones, l’insipide qui imite le sel de la vie et le texte dopé aux hormones qui n’occasionne qu’indigestion et borborygmes.

Ce n’est pas une question de genre, vois-tu. C’est une question de qualité. Et une simple fille de joie en possède parfois bien davantage qu’une fade bourgeoise. Plante donc ta fourchette où bon de semble, mie, miche ou midinette, mais ne te laisse pas avoir sur la marchandise. Ne sois pas dupe des gourous du marketing et refuse d’embrasser la religion de la ménagère de moins de cinquante ans.

Fais la fine bouche, c’est ton droit.

Car à lire n’importe quoi comme on mange n’importe quoi, tu risques de te retrouver obèse ou en carence de l’essentiel.

Je crois que la lecture est la nourriture de l’âme. On peut picorer à tous les râteliers, certes, mais qu’on te prenne pour une dinde de Noël, moi, ça me gave.

Poivre, sale, sauce, fais des tâches sur ta serviette, essuies-toi du revers de la main, peu importe, mais laisse palpiter tes papilles. Sois vorace et fin gourmet. Croque les mots et les histoires avec un bel appétit et choisis celles qui habiteront pour longtemps ton palais en reine Madeleine.

Les droits du lecteur ? Parlons-en !

"Le droit de ne pas lire, de sauter des pages"Pierre Hanot – auteur de Les clous du fakir (Fayard), Serial loser (Mare Nostrum), Aux armes défuntes (Baleine), Tout du tatou (La Branche)

Certains libraires à la tonne, en mal de virginité, prétendent que dans les salons du livre, le tsunami des déjections people peut inciter le public à se pencher par ricochet sur des rivages plus hospitaliers. Ainsi, les autobiographies de nos chères vedettes de la téléréalité, les témoignages main sur le cœur de politiques faisandés, les aventures gynécologiques de libertines encartées à Neuilly, les futilités bancales de critiques littéraires ou autres tâcherons de magazines profitant de leur position stratégique pour commettre des navets dont leurs collègues se feront aussitôt l'écho suave par simple échange de service, bref, de Tapie en carpettes Copé et de Nabila en Zemmour, tous ces récits d’une authenticité émétique seraient susceptibles d’amener les lecteurs lambda à s’intéresser au polar et au roman noir…

Passé l’âge de croire au Père Noël, face à cette lobotomie, l’alternative n’est pas de ne pas lire ou de sauter des pages mais d’imposer en toute résistance la dictature de la beauté. Et tant pis pour les nègres si pâles au service de pauvres célébrités dont la vulgarité pollue le délicieux parfum de l'imaginaire : rejoignant les rangs des chômeurs, ils apprendront peut-être enfin à s’inspirer des guerriers du langage.

 

"Le droit de lire n’importe quoi" Stéphane Pajot – auteur de Carnaval infernal (Coop Breizh), Deadline à Ouessant (Atelier Mosesu), Aztèques freaks (Baleine, Le Poulpe), et de plusieurs ouvrages sur Nantes.

J’étais à l’école, en 3eme près de Nantes. Je n’aimais pas lire, c’était pas mon truc, j’en étais à mille lieux, le polar, n’en parlons pas, le mot même m’était inconnu. Le seul truc, c’était quelques BD pour adultes que je feuilletais parfois, qui appartenaient à mes parents. Et il y a eu ce cours, au beau milieu d’un après-midi, quelques phrases en fait d’un professeur de français. Il a dit que l’on pouvait lire n’importe quoi, que le plus important c’était le fait de lire avant tout, qu’importe le support ; que la lecture était partout, qu’elle passait par les affiches de publicité dans la ville, par les cartons d’emballage des produits alimentaires, par les tracts mais aussi par la bande dessinée, la bibliothèque rose, la verte, les romans, les essais, tout était bon… Un professeur était en train de nous dire qu’on pouvait lire de tout et que c’était bien. Ce fut comme un électrochoc. Ces paroles m’ont percuté et donné l’incroyable délice du goût de lire.

Les droits du lecteur ? Parlons-en !

"Le droit de baigner dans la lecture" Laurence Biberfeld – auteur de Le chien de Solférino (Série Noire), On ne badine pas avec les morts (Baleine, Le Poulpe), Qu'ils s'en aillent tous (Baleine), Un chouette petit blot (La Branche), Les enfants de Lilith (Au-delà du raisonnable), Coco (Écorce éditions, avec H.Benotman).

J'aime bien me baigner en rivière. Il y a des cascades et des trous d'eau, des endroits frais de fort courant et des anses tièdes où nagent les têtards et les petits poissons. On peut se laisser emporter, résister ou paresser en flottant. On peut aller tout de suite là où on n'a pas pied ou suivre la pente. On peut en sortir quand on veut. On peut y retourner à l'endroit qui nous plaît, lequel change sans cesse. On peut s'immerger complètement ou juste tremper les pieds dans l'eau. On n'est pas seul. La vie grouille dans les rivières. Il y a des mousses, des herbes et des poissons, des insectes aquatiques, des petits serpents d'eau. On est frôlé, parfois suivi, on soulève de la vase, certains endroits sont opaques, mystérieux. Comme dans les lacs. J'aime aussi me baigner dans les lacs.

J'aime lire de la même façon. En suivant le courant, ou pas. En suivant l'envie que j'ai à un moment précis de nager, de flotter, de m'immerger ou de ne pas entrer dans l'eau. De chercher les courants froids ou plus tièdes, les endroits limpides ou troubles. D'entrer où je veux, de sortir si j'en ai envie. De revenir sans cesse sur une berge parce qu'elle m'a plu, de ne jamais revenir à un endroit. Même s'il est peut-être intéressant et que j'ai eu la flemme de l'explorer. Aucune rivière ne ressemble à une autre, aucune rivière ne se ressemble d'une berge à l'autre, aucun lac n'a la même eau. Le dernier dans lequel je me suis baignée, à plus de 1200 mètres, avait une eau presque violette, avec des bords cuivrés, très froide, opaque. Le dernier bouquin que j'ai lu, «Suite française», pouvait être suivi de mille et une manière, à l'envers, à l'endroit, être picoré, abandonné, retrouvé. On pouvait s'y plonger. C'était un bouquin inachevé, comme tout ce qui est encore en vie. Il était froid avec des courants tièdes, des existences en gigogne le traversaient. Voilà. La lecture, pour moi, n'a ni début ni fin, elle est liquide, grouillante, c'est une eau sauvage. Par conséquent le droit y est inconnu, tout aussi inconnu que la contrainte. Il n'y a de contraintes que techniques, matérielles, savoir lire, pouvoir lire. Pour le reste, c'est à la fortune de l'instant, de l'humeur, de la rencontre.

 

"Le droit de ne pas finir un livre"Hervé Sard – auteur de Le crépuscule des gueux (Après La Lune), Ainsi fut-il (Atelier Mosesu), Morsaline (Krakoen), La mélodie des cendres (Krakoen), Mat à mort (Krakoen), Vice repetita (Krakoen).

Le lecteur a tous les droits, bien sûr, à commencer par celui de ne pas terminer un livre s’il lui tombe des mains. Ou l’agace, l’endort, le fait fulminer. Ou tout simplement l’indiffère. Pourtant, il est assez aisé d’éviter la chose, en suivant les bons conseils des connaisseurs, ou en se fiant à son expérience. Les libraires, les vrais, connaissent leurs clients et les produits qu’ils proposent. Certains bibliothécaires aussi. Les chroniqueurs spécialisés font un travail utile. En matière de polar, il y a des sites sur le web qui font «référence», Action Suspense en fait partie au même titre que k-libre et quelques autres. Même si parfois untel fait l’éloge d’un livre qui ne m’a pas emballé, ou au contraire «descend» un titre qui m’a plu, l’habitude permet de «lire entre les lignes» et de déduire des chroniques ce qui devrait me plaire. C’est vrai aussi des revues, comme “L’Indic” des Fondus au noir, qui font un travail approfondi par thèmes, aussi bien sur les textes que sur leurs auteurs. Ceux-là ne se contentent pas de faire l’éloge de tel ou tel best-seller, ils savent bien qu’en matière de livres quantité ne rime pas avec qualité, que c’est même c’est souvent le contraire. La pizza lauréate du prix de la meilleure pizza surgelée, ce sera peut-être une excellente pizza surgelée, mais ça restera une pizza surgelée…

Le droit de ne pas terminer un livre, lorsqu’on a pris la précaution de s’informer avant, devrait donc avoir peu d’occasion de s’exercer. Il n’en reste pas moins qu’il faut aussi découvrir, oser la nouveauté et l’inconnu. À chaque fois que je me rends sur un salon du livre, je fais des découvertes, souvent «au feeling». Il m’arrive alors de ne pas finir un roman, mais dans l’ensemble ça se passe très bien ! Je n’en dirais pas autant des pavés que je reçois parfois en service de presse, souvent abandonnés après quelques pages…

Bref, il reste à espérer que le droit de ne pas finir un roman survive, et ça tient entre autres à l’avenir de l’édition et en particulier à celui des librairies. Quand je vois les étalages des rayons livres des grandes surfaces et assimilés, je me pose des questions. À quand un label AOC pour les romans ?

Les droits du lecteur ? Parlons-en !

Un grand bravo, et mille remerciements aux auteurs qui se sont prêtés au jeu, en apportant chacun une touche personnelle à leurs réponses.

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 06:07

 

Éditrice chevronnée, Marie-Caroline Aubert dirige la collection Seuil Policiers. Pour Action-Suspense, après une année riche en titres passionnants, elle a accepté de répondre à quelques questions. Elle évoque aussi les premiers romans à paraître en 2013 chez Seuil Policiers.SEUIL2013-A

 

Pour les lecteurs de grands romans noirs, on peut dire que William Gay et Ron Rash font partie des auteurs ayant marqué l’année 2012, confirmant leur talent ?

MCA — Je ne dirais pas que Rash est juste un auteur de romans noirs, même s'il y a dans son œuvre des éléments noirs manifestes. S'il se réclame, tout comme Gay le faisait d'ailleurs, du Southern Gothic, c'est parce qu'il y a là quelque chose qui dépasse le "noir". Une relation avec les racines, le passé, la terre et les ancêtres.

 

En 2012, Petros Markaris nous a montré les effets de la crise économique qui touche la Grèce, son pays. Le commissaire Charitos va encore enquêter sur fonds de crise à l’avenir ?

MCA — Un autre titre, sur le même thème, mais vu sous un autre angle, est effectivement prévu.

 

SEUIL2013-C2012 a vu le retour de l’excellente Brigitte Aubert dans la collection. On peut espérer qu’elle s’y installe à nouveau ? Et, au-delà, qu’il y ait peut-être quelques romancières supplémentaires dans la collection ?

MCA — Ce fut un plaisir de publier Brigitte Aubert, et j'espère bien que notre collaboration va continuer. Elle a un projet en cours, bien grinçant comme elle sait le faire. Quant aux romancières —au féminin— je n'en vois pas vraiment à l'horizon pour le moment.

 

Outre ceux que nous venons d’évoquer, quels ont été pour vous les romans les plus marquants de la collection en 2012 ?

MCA — Pour cause d'agitation électorale, les livres publiés au printemps n'ont pas eu droit aux projecteurs. Je voudrais toutefois signaler Sur le fil du rasoir, premier roman d'Oliver Harris, un jeune auteur fort prometteur qui travaille sur le Londres d'aujourd'hui, lequel n'a, on l'aura remarqué, rien à voir avec celui de Sherlock Holmes!

 

SEUIL2013-BDébut 2013, on découvrira le nouveau titre de Thomas H.Cook, un écrivain qu’on aime et qui s’est imposé ces dernières années ?

MCA — Oui, L'étrange destin de Katherine Carr, un suspense gothique, frôlant le surnaturel, où l'on passe souvent de l'autre côté du miroir. Envoûtant, étrange, d'une construction très élaborée comme toujours. Et pour 2014 est prévu son dernier opus, absolument spectaculaire, et plusieurs autres encore à venir. C'est un écrivain qui maîtrise de mieux en mieux son propos et excelle dans la manipulation du lecteur.

 

Quelques mots sur un des premiers titres publiés en 2013, le roman de Peter Spiegelman, qui semble plutôt excitant ? Et quels autres auteurs seront publiés prochainement ?

MCA — Spiegelman a écrit une version moderne et brillante du "caper" (intraduisible, peut-être parce que nous n'avons pas de ces romans-là dans notre culture, alors qu'il y a eu beaucoup de films) des années 80, dont l'incarnation cinématographique serait The Getaway, ou Ocean Eleven : une bande de voyous monte un coup, dont on suit le déroulement par le menu, l'action pure et simple animant la tension dramatique. Mais dans A qui se fier?, le véritable intérêt, le "plus" comme l'on dit, c'est la dimension humaine, la notion de doute, la trahison, éléments qui appartiennent aussi au "noir".

Et puis, il va y avoir en mars l'étonnant récit autobiographique de l'Irlandais Sam Millar : On the Brinks raconte comment des rangs de l'IRA et de la prison à Belfast, il s'est retrouvé en Amérique, à mettre en œuvre le 3e casse le plus important de l'histoire des Etats-Unis : le vol du dépôt de la Brinks à Rochester en 1993. Millar est un formidable écrivain, je suis très contente de publier ce titre.

 

SEUIL2013-DOn a vu arriver de nouveaux talents français chez Seuil, tels Frantz Delplanque dans une autre collection. Pensez-vous intégrer vous aussi des auteurs actuels français encore méconnus ?

MCA — Quelques auteurs français, oui, pas tous méconnus, mais il faut veiller à garder un équilibre, justement, avec les romans noirs que publie J.C.Brochier, afin que les deux productions ne se confondent pas. Mon objectif principal demeure la littérature étrangère.

 

Par ailleurs, vous rééditez en volumes de trois romans les enquêtes de Pepe Carvalho. Il est bon de faire connaître Manuel Vazquez Montalban à un nouveau public ?

MCA — Il faut absolument que les trentenaires découvrent Carvalho, personnage savoureux et pittoresque comme on n'en fait plus. Les romans de Montalban se lisent aujourd'hui avec la même jubilation que jadis, ils ont d'autant moins pris de rides que l'auteur avait, dans son analyse de la politique européenne, une sorte de génie visionnaire. Presque tout ce qu'il a pressenti à l'époque se produit aujourd'hui sous nos yeux.

 

Merci à Marie-Caroline Aubert pour ses réponses.

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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 06:17

 

INTERVIEWS-EXPRESSNos z’amis z’auteurs de polars ont accepté de répondre à l’interview express 2011 d’Action-Suspense, une nouvelle série dans l’esprit des Portraits Chinois. Ils nous donnent chacun leur version, amusée ou sérieuse, aux six questions décalées qui leur sont posées.

Aujourd’hui : Roland Sadaune

 

L’ambiance de vos romans, c’est plutôt : Soleil bruineux sur jungle urbaine, ou Grisaille radieuse sur cambrousse pittoresque ?

J’attache tant d'importance à l'ambiance, que je réponds soleil radieux ou grisaille bruineuse partout, ville ou campagne. Brosser le décor implique une météo du roman : subir les impératifs inhérents à celle-ci, feuillage généreux ou arbre Bernard Buffet, boisson chaude ou froide, chemise auréolée ou moumoute bonnet... En langage ciné, je suis plus Seven que Canicule.

Vos héros sont plutôt : Beaujolais de comptoir, ou Double whisky sec ?

Avec le temps, mes héros persistent sur la Chimay et le Sancerre. Quant aux personnages périphériques, ils sont toujours gros rouge. Je fais attention, car trop de blaireaux dans l'histoire tue le blaireau.

Vos héros sont du genre : J’aime personne, ou Je me déteste ?

Par souci d'épaisseur des héros, je charge les barques. De ce fait, confrontés à des passés peu reluisants, ils ne sont pas très fiers d'eux.

Vos intrigues, c’est : J’ai tout inventé, ou Y a sûrement du vrai ?

PC-SADAUNEOn n'invente jamais tout. Même en bouchant le puits, la vérité remonte. Mes idées de départ sont souvent véridiques, puis je barre à vue en brassant du moins vrai.

Vos intrigues sont : Des torrents imprévisibles, ou Des fleuves canalisés?

Je rebondis en extrapolant les suggestions. Je dirais d'imprévisibles fleuves canalisés. Il n'est pas impératif de connaître les finitions de la maison pour s'attaquer au soubassement, destination le toit.

Quel est votre propre état d’esprit : C’était mieux demain, ou Le futur c’est maintenant ?

N'étant pas optimiste né, je me qualifie de présentéiste. Ca ne peut être mieux ou pire, hier ou demain, puisque ma devise, qui perdure, est "C'est l'bordel".

 

Plusieurs chroniques ont été consacrées ici aux romans de Roland Sadaune : "Deauville entre les planches", "Le loup d'Abbeville", "Pélicans-les-Bains" publiés chez Ravet-Anceau; ainsi qu'à son roman-jeunesse "Rave-le-bol", et un article concernant deux titres : "Val d'Oise blues" et "Sacré Coeur d'Oz". Il faut aussi consulter le site de Roland Sadaune, qui mêle ses activités de romancier et de peintre.

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 06:31

 

INTERVIEWS-EXPRESSNos z’amis z’auteurs de polars ont accepté de répondre à l’interview express 2011 d’Action-Suspense, une nouvelle série dans l’esprit des Portraits Chinois. Ils nous donnent chacun leur version, amusée ou sérieuse, aux six questions décalées qui leur sont posées.

Aujourd’hui : Pascal Martin

 

L’ambiance de vos romans, c’est plutôt : Soleil bruineux sur jungle urbaine, ou Grisaille radieuse sur cambrousse pittoresque ?

Mes premiers romans ont été édités aux Presses de la Cité dans la collection "Terres de France". C'est assez dire que labourage et pâturage sont mes deux mamelles nourricières.

Vos héros sont plutôt : Beaujolais de comptoir, ou Double whisky sec ?

Eva est assurément double, voire triple whisky sec. Saint Sauveur marche au pinard, genre plutôt millésimé. Quant au Bonsaï, il a un peu de retard à l'allumage et il carbure à la camomille en donnant dans le scoutisme.

Vos héros sont du genre : J’aime personne, ou Je me déteste ?

Eva aime tout le monde, hommes, femmes, jeunes, vieux. Saint Sauveur se recueille chaque jour au bordel devant la photo de sa femme envolée. Le Bonsaï pour sa part en est encore à se demander ce qu'aimer veut dire. Détester, ça il connaît.

Vos intrigues, c’est : J’ai tout inventé, ou Y a sûrement du vrai ?

PC-MARTINMes intrigues sont très souvent inspirées de faits réels que j'ai eu à traiter en tant que journaliste. Alors, bien sûr que tout est inventé du début jusqu'à la fin.

Vos intrigues sont : Des torrents imprévisibles, ou Des fleuves canalisés?

Mes intrigues sont des fleuves soigneusement canalisés au départ, mais après des rafales de double whisky au comptoir accompagnées d'une flopée de beaujolpifs bien secs, j'ai du mal à contrôler les écluses. J'ai beau finir en ramant à la camomille, il y a des inondations partout.

Quel est votre propre état d’esprit : C’était mieux demain, ou Le futur c’est maintenant ?

Maintenant, là, en ce moment ? Je suis en train de me faire bronzer la pilule à Bali et je rentre dans trois jours. Alors de là à dire que le futur sera mieux demain, il y a de la marge.

 

Plusieurs chroniques ont été consacrées aux romans de Pascal Martin : "Le seigneur des atolls", "L'ogre des Landes", "La traque des maîtres flamands", "L'archange du Médoc". "La malédiction de Tévennec" et quelques autres titres de Pacal Martin sont à découvrir chez Rayonpolar.com.

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 07:46

 

INTERVIEWS-EXPRESSNos z’amis z’auteurs de polars ont accepté de répondre à l’interview express 2011 d’Action-Suspense, une nouvelle série dans l’esprit des Portraits Chinois. Ils nous donnent chacun leur version, amusée ou sérieuse, aux six questions décalées qui leur sont posées.

Aujourd’hui : Marie Vindy

 

L’ambiance de vos romans, c’est plutôt : Soleil bruineux sur jungle urbaine, ou Grisaille radieuse sur cambrousse pittoresque ?

Sans problème, grisaille pas très radieuse sur cambrousse pas du tout pittoresque ! Eh oui, l’intrigue de mes romans, en particulier dans "Une femme seule" qui va sortir très bientôt chez Fayard noir, se déroule au fin fond de la Haute-Marne. C’est l’hiver, il neige, et l’homme qui mène l’enquête est un gendarme. A première vue rien de sexy, et pourtant l’histoire révèle quelques surprises très sensuelles…

Vos héros sont plutôt : Beaujolais de comptoir, ou Double whisky sec ?

Au comptoir des cafés de Chaumont ou de Châteauvillain, on boit plutôt du Beaujolais mais mon gendarme Francis Humbert est amateur fraîchement converti par une belle dame aux saveurs iodées du scotch !! (comme l’auteur(e))

Vos héros sont du genre : J’aime personne, ou Je me déteste ?

PC-VINDYPour certains, ce serait plutôt, je ne juge personne et pas moi-même en particulier… Pour d’autres, c’est "je me déteste, mais saurais-je un jour pourquoi ?". L’enquête apportera sans doute quelques explications !!

Vos intrigues, c’est : J’ai tout inventé, ou Y a sûrement du vrai ?

Comment démêler le vrai du faux ? Je ne renie pas mes sources, car comme on dit la réalité dépasse la fiction. Pour moi, c’est très simple : "ça aurait pu arriver près de chez vous" !!

Vos intrigues sont : Des torrents imprévisibles, ou Des fleuves canalisés?

Rien que de l’imprévisible, aucun plan, juste une idée de départ. Ensuite, les personnages m’embarquent dans leurs destins qui se croisent et s’entremêlent.

Quel est votre propre état d’esprit : C’était mieux demain, ou Le futur c’est maintenant ?

A mon sens, faut pas se poser ce genre de question !

 

Marie Vindy est l'auteur de "Mektoub", "Le sceau de l'ombre" (fiche éditions Krakoen), "Nirvana transfert" (ma chronique), "Onzième parano" (fiche éd.La Tengo) : ses romans sont présentés sur son site, ici. En mars 2012, son roman "Une femme seule" sera publié aux éditions Fayard.

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