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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 07:28

 

Voeux20112011 arrive, 2011 est là !

Bientôt trois ans qu’existe Action-Suspense. Si c’est un marathon demandant un certain effort, je le cours à mon rythme. Mon simple objectif reste le même depuis le début. Suggérer, partager, proposer. Donner chaque jour ou presque aux visiteurs une info polar. Sans prétention, ni autre ambition que de conserver mon plaisir de lecteur. Sans jamais chercher à imposer mes goûts, juste montrer qu’existe une grande diversité de romans, de thèmes, et de talents. Je ne m’interdis ni d’évoquer des auteurs célèbres, ni de donner un coup de projecteur à d’autres, moins connus.

Découvrir de nouveaux auteurs offre souvent un délectable frisson, une motivation pour poursuivre le marathon. C’est en étant curieux de cette grande variété de romans que l’on conserve un véritable plaisir de lecture. Je n’ai pas les yeux rivés sur les statistiques de fréquentation, mais je constate que beaucoup de visiteurs semblent dans le même état d’esprit.

De quoi parle-t-on, finalement ? De Littérature populaire, celle d’aujourd’hui et d’hier, celle qui nous procure d’agréables moments de détente. Les romans sont aussi un refuge qui nous abrite un peu des vicissitudes de la réalité, du monde parfois agressif qui nous entoure. Sadaune2011Sans doute le marathonien qui se concentre sur sa course s’isole-t-il de la même manière.

En 2010, des auteurs québécois et quelques bédés sont venus s’ajouter aux sujets déjà traités. Mes petites vidéos amusent toujours certains visiteurs, je continuerai donc. Depuis cette année, l’adresse annexe ABC POLAR présente mes chroniques de façon plus sobre. Depuis l’automne, je n’ai plus évoqué les Festivals du polar et autres animations. Je serai plus sélectif à l’avenir, mais ces infos-là vont revenir bientôt. Le marathon se poursuit.

En 2011, j’espère encore lire et chroniquer un maximum de romans. Il s’agit en toute simplicité de partager cette passion, cet état d’esprit, avec celles et ceux qui ont la gentillesse de me rendre visite. Du fond du cœur, merci à vous.

Assez de discours !

Un édito par an, c’est déjà trop !

 

Je vous adresse à toutes et à tous

mes Meilleurs Vœux pour 2011 !

 

 

(Merci à l'ami Roland Sadaune pour l'illustrationcliquez pour son site)

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 07:14

 

Après Le diable en robe bleue (1991), Une mort en rouge (1994) était la deuxième aventure d’Easy Rawlins (qui en vivra six autres). Retour sur cet excellent roman de Walter Mosley…

Los Angeles, 1953. Âgé de trente-trois ans, Ezekiel Easy Rawlins est un Noir originaire du Texas. Après avoir participé à la guerre en Europe, il s’est installé dans le quartier de Watts. Une précédente affaire lui ayant fourni un paquet de dollars, Easy a investi dans plusieurs immeubles locatifs. Il en laisse la gestion à Mofass, préférant apparaître comme un type peu friqué. Son discret bizness a pourtant attiré l’attention de l’agent du fisc Lawrence. Convoqué par ce dernier, Easy risque de lourdes sanctions. Il se trouve aussi impliqué dans une autre embrouille. Venue du Sud, la belle EttaMae débarque chez Easy avec son gamin LaMarque. MOSLEY-1aSi Easy est amoureux de la jeune femme depuis longtemps, EttaMae est la compagne de son meilleur ami, Mouse. Celui-ci ne tardera sûrement pas à se pointer à L.A. pour la retrouver. Easy installe EttaMae et LaMarque dans un de ses immeubles. Il essaiera de régler le moment venu le cas du couple.

L’agent du FBI Craxton propose un marché à Easy afin de lui épargner des soucis fiscaux. En ces temps où la chasse aux communistes bat son plein, les autorités ont en ligne de mire le nommé Chaim Wenzler. Il s’agirait d’un syndicaliste juif, d’un agitateur complotant contre l’Amérique, masquant ses activités subversives en aidant une paroisse de Noirs. Easy doit l’approcher grâce à ses relations au sein de l’Église des premiers Baptistes africains. Dès le premier contact, Easy sympathise avec Chaim, qui collecte des vêtements pour les nécessiteux. Ancien résistant en Pologne durant la guerre, celui-ci a du mal à s’intégrer, victime du même ostracisme que celui visant les Noirs. Easy retrouve la piste de Lavender, autre syndicaliste ayant eu des ennuis. Pour le moment, cet homme-là est plus préoccupé par le violent mari de sa maîtresse que par les luttes syndicales.

Le suicide de Poinsettia Jackson, une des locataires d‘Easy, entraîne quelques problèmes avec la police. Mofass n’étant pas un tendre, elle risquait d’être expulsée pour loyers impayés. Easy s’en veut de n’être pas intervenu. L’agent du fisc Lawrence continue à le tarabuster, faisant même poser des scellés sur la maison d’Easy. Aider son ami Mouse à renouer avec EttaMae et leur fils, ou tout plaquer pour refaire sa vie avec femme de son copain, perturbant dilemme pour Easy. Trouver d’improbables preuves contre son ami Chaim, dont la fille Shirley est ravissante, ce serait trahir sa confiance. Easy s’enlise dans une situation impossible, qui va bientôt se compliquer encore.

Dans les locaux de l’Église des premiers Baptistes africains, le révérend Towne et une jeune inconnue sont assassinés en pleins ébats. La police interroge vigoureusement Easy. Mais c’est pour le meurtre de sa locataire Poinsettia Jackson qu’il va être inculpé. Craxton, le type du FBI, sort provisoirement Easy des griffes policières. Les activistes de la Migration, prônant le retour des afro-américains en Afrique, pourraient être soupçonnés d’avoir supprimé Towne. Que tout ne soit pas clair dans les finances de la paroisse, c’est sûr. Pourtant, c’est dans une toute autre direction qu’Easy doit chercher coupables et meurtriers…

 

MOSLEY-1bCe héros débrouillard est diablement attachant. Easy Rawlins ne cherche pas à attirer les problèmes, mais se trouve mêlé à des affaires qui l’obligent à s’impliquer. Pour trouver la vérité, rétablir les faits, il encaisse un certain nombre de mauvais coups. Sachant qu’il n’y a aucun temps mort dans l’histoire, Easy Rawlins est en permanence confronté à des péripéties souvent périlleuses. Des dangers mortels le guettent.

Outre l’intrigue déjà riche, le contexte intégral constitue l’atout principal du roman. Grâce aux justes descriptions, on imagine facilement le quartier-ghetto et sa population. Cet immeuble aux locataires modestes, ce bar d’habitués fréquenté par les seuls Noirs, cette communauté paroissiale où la bonne volonté est de mise, ce poste de police où l’on maltraite sans vergogne les nègres, tout apparaît véridique dans cette ambiance américaine des années 1950. La 2e guerre étant récente, et la guerre de Corée s’achevant à peine, les habitants veulent simplement vivre ici en paix, même s’ils vivotent sans grands espoirs, ni moyens. L’entraide, la solidarité reste la moins mauvaise solution. L’ombre du maccarthysme plane sur ce récit. L’obsession anti-communiste forcenée amena d’aberrantes suspicions, dont l’humaniste et pacifiste Chaim Wenzler est un exemple. Walter Mosley utilise avec brio la forme traditionnelle du roman noir pour nous raconter tout cela. Des romans de grande qualité, à redécouvrir (sans doute encore disponibles chez Points).

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 07:00

 

Parmi les rééditions en format poche disponibles début janvier 2011, on peut retenir deux romans particulièrement intéressants. Certes, ils sont totalement différents. L’univers contemporain décrit par Dominique Sylvain est très éloigné de l’époque d’Henri IV évoquée par Fabienne Ferrère. Néanmoins, ces deux romancières possèdent un même talent, celui de nous raconter d’excellentes histoires. Deux titres qu’il n’est pas trop tard pour découvrir, puisque désormais diffusés en poche…

 

Le roman de Dominique Sylvain Manta Corridor (Points) est la 3e aventure de Lola Jost et Ingrid Diesel, harmonieux duo pourtant improbable. Voilà un foisonnant roman, riche en énigmes, multipliant les péripéties. On se laisse volontiers entraîner dans cette étourdissante enquête labyrinthique. Les décors parisiens et tropicaux contribuent à l’ambiance. Tous les personnages sont savoureux. Chacun possède un vécu particulier qui le rend crédible et vivant. Très réussie, cette palpitante histoire un régal. Le résumé suivant n’est que partiel, car Dominique Sylvain cultive une réjouissante complexité inventive…

11-SYLVAIN-PointsParis, quartier du Faubourg Saint-Denis. La commissaire retraitée Lola Jost et sa jeune amie américaine Ingrid, reine du strip-tease, sont contactées par Lady Mba. Cette coiffeuse du passage Brady s’inquiète de la disparition de Louis, son shampouineur employé au noir. Lola note un climat tendu avec le salon d’en face, tenu par l’ex-mari de Lady Mba. Le duo trouve peu de renseignements sur Louis Manta, dont ce n’est sûrement pas le vrai nom. Il était apprécié de tous. Quand il vivait dans la rue, Louis fréquenta le bluesman Clovis Majorel. Il fut le complice et l’amant de la voyante Sandra Klein, qui a un sérieux problème de vision.

Pour Ingrid, le séjour que fit Louis sur les côtes indonésiennes a son importance. José, le mari bricoleur de la logeuse de Louis, est assassiné. Le commissaire Grousset, successeur de Lola, ne cache pas son agacement de la voir mêlée à l’affaire. José était le frère d’un plongeur de la Brigade Fluviale, Charly Borel. Celui-ci est dans le coma depuis une récente tuerie mal élucidée. José, Charly et Louis créèrent un club de plongée en Indonésie. Un accident ruina leur projet. Lola et Ingrid s’interrogent sur la mort d’Agathe, la sœur de Louis : un suicide après une soirée au Fuego, une péniche night-club. Les patrons de l’endroit n’inspirent guère confiance au duo.

En Indonésie, Louis avait découvert un remarquable site sous-marin. Le fiancé d’Agathe, Vincent Majorel, y perdit la vie. Une vengeance contre les plongeurs est possible. Louis se cachait dans le quartier. Dénoncé à la police, il s’enfuit. La photo de l’épave d’un navire japonais constitue une piste que Lola va exploiter…

 

Après Un chien du diable déjà disponible chez 10-18, Car voici que le Jour vient de Fabienne Ferrère est la deuxième aventure de Gilles Bayonne. Le titre suggère évidemment une affaire de vengeance, frappant “tous ceux qui ont fait le mal”. L’enquêteur doit donc comprendre les motifs d’une série de meurtres, avant d’identifier le cruel justicier…

1595, sous le règne d’Henri IV. Âgé de 23 ans, le chevau-léger Gilles Bayonne vit à Paris avec sa famille. De retour d’une mission qui l’a profondément marqué, il n’est pas pressé de répondre à la convocation du chancelier Cheverny. Celui-ci envoie quatre de ses sbires le rosser, pour rappeler à Gilles Bayonne qu’il lui doit obéissance. Cheverny le charge d’enquêter dans le quartier de la Grande Boucherie. Des vols chez des notables y ont été commis et, surtout, le curé Vuillard a été assassiné de façon horrible. Enfermé dans un tonneau, il a été tué par d’énormes rats. Le jeune Pique-Lune, 12 ans, déjà formé à toutes les ruses et autres rapines, va accompagner Gilles Bayonne. Le quartier dans la juridiction des commissaires du Châtelet, que le chevau-léger évite de trop vite rencontrer. S’installant dans une auberge, il commence à interroger la population.

11-FERRERE-1018Le bedeau Romain Mesnil n’est guère honnête, mais il est fier de ses pratiques, puisqu’il s’agit de nourrir sa famille. Le curé Vuillard avait changé depuis un certain temps, transformant son presbytère en forteresse. Il avait engagé comme guetteur de nuit le nommé Gerbault, un paria logeant sur l’Île aux Vaches. Dans la Bible du prêtre, Gilles Bayonne note qu’un passage ayant trait à la colère divine a été souvent lu par Vuillard. Le chevau-léger assiste en cachette au conseil paroissial, observant les chicaneries entre ces dignes habitants de la Grande Boucherie. Après avoir interrogé le peu loquace Gerbault, qui confirme que Vuillard vivait dans la peur, Gilles Bayonne contacte les commissaires du Châtelet. Si trois d’entre eux lui sont sournoisement hostiles, il peut accorder sa confiance à Lhorme, commissaire plus coopératif.

De son côté, Pique-Lune enquête sur les cambriolages. Ils ont été commis par un voleur astucieux ou fort bien renseigné. Gilles Bayonne s’interroge sur la provenance des énormes rats qui tuèrent le curé. Une autre victime vient d’être, lui, tué par des vipères. Le nommé Rivière était régisseur à l’hospice d’orphelins des Enfants-Rouges. Chez lui, on trouve cinq pièces d’une monnaie inconnue. Le bedeau Mesnil ne tarde pas à avouer qu’il en vola cinq identiques au presbytère. Autre indice, la corde qui ligotait les victimes est nouée d’une étrange façon. L’enquêteur ignore être observé par “Le Goupil”, personnage fort inquiétant…

Bien entendu, c’est le contexte qui prime dans ce roman historique. Fabienne Ferrère reconstitue avec précision la vie quotidienne de l’époque. Dans un Paris plutôt sale et peu sûr, plusieurs villages devenus quartiers forment une agglomération. L’auteur dresse le portrait de personnages typiques, artisans ou commerçants, et autres pauvres bougres grappillant leur survie dans cette Vallée de Misère. Outre le chevau-léger à l’esprit tourmenté, on aime le débrouillard Pique-Lune, sorte de Gavroche éduqué à la Cour des Miracles. Ils évoluent dans un monde dur et brutal, sombre et sanglant, où la Justice n’a pas encore gagné une vraie place. Quand plane un mystère, difficile dans ces conditions de savoir à qui se fier. Ce suspense documenté est très agréable, grâce à la description cette lointaine période.

Deux romans disponibles dès le 6 janvier 2011.

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 07:12

 

Retour sur un livre très singulier de Joseph Bialot, La station Saint-Martin est fermée au public (Fayard, 2004). Évoquons d’abord le contexte…

Début mai 1945, des soldats américains sauvent la vie d’un déporté, véritable zombie agonisant sur les routes allemandes. L’inconnu ayant perdu la mémoire, ils le baptisent Alex. Le jeune homme amnésique est hospitalisé à Metz. Jeune veuve âgée de trente ans, l’infirmière Agnès veille tout particulièrement sur lui. Alex comprend et parle le français, mais son esprit occulte le passé. Le numéro matricule tatoué sur sa peau montre qu’il fut prisonnier à Auschwitz. Sans doute retrouverait-on son nom dans les archives nazies, mais la pagaille qui règne ne le permettra pas avant longtemps. Dans le même service neurologique, Alex fait la connaissance de la suicidaire Clotilde. Issue d’une famille de la bourgeoisie la plus réactionnaire, elle est la fille d’un officier qui fit les plus mauvais choix durant la guerre. Évoquer son défunt père adoré la rend hystérique.

10-BIALOT-2004Avec Agnès, Alex tente de sortir en ville, d’aller au cinéma. Mais c’est à l’hôpital, lieu protégé, qu’il trouve son élément. Le traitement sous narcose lui apporte des bribes de souvenirs. Il fut enfermé dans des camps français, à Gurs puis à Drancy, avant d’être envoyé avec tant d’autres en Pologne. Des images du camp de Majdanek s’imposent bientôt. Tel ce jour de représailles pour les nazis, où il faillit mourir par pendaison. Épargné par les circonstances ou un peu de chance. Il y eut aussi Freddy, médecin prisonnier tchèque aimant la langue française, qui le garda un temps à l’abri dans l’infirmerie. Aujourd’hui, après ces épreuves, Alex réalise qu’à la guerre on est seul, unique dans son courage, spécimen inimitable dans la peur qui taraude les tripes, (…) éternellement solitaire au royaume du chacun pour soi et Dieu pour personne.

Alex se souvient encore d’avoir fait partie de ces animaux humains voués à l’abattage, qu’on transféra finalement à Auschwitz Birkenau en cet été 1943. La survie y était plus infernale encore qu’à Majdanek. Sans l’intervention d’un autre prisonnier ayant quelque influence, il risqua de nouveau la mort. Quand fut décidée par les nazis l’évacuation des camps, commença pour beaucoup de ces déportés une errance chaotique… En juin, Alex rejoint Agnès à Paris, où il va loger chez elle, dans le 13e. Entre restrictions, haine des collabos, attente du retour des prisonniers de guerre, le climat est loin d’être apaisé dans la capitale. Boulevard Raspail, Alex rôde autour de l’hôtel Lutétia où chacun raconte son expérience, attendant les bus rapatriant les survivants. Avec Agnès, ils forment un couple artificiel, tant qu’Alex ne retrouve pas son identité…

L’originalité de ce récit vient sûrement du fait qu’on ne peut pas lui attribuer une étiquette. En effet, si le texte s’inspire d’une histoire vraie, ce n’est pas celle de l’auteur. Ses propres souvenirs de déporté, Joseph Bialot les raconta dans C’est en hiver que les jours rallongent (Seuil, 2002), récompensé par plusieurs Prix. Ici, il s’agit d’une œuvre hybride entre témoignage et fiction. Cette forme littéraire apporte un certain recul par rapport au scènes retracées. Aucun esprit de vengeance n’anime Alex qui, simplement, fouille dans les méandres de sa mémoire défaillante. Néanmoins, on retrouve l’ironie de l’auteur à travers quelques notules, parfois mordante quand il évoque les médiocres collabos : L’Allemand avait transformé en surhommes des malfrats et de ratés, des délirants et des fanatiques, des ambitieux sans scrupules, les perpétuels redoublants aux amours loupés, en fait la foule immense de ceux qui n’arrivaient pas à se situer dans une vie où ils végétaient cahin-caha… Si les polars et autres romans de Joseph Bialot (Grand Prix de Littérature policière 1978) sont fort agréables à lire, celui-ci est un des plus insolites, à redécouvrir.

 

Dans un genre bien plus léger, Joseph Bialot s’est amusé à parodier le roman de Charles Williams Fantasia chez les ploucs en 2006 dans son roman La java des bouseux (Éd.La Branche, coll.Suite Noire).

10-BIALOT-2006Le petit Rémy vit à New York avec son père, Bobby Mac Moch. Ces derniers temps, le climat devient contrariant pour P’pa. Le proprio exige ses loyers, les champs de courses sont mal fréquentés, des dames charitables veulent séparer père et fils. Et puis, le meurtre d’un caïd mafieux cause une sorte de guerre des gangs. Mieux vaut filer vers l’Ouest des westerns. Issu d’une famille compliquée, P’pa a justement son frère Lewis qui habite là-bas, au pays des Indiens. L’oncle Lou est surveillé par des astronomes, les shérifs-adjoints, qui imaginent qu’il ferait du trafic de farine de Medellin. Alors que la farine, elle ne sert qu’aux gâteaux de tante Polly.

Le tournage d’un western crée de l’agitation autour de la ferme de Lou. C’est sûrement un peu de la faute de leur frère, le révérend Elton Ike Mac Moch. Rémy, son père et Lou, rencontrent une “fée” nommée Lucia. Elle vient aussi de New York. Elle campe sur les terres de Lou, avec Cellini qui veille paternellement sur elle. Lou négocie quelques formalités financières avec le protecteur de Lucia. Il lui signale qu’un duo en Land-Rover cherche des fugueuses dans le secteur. Ces bienfaiteurs de la jeunesse, Cellini va leur parler. Il doit finalement les refroidir. Lou, Bobby et Cellini pensent que d’autres malfaisants venus de la ville rôdent par ici. Le shérif de Funny Junction trouve des morceaux de cadavres. Logique, il croit que ça vient du western en tournage. Harrisson Opell, le réalisateur, risque des ennuis, mais ça s’arrange. D’ailleurs, une grande fête est organisée à la ferme de Lou. Les gâteaux de tante Polly se vendent bien, peut-être parce qu’elle a utilisé la farine spéciale de Cellini…

Une version du roman de Charles Williams revue et actualisée par Joseph Bialot qui s’amuse, non pas à parodier, mais à détourner le classique roman noir. Les gangs mafieux sont ridicules à souhait, le western est absolument délirant, et les bouseux s’avèrent plus futés que jamais. Sans oublier des dialogues gratinés, du genre : Avec les nouvelles gélules, pommades, méthodes chirurgicales, on vous transforme n’importe quel tas en top. Et des tops, on en trouve des tas, maintenant. Le progrès, mon frère, le progrès. Un roman débridé qui nous offre un pur moment de plaisir.

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 06:57

 

Après avoir publié plusieurs livres aux éditions Phébus, c’est dans la collection Grands Détectives (chez 10-18) que Pierre d’Ovidio nous propose un roman inédit, L’ingratitude des fils.

Mi-janvier 1945, des gamins jouant dans les ruines d’un immeuble de Malakoff trouvent un cadavre dans les décombres. C’est à l’inspecteur Maurice Clavault, du commissariat de Vanves, que son supérieur confie l’enquête. Le jeune policier est peu apprécié de son chef. Si Maurice a été libéré prématurément du stalag où il fut prisonnier, c’est grâce à sa mère Réjane. Celle-ci est allée jusqu’à Vichy, afin de faire intervenir ses relations. C’est par les mêmes moyens que Maurice a pu entrer dans la police. Toutefois, on ne peut lui reprocher d’avoir collaboré avec l’occupant. Restant marqué par la guerre, il pense à ceux qui ne sont pas encore rentrés de captivité. Réjane espère lui trouver une fiancée. Vendeuse et apprentie comédienne, la dynamique Ginette pourrait lui convenir. L’affaire de Malakoff excite d’ailleurs la curiosité de la jeune femme.

D'OVIDIO-2011Après la première guerre mondiale, les frères Samuel et Lev Litvak ont fuit la Lituanie. Les Juifs, s’y croyant en sécurité, étaient de plus en plus persécutés. Ils traversèrent l’Europe, long périple aventureux, avant de s’installer en France. Ils créèrent un commerce de pièces automobiles d’occasion, bientôt rentable. En 1931, Lev réalisa son rêve : partir en Amérique. Samuel poursuit leur activité, se maria avec Irène, qui lui donna deux enfants. Dès 1934, des évènements inquiétants secouèrent la France, visant la population juive. Samuel et sa famille ne se sentirent pas trop menacés. Même au début de la guerre, il pouvait compter sur un commissaire du 11e Arrondissement. Ayant échappé à la Rafle du Vel d’Hiv, Samuel mit sa famille à l’abri dans un village des rives de la Creuse.

Maurice dispose de fort peu d’indices. Un corps partiellement brûlé, la main noire du cadavre, un message mal déchiffrable laissé dans sa bouche : "A PARM". Il est peu probable que ce soit le nom de la victime. Aucun témoin ne s’est manifesté. Peut-être l’inconnu a-t-il été exécuté par une organisation politique ou militaire, cas pas si rare en ces temps troublés. Maurice a d’autres affaires à traiter en parallèle. Une jeune femme affirme avoir été violée par des GI's. Embarrassant, à l’heure où ils passent tous pour des héros. Maurice recueille le témoignage de cette personne, qui n’est visiblement pas une menteuse. Impossible de retrouver les coupables qui, sans doute, se dirigent déjà vers Berlin. Par ailleurs, un corps humain découpé est découvert, tel un puzzle, en divers endroits dans le secteur. Il faut attendre d’avoir rassemblé suffisamment de pièces pour espérer identifier la victime, charcutée par son assassin. L’enquête de Malakoff piétine…

Très bien construit, ce roman de qualité souligne une page historique méconnue ou oubliée. En effet, cette période est souvent trop vite résumée dans les livres d’Histoire. On n’en retient que l’aspect officiel, politico-militaire. La guerre est longue à se terminer, la population subit toujours privations et restrictions pour l’alimentaire et le chauffage, l’Épuration ne sanctionne que trop peu de collabos, certains s’octroient un brevet de Résistants parfois douteux, l’ambiance oscille entre incertitude et espoir du retour à la normale. Dans ce roman inédit, Pierre d’Ovidio restitue parfaitement le contexte d’alors. En évoquant le sort de migrants établis en France durant l’entre-deux-guerres, il nous rappelle également ces malsaines années 1930 où la propagande populiste et raciste gangrenait le pays. On imagine volontiers que mener des enquêtes sur des faits criminels début 1945 est presque impossible. Maigres indices et vagues rapports d’autopsie obligent le policier à tâtonner. Le respect de la Justice dépend de la logique des circonstances. Malgré d'hasardeuses investigations, Maurice ne sera pas bredouille. Voilà un roman très réussi, fort convaincant.

Disponible dès le 6 janvier 2011.

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 07:10

LECTRICE-NOEL

Une petite carte postale de Noël pour vous remercier toutes et tous de votre fidélité à Action-Suspense. Merci en particulier aux lectrices, dont cette demoiselle est le symbole. Désolé pour elles, je n'ai pas trouvé de beau mâle posant en tenue de saison, telle cette étudiante experte en Littérature, doctorante ès-polar.

Joyeux Noël !

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 07:07

 

"Podium Polars", qu’est-ce que ça veut dire ? Ni sélection officielle, ni Prix attribué par Action-Suspense, c’est juste l’occasion de revenir sur les trois romans qui m’ont le plus marqué chaque année. Faire un bilan de mes lectures, choisir parmi environ cent-cinquante romans chroniqués en 2010, n’en retenir que trois. Que décider ? Favoriser des méconnus, faire un clin d’œil à nos amis Québécois, citer par copinage des auteurs amis, allonger la liste à une dizaine de noms ou davantage ? Non, le choix s’est finalement avéré très simple. Deux titres figurent dans la rubrique "Coup de Cœur", tant ils m’ont enthousiasmé. Quant au troisième, le choix fut tout aussi naturel, évident. Il n’y a pas d’ordre de préférence dans le cas présent : un suspense, un roman noir, un auteur français. Ce trio des meilleurs de l’années (opinion subjective assumée, qui n’engage que moi ) nous a offert des romans de qualité supérieure. Voici donc le résultat de mes cogitations…

 

Le meilleur suspense de d’année : La maison où je suis mort autrefois, de Keigo Higashino (Actes Noirs)

Heureuse surprise que ce roman enthousiasmant, et même fascinant. La quête d’identité, l’appel aux souvenirs, un thème qui a été souvent traité. Les secrets liés à une maison, également. Keigo Higashino fait preuve d’une rare maestria dans l’évolution du récit. L’histoire progresse en nous offrant des clés, des éléments de compréhension, mais en ajoutant des questions supplémentaires. S’agit-il de faux-semblants ? Le narrateur lui-même parle d’illusion, mais précise Le terme illusion n’est peut-être pas le bon. Entre la famille disparue, l’héroïne Sayaka et son ex-petit ami, c’est plutôt un jeu de miroirs dont les reflets nous renvoient des uns aux autres. C’est une vérité très complexe que l’on recherche, pas la sympathie envers les personnages.

 

PODIUM-POLARSLe meilleur roman noir de l’année :

Le vertige de la chute, de Walter Mosley (Éd.Jacqueline Chambon)

Quel bonheur de déguster une véritable aventure de détective privé navigant aux frontières de la légalité, de savourer une authentique histoire de durs-à-cuire, riche en pugilats et en coups bas ! Walter Mosley s’inscrit dans la lignée des précurseurs du roman noir, Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. Il respecte idéalement cette grande tradition. Il suffit de constater le soin apporté à l’élaboration de l’intrigue, précise et maîtrisée, pour réaliser qu’il s’agit bien d’un polar de qualité supérieure. Sans doute parce qu’il ne cache pas ses ambiguïtés, ses imperfections passées et présentes, le détective McGill est un personnage qu’on aime d’emblée, sans restriction. Il utilise son expérience de la vie pour ne jamais se laisser déstabiliser. Discernement qui lui permet d’être parfois bienveillant, voire d’éprouver une part de tendresse pour certaines personnes qu’il rencontre. Vieilles méthodes et techniques actuelles se côtoient dans cette enquête agitée, non dénuée d’humour. Mosley est aussi héritier de Chester Himes, évoquant la place des Noirs dans la société américaine actuelle.

 

Le meilleur roman français de l’année : Saturne, de Serge Quadruppani (Éditions du Masque)

Ce foisonnant roman comporte plusieurs niveaux de lecture, chaque approche étant intéressante. D’abord, nous avons là une histoire aux multiples péripéties (“…c’était un rebondissement comme aucun auteur de polar sérieux n’aurait osé inventer.”), riche en secrets occultes, cultivant une ambiance à suspense. Quadruppani s’inscrit dans la tradition de la Littérature populaire, qui relance en permanence l’attention du lecteur, qui détaille portraits et descriptions tout en gardant une admirable souplesse narrative… La deuxième entrée évoque notre monde actuel : Il avait répondu qu’il n’était pas écrivain mais qu’il le regrettait, car la littérature disposait de plus de moyens que le journalisme ou l’enquête policière pour dire la vérité d’une époque. Dans nos systèmes, il n’existe plus vraiment de fossé entre argent sale et fortune honnête. Multinationales et Mafias sont synonymes, utilisant des méthodes identiques, non sans violence. Saturne dévora ses enfants, comme notre société cannibalise les siens… Troisième aspect, l’humour. Car c’est aussi une intrigue pleine d’ironie et de dérision que nous propose l’auteur. Quand, par exemple, il fait un clin d’œil au célèbre village de Tarnac, ou lorsque la commissaire Simona adopte les animaux de son défunt ami, on sourit évidemment. Bien d’autres passages nous offrent une tonalité enjouée, fort agréable. Et quand les proches des victimes rencontrent le Maestro, immense écrivain Sicilien, cela nous donne une scène savoureuse. Encore bravo à Serge Quadruppani !

Cliquez pour les Podium Polars 2008 ou pour les Podium Polars 2009 ...  

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 07:09

 

Parmi les premiers romans publiés en 2011, Masque de sang de Lauren Kelly (Albin Michel) nous offre un suspense psychologique très singulier…

Chateauguay Springs est un petit village sur la rive gauche de l’Hudson, dans la région de Newburgh. Non loin de cette bourgade, Drewe Hildebrand a hérité de son mari une propriété de quarante-cinq hectares. Outre la vaste demeure, ce domaine abrite une colonie d’artistes en résidence, dirigée par Marcus Heller. À une centaine de kilomètres de New York, ce refuge pour les créateurs fut installé voici plusieurs décennies par le défunt mari de Drewe. Cette mécène possédant des galeries d’art réputées n’hésite pas à y exposer des œuvres controversées. Son soutien aux artistes de talent lui vaut autant d’ennemis que d’admirateurs, dont certains ne sont que de vils flatteurs. Si Drewe Hildrebrand apparaît excentrique, extravertie, elle n’est pas naïve.

KELLY-2011De son vrai nom Eileen Straube, elle a fui depuis longtemps son milieu pour s’intégrer à l’univers artistique. Elle fut proche d’Andy Warhol, peut-être une des rares à comprendre son esprit. Ambitieuse, charismatique, vampirisant son entourage, elle devint au fil des ans incontournable. Sa relation avec Virgil West, artiste à la renommée méritée, fut assurément complexe. Deux caractères fort n’entraînent pas un couple d’amants parfaits. Depuis quelques temps, Drewe se passionne pour l’idée inventive du sculpteur Xenia, créateur d’un masque de sang. Une lubie passagère de bienfaitrice, peut-être. Autour d’elle, règne un mouvement permanent qu’elle anime et, parfois, subit. La vieille domestique Magdalena s’occupe de l’intendance du domaine, avec le chauffeur Noah.

Début avril 2003, une jeune fille est retrouvée errante dans les bois, frisant une l’overdose de Chrystal Meth. Il s’agit de Marta, la nièce de Drewe Hildebrand, âgée de dix-neuf ans. Elle vit à Chateauguay Springs depuis quatre années. Sa tante l’a recueillie suite à un scandale familial, contre l’avis de l’acrimonieuse mère de la jeune fille. Annemarie Straube devint alors Marta. Drewe lui paya des cours dans les écoles les plus huppées, telle la Woodstock Academy (pour élèves aux besoins spécifiques). Introvertie, n’étant attirée ni par la drogue ni par le sexe, Marta était fascinée par cette tante au caractère particulier confidente, autoritaire ou bienveillante, selon son humeur. Marta se sentait attirée par Virgil West, sorte de mimétisme vis-à-vis de Drewe ? Par le chauffeur Noah, aussi.

Sortant difficilement de son état comateux, Marta témoigne par bribes de cette soirée de l’enlèvement. La domestique Magdalena ne perd pas espoir, pensant qu’on va retrouver vivante Drewe Hildebrand. D’ailleurs, on découvre bientôt la Jeep vide de la disparue. Cette affaire a-t-elle un lien avec la mort par overdose de la jeune Tania, habitant la propriété, que Marta n’a pas connue ? Ou plutôt avec ces fanatiques catholiques qui ont souvent menacé Drewe ? Cette piste semble plausible, d’autant qu’un de ces intégristes cinglés finit par revendiquer le kidnapping. Pourtant, on est bien loin encore de la vérité…

 

Lauren Kelly est le pseudonyme utilisé pour ses romans à suspense par Joyce Carol Oates, écrivaine américaine née en 1938, au talent universellement reconnu. Il n'est pas utile d’attribuer une étiquette thriller ou même simplement polar à ce genre de roman. On peut parler d’une intrigue psychologique, dans laquelle le contexte prime sur l’aspect purement criminel. La narratrice joue le rôle d’une Candide, découvrant le monde new-yorkais des arts. Le mécénat couvrant l’aspect financier, ce sont l’idée du pouvoir (de décider qui a du talent) et la vanité artistique dans cet univers qui retiennent l’attention. La jeune Marta ne s’y intègre pas aussi aisément que le fit sa tante, plus volontaire qu’elle. Il est vrai qu’elle eut la chance de fréquenter la Factory d’Andy Warhol. L’agression et la disparition de Drewe gardent longtemps leur mystère, définitivement peut-être ? Quand revient le réalisme, la vraie vie avec ses sentiments, l’explication arrive à son tour. Si les évènements et les portraits des personnages sont finement dessinés, la part énigmatique de l’histoire est aussi très subtile. Un excellent roman comme celui-ci se lit avec un vrai plaisir.

Disponible dès le 6 janvier 2011.

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