C’est à Belle-Île-en-Mer que se déroule “Mauvaises graines” de Louarnig Gwaskell, nouvel épisode de la collection Léo Tanguy. N’oublions pas que les enquêtes du cyber-reporter se passent dans un futur proche. Cette histoire ne reflète donc pas la réalité actuelle de Belle-Île, largement basée sur diverses formes touristiques.
Léo Tanguy débarque à Belle-Île. Il a appris que son vieux copain Fanch Mahé,
un marin adepte des tatouages, a disparu depuis peu. Logé chez son ami écossais Cecil, photographe, Léo laisse au repos son Combi bariolé pour utiliser un scooter non polluant. En effet, protéger
l’environnement n’est pas un vain mot sur l’île. D’ailleurs, les exploitations agricoles sont toutes bio, désormais. Par contre, la propriété de la Pointe des Poulains (qui fut celle de la
comédienne Sarah Bernhardt) est strictement interdite, et bien gardée. Elle appartient à Martial Saint-Alban, puissant homme d’affaires. Dans le plus grand secret, ce dernier prépare un projet
pharaonique pour l’île, un complexe touristique d‘élite. Lourd investissement, bien sûr, mais les moyens financiers et la mégalomanie de Saint-Alban sont sans limite. Léo ignore encore tout
cela.
Le journaliste s’inquiète sérieusement de la disparition de Fanch, sachant qu’on est aussi sans nouvelle du meilleur ami de celui-ci, Pierre Manchec. Après le patron-pêcheur qui employait Fanch, Léo interroge le tatoueur attitré de son copain. Diablement créatif et novateur, celui-là. Il s’intéresse aussi aux ennuis de quelques exploitants bios de Belle-Île, dont l’un a eu sa grange incendiée. Léo rencontre un éleveur, une séduisante arboricultrice, un apiculteur passionné. Toutes les terres ont été vendues quelques années plus tôt, sous conditions de produire bio, par le Conservatoire du Littoral avant sa privatisation. Les abeilles de l’apiculteur ont été touchées par des produits chimiques. D’autres ont trouvé traces de semis OGM dans leurs plantations. Le matériel d’un agriculteur vient d’être saboté. En outre, une société bidon cherche à acquérir leurs terres.
Les nuits sont agitées sur l’île. Les sbires de Saint-Alban commettent des dégradations pour inciter les fermiers à vendre. Un deuxième commando rôde dans les parcelles agricoles, y introduisant des semences OGM vérolant les produits bios. Un troisième groupe surveille les premiers, se heurtant parfois aux seconds. Ce commando-là est en mission officielle. Après qu’on ait retrouvé le cadavre de Pierre Manchec puis celui d’un plongeur, les gendarmes locaux admettent ne rien comprendre. Léo non plus ne voit pas le lien entre ces méfaits contre les agriculteurs et la disparition de Fanch. Néanmoins, il dérange sûrement ceux qui ont volé le disque dur de son ordinateur, avec tout le dossier en cours…
L’auteur nous présente une aventure garantie 100% bio. Ou, plutôt, une illustration par l’exemple des enjeux de la
production biologique face aux lobbies des semenciers, telle la multinationale nommée ici Mondosancto. On nous donne moult détails intéressants sur l’univers du bio. Quant à l’affairiste
Saint-Alban avec son délirant projet, qui peut affirmer que ce genre de mégalo n’existe pas ? Un type réellement dangereux. C’est une affaire particulièrement mouvementée que raconte Louarnig
Gwaskell. Espérons que la prise de conscience qu’il évoque, de la part des officiels, ne soit pas qu’utopie. Un roman qui se lit avec grand plaisir.
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Tanguy -