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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 06:11

En 2008, La Tengo Éditions a lancé une collection ayant pour héroïne Mona Cabriole, jeune journaliste pour Parisnews. Selon le principe du Poulpe, chacune de ses aventures sera écrite par un auteur différent. Ainsi que l’indique l’argument de ladite collection : “Mona Cabriole. 20 arrondissements. 20 auteurs. 20 romans. Une collection de polars rock au cœur de Paris”. Les deux premiers titres ont été : “Tournée d’adieu” de Pierre Mikaïloff et “Les fleurs du Marais” de Thomas Hédouin. Au printemps 2009, sont sortis deux nouveaux romans dans cette collection, signés Laurence Biberfeld et Marin Ledun. L’un est très réussi, l’autre laisse terriblement sceptique. Commençons par un aperçu de chacun de ces titres, avec des commentaires opposés.

Laurence Biberfeld : “La Bourse ou la vie”. La rédaction de Parisnews reçoit anonymement une série de photos montrant un homme qui se débarrasse du cadavre d’une jeune chinoise. La scène se passe dans le 2e arrondissement de Paris, rue de la Lune. Ayant reconnu la voiture vue sur les photos, Mona Cabriole ne tarde pas à en identifier le propriétaire. Surnommé Django, Alexeï Tchorniévitch est un séduisant trader, sans doute assez peu conformiste. Un assassin ? Django répond à Mona qu’il a trouvé la jeune prostituée chinoise, morte sur son lit, en rentrant chez lui. Et qu’il n’était pas question d’avertir la police.

Jingyi est une clandestine, journaliste de formation. Sa sœur Yao a choisi le mariage avec un vieux français pour être régularisée. Jingyi enquête sur la filière de Li Wang Duo qui, associé à un français, fournit des filles à certains ateliers de confection du Sentier ou pour la prostitution. Dans tous les cas, il s’agit de véritables esclaves, sans aucun droit ni salaire, sans possibilité de se rebeller. Un sujet qui pourrait intéresser Parisnews, mais Jingyi doit prendre le risque d’infiltrer le milieu en question. Dans le même temps, Mona se renseigne sur le monde actuel de la finance, ses mécanismes et ses traders. Vivian est un expert en la matière, lucide sur l’argent, autant que sceptique envers son attrait malsain: “L’argent est ce qui fait de l’Homo Sapiens une impasse évolutive” conclut-il. Après une chaude nuit avec Mona et sa copine Clara, Django reprend ses activités de trader. Profitant de la virtualité du système financier, dont il maîtrise tous les rouages, Django lance un coup foireux de huit milliards, destiné à ruiner la banque qui l’emploie. Si les banquiers du groupe BT22 ne paniquent pas, ils leur faut réagir rapidement. Mais d’autres traders vont eux aussi lancer des coups pourris…

C’est dans un contexte d’actualité que s’inscrit ce très bon roman. La finance internationale “tient comme un château de cartes qui serait en même temps un coup de poker : à l’esbroufe.” Est-ce une utopie que de concevoir un retour à des méthodes simplifiées, humaines dans notre relation avec l’argent ? Pour le très sérieux monde des affaires, qui s’accommode aussi bien des trafics d’êtres humains que des opérations boursières les plus douteuses, cette version idéaliste n’a pas de sens. On doute que la crise économique que nous subissons change leurs mentalités… Ce roman comporte un aspect documentaire, avec des explications claires sur les systèmes boursiers, sans oublier d’être riche en noires péripéties. On aime la tonalité particulière de Laurence Biberfeld, son regard sur notre monde. Cette aventure de Mona Cabriole, rythmée par des chansons choisies, se lit avec grand plaisir.

Marin Ledun : “Le Cinquième clandestin”. La nouvelle enquête de Mona Cabriole l’amène dans le 5e arrondissement. Rue Mouffetard, une jeune Africaine s’est suicidée, se jetant du cinquième étage avec son bébé. Hassia était une Rwandaise de 24 ans, mal connue de ses voisins de l’immeuble. Il n’existe pas de traces officielles concernant son enfant. Mona interroge les commerçants du quartier. Hassia semble avoir été employée quelques temps au Marden’s Pub. Le patron du bistrot affirme ne pas la connaître. Ce Stéphane Dubois est un drôle de type, qui règne sur la rue Mouffetard. L’agence immobilière qui gère l’immeuble où logeait Hassia lui appartient, même s’il utilise un prête-nom comme propriétaire en titre. Mona n’est pas sûre de pouvoir faire confiance à Céline, la serveuse du Marden’s Pub. La journaliste pénètre en cachette dans le studio d’Hassia. Mais c’est en visitant les caves de l’immeuble que Mona fait de vraies découvertes.

Elle y trouve une dizaine de cellules vides, sommairement aménagées, qu’on a rapidement nettoyées après la mort d’Hassia. Néanmoins, Mona est certaine que des femmes y ont séjourné, et elle remarque des traces de sang. Directeur de Parisnews, Langlois réclame des preuves sérieuses à sa journaliste. Car, même si un juge enquête discrètement sur Stéphane Dubois, celui-ci bénéficie de nombreuses protections. Bien qu’elle se sache repérée par Dubois et ses sbires, Mona assiste (avec son ami Kamel) à une soirée punk au Théâtre de la Vieille Grille. Elle s’intéresse moins aux prestations des groupes qu’aux faits et gestes de Stéphane Dubois et de sa bande. Des filles Blacks les accompagnent, sans doute pas pour leur plaisir…

Le thème : la politique d’immigration sévère précarise les jeunes Africaines, contribue à leur exploitation sexuelle, favorisant les plus sordides formes d’esclavagisme, estime l’auteur. Il est vrai qu’on s’interroge toujours sur la réalité de ces trafics d’êtres humains et sur leurs bénéficiaires, qui profitent de l’impossibilité de se rebeller des clandestins. Peut-être la musique punk, par sa crudité, peut-être traduire cette désespérance.

Hélas, la pauvreté du style de l’auteur est réellement décevante. Mona Cabriole, ce nom suggère des aventures virevoltantes. Le récit est basique, plutôt insipide, rien de fiévreux dans la narration : “Elle ramasse ses affaires, laisse un billet sur la table et décide de commencer par interroger tous les commerçants de la rue” ou “Elle traverse une première salle, puis une deuxième. Le silence pour seul compagnon.” Notons encore cette bourde : “Deux des trois jeunes femmes (…) sont assises sur un canapé en cuir, entièrement nues. Leurs chevilles sont maintenues attachées au mur, au-dessus de leur tête, par des cordes.” Même nul en anatomie, on ne confond pas chevilles et poignets. Deux leitmotivs (“Tout le monde se connaît et tout le monde ment”, “Aide-moi, Hassia”) ne renforcent pas la plate tonalité du récit. Le seul moment plus intense est la fuite souterraine de Mona, autour de la Bièvre.

Qu’il s’agisse d’une héroïne de série ne justifie nullement ce manque d’écriture. Quand on sait que l’auteur doit être publié début 2010 dans la prestigieuse Série Noire, on s’interroge. Sur le même sujet, il vaut mieux lire “Quand la ville mord” de Marc Villard (Éd. La Branche, Suite Noire) que cette historiette pas du tout percutante.

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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 06:19

Dans l’Aveyron durant les années 1970 à 1980, l’ancien gendarme Joseph Combes dirige une agence de détective privé, avec son épouse Claire et son adjoint Berthier. Presque adultes, Robert et Clairette, les enfants du couple, sont aussi mis à contribution dans les plus récentes affaires traitées. Tels sont les principaux héros des romans d’Alain Gandy, qui obtint le Prix littéraire de la Gendarmerie pourUn sombre été à Chaluzac. Les enquêtes de Joseph Combes s’inscrivent dans la meilleure tradition du roman policier. Homme d’action qui n’oublie pas de réfléchir, Combes fait preuve de détermination et de maîtrise, montrant peu ses sentiments. Il doit généralement éclaircir des situations où tous les protagonistes sont suspects. L’auteur entretient une certaine tension, avec çà et là un brin d’humour. Le contexte d’époque ajoute une part pittoresque au récit : techniques d’investigation, comportements, téléphone, trajets, étaient alors différents d’aujourd’hui. Retour sur les trois dernières enquêtes, publiées aux Presses de la Cité.

"Une famille assassinée" (2007)

1978. Combes est contacté par M.Dupont-Magloire, lieutenant-colonel à la retraite. Il s’agit de clarifier une affaire remontant à dix ans. Le militaire avait congédié son garde-chasse, Rougnac, qui plaisait trop à sa fille Julie. Rougnac incendia son logement, avant de se suicider. Sa femme étant morte peu après, Dupont-Magloire adopta leur fils, Martin Rougnac. Celui-ci jura de se venger. Martin a aujourd’hui 18 ans. Il se montre très provocateur envers le lieutenant-colonel et sa famille, dont il se sent étranger. Combes et son épouse Claire s’installent chez leur client, au château d’Estrelloux. Le fils aîné de Dupont-Magloire échappe à un accident de parapente, qui cause la mort d’un de ses amis. L’intention criminelle est avérée. Si le lieutenant-colonel a engagé le rouquin Auguste, c’est pour le protéger. Car il est victime d’un chantage qui le ruine. Depuis peu, toute sa famille est menacée. Soupçonné, son jeune fils passe une nuit en cellule. Au matin, on le retrouve mort empoisonné. Martin est suspecté des deux crimes. Julie peut l’être aussi. Elle déteste son père depuis dix ans. La série de meurtres n’est pas terminée…

"Le piège se referme" (2008)

Joseph Combes rentre avec Claire à Villefranche-de-Rouergue après la précédente mission. Une voiture visant leur fille Clairette vient de blesser une amie de celle-ci. Un appel téléphonique confirme que la jeune fille est menacée. Combes préfère la mettre à l’abri chez sa grand-mère de Bergerac, sous la surveillance de son adjoint Berthier. La voiture beige repérée aurait été volée à un journaliste pas très honnête, Maraycourt. Combes et l’inspecteur Lacouzelle, ancien rugbyman, sont peu convaincus après l’avoir interrogé. Peu après, Maraycourt est gravement blessé, tandis que son employé, possible témoin, est assassiné. Patron d’un bar de Figeac, Liu-Yen est un fidèle ami de Joseph Combes. Ils ont baroudé ensemble autrefois en Indochine. Liu-Yen a assisté à un curieux rendez-vous dans son bar. Les journalistes Loupiac et Maraycourt, ainsi qu’un certain Frédéric Cherval, complotaient contre Combes. Il en avise son ancien chef. Loupiac s’est vite désolidarisé des autres, en apprenant que Cherval avait attaqué la fille de Combes. Le détective compte ses troupes : sa femme Claire, son fils Robert, son ami Liu-Yen, l’inspecteur Lacouzelle. L’adjudant de gendarmerie local sera plus difficile à convaincre d’apporter son aide. L’adversaire est identifié, mais n’en reste pas moins difficile à combattre.

"Un week-end meurtrier" (2009)

En ce week-end de Pâques 1980, un car de touristes parisiens, originaires de la région (l’Aveyron), est tombé dans les gorges après avoir quitté Belcastel. Un premier bilan fait état de 35 victimes, tous les passagers. La météo pluvieuse expliquerait le dérapage. Le juge d’instruction Massac demande à Joseph Combes de l’assister sur cette affaire. On sait déjà qu’il y a eu plusieurs désistements de clients avant et pendant le voyage. Sur les lieux, on recense en réalité vingt-quatre cadavres, un survivant dans le coma. Selon des témoins, le chauffeur a été visé par un coup de feu. C’était le fils Maggiari. Son père, le second chauffeur, a disparu. Régis Pierreloup, le voyagiste parisien organisateur, ne tarde pas à se présenter au Procureur de la République, en présence de Combes. L’ex-gendarme n’aime guère les airs de bellâtre du jeune homme, mais il obtient les renseignements souhaités. Combes s’interroge sur le cas du couple Vial, des jeunes mariés ayant soudainement interrompu leur voyage. Des témoins confirment qu’une scène violente s’est produite au départ du car. Un déplacement à Paris est indispensable pour que Combes vérifie les causes des désistements. Il est logé chez Pierreloup-père, vieux propriétaire de l’agence de voyage. Certains touristes avaient de bonnes raisons de renoncer au voyage, mais c’est plus curieux pour le couple Raynal. Quant à Justin Vial, rentré à Paris sans son épouse Mariette, impossible de le rencontrer. À peine Combes est-il de retour dans l’Aveyron qu’on trouve le cadavre du second chauffeur, le père Maggiari. Claire Combes a appris que le jeune couple Vial s’était durement disputé à Belcastel avant de se séparer. L’enquêteur doit encore fouiller dans la vie de chacun des protagonistes, victimes ou non, afin de démêler l’affaire.
Ces romans sont publiés aux Presses de la Cité.  

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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 06:43

 

Publié en 1998 dans la collection Le Poulpe, “L’antizyklon des atroces est toujours diffusé chez Librio. Cet épisode écrit par Georges-J.Arnaud parmi les plus réussis de la série. Sur un thème déjà largement traité, ce grand écrivain populaire qu’est G.J.Arnaud a été capable de renouveler le sujet. Il s’est approprié le personnage de Gabriel, lui faisant vivre une aventure particulièrement agitée. Sans oublier de nous rappeler que les nostalgiques de l’ordre nazi existent toujours. Un roman à redécouvrir !

Gabriel Lecouvreur est contacté par un vieux monsieur, Samuel Carinas. Survivant des camps de concentration, il voudrait savoir la vérité sur le Zyklon B, le gaz mortel utilisé pour l’élimination des Juifs dans l’Allemagne nazie. Il semble qu’on produisit ce gaz dans une usine française, à l’époque. Il n’est pas impossible qu’une partie du stock ait été détournée. S’il y en a encore quelque part, celui qui dispose de ce gaz peut devenir extrêmement dangereux. Joseph Marchand possédait de la documentation à ce sujet. Quand Le Poulpe arrive dans l’Oise, Marchand vient d’être victime d’un accident. Gabriel est guidé par Jules, vieux militant de gauche, saturé de nicotine. La famille de Marchand refuse de donner à Gabriel et Jules l’enveloppe que le défunt avait préparée pour eux. Ils ont flairé une bonne affaire, sauf qu’ils récolteront plus sûrement une balle dans la peau que le fric demandé.

Gabriel parvient à récupérer l’enveloppe. En consultant les documents, il retient le nom d’Alphonse Brichet. Pendant la Guerre, il se comporta en parfait salaud. Brichet fit partie de toutes les organisations pro-nazies, admirait le détestable Doriot, s’engagea dans la Division Charlemagne de la Waffen SS. C’est Brichet qui dénonça Jules vers la fin de la Guerre. Il est décédé en 1960, mais son fils Philippe semble avoir repris le flambeau. Dans la propriété hyper-protégée de Brichet-fils, Jules et Gabriel découvrent une véritable chambre à gaz. Philippe Brichet envisage même de créer ici un véritable camp d’extermination, quand ses amis politiques seront au pouvoir. Même si un dirigeant de leur mouvement venu chez Brichet parait sceptique. Mettre hors d’état de nuire ce facho illuminé s’avère une mission périlleuse pour Jules et Le Poulpe. Quant à retrouver le gaz mortel, pas si simple non plus.

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28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 06:16

 

Né en 1945, Pierre Pelot écrit et publie depuis 1966. Auteur d’environ deux cent livres, il a expérimenté de nombreux genres, du western au roman noir, en passant par la Science-Fiction, le Fantastique, et même le Gore. Parmi ses succès, on se souvient forcément de “L’été en pente douce”, qui fut adapté au cinéma. Mais il faudrait évoquer en détail beaucoup de ses ouvrages pour comprendre la diversité de son œuvre. “Pierre Pelot est assurément un des plus grands romanciers français actuels…” affirmait avec justesse Jean-Pierre Deloux, dans le Dictionnaire des Littératures Policières (de C. Mesplède). Après une longue et féconde carrière, on pourrait penser que Pierre Pelot n’a plus rien à prouver. Et pourtant, il continue à explorer des manières narratives originales. C’est encore le cas dans son nouveau roman “Les promeneuses sur le bord du chemin” (Éditions Phébus, 2009).

On ne peut classer ce livre parmi les polars traditionnels. La base de l’affaire n’est pas un sombre mélo, malgré ses airs de “banale mais néanmoins exemplaire tragédie.” Car c’est avec subtilité que l’auteur traite le sujet. En filigrane de l’apparente simplicité, apparaît une véritable force psychologique. Les héros ne sont pas dans l’action, ils existent par leur intériorité. C’est la sobriété des images et des effets qui trouble et captive. Pas besoin d’un lourd suspense pour nous passionner. Juste deux hommes aux parcours différents ou opposés, face à face, pour tenter de comprendre une situation énigmatique. Remarquable !

L’intrigue de ce roman : Paul Blair est une sorte de détective s’occupant de renseignements professionnels. C’est lui qu’un correspondant anonyme a choisi pour transmettre des lettres de menaces à Adrien Norte, célèbre auteur de best-sellers depuis trente ans. La première rencontre réelle, à l’agence, entre Paul Blair et Adrien Norte (tous deux quinquagénaires) est tendue. Blair n’éprouve aucune sympathie pour cet écrivain trop médiatisé, pour ce personnage qu’il s’est façonné. Issu d’une famille aisée, Adrien Norte est devenu très jeune un auteur à succès. Son second mariage, avec Ladia, date de cette époque. Ils ont une fille, Mélanie. Image d’un bonheur familial qui plait à ses lecteurs. Il demande à Blair la plus grande discrétion, autant envers ses proches que pour son public.

Les textes des lettres de menaces sont sibyllins, n’évoquant guère de souvenirs précis chez Adrien Norte. Il serait responsable de la mort d’une nommée Marisa, vingt-huit ans plus tôt. C’est bien cette année-là qu’il rencontra Ladia, son épouse, mais il ne s’intéressa guère à l’amie de celle-ci, Marisa. Pourtant, cette dernière était enceinte de leur enfant, selon le menaçant corbeau. Puisqu’il lui préféra Ladia, Marisa se suicida. Pitoyable affaire, sans doute, mais l’écrivain affirme ne pas être en cause, ne pas mériter la haine de ce mystérieux ennemi.

En six semaines, quinze nouvelles lettres sont adressées à Adrien Norte. Paul Blair et son jeune adjoint Kenny assurent désormais la protection de l’écrivain et de sa famille. Au gré de leurs balades, comme dans ce jardin public de Nancy, Blair et Norte confrontent leur philosophie de la vie. Une façon pour eux de comprendre la motivation profonde de celui qui menace les proches de l’écrivain. Né d’un premier mariage, son fils Griffith est la première cible désignée. Cette Marisa, Adrien Norte ne s’en rappelle vraiment pas, fasciné qu’il fut par Ladia. “Dites-lui cent mille fois que vous ne vous souvenez même pas d’elle. Ça n’a strictement aucune importance. Il s’en souvient pour deux” estime le détective. Ce serait donc le mari de cette femme qui, depuis vingt-huit ans, aurait cultivé sa douleur et sa haine ?

( Le site de l’éditeur www.phebus-editions.com )
Cliquez ici pour lire ma chronique de "Les normales saisonnières" de Pierre Pelot.

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 06:21
 

Voici deux suspenses à la fois intenses et subtils, écrits par des romancières aussi inspirées que talentueuses. Ils sont disponibles chez Le Livre de Poche.

Lauren Kelly : "Cœur volé"

Agée de dix ans en 1988, Merilee Graf fut très marquée par la disparition de Lilac Jimson, élève de sa classe. Fillette vive « à l’air de gitane », issue d’une famille modeste et métissée, Lilac n’était pas l’amie de Merilee, d’un niveau social supérieur. Le père de Merilee était Dennis Graf, ancien maire de Mount Olive, homme d’affaires et philanthrope. Sa mère comptait peu pour le clan Graf. Merilee n’aimait pas la raciste tante Cameron. Associé de son père, l’oncle Jedah l’intriguait. Malgré les recherches, auxquelles participa Dennis Graf qui offrit une forte prime, la petite Lilac ne fut jamais retrouvée. Des rumeurs stupides circulèrent.

Seize ans plus tard, Merilee revient à Mount Olive. Victime d’une attaque cardiaque, son père est en sursis à l’hôpital. Parmi les visites qu’il reçoit, il y a celle de Roosevelt Jimson. Graf aida le frère de Lilac a devenir policier. Ce beau Noir fut brièvement intime avec Merilee. Il reste obsédé par la disparition de sa sœur. Après le décès de son père, Merilee pense qu’on a volé un petit cœur de verre qui lui servait de loupe. C’est elle, « la reine des cadeaux », qui lui avait offert ce simple objet. Elle insiste pour le retrouver. Merilee est « l’Héritière » de la fortune paternelle. Ce qui inclut la grande maison familiale, dont elle ne garde pas que de bons souvenirs. Merilee n’a jamais eu de vrais amis. Sa solitude lui pèse. Elle voudrait se rapprocher des Jimson, surtout de Roosevelt. Mais cet instable se montre encore distant. Seul l’oncle Jedah, pour qui elle éprouve autant d’attirance que de répulsion, s’avère amical et protecteur. Il propose de racheter la maison des Graf, qui n’intéresse pas sa nièce. Ils passent quelques soirées ensemble. Ce jouisseur qu’est Jedah cultive le goût de Merilee pour l’alcool, dont elle abuse.

Connue aussi des amateurs de suspense, sous le pseudo de Rosamond Smith, Lauren Kelly n’est autre que Joyce Carol Oates, femme de lettres américaine née en 1938. Proche de la réalité sociale de son pays, son œuvre est reconnue dans le monde entier. Qualité d’écriture, psychologie des personnages, intrigue faussement simple, construction du récit : tout est ici maîtrisé avec soin, mais sans aucun formatage. Ce remarquable roman n’est pas dénué d’un subtil humour. L’auteur souligne l’hypocrisie (face aux gens « de couleur ») et les trop faciles rumeurs. Merilee est une mal-aimée solitaire, cherchant à occulter les déceptions ayant marqué toute sa jeune vie. Sa fragilité, son besoin d’affection et de confiance, la rendent très attachante. Elle baigne dans une ambiance énigmatique qui donne sa saveur au récit.

Laura Wilson : "Un millier de mensonges"

Amy Vaughan est une journaliste de 34 ans. Après le décès de sa mère, elle trouve chez celle-ci un cahier intime écrit par Maureen Shand. Amy ne connaît pas cette cousine Mo. Elle se renseigne sur la famille Shand, et découvre leur dramatique histoire. Leslie Shand, le père, était un véritable monstre. Il martyrisa son épouse Iris, fit vivre un enfer à leurs filles Sheila et Mo. Comme dicté par Shand, le journal de Mo édulcore cette horrible réalité. Employé par le fermier Bill Drake, Shand masquait sa vraie nature. Dix-huit ans plus tôt, Sheila avait l’âge actuel d’Amy quand elle abattit son tyran de père. Suite à tant de souffrance, elle ne fut pas condamnée.

Déjà un peu faible d’esprit, Mo fut internée. Leur mère Iris vit depuis longtemps en maison de retraite. Quand Amy lui rend visite, la vieille dame usée reste muette. Le premier contact entre Sheila Shand et Amy est assez tendu, ambigu. L’ancien fermier Bill Drake n’apprécie pas qu’Amy interroge sa protégée Sheila sur ce passé qui la tourmente encore. La découverte d’un squelette et d’un cadavre de bébé, non loin de chez elle, perturbe Sheila. Elle s’efforce de n’en rien montrer. Amy se demande où est maintenant Mo. Par deux fois, on s’attaque à la maison d’Amy, qui se sent confusément menacée. Elle peut compter sur l’aide se son voisin jardinier Charlie. Contrairement à ce que croyait Amy, le squelette n’est pas celui de Mo. Si le journal intime de Mo paraît complaisant, les cahiers de sa mère Iris sont le reflet réaliste des violences qu’elles ont subi.

Laura Wilson base ce récit sur les violences conjugales ou familiales. Avec justesse, elle évite à la fois un voyeurisme malsain et, à l’opposé, un apitoiement mélodramatique. Elle montre les étranges liens entre victimes et bourreau : bien qu’adultes socialement insérées, Sheila et Mo restent vivre auprès de leurs parents ; de même, le fusil menaçant du père est parfois accessible, sans qu’elles s’en emparent. Et puis, près de vingt ans plus tard, ces femmes gardent de graves secrets… qui sont le moteur de cette excellente intrigue. Reste donc un sujet ambitieux, traité avec belle finesse. Un suspense psychologique de très belle qualité.

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 16:15
 

Chaque été depuis plusieurs décennies, le Festival Interceltique de Lorient constitue l’un des évènements culturels majeurs de la saison. Son but a toujours été de contribuer au développement de la musique et de la culture bretonne, et de s’ouvrir vers les nations celtes des îles britanniques (Écosse, Pays de Galles, Cornouaille, Île de Man, Irlande) ainsi que du nord de l’Espagne (Galice et Asturies). Ces dernières années, on a également vu arriver des pipe-bands australiens, des joueurs de gaita latino-américains et des chanteurs canadiens.

La musique est, évidemment, l’élément principal du Festival Interceltique de Lorient. Entre grands spectacles, parades traditionnelles, et prestations dans des pubs, elle est omniprésente. Mais l’univers du livre est aussi présent au sein du F.I.L. Depuis quelques années, des éditeurs (et leurs auteurs) ont rendez-vous avec le public au Quai du Livre. Cette année, du 31 juillet au 9 août 2009, vingt-sept stands sont prévus, dont l’un est baptisé Espace Dédicaces (par exemple, Anne Chevallier Maho y présentera sa trilogie destinée à la jeunesse “Les 13 Crânes de cristal”, dont le troisième tome vient de paraître, une aventure parmi les alignements de Carnac). Nouvelle animation, “Le fil du FIL” fait aussi partie du Quai du Livre. C’est un fil où les gens sont invités de laisser des mots, de raconter des récits de vie ou bien d’écrire les impressions du festival ainsi que les rencontres festivalières.

L’Interceltique nous propose aussi un Cabaret Littéraire, situé cette année entre le bâtiment de la police et le Collège Brizeux. Chaque jour dès 14h, on pourra assister à des entretiens avec différents artistes. Programmation littéraire pour enfants et adultes sont prévues. Dès 22h, des concerts seront donnés au Cabaret Littéraire. Pour toutes ces animations, se renseigner auprès de l’organisation, ou ici :

http://festival-interceltique-2009.com/aufildesjours.php


Au Quai du Livre, librairies, bouquinistes, petits éditeurs et auteurs sont présents pendant les dix jours du festival, dès le matin jusqu’à tard le soir. Pour les amateurs de polars, la librairie Coop Breizh invitera certainement des auteurs de la collection Léo Tanguy, ainsi que des romanciers publiés aux Éditions du Palémon. Au stand Head over Hills, John Erich Nielsen dédicacera les aventures de l’inspecteur Sweeney.Mort au grand largue, le sixième titre de la série, sera présenté en exclusivité à cette occasion. Et, bien sûr, au stand des Éditions du Barbu on pourra rencontrer Christian Blanchard, Renaud Marhic, Michel Dréan, le dessinateur JAL, et quelques romanciers publiés par cet éditeur indépendant. On le constate, le Festival Interceltique de Lorient est aussi l’occasion d’un rendez-vous avec quelques auteurs de polars (du 31 juillet au 9 août 2009).

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 06:30

Sur les plages estivales, chacun choisit la méthode qui lui convient pour lire. On peut préférer le confort, à l'aise sur son siège, à l'abri de deux parasols colorés. Ou lire en bronzant, allongé sur sa serviette, protégé par son chapeau de paille. Simple clin d'oeil aux lecteurs à travers ces deux photos, prises le samedi 25 juillet, sur la côte bretonne.

Pendant tout l'été 2009, Action-Suspense continue à vous informer sur l'univers du polar
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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 06:16
 

Dimanche 26 juillet, à 22h50, France 2 diffuse le quatrième opus de la série Suite Noire. Il s’agit d’une adaptation du roman de Marc Villard "Quand la ville mord" (Éd. La Branche, 2006). Ce n’est pas une énième histoire de prostituée black, victime du mirage occidental. Sara est un personnage fort. Elle exprime une pleine lucidité, sur sa situation précaire, comme sur son talent pictural encore relatif. Elle subit, mais reste capable de réagir, de décider. C’est cette volonté qui la rend crédible, vraie, attachante. Le réalisme du sombre décor urbain contribue à l’ambiance de marginalité. Nouvelles et romans courts sont une spécialité où excelle Marc Villard. Ce texte le démontre une fois de plus. Voilà un portrait de femme très réussi !

Venue du Congo, Sara atterrit à Paris. Clandestine prise en charge par le réseau d’Omar, elle se fond dans la population de Barbès. Pour rembourser le voyage, elle se prostitue sans états d’âme. Elle espère échapper un jour à l’emprise d’Omar. Sara aime la peinture, admire l’œuvre de Basquiat. Elle manque de technique, veut progresser. Quand Omar supprime sa copine Zina en maquillant un fix fatal, Sara a la haine. Le mac frime avec sa clique dans un club de karaoké. Elle le tue d’un coup de tournevis acéré. La compagne d’Omar l’a repérée. Ses porte-flingues sauront retrouver Sara.

Tramson est autant zonard qu’éducateur pour l’association Soledad. Il aime bien Sara. En fuite, elle fait appel à lui. Tramson la loge dans un squat d’artistes. Sara s’arrange avec un hôtel de passe pour continuer à tapiner, sans mac. Elle rencontre Santos, un peintre qui pourrait l’aider un peu. Il l’héberge sous conditions. Sara se sait pourchassée par Djibril, l’homme de main de la compagne d’Omar. Il consacre plus de temps au jeu qu’à la chercher, mais reste dangereux. Quant à Santos, il veut savoir qui est l’exorciste black ayant provoqué le suicide de sa fille. Djibril réussit finalement à enlever Sara. Alerté, Tramson vient à son secours…

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