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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 11:59
 

Natalie Beunat, traductrice de "Dashiell Hammett mon père", par sa fille Jo Hammett (Ed.Rivages), a accepté de répondre à quelques questions pour Action-Suspense.



Selon vous, la fille de Dashiell Hammett parvient-elle à transcrire la complexité de son père, que l’on imagine tel un homme tourmenté ?

Natalie Beunat : L’intérêt de ce livre, c’est qu’il donne un certain nombre de clés sur le fondateur du roman noir américain tout en en conservant le mystère. D’abord, parce qu’elle est sa fille cadette et qu’elle l’a bien connu, Hammett ayant gardé toute sa vie le contact avec ses deux filles Jo et Mary, alors qu’il se sépara très tôt de leur mère, en partie, mais pas seulement, à cause de sa tuberculose (il était contagieux).

L’autre chose à dire sur ce livre de souvenirs est que Jo Hammett n’offre jamais un portrait complaisant de son père, au contraire, elle est assez lucide sur certains aspects de sa personnalité, comme son alcoolisme délirant ou son côté "homme à femmes". Mais elle sait aussi souligner sa ténacité, en matière politique notamment, sa fidélité en amitié et la sorte de morale personnelle qu’il avait su insuffler à ses héros, un genre de « code de survie en milieu hostile », qu’il appliquait à sa propre vie. On n’est pas là du tout dans l’hagiographie, et c’est ce qui rend "Dashiell Hammett mon père" à la fois juste et émouvant.

L'auteur aborde-t-elle la manière dont Hammett est perçu encore aujourd'hui aux Etats-Unis, et dans le monde (grand écrivain ou bon romancier, devenu classique) ?

Natalie Beunat : Jo Hammett n’a aucun doute sur le fait que son père soit considéré comme une grande figure de la fiction américaine. Plus personne aujourd’hui ne le conteste. Je le juge supérieur à Hemingway et on peut dire que Hammett a largement dépassé le cadre du roman noir. Bien sûr, il en a posé les bases, et plusieurs générations d’écrivains se réclament de son héritage, de Chandler à Ellroy. Mais il a eu également une influence sur le roman noir français, on pense à Manchette, par évidence, mais pas seulement, tous les auteurs du néo-polar lui doivent beaucoup. Et puis je pourrais citer, rien qu’en France, la manière dont le «style Hammett», le fameux tempo, et l’utilisation d’une stricte narration objective ont pu influencer la fiction, à commencer par le Nouveau Roman.

Hammett, un classique ? Oui, par la force des choses. C’est surtout un auteur d’une incroyable modernité.

La force du livre de Jo Hammett, c’est à mon sens de ne pas esquiver LA grande question : comment un écrivain au sommet de sa gloire, à 40 ans tout juste, alors que ses romans sont adaptés à la radio, au cinéma, qu’il est adulé par les studios (où il travaille comme scénariste) va cesser d’écrire ? Elle n’y apporte pas plus de réponses que tous ceux qui se sont penchés sur ce paradoxe (voir à la fin, tout de même, ce magnifique "Coda" qui clôt l’ouvrage !), mais elle propose tout un faisceau d’explications que nous connaissons plus ou moins : la maladie, l’alcool, l’investissement littéraire auprès de la dramaturge Lillian Hellman, l’engagement politique aux côtés de la gauche américaine, d’abord la lutte pour les Droits Civiques dans les années 30, et puis très vite le combat anti-fasciste (Guerre d’Espagne ; Allemagne nazie).

Quel moment, quel passage de ce livre, vous a semblé le plus intense (en émotion, ou dans le portrait) ?

Natalie Beunat : Le souvenir le plus intense que je garde de cette traduction, c’est qu’elle intervenait juste après celle de sa correspondance (intitulée "La Mort c’est pour les poires", aux éditions Allia en 2002) et que j’étais comme "portée" par les lettres. J’en retrouvais toute l’atmosphère, l’intimité. François Guérif voulait que je traduise ce livre pour Rivages, à l’époque intitulé "Album de famille". Il comportait un grand nombre de photos que nous n’avions jamais vues auparavant. Ça, c’était déjà formidable ! La grande révélation de ce livre a surtout été un événement lié au "roman familial" : un genre de scoop. La fille aînée, Mary, était censée être une enfant naturelle et Hammett aurait épousé sa mère (Jose, sa femme, donc) pour lui éviter l’humiliation d’être une fille mère : on était en 1921. Cette "légende" avait été créée de toutes pièces par Lillian Hellman, grande mythomane, et perpétuée par elle pour donner une vision très chevaleresque de Hammett avec qui elle a vécu 30 ans jusqu’à la mort de ce dernier. Dans le livre de Jo Hammett, on apprend que cette histoire n’était qu’un mensonge : Mary était bel et bien la fille de l’écrivain.

Quelles sont vos récentes traductions, seule ou en collaboration ?

Natalie Beunat : J’ai traduit, à la demande de Gérard Berréby (qui dirige les éditions Allia), les minutes des procès maccarthystes sous le titre "Interrogatoires". Hammett, refusant d’être un délateur pendant la chasse aux sorcières, fut condamné en 1951 à six mois de prison. Il en purgera cinq. Ce livre est sorti en même temps que la réédition du présent livre de Jo Hammett en poche (en collection Rivages Noir) et que la nouvelle traduction intégrale de Moisson rouge en Série Noire que j’ai traduit, là, avec Pierre Bondil.

Mis à part cette actualité, j’ai traduit Colin Bateman (à la Série Noire) et Donald Westlake (chez Rivages).

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25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 06:13
 

Depuis quelques semaines, les éditions 10-18 ont créé une nouvelle collection, Domaine Policier. Il s’agit de suspenses internationaux, dans des décors souvent insolites, évoquant des populations mal connues des Occidentaux. Parmi les premiers titres présentés dans la collection, en voici deux qui nous emmènent au cœur de l’Asie.

Eliot Pattison : "La prière du tueur". Autrefois membre honoré du Parti à Pékin, l’inspecteur Shan a été exilé dans un camp de travaux forcés, avant d'être rendu à une liberté précaire. Hébergé au Tibet dans un monastère clandestin à l’écart des tumultes du monde, il croit avoir enfin trouvé la paix. Quand sur la montagne du Dragon assoupi, une série de meurtres confronte Shan à ses vieux démons. Un assassin sectionne les mains de ses victimes, vivante ou mortes, et les emporte. Si Shan ne découvre pas très vite le responsable de ces crimes, la police chinoise risque de débarquer, menaçant la sécurité des lieux. Aidé par ses vieux complices, les sages Lokesh et Gendun, il a huit jours pour exhumer les secrets de la montagne et découvrir le criminel. À propos de ce roman, soulignons ce commentaire de Jean-Claude Perrier, de Livres Hebdo : “Pattison, à travers son héros, se livre à un exercice d'empathie et nous donne une leçon de solidarité politique.”

Après le Tibet, rendez-vous à Pékin avec le roman de Diane Wei Liang : "Le secret de Big Papa Wu". Nous sommes ici dans le Pékin moderne et consumériste, où seuls comptent les signes extérieurs de richesse, le pouvoir et les relations. La jeune Mei Wang n’y trouve pas sa place. Indépendante, idéaliste et intègre, Mei est une marginale dans cet univers sans foi ni loi. À vingt-neuf ans, elle plaque son travail de fonctionnaire pour devenir la première femme détective de Pékin. Des ruelles obscures de la vieille ville aux quartiers neufs des nouveaux riches, à la recherche d’une antique pièce de jade, Mei fouille le passé sombre de la cité millénaire hantée par les fantômes de la Révolution culturelle, à la poursuite de sa propre histoire. Mais ce qu’elle va découvrir est bien pire que tout ce qu’elle avait pu imaginer.

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 06:24
 

Depuis quelques mois, Le Poulpe a repris de la vigueur. Outre l’épisode signé Jean-Bernard Pouy ("Cinq bières, deux rhums" – Le Poulpe, n°261) dont on a déjà parlé, voici trois autres aventures à découvrir, trois approches de ce singulier personnage.

Laurent Martin : "Certains l’aiment clos" (Le Poulpe n°257). Anar invétéré, Gabriel Lecouvreur n’a jamais été très pieux. Signe de l’âge et rencontre de hasard, Le Poulpe décide de tenter une retraite spirituelle dans un monastère. Sans doute est-il réellement maudit car un incident se produit lors du voyage en TGV. Arrivé chez les bénédictins, il espère trouver la sérénité. D’autant que les retraitants comme lui ne sont pas nombreux en ce mois de janvier. Gabriel loge à l’hostellerie du monastère, assiste aux offices, et se plonge dans des livres saints. Pourtant, ce lieu propice à la méditation, n’est pas si reposant. Dans la nuit, Gabriel aperçoit une ombre qui s’enfuit. Puis c’est un moine qui meurt, poignardé avec une croix. Son enterrement se fait dans la plus grande discrétion.

Gabriel n’est pas insensible au charme de la rousse Natacha, qui tient une crêperie dans les environs. Mais, intrigué par le décès suspect d’un autre vieux moine, Le Poulpe s’intéresse d’abord aux secrets du monastère. C’est comme si Dieu lui demandait de trouver le coupable. Il interroge le frère s’occupant de la boutique sur les fonctions et les charges de chacun, sympathise avec le moinillon Philippe qui est de la région, et entreprend une visite nocturne des bâtiments religieux. Une réunion de quelques moines, à l’insu des autres, lui laisse imaginer quelque complot. Avant qu’un coup sur la tête ne le mette KO. Passages secrets ou souterrains expliqueraient que l’ombre aperçue par Gabriel disparaisse si aisément. Il s’interroge aussi sur l’incendie de la chapelle du monastère, qui la détruisit un an plus tôt…

Grand prix de Littérature policière 2003, Laurent Martin nous propose un épisode de qualité supérieure. Gabriel chez les religieux, “attaqué par un virus clérical inconnu et sournois”, c’est déjà une belle idée. Vu le contexte, le récit donne plutôt dans le sourire esquissé que dans la grosse plaisanterie. Notons la précision subtilement érudite concernant les rites monastiques. Quant à l’intrigue criminelle, forcément placée sous les auspices du Démon, elle est solidement construite, dans les règles de l’art. Un suspense divinement entraînant, un roman diablement agréable.

Caryl Férey / Sophie Couronne : "D’amour et dope fraîche" (Le Poulpe n°258). Gabriel Lecouvreur séjourne dans les Pyrénées, pour une cure destinée à soigner sa sciatique. Le régime culinaire minimum et la promiscuité avec les autres curistes n’amusent guère Le Poulpe. Il écrit une lettre quotidienne à sa Poulpinette restée à Paris, la blonde Cheryl. Ce jour-là, pour s’évader du ghetto curatif, Gabriel se promène en montagne. Soudain, il voit passer comme une flèche un athlète noir nu, qui court tel un halluciné. Le sportif chute dans un ravin, le corps disloqué. Le Poulpe ne peut rien pour lui. Il est probable que le coureur vienne du Centre d’entraînement de Font-Romeu, où les équipes françaises se préparent actuellement pour les prochains Jeux Olympiques. Les jours suivants, Gabriel ne trouve pas d’écho dans la presse de ce décès surprenant. Alors que la visite du ministre des sports Bernard Lapoutre est annoncée, Le Poulpe tente sans succès de pénétrer dans le Centre de Font-Romeu. Ce bunker bien trop protégé, ça ne peut que l’exciter.

À Paris, Cheryl a été hospitalisée après une agression sexuelle. L’intrépide coiffeuse menait une enquête suite à la disparition de Laetitia, sa stagiaire. Au club Le Wagon, Cheryl a approché le nouveau petit ami de la jeune fille, Nicolas. Il a utilisé une “drogue du violeur”, différente du GHB mais avec les mêmes effets sur la mémoire. Via Internet, Cheryl recoupe quelques infos sur les drogues existantes. Bientôt requinquée, elle quitte l’hôpital bien décidée à poursuivre ses investigations. Elle commence par changer d’aspect, se grimant en brune fatale. Après avoir testé le nouveau look au bar de Gérard, qui ne la reconnaît pas, Cheryl retourne sur la piste de Nicolas. De son côté, Gabriel rencontre deux jeunes filles délurées circulant dans une Porsche volée. Copines de plusieurs sportifs logés à Font-Romeu, elles sont sans nouvelles de leurs étalons. Car ces fieffées sauteuses se régalaient, question sexe, avec les athlètes. De précieuses alliées pour Le Poulpe, ces deux greluches. Cheryl, elle, a joué le coup en finesse avec le furieux Nicolas. Elle est parvenue à droguer le drogueur…

Etant bien entendu que l’éventualité du dopage dans le sport ne repose que sur des médisances sans preuves, que jamais aucun champion n’a été dépisté positif aux stupéfiants, cette histoire relève donc de la pure fiction. Quant au rapport entre sport, politique et enjeux financiers (ou pharmaceutiques), tout est transparent et sain dans cet univers-là. On s’amuse réellement beaucoup avec cette fort sympathique aventure où Cheryl et Gabriel sont autant impliqués l’un que l’autre.

Jérôme Leroy : "À vos Marx, prêts, partez !" (Le Poulpe, n°260). Les seuls vrais maîtres du monde sont les six membres du Consortium. Cinq vieillards hommes et femmes, des momies ne paraissant pas leur âge, sur lesquels repose tout l’équilibre du système politico-financier, et leur factotum quinquagénaire, Alfredo Garcia. La crise économique qui secoue aujourd’hui toute la planète prend des allures pré-apocalyptiques, ce qui les inquiètent sérieusement. La population s’agite, les mythes marxistes resurgissent. Il existe une solution : éliminer physiquement Karl Marx, afin qu’il ne soit plus une référence, un espoir pour le peuple. Certes, il est mort depuis 1883, mais son idéal perdure. Deux ingénieurs au service du Consortium ont développé un projet, en parallèle de l’accélérateur de particules expérimenté sous la frontière franco-suisse. Il s’agit d’une machine à voyager dans le temps. Le premier test, avec pour cobaye un ex-détenu de Guantanamo, est une réussite.

Gabriel Lecouvreur subit, lui, un autre genre de crise. Son couple avec la belle Cheryl s’enfonce dans une passion autodestructrice. La dérive du Poulpe se nourrit d’alcool forts à haute dose, de médicaments mélangés, et de nuits tristement orgiaques. Gabriel en arrive même à se disputer avec ses amis Gérard et Maria, qui viennent de rouvrir leur bistrot après les vacances. Il est encore mêlé à une baston dans un fast-food. Par chance, il tombe sur une capitaine de police sexy et marxiste. Car voilà la seule chose qui lui permet de ne pas sombrer complètement : Gabriel lit et relit les écrits prophétiques de Karl Marx. Il essaie même d’initier le jeune Abdoulaye, complice dans l’altercation du fast-food, à la pensée marxiste... Le Consortium a exigé qu’on envoie immédiatement cinq mercenaires en 1843 à Paris, afin d’abattre Marx. C’est un ratage complet. Un des ingénieurs, qui prédisait ce problème, a été abattu avant cet échec. Mourant, il a eu le temps de glisser à Alfredo Garcia, le nom d’un ami de fac : Gabriel Lecouvreur.

Les nouvelles et romans de Jérôme Leroy ont souvent fustigé les excès de l’esprit ultra-libéral. Les responsables du fiasco économique sont ici symbolisés par ces éternels vieillards, caricaturaux et sans pitié, qui dominent toute l’activité mondiale. C’est un Gabriel dépressif à l’extrême, plus écorché vif que jamais, qu’on nous présente dans cet épisode. Hormis Marx point de salut, estime-t-il, incapable de se concentrer sur la moindre mission. Un Poulpe plutôt sombre, donc, mais inventif et passionnant, avec de nombreux clins d’œils.
(lire aussi l'article) Jean-Bernard Pouy : deux romans 2009

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 06:58
 






Parmi les nouveautés actuellement proposées chez Pocket, voici une sélection de trois titres aux intrigues vraiment alléchantes. Des Etats-Unis à la Suède, planent des mystères parfois bien noirs.


Avec une dizaine de suspenses à son actif, Carol O’Connell est une romancière confirmée. Comme le confirme le scénario de "Retrouve-moi". La fameuse Route 66 est assurément la plus célèbre du monde, mais il n‘en reste plus grand chose. Abîmée par le temps faute d‘entretien, la Route 66 ne déploie plus sur le continent américain qu’une très irrégulière bande bitumeuse. Toutefois, le mythe est vivace. Si il est romanesque, ce grand axe a aussi connu sa part d’horreur. Voici quelques années, un serial killer y a semé les cadavres d’innocentes fillettes. Un sanguinaire jeu de pistes que suivent aujourd’hui leurs parents éplorés, ainsi que l’inspecteur Kathy Mallory. Du moins c’est ce que supposent ses équipiers new-yorkais, car elle n’a pas laissé d’explication à sa course folle. Excepté, peut-être, le corps sans vie d’une inconnue dans son appartement. Ce qui n’explique rien. Un mystère que Mallory partage avec cette route mythique, un mystère qui a tout d’un passé commun…

Dirigeons-nous maintenant vers la Scandinavie, et plus précisément la Suède, pour les deux polars suivants. Avec, d’abord, le roman de Jens Lapidus "Stockholm noir - L’argent facile". Ville touristique incarnant le rêve nordique, Stockholm possède de plus sombres facettes. Prostitution, narcotrafic, crime organisé : sous les eaux calmes de la capitale suédoise, les gros poissons mangent les petits, prêts à tout pour s’imposer. Le nerf de la guerre ? La cocaïne. À Stockholm la noire, la Blanche règne en maître. Dans la faune cosmopolite qui peuple ces bas-fonds, Jorge, dealer en cavale, fait figure de fretin. Et sa spectaculaire évasion est loin de le mettre à l’abri. Il en sait trop, la pègre veut sa peau. JW, jeune étudiant ambitieux et sans scrupule, ne va plus faire le taxi pendant très longtemps. À l’autre bout de la ville, un membre du cartel yougoslave, Mrado, tente de gagner la garde de sa fille – et son passif d’ogre sociopathe ne joue guère en sa faveur. La rencontre de ces trois-là risque d’entraîner des situations explosives.

Restons dans ce pays avec le roman d’Aino Trosell, "Si le cœur bat encore", qui a reçu le prix du meilleur roman policier suédois. Au moment où une vague d’attentats néonazis secoue la Suède, l’aide-soignante Siv Dahlin trouve refuge dans la maison de sa tante, récemment disparue. Isolée dans ce village de campagne, elle peut ainsi oublier ni ce décès brutal, ni la trahison de son mari dont elle vient de découvrir l’infidélité. En quête de sérénité, la jeune femme va être rapidement déstabilisée. Très vite, ses voisins révèlent les dessous inquiétants de leur personnalité. Ces gens semblent tous traîner un passé trouble, sur fond d’obscurs souvenirs de guerre. Un bal des masques à laquelle sa propre tante n’était peut-être pas étrangère.

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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 06:17
 

Les mythes entourant les Vierges Noires se prêtent à toutes les interprétations. Tel est le thème, richement documenté, du nouveau roman de Philippe Mignaval "Vierge Noire" (Le Pré aux Clercs). S’il nous offre moult précisions sur le sujet, l’auteur n’oublie pas de développer une vraie intrigue criminelle. Le mystère plane sur la mise en scène des cadavres. La menace est omniprésente autour d’Alban et de ses proches. Quelqu’un, parmi ceux qui s’intéressent à la part mystique de ces statues, pousserait-il la passion jusqu’aux meurtres ? L’auteur nous offre aussi quelques dialogues souriants, qui sont les bienvenus.

Voici un petit résumé de l’histoire : Georgette, centenaire, est la dernière habitante de Font-Sainte, le hameau natal d’Alban Vertigo. Avant de partir en maison de retraite, elle lui confie “les affaires de la chapelle”. Ces statuettes, reliques et lettres, Alban va les garder en dépôt chez lui. Avec Eudes, son fils au look gothique, il découvre un vieux courrier concernant la Vierge Noire du Puy-en-Velay. Cette mythique statue aurait inspiré toutes les autres, dit-on. Officiellement détruite lors de la Révolution, il semble qu’elle ait été sauvée et cachée par un prêtre. Alban se renseigne auprès d’un curé et d’un instituteur érudit, visite le musée local. Inspectant clandestinement la chapelle de Font-Sainte avec son fils, ils y trouvent le cadavre du curé consulté, étrangement mis en scène.

Le policier Gargovitch ne soupçonne pas réellement Alban, qui poursuit ses investigations dans le microcosme des admirateurs de la Vierge Noire. Auphanie, l’ex-épouse d’Alban, prétend avoir des talents en matière d’ésotérisme. C’est une amie du nommé Vital, un gourou fumeux. Alban est contacté au sujet de son enquête par une “dame orange” (une antiquaire hollandaise prénommée Marieke), et par la jeune journaliste Valentine. Un prétendu moine copte, Athanase, affirme que la Vierge Noire est passée par l’abbaye de l’Estargue, aujourd’hui détruite. Après un cambriolage chez Alban, un couple tente d’enlever Georgette à la maison de retraite. L’experte parisienne qu’Alban avait rencontrée peu avant est assassinée, avec une mise en scène identique que pour le curé.

La psy Armelle assiste le policier Gargovitch. Elle estime qu’il s’agit d’espèces de sacrifices humains. Quant au concept d’ethnopsychiatrie, il échappe un peu à Gargovitch. Alban retrace le trajet de la Vierge Noire depuis sa disparition. La statue fut cachée au collège de la Sainte-Trinité, avant d’appartenir à un collectionneur paralytique. D’abord peu coopératif avec Alban, celui-ci croit que la statue a des origines antiques. Le druide Gérald Ker prétend, lui, que c’est la représentation de la déesse celte Angona. D’autres victimes sont à craindre. Alban, son fils, Auphanie et Valentine, ne sont pas à l’abri du danger.

En 2006, Philippe Mignaval avait déjà publié "Gévaudan" (Le Pré aux Clercs). En voici la présentation : 19 juin 1767. Jean Chastel, un paysan, tue la Bête du Gévaudan (qui s’attaquait aux femmes et aux enfants) après qu'elle ait attaqué et tué sa centième victime. La bête est embaumée et expédiée à Paris, où elle est examinée par Buffon, sur ordre de Louis XV. Il s'agit, écrit-il, d'un loup de taille remarquable, hélas dans un état de putréfaction si avancé qu'on s'en débarrasse rapidement. Ainsi prend fin le parcours sanglant du monstre, et commence son mystère. Est-on sûr que le loup expédié à Paris était bien la Bête?… De nos jours, à Ribeyrevieille, petite ville du Gévaudan proche de Saint-Flour. A l'issue d'une conférence, une jeune femme nommée Margeride approche un scientifique venu parler de clonage. Elle lui révèle que sa famille détient depuis le 18esiècle une relique effroyable : un fragment de peau et de fourrure ayant appartenu au monstre. Ensemble, ils parviennent à recréer l'animal fabuleux, mais leur créature s'échappe et les meurtres d'enfants recommencent. Avec la même interrogation que jadis : la Bête agit-elle seule ou obéit-elle à un maître ?

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 06:30

Le salon du livre de Vannes, les 20 et 21 juin 2009, est un salon généraliste où l’on peut croiser quelques auteurs de polars, des écrivains qui sont proches du genre (Marco Koskas), ou d’autres qui ont écrit des romans noirs (Michel Quint). Voici un petit reportage photo sur cet évènement (réalisé le 20 juin).

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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 07:02

Alors qu'arrive l'été, cette animation vidéo vous propose un retour sur cinquante suspenses publiés au printemps 2009. Une grande diversité de genres et de talents, comme il se doit !


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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 06:44
 

Dans "Petits meurtres entre voisins" (Denoël, 2009) la Hollandaise Saskia Noort décrit avec une belle justesse l’hypocrisie régnant en général dans un cercle d’amis. Quels que soit le niveau social ou la tranche d’âge, la superficialité des rapports dans ces groupes se constate partout. Sous le masque de la convivialité, les liens manquant de sincérité attisent de fourbes reproches et de sourdes jalousies. Comme dans le monde animal, il y a toujours un “dominant” qui fait figure de chef. Les portraits de ces femmes, isolées dans leur cage dorée, et de ces hommes trop sûrs de leur statut, semblent assez proches de la réalité. C’est dans un tel contexte que se situe ce suspense criminel. Soupçons et hypothèses autour de deux cas litigieux alimentent une très bonne intrigue, nuancée, dont la fluidité narrative est fort agréable. Petit résumé de ce roman convaincant :

Aux Pays-Bas. Karen, son mari Michel, et leurs deux fillettes, sont des citadins venus d’Amsterdam, installés depuis quelques mois dans ce village. Ils ont bientôt sympathisé avec un groupe d’amis, trentenaires avancés, ayant réussi socialement. En devenant proche d’Hanneke, femme active comme elle, Karen a lié connaissance avec Patricia, Babette et Angela. Toutes cinq ont crée le Club de Dîneurs, où chacune organise des soirées festives, avec leurs maris. Épouse du riche Simon, Patricia étale nettement plus de luxe que les autres. Il leur arrive de s’alcooliser lors de ces soirées, mais l’ambiance reste chaleureuse.

Une nuit, un incendie ravage la maison de Babette. Elle est sauve, ainsi que ses deux fils, mais son mari Evert a péri. On comprend vite que c’est Evert qui, par désespoir suicidaire, a voulu se supprimer avec sa famille en brûlant leur maison. Ses amis le savaient dépressif ; il avait même été interné quelques temps. Mais nul n’aurait imaginé le pire. Babette est accueillie chez Karen et Michel. Particulièrement touchée, Hanneke disparaît une nuit, se réfugiant dans un hôtel d’Amsterdam. Babette avoue à Karen que son mari et Hanneke ont eu une liaison amoureuse, la priant de ne pas en parler. Le lendemain, on apprend qu’Hanneke est tombée du balcon de sa chambre d’hôtel. Elle est hospitalisée dans un état critique, plongée dans le coma.

Accident, suicide, alcool, la policière Dorien Jager n’exclut aucune éventualité. Bien sûr, la mort de son ex-amant a pu lui donner l’envie d’en finir. Curieux pourtant, car elle avait fixé rendez-vous à Karen pour son retour. L’incendie, la mort d’Evert, s’expliquent aisément : c’était finalement un loser, en proie à des délires violents, se disputant souvent avec Babette. Evert s’était lourdement endetté, au-delà de ses capacités. Karen est attirée depuis longtemps par le charismatique Simon. Un soir, il font l’amour en cachette. La jeune femme sait qu’elle ne doit pas s’amouracher de cet amant, qui cumule les succès féminins. Dorien Jager poursuit son enquête sur la mort suspecte d’Hanneke, interrogeant entre autres Karen.

Peu après, Karen sent planer un malaise : elle est accusée par ses amis d’avoir révélé des secrets à la policière, ce qui est faux. La confiance ne règne plus avec Patricia et Angela ; seule Babette reste amicale envers Karen. La jeune femme réalise le rôle prépondérant de Simon parmi eux. Elle reprend contact avec Dorien Jager qui, bien qu’écartée de l’enquête, connaît trop bien Simon pour lâcher sa piste.

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