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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 06:24

 

Les “business thrillers” de Joseph Finder bénéficient d’une narration entraînante qui les rend particulièrement passionnants. Personnages forts, manipulations, contextes professionnels, tous les éléments sont très crédibles. Si la tension monte, le récit fluide ne manque pas d’un certain humour ironique. Voici deux titres de cet auteur.FINDER-1

Company man- Nick Connover dirige à Fenwick, petite ville du Michigan, une importante entreprise de meubles de bureau, la société Stratton. Sa réussite professionnelle est remarquable. Veuf depuis un an, il s’occupe de ses deux enfants, la petite Julia (10 ans) et le turbulent Lucas (16 ans). Nick était apprécié de tous. Mais les investisseurs dont dépend Stratton cherchent le bénéfice maximal, sous prétexte de mondialisation. Nick a dû licencier 5000 employés, la moitié de son effectif. Depuis, on le surnomme “Nick La Hache” dans cette ville secouée par une crise sociale.

Bien que sous surveillance, sa luxueuse villa a été visitée par un inconnu, qui a inscrit des menaces sur les murs. Le chien de la famille a même été retrouvé poignardé dans la piscine. Nick se laisse convaincre de prendre un révolver, au cas où ses enfants seraient en danger. Il finit par abattre celui qui s’introduisait chez eux. La légitime défense est discutable. Le cadavre est découvert dans une benne à ordures. C’est Audrey Rhimes, de la police criminelle, qui est chargée de l’enquête. Mariée à un employé licencié par Nick, elle est la seule black et l’unique femme de la police locale. D’un caractère fort sans être insensible, Audrey est opiniâtre. Cassie, la fille de la victime, l’identifie et admet que son père était schizophrène. Nick sympathise avec elle, sans lui révéler la vérité. Par ailleurs, il est de plus en plus fragilisé au sein de sa société. Le chef de la sécurité et le directeur financier jouent un trouble jeu. Audrey est certaine que Nick a des choses à cacherFINDER-2

L’instinct du tueur- Jason Steadman, 30 ans, est cadre commercial chez Entronics à Framingham, près de Boston. Finalement enceinte, son épouse Kate, l’incite à monter en grade. Par hasard, Jason sympathise avec Kurt Semko. Ancien des “Forces Spéciales” en Afghanistan et en Irak, il a été exclu de l’armée américaine. Grâce à Jason, il obtient un poste à la Sécurité chez Entronics. Kurt n’est pas un ingrat. La compétition interne est rude pour devenir vice-président de division. Jason n’est pas le favori de son supérieur Gordy, qui préfère Trevor ou Gleason. Il faut posséder “l’instinct du tueur”, d’autant que la haute direction japonaise augmente la pression. Grâce à des infos transmises par Kurt, Jason récolte de beaux succès commerciaux. Il convainc même un excellent vendeur de rejoindre Entronics.

Dans le même temps, ses adversaires sont poursuivis par la poisse. Ils ratent des démonstrations ou des rendez-vous importants, perdant des contrats. Sans enthousiasme, Gordy choisit Jason pour le poste convoité. Malgré les manœuvres de son supérieur visant à le rendre impopulaire, Jason résiste. Il peut compter sur la fidélité de Kurt, un peu trop présent, qui compare la vie en entreprise à la guerre. Jason risque de rater un gros contrat, raflé par une autre société. Mais leur matériel est curieusement défectueux. Jason récupère l’affaire. Il réalise que c’est, une fois encore, Kurt qui est intervenu. Il va mettre hors course deux autres collègues de Jason. Prendre ses distances avec l’envahissant Kurt n’est pas si simple…

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 06:10

 

GUERIN-2010Françoise Guérin nous annonce la parution de son prochain recueil : “Quatre carnages et un enterrement” prévue pour le 26 mai 2010 aux Éditions D’un Noir si Bleu.

Ce recueil, d’un genre nouveau, associera des nouvelles policières dont une nouvelle proposée dans deux versions différentes, des pistes et des conseils d’écriture. Il s’adressera à tous les publics mais, chose notable, pourra être conseillé aussi aux adolescents qui aiment écrire. Il pourra être utilisé dans les classes à partir de la Troisième, dans une perspective pédagogique.

Deux auteurs ont collaboré à ce travail :

Gaël Gratet, professeur de lettres, a écrit un article très pertinentsur l’enquête à laquelle doit se livrer le lecteur de nouvelles policières. Ses réflexions devraient intéresser aussi les auteurs.

Claude Mesplède, auteur et critique de littératures policières, a gentiment accepté de rédiger une préface très mesplèdesque. Et comme c’est un homme généreux et passionné, le recueil s’enrichit d’une notice historique sur la nouvelle policière.

A noter qu’un complément pédagogique sous forme de PDF devrait être proposé gratuitement en ligne pour favoriser l’exploitation du livre dans les classes ou ateliers d’écriture. Si, parmi les lecteurs de MCD, des enseignants de Lettres, documentalistes, bibliothécaires ou animateurs d’ateliers d’écriture sont intéressés pour participer à la rédaction de ce complément pédagogique, contactez Françoise Guérin via son blog :

http://motcomptedouble.blog.lemonde.fr/

Le livre sera prochainement disponible auprès des libraires et sur le site :

http://www.dunnoirsibleu.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=53 GUERIN-2007

 

Rappelons que Françoise Guérin est l'auteur de “A la vue, à la mort” (Le Masque, Prix du premier Roman au festival du film policier de Cognac 2007 et Prix Jean-Zay des lycéens 2008) : « Dans la banlieue sud de Paris, deux et bientôt trois crimes atroces sont commis selon un scénario énigmatique. Chaque fois, on retrouve la victime énucléée et vidée de son sang au cœur d’une étrange mise en scène. Très vite, le commandant Lanester, profileur d’exception chargé de l’affaire, se heurte à la logique du criminel que tout le monde a surnommé Caïn : que signifie cet œil noir peint au-dessus des corps mutilés ? Lanester est tellement épouvanté par ce qu’il découvre qu’il en perd littéralement la vue. Aidé de son second, Bazin, et d’un chauffeur de taxi providentiel et désœuvré, il continue pourtant l’enquête, à l’aveugle et à la barbe de ses supérieurs. Mais c’est dans un voyage éprouvant au cœur de sa propre nuit, que l’homme trouvera des réponses inespérées aux grandes questions de son existence.» (présentation éditeur).

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 06:08

 

Le nouvel opus des tribulations du Poulpe est signé Sébastien Gendron. AvecMort à Denise(Éd.Baleine), c’est dans une île paradisiaque que Gabriel va vivre une grande expérience.

Son ami Vlad met Gabriel Lecouvreur en contact avec un riche Roumain, Nicolae Colinde. Ce dernier a placé cinq millions dans un paradis fiscal des Caraïbes. Le fric étant aujourd’hui bloqué, il charge Le Poulpe de le récupérer, moyennant un gros pourcentage. Laura, journaliste BCBG veut absolument consacrer un article élogieux à Gabriel. Voilà sans doute l’occasion pour lui de montrer ce dont est capable Le Poulpe, un peu mou ces temps-ci. Sans lui confier les détails de sa mission, il embarque la jeune femme avec lui dans l’avion, direction Markinson.

GENDRON-PoulpeQu’en est-il de la situation politique sur Markinson Island ? La présidente Denise Goval, qui ressemble plus à Oprah Winfrey qu’à Halle Berry, règne sur l’île. Son pouvoir tranquille est incontesté. Mais son conseiller Eliot MacDada estime qu’il est temps d’inventer une opposition. Il a choisi une bande de fumeurs de joints corsés, l’association Second Way. Les frères Jackson et leur demi-douzaine de copains amateurs de pétards puissants n’ont rien d’opposants. C’est pourtant à eux qu’on attribue les faux attentat visant la présidente Denise Goval. Le sniper a volontairement blessé légèrement le premier ministre. Bob Jackson, de Second Way, a été arrêté par son shérif de beau-frère. Si on lui a extorqué des aveux, Bob Jackson ne tarde pas à s’évader avec l’aide de son frère Jackson Jackson.

Alors que Gabriel et Laura viennent d’arriver sur l’île, une explosion vise le palais de la Présidence. Encore une initiative de MacDada, faux attentat médiatisé prétexte à couper Markinson du reste du monde. Gabriel entre bientôt en relation avec les Second Way, ce qui lui vaut d’être emprisonné comme complice de l’opposition. C’est ainsi qu’il apprend que l’île risque d’être prochainement vendue aux sociétés internationales du tourisme. Le Poulpe s’évade, rejoignant Laura et les Second Way. Il leur explique : “Goval va virer tous les habitants de cette île et transformer Markinson en parc d’attraction pour multimillionnaires. Dans deux ans, au plus tard, c’est fait.” Les incitant à calmer leurs joints anesthésiants, il entreprend de les éduquer à la Révolution.

Pas de problème pour financer son projet révolutionnaire : il suffit d’utiliser le pactole du Roumain. Tandis que Gabriel vire à la couleur orange et que Bob Jackson se fait raser les dreadlocks, Gladys Jackson (l’épouse du shérif) les aidera peut-être pour les tracts. Mais ils doivent avant tout se procurer des “jonquilles”. Pedro, le vieux copain du Poulpe, a quelques contacts. Le QG des opposants est désormais un yacht navigant entre l’île et le Venezuela. Ils vont y recevoir la marchandise, et de précieux conseils pour réussir leur révolution…

C’est un épisode cinématographique que nous présente Sébastien Gendron dans cette nouvelle aventure poulpesque. En effet, le titre de chaque chapitre est un jeu de mot se référant à un classique du cinéma (“Nos sphères à tous”, “Amarres, cordes”, “Les détaxés”). Le scénario est également celui d’un film d’action, agité et même explosif. L’histoire s’éloigne un peu du cadre habituel de la série des Poulpe. Sans doute est-ce bien délirant, notamment grâce à cette bande de rastas entraînés au-delà de leur volonté. Toutefois, on trouve ici peu de militantisme actuel. Certes, “ça lui fait plaisir à Gabriel d’assister à ce grand moment d’anarchie exutoire”. Éternel thème de l’idéal révolutionnaire qui, admet finalement Pedro, ne résout pas grand-chose. L’essentiel est que les nombreuses et sympathiques péripéties nous font passer un très bon moment.

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 06:34

 

Quoi de neuf dans la collection Domaine policier, chez 10-18 ? Commençons par présenter un inédit de la regrettée Magdalen Nabb : "Au nom du sang".

NABB-2010Alors qu’elle promène son chien dans les rues de Florence, une femme est enlevée. Elle va être séquestrée dans une grotte par des inconnus. Au palais Pitti, siège de la police, l’intuitif et perspicace adjudant Guarnaccia approche la famille de la comtesse Olivia Brunamonti. Celle-ci a disparu depuis plusieurs jours. Il fait la connaissance de Caterina, la fille de la victime. Guarnaccia comprend bientôt le rôle ambigu joué par la jeune Caterina. Bien que ce soit elle qui ait prévenu la police, elle semble tout mettre en œuvre pour entraver sa libération. De leur côté, les ravisseurs réalisent qu’ils se sont trompés de cible. Ils s’apprêtent à éliminer leur victime. L’adjudant Guarnaccia espère que la piste mafieuse lui permettra d’avancer dans son enquête.

« Pour Guarnaccia, les nouvelles étaient à la fois bonnes et mauvaises. Mauvaises, parce qu’on était venu déranger ces gens à tort. Bonnes parce que, loin de nuire à l’enquête, c’était ainsi qu’il fallait procéder - d’autant qu’il aurait été difficile de justifier le coût de l’opération si elle avait été confiée aux carabiniers. La piste de Salis n’était pas la bonne, comprit-il soudain. Sa traque, justifiée, rendrait service aux vrais coupables et lui feraient du tort…»

FLANAGAN-2010Direction l’Australie, avec Richard Flanagan : "La fureur et l’ennui".

Gina Davies est strip-teaseuse. Son nom de scène : la Poupée. Au Chairman's Lounge, elle danse nue et ramasse les dollars. Ces dollars qui lui permettront de s'offrir ce dont elle rêve : un nouveau sac, un appartement, la respectabilité... Et qui lui feront peut-être oublier la vie misérable, jalonnée de drames, qu'elle a laissée derrière elle.

Un soir, la Poupée succombe au charme de Tariq. Après une nuit torride, son amant disparaît. Au matin, cinq bombes sont découvertes. Sur les écrans, la même image passe en boucle : un homme, une femme – Tariq et la Poupée, les deux principaux suspects. La chute de la Poupée est proche : crucifiée par les médias, montrée du doigt par une société en quête de victime expiatoire, elle n'a d'autre choix que de se lancer dans une fuite forcément désespérée...

Dans une Sydney gangrenée par la peur du terrorisme, la descente aux enfers d'une femme trop fragile, PLAQUE1la radiographie sans concession d'une société paranoïaque et cruelle, et d'une hystérie médiatique savamment orchestrée. Un roman impressionnant, nerveux et sombre, ancré dans une troublante actualité.

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 06:17

HERIOT-2010Le deuxième roman de Franck Hériot, "La vengeance du Djinn" (Le Cherche-Midi éd.) sera disponible dès le 6 mai 2010. Entre Paris et Rome, des cadavres de notables sont retrouvés carbonisés. Près des corps, des extraits en lettres de sang d'un poème de Victor Hugo consacré aux djinns, créatures mi-anges mi-démons. Le commandant Gorin, de la Crim', et le lieutenant Pensec mènent l'enquête dans le milieu des missions humanitaires et des ONG. De sombres secrets y semblent cachés depuis longtemps...

 

Le premier suspense de Franck Hériot, "La femme que j'aimais" avait déjà obtenu le Prix des Mouettes-création littéraire en 2009 et le Prix du Printemps des lecteurs 2010. "La femme que j'aimais" vient encore d'être récompensé à Liège, obtenant le Prix de la "Plume de Cristal 2010".

 Action-Suspense a souligné les qualités de ce roman (cliquez ici).

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 06:07

 

Le journaliste Léo Tanguy possède ses propres méthodes, son environnement personnel. Les sujets qui l’intéressent sont principalement humanistes. Il nous le montre une fois encore dans cette aventure signée Arnaud Le Gouëfflec :Mon nom est Person (Coop Breizh, 2010).

Si le cyber-journaliste Léo Tanguy rejoint Brest, ce n’est pas pour chroniquer le bulletin météo de la tempête monstrueuse qui est annoncée. Certes, le nouveau préfet Viager argumente sur la sécurité des citoyens, mais avec une sale arrière-pensée en tête. Soutenues par des militants favorables aux sans-papiers, des familles de clandestins ont installé un camp sur le port de Brest. Le préfet et le commissaire Giroud espèrent les déloger, sous prétexte de ne pas les exposer à la tempête à venir.LE GOUËFFLEC-2010 Depuis qu’il est retraité, Jean Person s’est passionné pour la cause des sans-papiers aspirant à s’intégrer en France. Pas avare de déclarations et d’actes spectaculaires, il apparaît intouchable pour les autorités. C’est Jean Person qui a alerté Léo Tanguy sur la situation brestoise actuelle. Sur place, Léo est logé et renseigné par son ami Yves, journaliste d’Ouest-France.

Quand Léo se présente au camp des sans-papiers, il est reçu par la dynamique retraitée Mathilde. Elle exprime clairement leur combat : “On n’est pas des idéologues, on n’a pas de solutions à proposer. Juste des gens normaux qui ne peuvent pas supporter d’en voir crever d’autres sous leurs fenêtres. Y en a qui comprennent jamais ce qui est évident. Ces gens-là, il leur manque une case dans le cœur. Et le problème, c’est qu’en ce moment, c’est eux qui font les lois.” Jean Person a disparu depuis peu. Pas le genre à lâcher ceux qu’il défend dans une période aussi critique, pourtant. Le lendemain, Léo fait avec Mathilde la tournée des planques à clandestins. Le cas du vieux Josset, qui héberge trois hommes bien différents, est déjà exemplaire. Surtout, il y a Kondo, qui vit dans une caverne bétonnée, véritable musée d’art brut. Malgré la sympathie, le vieux Noir ne livre sans doute pas tout ce qu’il sait.Ce n’est pas Suzie, la copine de Léo employée à la Préfecture, qui défendra ce Grand Inquisiteur qu’est son actuel patron Viager. Quant au commissaire Giroud, il a déjà repéré Léo.

Notaire et ancien élu, maître Toqueduc ne cache pas son hostilité contre Jean Person. Même si ses discours fascisants n’impressionnent plus guère, il reste inquiétant. La police surveille toujours le camp : “C’est fou ce que ça peut prendre patience, un pandore. Comme les alligators le long des berges du Nil : une apparence de tronc d’arbre et une détente mortelle. Pour l’instant, ils s’économisent.” Léo enquête chez Person, dans un bar spécialisé en spectacles rastas. On confirme qu’il n’aurait pas disparu sans raison. Si Person n’est pas sorti en mer, il est passé s’occuper de son petit bateau. La police daigne vérifier l’info. Mais c’est du côté de la famille Toqueduc que les pistes se dirigent. Kondo a disparu, sa caverne a été saccagée. Pas de hasard, estime Léo. Tandis que l’énorme tempête arrive sur Brest, le préfet sévit et les militants réagissent. Malgré la météo et le danger, Léo poursuit l’enquête…

Comme tous les héros secoués par les éléments déchaînés, Léo Tanguy a besoin d’une bouée de survie. Cassandre Draguénnec est océanographe à Ifremer, une mystique attachée aux signes du destin et autres concepts spirituels. Des idées pas si éloignées de celles du vieux Kondo, finalement.

Bien sûr, c’est la cause des clandestins qui est une fois encore au centre de l’enquête de Léo. Si on le traite de naïf, il n’oublie pas qu’aucune de ces personnes n’a fui son pays de gaîté de cœur, et que beaucoup veulent s’intégrer. La désobéissance citoyenne contre de mauvaises lois n’est pas une faute, c’est un honneur. Évitant toute lourdeur démonstrative, l’auteur s’amuse souvent des clichés, sur les fachos peu convaincants autant que sur les utopistes gauchistes intransigeants. Tonalité enjouée, que l’on apprécie toujours. L’affaire est mouvementée à souhaits, pleine de péripéties, cultivant un bon suspense. Voilà encore un épisode très convaincant des pérégrinations du cyber-journaliste de l’Ouest. Plus que jamais dénonciateur d’injustes répressions, il apparaît tel un proche cousin de Gabriel Lecouvreur (Le Poulpe). Arnaud Le Gouëfflec donne du corps, une singularité supplémentaire à cet excellent personnage.

Mes chroniques sur d'autres enquêtes de Léo Tanguy (cliquez sur les titres):

Martial Caroff "Liberté pour la libertine" - Jean-Bernard Pouy "Rosbif saignant" - Isabelle Amonou "VAL sans retour" - Jean-Noël Levavasseur "Irish confit"

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 06:38

En ce printemps 2010, les éditions Après La Lune nous présentent un recueil de nouvelles, où “Caryl Férey invite Sophie Couronne”. Complices d’écriture, ces deux auteurs ont publié un très bon Poulpe, “D’amour et dope fraîche” (voir ci-dessous). Ici, ils nous donnent quatre textes, d’inspiration personnelle. Un recueil très réussi.

FEREY-COURONNE-2010Fond de calede Caryl Férey. Marie, 19 ans, déjà écœurée de la vie, est de retour à Brest. Elle veut retrouver Pierrot, son premier amour, artiste peintre pratiquant des collages. Elle contacte un docker surnommé Le Cinglé, qui n’en sait guère plus. C’est au bistrot d’Alain, vieux copain de Pierrot, que Marie apprend qu’il a squatté durant deux mois l’ancienne prison de Pontaniou. Elle s’y installe, s’isole pour restaurer les lambeaux des collages de Pierrot, pensant y trouver un signe de lui. Elle recueille et soigne Gérard, la mouette blessée. Oiseau fragile, elle aussi, Marie sait qu’elle n’a rien à espérer dans un monde sans pitié. Couleur noir désespoir pour cette nouvelle, qui fut publiée dans le recueil collectifBrest, l’ancre noire” (Éd.Autrement, 2003).

L’âge de pierrede Caryl Férey. Pendant leur enfance, tout oppose les deux frères. Le cadet qui tarde à grandir, on le prend pour un petit efféminé. L’autre, l’aîné, il est tout en muscles. Sportif viril, il a pratiqué le judo, puis le foot et le tennis. C’est un compétiteur brutal, hermétique à la finesse. Malgré ses aptitudes, il rate ses penalties et manque de revers. Violent dans la défaite, il attribue ses échecs à la malchance. L’aîné fait à son jeune frère une réputation de pédé qui mérite sa branlée. Il est vrai que les amis du petit sont ambigus, un peu trop tendres entre eux. On peut avoir des traits féminins, être entouré de tantouzes, tout en étant attiré par les filles. Le genre de subtilité qui échappe au sportif borné. L’aîné est nul à l’école. Colérique, il fait voler livres et cahiers. Quand ils jouent ensemble, il impose ses propres règles. Si un jeu réclame du raisonnement, il invoque encore injustice et manque de bol. Les centres d’intérêt de son frère trop sensible, il s’en moque. Mais le cadet est un rusé renard qui sait se faire câliner par les filles… La virilité face à la sensibilité, le muscle contre l’esprit, voilà un problème que beaucoup ont dû affronter durant l’enfance. Le portrait du grand frère, stupide et tyrannique, champion sans cerveau, est un pur régal. Victime désignée, le petit narrateur se montre le plus futé. On est vite séduit par cette histoire ironique, vive et juste, qui fut publiée dans la collection "La maîtresse en maillot de bain" (2006).

La décalcomaniede Sophie Couronne. La jeune Zita sait qu’elle est, comme sa jeune sœur, un enfant non désiré. De ce fait, les relations avec sa mère ont toujours été fausses. Son père étant militaire, Zita loge d’une caserne à une autre.La caserne c’est une sorte de bulle étanche, loin de la vie civile, laquelle n’est peuplée que de dangers, d’irresponsables et de gauchistes.Malgré l’esprit rigoureux, il y a là autant d’ados à problèmes qu’ailleurs. Très tôt, Zita a été déclarée surdouée. Elle est devenue une grande lectrice, s’intéressant à une large diversité de sujets. Zita supporte mal sa couleur de cheveux.Parce que je suis rouquine, en plus d’avoir des hormones en état de marche beaucoup trop tôt, et des petites cellules grises qui carburent beaucoup trop vite pour mon âge. Je les accumule, c’est sûr. Je suis une chierie.Zita déteste la couleur beige, et le catéchisme, la religion en général. Sans doute parce qu’elle a eu des grands-parents bourgeois, pieux à l’excès. Tout ça l’a rendue dépressive…

Djeddahde Sophie Couronne. Adulte, Zita exerce le métier d’ingénieur du son. Un peu larguée côté cœur, elle accepte un job particulier, une fête pour le mariage d’un prince, fils du boss de la plus grande banque d’Arabie Saoudite. Zita remarque qu’on ne lui demande aucune formalité avant de prendre l’avion. Quatre autre techniciennes ont été engagées, ses compagnes de voyage. Avec leur accompagnateur, Farid, les cinq jeunes femmes doivent faire une étrange escale à Vienne. Le consul leur envoie sa Rolls et les invite chez lui. Ivre ce soir-là, il ne devrait pas les confondre avec un harem. Malgré les hésitations des filles, le périple vers Djeddah se poursuit. Bonnes surprises ou grands risques pour Zita, le voyage devient une épopée aventureuse… On ne sait si les deux nouvelles de Sophie Couronne comportent une part autobiographique, mais elles sont savoureuses. Sa narration enjouée les rend très vivantes et crédibles. Un talent à découvrir !

FEREY-COURONNE-2009Des mêmes auteurs, une aventure du Poulpe et de sa Chéryl : “D’amour et dope fraîche” (Baleine, 2009).

Gabriel Lecouvreur séjourne dans les Pyrénées, pour une cure destinée à soigner sa sciatique. Le régime culinaire minimum et la promiscuité avec les autres curistes n’amusent guère Le Poulpe. Il écrit une lettre quotidienne à sa Poulpinette restée à Paris, la blonde Cheryl. Ce jour-là, pour s’évader du ghetto curatif, Gabriel se promène en montagne. Soudain, il voit passer comme une flèche un athlète noir nu, qui court tel un halluciné. Le sportif chute dans un ravin, le corps disloqué. Le Poulpe ne peut rien pour lui. Il est probable que le coureur vienne du Centre d’entraînement de Font-Romeu, où les équipes françaises se préparent actuellement pour les prochains Jeux Olympiques. Les jours suivants, Gabriel ne trouve pas d’écho dans la presse de ce décès surprenant. Alors que la visite du ministre des sports Bernard Lapoutre est annoncée, Le Poulpe tente sans succès de pénétrer dans le Centre de Font-Romeu. Ce bunker bien trop protégé, ça ne peut que l’exciter.

À Paris, Cheryl a été hospitalisée après une agression sexuelle. L’intrépide coiffeuse menait une enquête suite à la disparition de Laetitia, sa stagiaire. Au club Le Wagon, Cheryl a approché le nouveau petit ami de la jeune fille, Nicolas. Il a utilisé une “drogue du violeur”, différente du GHB mais avec les mêmes effets sur la mémoire. Via Internet, Cheryl recoupe quelques infos sur les drogues existantes. Bientôt requinquée, elle quitte l’hôpital bien décidée à poursuivre ses investigations. Elle commence par changer d’aspect, se grimant en brune fatale. Après avoir testé le nouveau look au bar de Gérard, qui ne la reconnaît pas, Cheryl retourne sur la piste de Nicolas.

De son côté, Gabriel rencontre deux jeunes filles délurées circulant dans une Porsche volée. Copines de plusieurs sportifs logés à Font-Romeu, elles sont sans nouvelles de leurs étalons. Car ces fieffées sauteuses se régalaient, question sexe, avec les athlètes. De précieuses alliées pour Le Poulpe, ces deux greluches. Les journaux annoncent finalement la mort “accidentelle” du coureur Noir, version officielle bien éloignée de ce qu’a vu Gabriel. Avec l’aide des filles, il parvient à entrer dans le Centre, le jour de la visite du ministre des sports… Cheryl, elle, a joué le coup en finesse avec le furieux Nicolas. Elle est parvenue à droguer le drogueur. Chez lui, tandis qu’il plane, Cheryl fouille dans son ordinateur, y trouvant d’utiles indices. Mais, quand interviennent deux brutes, Cheryl est en danger…

Étant bien entendu que l’éventualité du dopage dans le sport ne repose que sur des médisances sans preuves, que jamais aucun champion n’a été dépisté positif à quelque stupéfiant plus ou mois masqué, cette histoire relève donc de la pure fiction. Quant au rapport entre sport, politique et enjeux financiers (ou pharmaceutiques), il va de soi que tout est transparent et sain dans cet univers-là. Les auteurs expriment ce mauvais esprit anti-sportif qui empêche nos athlètes de remporter toutes les médailles qu’ils méritent. Ce n’est pas parce que Caryl Férey a raflé la plupart des Prix du polar pour “Zulu”, et qu’on sent une belle complicité d’écriture entre Sophie Couronne et lui, qu’il faudrait lire cet épisode du Poulpe. Ne cautionnons pas ce duo, qui ne respecte pas l’innocence présumée du monde sportif. Ou alors, lisons-le en cachette, car on s’amuse réellement beaucoup avec cette fort sympathique aventure où Cheryl et Gabriel sont autant impliqués l’un que l’autre.

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 06:18

 

Les 22 et 23 mai 2010 à Besançon (Kursaal), l’association "Pas serial s’abstenir" présente son 13e Festival des Littératures Policières noires et sociales. Diverses animations sont proposées à la médiathèque de Montrapon et à L’Entrepôt (chemin de Casamène). Le samedi 22 mai, débat à 15h30 sur le thème des prisons.

Les auteurs annoncés au salon du livre (les samedi et dimanche, à partir de 14h) :

Catherine Fradier, Marie Vindy, Karine Giebel, Dominique Manotti, Nadia Menager, Nathalie Michel, Joseph Incardona, Philippe Bouin, Romain Slocombe, Éric Halphen, Ayerdhal, Mouloud Akkouche, Serge Quadruppani, Joe G.Pinelli, Jean-Hugues Oppel, Nan Aurousseau, Didier Fohr, Bernard Mathieu, Roger Martin, Nicolas Robert, Mario Morisi, Hervé Delouche.

BESANCON-1

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