Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 07:24
 

C’est au tour de Jean-Paul Jody (“La route de Gakona”) de nous raconter une des aventures de Gabriel Lecouvreur. Dans “Vingt mille vieux sur les nerfs” (Ed.Baleine), le militantisme des personnages n’est pas abstrait. Au point que Le Poulpe est quelque peu dépassé par la situation.

L’année de la Crise débute mal pour Gabriel. D’abord, sa douce Chéryl s’est aperçue qu’elle manquait de repères politiques. Elle passe son temps devant le JT pour essayer de comprendre le monde, au détriment de leurs câlins. Presque aussi grave, le bistrot de Gérard renonce à servir son fameux pied de porc. À cause de la nouvelle clientèle, il n’y a plus de demande pour ce plat ancestral. Des ancêtres appréciant le pied de porc, Gabriel va en dénicher, pour relancer la consommation. JODY-PoulpeIl contacte son vieil ami Gaspard, dans sa maison de retraite. Ils organisent un dîner le mercredi soir chez Gérard, réunissant une demie douzaine d’octogénaire et nonagénaires. Malgré la loi, ils s’octroient même le droit de fumer. Dès le deuxième rendez-vous, ils sont deux fois plus nombreux.

Malgré tout, les vieillards ressentent une déception certaine. “Beaucoup sont d’anciens militants, ils évoquent les luttes passées. Le constat est amer. Un échec.” Ils citent en exemple Baptiste, un paysan de leur génération qui vient de commettre un attentat contre d’envahissants militaires. Parmi d’autres, le massacre des baleines par les Japonais resterait une cause à défendre. Dès le lendemain, une explosion au Palais de Tokyo cause la mort de l’ambassadeur du Japon. Suspectant ses vieillards préférés, Gabriel demande conseil à son ami Pedro, lui aussi militant. “Le monde d’aujourd’hui ne correspond plus à celui dont ils rêvaient et pour lequel ils ont risqué leur peau. Forcément, maintenant ils ne ressemblent plus à rien, mais leur vie n’a été qu’un combat. C’est normal qu’ils en parlent. Ça ne va pas plus loin”, analyse Pedro.

Quand un nouvel attentat tue le PDG d’une banque ayant abusé des aides de l’État, on peut rêver que ça rende les autres financiers plus vertueux. Que tous les convives du mercredi aient de justes raisons d’exprimer leur colère, c’est une chose. Mais Gabriel réalise le merdier qu’il a indirectement provoqué. L’ancien tirailleur sénégalais qui provoque un attentat à l’Arc-de-Triomphe, c’est le vieux Moussa, qui fait partie du groupe. Tandis que Gabriel se demande qui est le chef des rebelles décatis, le policier Vergeat pense que Le Poulpe est responsable de ces opérations. Au dîner du mercredi, les débats entre vieillards sont houleux. “On s’indigne, le ton monte, les mots ne suffisent plus, des poings se crispent, à deux doigts du pugilat.” Un autre kamikaze de la bande s’attaque au ministre de l’immigration. Tandis que leurs exploits font des émules partout, les vieux optent pour la clandestinité. Traqué par Vergeat et ses sbires, Gabriel espère vainement calmer Gaspard, Cerise, Deboize, Grand-Robert et leurs amis…

Puisqu’il est établi que les vieilles idéologies sont mortes, tout devrait bien se passer dans notre monde actuel. Or, les crises se succèdent avec des victimes toujours plus nombreuses. Le "Discours de la servitude humaine" d’Étienne de la Boétie, ou l’attitude de "Bartleby" d’Hermann Melville (“Je préfèrerais ne pas…”), apportent certaines réponses, selon l’auteur de cet épisode du Poulpe. Ce sont des solutions bien plus radicales que choisissent ces militants âgés amateurs de pied de porc. Gabriel est le témoin impuissant de leurs actes. Dans ce regard sur notre époque, Jean-Paul Jody ironise autant sur les ténors politiciens (tous camps confondus) que sur les lénifiants journaux télévisés : “[le journaliste] mouline les infos et sert soir après soir sa petite purée fade et tiède.” Il n’épargne pas la part de passivité régnant dans la population souvent égoïste. Version poulpesque privilégiant donc la réflexion politique, sans oublier action et péripéties.
Cliquez ici sur ma chronique de "La route de Gakona" de Jean-Paul Jody.

Partager cet article
Repost0
9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 07:20

 

Après “Babylone Dream” (Prix Polar&Co Cognac 2007), “Nickel Blues” (Prix des lycéens de Bourgogne 2008) et “Téquila frappée” (2009), le nouveau roman de Nadine Monfils est intitulé “Coco givrée”. Bienvenue à Pandore, la ville la plus étrange qui soit…

Le domaine d’Arnheim, montagne boisée d’une forêt touffue, est une des attractions de la ville de Pandore. On y célèbre la fête des bonshommes de neige pour attirer la population. À la nuit tombée, c’est plutôt un endroit inquiétant. C’est là que, dix ans plus tôt, disparurent la petite Laurie et son beau-père Doug. Dans un manteau qu’il a récupéré, le clochard amnésique Ben retrouve un acte de naissance au nom de Laurie. Il se présente à la villa Bel Canto, où habita jadis la fillette. Il est aussitôt engagé par Jimmy, le frère aîné de Laurie. Celui-ci s’occupe de Katrina, sa mère, dont les humeurs séniles sont fort inquiétantes. MONFILS-2010Chargé de l’entretien, Ben en profite pour explorer la propriété. Peu de traces de la disparue, mais un cahier noir lui permet de repérer une nommée Nina, qui fut à l’époque la maîtresse de Doug, le beau-père.

Célibataire, le policier Lynch apprécie de plus en plus la vie en couple avec sa chienne alcoolique et pisseuse, Tequila. Par contre, des complications attendent son collègue Barn lorsqu’il accueille chez lui la prostituée Coco. D’abord, elle est bien décidée à s’incruster ici. Ensuite, elle ne supporte pas Midnight, la chatte de Barn. Enfin, sa turbulente mémé Yvonne rejoint Coco, s’installant comme chez elle au domicile de Barn. Lynch refuse tout net d’héberger les deux femmes. Le pire est à venir car, non seulement la prostituée et sa mémé ne se laissent pas aisément évincer, mais Coco envisage un mariage avec Barn. Les deux policiers ont quand même le temps de s’occuper de la disparition de deux fillettes, Regina puis Lily. La première se promenait au domaine d’Arnheim avec sa mère. Les parents de la seconde ont péri dans un accident de voiture au même endroit.

Compter sur les impressions oniriques de Nicki, la profileuse extralucide, reste très aléatoire pour les policiers. Néanmoins, après la découverte du cadavre de Regina, la jeune femme rencontre le fantôme d’une ex-modèle du peintre Magritte. Elle lui apporte une indication. Surveillant les parents de Regina, qui figurent le couple parfait, Barn remarque leurs curieux jeux sexuels. De là à penser que la gamine les gênait, il n’y a qu’un pas. Il serait bon que le père s’explique. En interrogeant un certain Zouzou, Lynch est mis sur la piste de Jimmy et de la villa Bel Canto. Voir un lien entre les disparitions actuelles et celle de Laurie datant de dix ans, ça semble incertain pour Lynch. Les corps de Lily et de ses parents sont retrouvés, mis en scène à la façon d’un tableau de Magritte. C’était déjà le cas pour le cadavre de Regina. Tandis que le clochard Ben finit par découvrir au grenier ce qu’il cherchait, chacun de leur côté Lynch et Barn s’exposent au plus grand danger en approchant de la vérité…

Pénétrer dans cette ville de Pandore imaginée par Nadine Monfils, c’est prendre le risque d’y croiser les personnages les plus insolites du monde. Telle la grand-mère d’une des victimes, étonnante pythie : “Elle garde les pattes de lapins qu’elle élève et qu’elle mange, puis elle les suspend à des fils au plafond, comme des mobiles. Alors elle se concentre et pose une question. Si les pattes se mettent à bouger, c’est que la réponse est positive.” Quelques autres sont aussi déjantés qu’elle ― ou, pour le moins, assez particuliers. Quand les tableaux de Magritte inspirent des scènes dignes du musée des horreurs, les policiers Lynch et Barn mènent une enquête approximative. Toutefois, entre pistes et hasards, ils finissent par y voir clair. Leur vie personnelle capte une bonne part de leur énergie, d’autant que Barn est menacé de devoir épouser la pute Coco. “Lynch ne sut pas très bien si c’était un reproche ou de la gratitude. ― Après tout, fit-il, être témoin d’un meurtre ou d’un mariage, c’est pareil.” On l’a compris, c’est la fantaisie que s’autorise l’auteur qui donne autant de charme à ses suspenses. On se laisse volontiers envoûter par cette histoire totalement hors norme.

Partager cet article
Repost0
8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 07:11

 

Il existe des auteurs qui privilégient leur plaisir d’écriture, cherchant à le faire partager aux lecteurs. L’inventivité et la fantaisie, la tonalité amusée et l’espièglerie aussi, tout nous invite à déguster leurs romans, tels des petits plats mitonnés avec passion. Joseph Incardona est un de ces auteurs, qui veut donner le meilleur au public goûtant sa prose. Bel exemple avec “Lonely Betty” (Finitude, 2010), roman court qui offre à la fois une intrigue criminelle et un hommage à un grand de la littérature populaire.

INCARDONA-2010Le 24 décembre 1999, à Durham, dans le Maine (Etats-Unis). On s’apprête à célébrer les cent ans de Betty Holmes, à la maison de retraite. Autrefois, elle fut institutrice ici, instruisant avec sévérité sa petite classe. Betty garde le silence depuis une quarantaine d’années, suite à un choc psychologique. Adjointe au maire, Sarah n’est pas vraiment heureuse à l’idée de perdre son temps pour cette cérémonie. Elle préfèrerait câliner sa petite amie Savannah, gardienne de prison. Hasard qui l’oblige à relativiser les choses, Savannah est occupée, suite au suicide d’une jeune détenue. À la maison de retraite, une erreur s’est produite dans la livraison des fleurs, plus funèbres que celles attendues. Tandis qu’on rectifie, Sarah essaie de draguer la sensuelle infirmière Sally.

L’institutrice n’oublie pas les drames auxquels elle a assisté ou qu’elle a vécu. “Betty Holmes chassa ces souvenirs macabres en agitant les mains au dessus de sa tête. Son cœur s’emballait, elle n’y pouvait rien, des sons gutturaux et très désagréables à entendre s’échappaient du fond de sa gorge. Elle était le dernier témoin d’un siècle bientôt révolu.” La vieille Betty garde sa vivacité grinçante. “Elle se disait que c’était quand même un comble de vivre jusqu’à cet âge si c’était pour fêter ses cent ans entourée d’une bande de ploucs en blouse blanche et de pensionnaires ratatinés du bulbe.” À s’empiffrer comme elle le fait, Betty risque de rendre la cérémonie animée. Plus surprenant, Betty se décide à parler, réclamant de rencontrer John Markham, policier retraité.

Doté d’une descendance qu’il n’a guère de raison d’apprécier, Markham était sur le point de passer un Noël solitaire. Écouter ce que Betty veut lui révéler sur une vieille affaire jamais résolue, pourquoi pas ? En 1958, les trois frères Harrys s’étaient volatilisés alors qu’ils jouaient dans les bois, tout près de l’école, à l’heure du déjeuner. Il y avait un quatrième gamin avec eux, Stephen, le seul qui soit revenu en classe après la triple disparition. Betty vient de retrouver dans une malle un cahier datant de l’époque, appartenant au jeune Stephen. Elle pense que ça peut éclairer les mystères de cette affaire. Mais aucun jury ne croirait les divagations d’une vieille dame supposée sénile comme Betty. John Markham va donc vérifier sur les lieux, dans la neige, en cette soirée à la gloire de Jésus-Christ-Notre-Sauveur…

Voilà un roman enjoué à savourer, un moment fort agréable de lecture. Habile parodie de roman noir, avec maintes références :Sous la veste en daim à franges, le holster contenant le 357 Magnum faisait une légère bosse sous le côté gauche de sa poitrine […] L’ancien flic battit son chapeau Stetson sur la cuisse avant de saisir la main que lui tendait Sarah.Dites John, vous ne croyez pas que le revolver est superflu ? ― Chaque fois que je m’suis dit ça, j’ai regretté ensuite de ne pas l’avoir apporté.” Les personnages secondaires ne sont pas négligés, bien au contraire. (Finitude, 14 cours Marc-Nouaux, 33000 Bordeaux)

Dans le cadre du 3e Festival international du film policier à Beaune les 2 et 3 avril 2011, le Grand prix du roman noir français a été décerné à Joseph Incardona pour "Lonely Betty".

 

C’est l’occasion de revenir en détail sur un précédent titre de Joseph Incardona : “Remington” (Fayard Noir, 2008).

INCARDONA-2008À 28 ans, Matteo Greco est agent de sécurité, semi-chômeur fauché, dans le Sud-Ouest. Bac+4, ce sportif pratique la boxe et entretient sa forme. Matteo est un passionné de Littérature. S’inspirant de faits-divers, il crée des nouvelles sur sa machine à écrire Remington. Chaque semaine, il participe à un atelier d’écriture animé par Daniel, qui publia autrefois deux romans. Il y côtoie Elsa Duvivier, 30 ans, qui élève seule son fils Hugo. Matteo s’avoue amoureux de cette jeune femme extravertie. Par ailleurs, il la croise parfois quand il surveille des soirées mondaines, où elle est serveuse. Ayant noté son attirance pour Elsa, Daniel prévient Matteo que c’est une fille à problèmes.

Matteo a trouvé le moyen de progresser en écriture. Se basant sur un roman récent de Pierre Dubout, il le reprend en y ajoutant sa propre manière. Matteo se l’approprie, écrivant son roman à lui. Quand il lit un des livres de Daniel, il mesure que l’animateur avait un vrai talent. Malgré leurs différences, Elsa et Matteo deviennent amants. La jeune femme lui confie le manuscrit dont elle est l’auteur. Pas mal, sans doute, mais Matteo estime qu’il mérite des corrections, des retouches. Même s’ils ont des points communs cinéphiliques, Elsa trouve trop mièvre l’amour que lui porte Matteo. Pour le sexe, librement, oui. Mais la fade vie de couple n’intéresse pas Elsa.

Entre son entraînement à la boxe et un contrat de cinq jours, comme chauffeur pour une comtesse italienne à Paris, il revisite largement le manuscrit. Il attend la réaction d’Elsa, qui reste injoignable. Il lit encore l’autre roman de Daniel, tout aussi parfait. Au retour, Elsa lui fait savoir qu’elle est folle de rage, à cause des retouches sur son roman. Matteo suppose qu’elle est devenue la maîtresse de Daniel. Une nuit, Elsa agresse avec violence Matteo en pleine rue. Plus tard, il apprend que le manuscrit remanié d’Elsa a trouvé un éditeur. Ne plus penser à elle, accepter un job de vigile en hypermarché, tenter un combat de boxe de haut niveau : voilà le moyen de passer à autre chose. Mais tourner la page n’est pas si facile…

Un remarquable roman noir, dans la plus pure et la meilleure tradition. Certes, les références à la mythologie du genre sont présentes, le héros ayant une riche culture littéraire et cinématographique. Surtout, c’est un héros de chair et de sang, dans toute sa complexité, qui nous est présenté. Pas un de ces losers qui, fatalement, toucheront le fond. Ce qui l’anime, le sauve de la médiocrité du quotidien, c’est l’écriture. Si l’écriture est le thème abordé en filigrane, le scénario et l’ambiance nous font partager une véritable tranche de vie, d’une juste précision. Une histoire de qualité supérieure.
(Ce roman faisait partie de ma sélection du Podium Polars 2008, cliquez ici)

Partager cet article
Repost0
7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 07:12
 

Toute une génération d’auteurs s’exprime dans des collections nouvelles, destinées aux lecteurs de polars noirs. Dès à présent, voici une info qui devrait intéresser ce qui aiment découvrir des talents actuels. Plon1-BRUN
Les Éditions Plon présentent au mois d’avril la nouvelle collection "Nuit Blanche". Quelques mots sur les quatre premiers titres publiés ce printemps.

Thierry Brun : Surhumain (disponible le 1er avril). Béatrice Rapaic vit la peur au ventre depuis qu’elle a infiltré les réseaux de Gruz, le parrain du milieu mafieux nancéien. Pas facile d’avoir l’esprit tranquille quand on est femme et flic parmi les mercenaires du crime… D’autant plus qu’une guerre des gangs menace : le terrible Gruz se fait vieux et chacun rêve de prendre le contrôle de son empire. Dans ce climat crépusculaire rôde Asano. Ancien homme de main devenu incontrôlable, il a juré de se venger de ceux qui l’ont instrumentalisé des années durant. Expert dans le maniement du sabre, tueur hors pair, il serait doué de pouvoirs surhumains. Béatrice Rapaic est envoyée en première ligne pour le détruire. C’est le choc de deux réprouvés. Dans cette course croisée mortelle, qui sera la proie de l’autre ?

Plon2-BRARD
Laurent Brard : Le fils des brûlés (disponible le 12 mai). Perdue en pleine campagne, Sarolles est une de ces petites villes françaises où il ne se passe jamais rien. Un endroit idéal pour Oscar Bellem, flic sans ambition, placardisé pour avoir laissé se commettre un crime sordide. La mère de Cécilia l’avait pourtant prévenu : sa fille, qui n’était pas rentrée de l’école, était en danger. Mais Bellem, persuadé que l’adolescente allait réapparaître sous peu, avait préféré attendre, jusqu’à ce qu’on retrouve le cadavre de Cécilia, effroyablement mutilé. Depuis, Oscar tente d’oublier. Mais, un jour, il reçoit un mail signé «Le Fantôme». L’expéditeur, qui dit être l’esprit de Cécilia, lui demande de retrouver son meurtrier. Bellem croit à un canular. Mais «Le Fantôme» se fait de plus en plus intrusif et menaçant…


Plon3-DESJOURSIngrid Desjours : Potens (disponible le 10 juin). Charlotte Delaumait a été ébouillantée et lacérée de coups de couteau. Membre de Potens, club pour surdoués, elle multipliait les amants comme les grossesses, et n’hésitait pas à faire chanter son entourage pour servir ses intérêts. Une femme que beaucoup rêvaient de voir disparaître, à commencer par son compagnon, le membre le plus brillant de Potens, mais aussi son patron, dont elle était la maîtresse, sans parler des aigris qu’elle repoussait sans ménagement. La psycho-criminologue Garance Hermosa infiltre ce club pour surdoués et tente de démasquer l’assassin, aussi joueur que manipulateur. Exercice d’autant plus difficile qu’un événement inattendu Plon4-TERRYla renvoie à un passé effroyable qu’elle aurait préféré oublier, et la plonge dans la spirale de l’autodestruction.


Laurent Terry : Usurpé (disponible également le 10 juin). Ce matin-là, Thomas Eckelton ouvre les yeux au cœur d’un véritable cauchemar: il se réveille au beau milieu d’El Paraiso, le tentaculaire bidonville de Bogotá. Il n’a ni papiers d’identité ni argent dans un univers ultra-violent. Comble de l’horreur, il découvre qu’il a changé de visage. Qui a kidnappé Thomas Eckelton, le fondateur du célèbre moteur de recherche Internet Purple ? Pourquoi l’a-t-on emmené loin de San Francisco pour l’abandonner dans la métropole de tous les dangers ? Thomas veut regagner les Etats-Unis coûte que coûte et découvrir qui est l’auteur de cette machination. Il n’est pas une victime prise au hasard. Pour retrouver sa place dans la société, il aura un certain nombre de fautes à expier.

Partager cet article
Repost0
6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 07:29

 

Coup d’œil sur quelques thrillers présentés ce premier trimestre 2010 chez Pocket. Alors que vient de paraître chez Fleuve Noir “Venin”, second titre de Sharon Bolton, il n’est pas trop tard pour lire son premier roman, “Sacrifice”.

Pocket-BOLTON-10En venant s’installer sur cette île sauvage et majestueuse des Shetland, Tora savait qu’elle serait confrontée à un climat rigoureux, à une intégration difficile, et surtout à l’isolement. Mais elle était bien loin d’imaginer qu’elle découvrirait sur ses terres le corps d’une jeune femme, un trou béant à la place du cœur. Un crime que les insulaires semblent pressés d’oublier…

Quelque chose pourtant pousse Tora à essayer de comprendre. Pourquoi le meurtrier a-t-il pris le temps de graver des runes sur le corps de sa victime ? Que se passe-t-il sur cette île où d’autres femmes se sont volatilisées ? Pourquoi des pics de mortalité inexpliquée surviennent-ils régulièrement ? Quand une vielle légende locale resurgit, Tora commence à douter qu’elle arrivera un jour à quitter cette île aux disparues…
"Gifford s’est renversé en arrière en fermant les yeux. Pendant plusieurs secondes, il est resté statique, je me suis même demandé s’il s’était endormi […] Il s’est redressé, me faisant sursauter, et a jeté des regards autour de lui. Notre public était retourné à ses conversations mais il n’en a pas moins baissé le ton.

— Tora, songez à ce que nous avons vu là-bas. Ce n’est pas un crime ordinaire. Quand on veut simplement tuer quelqu’un, on lui coupe la gorge ou on l’étouffe avec un oreiller. On lui fait sauter la cervelle avec un fusil. On ne fait pas ce qu’on a fait à cette pauvre fille. Maintenant je ne suis pas de la police, mais toute cette affaire me semble relever d’une sorte de meurtre rituel étrange. Pocket-REICHS-10

— Un genre de culte ? ai-je demandé, me rappelant les sarcasmes dont j’avais gratifié Dana Tulloch à propos de sorcellerie."

Avec les enquêtes de Temperance Brennan, Kathy Reichs est devenue une valeur sûre du suspense intense. Pocket propose le dixième titre de cette série, “Meurtres en Acadie”.

Fillettes enlevées, cadavres sans nom, noms sans cadavre… L’Acadie et sa moisson de vieux squelettes ne sont pas de tout repos pour Temperance Brennan. D’autant que, la police mise à part, personne ne semble prêt à collaborer avec l’anthropologue judiciaire. Ici on se serre les coudes. On parle français. Et on se tait. Dans les souvenirs de Tempe, pourtant, cette région du Canada semblait un paradis. Le pays d’un ange, Evangéline, 14 ans, petite acadienne amoureuse de poésie. Tempe en avait 12 et la disparition de son amie devait, à jamais, laisser un grand vide. Derrière chaque porte, chaque morte, Tempe croit reconnaître l’absente. Et son enquête la ramène bientôt au pays maudit de l’enfance sacrifiée…
"À l’heure du déjeuner, j’ai rapporté à LaManche mes découvertes relatives à la noyée. De son côté, il m’a appris que Théodore Doucet avait eu un premier entretien psychiatrique. D’après le médecin, il avait totalement oublié que sa femme et sa fille étaient décédées […] Il était détenu à l’Institut Philippe-Pinel, le plus grand hôpital psychiatrique de Montréal. De retour dans mon labo, j’ai trouvé les os du vieux monsieur mort dans l’incendie étalés sur la paillasse : un pelvis, un bras et une jambe. Pocket-GRAHAM-10Ayant enfilé des gants, je les ai transférés sur une autre table de travail pour les examiner. Le peu d’éléments en assez bon état pour être analysés m’a tout de même permis de confirmer que la victime était bien de sexe masculin. La symphyse pubienne, ainsi que le signes d’arthrite avancée, correspondaient à un âge proche de quatre-vingt-treize ans."

Après “L’évangile selon Satan”, Prix des Maisons de la Presse 2007, voici le deuxième suspense de Patrick Graham : “L’apocalypse selon Marie”.

L’ouragan Katrina se déchaîne sur La Nouvelle-Orléans. Tandis que la ville lutte contre les éléments, une bataille plus cruciale se livre en coulisses : l’affrontement final d’une guerre sans merci, dont les origines remontent à la Création. Et l’issue de ce combat pourrait bien dépendre de l’agent spécial Marie Parks… Alors qu’elle enquête sur la mort inexplicable de plusieurs archéologues de renom, Marie se retrouve dans l’œil du cyclone. Après avoir mené la traque la plus délicate et la plus intime de sa carrière, elle doit se surpasser : de son talent exceptionnel de chasseuse de tueurs dépendent la vie d’une petite fille et l’avenir de l’humanité…
"Elle remonte le temps. Elle vient de retrouver son tout premier souvenir. Plus une sensation qu’un souvenir. Une maison au bord du désert. Elle a un an. Elle est allongée dans son berceau […] Le géant est revenu. Le géant est là. Marie respire une odeur d’eau de Cologne tandis que ses doigts se referment autour du cou de la chose. Un craquement. La chose devient molle. Elle tombe sur le plancher. PLAQUE1Le visage du géant apparaît. Marie ne voit pas ses yeux, mais elle sent son odeur. Sa voix fait vibrer l’air.

— L’heure des crotales, Marie. Souviens-toi de ça : il ne faut jamais dormir à l’heure des crotales."

(“Retour à Rédemption”, troisième roman de Patrick Graham, est publié en mars 2010 aux Éditions Anne Carrière.)

Partager cet article
Repost0
5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 15:33

En guise de suite à l'article précédent sur les ennuis judiciaires de Lalie Walker, retour sur un article diffusé sur Rayonpolar.com. En 2006, j'avais posé la question suivante à plusieurs romanciers : "Réel ou réaliste, dans quelle mesure le roman doit-il être le reflet de la réalité ?" Voici un extrait de leurs réponses :

Didier Daeninckx : « … Et si je lis tout azimut, l'écriture est pour moi une tentative de porter un peu de lumière dans les ténèbres du réel. En y projetant des personnages dont le parcours me permet de voir un peu plus loin que dans la vie normale. Et force est de constater que si les écrivains du 19e siècle parvenaient encore à obtenir ce "reflet du réel", cette empreinte des temps présents dans le miroir promené au bord du chemin, nos surfaces réfléchissantes (les romans) ne captent que du noir.»

Roland Sadaune : « Pour ma part, utilisant régions, départements ou villes comme héros bis de mes intrigues, je suis fidèle au décor. Au réel. J'y parachute des personnages. Il m'est indispensable de conserver la part de fictions des protagonistes. Mais par essence, réaliste, je prends en compte les phénomènes de société et les adapte à l'environnement et aux intervenants périphériques. Ce qui me permet de laisser filtrer certaines idées, à mes yeux, objectives. Coller à la réalité, oui mais une réalité plus événementielle que politique. Et sachant ménager une large plage de rêve.»

Laurence Biberfeld : « Peut-être que ce qu'on appelle une écriture réaliste consiste juste à éviter de tartiner nos fictions de fantasmes trop convenus ou de stéréotypes trop grossiers, qu'il s'agisse de personnages ou de situations. De toute façon le reflet n'est pas la réalité, c'est une réalité cadrée et inversée. Un roman pertinent, réaliste ou pas, serait alors un roman convaincant dans son choix narratif, esthétique, et dont la forme servirait au mieux le propos.»

DOSSIER-REELPascal Martin : « La cohérence des personnages dicte souvent leur conduite contre la volonté de l'auteur. C'est ce que j'ai découvert. Il arrive donc que le roman et son intrigue rejoignent le réel et, finalement, ce n'est guère surprenant. Je trouverais simplement dommage d'en faire un dogme. Je reste néanmoins persuadé que le roman, et particulièrement le roman noir, reste le meilleur reflet d'une époque.»

Dominique Sylvain : « L’intéressant, c’est justement quand un auteur évoque une réalité proche de la nôtre et, dans le même temps, nous la fait voir sous un angle complètement nouveau. Un effet de proximité/distance difficile à réussir […] D’autre part, j’avoue avoir un faible pour les auteurs qui osent se coltiner à la réalité, même s’ils en donnent une version subjective. Ils sont les plus courageux d’entre nous.»

Gérard Alle : « La littérature est là au moins pour nous proposer d'aborder les choses sous un angle inattendu. Tout part du réel, l'important c'est de ne pas y rester. Le reflet pur et simple de la réalité est sans intérêt. Il faut pour le moins que le reflet trouble nous trouble, que le miroir déformant nous déforme.»

Claude Amoz : « En tant que lectrice, je ne peux pas, je ne veux pas choisir. Réalisme ou non, ce n'est pas le critère que je retiens. Tout me plaît, à condition qu'une certaine magie opère. Magie qui, comme toute magie, ne peut se définir: disons que c'est la rencontre d'un style, de personnages, de thèmes... avec la sensibilité du lecteur.»

Serge Quadruppani : « Le roman « est », avec l'évidence d'une belle musique, quand il réussit à atteindre la vérité des êtres et d'une époque. Le réalisme est une convention comme une autre pas plus capable d'atteindre le réel qu'une autre. De grands auteurs y sont parvenus, je note que leur "réalisme" comporte toujours, qu'ils le veuillent ou non, une part de fantastique (quoi de moins "réalistes" que les dernières pages de « l'Education sentimentale » ou les premières de « La Position du tireur couché »?)

Max Obione : « Je dirai par boutade que le roman est toujours le reflet de la réalité, mais il faut savoir de quelle réalité il s’agit : la réalité des faits décrits dans un contexte historique donné, c’est à dire un vérisme des situations et des personnages, dans la grande veine naturaliste à la Zola ou du néo polar ? La réalité de l’écrivain - en tant qu’écrivant dans un contexte donné - qui, quand bien même son œuvre serait éloignée de la réalité sociétale, révèle et témoigne de son temps.»

Serge Le Gall : « Je me nourris de réalité, celle des autres, celle qui est la mienne, celle aussi qu'on me fait prendre comme telle sans toujours y déceler l'honnêteté que j'y rechercherais si je faisais oeuvre de vérité. Si le roman n'était que la réalité qu'on nous propose dans toute sa nudité, nous n'aurions pas la possibilité d'en grossir le trait, d'en déformer la perspective, d'en gommer les effets qui nous dérangent, d'en faire celle qui devient la nôtre et que nous livrons au lecteur. L'intérêt est la juxtaposition de réalités différentes pour les faire s'affronter, se mélanger pour en définir une vision pseudo commune.»

Lalie Walker : « Partir d'un reflet de la réalité, c'est partir du point de vue d'un observateur qui, observant le réel, va le modifier par le simple fait de son observation. De là, soit l'auteur extrait du réel ce qui n'était alors pas encore perceptible, du moins pas au premier coup d’œil, ce qui peut rendre ce réel encore plus réaliste, plus vivace ; soit il s'en éloigne et, partant, exprime sa part de réel accolée au réalisme social, économique, criminel, psychologique, historique. Une part de non réel qui, parfois, apparaîtra bien plus réaliste que le pur réalisme.»


L’article complet est ici :
http://www.rayonpolar.com/Dossiers/article/19.pdf

Partager cet article
Repost0
4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 15:11

 

La romancière Lalie Walker assignée en justice, avec son éditeur, pour un des ses livres ? Ça semble absurde, puisqu'il s'agit d'une œuvre de fiction. Dans l'interview qui suit, notre amie Lalie réagit en exposant la situation.LALIE-W2


Dans ton roman “Aux malheurs des dames”, publié en 2009 aux éditions Parigramme, l'intrigue a pour décor le marché Saint-Pierre, temple du tissu au mètre. Menaces, phénomènes étranges, enlèvements et meurtres nourrissent un suspense intense. Tout est fiction dans ce thriller, personnages comme situations, la butte Montmartre étant heureusement épargnée par les agissements de tueurs psychopathes. Le propre d’un roman est d’inventer des histoires, d’animer des personnages de papier qui n’ont pas d’existence réelle, ni même de rapport avec la réalité. Mais il semble que ce roman entraîne quelques complications ?

Lalie Walker : Effectivement, on peut parler de complications.

Lorsque j'ai été contactée par l'huissier correctionnel, je n'en croyais pas mes oreilles : diffamation… Ça m'a sonné.
Je ne prends pas ça à la légère.

J'ai répondu à la commande des éditions Parigramme, car ce projet d'une collection polar où les auteurs allaient pouvoir développer leurs intrigues (fictives rappelons-le) dans le Paris d'aujourd'hui était vraiment enthousiasmant.

Alors, trois mois plus tard, le fait de me retrouver face à cette situation qui menace mon travail, puisqu'il y a, en dehors des dommages et intérêts exorbitants – 2 millions d’euros - une demande d'interdiction de vente, c'est aussi inattendu que perturbant.

Lalie WALKER-2009J'en éprouve une réelle difficulté à écrire. Soudain, c'est comme si chacun de mes mots pouvaient être déformés, et se retourner contre moi. Sans aucune paranoïa, simple répercussion. Comme je le disais plus haut, ça sonne. Ça remet brutalement en cause mon travail d’écrivain. Si les gens du réel tentent de vouloir prouver par voie judiciaire qu’ils sont "des personnages", ce qui n’est en l’occurrence absolument pas le cas, que faire ? Comment délimiter après ça les frontières entre fiction et réel ? Qu’écrire ? Et chez qui ? Car il y a aussi cette question, quel éditeur est capable de supporter ce type d’action qui semble devenir de plus en plus courante, sans doute en raison d’une vision du monde où l’on devient de plus en plus procédurier. Comme aux Etats-Unis.

Pourtant, on peut dire que tu était honorée et heureuse que “Aux malheurs des dames”parmi les sélectionnés du Prix SNCF du polar 2010 ?

Lalie Walker : Et je le suis toujours ! Si j’ai choisi ce quartier et ce décor des marchands de tissus, c’est bien parce que j’adore cet endroit où j’ai vécu pendant des années. Et je ne suis pas la seule, comme j’ai pu le constater lors de mes derniers salons, les lecteurs ont plaisir à retrouver ce lieu qu’ils ont un jour découvert et apprécié. En écrivant ce récit, je voyais donc l’intrigue policière s’inscrire en forme de clin d’œil sympathique.

Lalie WALKER-2010Quant au Prix SNCF du polar, nous savons bien dans le milieu que c’est important, que ça porte notre travail et que c’est un acte de reconnaissance qui compte. Il n’y a qu’à avoir la réaction des lecteurs de littérature noire qui m’ont immédiatement fait part de leur solidarité – concernant la procédure tant à mon encontre qu’à celle de mon éditeur – et de leur soutien en allant voter pour ce prix qu’ils connaissent bien. Le train, le voyage et la littérature noire, c’est une rencontre qui se décline à l’infini.

Tu viens également de publier chez Actes Sud/Actes Noir un nouveau suspense noir : “Les survivantes”. Quelques mots sur cette histoire ?

Lalie Walker : C’est l’histoire – fictive – d’une femme, Anne Boher, médecin légiste à Strasbourg, qui glisse dans l’irrationnel, elle qui est habituée au pragmatisme et à la rigueur de son métier. C’est une femme dont l’équilibre psychique se rompt sous diverses pressions – professionnelles, psychiques, familiales.

J’ai choisi Strasbourg qui est une belle ville, avec un centre-ville très agréable. J’avais besoin que mon personnage de légiste en vienne à voir tout de travers – que même ce qui est beau et doux lui devienne insupportable et laid. Si j’avais planté l’action dans une ville glauque, je n’aurais pas obtenu le bon contraste entre l’état de mon personnage et celui de la ville. Le lecteur aurait pu croire qu’Anne Boher glissait dans une sorte de psychose à cause du sale climat ou d’un environnement déprimant. Alors que les raisons viennent d’ailleurs.

Je travaille également autour des processus de culpabilité et d’exclusion, de l’incroyable difficulté pour certains individus à survivre, avec en fond les difficultés d’un milieu hospitalier harassé par une canicule bien pire que celle de 2003… puisque imaginaire !

Revenons à “Aux malheurs des dames” et à ce procès qui s'annonce. Comment peut évoluer la situation ?

LALIE-W3Lalie Walker : Je l’ignore... Un journaliste me demandait s’il n'aurait pas mieux fallu prendre contact avec les dirigeants du Marché Saint Pierre avant d’écrire mon roman.

Je suis romancière, je fais de la fiction, je ne vais pas enquêter au préalable (au risque pour le coup de laisser le réel envahir le champ fictionnel, ce qui n’est pas mon registre d’écriture dans le roman) ou demander l'autorisation ou la biographie des habitants d'un quartier sous le prétexte que je vais déployer une intrigue dans telle rue, tel décor. Autant faire des articles de presse ou du documentaire sinon.

J’enfonce un peu le clou sur cette question du fictif, mais ce n’est pas parce que j’installe mes romans dans telle ville ou tel décor emblématique que ce qui s’y passe en terme d’intrigue vient du réel. On me "reproche" habituellement d’être trop baroque, pas assez rigoureuse avec une certaine réalité… Il semble que cela ne suffise pas, ou plus.

Vais-je devoir me reconvertir à la science-fiction ?

(Ici, la chronique sur "Aux malheurs des dames")

Action-Suspense invite ses visiteurs à réagir dans les commentaires, sans agressivité. Donnez votre point de vue sur ces cas de romans entraînant des poursuites en justice. Lalie Walker a besoin de votre soutien.
 


8 mars 2010 - message de Lalie Walker - remerciement collectif
"Bonjour à toutes et à tous

Je suis désolée de ne pouvoir répondre à chacun, vous êtes si nombreux !
Aussi, je passe par notre ami Claude pour vous remercier, et vous dire combien je suis touchée de votre soutien.

Chaque message compte.

Chacun de vous exprime une part de ma stupeur, et de mes interrogations. De ce choc à être en quelque sorte sur le banc des accusés pour une intention que l’on me prête et qui n’a jamais été mienne.

À chaque fois que je vous lis, ça me donne de la force. Et des émotions, n’en doutez pas, car je n’imaginais pas vivre une telle situation.

Et si nous avons parfois des doutes sur la validité et la finalité d’avoir créé des sites où nous exprimer et défendre nos coups de cœur (parfois nos coups de gueule), je crois que Claude Le Nocher et vous-mêmes, ainsi que bien d’autres ailleurs, démontrent par leur réaction, leur soutien et leur liberté d’expression que ces lieux virtuels ne sont pas qu’une simple vitrine.

Encore merci,

Amicalement,
Lalie Walker"

 

20 novembre 2010 -  Voici le communiqué des éditions Parigramme, annonçant la conclusion de cette affaire, au grand soulagement des amis et lecteurs de Lalie Walker : « La 17e chambre correctionnelle de Paris vient de rendre son jugement dans l’affaire opposant le Marché Saint-Pierre aux éditions Parigramme et à Lalie Walker, auteur du roman "Aux malheurs des dames".
En déboutant la partie civile qui réclamait deux millions d’euros et l’interdiction de l’ouvrage, en la condamnant à verser une indemnité à l’auteur et à l’éditeur et en soulignant le caractère abusif de la procédure, le Tribunal a montré l’inanité des prétentions des dirigeants du Marché Saint-Pierre.
Il a surtout affirmé son attachement à la liberté de la création littéraire, y compris lorsque cette dernière utilise des éléments de réalité dans le seul but de nourrir une œuvre de fiction. La bonne foi de l’éditeur et de l’auteur, conjointement défendus par Maître Emmanuel Pierrat, a été pleinement reconnue. Ce jugement conclut donc heureusement une affaire qui avait suscité une grande émotion en raison des menaces qu’elle laissait planer non seulement sur un auteur et son éditeur, mais plus généralement sur les prérogatives de l’écrivain aujourd’hui.»

Partager cet article
Repost0
4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 07:22
 

Héritier du roman policier traditionnel, Alain Gandy nous propose en ce mois de mars 2010 le quatorzième épisode des enquêtes du détective Joseph Combes,Notaire en eaux trouble (Coll. Polars de France, Presses de la Cité).

Villefranche-de-Rouergue, automne 1980. La mort de l’ancien notaire Aimé Parfeuil peut aussi bien être un meurtre qu’un suicide. Chargé de l’enquête, le commissaire Battioli penche pour la version criminelle, contrairement au juge d’instruction Massac. Dans la famille du défunt, le policier imagine avoir de bons suspects. Non pas Raphaëlle Jousquel, la fille quinquagénaire du notaire. Veuve d’un militaire, elle vit à Rochefort-sur-Mer. C’est son beau-père de Saint-Malo qui s’est occupé de l’éducation de son fils André, aujourd’hui étudiant à Sciences Po. Elle vient d’être avertie de la mort de son père, avec lequel elle était brouillée depuis quinze à vingt ans. Non, ce sont le frère aîné et le neveu du notaire que Battioli soupçonne fortement. GANDY-2010À Cénac, Gaston Parfeuil avait hérité du domaine familial, où il habite avec son fils Philippe. Ceux-ci sont endettés car, très mal gérée, la propriété est largement hypothéquée. Bien que Gaston soit resté en contact avec son frère Aimé, le notaire ne fit jamais fait un geste pour redresser leurs problèmes financiers. Une bonne raison de les suspecter, selon le policier. Le juge Massac lui accorde le temps de quelques vérifications.

Quand Raphaëlle Jousquel arrive à Villefranche, elle s’avoue troublée par la mort brutale de ce père qui l’avait rejetée. Vient l’heure de l’ouverture du testament, en présence de la famille. “Dernier de la rangée, Battioli couvait de l’œil ses deux principaux suspects, avec le sourire d’un chat rêvant d’une paire de menottes.” L’essentiel des biens revient à Raphaëlle, y compris la propriété de Cénac dont Aimé Parfeuil avait réglé les hypothèques. Son fils André étant concerné par la succession, Massac charge son ami détective Joseph Combes de le retrouver. L’ombrageux grand-père malouin ne l’aide guère. André est censé se trouver au même moment quelque part aux Etats-Unis. En réalité, il est rentré à Paris plus tôt que prévu avec sa petite amie Nathalie.

Quand André rejoint Villeneuve, il est attendu par sa mère, par Combes, et par la police. Si le blond jeune homme fait l’unanimité en faveur de son innocence, le commissaire Battioli croit toujours dans la thèse de l’assassinat. Logeant chez les Combes, André est disculpé par la police parisienne, confirmant qu’il se trouvait bien dans la capitale. Le détective Combes et le juge Massac n’excluent plus un possible meurtre. Le notaire, qui sentait sa fin proche, fut incité par l’abbé Viollet à rédiger un cahier où il confessait ses torts passés. Alors que le policier Battioli relance énergiquement l’enquête, on déplore un autre décès douteux. Gaston Parfeuil est retrouvé mort noyé dans une mare de la propriété de Cénac. La population refuse d’admettre qu’on accuse son fils Philippe. Pour Raphaëlle, il faut trouver un intendant qui gèrera le domaine de Cénac…

L’ancien gendarme devenu détective privé porte un regard mi-interrogateur, mi-amusé sur les protagonistes des affaires qu’il traite. Sans afficher de certitudes, il sait faire preuve de fermeté. Il s’adapte aux rebondissements de cette histoire, une fois encore. L’auteur situe ses intrigues dans une époque où le mode de vie est assez différent, et les moyens d’investigations sont moins sophistiqués. Ce qui contribue à donner une ambiance un brin rétro, très plaisante. Sans doute cela permet-il aussi de rendre fort crédible les personnages, bien typés. La narration fluide est vraiment très agréable, et l’on suit avec grand plaisir cette nouvelle affaire.
Cliquez ici sur l'article évoquant les trois précédents romans d'Alain Gandy, ayant pour héros Joseph Combes.

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/