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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 06:42

 

Les lecteurs appréciant les recueils de nouvelles sont bien plus nombreux que ne l’affirment certains rabat-joie. Ça se vérifie avec l’exemple de “London Calling” (Buchet-Chastel), dirigé par Jean-Noël Levavasseur, qui en est à son deuxième tirage depuis fin 2009. On peut espérer le même succès pour “Quand ces dames tuent”, qui vient de paraître chez ArchipocheQuand ces dames-tuent.

 

"Il ne faut jamais faire entièrement confiance aux femmes", estimait Arthur Conan Doyle. D’ailleurs, Sherlock Holmes ne tomba guère amoureux, sauf de la mystérieuse Irène Adler dans “Un scandale en Bohème”. S’il avait croisé les héroïnes de ce recueil (vénéneuses, machiavéliques, fatales), Conan Doyle aurait été plus catégorique encore... L’éditeur et expert en littérature policière Otto Penzler nous rappelle que "…nombre de détectives de romans se sont méfiés de la femme dangereuse. L’une d’elles a eu raison de Sam Spade, d’autres ont souvent pourchassé Philip Marlowe et Lew Archer. Lesquels ont pris un malin plaisir à se laisser capturer". Il a demandé à dix-sept maîtres du suspense de lui livrer une nouvelle (le plus souvent inédite) mettant en scène une femme dangereuse.

 

Celle imaginée par Joyce Carol Oates revient après vingt-trois ans d'absence pour s'emparer du coeur de son ancien amant. Pour Nelson DeMille, il s'agit d'une sniper insaisissable qui hante la mémoire d'un officier, traumatisé par son expérience du Vietnam. Ed McBain évoque deux actrices qui décident de commettre un crime pour "savoir ce que ça fait" et mieux pouvoir ensuite jouer leur scène. Laura Lippman brosse le portrait d'une chasseresse qui trouve ses proies au hasard dans des aéroports...

Au générique de ce recueil, les autres textes sont signés Michael Connelly, John Connolly, Lorenzo Carcaterra, Thomas H.Cook, Jeffrey Deaver,PLAQUE1 Judith A.Jance, Andrew Klavan, Elmore Leonard, Jay McInerney, Walter Mosley, S.J.Rojan, Anne Perry et Ian Rankin. L’avant-propos d’Otto Penzler et de petites notices biographiques nous aident à situer ceux que nous connaissons mal encore. Mais les amateurs de polars ont lu la majorité de ces grands auteurs. Voilà une bonne occasion de prendre de leurs nouvelles !

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 06:13

 

Extrait de l’épilogue :Ce roman raconte une histoire vraie. Il s’agit d’une affaire mineure et désormais oubliée de la chronique policière, mais qui à mes yeux, au fur et à mesure que je faisais des recherches, a acquis la lumière et le pathos d’une légendeécrit Ricardo Piglia dansArgent brûlé, publié aux éditions Zulma. Voici un petit résumé de l’histoire qu’il nous raconte.

En Argentine, durant l’automne 1965. Malito et ses complices ont préparé un braquage spectaculaire. La bande se compose de Bazán le Bancal, du chauffeur Mereles le Corbeau, et de ceux qu’on nomme les Jumeaux : le blond Gaucho Dorda et son ami Bébé Brignone. Quant à Malito, il veut ressembler aux criminels évoqués dans les journaux “…alors qu’aux yeux des gens, il passait pour un homme froid et calculateur, un scientifique qui montait ses coups avec une précision de chirurgien.” En réalité, son impitoyable cruauté sanglante ne connaît aucune limite. Excités par toutes sortes de drogues, ses complices sont également sans états d’âmes. Le 27 septembre après 15 h., la bande attaque un transport de fonds. PIGLIA-2010L’action ne dure que quelques instants. La mitraillade est intense. Les agents chargés du transfert sont froidement abattus. Sauf le gros Spector, miraculeusement sauvé, car le projectile qui le visait est dévié.

Profitant de la confusion, la violente bande prend rapidement la fuite. Ils sont pourchassés, sans grand succès. Quand leur puissante voiture est accidentée, ils s’emparent d’une camionnette. Ils se réfugient dans leur planque, fournie par Nando. Ce péroniste nostalgique est le logisticien des braquages de Malito. Avec lui, activisme politique et banditisme se rejoignent. D’ailleurs, la presse du pays relate l’affaire en suggérant autant un coup d’anciens militaires ou de péronistes. C’est le policier Silva qui est chargé de retrouver les criminels. “Le commissaire Silva de la division Vols et effractions n’enquête pas, il se contente de torturer. Sa méthode : la délation (…) Il avait monté un escadron de la mort suivant le modèle brésilien. Pourtant, il agissait en toute légalité.” Il fait arrêter Bazán le Bancal, un de ses indics. Relâché peu après, le traître Bazán est exécuté quelques heures plus tard. Ce qui ne surprend guère le policier inflexible.

Fontan Reyes, complice ayant informé Malito avant le braquage, et Blanquita Galéano (dite La Petite), jeune concubine de Mereles, sont vite arrêtés à leur tour. Brignone, Dorda et Mereles s’installent à Montevideo, dans une nouvelle planque, en attendant de passer en Uruguay. Tandis que Dorda ressasse ses perversions déviantes, dopé au haschich Brignone confie à une prostituée une version fantasmée de sa vie. Des policiers sont sur le point d’arrêter la bande lorsqu’ils contactent leur passeur uruguayen. Sous les tirs, ils parviennent à fuir dans leur Studebaker. Malgré tout, ils se réfugient en Uruguay. L’appartement n°9 où ils se cachent est une souricière. La bande est bientôt cernée par les forces de police. Toute négociation est inutile, ainsi des tentatives d‘intervention armée. “Ce sera une lutte à mort (…) La fusillade se prolonge malgré quelques interruptions et les curieux se mettent à l’abri du crachin incessant, sous le porche des immeubles où les journalistes des chaînes de télévisions les interrogent.” L’essentiel du siège dure quinze heures d’affilée…

Ne voyons pas ici une fiction inspirée de faits réels, mais une reconstitution méthodique de l’affaire. “J’ai respecté la continuité de l’action et (dans la mesure du possible) le langage de ses protagonistes et des témoins de l’histoire.” précise l’auteur. Il imagine des scènes, extrapolant d’après des sources vérifiées. La bande se compose donc de criminels sanguinaires, dans un contexte argentin lui-même violent. Ce sont des allumés, des hallucinés, animés par un jusqu’auboutisme suicidaire. Chacun des cas psychologiques et des parcours de ces types, caricaturaux par leurs propres excès, est détaillé. Le plus troublant reste probablement leur décalage avec la réalité, qui n’existe pas pour eux. Pour le policier Silva les situe comme “des cadavres vivants (…) L’adrénaline les aide à surmonter la terreur. Ce sont des camés, des machines à tuer.” Ce roman noir “vécu” est remarquable de qualité, absolument captivant.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 19:35

 

FRITSCHInfo express : Sébastien Fritsch organise avec Alapage.com un jeu-concours permettant de gagner un exemplaire de son roman "Derrière toute chose exquise" (3 gagnants). Il vous suffit de répondre à quatre questions (la majorité des réponses se trouvent sur son blog). Lesdites réponses doivent être envoyées en utilisant le formulaire accessible en cliquant sur le lien "contacter l'auteur", en haut de la colonne de droite. Date limite : 25 avril 2010 minuit. Les trois premières personnes à envoyer les bonnes réponses recevront un exemplaire.

Seuls peuvent participer les blogueurs littéraires de France métropolitaine et de Corse. Pensez donc bien à préciser l'adresse de votre blog dans votre message. En ce qui concerne votre adresse physique, elle ne sera demandée qu'aux trois gagnants, afin de recevoir leur lot.

L'adresse du jeu :

http://sebastienfritsch.canalblog.com/archives/2010/04/08/17455464.html

Les questions :

1) "Derrière toute chose exquise" commence par un coup de foudre : un homme monte dans un train et remarque une lectrice parmi les voyageurs. Quel livre lit-elle ?

2) De quelle ville est originaire le narrateur de "Derrière toute chose exquise" ?

3) Le roman met à l'honneur un pianiste canadien et un écrivain irlandais. A part le fait qu'ils portaient le même prénom, quel caractéristique physique avaient en commun ces deux artistes ?

4) Dans quelle rubrique du site Alapage.com se trouve le roman "Derrière toute chose exquise" ?

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 06:10

 

GARCIA-ROSA-1Né à Rio en 1936, Luiz Alfredo Garcia-Roza est philosophe et psychologue. Il a enseigné la théorie psychanalytique à l'université fédérale de Rio. Après Le Silence de la pluie (2004), Actes Sud a publié trois enquêtes du désormais célèbre commissaire Espinosa, Objets trouvés (2005), Bon anniversaire, Gabriel! (2006) et Une fenêtre à Copacabana (2008).

Début mai 2010, deux titres de l’auteur seront disponibles. Le premier en version poche, dans la collection Babel Noir : "Bon anniversaire, Gabriel !"

Gabriel est un vieux garçon vivant chez sa mère, fonctionnaire tranquille. Il vient expliquer au commissaire Espinosa qu'il craint de commettre un meurtre. C'est ce que lui a prédit un devin, il y a moins de un an. Le délai évoqué touche à sa fin. Comment et de quoi inculper quelqu'un qui n'a rien fait ? Par précaution, Espinosa s’occupe de l'affaire, même si rien ne justifie une arrestation ou un interrogatoire en règle.GARCIA-ROSA-2 Il rencontre ainsi Olga, collègue de Gabriel. Et la belle Irène, amie de celle-ci, dont la compagnie ne lui déplaît pas.

Gabriel devient nerveux, angoissé. Ce qui n'échappe pas à sa pieuse maman possessive, qui décide de mener elle aussi son enquête pour s'opposer aux forces du mal. Voilà qu'un premier cadavre (probablement lié à cette affaire) apparaît dans le paysage de Rio de Janeiro, que commence à balayer le vent de sud-ouest annonciateur d'hiver et de malaise.

Dans la collection Actes Noirs, en grand format, parait simultanément (début mai) une nouvelle enquête du même policier : "L’étrange cas du docteur Nesse".  

Dans son commissariat de Copacabana, Espinosa est confronté à l’une des plus troublantes affaires de sa carrière. Doit-il protéger un médecin poursuivi par un dangereux psychotique ? Ou un patient persécuté par un médecin paranoïaque ?PLAQUE1 Une chose est sûre : la mort ne saurait être un simple trouble psychique.

L’auteur nous fait ici découvrir les labyrinthes de l’âme, dans une intrigue où le Bien et le Mal ne sont jamais totalement identifiables. Jekyll et Hyde ne seraient pas des créatures exclusivement littéraires, et les rues de Rio en hiver peuvent évoquer celles du Londres victorien de Stevenson.

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 07:16

 

Une escapade au Québec, aussi sympathique que mouvementée, voilà ce que nous propose François Barcelo dansFantasia chez les Plouffe ("Suite Noire", Éd.La Branche). Rappelons que le patronyme Plouffe est très populaire là-bas, grâce à un roman, un feuilleton et quelques films. Un survol cette souriante intrigue…

Au Québec, la famille Plouffe est réunie en ce week-end estival à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Ils sont là pour l’anniversaire du grand-père, Théophile Plouffe, qui fête ses quatre-vingt-dix ans. Comédien, doublure voix de stars, Antoine est le petit-fils préféré de l’aïeul. C’est sans nul doute lui qui amène à Théophile le cadeau que le grand-père attend le plus: un arrière-petit-fils. BARCELO-2010Antoine espère qu’ainsi, l’héritage lui reviendra un prochain jour. Il présente le petit Jonathan, dix-huit mois, comme son fils. Ce n’est pas la vérité, car il s’agit de l’enfant de la propriétaire de son logement, la blonde Marie. Antoine pense être le meilleur menteur qui existe : ­“Moi qui suis plutôt pourri sur scène et devant les caméras, je mens naturellement, comme je respire. Je ne me demande jamais comment je vais dire un mensonge, mais quel mensonge je vais dire. Les mots sortent alors spontanément, comme de la bouche d’un croyant assermenté, main sur la Bible, devant un tribunal.”

Dès le début de soirée, Antoine installe le bébé dans le tiroir d’une commode, en guise de lit. Tiroir qu’il ferme à clé, pour que l’enfant soit en sécurité, et ne le dérange pas. La fête familiale est logiquement arrosée. Elle s’achève par une tentative de feu d’artifice, causant des blessures légères à Antoine. Il se prépare à aller dormir, mais n’y parvient pas. Il doit avouer que sa jeune cousine Marie-Laine, autrefois laideron, est aujourd’hui diablement excitante. Puisqu’elle l’a, pour ainsi dire, invité dans sa tente de camping jaune, autant en profiter. Peut-être Antoine est-il un peu fatigué pour la gaudriole, mais tant pis. Sauf qu’il se trompe de tente, ce qui lui vaut une volée de coups. Explication inutile : “De toutes façons, il est trop tard puisque tout le monde susceptible de me taper dessus l’a fait au moins une fois. Personne ne parle de faire venir une ambulance alors qu’il me semble que j’en ai plus besoin que tout à l’heure.”

Au matin suivant, Antoine garde les séquelles des chocs de la nuit : “…ma tête ressemble beaucoup à celle d’un corps à la morgue dans un film policier. Che Guevara avait la même gueule que moi quand on a pris ses dernières photos. Le pire, c’est que moi, je vis encore.” Il va être temps de sortir le petit Jonathan de son tiroir fermé à clé. Sauf que la clé en question n’est plus en place. Antoine va devoir forcer la serrure du tiroir. C’est alors qu’arrive la mère du bébé, Marie. Elle est accompagné d’une bande de motards, les Devil’s Own, qui ne sont pas exactement des tendres. Quand il ouvre finalement le tiroir couchette, Antoine s’aperçoit que l’enfant a disparu…

Ce roman court est placé sous le signe de l’humour noir. Catastrophes en série, pour le malheureux héros de cette histoire. Plutôt qu’un véritable loser, c’est un irresponsable qui va au devant des ennuis. Il faut admettre que le reste de la famille est assez gratinée, également. Quant à Marie et ses amis motards s’invitant à la fête (après un long détour, il est vrai), il sont encore caricaturaux à souhaits. Tonalité amusée et scénario bien pensé, même si l’enlèvement du bébé n’est pas vraiment mystérieux. Un suspense très agréablement divertissant.

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 06:10

 

Le nouveau roman de Philippe Bouin s’intituleParaître à mort(L’Archipel, 2010). Ce suspense est d’un niveau équivalent son précédent titre,Comptine en plomb, Prix Polar Cognac 2008.

Au Touquet, le 11 mai 2001. Chef d’entreprise âgé de 35 ans, Quentin Ayssèdre est découvert noyé après le naufrage de son voilier. Ce drame frappe une famille de notables locaux. Fille de l’homme d’affaire Delaruc, Angélique Ayssèdre se trouve veuve à 21 ans. Enceinte d’une fille, elle a déjà un fils en bas âge. Tandis que son père doit intervenir pour redresser la situation financière laissée par son défunt gendre, la gendarmerie conclut logiquement à une mort accidentelle.

Février 2007. Originaire du Touquet, Gabriel Rampart est devenu un reporter télé de premier plan. Il assume l’équilibre entre célébrité et compétence. Il a été néanmoins marqué par son kidnapping durant quelques jours en Irak. BOUIN-2010-1Il estime indispensable de prendre un nouveau départ, sur des bases plus saines. Gabriel revient au Touquet, où il est accueilli par son parrain Amédée, gendarme retraité ami de son défunt père. S’il est de retour, c’est à l’appel d’Angélique. Avant le mariage de celle-ci, ils vécurent une relation amoureuse - à laquelle le méprisant Delaruc mit rapidement son veto. Gabriel a tourné la page, sans l’effacer.

Angélique risque aujourd’hui de graves ennuis. Une Allemande nommée Ingrid Ulmer a été assassinée devant sa propriété, le Poséidon. Elle est convaincue que le juge Mantoussin, son ex-amant lui ayant gardé rancune, cherche à l’inculper alors qu’elle possède un bon alibi. Certes, cette Ingrid inconnue l’a harcelée au téléphone, mais elle n’est pour rien dans ce meurtre. Plusieurs hypothèses sont possibles pour Gabriel, à condition de ne pas s’égarer sur des pistes sans rapport avec l’affaire. Son parrain Amédée lui apporte toute son aide, mais il ne néglige pas celle du jeune journaliste local Aymeric Leleu.

Gabriel ne sollicite pas le témoignage de Maryvonne Châtelain, vieille voisine d’Angélique vivant dans la haine de celle-ci. Par contre, il rencontre Edith, qu’il connut autrefois. Employée par Angélique, elle lui donne quelques détails. Le majordome Paulo est aussi au service de la famille depuis longtemps. Parmi tous les secrets qu’il garde pour lui, il accepte d’en livrer certains à Gabriel. Amédée révèle à son filleul l’histoire tourmentée de Paulo, considéré comme le fils d’un traître durant la guerre. Homme à tout faire de la propriété d’Angélique, Emil Gigurtu est un Roumain, réfugié après avoir été persécuté dans son pays. Hélas, il n’offre à Gabriel aucun détail supplémentaire sur le meurtre d’Ingrid Ulmer.

Les manipulations financières de Delaruc après la mort de son gendre s’avèrent assez tortueuses, mais c’est du passé. Le journaliste s’intéresse au père de l’Allemande. Au temps du nazisme, cet officier fut en poste dans la région, avant d’intégrer les services secrets de la Stasi. Ingrid a un frère, Wilfrid Ulmer, qui a fui l’Allemagne de l’Est avant la fin du communisme. On sait qu’il est passé par Bruxelles et dans le Nord de la France, mais on ignore ce qu’il est devenu. Le meurtre de Maryvonne Châtelain relance l’affaire. Si le juge Mantoussin renonce au dossier, celle qui lui succède est une tigresse qui ira jusqu’au bout. Quant à Gabriel, il parvient finalement à ajuster les pièces du puzzle…

Comparons l’intrigue à une mécanique de précision, parfaitement huilée, dont toutes les pièces sont ciselées pour obtenir le meilleur résultat. À l’opposé d’un roman d’enquête linéaire, c’est toute l’ambiance du récit qui baigne dans le mystère. Hypocrisies bourgeoises, où persiste la notion de classe sociale supérieure. Petits et grands secrets, que chaque protagoniste conserve et cultive dans la haine ou le mépris. Personnage central, Gabriel Rampart n’est pas venu sauver Angélique. “Il était là pour faire un bilan de sa vie, en trier les erreurs et lui trouver un sens. Alors, dans ce schéma, pourquoi en vouloir à Angélique ? Sa lettre n’avait été que le vecteur de sa quête.” Car c’est bien pour en finir avec sa jeunesse et ce parcours qui l’a mené à la gloire, qu’il désire faire la lumière sur ces meurtres. Une part de revanche qui exclut sa neutralité, mais aiguise sa motivation. Soulignons de belles scènes d’humour “en situation” (tels le greffier enrhumé du juge, ou la vieille voiture d’Amédée). Ainsi que des remarques sur notre société, incapable d’imaginer des remèdes aux malaises et des voies innovantes. À tous points de vues, un roman riche et captivant.

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 06:13

 

Étant dans l’impossibilité de tout lire, j’admets rater un certain nombre de romans sans doute intéressants. Parmi la foisonnante production de polars, un noir suspense semble bien se démarquer, si l’on en juge par sa présentation. Voici donc un petit coup de pouce à Gipsy Paladini, née en 1976, romancière d’origine française et grande voyageuse. Son roman "Sang pour sang" est d’abord sorti au Canada en octobre 2009. Il est désormais diffusé en France, depuis mars 2010. Commençons par un extrait du récit:

PALADINI-2010« Al aimait le silence de la nuit. Il aimait ses gens aussi : les petites frappes qui n’hésitaient pas à pointer leur nez, les dealers qui dormaient toute la journée et arpentaient les rues une fois l’obscurité tombée à la recherche de nouveaux clients. Il aimait les cris surgis de nulle part, les hurlements des chiens, les gamins qui pleuraient, les alcooliques qui refaisaient le monde. Il aimait les putes aussi, les filles de la nuit, qui fréquentaient ces mêmes frappes, dealers ou autres paumés comme lui. Al aimait la nuit car c’était la seule chose qu’il craignait. S’il avait le malheur de devoir s’endormir une fois la ville engloutie par les ténèbres, il s’arrangeait toujours pour être ivre mort de manière à ne pas se réveiller avant le lever du soleil. Les ténèbres à jeun le terrorisaient.»

Roman particulièrement noir, "Sang pour Sang" raconte la traque sanglante menée par deux flics new-yorkais contre des tueurs qui semblent suivre un parcours aussi chaotique qu’incompréhensible. Une enquête devenant une vraie descente aux enfers pour l’inspecteur Al Sériani, policier à l’esprit torturé qui préfère la compagnie des prostituées à celle de ses collègues, et pour son coéquipier David Goldberg, jeune flic fraîchement sorti de l’académie de police.

PLAQUE1Écrit à l'américaine dans un style efficace et dense, avec des dialogues qui évoluent entre Frédéric Dard et Michel Audiard, Gipsy Paladini donne au lecteur de son roman une perpétuelle sensation d'empressement et de course contre la montre. Un premier polar d’une noirceur et d’un cynisme stupéfiants, qui s’inscrit dans la tradition des "hard boiled" américains.

Cliquez ici sur la fiche éditeur de ce roman.

Géraldine a lu et aimé ce roman, elle vous le recommande ici :

http://cdcoeurs.over-blog.net/article-sang-pour-sang-47521262.html 

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 06:44

 

La troisième partie de la trilogie de Chelsea Cain, "Les héritiers du Mal", vient de paraître aux Éditions Fleuve Noir. CAIN-3Il s’agit de thrillers véritablement solides et intenses. On se laisse volontiers captiver par les intrigues, basées sur le couple central, où foisonnent les péripéties à suspense.

 

C'est dans "Au cœur du Mal" (Pocket, 2009) que débute l’étrange relation entre la criminelle Gretchen Lowell et le policier Archie Sheridan. D’une beauté fascinante, Gretchen est une femme terriblement dangereuse. L’inspecteur Archie Sheridan, de Portland (Oregon), a traqué pendant dix ans cette tueuse aux deux cent victimes. Il connaît bien ses méthodes. Deux ans plus tard, Gretchen est en prison mais Archie reste marqué. Sa vie de famille s’en ressent, et la relation perverse qu’il entretient avec son ex-tortionnaire le trouble énormément. Il enquête sur une nouvelle affaire de serial killer. La journaliste Susan Ward s’intéresse de près aux cas qu’il traite, elle aussi. Dans sa prison, Gretchen n’en reste pas moins une menace…

On retrouve les mêmes héros dans "L'étreinte du Mal" (Pocket, 2010). Archie est toujours hypnotisé par Gretchen. Affaibli, il a repris son poste à la Brigade Spéciale de Portland. Son collègue Henry essaie vainement de l'écarter de Gretchen, qu'Archie a continué à rencontrer au pénitencier. CAIN-2Le cadavre très abîmé d'une femme est découvert à Forest Park. L’enquête devrait occuper en priorité Archie. D'autant que deux autres corps sont bientôt retrouvés non loin de là. S'agit-il vraiment d'une prostituée et d'un SDF ? La journaliste Susan Ward a écrit un article incriminant le sénateur Castle. Il fut longtemps l'amant d'une mineure, Molly, qui a accepté de tout raconter à Susan. Pour l'instant, le supérieur de Susan bloque l’article. Parker, le mentor de la jeune femme, et Castle trouvent la mort dans un accident. Le journal préfère glorifier le sénateur que de sortir le dossier scandaleux... En prison, Gretchen est agressée dans des circonstances incertaines. Henry décide d'un transfert. Gretchen en profite pour s'évader. La police doit intervenir à l'école des enfants d'Archie, craignant qu’elle s'en prenne à eux. L'enquêteur et sa famille sont en danger. Susan et sa fantasque mère sont aussi menacées...

Voici donc publié aux Éditions Fleuve Noir l’ultime roman de cette trilogie, "Les héritiers du Mal" (2010). Archie est encore convalescent lorsque des restes humains sont retrouvés au nord de Portland. Sur la scène de crime, les enquêteurs identifient une signature reconnaissable entre mille : des coeurs gravés sur les murs. C’est forcément celle de Gretchen Lowell, la tueuse démoniaque. Archie avait pourtant conclu un marché avec elle : il ne mettrait pas fin à ses jours si elle arrêtait de tuer. Tout porte à croire qu'une fois encore, elle n'a pas tenu parole. À mesure que l'enquête avance, Archie est de plus en plus convaincu qu'il est en présence d'un copycat. Il pourrait s'agir d'un membre de l'un des nombreux fan-clubs de Gretchen, devenue une véritable star depuis son évasion de prison. La criminelle a-t-elle repris du service ou la médiatisation de son personnage a-t-elle engendré un nouveau monstre ? Seule Gretchen détient la réponse. Comment va évoluer (ou se terminer) l’étrange relation entre le policier et la tueuse ? Telle est sans doute la question principale.

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