Comme pour son cousin Le Poulpe, les enquêtes de Léo Tanguy sont racontées par un nouvel auteur à chaque épisode. “VAL sans retour” (Éd. Coop Breizh) est l’œuvre d’Isabelle Amonou, Prix du Goéland Masqué pour “Morts fines à Morlaix”.
En Bretagne, dans un avenir proche. Grâce au succès de fréquentation du métro rennais, on a construit une seconde ligne. Les travaux se terminent. Le tunnelier Narval creuse les derniers mètres souterrains. Guidant la machine, Edmond n’est pas peu fier d’arriver à la fin de cette mission. Soudain, un cadavre est happé par le Narval, qui le mutile... Un informateur anonyme nommé Platon s’adresse au cyberjournaliste Léo Tanguy, l’incitant à s’intéresser à l’affaire. C’est ainsi que Léo s’installe à Rennes chez son ami Thomas. Officiellement, peu d’informations sont dévoilées au public. Grâce à Platon, Léo sait que la victime s’appelle David Gautier, prof d’anglais au lycée Joliot-Curie. Il possède un autre nom, Marina, sans doute élève du même établissement.
Enquêtant au lycée, il apprend qu’une jeune Tchétchène de dix-huit ans, Marina Mamedova, a été récemment expulsée de France. Elle fut la petite amie d’Antoine, fils de bonne famille — encore que cette famille soit depuis quelques temps “décomposée”. Quand Léo rencontre Antoine, celui-ci ne se montre pas coopératif. Au lycée, le proviseur n’offre guère de détails à Léo sur le prof David Gautier. Le cyberenquêteur remarque la jolie remplaçante du disparu, Véronique. En réalité, il s’avère que la jeune femme est une policière infiltrée au lycée. L’échange entre Léo et elle ne respire pas la pure cordialité, mais tous deux enquêtent sur le même terrain. Véronique surveille de près les activités et le site Internet de Léo.
Dans un immeuble voué à la destruction, Léo rencontre Michel Corbel, oncle par alliance de Marina. Il ne sait trop quel était le rôle de David Gautier. Peut-être a-t-il fourni de faux papiers à la jeune fille. Près du chantier du métro, Léo sympathise avec Edmond, le conducteur du Narval. Ce dernier lui indique que le corps se trouvait dans un puits rebouché, non loin du domicile de Gautier. Grâce à Edmond, Léo visite aussi la nouvelle ligne de métro. Tandis que des échauffourées opposent militants de l’aide aux sans-papiers et “breizhskins” fachos, Léo obtient l’aide de son amie Suzie. Un détour par Quimper et une nuit d’amour contre quelques renseignements. Marina a effectivement été dénoncée. La voisine âgée de David Gautier finit par donner un bon coup de main à Léo. Elle a pris en photo les visiteurs passés chez le prof le soir de sa disparition…
Sachant que ces aventures se placent dans les quelques années, Isabelle Amonou décrit une projection crédible de la réalité à venir, avec une vision qui apparaît pleine de justesse. Débonnaire et observateur, Léo Tanguy progresse à son rythme. Définir le lien énigmatique entre le prof victime et Marina permet d’alimenter un bon suspense. Si le jeune Antoine fait un bon suspect, reste à comprendre pourquoi on a éliminé un modeste prof. Le soutien aux sans-papiers désireux de s’intégrer constitue un des principaux thèmes de cette histoire. Soulignons la fluidité narrative et la qualité d’écriture de ce roman, un épisode très réussi de cette collection.