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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 06:30
 

L’association Les Habits Noirs a été fondée en 2007 par Stéfanie Delestré, Jean-Bernard Pouy, Clémentine Thiebault, Marc Villard. Cette association a pour vocation la promotion de la littérature populaire et du roman noir sous toutes ses formes et l’envie affirmée de décloisonner les genres, disciplines et autres modes d’expression du «noir» et du polar.

Les Habits Noirs organisent un week-end d’animation les 26 et 27 septembre 2009 au Point Éphémère, 200 quai de Valmy à Paris. Voici le programme :

samedi 26 septembre (entrée libre sauf pour la projection).

• 14h à 16h - Enregistrement public du « casque et l’enclume » Émission littéraire podcastable : en présence de six auteurs (Jean-Bernard Pouy, Caryl Férey, Sophie Couronne, Francis Mizio, Sébastien Gendron et Marc Villard), Stéfanie Delestré, animé par Isabelle Pehourticq et Clémentine Thiébault avec des lectures d’Alice Varenne et Anne Azoulay.

• 16h à 17h - Lectures sauvages à partir du textes de Paul Féval « Les Habits Noirs », des lectures par des comédiens sont proposées au public dans des lieux insolites -dans et aux alentours du Point Ephémère. Ces lectures libres donnent lieu à un échange avec les lecteurs/spectateurs.

• 17h à 18h - « fausse conférence » sur l’édition et le monde du livre, par Yves Pagès (auteur, éditeur chez Verticales) et François Wastiaux (comédien, metteur en scène).

• 18h à 18h30 - Lectures sauvages à partir de textes des auteurs présents (dont les livres seront sur le stand de « la librairie sauvage »), des lectures par des comédiens sont proposées au public dans des lieux insolites -dans et aux alentours du Point Ephémère. Ces lectures libres donnent lieu à un échange avec les lecteurs/spectateurs.

• 18h30 à 20h - Inauguration autour des «marronniers» (clichés des littératures blanche et noire) de Jean Bernard Pouy et Francis Mizio.

• 20h30 à 22h - Zone noire : Projection d’un film noir sous-titré (Nosferatu, de Murnau) avec une mise en musique improvisée sur scène par le trio ZONE LIBRE (Serge Teyssot-Gay et Marc Sens -guitares électriques ; Cyril Bilbeau -batterie). Entrée payante. L’idée : mettre en décalage deux univers liés (le film noir et la musique) pour une mise en forme radicalement différente, une lecture de l’image unique façonnée par l’improvisation musicale.

• à partir de 22h30 : set du DJ ManuSound : sur le thème des musiques citées dans les romans de Georges Pélécanos, sélectionnées par Frantz Hoez et Clémentine Thiébault, puis set dancefloor.

dimanche 27 septembre (entrée libre sauf pour le spectacle «Crevasses»)

• 14h30 à 16h : «Territoires de la peur». Vidéo projection de 150 photos «noires» signées Cyrille Derouineau et mises en son par Sophie Couronne. Voix : Alice Varenne (textes de Didier Daeninckx, Marcus Malte, Marc Villard, Jean-Bernard Pouy, Michel Quint).

• 16h à 17h30 - Enregistrement public du «Casque et l’enclume» spécial BD : J-C.C hauzy, Marc Villard, J.B.Pouy, Deup, Loustal, José-Louis Bocquet… animé par Frédéric Prilleux et Mikael Demetz.

• 17h30 à 18h30 - Représentation de la pièce «Crevasses» écrite par Caryl Férey, jouée par 3 comédiens et 2 slameurs et mise en musique par Marc Sens (durée: 50 min - entrée payante). À la suite du "géocide" perpétré par les Hommes, deux crevasses, filles de la Terre, se vengent sur les derniers humains rescapés de leur propre folie : ils ne sont à présent plus que trois. Dans le froid du Grand Nord, les crevasses évoquent le passé, l’assassinat de leur mère, quand enfin un homme tombe dans leur faille. Le malheureux a beau clamer son innocence, expliquer les ambiguïtés de l’humanité, les crevasses l’enserrent dans leurs bras de glace, et l’écrasent… Ne reste plus désormais qu’un couple d’humains, dont l’histoire est celle de tous les Hommes…

• 18h30 : Projection du court-métrage réalisé par l’équipe de Chicken’s Chicots pendant la durée du festival.
http://leshabitsnoirs.blogspot.com/  

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 06:25
 

Voici les rendez-vous d’automne de Pierre Hanot, auteur de Les clous du fakir (Fayard Noir), présélectionné pour le Prix Polar 2009 de Cognac, en octobre.


LA COURNEUVE (93) "Village du livre" de la Fête de l'Huma, les 12-13 septembre - NANCY (54) "Le livre sur la place", les 18-19-20 septembre - DRAP (06) "Polar à Drap", les 26-27 septembre - LONGWY (54) "Les ailes du livre", les 3-4 octobre - LE MANS (72) "La 25e heure du livre", les 10-11 octobre - COGNAC (16) "Polar & co le salon", les 16-17-18 octobre - BRIVE (19) "Salon du livre", les 6-7-8 novembre - COLMAR (68) "Salon du livre", les 21-22 novembre.

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 06:31
 

Pour fêter ses 30 ans, la collection Spécial-Suspense publie deux romans de très belle qualité. Voici celui de Mikaël Ollivier : “La promesse du feu (Albin Michel, 2009).

Un incendie de forêt dans la région de Montpellier cause une victime. Prisonnier dans son 4x4, Baptiste Legendre périt dans les flammes. Pilote de Canadair, Târiq Amraoui intervient sur ce feu. Il effectue même un largage imprévu, pensant avoir repéré une femme au cœur du brasier. En effet, la photographe Tiffany Roche prend des clichés au plus près de le l’incendie. Cernée par le feu, elle est sauvée par l’initiative de Târiq. Technicien d’Investigation Criminelle, le maréchal des logis-chef Damien Le Guen enquête sur les lieux. La victime habitait dans un maisonnette non loin de là. Ouvrier forestier quadragénaire, Legendre avait la réputation d’être mêlé à des affaires malhonnêtes. Damien note qu’une femme avait passé la nuit chez Legendre. Il apprend plus tard que Tiffany Roche était l’amante du forestier. En guise d’alibi, elle prétend avoir dormi cette nuit-là à Marseille, chez son meilleur ami, Xavier.

Damien se souvient que, étant enfant, il rencontra une fois Tiffany par hasard. Guillaume Le Guen, le frère aîné de Damien, est commissaire de police. Ils se retrouvent de temps à autre chez leur mère, Nancy. À 72 ans, cette passionnée d’intrigues policières ne manque pas de fantaisie. Après enquête, Damien doit conclure que l’incendie fut accidentel. Quand il évoque Tiffany, sa mère se souvient du drame vécu par la famille Roche en 1992. Le père, la tante et la cousine de Tiffany périrent dans l’incendie de leur maison. C’est sans doute ce qui explique l’attrait du feu chez la jeune femme, et ses troubles “absences”. Elle reste obnubilée par les images d’Alexandra, sa cousine, avec laquelle elle entretenait une relation sensuelle. Malgré l’aide morale de son ami Xavier et de son agent Anne-Laure, Tiffany sent une sourde menace autour d’elle. Pourtant, l’expo-photos qu’elle prépare sur le thème du feu s’annonce une réussite.

Damien s’est aussi interrogé sur le rôle de Târiq Amraoui dans cet incendie. Il est originaire de Villeneuve-Saint-Georges, comme Baptiste Legendre. Simple coïncidence, peut-être, mais plusieurs amis fachos du forestier ont été victimes d’incidents fâcheux au fil des ans. Damien et Târiq sont présents lors de l’expo-photos de Tiffany, tous deux amoureux de la jeune femme. Au printemps suivant, Xavier épouse enfin Mary, sa compagne depuis près d’un an. À l’issue de la fête qui se déroulait chez l’oncle de Tiffany, ce dernier est assassiné et immolé dans le chalet de jardin où il se retirait. Guillaume et Damien ne peuvent croire qu’il s’agisse cette fois d’un accident. Quand arrive l’été, Târiq est affecté sur les incendies en Corse. Pour un reportage sur l’action des Canadairs, Tiffany va l’accompagner dans ses missions. Tandis que Damien tente toujours de comprendre les faits, le danger diffus se précise autour de la photographe…

Bien qu’un gendarme et un policier soient concernés, ne nous y trompons pas : il ne s’agit nullement d’un roman d’enquête, au sens strict. La qualité principale de Mikaël Ollivier consiste, ici comme dans ses précédents titres, à soigner tout particulièrement les ambiances, à entretenir une tension énigmatique. C’est à travers le vécu des personnages qu’avance l’histoire. On nous offre des détails sur leur passé, des épisodes marquants. On partage certains de leurs états d’âmes, de leurs doutes intimes. On s’interroge sur l’ombre rôdant peut-être autour de Tiffany. Pourtant, malgré ces précisions, subsiste un flou sur leur responsabilité effective. C’est là que réside le talent de cet auteur. Comment ne pas apprécier la passionnée de polars Nancy Le Guen, élément souriant qui n’est pas une simple figurante? Le récit est aussi alimenté par des scènes d’action, dont les rigoureuses reconstitutions des interventions de Canadairs. Un suspense riche en questions sur le rôle de chacun, et tout en finesse psychologique, dans lequel on s’installe avec délectation.

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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 06:21
 

Pour fêter ses 30 ans, la collection Spécial-Suspense publie deux romans de très belle qualité. Voici celui de Lisa Gardner : “Sauver sa peau (Albin Michel, 2009). À ceux qui imaginent que le petit résumé suivant raconte toute l’histoire, il convient de répondre qu’ils se trompent. Ce n’est là qu’un survol, à travers les grandes lignes du scénario concocté par l’auteur. Tortueuse à souhait, l’intrigue est bien plus dense encore, plus intense.

Aujourd’hui âgée de 32 ans, Annabelle est revenue vivre à Boston. Ses parents et elle ont fui le Massachusetts vingt-cinq ans plus tôt. Elle a connu une enfance chaotique, son père décidant souvent de changer de ville. Il lui apprit à se méfier des inconnus, lui fit suivre des cours de boxe. Annabelle ne sut jamais ce que son père, universitaire ayant quitté son poste, redoutait réellement. Ce mode de vie, autant que l’alcool, furent fatals à sa mère. Quelques temps après leur retour à Boston, sous des faux noms, le père d’Annabelle mourut dans un accident. Restant en permanence sur la défensive, la jeune femme vit seule avec sa chienne Bella. À part le livreur d’UPS lui apportant des colis à domicile pour son métier, Annabelle ne cherche pas à communiquer avec quiconque.

Ancien tireur d’élite mêlé à une affaire mal éclaircie, Bobby Dodge est désormais policier. Son amie D.D.Warren, commandante de la police de Boston, fait appel à lui. Dans le quartier de Mattapan, juste à côté de l’ex-hôpital psychiatrique, on vient de faire une macabre découverte. Dans une caverne creusée et aménagée, on a trouvé les corps momifiés de six fillettes dans des sacs. Il s’agit d’enfants enlevés un quart de siècle plus tôt. Ce qui rappelle à Bobby Dodge l’affaire Umbrio. En 1980, ce type kidnappa la jeune Catherine Gagnon. Celle-ci ayant pu s’en sortir, le coupable (mort depuis) était en prison à l’époque où les six fillettes furent enlevées. Par la suite, Bobby et Catherine eurent une relation trouble. La mort brutale du mari de Catherine obligea Bobby à changer de métier.

Annabelle est censée faire partie des six victimes. En réalité, c’est son amie Dori Petracelli qu’on a découverte à sa place. Est-ce l’enlèvement de cette gamine qui alimenta la paranoïa du père d’Annabelle ? La jeune femme explique son cas à Bobby Dodge et D.D.Warren. Les policiers acceptent qu’elle visite “la tombe de sa meilleure amie”. Un témoin s’adresse au trio. Ancien employé de l’hôpital psychiatrique, Charlie Marvin relate quelques cas singuliers qu’il a connus. Il cite notamment celui de Christopher Eola, un cinglé particulièrement fourbe. Cette piste intéresse la police. Ils apprennent que l’introuvable Eola fut trop vite remis en liberté, et qu’il bénéficie d’une rente de sa riche famille. Bobby s’interroge aussi sur le protecteur père d’Annabelle, possible suspect pédophile.

Annabelle revoit les parents de son amie Dori, qui n’ont jamais compris le déménagement express de sa famille, ni la disparition de leur propre fille. Puis, la jeune femme et les deux policiers rencontrent Catherine Gagnon dans sa belle propriété d’Arizona. Elle confirme que son kidnappeur était bien Umbrio, pas un autre. Hospitalisée, elle fut questionnée par le père d’Annabelle qui se faisait passer pour un agent du FBI. Or, l’affaire se passait deux ans avant l’enlèvement de Dori et des fillettes. Au retour, D.D. Warren trouve un message menaçant sur sa voiture. Malgré l’efficacité de Bobby, elle va être exposée à un grave danger. Annabelle reste méfiante, étant certaine que le criminel rôde non loin d’elle. Seul l’ancien supérieur de son père connaît tous les détails et les causes…

La complexe expérience de vie d’Annabelle dès l’enfance, les mystères entourant son père, le cas de Dori Petracelli différent de celui de Catherine Gagnon, ou la situation de Bobby Dodge, rien ici n’est jamais limpides. Quant au meurtrier, inspiré par l’affaire Umbrio ou pas du tout, il serait prématuré de le désigner trop rapidement. L’équipe de policier est active, mais l’adversaire est habile, toujours présent. Personnage central, la dynamique et prudente Annabelle s’avère attachante, car elle n’a jamais un comportement de victime. Savoir si elle doit détester son père, pour avoir perturbé ses jeunes années, reste une des clés de l’énigme. La force de l’auteur consiste à mesurer la tension, sans tomber dans des effets faciles, des schémas attendus. C’est dire que ce roman est idéalement maîtrisé. Un suspense de qualité supérieure.

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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 06:18
 

Elena Piacentini a publié "Un corse à Lille" et "Art brut" dans la collection Polars en Nord, deux romans qui connaissent un succès certain. Elle répond à quelques questions pour Action-Suspense.

Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes votre héros, le Cdt Pierre-Arsène Leoni, de la PJ de Lille ?

Elena Piacentini : La trentaine, Leoni est un beau brun aux yeux verts. Physiquement, il est irréprochable et célibataire ! Quitte à passer de nombreuses nuits blanches avec un homme… Pour ce qui est du caractère, il est encore perfectible, comme beaucoup de ses congénères, du reste. Abandonné par son père, orphelin de mère, il a été élevé par sa grand-mère maternelle, une femme généreuse au caractère bien trempé, à laquelle il voue un amour inconditionnel. Il est le fils non reconnu et le légataire d’un homme qui a fait fortune. Cette filiation, cet héritage l’encombrent et le façonnent tout à la fois : ils sont à l’origine de sa vocation de flic. C’est un homme dont l’obsession du contrôle cache de nombreuses failles qui se dévoileront au fil de ses enquêtes. Animé de valeurs fortes, Leoni agit avec un sens du devoir et de la justice poussés à l’extrême, ce qui le rend rigide et prompt à enfreindre les règles. En tant que commandant, il sait faire preuve de souplesse et d’écoute. C’est un "patron" un brin protecteur qui assume pleinement la responsabilité de ses actes. Enfin, il glisse en permanence sur le fil ténu, tendu entre la nostalgie du départ et l’espérance du retour : il demeure un corse qui s’est absenté de son île.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire des polars ? Et dans ce cadre, vous sentez-vous plus proche du roman d’enquête ou du roman noir ?

E.P. : C’est un petit peu comme en cuisine : lorsque que l’on aime déguster et partager, vient un moment où l’on a envie de passer derrière les fourneaux. Mon arrière grand-père adorait raconter des légendes sombres et inquiétantes à la veillée. Ma grand-mère me régalait d’anecdotes extraordinaires du temps de sa jeunesse. Enfant, j’ai dévoré le bel Arsène, Rouletabille, le Comte de Monte Cristo et enfin Poe et Barjavel. Ma bibliothèque craque et je serais bien en peine de classer mes livres par genre. Je ne retiens finalement que deux catégories : ceux qui m’ont embarquée "parce que c’était eux et parce que c’était moi" et ceux dont j’ai oublié l’histoire ou les héros. Le polar offre un espace de liberté qui me convient parfaitement. De l’humour au sordide, toute la palette des émotions et des sensations est permise. Alors pourquoi s’enfermer dans un genre ? Je serais bien en peine de procéder à la classification de mes deux titres, je laisse ce soin aux spécialistes qui s’y entendent mieux que moi.

Votre premier titre, "Un Corse à Lille", a connu rapidement un beau succès. Une belle satisfaction, quand on publie son premier roman ?

E.P. : Soulagement serait le terme le plus approprié ! Si les lecteurs avaient boudé Leoni, il aurait sans nul doute disparu prématurément ! Je considère cette aventure comme un encouragement à persévérer et à m’améliorer, en tous cas tant que le plaisir d’imaginer des histoires est au rendez-vous. J’ai écrit ce premier livre pour relever un défi lancé par mon mari. J’ai éprouvé de la satisfaction lorsque j’ai clos le chapitre final, du bonheur lorsque j’ai reçu la réponse positive de mon éditeur, de la fierté lorsque j’ai offert le livre à ma grand-mère (je le lui ai dédié). Cette période d’euphorie a été suivie d’une période de doutes. Les doutes sont toujours là ! Heureusement, mes amis et lecteurs fidèles, de Lille et de l’île, sont là pour les adoucir. Leoni a réussi à franchir la Méditerranée (dans le sens Continent-Corse les péripéties du voyage sont surmontables !), finalement, il me ressemble un peu, il aime les voyages tant que le retour demeure possible.

Être Corse suppose une forte identité, un grand attachement à votre région. Il s’y développe aujourd’hui un vrai mouvement culturel (Corsica polar) avec des auteurs actifs et solidaires ?

E.P. : L’identité est un questionnement sans fin auquel chacun apporte sa réponse singulière, elle est aussi et surtout un formidable terreau en matière de création. Chaque région du monde possède sa petite musique intérieure, son rythme. Ils sont incomparables, indispensables et infiniment plus subtils que les clichés dont on les affuble. A la fin des années 70, porté par un large élan associatif, la Corse est entrée dans le "reaquistu" (réacquisition), un mouvement qui a réensemencé tous les secteurs : histoire, musique, chant, arts populaires, traditions, littérature… Près de trente ans plus tard, la diversité des auteurs et des genres témoignent, comme dans d’autres régions d’ailleurs, d’une belle vitalité : la moisson est florissante.

Le salon organisé à Ajaccio par Corsicapolar est un exemple de cette richesse et de la solidarité qui anime ses membres. De nombreux auteurs ont notamment participé à l’élaboration d’un recueil de nouvelles policières dont le produit de la vente est entièrement reversé à l’association Handi 20, pour l’achat de fauteuils permettant aux enfants handicapés d’accéder aux plages. Lors du dernier salon Corsicapolar, un auteur qui venait de publier son premier roman confiait à Elisabeth Milleliri (qui a commis "Caveau de famille" et "Comme un chien dans la vigne" il y a quinze ans et qui - mille fois hélas - ne publie plus ) : "C’est en lisant tes livres, que j’ai osé écrire un polar dont l’action se déroule en Corse". Les éditeurs dits "régionaux" ou les coopératives d’auteurs offrent aux lecteurs des univers riches et bariolés qui rompent avec la monotonie d’une production standardisée.

L’action de mes romans se passe essentiellement à Lille. Mon personnage principal, sa grand-mère sont corses. Certaines phrases sont écrites en langue corse et traduites en bas de page. A Lille, mes romans sont classés au rayon "régional". C’était également le cas en Corse pour "Un Corse à Lille". Depuis la sortie de sa deuxième enquête, dans la plupart des librairies corses, Leoni a déménagé au rayon polar, c’est là qu’est sa place. La formulation de "roman régional", les adjectifs réducteurs, ont le don de me hérisser car ils induisent trop souvent une hiérarchisation qui n’a pas lieu d’être : régional, national, international, universel. En tant que lectrice, je me moque de savoir où se déroulera l’action, ce qui m’importe, c’est de cheminer dans l’imaginaire d’un autre. Les polars dits "efficaces", formatés version films d’action à l’américaine m’ennuient, voire m’agacent lorsqu’ils sont écrits par des français. C’est sûrement pour cela que j’aime autant les histoires de Camilleri : nul autre que lui ne pourrait les écrire et les accommoder avec autant de bonheur. En littérature, comme dans la vie du reste, la sincérité, la justesse sont pour moi essentielles. Ecrire un polar qui se déroulerait à New York ou Oslo serait pour moi une imposture. Cette démarche relève davantage du marketing que de la création. Tant pis pour les grandes lois économiques qui régissent l’industrie du livre ! Pour mes voyages littéraires, je préfère les chemins de traverse aux circuits des Tour Operators.

Quel que soit l’adjectif dont on qualifie mes romans policiers, une chose demeure certaine : je suis corse et je suis attachée à la région du Nord qui m’a accueillie. C’est dans le petit village où j’ai grandi que je me sens reliée au reste du monde. Si d’autres considèrent l’insularité comme un enfermement, je la vis comme une passerelle, une porte ouverte sur des milliers d’ailleurs. Là-bas, je me sens héritière et passeuse. J’ai la chance, dans ce monde dément, d’appartenir à un bout de terre où les arbres, les pierres, les sentes oubliées ont une histoire à me raconter. Il y a quelque chose de sacré dans le rapport que j’ai à mon île, à la beauté qu’elle offre au regard. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai besoin d’un certain esthétisme dans mes romans et dans mes lectures. J’imagine que tous les auteurs dont les racines sont profondément ancrées auraient la même histoire d’amour à raconter.

Préparez-vous une future aventure du Cdt Léoni ? Quelques détails ?

E.P. : Oui, j’en suis au dernier quart, le plus excitant et le plus décourageant ! Il me faudrait quinze jours, totalement seule, quelques litres de glace et du vin blanc de Corse ! Si je pastichais le site de présentation du dernier roman de Marc Levy, cela pourrait donner quelque chose dans le style :

« Lui, c’est un enquêteur tenace perdu dans les brumes septentrionales, il enquête sur un meurtre aussi horrible qu’insensé. Elle, c’est un pétulant médecin légiste fuyant une histoire aussi brève qu’enflammée. Elle cherche à s’évader dans l’hémisphère sud, mais la curiosité la met sur la piste d’une bien étrange histoire de famille.»

Il y a des aéroports, des voitures, un bateau mais pas d’avion ni de vélo. Il y a des bêtes mais pas d’animaux. Il y a des Corses, des Normands, un Niçois, un Italien, une Belge et beaucoup de Lillois… Il ne changera pas la face du monde mais apportera, je le souhaite, du plaisir tout simplement. Le premier chapitre s’ouvre sur une ville du Brésil, le dernier pourrait bien se clore sur un petit village en Corse. Ou ailleurs, qui sait ? Les personnages principaux flirteront avec leurs limites, la légiste flirtera avec… mais je n’en dit pas davantage. Plus sérieusement, j’explore dans ce troisième volet la face la plus sombre de Leoni. Je me fais plaisir en me baladant, en espérant de tout cœur que ce plaisir sera partagé par tous ceux qui ont déjà été séduits par les aventures du "Corse du Nord"...

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 06:23
 

AprèsDéviancesetPsycho,Funéraillesde Richard Montanari est la troisième aventure du duo Kevin Byrne-Jessica Balzano. Sur les rives de la Shuylkill ("Deux cent cinq kilomètres de scènes de crime potentielles"), les deux flics traquent un adepte de la lune et des contes de fées. L’auteur évite le trop schématique duel entre le serial killer et la police, sans négliger une tension certaine durant le récit…

À peine de retour à Philadelphie, l’inspecteur chevronné Kevin Byrne se retrouve face à un repris de justice qui tue son otage, avant d’être abattu. Mais c’est surtout à une étrange série de meurtres que Byrne et sa jeune coéquipière Jessica Balzano sont confrontés. On découvre sur la rive de la Schuykill le cadavre d’une femme, aux pieds amputés. L’œuvre d’un cinglé, à n’en pas douter. Peu de témoins dans ce secteur isolé. Au mieux, les policiers peuvent suspecter un agent immobilier, sans doute plus frimeur que dangereux. Les proches de la victime, y compris le prêtre orthodoxe Greg, apportent peu d’éléments utiles.

Dans l’ombre, le pasteur Roland Hannah (avec son demi-frère simplet Charles) joue les vengeurs, punissant des coupables ayant échappé à la Justice. Le jeune policier amish Josh Bontrager n’est pas de trop pour aider Byrne et Balzano dans leur enquête. Alors qu’il vient de fêter son départ en retraite, le vieux flic Brigham est assassiné. Durant sa carrière, une seule enquête (sur la mort de deux fillettes) n’avait pas abouti. C’est sur le lieu de la disparition des victimes qu’on trouve son cadavre carbonisé. Brigham continuait à collecter des indices sur l’affaire non résolue.

Une deuxième femme étranglée est découverte au bord de la Shuylkill. Comme la première, on a dessiné sur son corps une lune à base de sperme et de sang. Les victimes portant des robes anciennes, Jessica Balzano visite les friperies de la ville. Sans savoir quel rôle il joue, elle croise le pasteur Roland, ainsi qu’une future victime du tueur. Bientôt, un autre cadavre de femme est retrouvé au bord de la même rivière. Byrne et Josh Bontrager poursuivent l’enquête, tandis que Jessica Balzano est chargée de l’affaire Brigham. Avec une collègue, elles s’intéressent à la photo d’une maison isolée, qu’elles finissent par situer en Pennsylvanie. La famille Damgaard y créa jadis un parc d’attraction, sur le thème des contes. Cet endroit abandonné est promis à la démolition…

Foisonnante enquête, riche en détails et en personnages suspects, à laquelle se mêle une précédente affaire. Sans oublier le mari de l’otage tuée au tout début, qui menace Byrne, et un bien étrange pasteur. Tous les éléments d’un solide thriller sont réunis ici, dans un suspense qui captive jusqu’au dénouement.
Ce suspense sort chez "Pocket" cette semaine.

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 08:02

 

L'ami Pascal Polisset évoque une de ses récentes lectures : “Missak”, de Didier Daeninckx (éditions Perrin, août 2009). Action-Suspense lui laisse bien volontiers la parole.

C’est évident, dans quelques journaux, sur quelques sites, quelques critiques littéraires vont ranger le dernier livre de Didier Daeninckx dans la rubrique qui leur colle au clavier : au choix : polar, roman noir, voire littérature noire, pire roman policier… D’autres, plus aguerris à la lecture de cet écrivain, viendront, peut être, à écrire qu’il invente ou réinvente un genre.

Peut être, plus littérairement, plus en amont de l’actuelle nomenclature des parutions, serait-il un auteur qui trempant sa plume dans la veine de l’Histoire lui redonne chair et vie. D’autant que c’est dans les entrailles du monde ouvrier, de ces récits oubliés ou bannis qu’il va chercher sdidieron inspiration et construit son écriture.

Arthur Koestler, Manès Sperber, Upton Sinclair, Anton Ciliga, Victor Serge, Georges Orwell, Panaï Istrati, Paul Nizan, David Rousset ont mis en mots et phrases, en romans, les copeaux de leurs vies hachurées par une histoire occultée mais cela reste la bibliothèque inachevée d’une époque où "Il était minuit dans la siècle".

Ce qui différencie, manifestement, l’écrivain, trop jeune pour avoir été acteur de périodes historiques qu’il traite, de toute la production littéraire actuelle, c’est qu’il renoue un fil cassé entre l’Histoire et l’histoire des hommes et des femmes qui les ont vécues et ce sans aucun respect du silence des convenances et autres lâchetés convenues. Pire, il écrit des romans dont l’exactitude historique confond les mémoires policières, celles d’historiens patentés et quelques autres imbus de certitudes rarement démenties.

Dans son dernier roman, “Missak”, Didier Daeninckx nous conte l’enquête, évidemment improbable – rappel : c’est un roman - d’un jeune journaliste, Louis Dragère, commis par sa rédaction, celle de "l’Humanité", pour rédiger un papier commémorant les victimes dites de "l’Affiche rouge". Le jeune garçon, journaliste à l’Huma, vingt cinq ans au mitant des années cinquante, n’est qu’un enfant du "Parti des fusillés" et s’attelle, sans vergogne, à taper son article. Il s’agira de rédiger un article préparatoire à l’érection d’un monument dédié aux fusillés du "Groupe Manouchian".

Dans un Paris victime des inondations, dans la distorsion entre sa vie et celle de son aimée, bloquée auprès du lit d’une mère malade,… de rencontres en réflexions, le doute, qui l’envahit, s’impose à sa raison. Il lui faudra s’immerger dans l’histoire des communistes, juifs arméniens qui habitent non loin de chez lui, mais aussi en Arménie soviétique.

Il croisera tour à tour Duclos, Aragon, Aznavour, Roland Filiatre, Henri Krazucki, Charles Tillon, Armène Asssadourian, la sœur de Mélinée, l’épouse de Missak, figure emblématique du martyr de ces militants des FTP-MOI, "seuls" et isolés résistants de la toute première heure..

Louis est notre guide, il nous repose de la violence de l’Histoire qu’il traverse. Sa crédulité aimable mais inquiète, une certaine incompréhension sur laquelle il base son enquête, car enquête il existe, nous autorisent, lecteurs, d’être acteurs de la volonté de l’auteur de renouer des liens avec cette histoire, cette Histoire bafouée mais qui demeure totalement essentielle.

Il est d’évidence que quant à classer ce livre, comme certains autres de cet auteur, il faudrait l’appeler d’un genre particulier, mais je n’ai pas trouvé le mot adéquat : peut être un nouveau genre : du Daeninckx  ?

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 12:07

3e Festival du polar à Drap (06, à côté de Nice), les samedi 26 et dimanche 27 septembre 2009, salle M. Thorez. Le thème de l’année est « le polar Italien ». Salon du livre, animations et débats sont programmés.

Les auteurs annoncés, les 26 et 27 septembre :

Patrick Raynal, Romain Slocombe, Jean-Hugues Oppel, Jean-Bernard Pouy, Moussa Konaté, Pierre Hanot, Joe G.Pinelli, Françoise Laurent, Nadine Monfils, Colin Thibert, Franck Membribe, L.Machiavelli, Éric Roux, Jean-Pierre Orsi, Jocelyne Sauvard, Joëlle Delange, Serge-Yves Ruquet, Alain Brézault, Arlette Lauterbach, Lucas Crovi, Roger Martin, Michelle Blachère, Arnaud Gobin, Marion Poirson, Paul Carta, René Frégni, Jean-Paul Ceccaldi.

[Informations : 04.93.01.45.55 - Email : culture.drap@wanadoo.fr - Site ville de Drap : www.ville-drap.fr ]

En préambule, l’association la Noir'Rôde propose une soirée "Polars Italiens", le vendredi 11 septembre à 18h30, à la médiathèque de Drap (Drap-Village). Au programme : Tour d'horizon du polar italien actuel. Buffet d'antipasti. Renseignements:
Médiathèque Drap 04.93.54.46.38 - Association La Noir'Rôde: 04.93.22.88.83

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