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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 05:59

Âgé de soixante-quatre ans, ce new-yorkais a connu un certain succès en publiant quatre thrillers. Alors qu'il craint que sa santé décline, il veut connaître un ultime moment de gloire. Commettre une série de crimes parfaits, d'anthologie, ça ne s'improvise pas. Il est marié à la secrétaire du directeur d'un collège privé. Son épouse se mésestime elle-même, restant admirative de son héros écrivain. Ce dernier va s'inspirer du Petit Chaperon Rouge pour son chef d'œuvre criminel, un conte plus sanglant à l'origine. Il se baptise le grand Méchant Loup. Il adresse des messages menaçants à trois femmes rousses, concluant par ce mots : “Et comme la petite fille du conte, vous avez été choisies pour mourir.”

Les trois victimes désignées ? La Rousse n°1 est le Dr Karen Jayson, quinquagénaire qui exerce dans le Massachusetts. Elle vit seule avec ses deux chats. Pleine de compassion pour les malades, dans sa vie privée, elle aime jouer les humoristes sur scène. La Rousse n°2 est Sarah Locksley, trente-trois ans. Depuis un an, elle a abandonné son métier d'institutrice après un drame familial. Dépressive, elle s'abrutit d'un mélange d'alcool et de médicaments, vivant nue chez elle dans le désordre. La Rousse n°3 est Jordan Ellis, dix-sept ans, étudiante dans une école privée préparant à l'université. Depuis le divorce de ses parents, elle n'est plus si bonne élève. À cause de ses cheveux roux, elle se sent aussi à l'écart des autres. C'est une excellente sportive, ce qui plaît au Grand Méchant Loup.

Rédigeant le suivi de son projet, l'écrivain sait déjà que ses cibles n'ont pas de solutions concrètes pour réagir. La médecin appelle la police, mais il y a trop peu d'indices pour que soit lancée une enquête. L'ex-institutrice récupère l'arme de son défunt mari Ted, qui fut militaire et pompier, un Colt Python 357 Magnum. Plutôt se défendre que se suicider avec ce revolver. Même si Sarah, comme Karen, se laisse parfois perturber par des ombres ou des bruits inquiétants. La jeune Jordan s'angoisse moins, gardant une vie d'étudiante. Elle se renseigne en détail sur la version originale du conte, pensant y trouver de quoi contrer ce Grand Méchant Loup. Elle n'espère pas de soutien ni auprès du directeur de l'école, ni d'aucun psy (“Un psy avec un gros flingue, voilà ce qui m'aiderait”).

Les surveillant toujours, le Grand Méchant Loup adresse une vidéo via YouTube à ses trois cibles. Il les a filmées d'assez près, comme s'il sortait du bois pour les attaquer. Karen se renseigne, mais il semble aisé de publier dans l'anonymat des vidéos sur ce média. Jordan est plus habile avec Internet. Outre la sienne, elle retrouve vite celles destinées aux deux autres. Elle entre en contact avec le Dr Karen Jayson. Toutes deux vont sympathiser sans délai. Un détail final de la vidéo pour la Rousse n°2 leur permet d'identifier Sarah. À trois, elles peuvent espérer contrer plus facilement le Grand Méchant Loup. Mais peut-être est-ce là ce qu'il a prévu ? Au moindre incident, tant que son épouse ne s'en mêle pas, il peut compter sur son habile réactivité pour poursuivre son plan. Des failles, il y en a toujours, côté assassin, mais surtout côté cibles. Qui survivra à ce jeu meurtrier ?...

John Katzenbach : Le loup (Presses de la Cité, 2014)

Il n'y a pas à faire de commentaire sur un tel suspense signé John Katzenbach, Grand prix de Littérature policière 2004 pour “L'analyste”. Ce romancier gère son intrigue avec une rare maestria. S'il s'agissait simplement d'un “jeu du chat et des souris (rousses)”, ce serait déjà très réussi. Un tueur en série qui s'efforce de se montrer plus astucieux que la moyenne, un postulat classique et souvent bienvenu. L'auteur va plus loin, car il met en scène un écrivain, censé mener la danse. Ce personnage fait part aux lecteurs de toute sa conception de ce qu'il va illustrer, de sa psychologie et de ce qu'il pense (à tort plus qu'à raison) être celle de ses futures victimes.

C'est là que Katzenbach s'avère magistral. Ces passages “mise au point” ne sont jamais ennuyeux. Ces réflexions sur son métier ne ralentissent nullement le récit. “Tourner la page doit être pour le lecteur une nécessité absolue. À quoi bon raconter une histoire su elle ne résonne pas dans l'esprit du lecteur longtemps après qu'il a tourné la dernière page ? L'écrivain et le tueur s'efforcent tous deux de créer une œuvre durable.” Quant au trio de rousses, il serait inconcevable que dans le monde actuel, elles soient de banales “traquées”, inertes face au danger. Des initiatives, elles vont en prendre. Ce qui alimente en permanence l'action et multiplie les sympathiques péripéties. Une histoire à dévorer, si le Grand Méchant Loup des contes d'antan nous en laisse un morceau.

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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 05:55

Pour Noël 1759, le roi Louis XV offre à la population une belle fête autour de la Seine avec un grand feu d'artifice. Ce qui n'empêche pas le lieutenant général de police Sartine de se méfier des réactions du peuple envers la monarchie. Cette nuit-là, un jeune homme vêtu tel un moine est assassiné dans une ruelle sombre. Après un étudiant et un apprenti, ce semble être le troisième meurtre d'une même série, visant des hommes de moins de vingt-cinq ans. Volnay, le commissaire aux morts étrange, et son père toujours attifé en moine mènent l'enquête.

“L'assassin a pratiqué la même méthode d'égorgement que pour les deux précédents crimes et tranché la langue avec son couteau”, constate le Moine. Une lettre écrite en cyrillique indique que le dernier mort serait Russe. Dans un premier temps, aucun autre point commun flagrant n'apparaît entre les trois victimes.

Le duo interroge Mme de Boissie et sa fille muette, qui ont vaguement connu l'étudiant en médecine assassiné. La belle veuve se montre peu coopérative. Volnay engage deux petits mendiants, Séverin et son jeune frère Baptiste, pour observer ce quartier. Dans le même temps, des affiches annoncent une prochaine Fête des Fous, sans en préciser la date. Une ou plusieurs journées prétextes à des débordements, ce qui inquiète fort Sartine. Il a chargé son agente Hélène de découvrir les instigateurs de cette Fête. Ce qui donne au Moine et à la jeune femme l'occasion de renouer intimement.

Diplomate en Russie, le chevalier d’Éon est actuellement à Paris. Sachant qu'il ne dépend pas du ministre des affaires étrangères Choiseul, mais qu'il est proche du roi, Volnay et Sartine ont à l'œil cet orgueilleux personnage. Il affirme ne pas connaître Podovski, le troisième mort.

La piste la plus troublante pour Volnay est celle des jansénistes. Ce mouvement religieux a été développé par le défunt diacre François de Pâris. Des gens se réunissent sur sa tombe, au cimetière Saint-Médard. Il semble s'y produire des miracles. Si des femmes hystériques y retrouvent la santé, comme ont pu le voir Volnay et le Moine, ces séances spectaculaires peuvent aussi bien relever de la supercherie. Le nombre de pratiquants augmente depuis quelques temps. Les parents de Scipion Le Franc, une des trois victimes, s'adonnent à des cérémonies assez brutales à l'abri des regards. Le père Cottu est un diacre janséniste particulièrement excité, qu'on peut suspecter. Le lien entre les trois morts viendrait-il des préparations d'un apothicaire, dites “hivernales”, dans le quartier où vit Mme de Boissie ? Entre la Fête des Fous qui approche et le rôle obscur du chevalier d’Éon, Volnay va devoir démêler les fils emberlificotés de cette affaire...

Olivier Barde-Cabuçon : Tuez qui vous voulez (Actes Noirs, 2014)

Après “Casanova et la femme sans visage” (Prix Sang d'Encre 2012) et “Messe noire” (Prix Historia du roman policier 2013), désormais disponibles en poche chez Babel Noir, voici la nouvelle enquête du commissaire aux morts étranges. On y retrouve avec grand plaisir ce policier qui, s'il est sous les ordres de Sartine, se plaît à contourner son autorité lorsque c'est utile. Il tient cet état d'esprit de son truculent père Guillaume qui, usurpant sans vergogne la qualité de moine, aime à s'amuser. Celui-ci est un érudit qui reste un partisan du progrès, tant scientifique que social. La seule qui sache l'émouvoir, c'est la séduisante Hélène, mais il n'oublie jamais qu'elle est employée par Sartine. De son côté, Volnay se montre assez maladroit avec l’Écureuil, sa jeune amie, ex-prostituée employée grâce à lui dans une librairie.

On croise dans cette intrigue le fameux chevalier d’Éon (1728-1810). Il nous est présenté comme un personnage ambitieux, dont la réussite est certainement légitime, s'impliquant sans doute un peu trop dans des secrets internationaux. Par ailleurs, on peut compter sur le Moine pour nous expliquer en détails les origines de la Fête des Fous, où s'inversaient les valeurs traditionnelles. Autre élément mis en valeur ici, le jansénisme. Ce mouvement ultra-religieux et politique apparaît avoir engendré, au nom d'une foi aveugle, d'étranges pratiques proches de la démence. À ce stade du règne de Louis XV, la contestation monte au sein de la population, prenant diverses formes comme celle-là. La fébrilité de Sartine témoigne des inquiétudes du pouvoir royal. C'est toute cette ambiance qui, au-delà d'une simple enquête, séduit dans ce roman et dans cette excellente série. Une fois de plus, Olivier Barde-Cabuçon nous a concocté un suspense historique très convaincant.

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 05:55

Le policier Denis Koster enquête sur le cas d’Ambroise Fridelance. Celui-ci est illustrateur pour la collection “Effroi” de l’éditeur Serge Demare, installé rue Mazarine. Il est marié à Régine, qu’il appelle Ginette, handicapée depuis un accident de voiture. Acariâtre, son épouse incite Ambroise à réclamer une augmentation. Demare refuse, prétendant que le contexte de l’édition n’est guère florissant.

Ambroise se documente pour illustrer la couverture du roman “Le tam-tam de l’angoisse”, d’Euloge Zonta. (“Apportez-moi une couverture qui saigne” exige Demare). Il s’aperçoit alors qu’il possède un vieux tabouret valant une fortune. En effet, ce siège design est de Paul Leneuf, collaborateur de Le Corbusier. Les quatre exemplaires sont censés avoir brûlé à l'aéroport de Bamako, lors d'un coup d'état. De fait, il n’en reste qu’un exemplaire, celui d'Ambroise. Qui vaudrait dans les cent mille Euros. Son “amie” journaliste Nora Bellois confirme à Ambroise la valeur de l’objet. Elle le met en contact avec Maurice Macquart, censé être un commissaire-priseur expérimenté et fiable.

Pour Ambroise, la vente aux enchères de ce tabouret unique signifie la fin de ses soucis financiers. Son éditeur est beaucoup plus sceptique. Il lui explique les rouages de ce genre d’opération, une arnaque, dont seul Macquart profitera. “Votre commissaire-priseur, il va se mettre en cheville avec un des gros marchands de meubles sur la place de Paris, qui sera seul a enchérir... Résultat, votre tabouret va partir au prix de base, vingt mille Euros.” Ambroise a bientôt confirmation que Demare a raison. Il tente de récupérer l’objet déposé chez l’expert, mais il devrait s’acquitter d’énormes frais.

Ambroise engage une avocate, Me Rabichon-Loisel, afin de faire valoir ses droits. Ce qui ne résout concrètement rien. Certes, le chantage exercé par Macquart se plaiderait, mais un procès ne serait pas gagné d’avance. Furieux, Ambroise force la porte de l'expert commissaire-priseur, et exige son tabouret. C'est là que la situation finit par s'embraser... Koster et Nora poursuivent ensemble l'enquête, interrogeant dans la banlieue lilloise l'auteur du roman “Le tam-tam de l’angoisse”...

Romain Slocombe : Envoyez la fracture (Pocket, 2014)

Prix Mystère de la critique 2014 pour “Première station avant l'abattoir” (2013), Trophée 813, Prix Calibre 47, Prix Nice Baie des Anges pour “Monsieur le Commandant” (2011), le talent incontestable de Romain Slocombe est récompensé depuis quelques temps. Ce qui fait plaisir à ceux qui suivent de longue date cet auteur, artiste multi-facettes. La réédition en format poche, et à petit prix, de “Envoyez la fracture” est un bon moyen de se rendre compte de ses qualités.

Ce pourrait être la simple histoire d’un brave type naïf, qu’on essaie de filouter, qui défend maladroitement ses intérêts. En réalité, entre témoignages et scènes directes, la construction de ce roman court est très habile. L’auteur entretient un sympathique suspense. Les mésaventures d’Ambroise sont racontées avec une subtile ironie. Romain Slocombe évoque ici le mobilier design, les douteuses ventes aux enchères, la sorcellerie africaine. Il rend aussi hommage à l’édition populaire (Fleuve Noir, Ditis) et à ses illustrateurs, comme Gourdon. Extrêmement plaisant à lire, un vrai polar souriant.

En 2009, Claire Devers a adapté cette intrigue pour un téléfilm éponyme, avec Laurent Stocker, Clotilde Hesme, Léa Drucker, Michel Aumont, Judith Chemla.

 

- “Envoyez la fracture” est disponible dès le 13 février 2014 -

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 05:55

Gallois d'origine, sir Owain Gwyn quitte son poste d'ambassadeur de Grande-Bretagne aux États-Unis. Ce brillant diplomate regagne ses propriétés de Glastonbury, en Angleterre. Il restait en Amérique des problèmes à régler, que son agent George Dalton ne sut résoudre. Mais sir Owain peut aussi bien s'en occuper de chez lui, avec son adjoint Lance Beaufort. Car il est le plus éminent membre de l'Ordre Secret et Sacré des Arthuriens, l'OSSA. Il fait partie du premier cercle, celui de la Lignée de Sang, héritier des Chevaliers d'antan. Ceux qui sont proches du mage Myrddin, gardien des traditions dans sa tour galloise. Si leurs activités sont officieuses, elles sont connues des autorités anglaises. D'ailleurs, même le Prince de Galles voudrait appartenir à leur confrérie. L'OSSA intervient partout où, dans le monde, se présente un danger menaçant un certain équilibre religieux.

Owain Gwyn traque de longue date Josep Mardrid, trafiquant d'arme influent en Afrique. La principale cible de l'OSSA est actuellement Angelo Marchetti. Celui-ci a fait partie de leur confrérie, avant de les escroquer. S'il n'est pas impossible de le pister, on sait qu'il dispose d'hommes de main sans pitié. Ce sont certainement deux de ces tueurs qui ont assassiné dans le Maryland l'antiquaire Goldman. On lui a volé une croix religieuse, plus recherchée par les initiés pour son symbolisme que pour sa valeur marchande. C'est le policier Fitzgerald, dit “Irish”, qui est chargé de l'enquête. Cet alcoolique, dépressif depuis une horrible affaire sanglante, a découvert le cadavre du jeune complice du tueur. Selon des voisines, un véhicule étranger a stationné devant chez Goldman. La vidéosurveillance montre que c'est un 4x4 de l'ambassade de Grande-Bretagne.

Mitzi Fallon, trente-neuf ans, élève seule ses deux filles ados en Californie. Elles viennent de s'installer chez la sœur de Mitzi et son mari, à San Francisco. La jeune femme a intégré le HRI, service des crimes Historiques, Religieux et Inexpliqués, du FBI. Très vite, Mitzi va devoir rejoindre “Irish” à Washington, pour le meurtre de l'antiquaire. On se montre fort peu coopératif avec le duo à l'ambassade anglaise. Mitzi obtient de l'employée de Goldman une clé USB codée, dont le décryptage s'annonce difficile. “Irish” étant victime d'un grave accident, c'est Mitzi qui est obligée de poursuivre l'enquête en Angleterre. Sir Owain Gwyn et l'OSSA espéraient éviter un attentat d'Al-Qaïda aux États-Unis, grâce à un infiltré dans la cellule terroriste. Mais l'explosion meurtrière a bien lieu à la gare centrale de New York. Tandis que le danger qui entoure Mitzi risque de s'étendre à sa famille, l'OSSA poursuit ses missions. Parmi lesquelles, la protection du pape...

Sam Christer : Les héritiers de Camelot (MA Éditions, 2014)

Avec “Les héritiers de Stonehenge” (2011), Sam Christer avait connu un beau succès. Il y a de grandes chances que les amateurs de thrillers soient séduits une fois encore. Ici, l'intrigue est également basée sur la légende, s'inspirant des Chevaliers de la Table Ronde. De même qu'on prétend que Templiers et Cathares n'ont peut-être pas disparu, le roi Arthur et ses compagnons ont pu laisser une descendance à travers les siècles. Par exemple, Lancelot du Lac aurait les traits de Lance Beaufort, français d'origine, et Jennifer Gwyn, l'épouse de sir Owain, serait la reine Guenièvre. Le personnage de Mardid vient du perfide Mordred, tandis que Myrddin n'est autre que le célèbre Merlin.

Toutefois, s'il transpose ces héros, Sam Christer élargit l'action. C'est dans le contexte mondialisé du 21e siècle qu'ils combattent. Aux puissants ennemis traditionnels, s'ajoute un groupuscule new-yorkais d'Al-Qaïda. C'est un feu d'artifice de péripéties entraînantes, qui nous font voyager de la Californie jusqu'au Pays de Galles en passant par bien d'autres lieux. L'enquêtrice du FBI Mitzi Fallon apparaît quelque peu fragile dans cette tourmente meurtrière. Malgré tout, sa détermination à surmonter les évènements la rend rapidement sympathique. Pour elle, pas si facile d'identifier d'éventuels alliés. Et puis, restant une mère inquiète pour ses filles, elle devra affronter directement l'infâme Marchetti. Suspense et aventures mouvementées, pour une histoire rythmée aux scènes courtes et vives. Belle réussite, que ce nouveau roman franchement captivant de Sam Christer.

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 05:55

Paris, mai 1947. En cet après-guerre, c'est Saint-Germain-des-Prés qui est au centre de la vie culturelle de la capitale. S'inspirant de Jean-Paul Sartre, depuis un an et demi, tout est ici “existentialiste”. Sans doute est-ce plus simplement un vent de liberté qui souffle sur la jeunesse de l'époque. Paul Baulay est journaliste quasi-débutant à Paris-Matin. Il a choisi la même voie que sa défunte mère, Camille. Il reste proche de la concierge Malou, qui l'a elevé, et surtout du commissaire Gardel. Aujourd'hui septuagénaire, le policier est à la retraite, mais il garde un œil sur l'actualité criminelle, et sur son petit-fils, Paul. Celui-ci vit avec Charlotte, comédienne et chanteuse. Ami d'un artiste complet, le musicien et écrivain Boris Vian, le jeune reporter fréquente la cave du Tabou.

Installé sous le bistrot du couple Guyonnet, ce club de jazz attire une bande de joyeux drilles, mais des clients plus select commence à venir. Toutefois, la bruyante fréquentation du Tabou déplaît à une partie du voisinage, qui pourrait pétitionner pour sa fermeture. Le club des concierges initié par Malou (Mme Jean, M.Albert, et M.Ferdinand, trop souvent absent) est partagé sur cet “existentialisme” qui envahit leur quartier. Par Paul, Malou sait que le Tabou n'est pas ce lieu orgiaque dénigré par les médias. Quand Jean-Paul Sartre est agressé dans la rue, il s'en sort bien. S'il souhaite qu'on garde le silence sur l'incident, il serait bon que la police alpague l'agresseur. Les autorités ne seraient pas fâchées qu'il s'agisse d'un communiste. Possible, puisque Sartre connaît quelques démêlés avec eux.

Peu après, un meurtre sanglant est commis dans une rue voisine. C'est le concierge Albert Latour qui trouve le corps du comédien Olivier d'Harcourt. Il a été massacré à coups de marteau, même objet avec lequel on a attaqué Sartre. La victime a laissé un message posthume : “J'ai toujours prévu que j'aurais une mort comme celle-ci”. En l'absence de son rédacteur en chef, Paul Baulay suit l'affaire, espérant que ce sera bon pour sa carrière. Il peut compter sur le commissaire Bartholet, ami et ex-adjoint du policier Gardel, pour de bonnes infos. Dans son premier article sur le meurtre, Paul en profite pour faire un peu de publicité pour le Tabou. Le reporter est bientôt convoqué chez lui par Sartre, devenant un de ses proches. Simone de Beauvoir sera prochainement de retour de voyage.

La police a établi un dossier précis concernant Olivier d'Harcourt. On peut se demander si ses mœurs ont un lien avec le crime. Un habitué du Tabou, le Major, peut être suspecté. Ce Loustalot, qui se dit dessinateur sur cravates, est plutôt un olibrius amateur de fêtes qu'un assassin. Le commissaire Bartholet se rend au Tabou, afin d'en renifler l'ambiance, interrogeant Anne-Marie Cazalis et Juliette Gréco, tenancières du club. De son côté, Paul Baulay cherche ses propres pistes dans ce milieu où il est plus à l'aise que Bartholet. Ce qui n'est certainement pas sans danger. D'autant que le tueur frappera encore...

Gilles Schlesser : Mortel Tabou (Éd.Parigramme, 2014)

C'est une remarquable reconstitution du climat d'après-guerre à Saint-Germain-des-Prés, que nous propose Gilles Schlesser. Pour lui, “l'existentialisme” étant le mot d'ordre de ces temps-là, il ne s'agit pas de juste citer quelques noms, mais bien de faire “exister” ces personnalités. Le Boris Vian du Tabou, bien sûr, mais aussi ses ennuis avec la justice en tant que traducteur de Vernon Sullivan. Même face à son ami Paul, il n'avoue toujours pas la paternité de “J'irai cracher sur vos tombes”. La rue Dauphine appartient à l'Histoire. On sait que, grâce à l'intendant de police M.de Sartine, elle fut la première rue parisienne à bénéficier de l'éclairage public. Bien que l'épopée du Tabou ait peu duré, c'est aussi un de ses repères historiques.

On retrouve la complexité de l’intelligentsia de ces années, en particulier autour de Sartre. Ce dernier résume en quelques mots les raisons pour lesquelles il est détesté par les communistes : “C'est très simple, Baulay, j'ai une clientèle, la jeunesse, des types comme vous. Et cette clientèle, ils veulent me la piquer. Le Parti a peur qu'elle se détourne du marxisme au profit de ma philosophie de la liberté. Alors, on me discrédite, on me calomnie...” On apprécie également le petit monde des concierges, si présent alors, qui fréquentent la loge de la sympathique Malou. Ce suspense s'inscrit dans la lignée du précédent titre de l'auteur, “La mort n'a pas d'amis” (2013), avec le fils de Camille Baulay et l'ombre protectrice de Gardel. Délicieusement rétro, et très vivant.

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 05:55

Paris, au milieu des années 1990. Âgé de trente-cinq ans, Frédéric Léger a raté sa vie de couple avec Agnès. Une déprimante histoire de bébé. Elle et lui restent proches, mais avec une fêlure irréparable. Frédéric est correcteur pour une maison d'édition, la CTI. Sous la direction du quinquagénaire Vergegen, on y publie des livres illisibles sur les bienfaits du libéralisme décomplexé. Un jargon prétentieux au service d'idées fumeuses, dont le patron de la CTI se gargarise volontiers. Ce n'est pas l'agaçante secrétaire Mirabelle qui offrira un brin de culture supplémentaire à ces éditions. Frédéric compte parmi sa poignée d'amis Arnaud Straus, journaliste d'investigation. Celui-ci est un obsédé de la recrudescence des idées nazillonnes, qu'il traque au quotidien. Cinquante ans après la guerre, un microcosme passéiste les revendique de nouveau. Arnaud soupçonne les éditions CTI d'en faire partie.

Quelque peu immature, Frédéric n'a pas toujours les pieds sur terre. Quand l'éditeur lui confie les épreuves à corriger d'un manuscrit qu'il qualifie d'explosif, Frédéric n'y voit que du boulot fastidieux. Peu après, il remarque un drôle de duo dans son restaurant habituel. Il improvise une filature, qui va s'avérer malvenue. Frédéric est sévèrement cogné par les deux types. Après quelques soins, rentrant chez lui, il retrouve son appartement saccagé, et le dangereux duo. Ils ont l'air bien informés sur lui, Agnès et ses amis. Mieux vaut ne pas prendre à la légère leurs menaces, même un garçon aussi rêvasseur que Frédéric peut comprendre ça. Par hasard, restant discret, il va recroiser le chef du duo à la piscine, en compagnie d'une séduisante jeune femme que Frédéric a déjà précédemment aperçue.

Il apprend bientôt leur identité, car ils sont en contact avec les éditions CTI. Benoît Lagnaeg est informaticien. La jeune beauté se nomme Leïla Bassag. Frédéric n'ose avouer à M.Vergegen qu'il a égaré le manuscrit. Son patron lui donne les épreuves d'une nouvelle version du livre, nettement moins explosive, plus allusive. Frédéric se met au vert afin de faire les corrections de l'ouvrage, ainsi que d'un pavé d'Annette Balandrais qu'aurait dû corriger une copine. Bien qu'indigeste, un futur best-seller, ce roman-là (“Qui plus est, Annette Balandrais gérait son image de marque comme un coûteux parfum. Ce qui ne l'empêchait pas d'écrire comme une vache asthmatique”). Une fois la tâche terminée, le micmac n'étant pas résolu, Frédéric n'en a pas fini avec Lagnaeg et ses complices. Car il y a véritablement du complot dans l'air, autour des éditions CTI...

Claro : Les souffrances du jeune ver de terre (Babel Noir, 2014)

Notons d'abord qu'il s'agit du numéro 100 de la collection de poche Babel Noir. Symbole ou hasard, c'est un auteur français qui a été choisi. Romancier et traducteur d'écrivains prestigieux, actif dans le monde de l'édition, Claro publie depuis bon nombre d'années. Le titre initial de ce roman était “Éloge de la vache folle” (1996). Parodiant Goethe, “Les souffrances du jeune ver de terre” indique tout autant que l'histoire est habitée d'une bonne part d'humour.

Au centre du récit, ballotté par les péripéties ondoyantes, se trouve le brave Frédéric. Qui exerce le métier de correcteur, ce qui fut le cas de l'auteur. Ce personnage (on n'ose dire le héros) se considère tel une simple mite, insecte insignifiant dont on se débarrasse aisément. Au restaurant, “les entrées, comme partout ailleurs, sont variées. C'est à dire qu'on a le choix entre l'eufmaillot et l'harenpomaluile. Je conseille le second, même si une séance épilatoire ne lui ferait pas de mal. Quant aux plats du jour, on ferait mieux de les baptiser plus franchement plats de la veille, ou plats d'autrefois, ou encore plats de jadis, voire plats d'antan.” Tant d'autres extraits mériteraient d'être cités.

La tonalité enjouée serait déjà fort sympathique. On peut même parler d'un style inspiré, d'une écriture virevoltante. Des scènes plus profondes ou des passages oniriques arrivent en contrepoint, le sourire reprenant bientôt ses droits. Toutefois, ce n'est pas uniquement une comédie polar, car une certaine noirceur va finalement apparaître dans ce roman. Si l'on situe à peu près l'adversaire, reste à évaluer le rôle de chacun dans cette intrigue. Un roman qui allie belle écriture et suspense agité de bon aloi, ça offre un très bon moment de plaisir.

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 05:55

Sur la côte basque, un hôpital militaire se trouve au cap de Saint-Augustin. Le personnel soignant inclut des civils, en particulier des internes en médecine. Âgé de vingt-sept ans, issu d'une famille aisée, Jean-Christophe d'Orgeix est de service ce jour-là. Un accidenté de la route gravement atteint a été soigné dans la journée. Il décède le soir-même, une mort probablement suspecte. Durant la nuit, alors qu'une violente tempête orageuse sévit sur les lieux, Jean-Christophe disparaît brusquement sans laisser de trace. Son collègue interne Tom Castille s'interroge. Dans la chambre de Jean-Christophe, il découvre un polo avec des traces de sang, et une grosse somme en liquide. Les gendarmes de Bayonne ont été prévenus par quelqu'un de l'extérieur. Le lieutenant Marc Bost dirige l'enquête. Cette nuit-là, dans la tourmente météo, il semblait impossible de quitter l'hôpital.

Tom Castille retrouve la voiture de son collègue chez un garagiste véreux. Il s'agissait bien de réparer les pneus du véhicule, crevés par un poignard. Si la famille de Jean-Christophe alerta la gendarmerie, c'est après avoir reçu un énigmatique message et une photo floue. Une image où figure le disparu, alors que la scène n'a jamais eu lieu. Pierre Bellanger, le troisième interne, est de retour à l'hôpital. Lui aussi se pose des question sur leur ami. Peu après, alors qu'il faisait son jogging dans les environs, Bellanger est victime d'un incident cardiaque mortel. Ne pouvant croire à une simple fatalité, Tom Castille analyse le sang de la victime. Par ailleurs, il s'intéresse aux paroles du vieil Émile Listo, un patient en psychiatrie. Ces locaux, autrefois propriété de l'ordre des Augustins, ont une histoire. À la bibliothèque, Tom découvre qu'une sorte de malédiction est liée à cet endroit.

Tom est devenu intime avec une belle quadragénaire des environs, femme fascinante qui paraît vivre hors du temps. L'interne dispose d'un nom, Raphaël Lamb. Il remonte la piste jusqu'à une maison d'Etchécoa, dans la région. Il se cache là un laboratoire bien équipé. Raphaël Lamb s'avérant menaçant, Tom réussit à fuir la maison. De retour à l'hôpital, il est agressé. Après avoir prévenu le gendarme Bost, ils reviennent en force à Etchécoa. On ne tarde pas à retrouver mort Lamb, certainement abattu au moment de la fuite de Tom. L'homme était un ancien médecin au passé trouble, radié quelques années plus tôt. On ne sait trop ce qu'est cette molécule S12, sur laquelle il faisait des expériences. Le tireur a laissé une empreinte sur l'arme ayant tué Lamb. Curieux indice pour le lieutenant Bost, car cette trace évoque l'affaire Anna Duvall, un cas judiciaire classé...

David-James Kennedy : Ressacs (Fleuve Éditions, 2014)

D'abord, précisons que David-James Kennedy, bien que d'origine Irlandaise, est un auteur français. Il s'agit de son premier roman. L'éditeur opte pour l'étiquette thriller. Disons plus simplement que c'est un très bon suspense, avec les meilleurs ingrédients. Les bâtiments fantomatiques d'un hôpital militaire, des disparitions et des morts suspectes, un médecin opiniâtre et un gendarme consciencieux enquêtant tous deux, de vieilles légendes et des activités clandestines, voilà de quoi alimenter une intrigue très réussie. Évacuons un très léger défaut : Tom a tendance à multiplier les légitimes questions qu'il se pose, alors que les formuler ainsi n'est pas indispensable. Laissons les faits se dérouler, c'est mieux. Petite maladresse sans conséquence, car ça ne nuit pas à l'intérêt de l'histoire, ni à son rythme.

L'auteur esquisse les portraits sans trop s'appesantir, une fois la place de chacun posée au sein du récit. Par exemple, la séduisante quadragénaire n'interviendra réellement qu'en son temps. Ou l'interne Pierre Bellanger, logiquement éliminé. Il a raison, puisque l'action donne bientôt le tempo du roman. Mystères et péripéties se succèdent sous les tempêtes côtières dans ces décors inquiétants, laissant présager de sombres secrets venus du passé. Une ambiance troublante fort justement restituée, pour un suspense très prenant. David-James Kennedy, un auteur à suivre.

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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 05:55

Jérémie Guez fait partie de ces jeunes auteurs, dont la blogosphère a vite compris le talent. Il a rencontré le succès avec “Paris la nuit”, puis “Balancé dans les cordes” qui a reçu le prix SNCF du polar en 2013. Le troisième volet de son triptyque sur Paris et sa banlieue, “Du vide plein les yeux”, a été publié à l'automne 2013 aux Éditions La Tengo. Ses deux premiers romans sont en cours d’adaptation cinématographique.

Heureuse surprise, Jérémie Guez va figurer au catalogue des Éditions 10-18 Grands détectives, dès le 3 avril 2014, avec “Le dernier tigre rouge” :

« Mars 1946. L’acheminement des troupes françaises vers l’Indochine s’accélère. Tous les navires disponibles sont chargés d’amener les militaires français vers l’Asie du Sud-Est pour reprendre cette zone annexée par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les premiers partants : les régiments de la Légion étrangère. Jamais, depuis la création de ce corps d’exception, la Légion n’a été composée d’un ensemble si hétérogène : anciens nazis, résistants de tous les pays d’Europe et mercenaires du monde entier. On y trouve aussi bien des blancs-becs formés à la hâte à Sidi Bel-Abbès que des vétérans, des professionnels de la guerre qui ont combattu aux quatre coins du monde…

Encore meurtri par la mort de sa femme enceinte et par son expérience de résistant, Charles Bareuil ne peut pas reconstruire sa vie en France. Il cherche le combat pour oublier sa lâcheté et son manque d’engagement des premières heures. Charles s’engage donc pour la guerre d’Indochine au sein du 3e Régiment étranger de la Légion. Mais cette guerre absurde va rapidement devenir une guerre personnelle pour Charles, lorsqu’il décide de mener son enquête sur un mystérieux tireur d’élite servant derrière les lignes ennemies… qu’il soupçonne d’être un ancien camarade passé du côté Viêt-minh...»

Jérémie Guez publie chez 10-18 “Le dernier tigre rouge” (avril 2014)

Jérémie Guez répond aux questions d'Hannah Assouline, pour 10-18 :

Après trois romans noirs sur Paris et sa banlieue, vous vous lancez dans le polar historique. Pouvez-vous nous dire pourquoi avoir choisi l’Indochine ?

Parce que c’est un formidable théâtre dramatique, un conflit qui brasse énormément de choses. Tout d’abord la grande Histoire, en étant une des premières guerres de décolonisation, un affrontement d’une complexité inouïe avec une dimension presque fraternelle entre ceux qui s’opposent. Derrière ça, il y a évidemment le destin d’hommes, emportés par ce souffle, qui débarquent à l’autre bout de la planète, dans un pays qui ne ressemble à rien de ce qu’ils connaissent, pour faire la guerre. Une terre dont ils vont souvent tomber amoureux... Je me suis intéressé en particulier au sort des légionnaires qui se sont retrouvés là-bas et qui ont combattu pour la France.

Charles Bareuil, le personnage central de votre roman, est un légionnaire. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur lui ?

Charles Bareuil est un ancien résistant qui culpabilise de ne pas avoir lutté plus tôt contre les Allemands. Il a quitté la France pour la Yougoslavie en suivant la femme qu’il aimait. Mais elle a été tuée là-bas par les oustachis. Bareuil a donc été rattrapé par la barbarie nazie et, depuis, porte en lui la responsabilité de la mort de cette femme. La guerre est devenue son métier. Aussi, pour fuir ses démons, il décide de s’engager pour l’Indochine plutôt que de reprendre une vie normale après la Libération. Il entre dans la Légion ; s’il y trouve d’anciens résistants, il doit aussi apprendre à pardonner puisqu’il est amené à se battre aux côtés de ceux qui étaient ses ennemis hier...

Vous rejoignez la famille des « Grands Détectives ». Est-ce un choix de votre part ? Une envie ?

« Grands Détectives », j’ai grandi avec. J’admire beaucoup d’auteurs du catalogue, leur sens de la narration, le plaisir de découvrir des personnages dans un contexte historique très particulier... Pour moi, Akounine, c’est un conteur de génie, un auteur qui joue avec vos nerfs comme personne et possède en plus de ça une formidable puissance poétique. Ça rejoint complètement la conception que je me fais de la littérature populaire, accessible à tous et de grande qualité. Rejoindre cette équipe, c’est d’abord un honneur, ensuite l’accomplissement d’un rêve de gosse !

© Hannah Assouline – Ed.10/18.

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