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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 05:41

 

Philippe Nicholson nous avait convaincu en 2009 avec Krach Party, où l’univers des spéculateurs internationaux servait de contexte. Cette fois, il va encore plus loin grâce à Serenitas, copieux polar futuriste publié chez Carnets Nord Éditions.

Dans quelques proches décennies, la France est devenue un état sans moyens. La privatisation générale a entraîné la misère pour les plus fragiles, la déscolarisation massive d’enfants, la fin des services publics, la maladie pour les populations qui n’ont pas accès aux soins. NICHOLSON-2012La mégalopole parisienne est largement sous la coupe des narco-gangs, qui diffusent une drogue, la D23 et sa version idéale The Perfect One. C’est ainsi que se sont enrichis Flying Bus et sa bande, les Piranhas. Ils imposent une sorte d’ordre social qui ne fait que rendre plus dépendants les junkies. Dans Paris, il reste toutefois des secteurs sécurisés, zones d’affaires ou îlots d’immeubles protégés. Ces lieux sont uniquement destinés aux dirigeants ou aux employés exemplaires, qui dépendent pour l’essentiel de la société Ijing Ltd.

Si le financier Li Wang en est le grand patron, c’est Ted Muller-Smith qui se charge d’administrer les intérêts du groupe en France. Sa grande idée, c’est de créer des villes entièrement sécurisées. Ça s’adresse aux plus riches, cooptés par leurs milieux. À quelques dizaines de minutes de Paris, la ville de Serenitas en est le plus bel exemple. Le narcotrafiquant Flying Bus a les moyens d’y habiter. La Ijing Ltd laisse les autorités françaises se débrouiller avec une insécurité impossible à juguler. Argument imparable pour continuer à bâtir ce genre de villes artificielles. Les projets de Ted Muller-Smith vont nettement plus loin, en réalité. Puisque le problème de la dette de la France n’est toujours pas réglé, il fait pression sur le gouvernement pour parvenir à son but secret.

Le National est le principal journal français, appartenant à la Ijing Ltd. Âgé de 39 ans, père du petit Max, Fjord Keeling y est journaliste. Comme son ex-épouse, Nina Bronce. Si celle-ci est très obéissante envers les directives, Fjord est rebelle à tous les ordres. Soutenu par son supérieur Kessler, il reste un reporter efficace. Témoin d’un attentat nocturne à Pigalle, Fjord filme le désastre. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un règlement de comptes entre trafiquants. Version accréditée par l’État, qui envoie l’armée faire de la répression dans les quartiers sensibles. Ce qui favorise aussi les intérêts sécuritaires de la Ijing et de Ted Muller-Smith.

Ayant rencontré Flying Bus, qui nie être concerné par l’attentat, Fjord soupçonne plutôt des groupuscules d’opposants. Ceux qui se sont baptisés Clovis95 ont un discours radical. Peut-être sont-ils capables de se procurer du Semtex, explosif utilisé pour l’attentat. Le vieux flic Dalbert, ami de la famille de Fjord, le prévient que des inconnus ont consulté son dossier personnel. Sans doute le journaliste a-t-il la réputation d’être instable, mais c’est un danger plus grand qui le guette. À trop chercher qui manipule la situation, il risque de devenir un parfait bouc-émissaire concernant les troubles en cours. Ayant désigné un nouveau n°2, Dovis, aussi perfide que lui, Ted Muller-Smith fait progresser à grand pas ses projets…

 

Polar d’anticipation ? À vrai dire, le futur évoqué semble déjà en action, puisque l’État s’est désengagé au profits des Délégations de Service Public, DSP souvent confiées à des sociétés ne visant que le profit. Si des groupes financiers aussi puissants que la Ijing Ltd mettaient la main sur la France, que resterait-il de nous ? Droit à la santé, à la Justice et autres vieux acquis sociaux, définitivement enterrés ainsi que le souhaitent certains. Aujourd’hui relatives, les libertés individuelles ne seraient plus qu’une illusion. Et les mômes analphabètes rejoindraient les maraudeurs qui survivraient dans nos villes, n’ayant d’autre choix que de se faire dealers. Qu’on se rassure, car les "bons petits soldats de l’ultralibéralisme" auront accès aux villes privées et sécurisées. Si elles existent déjà, encore discrètes sous forme de simples quartiers, on les imagine bientôt hors des lois françaises. L’avenir n’est pas si loin, il est inquiétant.

Pourquoi tant souligner ce contexte ? Parce que ce monde invivable qu’on nous prépare, c’est celui où évolue Fjord Keeling. Se rebeller, se battre tel David contre Goliath, c’est voué à l’échec pour lui et les siens. Pourtant, essayer de comprendre est la mission qu’il s’impose, dans ce roman d’aventure. Agitée ou mouvementée seraient de faibles mots pour qualifier cette intrigue fort tumultueuse. Précisons que nous, lecteurs, avons un peu plus de détails que Fjord sur les fameux projets. Il faut noter que l’auteur maîtrise admirablement cette histoire aux développements sinueux. Et la psychologie des personnages (en particulier Ted Muller-Smih et son camp) est véritablement crédible. Un suspense de belle qualité, qui fait frémir si on le considère comme prémonitoire.

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 05:26

 

La réputation de Tim Willocks se confirme en France depuis quelques années. Il s’est fait connaître avec des livres tels Bad City Blues et Les Rois écarlates, disponibles en poche chez Points. Son roman Green River Rising (1995) a d’abord été traduit en français sous le titre L'odeur de la haine (Pocket, 1998), puis Green River (Sonatine, 2010). Ses romans Swept from the Sea (1997) et Amy Foster (1998) ne sont pas encore traduits en français. WILLOCKS-alliaPar contre, le premier volet de sa trilogie Mattias Tannhauser, La Religion, connaît actuellement un réel succès. Il sera suivi de Twelve Children of Paris, pas encore traduit. En littérature jeunesse, son roman Doglands vient d’être publié en 2012 aux éditions Syros. Ainsi qu’un petit livre en version bilingue "La cavale de Billy Micklehurst", aux éditions Allia.

 

Il avait dix-sept ans quand le Rouquin (Tim Willocks) rencontra dans sa ville de Manchester un clochard nommé Billy Micklehurst. Impossible de donner un âge, entre quarante et soixante ans, à cet homme qui a beaucoup bourlingué sur les routes et abusé de tant d’alcool. Son physique marqué lui donne l’air d’une épave indestructible. Malgré ces handicaps, c’était à sa manière un type tout à fait coquet: ses cheveux étaient encore noirs comme du pétrole, et toujours bien ramenés en arrière en un écheveau luisant de gras, révélant son large front moucheté de cicatrices. Billy reste correctement vêtu, mais semble lunatique. Il est vrai qu’il passe une grande partie de son temps dans l’immense Cimetière du Sud. Parce qu’il y a trouvé un coin confortable pour dormir, et parce que tous les fantômes logeant ici comptent sur lui pour les libérer. Et la source des tourments de Billy était celle-ci: il ne savait pas comment cela pourrait jamais se faire.

En compagnie de Billy, le Rouquin découvre un aspect bien plus lumineux de la grise Manchester. Pourtant, s’il parait juste un peu excentrique, Billy est un être qui souffre profondément. Ce que son jeune ami ne peut encore comprendre : Je ne savais pas que l’esprit de Billy était l’équivalent neurologique du paysage dévasté qu’il habitait. Les rues de sa mémoire et ses hallucinations étaient, de façon erratique, éviscérées et en ruines, bombardées et calcinées, plongées dans l’obscurité, emplies de gravats et infestées de rats affamés. Billy est pourchassé par les démons de sa maladie incurable…

 

À la suite de ce texte, magnifique portrait, Tim Willocks répond dans un entretien aux questions de Natalie Beunat. Belle manière de faire plus largement connaissance avec l’auteur de cette semi-fiction. Car l’histoire de Billy s’inspire d’un personnage qu’il a réellement connu. …pour la plupart [des sans-abris] ce n’est pas un choix. Mais, bercé par mon idéalisme juvénile, je voyais Billy comme un véritable existentialiste. Chaque jour, il bâtissait à nouveau sa vie, la faisant littéralement surgir de terre. Et s’il était fou, il avait aussi ses moments de joie et de transcendance, peut-être même d’extase, tout ce à quoi chacun de nous aspire. Willocks ToulouseBilly lui donna probablement la vocation pour exercer comme docteur en psychiatrie. Dans un monde rationnel, qui n’a pas accès à la poésie de ce genre de malades, au moins peut-on analyser leur état de souffrance. Tim Willocks associe avec justesse folie et inventivité, car il faut être un fou pour faire preuve de créativité. Sans folie, il n’y aurait sans doute pas eu de civilisation, estime-t-il. Sans oublier, aussi, qu’il s’agit là de patients qui souffrent gravement… Un petit livre en version français-anglais, peu onéreux mais finalement plutôt riche.

 

Une rencontre-signature avec Tim Willocks est organisée par la Librairie Gibert de Toulouse le jeudi 28 juin 2012 en soirée (de 19h30 à 22h).

 

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 06:37

 

Des suspenses aux ambiances très différentes, bien sûr. Pourtant, tous deux comportent une cruauté certaine. Dans les deux cas, il y aura un enlèvement. Mais le mot victime n’a pas du tout le même sens, selon ses deux contextes. Très éloignés, donc, mais tout autant passionnants…

 

Sam Christer : Les héritiers de Stonehenge (Pocket)

Christer-PocketSitué dans le comté du Wiltshire, le monument mégalithique de Stonehenge est universellement connu. Érigé depuis l’époque néolithique, il se compose d’un ensemble de structures circulaires concentriques. Étudié par des archéologues qui en ont recensé les moindres détails, le site prête à divers mythes religieux ou sataniques. De nos jours, il est hanté par un étrange cercle secret. Lors d’une cérémonie au rituel macabre, un homme va être cruellement sacrifié. Au final, sous la direction du Maître de l’enceinte, les Disciples sont bénis et marqués par le sang de la victime. Peu après, les dignitaires de cette secte apprennent le suicide d’un des leurs, le professeur Nathaniel Chase. Ce scientifique possédait une réputation de pilleur de trésors historiques, grâce auxquels il s’est enrichi.

Son fils Gideon Chase est archéologue à Cambridge. Depuis longtemps, il n’avait plus de contacts avec son père. Nathaniel Chase lui a écrit une lettre posthume, pouvant laisser supposer que le professeur détenait un secret. Alors qu’il arrive au manoir de son défunt père, Gideon Chase est agressé par un cambrioleur. Ce dernier incendie le bureau du professeur, avant de parvenir à s’enfuir. Blessé, Gideon est hospitalisé. Jeune mère de famille élevant seule sa fille, l’inspectrice de police Megan Baker enquêtait déjà sur le suicide. De retour au manoir, Gideon découvre la pièce dissimulée où son père cachait sa documentation. Si son journal personnel est codé, Gideon possède le tableau permettant de le traduire. Les Disciples des Esprits sacrés, descendants de ceux qui érigèrent le sanctuaire de Stonehenge préparent la suite des cérémonies. Ayant partout des relations, le Maître de l’enceinte surveille les agissements de Gideon, ainsi que l’enquête de Megan Baker…

Tous les éléments sont en place pour nous offrir un roman d’aventure, plein de danger et de mystère, avec ses références ésotériques ou (pré-)historiques. Gideon, universitaire sans prestige, et Megan, jeune policière lambda, nous apparaissent d’abord comme des personnages ordinaires. Confrontés à des questions sans réponses et aux périls qui les menacent, leurs caractères respectifs gagnent en puissance au fil du récit. L’auteur nous convainc aisément que puisse exister ce genre de secte, dont les pratiques occultes restent, pour le moins, radicales. On ne tarde pas à se laisser emporter par les multiples péripéties, d’autant que le découpage scénique apporte un rythme certain à la narration.

 

Pierre Lemaitre : Alex (Le Livre de Poche)

LEMAITRE-pocheInfirmière intérimaire, Alex Prévost est une très jolie célibataire trentenaire. Habitant Paris, elle change souvent d’adresse. Elle a peu d’attaches avec sa mère ou son frère, de sept ans plus vieux qu’elle. Alors qu’elle rentre chez elle, Alex est enlevée rue Falguière. L’homme la kidnappe dans son fourgon, avant de la séquestrer dans un bâtiment désert. Elle ne connaît pas son ravisseur, quinquagénaire à l’air rustre. Il l’oblige bientôt à se dénuder, puis l’enferme dans une caisse à claire-voie. La cage est suspendue bien au-dessus du sol par une corde. Alex se trouve souvent seule, le kidnappeur passant de temps à autre pour la regarder crever. Elle finit par réaliser qu’elle a connu le fils de cet homme. Le martyre de la captive passe à un autre niveau, quand il place des rats autour de la cage. Les chances de s’en sortir s’amenuisent.

L’enlèvement d’une jeune femme a été signalé. Le commandant de police Camille Verhœven est chargé de l’affaire. Ce caractériel a vécu un drame similaire avec sa défunte compagne Irène. Il n’est probablement pas le meilleur enquêteur pour ce genre de cas. Avec le jeune dandy Louis et ce vieil avare d’Armand, il dispose néanmoins d’adjoints compétents. Par contre, il ne risque pas de s’entendre avec le juge prétentieux qui lui met la pression. Faire vite, lorsqu’on dispose de si peu d’indices, c’est bien difficile. On finit pourtant par identifier le kidnappeur. Cerner son domicile et lancer une opération du RAID, c’est l’idée du juge. Camille Verhœven pourchasse le suspect, qui se suicide. Le policier dispose de peu d’éléments pour retrouver la jeune captive. La police finit par définir où est séquestrée la disparue. Mais quand ils interviennent, la victime a disparu. En effet, Alex est parvenue à s’enfuir. Rien n’est fini pour autant…

Ces quelques pièces du puzzle sont loin de donner l’image d’ensemble. D’ailleurs, cette intrigue est un triptyque, suite de trois tableaux illustrant l’histoire d’Alex. Trois temps que l’on pourrait intituler : la captivité, la fuite, l’explication. On aurait tort, car Pierre Lemaitre est plus subtil. C’est un jeu entre la position de victime et celle de coupable qu’il a mis en place. Habile dans les faux-semblants, il a concocté ici un nouveau scénario à suspense fascinant…

 

[Puisque la question m'a été posée, tous mes "Polars Poches 2012" sont bien sûr des chroniques persos, et non des argumentaires éditeurs. L'idée est de présenter à chaque fois deux titres pour les lecteurs préférant ne lire que des formats poches]

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 05:43

 

Aux Éditions La Branche, Jean-Marie Laclavetine figure parmi les auteurs de la collection Vendredi 13. Paris mutuels, c’est l’histoire de Vincent, un Parisien du 8e. Avec son massif ami Angelo, il a créé un club de sport, assorti d'un tripot clandestin à l’étage. Jouant aussi aux courses, il lui arrive de miser sur le bon cheval et de gagner gros. Comme ce jour où il rencontre Léa, par hasard. Non, le hasard n’a rien à voir là-dedans. Léa l’a repéré depuis un certain temps. LACLAVETINE-2012Elle affirme que Vincent est fait pour elle, alors qu’il est surtout fait comme un rat. D’ailleurs, Angelo se montre fort dubitatif envers celle qu’il va surnommer la tarentule. Faiblesse de caractère et crédulité trop facile de Vincent, que Léa sait vite exploiter. Accaparant et gérant leur argent et son club de sport, elle provoque le départ d’Angelo. Il restera fidèle à Vincent, mais ne peut rien contre la naïveté de son ami.

Un aveuglement qui coûte cher à Vincent. Installés chez Fred, le supposé frère de Léa qui lui ressemble si peu, le couple va acquitter un gros loyer. Du moins est-ce Vincent qui paie, tandis que Léa dilapide tout ce qui appartient à son compagnon. À peine sont-ils mariés que la jeune femme est enceinte. Ce qui n’enthousiasme guère Vincent, trop immature pour la paternité. Léa dirigeait sans doute plutôt mal ses affaires, car ses malversations sont découvertes. Ce qui conduit Vincent, gérant en titre, derrière les barreaux. Quatre ans de prison, avec la fidélité de son seul ami Angelo pour consolation, et la ruine de tous les biens de Vincent. Retour à la liberté, auprès de Léa et de leur fille Violette. Léa restant active, l’enfant est confiée à la nordique baby-sitter Sigrid, dont Vincent apprécie la sensualité.

Son couple ayant explosé, Vincent s’est lancé dans un métier où il montre des capacités réelles. Racketteur, ça ne s’improvise pas, il faut du savoir-faire. C’est ainsi que les années passent. Dans la vie de Vincent, il y aura d’autres femmes. L’arnaqueuse Cécile, qu’il finit par doubler; ou la sexagénaire Eugénie, qui cause d’autres embrouilles. Alors au top du racket, Vincent s’interroge sur lui-même, et il y a de quoi. Certes, il pourrait se réfugier à Saint-Agil, dans le Loir-et-Cher, où Angelo possède une masure. Mais non, c’est bien à Paris qu’il espère obtenir sa revanche, maintenant que sa fille Violette a grandi…

 

Voilà donc quelques faits et mésaventures ayant émaillé le parcours chaotique du pitoyable Vincent. Si c’était un malchanceux, on le plaindrait volontiers. Comme ce n’est pas le cas, puisqu’il admet son incapacité à une vie équilibrée, suivons-le sourire aux lèvres dans les méandres de ses déboires. S’il est des êtres que les problèmes endurcissent, l’expérience n’offre pas plus de jugeote à Vincent (Je n’étais pas fait pour une telle carrière, un vent farceur et méchant m’a poussé vers des contrées trop rudes).

Évitons les étiquettes polar ou roman noir. Car si le destin du héros est foncièrement sombre, son portrait nous est raconté avec une écriture enjouée. Pas de jugement railleur, ni d’évocation mordante de la part de l’auteur, une tonalité amusée : C’est ainsi qu’au fil des semaines, l’activité du club se diversifia : tai-chi-chuan, aiki-jutsu, budokai-do, capoeira, Viet Vo Dao dans un premier temps; puis dans la foulée, petit commerce d’érythropoïétine, cocaïne, ecstasy, pot belge, bref le tout-venant du sport amateur. Ça, c’était de l’esprit d’entreprise. Une histoire délicieusement amorale, que le lecteur observe avec complicité et grand plaisir.

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 05:30

 

Tentons une promenade agitée Sur la plage d’Ostende avec Magali Duru…

Marc et Claire passent les fêtes de fin d’année à Ostende. Ils ont été invités pour le réveillon par Mathilde Steile et Richard Walker, des amis de Claire. Non pas que ça enchante Marc, mais telle est la vie de couple. Surtout qu’il a bêtement oublié à Paris l’élégant manteau neuf que Claire lui a offert pour Noël. Sur la côte belge en ce premier janvier, il fait une météo épouvantable. Puisqu’il veut aller prendre l’air (ou plutôt la tempête) sur la plage, Marc n’a donc que sa parka usagée pour se protéger. Le vent de la Mer du Nord est le plus traître qui soit. Une rafale, et les deux boutons de la vieille parka s’envolent. DURU-2012Marc doit absolument les retrouver dans le sable. Il imagine par avance la réaction de Claire qui, après douze ans de mariage, ne lui pardonnerait pas cet incident pourtant sans grande importance.

Alors qu’il fouille le sable, Marc note la présence d’un témoin, à quelques mètres de lui. Un homme chapeauté, parfaitement sanglé dans son manteau. L’inconnu ne lui dit rien, certes, mais l’observe. Et c’est foutrement agaçant, quelquun qui vous regarde dans une position peu glorieuse, empêtré dans vos soucis, dont le manque de réaction laisse à penser qu’il se moque sûrement de vous. Énervant, pour le moins. L’essentiel reste de retrouver ces deux maudits boutons. Ceux-ci ne peuvent être loin, le narguant tout autant que le type qui a le regard braqué sur Marc. Quelques repères sur le rivage et de prudents quarts de tour agenouillé sur lui-même devraient suffire à dégoter ces petits objets. Même sur une plage belge balayée par la tempête, pas de raison.

Suite aux excès du réveillon, Marc est gagné par un vertige. Une étrange sueur coulait sur mes yeux, je me sentais fiévreux, les oreilles bourdonnantes, comme tari de toute énergie. Se demandant où est passé Marc, Claire lui téléphone. Ce qui ralentit encore ses recherches. Qu’il abandonne définitivement, quand elle lui annonce que leurs hôtes subissent un contretemps. Le témoin anonyme semble ne pas le quitter des yeux, quand Marc s’apprête à retourner chez les amis de sa femme. Exaspérant petit jeu, qui s’ajoute aux contrariétés de Marc…

 

Il s’agit d’une nouvelle d’une vingtaine de pages. Magali Duru est experte en la matière, quelques-uns de ses textes ayant été primés. Un texte court n’est pas un concentré de roman, c’est une idée qui doit faire mouche. Qu’on choisisse une forme sombre, ou souriante mais teintée d’un ressentiment comme ici, la nouvelle doit apparaître percutante. Décor et psychologie se dessinent en peu de phrases, tout est dans la précision de l’évocation : Au fond d’un boulevard s’épanouissait une lueur d’opale. Guidé par les senteurs d’iode, poussé dans le dos par une forte brise de terre, j’ai atteint la digue, face à la mer indistincte, rumeur étouffé qui battait son pouls dans une fosse d’ombre. Et voilà notre personnage ordinaire plongé dans une mésaventure plus tourmentée que prévu. Court texte qui s’avère fort excitant à lire et à relire. Laissons-nous séduire par les bonnes nouvelles.

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 05:32

 

Après La maison où je suis mort autrefois et Le dévouement du suspect X, voici le troisième roman de Keigo Higashino traduit en français, Un café maison (Actes Noirs, 2012)

A Tokyo, de nos jours. Ayané est créatrice de patchworks, une activité artistique fort lucrative car elle possède une belle notoriété. Son élève et sa protégée Hiromi collabore avec elle. Ayané est mariée depuis un an à M.Mashiba, un biznessman. HIGASHINO-2012À la veille de ce week-end, ils reçoivent à dîner un couple d’amis, les Ikai, ainsi que Hiromi. Harmonie de façade pour Ayané et son mari, car ce dernier a décidé qu’ils vont se séparer. En effet, M.Mashiba espérait que la jeune femme lui ferait un enfant, et rien ne s’est produit en une année. Comme prévu avant cette annonce de séparation, Ayané va passer le week-end chez ses parents, les Mita, à Sapporo. Hiromi et M.Mashiba se rencontrent en son absence. Car, selon le plan du mari, c’est l’amie d’Ayané qui devenir sa nouvelle compagne. Le lendemain, Hiromi découvre le cadavre de M.Mashiba, empoisonné, et appelle la police.

Le policier Kusanagi et sa jeune collègue Kaoru Utsumi font partie des enquêteurs chargés de l’affaire. Le suicide étant peu probable, la mort de M.Mashiba reste suspecte. Il va bientôt se confirmer qu’il a absorbé de l’arsenic dans son café. La première version donnée par Hiromi est destinée à masquer sa relation intime avec la victime. Utsumi transmet son opinion sur cette question à Kusanagi. Ils poussent Hiromi à rectifier son témoignage. Elle dit la vérité, cette fois, non sans préciser qu’elle aussi a bu du café en compagnie de M.Mashiba. Ce qui pose le problème du moment où le liquide aurait été empoisonné. Prévenue, Ayané est de retour. Les deux policiers ne savent déterminer si elle est vraiment sous le choc, ou si elle simule. Kusanagi semble charmé par cette jeune femme raffinée qu’est Ayané. Sa collègue Kaoru Utsumi la trouve suspecte, peut-être manipulatrice.

L’alibi d’Ayané semblant insuffisant, Kusanagi interroge à Sapporo M.et Mme Mita, les parents. Bien que la visite de leur fille n’ait pas été indispensable, ils lui fournissent un alibi inattaquable. Kaoru Utsumi a noté des détails incohérents à ses yeux, telles ces flûtes à champagne laissées sur l’évier. Estimant que son collègue est de parti pris, elle contacte le scientifique Manabu Yukawa, ami du policier Kusanagi. Elle lui explique le cas et lui fournit des éléments de réflexion. Yukawa sent, lui aussi, qu’il y a une trucage dans ce meurtre. Il devra observer et raisonner à sa manière, selon une logique différente des faits, afin de comprendre le secret. Sans agressivité, Ayané et Hiromi s’expliquent sur la relation de la seconde avec le défunt. Le policier Kusanagi ne peut accabler Ayané, si experte en café et qui prend grand soin de ses fleurs…

 

Lecteurs de romans d’action et de suspenses débridés, ne vous attardez pas sur ce livre. D’ailleurs, la lenteur narrative et ses répétitions peuvent éventuellement déconcerter. Car plus encore que dans Le dévouement du suspect X, avec les mêmes Kusanagi et Yukawa, tout se base sur la belle subtilité du récit. Quand il savoure un vin de qualité ou un alcool supérieur, un thé doucement parfumé ou un excellent café, le gourmet prend son temps. Il se délecte de tout ce qui contribue à l’arôme de sa boisson, aux nuances du goût. Tel est l’esprit de cette intrigue.

Ayané est-elle coupable ? Peu de doute, puisqu’elle a souhaité cette mort: Je t’aime du plus profond de moi-même. Ce que tu viens de me dire m’a transpercé le cœur. Maintenant je veux que, toi aussi, tu meures. Pourtant, elle était bien loin. Veut-elle porter les soupçons ailleurs ? Non, on la suppose plutôt protectrice. Alors, cherchons mieux, autrement. Une histoire fort séduisante, dont le tempo sans précipitation devient le meilleur atout.

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 05:46

 

Jérémy Guez et Rachid Santaki sont deux auteurs qui ont retenu ces derniers temps l’attention des lecteurs. Dans Paris la nuit comme dans Les anges s’habillent en caillera, ils mettent en scène des délinquants actuels issus de la banlieue, des cités. Mon camarade blogueur Bruno m’a demandé si ce thème avait donné lieu à d’autres romans similaires, récents ou plus anciens. La banlieue urbanisée depuis les années 1960-70, avec ses villes nouvelles, c’est un contexte qui intéresse les auteurs de polars. Le décor souvent grisâtre et froid de ces quartiers laisse augurer des troubles à venir. Toutefois, la violence d’il y a près de quarante ans n’est pas celle qui s’est installée depuis plus d’une décennie. Il ne faut donc pas rechercher des ambiances exactement comparables.

Déjà en 1973, le premier roman noir de Jean Vautrin À bulletins rouges se déroule à Sarcelles, gérée par une municipalité de droite. À la veille des élections législatives, cinq jeunes motard mi-ouvriers mi-voyous vont agiter la campagne politique jusqu’à une fin tragique… Dans Bloody Mary (1979, Prix Mystère de la Critique) du même Jean Vautrin, on retrouve à Sarcelles une galerie de portraits gratinés… MAZARIN-1979La violence et ses dérapages, avec la même noirceur, qu’elle touche la banlieue ou toute la société, ce sont des sujets évoqués par certains romans de Frédéric Fajardie, Didier Daeninckx ou de Claude Klotz dans la série Reiner/Raner (publiée chez Christian Bourgois, puis au Fleuve Noir), en ces années 1970-80.

 

Il faudrait aussi relire deux romans de Jean Mazarin situés en banlieue, dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir. H.L.M.Blue (1979) n’est pas si éloigné de nous. Dans une banlieue citadine anonyme, un groupe de copains se compose de la blonde Nize (Denise), de la brune Craquette, et de quelques garçons dont La Frise. Peu d’emploi pour eux qui traînent leur temps dans ces quartiers. Pas de job sérieux non plus pour Dimitri Spoutnik N’Gmo, un grand Noir qui finit par attirer le regard de Craquette et Nize. Avec lui, c’est une bande de malfaiteurs qui s’organise. Pas de surprise, l’histoire finira mal, comme on nous l’indique dès le premier chapitre. Le groupe est cerné dans un squat appelé La Smala, par les troupes d’un colonel de la gendarmerie mobile (d'avant le GIGN ou le RAID). Celui-ci affirme : Moi je suis un soldat et mon idéal est le maintien de l’ordre, même si je dois tirer sur d’autres Français, des manifestants par exemple. D’ailleurs, je l’ai fait il y a quinze ans en Algérie. Alors, vous pensez bien que ces petits salopards…

MAZARIN-1981Jean Mazarin est aussi l’auteur de Tellement gris (1981). Certes, il n’agit pas d’un contexte criminel lié à la banlieue, mais d’une belle intrigue. Cette histoire montre la vie de Jean-Baptiste Frémange, banlieusard célibataire de trente ans. Une petite vie entre son appartement bien rangé, sa voiture bien entretenue, sa gymnastique matinale, sa place de parking à la gare, son éternel même trajet en train vers Paris. Chaque jour, il y observe Sophie, qui représente son idéal féminin, mais n’ose l’aborder. Un pluvieux jour de grève, ils font plus ample connaissance quand il l’emmène en voiture avec lui à Paris. Le couple devient bientôt intime. Sophie présente officiellement sa mère Odile à Jean-Baptiste. Sans doute celle-ci est-elle un peu jalouse de sa fille, comme le dit Sophie. En effet, Odile ne tarde pas à se rapprocher de l’ami de Sophie. Au point qu’il choisit plutôt la mère que la fille. Mais la situation n’est pas forcément ce que croyait le candide Jean-Baptiste…

 

Le temps passant, l’univers banlieusard urbain change. Dans Avis déchéance (1998) et Les ardoises de la mémoire (1999), Mouloud Akkouche met en scène Nassima Benarous, commissaire de police à Batreuil, quelque peu dépressive. BELAID-2000Une approche très noire, voire assez glauque, du milieu urbain. Né à Montreuil en 1962, l’auteur connaît bien les décors de banlieue dont il parle.

Lakhdar Belaïd a publié deux romans dans la Série Noire, Sérail Killers (2000) et Takfir Sentinelle (2002). À Roubaix, Karim Khodja est journaliste pour Nord Info. Son meilleur ami est le policier Bensalem, surnommé Rebeucop, trentenaire comme Karim. D’ailleurs, il arrive qu’info et enquête se rejoignent. Sérail Killers a pour thème le sort des harkis et de leurs familles, ici victimes d’une série meurtrière dans la banlieue roubaisienne. Takfir Sentinelle aborde un sujet toujours présent. Un groupe de jeunes Beurs armés se livre à diverses exactions dans la région de Roubaix. Ces exaltés sont dirigés par Christian et Laurent, deux Français convertis à l’Islam. Ils mènent une véritable guerre, inspirée des mouvements prônant la domination islamique à travers le monde… Ce roman fut écrit avant les attentats du 11-Septembre. Il faut lire aussi World Trade Cimeterre (2005-encore disponible en version numérique) du même auteur, qui met en scène un trio de jeunes Lillois, devenant kamikazes au nom de l’Islam.

On retrouve en 2011 Karim Khodja et le policier Bensalem dans Les fantômes de Roubaix (Polars en Nord). Le journaliste suit les faits divers marquants dans la région, tel ce dramatique accident de voiture. À cette occasion, il rencontre Karim Khodja, son homonyme. Ce monsieur âgé mais encore fort est son oncle. Le journaliste le croyait mort durant la Guerre. BELAID-2005Khodja senior est encore derrière lui quand Karim s’informe sur un incident causé par des fachos autour d’un lycée. Le journaliste ne se sent pas à l’aise face à ce parent exprimant une dureté certaine. Karim a remarqué autour du lycée un curieux albinos, portant un vêtement genre Arlequin. Il n’a pas tardé à le surnommer Logan, en référence à un héros de SF. L’albinos qui provoque une fusillade en direction d’un commerce, avant de s’attaquer aux locaux d’une ONG. Puis il prend pour cible un couple, abattant l’homme, Marc Vandoren. Plus tard à Lille, il s’attaque à M.Marive, mais c’est un témoin passant par là qu’il exécute. L’albinos s’occupe encore d’une héritière quinquagénaire qui va trouver la mort, calcinée sur son vélo. De son côté, Karim voudrait comprendre ces cauchemars guerriers, qui le hantent violemment dans son sommeil. Avec Kodja senior, nul ne semble tellement à l’aise. Bensalem et l’épouse du journaliste sont inquiets de ces cauchemars qui perturbent Karim…

 

Parmi les titres récents, citons le roman de Dominique Manotti Bien connu des services de police (2010). Dans la banlieue nord de Paris, la ville de Panteuil constitue un secteur sensible en matière de délinquance et de criminalité. Solidaire des efforts du ministère de l’Intérieur pour une meilleure sécurité, la commissaire Le Muir est bien décidée à trouver des solutions. Il faut commencer par les squats, générateurs de tous les trafics. Elle peut compter sur son chauffeur, Pasquini, dont les relations mi-truands, mi-fachos sont bien utiles. Au sein du commissariat de Panteuil, les policiers partisans de la méthode forte sont légion. Le plus excité est Paturel, chef d’une brigade de la BAC. Avec son équipe, il rançonne un groupe de prostituées réfugiées dans un parking. Ivan fait partie des collègues de Paturel, mais sans partager leur enthousiasme. Des problèmes annexes le tracassent.

Deux jeunes policiers viennent d’arriver au commissariat de Panteuil. La blonde Isabelle Lefèvre doit calmer les ardeurs sexuelles des collègues. Elle est affectée à une brigade de Police-Secours. Elle va être mêlée à un magnifique ratage policier. Sébastien Doche, l’autre nouveau, a intégré le Bureau des plaintes. Entre cynisme et fausse compassion, le vieux brigadier en poste gère les situations en fonction de critères discutables. Doche entreprend une enquête sur les vols de voitures de luxe. Il ne tarde pas à repérer le garage Vertu, curieusement fréquenté par Pasquini, le chauffeur de la commissaire, qui y rencontre des types à l’allure suspecte. Noria Ghozali appartient aux R.G. Avec le soutien de Macquart, un ancien du service encore influent, elle espère faire tomber l’ambitieuse Le Muir…

Plus controversé, Beyrouth-sur-Loire est signé Pierric Guittaut (Éd.Papier Libre, 2010). Les faits se déroulent aujourd’hui dans une grande ville du Val de Loire, dont la mentalité est plutôt passéiste. Le journaliste Rubert prévient sa jeune collègue pigiste Gaëlle Le Floc’h :Ici, tout est à l’ancienne, comme tu dis : justice à l’ancienne, morale à l’ancienne, racisme à l’ancienne. Bienvenue dans la France d’il y a cinquante ans. Les traditionnelles rivalités politiques exacerbées opposent le maire de droite et la conseillère générale de gauche. Au commissariat de police, deux générations de flics sont en présence. Chrétien libanais d’origine, le lieutenant Michel Jeddoun est le plus âgé. Il reste marqué par les tragédies ayant secoué son pays. Grâce aux indics, il n’ignore pas quels sont petits trafics des quartiers sensibles de la ville. Né dans une famille modeste, Antoine Carpentel est un redoutable arriviste.

Le fils du journaliste Rubert est interpellé par la police. Comme ses parents, il se veut militant, défendant la cause palestinienne contre le sionisme. Quand la jeune Rachel contacte Jeddoun, il estime ne pas pouvoir l’aider. Le frère de celle-ci a été torturé et tué par un groupe de médiocres voyous vivant dans cette ville. Elle possède la preuve de leur identité, mais personne ne tient à relancer l’affaire. CANDIA-1Dans les quartiers nord, des émeutes incendiaires causent des troubles. Rubert et Gaëlle suivent le dossier, se heurtant à Jeddoun. Signes d’insécurité qui risquent de nuire davantage encore au maire en place, qui a pourtant bénéficié de moyens pour y faire face. Carpentel, son allié, mène son propre jeu, question de timing et d’opportunisme. La conseillère générale évite de se réjouir trop tôt… Un roman qui prétend renvoyer dos-à-dos les politiques inefficaces face à la criminalité. Ce polar cumule quelques maladresses et un discours discutable.

 

C’est dans le Val d’Oise que se déroule une série de quatre romans de Pascal Candia, ayant pour héros des jeunes face à des situations mouvementées autant que violentes. La série débute par Argenteuil, c’était un accident (Éd.du Valhermeil, 2007) : Christian est un lycéen de dix-sept ans vivant à Argenteuil. Une nuit, il cause l’incendie accidentel du pavillon familial, ce qui provoque la mort de ses parents. Après son hospitalisation, l’orphelin sympathise avec le commissaire Lambrosi. Celui-ci se montre compréhensif et protecteur. Christian doit habiter chez sa tante, qu’il connaît à peine, et son oncle irascible. Heureusement, leur fille Valérie est amicale avec son cousin Christian. L’assureur Leroy fait preuve d’hostilité, mettant en doute la vérité de l’accident, afin de ne pas payer. Christian s’énerve contre lui, bien que Lambrosi tente de le calmer. Dans la maison sinistrée, l’orphelin récupère un coffret contenant les économies de son père. Mais un inconnu l’agresse, et lui dérobe l’objet. Lambrosi et Christian identifient le voleur, Leroy. Celui-ci s’enfuit, prenant Valérie comme otage. Le policier repère la planque de l’assureur, qui s’échappe. Ayant décidé de ne plus subir, Christian contacte son ami Yvan (dit Attila), un révolté toujours prêt à utiliser la force. Ils pourchassent Leroy, avant de se lancer dans une cavale armée.

CANDIA-2Plus fiévreux encore, le deuxième épisode intitulé Chefs d’œuvre meurtriers (2007) : Christian et Yvan ont dû se cacher en Espagne, suite à leurs précédents ennuis. Autant par besoin dargent que parce quil noublie pas son amie Valérie, Christian estime quil est temps de retourner dans la Val dOise. Arnaud, un chauffeur-livreur ami dYvan, leur propose un coup fructueux. Il va transporter en toute discrétion un lot dœuvres dart, dont le Portrait du docteur Gachet de Van Gogh. Préparée par un certain M. Joshua, lopération consiste à intercepter le convoi. Puis un commanditaire leur paiera le pactole, une fois les toiles réceptionnées par M. Joshua. En réalité, ce dernier se nomme Kleiner. Ancien mercenaire, il a lintention de se débarrasser des trois complices sans payer. Le braquage effectué, Christian et ses amis (dont Valérie, qui les a rejoints) sont méfiants. La livraison tourne mal : Kleiner tire sur Arnaud, file avec les toiles, tandis quYvan et Christian doivent fuir. Le bienveillant commissaire Lambrosi espérait retrouver Christian avant quil naille trop loin. Informé de la disparition de Valérie et du vol des tableaux, il comprend que son jeune protégé est dans de sales draps. Le Japonais qui a assuré la sécurité du convoi traque, lui aussi, les coupables… La série se poursuit avec Danse avec les flics (Éd.du Valhermeil, 2009) et Au-delà du périf (Ed.Régiopolice, 2012). Hier criminels défiant l’ordre, aujourd’hui équipe de l’ombre pour le compte de la justice. Christian Sainclair et Valérie, Attila et Maria-Carmen avaient tout pour mal finir, mais grâce au commissaire Lambrosi, ils se sont racheté une conduite…

(Le blog de Pascal Candia, ici).

 

Tout ceci ne constitue qu’une approche très fragmentaire de romans ayant pour contexte la banlieue et ses personnages. Bien évidemment, il existe beaucoup d’autres polars plus ou moins actuels abordant le sujet.

Si quelques titres vous viennent à l’esprit, merci de les indiquer ci-dessous dans les commentaires…

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 05:30

 

Le nouveau roman de Rachid Santaki Des chiffres et des litres vient de paraître aux éditions Moisson Rouge. Les anges s’habillent en caillera, précédent titre de cet auteur, est maintenant disponible en poche, chez Points.

Ilyès est un jeune de Seine-Saint-Denis, dont la carrière de délinquant s’étale ici de 1998 à 2008. Le Marseillais, tel est son surnom. Richard Santaki s’est inspiré d’un personnage bien réel pour imaginer une fiction. SANTAKI-2012PS’il s’est bien documenté, on devine aisément que l’auteur n’a pas eu à chercher loin les anecdotes servant le récit. Quelques extraits de presse authentiques insérés dans ce roman confirment la véracité des faits. Repoussant les limites depuis ses premiers méfaits d’ado, Ilyès considère le vol comme un métier. Artisan spécialisé dans l’agression à la carte bancaire, en quelque sorte. Car, même s’il a eu plusieurs complices plus ou moins violents depuis ses débuts, Ilyès est son propre patron. Le fric qu’il amasse, c’est pour lui et, accessoirement, pour sa famille. (Je retournai au travail le lendemain. Seul le crime paie, et en milliers d’Euros.)

Outre son cousin Sofiane, Ilyès a beaucoup d’amis, d’autant que sa réputation est excellente dans les quartiers dont il est originaire. Il a bénéficié des réseaux de l’Ancien pour élargir son bizness, y compris en faisant appel aux Serbes. Khaled, plus mûr, a cherché à le décourager. Ilyès ne sait que penser du singulier Yazid. Et puis les flics de Saint-Denis l’ont dans le collimateur. Les ripoux Stéphane et Michael cultivent, eux, leurs combines persos. Ils ont largement franchi les frontières de la connivence avec les délinquants. Plusieurs potes d’Ilyès tombent dans les griffes de la Justice. Tel Bruno, dit Zulu Boy, expert dans les attaques de dabistes. Ce n’est ni le sort de ses amis, ni son mariage avec Khadija qui peuvent calmer les activités d’Ilyès. Sortant plutôt sur Paris, il s’est fait un nouveau pote, Hervé. Entre trahison et vendetta, fric à foison et jalousies, boxe et mauvais coups, l’univers compliqué d’Ilyès risque bien de le mener jusqu’au crime…

 

Il y a bien longtemps que, même chez les plus tolérants, personne ne fait plus preuve d’angélisme face à la délinquance et à la criminalité. D’autant qu’il existe une volonté de provocation envers le reste de la population, chez beaucoup de ces malfaiteurs. Il ne s’agit plus de marginalisation. Il est trop facile d’affirmer que les seules racines du mal, c’est l’argent. Détenir un pouvoir en défiant la société, voilà leur but. Réprimer les coupables, tel est le rôle de la police et de la Justice. Pourtant, que savons-nous vraiment d’eux ? Leurs méfaits, nous les constatons. Leurs parcours de délinquants, nous l’imaginons plutôt que nous ne le connaissons. Grâce à cette semi-fiction, Rachid Santaki témoigne de cet aspect souterrain, de leur quotidien aventureux.

Ne voyons pas ici d’apologie, ni d’héroïsme. Car, même audacieux ou doués, ces malfaiteurs maîtrisent assez mal leur petit monde, finalement. Ils jouent les cadors, mais très vite ne savent plus sur qui compter et sont rattrapés par la prison. En cela, ils ressemblent au banditisme d’autrefois. D’ailleurs, par le passé, existait déjà un langage codé fort semblable au leur. Mêlant verlan actuel et formules en arabe, leur argot n’en est pas si éloigné. Si Rachid Santaki en abuse au début, c’est pour montrer l’importance qu’ils y attachent. Une histoire riche en noires péripéties, et un regard pertinent sur l’ambiance violente de la délinquance de notre époque.

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