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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 07:00

 

Parmi les rééditions en format poche disponibles début janvier 2011, on peut retenir deux romans particulièrement intéressants. Certes, ils sont totalement différents. L’univers contemporain décrit par Dominique Sylvain est très éloigné de l’époque d’Henri IV évoquée par Fabienne Ferrère. Néanmoins, ces deux romancières possèdent un même talent, celui de nous raconter d’excellentes histoires. Deux titres qu’il n’est pas trop tard pour découvrir, puisque désormais diffusés en poche…

 

Le roman de Dominique Sylvain Manta Corridor (Points) est la 3e aventure de Lola Jost et Ingrid Diesel, harmonieux duo pourtant improbable. Voilà un foisonnant roman, riche en énigmes, multipliant les péripéties. On se laisse volontiers entraîner dans cette étourdissante enquête labyrinthique. Les décors parisiens et tropicaux contribuent à l’ambiance. Tous les personnages sont savoureux. Chacun possède un vécu particulier qui le rend crédible et vivant. Très réussie, cette palpitante histoire un régal. Le résumé suivant n’est que partiel, car Dominique Sylvain cultive une réjouissante complexité inventive…

11-SYLVAIN-PointsParis, quartier du Faubourg Saint-Denis. La commissaire retraitée Lola Jost et sa jeune amie américaine Ingrid, reine du strip-tease, sont contactées par Lady Mba. Cette coiffeuse du passage Brady s’inquiète de la disparition de Louis, son shampouineur employé au noir. Lola note un climat tendu avec le salon d’en face, tenu par l’ex-mari de Lady Mba. Le duo trouve peu de renseignements sur Louis Manta, dont ce n’est sûrement pas le vrai nom. Il était apprécié de tous. Quand il vivait dans la rue, Louis fréquenta le bluesman Clovis Majorel. Il fut le complice et l’amant de la voyante Sandra Klein, qui a un sérieux problème de vision.

Pour Ingrid, le séjour que fit Louis sur les côtes indonésiennes a son importance. José, le mari bricoleur de la logeuse de Louis, est assassiné. Le commissaire Grousset, successeur de Lola, ne cache pas son agacement de la voir mêlée à l’affaire. José était le frère d’un plongeur de la Brigade Fluviale, Charly Borel. Celui-ci est dans le coma depuis une récente tuerie mal élucidée. José, Charly et Louis créèrent un club de plongée en Indonésie. Un accident ruina leur projet. Lola et Ingrid s’interrogent sur la mort d’Agathe, la sœur de Louis : un suicide après une soirée au Fuego, une péniche night-club. Les patrons de l’endroit n’inspirent guère confiance au duo.

En Indonésie, Louis avait découvert un remarquable site sous-marin. Le fiancé d’Agathe, Vincent Majorel, y perdit la vie. Une vengeance contre les plongeurs est possible. Louis se cachait dans le quartier. Dénoncé à la police, il s’enfuit. La photo de l’épave d’un navire japonais constitue une piste que Lola va exploiter…

 

Après Un chien du diable déjà disponible chez 10-18, Car voici que le Jour vient de Fabienne Ferrère est la deuxième aventure de Gilles Bayonne. Le titre suggère évidemment une affaire de vengeance, frappant “tous ceux qui ont fait le mal”. L’enquêteur doit donc comprendre les motifs d’une série de meurtres, avant d’identifier le cruel justicier…

1595, sous le règne d’Henri IV. Âgé de 23 ans, le chevau-léger Gilles Bayonne vit à Paris avec sa famille. De retour d’une mission qui l’a profondément marqué, il n’est pas pressé de répondre à la convocation du chancelier Cheverny. Celui-ci envoie quatre de ses sbires le rosser, pour rappeler à Gilles Bayonne qu’il lui doit obéissance. Cheverny le charge d’enquêter dans le quartier de la Grande Boucherie. Des vols chez des notables y ont été commis et, surtout, le curé Vuillard a été assassiné de façon horrible. Enfermé dans un tonneau, il a été tué par d’énormes rats. Le jeune Pique-Lune, 12 ans, déjà formé à toutes les ruses et autres rapines, va accompagner Gilles Bayonne. Le quartier dans la juridiction des commissaires du Châtelet, que le chevau-léger évite de trop vite rencontrer. S’installant dans une auberge, il commence à interroger la population.

11-FERRERE-1018Le bedeau Romain Mesnil n’est guère honnête, mais il est fier de ses pratiques, puisqu’il s’agit de nourrir sa famille. Le curé Vuillard avait changé depuis un certain temps, transformant son presbytère en forteresse. Il avait engagé comme guetteur de nuit le nommé Gerbault, un paria logeant sur l’Île aux Vaches. Dans la Bible du prêtre, Gilles Bayonne note qu’un passage ayant trait à la colère divine a été souvent lu par Vuillard. Le chevau-léger assiste en cachette au conseil paroissial, observant les chicaneries entre ces dignes habitants de la Grande Boucherie. Après avoir interrogé le peu loquace Gerbault, qui confirme que Vuillard vivait dans la peur, Gilles Bayonne contacte les commissaires du Châtelet. Si trois d’entre eux lui sont sournoisement hostiles, il peut accorder sa confiance à Lhorme, commissaire plus coopératif.

De son côté, Pique-Lune enquête sur les cambriolages. Ils ont été commis par un voleur astucieux ou fort bien renseigné. Gilles Bayonne s’interroge sur la provenance des énormes rats qui tuèrent le curé. Une autre victime vient d’être, lui, tué par des vipères. Le nommé Rivière était régisseur à l’hospice d’orphelins des Enfants-Rouges. Chez lui, on trouve cinq pièces d’une monnaie inconnue. Le bedeau Mesnil ne tarde pas à avouer qu’il en vola cinq identiques au presbytère. Autre indice, la corde qui ligotait les victimes est nouée d’une étrange façon. L’enquêteur ignore être observé par “Le Goupil”, personnage fort inquiétant…

Bien entendu, c’est le contexte qui prime dans ce roman historique. Fabienne Ferrère reconstitue avec précision la vie quotidienne de l’époque. Dans un Paris plutôt sale et peu sûr, plusieurs villages devenus quartiers forment une agglomération. L’auteur dresse le portrait de personnages typiques, artisans ou commerçants, et autres pauvres bougres grappillant leur survie dans cette Vallée de Misère. Outre le chevau-léger à l’esprit tourmenté, on aime le débrouillard Pique-Lune, sorte de Gavroche éduqué à la Cour des Miracles. Ils évoluent dans un monde dur et brutal, sombre et sanglant, où la Justice n’a pas encore gagné une vraie place. Quand plane un mystère, difficile dans ces conditions de savoir à qui se fier. Ce suspense documenté est très agréable, grâce à la description cette lointaine période.

Deux romans disponibles dès le 6 janvier 2011.

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 06:57

 

Après avoir publié plusieurs livres aux éditions Phébus, c’est dans la collection Grands Détectives (chez 10-18) que Pierre d’Ovidio nous propose un roman inédit, L’ingratitude des fils.

Mi-janvier 1945, des gamins jouant dans les ruines d’un immeuble de Malakoff trouvent un cadavre dans les décombres. C’est à l’inspecteur Maurice Clavault, du commissariat de Vanves, que son supérieur confie l’enquête. Le jeune policier est peu apprécié de son chef. Si Maurice a été libéré prématurément du stalag où il fut prisonnier, c’est grâce à sa mère Réjane. Celle-ci est allée jusqu’à Vichy, afin de faire intervenir ses relations. C’est par les mêmes moyens que Maurice a pu entrer dans la police. Toutefois, on ne peut lui reprocher d’avoir collaboré avec l’occupant. Restant marqué par la guerre, il pense à ceux qui ne sont pas encore rentrés de captivité. Réjane espère lui trouver une fiancée. Vendeuse et apprentie comédienne, la dynamique Ginette pourrait lui convenir. L’affaire de Malakoff excite d’ailleurs la curiosité de la jeune femme.

D'OVIDIO-2011Après la première guerre mondiale, les frères Samuel et Lev Litvak ont fuit la Lituanie. Les Juifs, s’y croyant en sécurité, étaient de plus en plus persécutés. Ils traversèrent l’Europe, long périple aventureux, avant de s’installer en France. Ils créèrent un commerce de pièces automobiles d’occasion, bientôt rentable. En 1931, Lev réalisa son rêve : partir en Amérique. Samuel poursuit leur activité, se maria avec Irène, qui lui donna deux enfants. Dès 1934, des évènements inquiétants secouèrent la France, visant la population juive. Samuel et sa famille ne se sentirent pas trop menacés. Même au début de la guerre, il pouvait compter sur un commissaire du 11e Arrondissement. Ayant échappé à la Rafle du Vel d’Hiv, Samuel mit sa famille à l’abri dans un village des rives de la Creuse.

Maurice dispose de fort peu d’indices. Un corps partiellement brûlé, la main noire du cadavre, un message mal déchiffrable laissé dans sa bouche : "A PARM". Il est peu probable que ce soit le nom de la victime. Aucun témoin ne s’est manifesté. Peut-être l’inconnu a-t-il été exécuté par une organisation politique ou militaire, cas pas si rare en ces temps troublés. Maurice a d’autres affaires à traiter en parallèle. Une jeune femme affirme avoir été violée par des GI's. Embarrassant, à l’heure où ils passent tous pour des héros. Maurice recueille le témoignage de cette personne, qui n’est visiblement pas une menteuse. Impossible de retrouver les coupables qui, sans doute, se dirigent déjà vers Berlin. Par ailleurs, un corps humain découpé est découvert, tel un puzzle, en divers endroits dans le secteur. Il faut attendre d’avoir rassemblé suffisamment de pièces pour espérer identifier la victime, charcutée par son assassin. L’enquête de Malakoff piétine…

Très bien construit, ce roman de qualité souligne une page historique méconnue ou oubliée. En effet, cette période est souvent trop vite résumée dans les livres d’Histoire. On n’en retient que l’aspect officiel, politico-militaire. La guerre est longue à se terminer, la population subit toujours privations et restrictions pour l’alimentaire et le chauffage, l’Épuration ne sanctionne que trop peu de collabos, certains s’octroient un brevet de Résistants parfois douteux, l’ambiance oscille entre incertitude et espoir du retour à la normale. Dans ce roman inédit, Pierre d’Ovidio restitue parfaitement le contexte d’alors. En évoquant le sort de migrants établis en France durant l’entre-deux-guerres, il nous rappelle également ces malsaines années 1930 où la propagande populiste et raciste gangrenait le pays. On imagine volontiers que mener des enquêtes sur des faits criminels début 1945 est presque impossible. Maigres indices et vagues rapports d’autopsie obligent le policier à tâtonner. Le respect de la Justice dépend de la logique des circonstances. Malgré d'hasardeuses investigations, Maurice ne sera pas bredouille. Voilà un roman très réussi, fort convaincant.

Disponible dès le 6 janvier 2011.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 07:07

 

"Podium Polars", qu’est-ce que ça veut dire ? Ni sélection officielle, ni Prix attribué par Action-Suspense, c’est juste l’occasion de revenir sur les trois romans qui m’ont le plus marqué chaque année. Faire un bilan de mes lectures, choisir parmi environ cent-cinquante romans chroniqués en 2010, n’en retenir que trois. Que décider ? Favoriser des méconnus, faire un clin d’œil à nos amis Québécois, citer par copinage des auteurs amis, allonger la liste à une dizaine de noms ou davantage ? Non, le choix s’est finalement avéré très simple. Deux titres figurent dans la rubrique "Coup de Cœur", tant ils m’ont enthousiasmé. Quant au troisième, le choix fut tout aussi naturel, évident. Il n’y a pas d’ordre de préférence dans le cas présent : un suspense, un roman noir, un auteur français. Ce trio des meilleurs de l’années (opinion subjective assumée, qui n’engage que moi ) nous a offert des romans de qualité supérieure. Voici donc le résultat de mes cogitations…

 

Le meilleur suspense de d’année : La maison où je suis mort autrefois, de Keigo Higashino (Actes Noirs)

Heureuse surprise que ce roman enthousiasmant, et même fascinant. La quête d’identité, l’appel aux souvenirs, un thème qui a été souvent traité. Les secrets liés à une maison, également. Keigo Higashino fait preuve d’une rare maestria dans l’évolution du récit. L’histoire progresse en nous offrant des clés, des éléments de compréhension, mais en ajoutant des questions supplémentaires. S’agit-il de faux-semblants ? Le narrateur lui-même parle d’illusion, mais précise Le terme illusion n’est peut-être pas le bon. Entre la famille disparue, l’héroïne Sayaka et son ex-petit ami, c’est plutôt un jeu de miroirs dont les reflets nous renvoient des uns aux autres. C’est une vérité très complexe que l’on recherche, pas la sympathie envers les personnages.

 

PODIUM-POLARSLe meilleur roman noir de l’année :

Le vertige de la chute, de Walter Mosley (Éd.Jacqueline Chambon)

Quel bonheur de déguster une véritable aventure de détective privé navigant aux frontières de la légalité, de savourer une authentique histoire de durs-à-cuire, riche en pugilats et en coups bas ! Walter Mosley s’inscrit dans la lignée des précurseurs du roman noir, Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. Il respecte idéalement cette grande tradition. Il suffit de constater le soin apporté à l’élaboration de l’intrigue, précise et maîtrisée, pour réaliser qu’il s’agit bien d’un polar de qualité supérieure. Sans doute parce qu’il ne cache pas ses ambiguïtés, ses imperfections passées et présentes, le détective McGill est un personnage qu’on aime d’emblée, sans restriction. Il utilise son expérience de la vie pour ne jamais se laisser déstabiliser. Discernement qui lui permet d’être parfois bienveillant, voire d’éprouver une part de tendresse pour certaines personnes qu’il rencontre. Vieilles méthodes et techniques actuelles se côtoient dans cette enquête agitée, non dénuée d’humour. Mosley est aussi héritier de Chester Himes, évoquant la place des Noirs dans la société américaine actuelle.

 

Le meilleur roman français de l’année : Saturne, de Serge Quadruppani (Éditions du Masque)

Ce foisonnant roman comporte plusieurs niveaux de lecture, chaque approche étant intéressante. D’abord, nous avons là une histoire aux multiples péripéties (“…c’était un rebondissement comme aucun auteur de polar sérieux n’aurait osé inventer.”), riche en secrets occultes, cultivant une ambiance à suspense. Quadruppani s’inscrit dans la tradition de la Littérature populaire, qui relance en permanence l’attention du lecteur, qui détaille portraits et descriptions tout en gardant une admirable souplesse narrative… La deuxième entrée évoque notre monde actuel : Il avait répondu qu’il n’était pas écrivain mais qu’il le regrettait, car la littérature disposait de plus de moyens que le journalisme ou l’enquête policière pour dire la vérité d’une époque. Dans nos systèmes, il n’existe plus vraiment de fossé entre argent sale et fortune honnête. Multinationales et Mafias sont synonymes, utilisant des méthodes identiques, non sans violence. Saturne dévora ses enfants, comme notre société cannibalise les siens… Troisième aspect, l’humour. Car c’est aussi une intrigue pleine d’ironie et de dérision que nous propose l’auteur. Quand, par exemple, il fait un clin d’œil au célèbre village de Tarnac, ou lorsque la commissaire Simona adopte les animaux de son défunt ami, on sourit évidemment. Bien d’autres passages nous offrent une tonalité enjouée, fort agréable. Et quand les proches des victimes rencontrent le Maestro, immense écrivain Sicilien, cela nous donne une scène savoureuse. Encore bravo à Serge Quadruppani !

Cliquez pour les Podium Polars 2008 ou pour les Podium Polars 2009 ...  

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 07:09

 

Parmi les premiers romans publiés en 2011, Masque de sang de Lauren Kelly (Albin Michel) nous offre un suspense psychologique très singulier…

Chateauguay Springs est un petit village sur la rive gauche de l’Hudson, dans la région de Newburgh. Non loin de cette bourgade, Drewe Hildebrand a hérité de son mari une propriété de quarante-cinq hectares. Outre la vaste demeure, ce domaine abrite une colonie d’artistes en résidence, dirigée par Marcus Heller. À une centaine de kilomètres de New York, ce refuge pour les créateurs fut installé voici plusieurs décennies par le défunt mari de Drewe. Cette mécène possédant des galeries d’art réputées n’hésite pas à y exposer des œuvres controversées. Son soutien aux artistes de talent lui vaut autant d’ennemis que d’admirateurs, dont certains ne sont que de vils flatteurs. Si Drewe Hildrebrand apparaît excentrique, extravertie, elle n’est pas naïve.

KELLY-2011De son vrai nom Eileen Straube, elle a fui depuis longtemps son milieu pour s’intégrer à l’univers artistique. Elle fut proche d’Andy Warhol, peut-être une des rares à comprendre son esprit. Ambitieuse, charismatique, vampirisant son entourage, elle devint au fil des ans incontournable. Sa relation avec Virgil West, artiste à la renommée méritée, fut assurément complexe. Deux caractères fort n’entraînent pas un couple d’amants parfaits. Depuis quelques temps, Drewe se passionne pour l’idée inventive du sculpteur Xenia, créateur d’un masque de sang. Une lubie passagère de bienfaitrice, peut-être. Autour d’elle, règne un mouvement permanent qu’elle anime et, parfois, subit. La vieille domestique Magdalena s’occupe de l’intendance du domaine, avec le chauffeur Noah.

Début avril 2003, une jeune fille est retrouvée errante dans les bois, frisant une l’overdose de Chrystal Meth. Il s’agit de Marta, la nièce de Drewe Hildebrand, âgée de dix-neuf ans. Elle vit à Chateauguay Springs depuis quatre années. Sa tante l’a recueillie suite à un scandale familial, contre l’avis de l’acrimonieuse mère de la jeune fille. Annemarie Straube devint alors Marta. Drewe lui paya des cours dans les écoles les plus huppées, telle la Woodstock Academy (pour élèves aux besoins spécifiques). Introvertie, n’étant attirée ni par la drogue ni par le sexe, Marta était fascinée par cette tante au caractère particulier confidente, autoritaire ou bienveillante, selon son humeur. Marta se sentait attirée par Virgil West, sorte de mimétisme vis-à-vis de Drewe ? Par le chauffeur Noah, aussi.

Sortant difficilement de son état comateux, Marta témoigne par bribes de cette soirée de l’enlèvement. La domestique Magdalena ne perd pas espoir, pensant qu’on va retrouver vivante Drewe Hildebrand. D’ailleurs, on découvre bientôt la Jeep vide de la disparue. Cette affaire a-t-elle un lien avec la mort par overdose de la jeune Tania, habitant la propriété, que Marta n’a pas connue ? Ou plutôt avec ces fanatiques catholiques qui ont souvent menacé Drewe ? Cette piste semble plausible, d’autant qu’un de ces intégristes cinglés finit par revendiquer le kidnapping. Pourtant, on est bien loin encore de la vérité…

 

Lauren Kelly est le pseudonyme utilisé pour ses romans à suspense par Joyce Carol Oates, écrivaine américaine née en 1938, au talent universellement reconnu. Il n'est pas utile d’attribuer une étiquette thriller ou même simplement polar à ce genre de roman. On peut parler d’une intrigue psychologique, dans laquelle le contexte prime sur l’aspect purement criminel. La narratrice joue le rôle d’une Candide, découvrant le monde new-yorkais des arts. Le mécénat couvrant l’aspect financier, ce sont l’idée du pouvoir (de décider qui a du talent) et la vanité artistique dans cet univers qui retiennent l’attention. La jeune Marta ne s’y intègre pas aussi aisément que le fit sa tante, plus volontaire qu’elle. Il est vrai qu’elle eut la chance de fréquenter la Factory d’Andy Warhol. L’agression et la disparition de Drewe gardent longtemps leur mystère, définitivement peut-être ? Quand revient le réalisme, la vraie vie avec ses sentiments, l’explication arrive à son tour. Si les évènements et les portraits des personnages sont finement dessinés, la part énigmatique de l’histoire est aussi très subtile. Un excellent roman comme celui-ci se lit avec un vrai plaisir.

Disponible dès le 6 janvier 2011.

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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 07:05

 

Publiée chez Glénat en cette fin 2010, la version BD de L’assassinat du Père Noël (d’après Pierre Véry) est signée Didier Convard, Éric Adam, et Paul.

Mortefond est un village perdu dans la campagne vosgienne. C’est là que Prosper Lepicq choisit de séjourner en ce mois de décembre, afin de s’y reposer. Installé à l’auberge Kopf, il est vite adopté par les habitants. Ce parisien s’est bien gardé de préciser qu’il était avocat et détective, ayant mené quelques enquêtes avec la police. Lepicq a sympathisé avec Gaspard Cornusse, artisan photographe, et sa ravissante fille Catherine. BD-Pierre Véry-1Il apprécie autant le curé que l’instituteur anticlérical Villard. Il rencontre le baron Roland, héritier du manoir local, revenu à Mortefond après une vie pleine d’aventure. Dans ce village hors du temps, une grande part de l’activité est consacré à l’artisanat du jouet. Pour la nuit de Noël, on prépare la grande fête de Il était une fois. Chacun se grime en héros de contes de fées ou en personnage légendaire, pour une soirée réunissant toute la population.

À Mortefond, l’église Saint-Nicolas abrite un trésor. Le doigt bagué du saint, un doigt en or qui vaut une fortune. Selon la légende, qui n’intéresse plus guère que les gamins du village, il existerait un bras complet, tout en or et incrusté de pierres précieuses, disparu lors de la Révolution Française. Sur une stèle du cimetière, une formule sibylline est censée indiquer où se cache l’objet précieux: Interroge Lucifer et son saint, tu trouveras le bras d’or. On laisse ce mystère aux enfants, l’important étant que le curé et son sacristain Kappell veillent sur le doigt bagué au presbytère. Voici qu’arrive la nuit de Noël, à laquelle Prosper Lepicq participe gaiement comme les autres. Durant la messe, à l’extérieur de l’église Saint-Nicolas, l’instituteur Villard fait chanter L’Internationale à sa chorale d’élèves. Petit jeu anticlérical habituel, qui amuse tout le monde.

Pendant ce temps, déguisé en Père Noël, le photographe Cornusse fait le tour du village, distribuant les cadeaux, buvant sa dose d’alcool fort à chaque étape. Le banquet annuel de Il était une fois a commencé. Observant la belle Catherine courtisée par le vieux baron Roland, l’instituteur est bien triste car il ne peut rivaliser. Soudain, des enfants alertent la population: On a assassiné le Père Noël. On le retrouve poignardé, gisant dans la neige. L’instinct de détective de Prosper Lepicq le pousse à prendre l’affaire en mains. On ramène chez lui le cadavre de Gaspard Cornusse. Lepicq comprend rapidement qu’il y a erreur sur la personne. En effet, ce n’est pas le photographe qu’on a tué. Il s’agit du Dr Ricomet, médecin peu aimé des villageois. Néanmoins, il faut éliciter les faits. Pourquoi était-il habillé en Père Noël ? Si Cornusse est toujours vivant, le doigt en or a été volé cette nuit au presbytère. Lepicq enquête, flairant l’ambiance…

BD-Pierre Véry-2Belle adaptation en BD du roman de Pierre Véry, publié en 1934. Il n’est pas si aisé de transcrire le mystère empreint de poésie et d’humour, tel qu’imaginé par cet auteur. Sur ce point, le scénario est ici très habile. En effet, nous entrons dans ce village lors de la nuit de Noël, puis un flash-back nous permet de faire mieux connaissance avec les protagonistes, avant que le détective intellectif s’occupe de découvrir la vérité. Un meurtre ne laisse pas que des empreintes de pas et des tâches de sang, il imprègne l’espace tout autour de son aura malfaisante… Maintenant, il s’agissait pour moi de lire l’invisible. Deux petites remarques concernant le dessin. Si le décor est réussi et les scènes nocturnes convaincantes, les personnages apparaissent un peu figés alors que l’action est mouvementée. Quant à l’allure de Lepicq, on peut le trouver bien juvénile (il a trente-six ans dans le roman de Pierre Véry). Malgré ces détails relatifs, l’ensemble est plutôt réussi, et même fort sympathique. Si le roman est depuis quelques années présenté dans des éditions destinées au jeune public, cette BD s’adresse à toutes les générations.

 

Cliquez ici pour un précédent hommage à Pierre Véry.

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 06:57

 

La collection Noir Rétro a réédité un des bons romans noirs d’André Héléna, Le demi-sel. Petit voyage dans le temps, retour dans le Paris des années 1950...

Balthazar est un marginal plutôt jeune, un voyou, buveur et peu courageux. Il est six heures du soir. Depuis neuf heures ce matin, son immeuble est surveillé. Pas par la police : [un flic] n’aurait pas hésité. Il aurait grimpé l’escalier, frappé à la porte et, une main sur son revolver, il aurait exhibé sa carte. Non, c’est un nommé Bob, complice du truand Scipioni, qui attend que Balthazar sorte. Ses adversaires ont donc retrouvé sa trace. Il n’a pas d’autre choix que d’éliminer Bob : Le jeune homme leva son automatique, visa soigneusement. HELENA-NoirRétroAu moment où l’autobus passait sous ses fenêtres, il tira. Il vit l’homme chanceler, porter les mains à sa poitrine, faire deux pas avant de s’écrouler dans le ruisseau. Balthazar s’enfuit vers le centre de Paris.

Depuis qu’il a tué à juste titre Moreno, c’est déjà un homme traqué. Pourtant, Balthazar n’a pas une âme de criminel, juste de mauvaises fréquentations. La bande de Scipioni est à ses trousses. La police aussi ne tardera sans doute pas à le suspecter, à le pourchasser, estime Balthazar. Le hasard fait que deux autres membres du gang Scipioni sont abattus cette nuit-là. Flics et truands en arrivent à la même conclusion, il n’y aurait qu’un seul tueur. Scipioni s’inquiète : Tout ce qu’il avait fait depuis deux ans avait été rasé en huit jours, même pas. Il avait eu six hommes sous la main, il lui en restait deux. Les quatre autres avaient été abattus par Balthazar (…) Un demi-sel, rien d’autre. Un petit paumé qui n’essayait même pas de jouer les gros bras. Et il les avait tous mis dans sa poche, cassé la baraque et démoli le gang.

Le commissaire Barral n’a pas tardé à faire le rapprochement entre Scipioni et cette série de meurtres. Pour le moment, l’Italien réussit encore à se dédouaner. Mais, tant que Balthazar est introuvable, il risque de gros ennuis. Balthazar poursuit sa cavale dans le Paris nocturne. Trouver de l’aide auprès de sa petite amie Gisèle ? Non seulement elle ne mesure pas la situation, mais elle pourrait encore aggraver les choses. D’ailleurs Gisèle ne rime pas avec fidèle. Il y a aussi Simone, cette jeune fille trop tendre que Balthazar protège dans ce bistrot mal famé. Quel miracle un homme aux abois tel que lui peut-il espérer ? Du côté de la bande de Scipioni, René et Nestor s’interrogent sur la suite. Risquer sa peau pour rattraper Balthazar, supposé extrêmement dangereux ? Ou plutôt se confier aux flics, négocier avec le commissaire Barral ? Le destin est en marche…

Le talent de romancier d’André Héléna (1919-1972) fut sous-estimé de son vivant. À l’époque, on le considère comme un besogneux, productif mais peu fiable. Jusqu’en 1955, il est exploité par des éditeurs douteux. Il écrit de nombreux romans, signés de son nom ou sous pseudonymes. Il s’agit d’histoires sombres, ayant pour héros des malfrats médiocres aux destinées fatales. La pègre y est présentée sans concession. Les intrigues sont simples et solides. La narration entraînante évite les fioritures, dans un langage direct. Le demi-sel est un des neufs romans de son cycle Les compagnons du destin (1952-53). Un des plus noirs de l’auteur, servi par une narration nerveuse. Son malheureux héros est placé sur une pente fatale jalonnée de cadavres. Il y a peu de chances que s’inverse le cours des évènements, même si l’auteur introduit un mince espoir. Un récit sombre à souhaits et une narration fluide, pour un roman qui méritait d’être réédité dans la collection Noir Rétro, aux éditions Plon.

Cliquez ici pour le portrait d'André Héléna.

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 07:01

 

Retour sur un livre d’Emmanuelle Urien, paru chez Gallimard en 2007, La collecte des monstres. Certains recueils de nouvelles ressemblent à ces labyrinthes qui nous procurent une saine dose de frissons. Train fantôme ou galerie des horreurs, en y pénétrant, on se prépare à l’effet de surprise. Nous allons nous trouver face à des portraits d’inconnus, dans des situations imprévues. Par le biais de courtes scènes, vont nous apparaître des individus singuliers. Mais peut-être est-ce juste un miroir déformant qui les caricature, alors qu’ils sont proches de nous. Ils sont issus de la réalité, de faits de société médiatisés ou non, d’infos ne méritant que quelques lignes dans un journal, ou de notre mémoire collective. Décisions lâches ou erronées, et comportements empreints de bassesse sont si quotidiens. Sur cette base, en dix-huit textes, Emmanuelle Urien nous fait rencontrer quelques-uns de ces personnages. Un peu médiocres, un peu monstrueux ? Sans doute, puisque telle est la nature humaine. En voici une dizaine d’exemples…

URIEN-2007Guichetière à la RATP, Juliette est âgée de vingt-cinq ans. Espère-t-elle vraiment trouver le Prince Charmant en passant des petites annonces ? Juste les réponses ordinaires d’hommes sans ambition, ni fantaisie. Bien sûr, Juliette aussi ment un peu dans son annonce, mais il ne sont pas du tout excitants. Sauf peut-être ce type direct qui affirme Je suis l’homme qu’il vous faut

À la recherche d’un emploi, cette ex-chef de projets dans la communication est devenue championne des entretiens d’embauche. Elle triche légèrement autour de son CV, joue avec le recruteur, montre plus d’aisance que son amie Nathalie. Pourtant ça ne fonctionne jamais. Alors autant accepter n’importe quoi…

Il est long le chemin du retour, pour cet homme qui regagne l’île de Bréhat. Il s’interroge sur sa vie d’avant, sur ses futurs rapports avec Sophie. Ils formaient un couple vivant dans l’aisance, grâce aux parents de la jeune femme. Bien des choses ont changé ces dernières années, à cause des évènements. Ayant traversé bien des tourments, il a encore peur de l’avenir…

Lilas est une étudiante sans grandes ressources. Pour payer ses factures, elle a fini par se prostituer un peu, évitant de déborder sur le trottoir des pros. Les putes l’estiment bizarre, mais ne la jugent pas. Lilas s’est imposée des règles strictes, précautions lui évitant les mauvaises rencontres, les clients dangereux. L’hiver venu, elle est contrainte d’ignorer peu à peu ces règles salvatrices…

C’est parce qu’il ne supportait pas les regards dans son dos qu’il est devenu photographe. Grâce à son efficace agent, c’est même aujourd’hui un artiste de renom. Longtemps, il fait semblant d’apprécier cet univers mondain superficiel. Bientôt, une thérapie va le guérir de certaines obsessions…

Ce jeune homme sort de prison, regagne le quartier d’immeubles où vit sa famille. Coupable de complicité dans un trafic de drogue, aux yeux de tous. Il était pourtant bien moins coupable que ces dealers, qui continuent ouvertement à vendre leur produits chaque soir près du toboggan…

Drôle de couple au seuil d’une rupture définitive, là, dans cette voiture. Qu’a-t-il à lui reprocher ? Sa froideur, depuis le début. Elle est bien forcée d’admettre que son caractère solitaire n’a guère entraîné de tendresse ou d’attention à son égard. Une femme sans cœur, dont il s’éloigne sans regrets…

Pour le moment, il est employé au nettoyage dans un parc zoologique. Il se sent plus proche des babouins que du hautain personnel de ce zoo. À part Jean-Claude, comptable au destin pas plus brillant que le sien. Il a attribué le même prénom à un petit babouin maltraité par les autres…

Firmine rêvait de devenir star de cinéma. À dix-huit ans, elle a fuit sa famille et s’est dirigée vers la Côte d’Azur. Pas si facile d’être repérée par les gens du cinéma, à Saint-Tropez ou à Cannes. Néanmoins, son physique avantageux et sa candeur l’ont un peu aidée. Elle a couché avec beaucoup d’hommes riches, surtout riches de promesses. Car, à part quelques courtes répliques dans des films sans intérêt, elle ne fit jamais carrière. Elle s’est engluée dans son rêve. La notoriété va la rattraper quand même, un peu trop tard…

Dans le quartier des Roussettes, la solidarité n’est pas un vain mot. Quand on apprend que le petit Anatole est atteint d’une maladie orpheline, les habitants s’organisent pour aider les parents. Récolter des fonds en vue d’une intervention chirurgicale aux Etats-Unis, c’est assez lent et compliqué. Heureusement, M.Noël se met au service de cette cause. Comptable pointilleux de l’opération, il finit par être apprécié de tous. Pas plus que les parents éplorés, M.Noël ne tient à faire parler de lui. Il agit, voilà tout. Bientôt, la somme est réunie…

Huit autres textes complètent ce recueil, le troisième de l’auteur, publié en 2007. S’il n’est pas question de leur attribuer une étiquette polar, il s’agit néanmoins de contes cruels, voire de sujets criminels. En effet, la mort rôde dans beaucoup de ces textes, avec une possible issue fatale propre aux histoires noires. En virtuose de la nouvelle, Emmanuelle Urien joue subtilement avec des situations ordinaires (pour s’en convaincre, il suffit de lire l’histoire de divorce En toutes lettres). Aucun des personnages n’étant brillants ou admirables, l’humour se décline ici entre dérision et ironie. Les dénouements à chutes (apprécions la fin de Conduite accompagnée) suscitent aussi le sourire, teinté d’amertume parfois (voir Zone de silence). On savoure ces textes avec grand plaisir. Depuis, Emmanuelle Urien a publié d’autres nouvelles et un roman, Tu devrais voir quelquun (Gallimard, 2009).

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 07:15

 

Publié chez Rivière Blanche, Les vestiges de l’aube est le premier roman de David S.Khara, qui connaît un beau succès avec son autre titre paru aussi en 2010, Le Projet Bleiberg. L’auteur maîtrise ici parfaitement son scénario et ses personnages, mêlant idéalement polar et vampires…

Dans le New York d’aujourd’hui, Barry Donovan est un policier ayant du mal à surmonter ses traumatismes. Témoin des attentats du 11-Septembre, il reste très marqué par la tragédie, à titre personnel. Son refuge, c’est cet appartement confortable au cœur de Manhattan, hérité d’un oncle. Internet est pour lui une façon de se sociabiliser à nouveau, en gardant un certain anonymat. C’est à travers un tchat que Barry a sympathisé avec le nommé Werner. S’il parvient mal à cerner cet homme possédant de la culture et une grande expérience de la vie, il sent naître une amitié pure entre eux, basée sur la confiance.

10-KHARA-1Avec son partenaire John Sanderson, le policier enquête sur une série de meurtres. Depuis huit semaines, une douzaine de cadavres ont été retrouvés à Manhattan. Les victimes sont des quadragénaires aisés, tous exécutés selon le même processus. Peu de points communs entre ces hommes d’affaires sans histoire. Pas d’indice non plus, c’est probablement l’œuvre d’un professionnel du crime. Lors d’une discussion avec Werner via le web, Barry évoque brièvement cette enquête.

Depuis cette cave protégée où il habite, Werner aimerait bien apporter son aide au policier. Si le monde actuel l’intéresse, c’est parce qu’il est très différent de celui dans lequel il a vécu. Werner est né au 19e siècle dans une riche famille d’industriels. Lui-même développa la fortune parentale, étant fabriquant d’armes durant la Guerre de Sécession. Pour son époque, cet aristocrate actif se voulait humaniste, dans un contexte qui ne s’y prêtait nullement.

Authentique mort-vivant, Werner survit depuis bien longtemps en absorbant une dose régulière de sang humain. Évidemment, hors de question d’avouer à son ami policier qu’il est un vampire. Pas encore, mais peut-être devra-t-il le faire prochainement. Pour l’heure, après une première rencontre réelle avec Barry, Werner suit l’enquête de celui-ci et de Sanderson en prenant diverses formes. Ses métamorphoses constituent un atout, mais sa force physique démesurée cause certains dégâts.

Le duo de policier trouve quand même une piste. Ils rencontrent une prostituée à la clientèle aisée. Grâce à elle, ils trouvent le nom d’Édouard Taylor, 42 ans, vice-président d’une banque d’affaires, résidant près de Central Park. Il a le même profil que les précédentes victimes. Dans son appartement, les policiers découvrent un cadavre. Ce Michael Sullivan était venu exécuter Taylor, mais c’est le banquier qui l’a éliminé avant de disparaître. Werner est aussi sur la scène du crime, quasiment invisible. Il parvient à faire parler Sullivan, qui lui livre le nom de son commanditaire, un caïd mafieux. Un renseignement qu’il fait discrètement parvenir à Barry. La prostituée et un de ses gardes du corps sont retrouvés chez elle, sauvagement assassinés, tandis que le deuxième gorille est en état de choc. Alors que Werner et Barry se sont donnés rendez-vous au Waldorf Astoria, le policier est invité contre son gré chez le chef mafieux…

Les histoires de vampires et les intrigues polars ne vont guère ensemble, en général. Les pouvoirs attribués aux vampires suffisent pour tout résoudre en cours de récit, et pour bâcler un dénouement artificiel. Amateur de cinéma d’action et de scénarios fantastiques, David S.Khara a su très habilement déjouer ces défauts. Une véritable enquête criminelle constitue le moteur de ce suspense, avec son lot de rebondissements et de scènes surprenantes. La qualité principale, qui rend solide et crédible cette aventure, c’est la profondeur des personnages de Barry et Werner. On n’ose dire des héros, car la définition qu’en donne Werner est plutôt sombre (page 155). À près de cent cinquante ans d’intervalle, les deux hommes ont un vécu puissant et tragique, ce qui les rapproche. Certes, le caractère du dandy Werner nous titille quand il se veut supérieur, mais son parcours relativise l’agacement. Barry diffère des flics blasés, trop souvent exploités dans le polar. Il reste comme en équilibre instable sur le fil de sa vie gâchée. Évitant d’abuser des clichés, voilà un excellent roman qu’on ne peut que conseiller.

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