Sur la côte basque, un hôpital militaire se trouve au cap de Saint-Augustin. Le personnel soignant inclut des civils, en particulier des internes en médecine. Âgé de vingt-sept ans, issu d'une famille aisée, Jean-Christophe d'Orgeix est de service ce jour-là. Un accidenté de la route gravement atteint a été soigné dans la journée. Il décède le soir-même, une mort probablement suspecte. Durant la nuit, alors qu'une violente tempête orageuse sévit sur les lieux, Jean-Christophe disparaît brusquement sans laisser de trace. Son collègue interne Tom Castille s'interroge. Dans la chambre de Jean-Christophe, il découvre un polo avec des traces de sang, et une grosse somme en liquide. Les gendarmes de Bayonne ont été prévenus par quelqu'un de l'extérieur. Le lieutenant Marc Bost dirige l'enquête. Cette nuit-là, dans la tourmente météo, il semblait impossible de quitter l'hôpital.
Tom Castille retrouve la voiture de son collègue chez un garagiste véreux. Il s'agissait bien de réparer les pneus du véhicule, crevés par un poignard. Si la famille de Jean-Christophe alerta la gendarmerie, c'est après avoir reçu un énigmatique message et une photo floue. Une image où figure le disparu, alors que la scène n'a jamais eu lieu. Pierre Bellanger, le troisième interne, est de retour à l'hôpital. Lui aussi se pose des question sur leur ami. Peu après, alors qu'il faisait son jogging dans les environs, Bellanger est victime d'un incident cardiaque mortel. Ne pouvant croire à une simple fatalité, Tom Castille analyse le sang de la victime. Par ailleurs, il s'intéresse aux paroles du vieil Émile Listo, un patient en psychiatrie. Ces locaux, autrefois propriété de l'ordre des Augustins, ont une histoire. À la bibliothèque, Tom découvre qu'une sorte de malédiction est liée à cet endroit.
Tom est devenu intime avec une belle quadragénaire des environs, femme fascinante qui paraît vivre hors du temps. L'interne dispose d'un nom, Raphaël Lamb. Il remonte la piste jusqu'à une maison d'Etchécoa, dans la région. Il se cache là un laboratoire bien équipé. Raphaël Lamb s'avérant menaçant, Tom réussit à fuir la maison. De retour à l'hôpital, il est agressé. Après avoir prévenu le gendarme Bost, ils reviennent en force à Etchécoa. On ne tarde pas à retrouver mort Lamb, certainement abattu au moment de la fuite de Tom. L'homme était un ancien médecin au passé trouble, radié quelques années plus tôt. On ne sait trop ce qu'est cette molécule S12, sur laquelle il faisait des expériences. Le tireur a laissé une empreinte sur l'arme ayant tué Lamb. Curieux indice pour le lieutenant Bost, car cette trace évoque l'affaire Anna Duvall, un cas judiciaire classé...
D'abord, précisons que David-James Kennedy, bien que d'origine Irlandaise, est un auteur français. Il s'agit de son premier roman. L'éditeur opte pour l'étiquette thriller. Disons plus simplement que c'est un très bon suspense, avec les meilleurs ingrédients. Les bâtiments fantomatiques d'un hôpital militaire, des disparitions et des morts suspectes, un médecin opiniâtre et un gendarme consciencieux enquêtant tous deux, de vieilles légendes et des activités clandestines, voilà de quoi alimenter une intrigue très réussie. Évacuons un très léger défaut : Tom a tendance à multiplier les légitimes questions qu'il se pose, alors que les formuler ainsi n'est pas indispensable. Laissons les faits se dérouler, c'est mieux. Petite maladresse sans conséquence, car ça ne nuit pas à l'intérêt de l'histoire, ni à son rythme.
L'auteur esquisse les portraits sans trop s'appesantir, une fois la place de chacun posée au sein du récit. Par exemple, la séduisante quadragénaire n'interviendra réellement qu'en son temps. Ou l'interne Pierre Bellanger, logiquement éliminé. Il a raison, puisque l'action donne bientôt le tempo du roman. Mystères et péripéties se succèdent sous les tempêtes côtières dans ces décors inquiétants, laissant présager de sombres secrets venus du passé. Une ambiance troublante fort justement restituée, pour un suspense très prenant. David-James Kennedy, un auteur à suivre.