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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 04:55

Il est fort possible que ce roman soit quelque peu passé inaperçu auprès des amateurs de polars mystérieux, qui auront juste noté que l'auteure est la fille de James Lee Burke, grand nom du roman noir. Née en 1969 à Fort Lauderdale (Floride), Alafair Burke a écrit une dizaines de suspenses. Une de ses séries met en scène Samatha Kincaid, procureure à Portland. Ellie Hatcher, une détective de la police new-yorkaise, est l'héroïne de sa seconde série.

Par ailleurs, elle a écrit cet unitaire, à l'intrigue énigmatique...

La rousse Alice Humphrey est une célibataire new-yorkaise de trente-sept ans. Elle a eu longtemps un parcours professionnel indécis. “Deux ans de pub dans une société de cosmétiques. Un mariage et trois années désastreuses à Saint-Louis avant de réaliser son erreur. Elle était ensuite retournée à l’école pour passer un master en beaux-arts, puis était entrée au bureau du développement de ce qu’elle pensait être le lieu le plus prestigieux au monde – le Metropolitan Museum of Art.” Alice en a été récemment licenciée. Fille d'un célèbre cinéaste et d'une ex-actrice, elle a un frère aîné, Ben. Ce dernier est un junkie censé s'être éloigné de la drogue. Le riche Frank Humphrey, leur père, mène une vie plus discrète depuis qu'il a été impliqué dans un scandale sexuel. Alice a eu une relation durant plusieurs années avec Jeff Wilkerson. Ils ne vivent plus ensemble, mais restent proches. Lily Harper est la seule véritable amie d'Alice.

Alice rencontre par hasard Drew Campbell. Intermédiaire financier, il cherche justement quelqu'un pour diriger une future galerie d'art. Face à l'enthousiasme d'Alice, Lily est sceptique. Drew taisant le nom de son commanditaire, Alice se méfie un peu. Pourtant, le projet se réalise bientôt. Certes, il est compliqué de défendre l'exposition des photos d'un artiste provocateur inconnu. À l'initiative de George Hardy, des adeptes de l’Église de la Rédemption manifestent devant la galerie, affirmant que certaines photos ont été réalisées avec une mineure. Dès le lendemain, Alice découvre le cadavre de Drew Campbell dans la galerie, qui a été vidée entièrement. Elle possède trop peu de détails pour renseigner le duo de policiers du NYPD qui l'interrogent. Alice pense n'avoir rien à craindre. Mais les enquêteurs disposent d'une photo compromettante de Drew et d'Alice.

En parallèle, Hank Beckman surveille un escroc qu'il a repéré. Homme mûr, cet agent du FBI expérimenté agit là plutôt pour des motifs personnels contre le nommé Travis Larson. Par ailleurs, à Dover (New Jersey), une adolescente a disparu. Âgée de quinze ans, Becca Stevenson a été élevée seule par sa mère Joann. Le policier Jason Morhart pourrait conclure qu'il s'agit d'une simple fugue. Morhart mène une enquête sérieuse. Sa principale piste le conduit à New York...

Alafair Burke : Jamais vue – dispo en format poche, chez Points

Devoir se défendre face à une suspicion de meurtre, c'est un thème habituel du polar. Beaucoup de talent est donc indispensable pour exploiter ce sujet de façon convaincante. Surtout quand l'action se passe à New York, ville où tout peut arriver, autour d'une de ces improbables galeries d'art qui y fleurissent. Ici, l'héroïne elle-même n'ignore pas le côté éphémère de ces endroits. Alafair Burke réussit le bel exploit de construire une histoire parfaitement crédible et vraiment solide. À tel point qu'on finit par être fascinés par les péripéties de cette affaire. La mise en place narrative, où alternent le cas d'Alice et deux autres enquêtes, nous laisse bien sûr penser qu'il existe un rapport entre ces faits. Avec finesse, l'auteure distille progressivement les informations. Y compris sur l'univers d'Alice, ce qui permet de vérifier en quoi la jeune femme est une proie facile. On évite de nous imposer un climat oppressant, risquant d'être artificiel. Si le dénouement s'étale un peu, c'est justifié par ce qui précède. Puisqu'il est disponible chez Points dès le 15 mai 2014, bonne occasion de découvrir cette romancière à travers ce suspense très réussi.

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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 04:55

Mère d'une ado de quinze ans, Laure Grenadier est la rédactrice en chef d'un magazine consacré à la gastronomie sous tous ses aspects, “Plaisirs de table”. Avec son photographe Paco Alvarez, elle séjourne à Lyon pour un reportage sur cette ville et ses grands chefs de cuisine. La tradition remonte aux “Mères” qui créèrent des restaurants de qualité, et s'est poursuivie avec Paul Bocuse et toute une constellation de cuisiniers étoilés.

Dès son arrivée, Laure apprend la mort de l'un d'eux, Jérôme Thévenay, qu'elle connaissait bien. Il a été agressé et tué par étouffement dans sa cuisine après le service. Laure et Paco dînent au restaurant de Gilles Mandrin, proche de la victime. S'il est sous le choc, la gastronomie garde la priorité. Le duo se rend ensuite chez Cécile Frangier, la sœur de Thévenay. Pour elle, un investisseur ayant voulu racheter une partie du quartier pourrait être suspect.

Laure et Paco continuent leur reportage, autant sur les meilleurs “bouchons” lyonnais que sur la ville elle-même, montant jusqu'à Fourvière pour la photographier. Le lendemain, ils apprennent que Gilles Mandrin a été assassiné dans les mêmes conditions que Thévenay. Sans cesser sa tournée des restaurants, Laure prend rendez-vous avec le journaliste Jean-Philippe Rameau, qui fait partie de ses amis. C'est chez “La Mère Brazier”, haut-lieu de la cuisine locale où fut formé Bocuse, qu'ils se rencontrent. Selon le journaliste bien informé par des sources policières, le criminel n'a guère laissé d'indices. On ne peut pas exclure l'hypothèse d'un tueur en série prenant pour cibles les chefs cuisiniers.

Tandis que Laure fait un aller-retour rapide à sa rédaction parisienne, Paco va photographier un restaurant mythique, L'Auberge du pont de Collonges. Il semble que les deux victimes aient eu pour projet la création d'un nouveau label autour des “bouchons”, afin de souligner la convivialité de leurs restaurants. Bien que possédant un caractère moins expansif, leur collègue Éric Chevrion se serait associé à cette idée. Le duo visite les halles de Lyon, avant d'assister aux obsèques de Thévenay. Le soir-même, ils dînent chez Cécile Frangier et son mari. La sœur du défunt Jérôme Thévenay est aussi une cuisinière compétente. C'est après un reportage chez un producteur de volailles de Bresse, que Laure et Paco apprennent qu'un nouveau meurtre similaire a été commis. La solution viendra peut-être des épices et des typiques traboules lyonnaises...

Noël Balen – Vanessa Barrot : Petits meurtres à l'étouffée (Éditions Fayard, 2014)

Après le succès de la série “Le sang de la vigne” de Jean-Pierre Alaux et Noël Balen, voici le premier titre d'un nouveau cycle de romans publiés chez Fayard, “Crimes gourmands”. C'est donc la gastronomie qui sera à l'honneur, cette fois. Cette thématique peut, en effet, fournir un contexte particulier à des intrigues policières. Car, dans une cuisine, les “armes du crime” potentielles ne manquent pas. Du “fusil”, un instrument servant à aiguiser tout objet coupant, jusqu'à la “feuille” de boucherie, le couteau le plus tranchant qui soit, on n'a que l'embarras du choix. Dans ce premier opus, on se contente toutefois d'assommer et d'asphyxier, comme pour un plat cuisiné “à l'étouffée”.

Dans le sillage du très médiatisé Paul Bocuse, la région lyonnaise a mis en valeur sa belle tradition gastronomique. On nous rappelle ici que celle-ci date des siècles passés, et que c'est avec des cuisinières de l'âge d'or de l'Entre-deux-guerres que s'établit la réputation attachée à cette ville et à ses “bouchons”. Hommage est également rendu à un défenseur de l'art culinaire sans doute un peu oublié, Henri Babinski (1855-1931) dit Ali-Bab, qui fit référence chez les gourmets. En outre, l'Olympique Lyonnais ayant brillé en football (sept fois Champion de France, quand même), il est aussi quelque peu question de son joueur phare d'alors, Juninho. Une place est aussi faite aux décors de la Capitale des Gaules, bien sûr. Même si le jeu de mot est facile, un roman à déguster avec plaisir, et une série qui s'annonce sympathiquement savoureuse.

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 04:55

Âgé de vingt-cinq ans, fils de Pietro et de Marie, Vindo Rodriguez est un des enfants d'une famille portugaise de Montreuil. Il y a aussi les jumeaux de douze ans, la sage Charlotte et l'infernal Gustavo, ainsi que le petit frère Zef. Que Vindo ne soit pas un acharné du boulot, ça crée quelques tensions avec son père. La maternelle Marie sait calmer ces problèmes. Ce jour-là, dans une brasserie, Vindo croise une séduisante quadragénaire blonde, Carole. Vivant avenue Foch, c'est l'épouse d'un crack de la chirurgie, le Professeur Jack Bauve. Il possède une clinique spécialisée pour le gratin qu'il fréquente. Si cette activité lui octroie de copieux bénéfices, Jack Bauve fait aussi de la chirurgie humanitaire à travers le monde. Éprise de son mari, Carole a depuis quelques temps des doutes sur sa fidélité, et voudrait être rassurée. Pour trois mille Euros, elle charge Vindo de le surveiller.

Le jeune homme se sent à la hauteur de sa mission. Il doit dans le même temps s'occuper de Gustavo, dit Tav. C'est le genre de gamin pas attendrissant pour un rond. On le déteste dès qu'on le voit, vu qu'on devine le sac d'embrouilles qu'il est capable de créer. Dans le quartier, lui et ses copains sont redoutés. D'autant que, farci de jeux vidéos, Gustavo s'est inventé un univers de SF. Dans ses délires, il est le Captain Mglug, chassant les ennemis Grunters. Traîner ce boulet n'enchante pas Vindo. Surtout que, s'agissant d'une affaire qui nécessite espionnage et filature, le môme prend vite son rôle très au sérieux. Le duo suit discrètement la Jaguar du chirurgien, de sa clinique jusqu'à un immeuble près duquel il se gare à la va-vite. Ça peut ressembler à un rencard amoureux, à moins que ce soit l'appart' secret de Jack Bauve, puisqu'il n'en repart pas du reste de la journée.

Le lendemain, suite de la mission. Le chirurgien semble bien avoir disparu. Son véhicule mal garé est un indice. Avant d'explorer l'appartement, Vindo fait appel à son meilleur ami, Bousel. Ce grand Noir, c'est le roi de la débrouille. Là, rien de difficile, vu que les clés étaient sous le paillasson, ce que Vindo n'avait pas remarqué. À l'intérieur, ils trouvent tout un équipement chirurgical. Et, dans une chambre style clinique, le cadavre de Jack Bauve. Ça sent le roussi, d'autant que les flics débarquent bientôt. Dans la débandade du trio (car Gustavo est aussi de la partie), Vindo se planque dans un logement voisin, pour gagner un peu de temps. Il sympathise rapidement avec l'habitante du lieu, Claire, dite Ninouche. En regardant la télé, Vindo réalise qu'il a été identifié par la police. Sortir de cette situation problématique s'annonce franchement compliqué...

Larbi Naceri : Bacalhau ! (Don Quichotte Éditions, 2014)

Scénariste et comédien, Larbi Naceri n'en est pas à son premier roman. Aux Éditions du Toucan, il a publié “Les Mat-Sperone – À l'arrache” (2008) et “Récidives” (2010). Sachant qu'il a coécrit plusieurs films d'action, on comprendra que ce suspense offre un festival de péripéties. Dans la meilleure tradition de la comédie policière, le héros est embarqué au cœur d'aventures qui le dépassent. Flanqué de deux partenaires qui ne lui simplifient pas tellement la tâche, on s'en doute, il fait le maximum pour passer entre les mailles du filet. Notons que ce lascar de banlieue est de famille portugaise, et non d'origine arabe, ce qui apparaît moins caricatural. Sa tendre mère est Normande, comme celle des frères Naceri.

Si le narrateur Vindo est sympathique, et pas exempt d'une certaine naïveté, on retient en priorité le personnage de son jeune frère Tav. Avec lui, l'imaginaire d'un enfant de son âge est multiplié par dix ou par cent. Captain Mglug dirigeant ses troupes, détective vengeur, il contribue en grande partie à la tonalité humoristique de ce roman. On pourrait discuter le langage “djeunes”, toujours un brin artificiel, un détail vite effacé par la vivacité du rythme de l'histoire. L'auteur n'oublie pas de glisser quelques réalités sociales, tel le cas de Bousel qui a autant de mal à trouver un logement qu'un boulot, en raison de sa couleur de peau. Une visite à la Tour Balzac nous rappelle également, de façon souriante, le quotidien dans certains HLM. Si le récit est très drôle, avec un tempo agité, on n'en oublie pas l'intrigue criminelle, car il y a bien un ou des coupables dans cette affaire. Un suspense réjouissant.

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 04:55

Au début des années 1960, le jeune Louis Hortiz passe ses vacances en juillet sur la côte normande, comme chaque année. Surnommé Loulou, il est accompagné de sa sœur aînée Lucette qui, avec son amie Gisèle, préparent hypokhâgne. Occupés, leurs parents ne les rejoindront qu'un peu plus tard. Jusqu'à présent, Loulou n'avait pas porté attention à un vieux monsieur, qu'il ne tarde pas à appeler le Père Carillon. Ce dernier connaît de vue la famille du gamin. En réalité, son vrai nom est Raymond Radaigue. Ayant perdu sa femme Edwige et leur fille, le père Carillon est un ancien policier. Il possède un side-car, une moto avec baquet sur le côté. C'est une Terrot VA 750 de 1936 ayant appartenu à son père, un engin puissant pour son temps qu'il bichonne avec le plus grand soin.

Raymond Radaigue a une autre grande passion dans la vie, le cyclisme. En particulier, le Tour de France. D'Antonin Magne à l'exceptionnel René Vietto, en passant par Jean Robic, les champions d'antan n'ont pas de secrets pour le père Carillon. La génération actuelle de bons coureurs français est représentée par Bernard Mulot. Il brille dans cette édition du Tour, qui va passer près de là avec arrivée à Deauville. Le père Carillon propose à Loulou de suivre la course de plus près en embarquant avec lui sur sa moto Daisybelle. Voilà qui est drôlement tentant, mais il y a Lucette et Gisèle. Tant pis, Loulou laisse un message à sa sœur et adresse une lettre assez mensongère à ses parents pour n'inquiéter personne. Et c'est ainsi que début l'expédition du duo, au cœur du Tour de France.

Loulou apprécie l'ambiance qui règne parmi les spectateurs le lon de la route. À l'arrivée de l'étape, Raymond Radaigue retrouve par hasard un de ses vieux amis, Albert Galipot, dit Bébert. Celui-ci est technicien dans l'équipe de Bernard Mulot, qui devrait être le meilleur dans le contre-la-montre du lendemain. Le milieu du cyclisme professionnel ne sent pas toujours bon, et les rumeurs de dopage ne sont pas fausses. “Il y a les braves types, les bosseurs, les soutiers au service des as et des leaders qui ne seraient rien sans les forçats du peloton. Et il y a les truqueurs, comme partout” relativise Bébert. Après un succulent repas de moules, Loulou et le Père Carillon sont autorisés à rouler derrière Mulot durant son contre-le-montre. C'est là que l'affaire va tourner au tragique...

Max Obione : Daisybelle (Éditions du Jasmin, 2014)

Au sujet des grands champions cyclistes, à chacun sa génération. Roger Lapébie fit frémir les admirateurs d'avant-guerre, Fausto Coppi et Charly Gaul ceux des années cinquante, puis ce fut le cas de Jacques Anquetil, d'Eddy Merckx, de Bernard Hinault, jusqu'aux coureurs d'aujourd'hui. Un univers d'autant plus fascinant qu'il est populaire. Du critérium local au Tour de France, c'est toujours la fête du vélo avec ses flonflons tonitruants, ses pronostics aléatoires dans le public, et son indispensable caravane publicitaire.

Pourtant, pour “les forçats de la route”, expression datant de l'entre-deux-guerres, la pénibilité de la course est une réalité. Entraînement, massages quotidiens et repas aux pâtes ne sauraient suffire pour gagner. Alors, dans ce sport comme dans d'autres, on continue à banaliser le dopage. Les décès de plusieurs coureurs n'ont jamais servi de leçon.

Bien sûr, s'agissant d'un roman destiné à la jeunesse, c'est avant tout l'expérience que va vivre Loulou qui importe. “[Les frites] trempées dans le jus de moules, c'était un bonheur gustatif inouï. De cet épisode, je conserve pour les moules marinières un goût immodéré. Marcel Proust avait sa madeleine, moi j'ai les moules pour me renvoyer dans le passé heureux de mes vacances.” Gamin sage comme on l'était en ce temps-là, collectionneur de cailloux rares, le voilà plongé dans une aventure originale. En partie racontée par lui-même un demi siècle plus tard, l'histoire de Loulou bénéficie d'une belle fluidité. On prend un réel plaisir à suivre les péripéties traversées par ce sympathique duo. Un suspense à mettre entre toutes les mains, pour enfants et adultes.

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 04:55

Selon la légende, le Graoully est une créature ayant l'apparence d'un dragon doté de deux ailes, d'une longue queue et de pattes griffues, vivant jadis dans l'amphithéâtre de Metz avant d'être maîtrisé par Saint Clément. Son nom viendrait de l'allemand graülisch, qui signifie monstrueux, mais fait aussi penser au mot gargouille. Le Graouly reste un des symboles de la ville de Metz, où son effigie était exhibée lors des processions religieuses. Quand le cadavre déchiqueté, sans jambes, de Mickaël Deware est retrouvé aux abords de Metz, près de la rivière La Seille, le commissaire Philippe Bayard et son ami docteur, le légiste Eric de Becker, sont loin de penser à cet animal mythique.

Le jeune homme était fiché par les services de police. Ex-prostituée, la compagne du policier Bayard a connu Mickaël Deware, et prend l'affaire à cœur. Le crime a été commis tout à côté du nouveau Centre Pompidou, qui sera très bientôt inauguré à Metz. Mobilisé pour la sécurité de cet événement, Bayard laisse l'enquête à son adjoint le plus arriviste. Toutefois, de Becker lui signale des traces animales sur le cadavre de la victime. On peut croire qu'il a été attaqué à la fois par un fauve et par un rapace, peut-être par une bête mutante. Dans le même temps, le vieux gardien de la cathédrale porte plainte, car l'effigie du Graoully vient d'être volée dans la crypte de l'édifice religieux.

Judith Page est professeur d'Histoire à la Sorbonne. Bien qu'étant la veille à Paris, elle se retrouve ce matin-là dans la forêt messine. À cause d'un trou de mémoire, elle ignore ce qu'elle a fait depuis vingt-quatre heures. Sans argent, elle parvient néanmoins à contacter son ami parisien homo Thomas qui s'empresse de la rejoindre à Metz. Entre-temps, Judith a passé des tests chez le Dr de Becker, afin de vérifier qu'il n'y a pas eu viol. Le médecin remarque de la salive suspecte sur les poignets de la jeune femme. À l'analyse, il s'avère que l'ADN n'est ni humain, ni animal, plutôt comme minéral. Grâce à la vidéosurveillance de la cathédrale, Bayard et de Becker identifient les voleurs de l'effigie du Graoully.

Thomas pratique l'hypnose. C'est ainsi que Judith perçoit des images d'une grotte ou d'un tunnel, et les cris plaintifs d'un bébé en forme de lézard. La jeune femme reste à Metz, espérant de nouveaux éléments. Elle risque fort de se mettre en péril. Bayard a consulté l’évêché au sujet de la légende du Graoully. Sur l'ancien site de l'amphithéâtre romain, des agents affectés à la sécurité du Centre Pompidou sont attaqués mortellement par ce qui semble être le Graoully. Protéger les personnalités venant à l'inauguration est plus que jamais une priorité. Des réponses pourraient aussi venir du Vatican. Le policier Bayard et le médecin de Becker ne renoncent pas à combattre le Graoully...

Camille Autain : La résurrection du Graoully (Éd.Serpenoise, 2014)

Il est probable que, hormis les Lorrains, la plupart des Français ignorent cette légende fondatrice de la ville de Metz. Publié par un éditeur local, ce roman pourrait donc passer pour un suspense régionaliste ordinaire. Grossière erreur, car il s'agit d'une intrigue bien plus ambitieuse. Mettre hors d'état de nuire un monstre mythique, qui paraît revenu des limbes historiques, voilà une mission pour le moins insolite, quand même. La géographie est habilement utilisée, sans détails superflus, mais en faisant un parallèle entre un site actuel et un autre très ancien, sur la rive de la Seille. L'auteur utilise un brin d'ésotérisme, ici de bon aloi, sans “charger” quant au surnaturel. La figure du Graoully est suffisamment inquiétante et mortifère, sans rajouter trop d'angoisse.

Au centre de l'affaire, trois héros correctement dessinés. En tant que prof d'Histoire et que victime d'une séquestration mystérieuse, Judith ne peut que s'interroger. Flic perturbé par une mauvaise expérience passée, Bayard hésite avant de s'impliquer dans l'enquête. Avec son allure de “savant fou” mitigée de “médecin de famille”, de Becker apporte l'élément scientifique à cette affaire. À part le rigide préfet Roth, on eût pu souhaiter des seconds rôles moins fugaces, plus marquants au sein du récit. Il est vrai que l'ombre du monstre tient forcément une grande place. Un roman diablement captivant, pas de doute.

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 04:55

Si le sémillant commissaire San-Antonio reste le fringuant célibataire chéri de ces dames, depuis environ six mois, il file le parfait amour avec Wenda. C'est avec cette blonde et sculpturale poupée Russe d'origine, portée sur les doubles doses de whisky, que ce soir-là il va assister à un spectacle de music-hall. Fakir égyptien hypnotiseur, le Petit Marcel triomphe en ce moment à l'Alcazar. San-Antonio n'est pas chaud pour jouer dans le show, où des pékins du public sont manipulés sur scène. Parmi eux cette fois, se trouve le Gros, l'inspecteur Bérurier en personne, qui se ridiculise encore davantage que les autres. Dès la fin du spectacle, l'adjoint de San-Antonio s'éclipse bien vite, semble-t-il. Tandis que le commissaire s'adonne à la gaudriole avec la belle Wenda, Berthe Bérurier et un de leurs amis recherche vainement son mari (auquel elle n'est pas d'une scrupuleuse fidélité).

Au petit matin, San-Antonio s'en retourne à l'Alcazar, fermé à cette heure. Ça n'empêche nullement le commissaire d'y pénétrer. Dans la loge du Petit Marcel, il découvre Bérurier sans connaissance, ni réaction. Le Gros est en catalepsie, hypnotisé jusqu'à l'os. San-A ne tarde pas à dénicher l'adresse d'Edwin Zobedenib, ce qui est le vrai nom du Petit Marcel. Il a l'occasion de prendre en filature Landowski, le costaud qui sert d'assistant au fakir sur scène. Quand il arrive chez l'hypnotiseur, sa rousse secrétaire particulière Solange Roland apprend au policier que Zobedenib est parti pour Londres, profitant d'un jour de relâche. San-Antonio bigophone à ses collègues d'Orly, afin de retarder le départ de l'artiste.

Toujours dans le même état inquiétant, Bérurier a été ramené chez lui, dans sa chambre : “Elle me rappelle une porcherie que j'ai beaucoup aimée ; en moins moderne toutefois et en beaucoup moins propre. Mon pote Béru gît sur sa couche matrimoniale, plus défoncée qu'un chemin de terre après le passage d'une division de panzers.” Edwin Zobedenib est amené chez Bérurier, afin de le réveiller. Ce qui s'avère totalement impossible, car ce n'est pas Petit Marcel qui l'a hypnotisé. Interrogé sur sa fin de soirée, l'artiste paraît avoir un alibi suffisant. Le coupable court toujours, éliminant au passage le concierge de l'Alcazar, et cherchant à hypnotiser le brave inspecteur Pinaud, qui se trouvait sur son chemin...

San-Antonio : Berceuse pour Bérurier (Pocket 2014)

San-Antonio a été confronté à de dangereux trafiquants, à d'anciens nazis, à des sociétés secrètes, à des affaires d'enlèvements ou des cas d'espionnage, à des complots visant des personnalités. Quant à cette intrigue écrite en 1960, c'est d'une pure enquête policière dont il s'agit. Néanmoins, avec le pétillant San-Antonio, on ne se contente pas de suivre bien gentiment la piste du suspect. Converser courtoisement en guise d'interrogatoire, ce n'est pas dans sa manière. De l'aventure énigmatique et trépidante, du mystère autour de personnages hauts en couleur, voilà ce qui excite ce diable de commissaire.

Et quand c'est “l'hénaurme” Bérurier qui est victime, il met les bouchées doubles pour éclaircir l'affaire. Certes, vu son état cataleptique après une prestation mémorable sur scène, Bérurier reste incapable de participer aux investigations. Le sympathique Pinuche, le deuxième bras droit de San-Antonio, y contribuera quelque peu.

Pour ce qui est du contexte, nous sommes à l'époque où le music-hall connaît un très grand succès. Souvenons-nous de la chanson de Charles Trenet datant de 1955 “Moi, j'aime le music-hall”. Transmission de pensée (Myr et Myroska), prestidigitation et hypnose sont aussi populaires que les chanteurs célèbres de ce temps-là. Concernant le directeur du théâtre, San-Antonio fait allusion à “M.Poulatrix, le champion olympien du lancement du disque (spécialisé dans le trente-trois tours).” Bien sûr, il s'agissait de Bruno Coquatrix (1910-1979), qui s'occupa de Bobino et surtout, dès 1954, dirigea avec un immense succès l'Olympia jusqu'à son décès...

“Berceuse pour Bérurier” s'inscrit dans la meilleure tradition des aventures de San-Antonio.

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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 04:55

Rayane Raname est natif de Saint-Denis. Diplômé en IUT, c'est dans sa ville qu'il a choisi de développer ses compétences d'entrepreneur. Dans un premier temps, il est entré dans le réseau de Said Bensama, le leader du trafic de drogues à Saint-Denis. Un boulot pas si différent de ce qu'il avait appris. Faire ses preuves sur le marché de la dope, s'implanter et s'organiser jusqu'à devenir un partenaire du boss. Pour Rayane, sa clientèle sert aussi de base à un fichier de bons contacts. En effet, le jeune homme a pour projet de monter une agence de communication, 5Styles. Avec son physique à la Justin Timberlake, il possède déjà un atout favorable. Néanmoins, pour créer à la fois un magazine gratuit, un autre en parallèle sur le Web, et faire toutes sortes d'évènementiels, il sait qu'il faut bosser dur.

Puisqu'il s'est trouvé un remplaçant pour le bizness de drogue, Said Bensama accepte de s'associer au financement de la société de Rayane. C'est le moment d'activer ses réseaux, de relancer ses contacts. En particulier, les meilleurs parmi ceux qu'il a rencontré quand il était étudiant. Études de marché, plans marketing, Rayane ne lésine pas sur les moyens, ni sur le temps passé à préparer le projet. Dans un créneau branché sur le monde actuel comme celui qu'il exploitera, Rayane n'ignore pas qu'il faut frapper fort et vite. Plutôt que de se contenter des structures économiques existantes, il joue sur sa propre image : une success-story de banlieusard. Pour le commercial, primordial afin de rentrer du fric, autant que pour la partie technique de ses activités, il engage les salariés les plus motivés.

Les grosses sociétés ont compris l'enjeu : viser les jeunes des banlieues. Les commandes affluent bientôt. Assisté de la belle Ayem, Rayane réussit son pari. Dans l'évènementiel, il faut savoir se montrer généreux en offrant un peu de drogue à ses interlocuteurs, parfois. Pas un problème pour Rayane. L'implantation à Saint-Denis comporte certains avantages, car la clientèle est consciente d'améliorer l'économie banlieusarde, mais les inconvénients existent aussi. Pour Said Bensama, la priorité reste dans le chiffre d'affaires de la drogue, et il ne connaît aucune pitié. À l'agence 5Styles, même si elle tourne bien, la dynamique risque de s'essouffler au bout de quelques mois. Et à Saint-Denis, les flics ne sont jamais loin pour vous rappeler votre passé...

Rachid Santaki : Business dans la Cité (Éd.Seuil, 2014)

La collection initiée par Pierre Rosanvallon et Pauline Peretz s'intitule “Raconter la vie”. Une fiction courte, environ quatre-vingt pages, pour illustrer le quotidien actuel de la France du 21e siècle. Dans notre monde, tout est désormais dédié à l'information, mais est-ce que ça correspond vraiment au vécu de nos concitoyens ? La sociologie expliquée dans les médias s'avère plutôt globale, au détriment de l'individu. On a le sentiment que parler de “classe ouvrière” ou de “femmes au foyer”, c'est penser que le parcours de chacun est tout tracé, dans un milieu social défini. Que, par exemple, un camelot faisant les marchés crée une grosse entreprise ou une diplômée devienne conductrice de bus, on ne retiendra que des reconversions anecdotiques. Alors qu'il s'agit bien d'évolution dans la vie de ces gens.

Le cas des banlieues dites “sensibles” est-il traité avec justesse par nos médias ? Même les reportages en immersion, genre “les cités vues de l'intérieur”, en reflètent-ils le climat et le contexte ? On peut s'autoriser à en douter. Car ce volontarisme dont nous parle ici Rachid Santaki, cette envie de lancer des affaires commerciales saines, c'est aussi un des aspects des cités. Personne ne se voile la face, les trafics de drogue sont prospères, et il y a effectivement une “économie parallèle” florissante. Non, les règlements de compte entre gangs ne sont pas une invention. Pourtant, même s'ils sont des exceptions, faut-il aussi condamner d'avance ces (plus ou moins) jeunes qui cherchent la bonne porte de sortie ?

Rachid Santaki a déjà publié, entre autres, les romans “Les anges s'habillent en caillera Ed.Moisson rouge 2011, Des chiffres et des litres Ed.Moisson Rouge 2012, Flic ou caillera Le Masque 2013. Dans un style vif évoquant la tension régnant autour de ses personnages, Rachid Santaki se fait, en quelque sorte, le porte-parole de ces populations-là. Une novella à classer autant dans le témoignage que parmi les romans noirs.

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 04:55

Ilya Volochin est âgé de bientôt seize ans. Cet ado intelligent a pour passion les échecs et l'aïkido. Avec ses cheveux déjà gris et son allure mûre, il apparaît assez distant. Ce n'est pas du mépris pour les autres, juste une expression de sa timidité. Fils d'un magnat russe du pétrole, Ilya a toujours évolué dans les meilleurs milieux sociaux. Son père Yevgeni vient de mourir dans un attentat, du côté de la Sibérie. Quittant la Californie, Ilya est contraint de rejoindre sa grand-mère, qu'il ne connaît pas encore, en Grande-Bretagne. Il n'est guère à l'aise lorsqu'il débarque d'avion à Londres.

En l'absence de sa grand-mère, c'est le chauffeur Harry Armitage qui prend en charge Ilya, le conduisant au manoir de Haven. Dès le lendemain, il découvre le lycée Excelsior, censé être un établissement pour élèves d'élite comme lui. En réalité, son arrivée ne passe pas inaperçue, vu le laxisme qui règne ici. Probablement est-ce pour cela qu'on vient d'y nommer un nouveau proviseur, bien plus strict que celle qui le précéda. Ilya sympathise avec la jeune Angela Cruz, une fille assez délurée. Il repère aussi un Black appelé Pad, un hacker traficotant des infos pour les autres élèves.

Dès les jours suivant, Ilya adopte un style vestimentaire plus décontracté. Néanmoins, il se doute qu'on l'a déjà remarqué. Au manoir, l'avocat de son père le met au courant des affaires en cours, et de ses droits d'héritier. Sa grand-mère, qu'il n'a encore pas vue, reste un des piliers de l'empire Volochin. Au lycée, après avoir disparu quelques jours, Angela revient sous un autre look, plus conforme l'esprit actuel de l'école. Ilya fait connaissance avec deux lycéennes, Jennifer et Carrie. Vu sa carrure, cette dernière peut effectivement être surnommée la boxeuse, sport qu'elle pratique.

Ilya, Angela, Pad, Carrie et Jennifer écopent d'une punition, deux heures de retenue dans la vieille bibliothèque du lycée. Quand ils se retrouvent bloqués face à des adversaires belliqueux, Ilya et Carrie sont les mieux armés pour la bagarre. Cet étrange danger qui plane autour d'eux trouve son origine une soixantaine d'années plus tôt. Au temps d'une expérience appelée Protocole Olympe. Ilya et ses amis vont devoir faire des choix, qui ne seront pas sans conséquences dans leurs vies...

David S.Khara : Thunder – Quand la menace gronde (Rageot, 2014)

La sortie de ce roman jeunesse est l'occasion de faire le point sur le fulgurant début de carrière dans l'écriture de David S.Khara. Après une première version publiée par Rivière Blanche, c'est chez Michel Lafon que parut “Les vestiges de l'aube” sous sa forme définitive. Ce roman est devenue une BD, dont le premier tome (Morts en série) est publié chez Dargaud. L'adaptation est signée Serge Le Tendre et David S.Khara, les dessins sont de Frédéric Peynet. Une approche différente d'un excellent roman.

Ce sont les éditeurs et libraires rennais de Critic qui lancèrent la trilogie ayant fait le succès de David S.Khara, grâce à l'enthousiasme de certains chroniqueurs. Désormais, les trois tomes (Le projet Bleiberg, Le projet Shiro, Le projet Morgenstern) sont disponibles chez 10-18, en version poche. Belle occasion de lire l'intégralité de cette série de thrillers riches en mystères et en péripéties énigmatiques autant que mouvementées...

Cette fois, c'est dans le roman destiné à la jeunesse que David S.Khara exerce ses talents d'auteur. Il réunit les meilleurs ingrédients pour raconter une histoire pleine de mystère et de rebondissements. S'il ne sait trop à qui il peut faire confiance, ce riche orphelin qu'est Ilya Volochin ne manque pas d'atouts pour affronter d'éventuels ennemis. Arts martiaux et échecs ont aidé à sa maturité d'esprit. Autour de lui se dessine un petit groupe d'amis, avec lesquels il vivra d'autres aventures. En effet, après “Quand la menace gronde”, un deuxième tome de la série “Thunder” est dès maintenant annoncé pour octobre 2014.

Selon le principe du Bien contre le Mal, deux organisations vont se faire face dans cette intrigue. Un récit mouvement, non dénué d'un peu d'humour. Avec un sympathique clin d'œil : les scientifiques du Protocole Olympe se nomment Gilliam, Cleese, Palin, pour ceux qui n'ont pas oublié les Monty Python. Avec “Thunder”, David S.Khara signe une arrivée fort convaincante dans le roman jeunesse.

David S.Khara : Thunder – Quand la menace gronde (Rageot, 2014)

Lorsqu'il publia ses premiers titres, David S.Khara accorda deux interviews à Action-Suspense. Il suffit de cliquer sur les liens ci-dessous pour lire ses réponses.

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