Dans son nouveau roman, “La route de Gakona”, Jean-Paul Jody s’intéresse aux effets des ondes électromagnétiques et à la manière discrète dont certains États les utilisent. S’appuyant sur une très riche documentation, assortie de détails d’autant plus angoissants qu’ils sont précis, l’auteur nous suggère des hypothèses qui ne relèvent (hélas) plus de la science-fiction. Mais il s’agit également d’un excellent roman d’action. Le couple de héros nous entraîne dans leurs trépidantes aventures, de la région nantaise jusque sur la glaciale et impraticable piste Chilkoot.
Pour occuper son temps en l’absence de sa compagne, le détective privé Kinscoff accepte d’enquêter
sur le suicide suspect d’un retraité nantais. Bricoleur inventif, l’homme n’avait aucune raison de mettre fin à ses jours. Il était membre d’un réseau de passionnés des techniques
électromagnétiques, lui-même testant des expériences curieuses. Kinscoff interroge son ami Babou, de la compagnie Royal de Luxe. Le retraité avait retrouvé un des multiples brevets du
scientifique Tesla, un visionnaire du début du 20e siècle. Celui-ci imagina maîtriser les ondes afin de fournir à tous de l’électricité gratuite, projet que rejetèrent les industriels
de son temps. Par contre, les militaires s’inspirèrent de ses travaux, exploitant l’idée d’un “rayon de la mort” permettant de contrôler le mental humain. Quand l’éléphant de Royal de Luxe est
saboté, c’est Babou qu’on vise. Rejoint par sa stagiaire effacée Cathy, Kinscoff interroge un radioamateur, ami de Babou. S’il n’est pas parano, des expérimentations extrêmement dangereuses pour
les êtres humains seraient en cours. Après avoir été attaqués en voiture, Kinscoff et Cathy rentrent à Paris. La stagiaire cherche des infos sur les brevets de Tesla, sur les expériences
actuelles concernant le climat, et sur les “chemtrails”. Ses découvertes sont, pour le moins, fort inquiétantes. Kinscoff, son associé et Cathy se savent surveillés par un individu. Il vaudrait
mieux cesser leur enquête.
Dans l’ombre, l’américain Schramm dirige une opération de grande envergure. Pour protéger un programme expérimental, il envoie à travers le monde ses deux tueurs, Doug et Daemon. Ceux-ci ont supprimé des radioamateurs en Pennsylvanie, dans le désert australien, le retraité nantais et un vieux savant japonais. Schramm a obtenu la collaboration des services secrets français. C’est ainsi que le maître agent Tiez a engagé son ami Melchior. C’est lui qui surveille les agissements de Kinscoff, cherchant à réduire au silence ceux qu’il contacte. Une spécialiste des “chemtrails” a été ainsi éliminée. Tandis que Kinscoff étudie la documentation du retraité nantais, Cathy s’informe sur le conditionnement humains et ses divers procédés. Certaines BD et autres récits de science-fiction ne sont peut-être pas si éloignés de réalités d’aujourd’hui. Une climatologue d’origine coréenne, experte du réchauffement climatique, expose à Kinscoff les théories controversées sur ces questions. Elle évoque une base expérimentale norvégienne, pouvant correspondre aux vieux projets de Tesla. Kinscoff et Cathy se rendent le plus discrètement possible en Norvège. Malgré les précautions, Schramm est avisé de leur destination. Après avoir éliminé l’Irlandais Mike à Bangkok, les tueurs Doug et Daemon sont envoyés en Norvège.
Le jeune scientifique Tobias est d’une aide précieuse pour Kinscoff. Cathy vit avec ce séduisant Noir sa première aventure amoureuse. La base norvégienne abrite un réchauffeur ionosphérique, mais sa puissance reste relative. Par contre, un centre d’expérimentation beaucoup plus secret existe en Alaska. Tandis que le duo de tueurs continue à semer la mort derrière eux, Kinscoff et Cathy se rendent au Canada, de Montréal au Yukon. Ils vont encore confrontés à de nombreux périls…
Les autorités américaines utilisent tous les moyens pour juguler la puissance de leur seul
adversaire économique actuel, la Chine. Les services secrets continuent à fomenter des troubles, comme en Birmanie ou au Tibet, ou en soutenant les opposants Ouïgours. Ne peut-on pas imaginer
que, s’inspirant des généreux travaux de Tesla, les Etats-Unis cherchent “scientifiquement” à affaiblir la Chine ? Ainsi certaines catastrophes seraient moins “naturelles” qu’on ne le dit… Les
ondes sont utilisées dans notre quotidien, de la téléphonie aux pluies volontairement provoquées. Les faits sont éloquents, et aucun organisme n’a la possibilité de contrôler sérieusement (et de
limiter, sans doute) les applications souvent secrètes de ces manipulations des ondes. Évidemment, sont traités de paranoïaques ceux qui posent des questions, qui formulent des suppositions
pourtant plausibles. L’auteur ne ménage pas certains prétendus apôtre de l’écologie et de la paix, d’une sincérité un peu discutable. Une bonne dose de suspense complète idéalement les nombreuses
informations délivrées ici. Car Kinscoff et Cathy traversent mille dangereuses péripéties, dans ce qui est aussi un remarquable roman d’aventures.