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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 07:28
 

C’est une très agréable comédie policière que nous propose Sylvie Callet, avec son nouveau roman “Un petit jaune (Les Presses du midi, 2009). Une intrigue à la fois souriante, entraînante et, surtout, fort bien écrite.

Intermiteux du spectacle plus que comédien, homme d’âge mûr usant encore de son charme, Jo vivote paisiblement à Toulon. Il loge dans une maisonnette sur la propriété d’une amie. Celle-ci, Florence Thomasson (dite Flo), est lieutenant de police. Jo est un habitué du bar de son ami Bèbe, un troquet “quasi invisible, encoigné dans l’angle d’une rue malodorante.” Ancien taulard, se contentant d’une rare clientèle, Bèbe cherche lui aussi la tranquillité. Ce soir-là, Jo a rendez-vous dans ce bistrot avec la jeune Tristane, croyant en ses chances de la séduire. Quand elle commence à déballer ses confessions, Jo comprend que c’est une chieuse. Il s’en fiche de ce David, son petit ami, minable dealer que Tristane surnomme D.Joyce. Il n’est pas plus intéressé par la parano de la jeune femme, accusant son père et sa belle-mère de vouloir l’éliminer. Ne tardant pas à planter là cette gamine un peu paumée, Jo va se coucher avec deux somnifères.

Le lendemain matin, on découvre le cadavre poignardé de Tristane sur une plage. Flo enquête sur le meurtre, semblant disposer de peu d’éléments. C’est par le journal que Jo apprend que David est fortement suspecté. Jo pourrait l’être aussi, car la victime a laissé une flopée de messages hurlants sur son répondeur. Il est urgent de planquer la cassette. Au bar, Bèbe émet des doutes sur l’innocence de son ami, Jo étant un des derniers a avoir vu Tristane vivante. Ni l’un, ni l’autre ne croient en la culpabilité de David, version trop idéale. Jo se promet d’être le premier à retrouver le jeune dealer. Bien qu’Ahmed et sa bande fassent barrage, il parvient à rencontrer David dans la cave où il se cache. Celui-ci nie avoir tué. Il raconte sa dispute en fin de soirée avec Tristane. Plus tard, il a aperçu l’assassin avant de trouver le corps. Impossible pour lui d’aller voir les flics. Justement, la police cerne les lieux et arrête David. Jo file discrètement.

À l’insu de Flo, Jo continue ses investigations. Il a bien connu la belle-mère de Tristane, qui a épousé Michel Le Vève, cuisinier de renom. Jo suggère à Flo qu’ils feraient de bons suspects. L’autre piste, c’est le job de Tristane chez “SexHôtel”, téléphone rose et autres services. Avec l’aide de son amie prostituée Marvella, Jo obtient l’adresse de cette société. Rien de bien scabreux, semble-t-il. Mais une copine de Tristane lui offre des renseignements sur un pervers qui harcelait la victime…

Un peu flemmard, un peu désabusé, Jo est un héros réellement sympathique. “Elle tourne en rond en se regardant le nombril, la société. Et on voudrait que je lui sois utile ! A-t-elle jamais levé l’ombre d’un petit doigt pour moi ? Looser tu es, looser tu resteras, voilà l’unique message qu’elle m’a délivré, la société.” Néanmoins, le voici lancé dans une affaire criminelle pas si simple. Détective amateur, s’imaginant Humphrey Bogart ou Columbo, il peut sortir son flingue (factice) pour bousculer ses adversaires, façon flic cow-boy. Brave homme, Jo n’est pas exempt d’états d’âmes, non plus…

Tout en gardant une tonalité souriante et légère, ainsi qu‘un tempo adéquat, Sylvie Callet apporte un grand soin à la manière narrative. “Je sortis sur ma terrasse où un mistral frisquet faisait tanguer les nuages, et me mis à faire des vocalises en montant progressivement dans les aigus, histoire de me pénétrer de mon personnage (…) — Oh ! Jo, tu t’entraînes pour le rôle de la Castafiore ? me demanda la fliquette avant de grimper, allègre, dans son Babybel mobile.” Un petit polar convaincant, qui se lit avec grand plaisir.
Cliquez sur le site de l'éditeur

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 07:25
 

Avec “Le royaume des sables (Éd. Jigal, 2009), c’est un authentique roman d’aventure, dans la meilleure tradition, que nous présente Pierre Boussel. Suivons les tribulations de son héroïne, qui nous entraînent dans un tourbillon de péripéties, auxquelles elle doit s’adapter tant bien que mal…

Jeanne Sorbier, 23 ans, se revendique fashion victim. Elle vit chez son père, plombier en banlieue parisienne, avec lequel elle est très complice. Après un stage en institut de beauté, Jeanne est engagée par les Cosmétiques Ravanel. Pour la promo de son nouveau parfum, La Rose des Sables, M.Ravanel va tourner une publicité au Thalifet. Les décors désertiques ce petit état entre Orient et Asie sont l’idéal. Jeanne est la régisseuse du projet. Entre autres, elle devra gérer la désagréable top model engagée à prix d’or par Ravanel. Dans l’avion, Jeanne s’informe sur le Thalifet auprès d’autochtones. Elle devrait mieux écouter leur réponse : “Quelques Occidentaux s’y promènent. Une poignée s’y aventure. Rares sont ceux disposés à le comprendre.”

Un groupe de patrons français ayant été récemment rançonné au Thalifet, l’équipe de tournage est protégée lorsqu’elle se rend sur le site choisi, un insolite cimetière de bateaux au cœur du désert. Malgré cela, un vol de matériel se produit dès la première nuit. Implicitement, Ravanel accuse leur guide, Kashang. L’homme est énigmatique, en effet. Suite à une négociation incertaine, l’équipe ayant quitté les lieux, Jeanne apparaît comme l’otage de Kashang. Quand l’armée locale approche, ils prennent la fuite pour un trajet de plusieurs jours à dos de chameau. Leur périple à travers le désert les amène à un campement. Jeanne est finalement “l’invitée” du prince de ce royaume des sables, Al Hassan Kel Izmad. Il n’apprécie guère ces complications, alors qu’il maintenait une paix relative avec les autorités du Thalifet. Jeanne est parfaitement bien traitée, tandis qu’Al Hassan cherche la meilleure solution pour résoudre la situation.

Les services secrets internationaux suivent de près la supposée prise d’otage. En France, le père de Jeanne, reste raisonnablement inquiet. Son ami Fréminville, du service antiterroriste, sait la jeune femme repérée (par GPS) au campement d’Al Hassan, homme qui n’est pas réputé dangereux. Quand Jeanne tente de fuir sur un chameau, Al Hassan et Kashang la rattrapent au moment où elle croise une patrouille. Kashang abat sans hésiter les soldats, sans qu’Al Hassan puisse s’y opposer. L’accord entre le terroriste et le prince risque fort de bientôt devenir caduc. Al Hassan conduit Jeanne dans une bourgade, où elle va être facilement récupérée par les services secrets. Revenue en France, Jeanne s’aperçoit qu’elle est une star. Grâce à quelques images d’elles tournées dans le désert, bien exploitées par Ravanel, on a surnommé l’otage “La rose des sables”. Marquée par son séjour dans le désert, Jeanne décide brusquement de retourner au Thalifet. Elle ne tarde pas à retrouver Al Hassan, avec lequel elle va encore traverser bon nombre de dangers…

Bien que périlleuse, la situation de cette jeune accro de la mode, éloignée de la civilisation moderne, amène évidemment quelques sourires. Jeanne est inévitablement fascinée par les étranges espaces désertiques, servant de décor à cette histoire. On sent que l’auteur aime les contrées et les peuples qu’il évoque. Naturellement, ces états gangrenés par le terrorisme sont sous surveillance, même si l’efficacité des services secrets apparaît relative. Page 160, Boussel propose une explication à la facilité de recruter des activistes prêts à tout. À cause de la télé captée partout, des bimbos californiennes excitent des types dans leurs pays de misère, où ces filles ne viendront jamais. Frustration d’un impossible rêve américain, qui les envoie vite chez les radicaux de l’Islam. Un suspense mouvementé, absolument passionnant.

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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 07:15
 

Du 6 novembre 2009 au 27 mars 2010, la Bibliothèque des Littératures Policières (48-50 rue Cardinal Lemoine, Paris 5e) présente sa nouvelle expo :Le mystère Hammett, la naissance du roman noir américain(entrée libre).

Connu du grand public par la brillante adaptation cinématographique que fit John Huston de son roman Le Faucon maltais (avec Humphrey Bogart dans le rôle de Sam Spade), Dashiell Hammett est une figure tutélaire du roman noir américain. La BILIPO consacre une exposition à cet auteur (1894-1961) et se propose, à travers l’évocation de sa vie et de son oeuvre, de souligner son rôle fondamental dans l’invention d’un genre désormais inscrit dans la culture et l’imaginaire du XXe siècle. Panneaux, documents originaux et inédits, affiches, photos, éditions rares de ses romans et nouvelles (issues des fonds de la BILIPO ou de collections privées), tentent de recomposer l’univers d’un écrivain américain que cinq romans, plus d’une cinquantaine de nouvelles, des articles critiques, des scénarios et une abondante correspondance ont rendu universellement célèbre. Natalie Beunat, spécialiste de Dashiell Hammett et traductrice, est commissaire de cette exposition.

Samuel Dashiell Hammett est né le 27 mai 1894 dans le Maryland. Il travaille cinq ans comme détective privé pour le compte de l’Agence Pinkerton, puis commence à écrire des nouvelles policières au début des années 1920 pour les pulp magazines, notamment pour le plus célèbre d’entre eux : Black Mask. Il devient très vite le chef de file d’une nouvelle école d’écriture appelée l’école des «durs à cuire». En utilisant son expérience de détective, il révolutionne la fiction policière en y ajoutant un élément novateur : la vraisemblance. Son style nerveux se reconnaît à ses phrases courtes, ses dialogues incisifs. Il introduit pour la première fois le langage de la rue et l’argot. Scénariste pour les studios à Hollywood, il partage la vie de la dramaturge Lillian Hellman durant trente ans. Engagé politiquement aux côtés de la gauche américaine, il est convoqué deux fois devant les tribunaux pendant la période maccarthyste, en 1951 et en 1953, et condamné à six mois de prison. Hammett a publié cinq romans et plus d’une cinquantaine de nouvelles. On le considère comme le père fondateur du roman noir américain. Il meurt au Lenox Hill Hospital de New York le 10 janvier 1961.

L’exposition propose de découvrir la vie et l’oeuvre de l’écrivain autour de quatre grands thèmes :

LE DÉTECTIVE, L’ÉCRIVAIN, LE MILITANT

- Coup d’essai, coup de maître : les débuts du roman noir

- Hard-boiled Dash

HAMMETT, CHEF DE FILE DU HARD-BOILED : UN GENRE EST NÉ

- La Série Noire, une collection mythique

- Le « style Hammet », technique narrative et tempo

HAMMETT ET LE CINÉMA, LE CINÉMA ET HAMMETT : UNE MYTHOLOGIE EST NÉE

- L’étoffe dont sont faits les rêves : Hammett scénariste

- Une mythologie nouvelle, autodérision et humour

LA RÉCEPTION, L’HÉRITAGE : LA MODERNITÉ DE HAMMETT ET L’INFLUENCE SUR LA FICTION CONTEMPORAINE

- Asphalt Jungle, la ville urbaine

- “La mort c‘est pour les poires” : La notoriété de Dashiell Hammett

Lire aussi l'interview de Natalie Beunat au sujet de "Dashiell Hammett, mon père" (de Jo Hammett) dont elle est la traductrice. Cliquez ici !

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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 08:21
 

Le roman d’Elisabeth GeorgeLe rouge du péchéest désormais disponible chez Pocket. Découvrons cette intrigue aussi subtile que sinueuse, à l’ambiance riche en détails, et au suspense omniprésent.

Il n’avait pratiquement aucun bagage. Un duvet datant de Mathusalem. Un sac à dos contenant quelques vivres qu’il renouvelait quand il y pensait, ainsi qu’une bouteille qu’il remplissait le matin s’il y avait de l’eau près de son bivouac. Quand au reste, il l’avait sur lui (…) Il avait engagé un pari avec le destin. S’il survivait à cette randonnée, il se ferait une raison. Sinon, il remettrait son sort entre les mains des dieux (…) Le quarante-troisième jour de son périple avait commencé de la même manière que les quarante-deux précédents…

Inconsolable après le meurtre de son épouse, Thomas Lynley erre le long des côtes de Cornouailles, loin de l'absurdité du monde. Mais, en ce 43e jour d’errance, il découvre à Polcare Cove le cadavre d'un jeune grimpeur au pied des falaises. Brutal retour à la réalité. Alerté, le constable local Mick se rend sur les lieux. “De toute évidence, la victime avait tenté une escalade en solo : une descente en rappel depuis le haut de la falaise, suivie d’une ascension depuis le bas. La corde était d’un seul tenant et le mousqueton toujours attaché à son etrémité par un nœud en huit. Le grimpeur lui-même était relié à la corde. La descente n’aurait pas dû lui poser de problème. Défaillance de matériel au sommet de la falaise, conclut Mick…”

Daidre Trahair, la première habitante du secteur que Thomas Lynley ait croisé, l’aide à revenir à la civilisation. Chargée de l'enquête, l'inspecteur Bea Hannaford renonce vite à considérer comme suspect ce vagabond aux vêtements crasseux affirmant être Thomas Lynley. En manque d'effectifs, elle le met à contribution. Certes, c’est un témoin, mais, une fois son identité vérifiée, elle ne doute pas que son expérience de commissaire au Yard pourra s'avérer très utile. Premier indice : le matériel d'escalade de Santo Kerne, la victime, a été saboté.

“— Trois pièces sabotées, ça vous suggère quoi ? Il réfléchit, puis il déclara d’un air songeur : — Une seule aurait suffi à le tuer. Or, il y en avait trois. On peut conclure que le tueur se fichait de savoir quand cela arriverait, ou même si la chute serait fatale, étant donné que la victime aurait pu utiliser les coinceurs sabotés au départ d’une ascension sans se servir de la sangle…”

Bea Hannaford et Thomas Lynley comprennent vite que le jeune homme comptait bon nombre d’ennemis. Dans ce pays sauvage de falaises et de mer démontée, Lynley participe à contrecoeur aux investigations mais reprend pied peu à peu. Il retrouve son éternelle partenaire, Barbara Havers, que Londres a dépêchée sur place. Autant pour collaborer à l'enquête que pour mener à bien une mission délicate : récupérer Lynley.

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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 06:29


Trois nouveautés particulièrement fortes sont proposées cet automne chez Seuil, dans les collections Policiers et Thrillers. Voici une approche de ces trois titres d’auteurs confirmés, de valeurs sûres du suspense noir.  

Andrew Klavan : “Damnation Street”.

John Foy et Scott Weiss. L'un est un tueur psychopathe et l'autre un détective privé de grand renom. Tout les oppose, sauf une chose: ils recherchent Julie Wyant, une prostituée à visage d'ange dont ils sont tous les deux tombés follement amoureux. Sauf que Julie les fuit. John Foy parce que, cruel de nature, il lui a fait passer une nuit d'amour absolument horrible. Elle n'a aucune envie de le revoir. Scott Weiss, parce qu'elle sait que si jamais il la retrouve, John Foy sera juste derrière lui. Julie doute fort qu'aussi génial que soit le détective, il parvienne à la sauver des griffes du monstre. Malheureusement pour elle, Scott Weiss, qui ne peut plus se passer d'elle, part à sa recherche. Et ce qui devait arriver arrive : Foy, qui n'attendait que ça, se lance à la poursuite de Weiss.

« Il entra dans la pièce. Referma la porte derrière lui. Un geste de défi : au diable l’obscurité. Une obscurité qui s’épaissit encore. Les rideaux étaient tirés et seul un faible rayon venant d’un lampadaire s’infiltrait par la fente qui les séparait. Weiss passa d’une ombre à l’autre dans cet éclairage. Il gagna la salle de bains, sa main explora le mur. Quand il appuya sur l’interrupteur, l’ampoule s’alluma ; l’éclairage fonctionnait, ici, et se refléta sur les murs carrelés de blanc. Il revint dans la chambre, bénéficiant de la lumière diffusée à travers la porte, alluma la lampe de chevet et celle du bureau. La pièce était vide. Petite, lambrissée de bois, un lit et une table patinée par le temps suffisaient à l’encombrer. Weiss rangea son arme dans l’étui. Il alla s’asseoir sur le bord du lit et laissa échapper un soupir. Son cœur continua à battre fort pendant quelques secondes, puis se calma. Il sentait sa nuque humide contre le col de son manteau. »

Jonathan & Faye Kellerman : “Crimes d’amour et de haine”. Ce livre se compose de deux romans, “Un gardien pour ma sœur” et “Le blues de la déprime”.

(Un gardien pour ma sœur) Berkeley, Californie. Le député Davida Grayson avait des idées politiques et des mœurs que certains réprouvaient. Lorsqu’elle est retrouvée morte dans son bureau, les inspecteurs Will Barnes et Amanda Isis n’arrivent pas à croire qu’on ait pu la haïr au point de lui tirer une balle dans la tête, quasiment à bout portant.

« Davida gisait effondrée sur son bureau, la tête dans le creux des bras comme si elle avait dormi pendant ses derniers instants en ce bas monde. L’inspectrice Amanda Isis avait très envie de croire que le passage du somme temporaire au repos définitif s’était effectué sans douleur. La nuque avait été entièrement ouverte et déchiquetée par les chevrotines, au point que la colonne vertébrale était pratiquement sectionnée. À deux doigts de la décapitation. » La victime, député de gauche et lesbienne revendiquée, ne manquait pas d’ennemis. Son dernier projet de loi sur les cellules souches lui avait valu de nombreuses menaces de la part de l’extrême droite et des catholiques ultras. Proche de la retraite, le capitaine des services de police de Berkeley va devoir expliquer les faits à la communauté politique et à des électeurs vindicatifs. Comment comprendre que la représentante estimée et aimée de la circonscription ait été quasiment décapitée, sans motif affiché ? Pour Isis et Barnes, le compte à rebours a commencé.

(Le blues de la déprime) Nashville, Tennessee. Ancienne légende du rock, Jack Jeffries a réussi à se libérer de la drogue et s’apprêtait à donner un concert pour la liberté d’expression lorsqu’il est retrouvé mort dans un fossé près de la rivière Cumberland. Il ne saurait y avoir de meilleurs inspecteurs pour enquêter sur cet assassinat que Baker Southerby, un ancien prodige de la musique, et Lamar Van Gundy, qui certes, n’a jamais eu la classe de son partenaire, mais, qui comme lui, connaît tout du monde de la musique. Y compris, bien sûr, tout ce qu’il peut recéler d’ombres et de sinistres machinations…

George Pelecanos : “Un jour en mai

Washington, printemps 72. « Raymond avait relevé les incidents survenus ces derniers temps dans le quartier – des jeunes Blancs qui le traversaient en voiture, baissaient leur vitre et criaient « Nègre », passaient en trombe et regagnaient en vitesse le boulevard. C’était arrivé deux trois fois en un an. D’une certaine façon, ça durait depuis des générations. Leur mère avait été en butte à ce genre d’avanies quelques semaines plus tôt, James et Raymond en étaient malades qu’on puisse ainsi l’insulter. » Ivres et drogués, trois jeunes Blancs, Billy Cachoris, Peter Whitten et Alex Pappas, vont provoquer des Noirs dans leur quartier. L’affaire tourne mal lorsqu’ils font face aux frères Monroe et à Charles Baker. Peter s’enfuit, mais Billy est tué et Alex y perd presque un oeil. James Monroe sera condamné à dix ans de prison. Trente-cinq ans plus tard, Alex gère le restaurant hérité de son père. Son fils cadet est mort en Irak et son aîné se forme à la restauration. De son côté, Raymond Monroe, qui est inquiet pour son fils, soldat en Afghanistan, travaille à l’hôpital Walter Reed où l’on soigne les blessés de guerre. Alex et Raymond se retrouvent. Charles Baker, lui, a passé l’essentiel de sa vie en prison. Et n’a qu’une envie : se venger de 72. La confrontation semble inévitable... Si la musique est toujours très présente dans les romans de George Pelecanos, les portraits sont ici très nuancés entre supposés gentils et présumés méchants.

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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 06:30

Dirigée par le romancier Olivier Mau, "Noir 7.5" est une nouvelle collection de polars marquant les premiers pas des Éditions Parigramme dans la fiction. Cet éditeur s’est spécialisé dans les livres évoquant Paris, ouvrages aux formes les plus variées. Sans s’éloigner de son territoire de prédilection, il nous propose aujourd’hui des romans, évidemment situés à Paris. Avec la volonté de montrer un Paris actuel, non pas un simple décor de carte postale, une image intemporelle un peu surannée.

Tensions et zones d’ombre, pour des romans noirs au cœur de notre époque. Chaque histoire est l’occasion de pénétrer dans un univers particulier comme le montrent les trois premiers ouvrages. Avec "Aux malheurs des dames", Lalie Walker noue son intrigue autour de la place Saint-Pierre, dans le monde des marchands de tissu en coupon. Pour "Des voisins qui vous veulent du bien", Caroline Sers nous transporte dans l’Est parisien agité par les tensions entre anciens et nouveaux habitants. "L’Infante du rock" Romain Slocombe fait courir, entre Opéra et Pigalle, l’ex-parolier d’un groupe de rock des années 1980 aux prises avec les yakuzas, la mafia serbe et les fantômes de son passé. Une collection à suivre, dès le début novembre 2009.

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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 06:25

Du mardi 3 au samedi 14 novembre, 6e édition de "Paris Polar". Une manifestation culturelle organisée par la Mairie du 13e et l’association 813 - les amis des littératures policières. Cet évènement est dédié à la mémoire de Thierry Jonquet (1954-2009). "En lisant les journaux je suis consterné par la violence qu'ils décrivent, par la barbarie de notre monde. Au lieu de ruminer cela tout seul dans mon coin, j'écris des romans à partir de ce matériau de faits divers." disait Jonquet. Au programme :

Scènes de crime- Du mardi 3 au 13 novembre 2009

 Une exposition de photographies signées Hermance Triay. Galerie Bièvre, Mairie 13e, M° Place d’Italie

Concert "Noir Lyrics"- Vendredi 6 novembre, 20h30

Retrouvez les plus illustres chansons des films polars interprétées par la soprano Ethel Brizard accompagnée à la guitare par Nicolas Sornaga. De l’Ange bleu à Kill Bill en passant par l’homme qui en savait trop, venez rêver, voyager, frissonner…
Paris Ateliers, 11, place Nationale - M° Nationale

Pour saluer Thierry Jonquet- Lundi 9 novembre, 20h30

L’auteur des Orpailleurs, de Moloch, La Bête et la belle, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte, était depuis les années 80 un maître du polar français, chroniqueur inlassable des temps modernes et de leurs crimes, mêlant humour, noirceur et humanité… Martine Laval, critique littéraire à Télérama, Patrick Bard, écrivain et photographe, Michel Besnier, écrivain, professeur de lettres et Patrick Mosconi, écrivain et éditeur, évoqueront l’oeuvre de ce romancier disparu cet été. Lectures par Benjamin Rataud. Théâtre 13 - 103, bd. Auguste Blanqui - M° Glacière

Film polar- « 7h58 ce samedi-là » - Mardi 10 novembre, 20h (Before the Devil knows you’re dead, 2007). Deux frères ont un urgent besoin d’argent. L’aîné propose donc au cadet d’exécuter un « coup » tout ce qu’il y a de sûr, un vrai petit hold-up des familles. Mais le destin s’en mêle et le braquage tourne à la catastrophe… Entre effroi et jubilation, un thriller virtuose et haletant, avec de remarquables interprétations de Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney… Un grand Sidney Lumet ! (durée : 1h56)

MK2 Bibliothèque, 128/162 av. de France - M° Bibliothèque

Soirée Dashiell Hammett - Jeudi 12 novembre, 20h30

A l’occasion de la retraduction de son oeuvre chez Gallimard, table ronde, lectures de textes, projection d’un documentaire autour de cet auteur dont l’univers a marqué durablement la littérature et le cinéma… Avec Natalie Beunat, traductrice, Michel Boujut, critique et écrivain, François Guérif, éditeur, Stéphane Michaka, écrivain.

Débat animé par Hervé Delouche, président de "813-Les amis des littératures policières". Centre Dunois, 61, rue Dunois - M° Chevaleret

Ne manquez pas l’exposition « Le mystère Hammett : la naissance du roman noir américain», du 6 novembre 2009 au 27 mars 2010, à la Bibliothèque des littératures policières, 48-50 rue du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.

Le médecin légiste : Entre réalité et fantasme - Vendredi 13 novembre, 19h30

Quelle est la part de réalisme et de fantasme autour de ce personnage fascinant, qui côtoie la mort au quotidien ? Débat autour de la fonction du personnage du médecin légiste dans les séries polar françaises… Avec Michel Sapanet, médecin légiste auteur des Chroniques d’un médecin légiste, Marie Guilmineau, créatrice de la série Boulevard du palais, Karine Spreuzkouski, scénariste pour les séries R.I.S. Police scientifique et Section de recherches et un médecin psychiatre de l’hôpital Sainte-Anne… Animé par Hervé Delouche - Hôpital Sainte-Anne, Amphithéâtre Pierre Deniker - SHU : 1, rue Cabanis - M° Glacière

Dédicaces - Samedi 14 novembre, 16h

Franck Thilliez pour son roman "Fractures" (éd. Le Passage).

Henri Loevenbruck pour "Les Cathédrales du Vide" (éd. Flammarion).

Fnac Italie2, rayon polar, 30, Avenue d’Italie - M°Place d’Italie

http://www.mairie13.paris.fr/mairie13/jsp/site/Portal.jsp?document_id=15684&portlet_id=290

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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 06:19
 

Après “Les deniers du Gévaudan”, cette nouvelle aventure de Barthélemy Mazeirac constitue un fort agréable voyage au cœur du 14e siècle. Dans “Le parchemin disparu de maître Richard”, c’est d’une manière très vivante que Laetitia Bourgeois restitue cette lointaine époque.

Mars 1364. Barthélemy Mazeirac exploite ses quelques terres avec sa compagne Ysabellis, guérisseuse peut-être un peu sorcière. Il est aussi sergent de justice, au service du seigneur de Randon. Celui-ci convoque Barthélemy en son village de Pradelles, afin qu’il enquête sur le meurtre sanglant d’un notaire, poignardé et mutilé, découvert le lendemain de sa mort. Ce Jehan Richard était un homme de confiance pour le sire de Randon, qui exige un coupable. Barthélemy loge au prieuré de Saint-Clément, près du hameau où habitait la victime. Il visite la maison du notaire, récupère des registres, s’aperçoit bientôt qu’il manque des parchemins. Interrogeant les premiers témoins, il comprend rapidement qu’on n’est pas décidé à lui dire la vérité. Le prieur de Saint-Clément lui apprend qu’un conflit entre un seigneur et les villageois, au sujet de corvées dues ou non, fut l’objet d’une longue procédure. À cause d’un document retrouvé par le notaire Richard, les manants n’eurent pas gain de cause. Ce qui explique l’hostilité de ces gens, qui détestaient l’homme de loi.

Il semble que ce soit surtout Nicolau Chabalier, un peu plus aisé que les autres, qui incite les villageois à ne pas révéler ce qu’ils savent. Il entretient le mauvais esprit, menace même Barthélemy. Pourtant, Bérenger et sa jeune épouse sont prêts à se montrer plutôt amicaux et coopératifs. Et Laurense, une veuve aidée par son valet Del Sap, n’est pas totalement sous l’influence de Chabalier. Le danger se précise pour Barthélemy quand il est attaqué par jet de pierre lancé d’une fronde. De son côté, Ysabellis doit s’occuper d’un difficile avortement. On ne doit pas la soupçonner de sorcellerie. Aussi concocte-t-elle en secret une mixture de plantes abortives pour la jeune Nine.

Le valet Del Sap a disparu. Ce qui fait de lui un bon suspect, à moins qu’on ne l’ait assassiné à son tour ? À Pradelles, Barthélemy s’informe sur ce Del Sap, grand amateur de femmes. L’enquêteur interroge aussi le juge local. Ce dernier admet que les crimes compliqués sont rares ici, mais cite d’anciennes affaires mal éclaircies. Tandis que le sire de Randon s’impatiente, Barthélemy se rend chez la veuve Laurense. À l’agonie, elle a été victime d’un empoisonnement. Son valet disparu ne saurait être accusé. Fouillant clandestinement chez Chabalier, Barthélemy y découvre un parchemin dissimulé. Il fait lire le document par le clerc archiviste. C’est une reconnaissance de dettes plutôt accusatrice contre Chabalier, mais pas la preuve qu’il soit un meurtrier. Barthélemy et le sire de Randon vont unir leurs forces pour établir la vérité et traquer les responsables. Pendant ce temps, Ysabellis est assommée puis séquestrée…

L’auteur décrit avec précision et souplesse la vie quotidienne dans les campagnes et bourgades. Sans doute plus directs, les rapports humains n’étaient pas plus simples que de nos jours. Conflits et malversations pouvaient aussi bien entraîner des crimes. On souligne aussi la complexité seigneuriale entre un suzerain et ses vassaux, qui ne s’atténuera qu’à l’unification du royaume de France. Homme simple mais avisé, ayant la confiance de son maître, Barthélemy progresse à son rythme dans une enquête tortueuse. On suit aussi la guérisseuse Ysabellis, qui ne sort pas totalement indemne de cette affaire. Qu’on se rassure, le jour de Pâques verra l’arrestation du coupable. Un roman qui se lit avec grand plaisir.

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