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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 06:26

 

Janis Otsiemi avait déjà fait preuve de belles qualités dans Peau de balle (Éditions du Polar), ce qu’il confirme ici. Son nouveau roman,La vie est un sale boulot, vient de sortir aux Éditions Jigal. Connaissant bien les classiques du polar, il adopte une intrigue confirmée : sortie de prison, casse fructueux, partage du butin. Soulignons que la structure du récit n’est pas pour autant linéaire. Et, si le vocabulaire est simple, il est agrémenté d’expressions locales fleuries.

À Libreville, au Gabon. Chicano sort de la prison centrale du Gros-Bouquet, où il a purgé quatre ans pour un braquage. Il est surpris d’avoir été gracié, peut-être par erreur, alors qu’il lui restait trois années de tôle. Certes, il n’était que le chauffeur lors du casse visant un riche commerçant libanais installé ici. Mais ce Farrad fut abattu par ses complices, que Chicano n’a jamais dénoncés. Et les puissants Arabes vivant au Gabon ne pardonnent pas quand on tue un des leurs. Libre, Chicano ne veut plus de coups foireux. N’ayant pas oublié son amie Mira, il lui achète un modeste cadeau. La jeune femme n’habite plus chez sa mère. Un gamin indique à Chicano sa nouvelle adresse. Vivant aujourd’hui avec un autre homme, Mira a perdu sa splendeur. Chicano retourne vers son quartier, où il envisage de travailler dans le petit garage de son frère aîné, Gabi.

Chicano retrouve ses anciens amis, Ozone et Lebègue, avec leur nouveau complice, Petit Papa. La bande prépare un gros coup, le jour même. Vu le butin annoncé, Chicano se laisse entraîner dans l’affaire. Habillés en soldats, ils vont s’attaquer à la Trésorerie du camp militaire de Baraka, où l’on prépare la paie de la garnison. Face à Ozone et Lebègue, armés et déterminés, le colonel Odja ne peut guère opposer de résistance. Les truands s’emparent du pactole, et quittent le camp. Au moment de faire les comptes, au lieu des cinquante millions prévus, il n’y en a que vingt. La bande a engagé des frais, réduisant le bénéfice. Ses trois membres actuels se concertent, n’ayant pas l’intention de laisser sa part à Chicano. Peu après, ils le jettent de leur voiture lancée à pleine vitesse. L’intervention de témoins permet d’hospitaliser Chicano, gravement blessé.

Les policiers Koumba et Owoula ne sont ni plus efficaces, ni plus honnêtes que la moyenne des flics de Libreville. Bien que l’armée se charge d’enquêter sur le vol du camp de Baraka, Koumba ne tarde pas à comprendre le lien avec “l’accident” de Chicano. Rien à voir avec une vengeance des amis du Libanais Farrad. C’est bien du côté des anciens complices de Chicano qu’il doit chercher, motivant ses indics. Si les deux policiers récupère le fric, ils partageront avec leur chef. Ozone, le caïd de la bande, n’a aucune envie qu’on le trahisse. Si Koumba et Owoula sont sur la piste des truands, Gabi mène aussi sa propre enquête…

Ce court roman est une bonne manière d’apprécier la talentueuse sincérité d’écriture de Janis Otsiémi. On s’attache vite à ce pauvre bougre de Chicano, dont le destin n’est pas guidé par la chance. Progressivement, s’installe une certaine noirceur meurtrière. L’autre élément favorable, c’est évidemment le contexte gabonais, l’auteur ne cachant pas les tares de son pays. “Petit Papa donnait de la voix pour crier son innocence. Les flics de Libreville étaient connus pour leur brutalité de chiens mal nourris. Et dans la population librevilloise, on n’appréciait guère leurs méthodes quand il s’agissait d’arrêter des petits délinquants pendant que les ouattara vidaient les caisses de l’État sans être inquiétés.”
La chronique précédente sur "Peau de balle", cliquez ici

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 17:15
 

Le 5e Festival du polar de Villeneuve-lez-Avignon propose de nombreuses animations les 2, 3 et 4 octobre. Salon du livre, films, expos, musique débats sont programmés.

Les auteurs & illustrateurs annoncés les samedi 3 et dimanche 4 octobre au Salon du Livre, salles de la Boulangerie : Clotilde BERNOS, Roselyne BERTIN, Xavier-Marie BONNOT, Philippe CARRESE, Pascale CHOUFFOT, Jean CONTRUCCI (parrain du 5ème festival), Mathieu CROIZET, Jean d’AILLON, Ysa DEDEAU, Jean-Paul DELFINO, Gilles DEL PAPPAS, Olivier DESCOSSE, Catherine DIRAN, Jean-Christophe DUCHON-DORIS, Marie-Hélène FERRARI, Caryl FEREY, René FREGNI (dimanche 4 octobre), André FORTIN, Jérôme HARLAY, Grégoire HERVIER, Graham HURLEY, Antonio LOZANO, Jean-Luc LUCIANI, Marcus MALTE, Claude MESPLEDE, Lilas NORD, Alessandro PERISSINOTTO, Pia PETERSEN, Gilda PIERSANTI, Jean-Bernard POUY (sous réserve), Jean-Jacques REBOUX, Patrick RAYNAL, Serge-Yves RUQUET, Sébastien RUTES, Serge SCOTTO, Danielle THIERY, Franck THILLIEZ, Jean-Max TIXIER, Tito TOPIN, Joaquim VALDEZ, Robert VIGOUROUX, Bernard VITIELLO, Gordon ZOLA, ZOLMA.

Illustrateurs : BILL (dimanche 4 octobre), GOBI, CARRERE, Jean-Claude CLAEYS, Jacques FERRANDEZ (samedi 3 octobre), Sébastien GOETHALS, JUSSAUME, Joe G. PINELLI, Olivier THOMAS, Marcelino TRUONG.


Tous les détails sur le site
http://polar-villeneuvelezavignon.com/

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 06:35
 

Le suspense de Carlene Thompson “Six de Cœur” est réédité en 2009 chez Folio Policier. Il est vrai que tous les ingrédients sont réunis ici pour respecter la bonne recette du frissonnant thriller. Si la sauce est épaisse, et manque un peu de piment, le résultat n’est absolument pas indigeste. Au contraire, si la saveur n’est pas tellement originale, c’est propre et soigné. Autrement dit, un scénario solide, bien calibré, qui se consomme agréablement.

Monica, Laurel, Angela, Denise, Chrystal, et Faith avaient 17 ans. Elles formaient un club, le Six de Cœur. Lors d’une cérémonie macabre dans une vieille grange, un accident entraîna la mort de Faith. Elles turent la vérité. La police conclut au suicide.
Fleuriste, célibataire de 30 ans, Laurel habite toujours Wheeling, petite ville de Virginie. Elle apprend qu’Angela vient d’être assassinée à New York. Selon Monica, les indices trouvés sur place sont clairs : il s’agit d’une vengeance contre leur club d’autrefois. D’ailleurs, les quatre jeunes femmes reçoivent toutes une lettre menaçante. Laurel veut alerter sont ami Kurt, shérif adjoint. Les autres refusent. Divers incidents inquiètent Laurel, qui suspecte plusieurs personnes. Mary, son employée, était la sœur de Faith. Leur père, Zeke Howard, est un fou mystique. Genevra, leur mère, est de retour à Wheeling en toute discrétion. Son passé psychiatrique est mystérieux. Neil, devenu écrivain, fut le petit ami de Faith. Il fut soupçonné à l’époque, et a connu depuis d’autres drames. Laurel finit par se confier à Kurt, qui n’aime guère que Neil s’intéresse de trop près à la jeune femme.

Denise est la deuxième victime du même assassin. Son mari et Audra, leur fille de 8 ans que Laurel adore, sont en état de choc. Laurel visite la grange d’antan, pas si abandonnée. Chez Kurt, elle trouve un indice qui l’oblige à douter. Chuck, l’ex-mari de Chrystal, doit accélérer leur divorce. Quand sa nouvelle compagne s’en mêle, elle est tuée. Il semble que le coupable se soit trompé de cible, qu’il visait Chrystal. Une ombre rôde autour de chez Laurel. Ses deux chiens la rassurent plus qu’ils ne la protègent. C’est dans la grange des Six de Cœur que se dénouera cette mystérieuse affaire criminelle.

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 19:35


Le jeudi 24 septembre à partir de 19h, la Librairie Terminus Polar (1 rue Abel Rabaud 75011 Paris) propose aux lecteurs un nouvel apéro-dédicaces. Gilles Warembourg ("Flandre noire") et Pascal-Gilles Villeminot ("Malo Terminus") rencontrent les lecteurs et dédicacent leurs romans (publiés dans la collection Polars en Nord).

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 06:19
 

Le roman de Jean-Louis Debré Quand les brochets font courir les carpes est désormais disponible chez Le Livre de Poche. Fils d’un éminent gaulliste, Jean-Louis Debré a occupé tous les postes-clés du pouvoir politique. Il est évident que cet univers est le sien, qu’il en connaît tous les rouages et, sans doute, les sombres facettes. Coup d’œil sur l’intrigue de ce roman.

Prof de français, Olivier Spontini est intrigué par une scène à laquelle il assiste dans les jardins du Palais-Royal. Une jeune femme séduisante oublie un dossier sur une chaise. Avant qu’il ne réagisse, un homme s’empare du document et disparaît. Quelques jours plus tard, Olivier identifie aisément l’inconnue du Palais-Royal. Claire Brégançon vient d’être nommée Secrétaire d’État, chargée de la rénovation de l’État. Étonnant de constater que cette jeune femme, plutôt classée à gauche, apparaît comme une des ministres préférés du nouveau Président. Dans les milieux économiques et les sphères socialistes, on se promet d’être attentif à son sujet. Intrigué et attiré par Claire Brégançon, Olivier postule pour entrer au ministère. Engagé sans tarder, il est chargé d’écrire les discours de la Secrétaire d’État. Pas plus que lui, elle n’a d’idée précise sur la rénovation de l’État. Olivier commence par observer le microcosme politique.

Après l’explosion d’une voiture près du ministère, c’est le hall du bâtiment qui est tagué. Peut-être vise-t-on déjà Claire Brégançon, à cause de ses anciennes opinions de gauche ? Pourtant, c’est le comportement de son frère Guy que la ministre craint le plus. Quand Olivier dîne avec lui, Guy Brégançon semble sincère en affirmant qu’il n’est plus militant. Il évoque un nommé “Pilote”, meneur des mouvements de l’ultragauche, qui fut naguère l’amant de sa sœur. Olivier ne peut exclure que Guy sont un habile manipulateur. Dans le même temps, un corps anonyme est découvert au Bois de Boulogne. Victime d’une attaque cardiaque, le cadavre a été déplacé, ce qui rend la mort suspecte. Quand vient la rentrée, la ministre estime qu’elle doit “exister politiquement”. Elle a engagé Marie, attachée de presse, et envisage de publier un livre. Sans trop en dire sur “les épisodes périmés” de son passé, ni parler de son frère.

Anxieux, Olivier sent une sourde menace autour de lui, l’attribuant à la petite enquête qu’il mène sur les milieux de l’ultragauche. Le fils du concierge du ministère parait impliqué dans l’affaire du Bois de Boulogne. Quant à Guy Brégançon, il finit par dévoiler son vrai caractère. Il n’est pas loin du chantage lorsqu’il impose à sa sœur un rendez-vous avec un puissant député russe. Les motivations de Guy Brégançon restent imprécises. Gare aux risques de corruption, insiste Olivier, sans être vraiment écouté de sa ministre. Quand le fils du concierge est interpellé par la police, il avoue vite avoir été commandité. Didier Darak, tel est le nom de la victime du Bois de Boulogne, empoisonné à la digitaline. Plus connu sous son pseudo de militant de l’ultragauche. Face à une situation potentiellement dangereuse, Olivier songe maintenant à s’éloigner de la politique. Mais il a encore quelques vérités à découvrir…

Nul ne contestera à Jean-Louis Debré sa qualité de “républicain”­, partisan de l’unité de la France et de sa bonne gouvernance. On peut se montrer plus sceptique quand, dans cette fiction, il évoque une hypothétique puissance de l’ultragauche, pratiquant l’entrisme, l’infiltration, vieux fantasme droitier de l’influence anar et gauchiste. Par contre, l’auteur nous livre quelques analyses sur le fonctionnement politicien qui sonnent très juste. Quant à l’intrigue criminelle, elle est d’un niveau correct, et la narration s’avère souple et plaisante.

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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 06:22

S’il y a un livre qui suscite un enthousiasme tout particulier, c’est bien “L’affaire de Road Hill House”, de Kate Summerscale, aujourd’hui réédité chez 10-18. Ce n’est pas exactement un roman, mais une reconstitution soigneuse vraiment remarquable, à tous points de vue passionnante, tant sur le plan historique que judiciaire. Un livre de qualité supérieure!

Le crime a lieu dans la nuit du 30 juin 1860 à Road Hill House, propriété située aux confins du Wiltshire et du Somerset. Le petit Saville Kent, à peine quatre ans, fils du maître des lieux, Mr Kent, a disparu. Élizabeth Gough, sa nurse, donne un peu tardivement l’alerte, croyant l’enfant dans la chambre de sa mère. On découvre bientôt le cadavre de Saville dans des latrines proches. Il a été égorgé et mutilé. Si une fenêtre du salon a été entrouverte, il est possible mais improbable que le meurtrier soit venu de l’extérieur. Soupçonnant vivement la nurse, les enquêteurs locaux voient d’un mauvais œil l’arrivée d’un détective de la police londonienne.

Âgé de 45 ans, Jonathan “Jack” Whicher est un détective confirmé, appartenant à l’élite de la police. Observateur attentif ne manquant ni de sagacité, ni d’instinct, Jack Whicher ne tarde pas à reconstituer l’évidence des faits. L’hypothèse impliquant Élizabeth Gough ne repose sur rien de tangible. Par contre, l’organisation familiale est ici particulière. Après le décès de sa première épouse, Mr Kent s’est remarié avec leur ancienne gouvernante. Whicher remarque que les enfants du second mariage sont mieux traités que les aînés, du premier. Si le jeune William Kent est très affecté par le meurtre de son demi-frère, sa sœur Constance parait bien moins touchée.

À 16 ans, Constance Kent possède un caractère indifférent, et même durement volontaire. De précédents incidents le démontrent. Elle ne s’est jamais attaquée publiquement au petit Saville, mais l’aimait peu. Whicher s’intéresse à une chemise de nuit manquante, celle de Constance, qui a pu être tachée de sang. Des amies de la jeune fille témoignent qu’elle aurait la force de tuer. Mais, faute de preuve, et grâce au plaidoyer d’un excellent avocat, Constance est libérée sous caution. C’est un fiasco pour Whicher. L’hostilité des policiers locaux, les rumeurs visant la nurse et Mr Kent, les campagnes de presse de plusieurs journaux favorables à Constance, sont cause de cet échec.

L’affaire enflamme le pays. Malgré tant de cas avérés d’infanticides, le public pense Constance innocente. On préfère penser que la nurse avait un amant, Mr Kent ou un voisin, formant avec un couple de meurtriers. De retour à Londres, Whicher et ses collègues reçoivent quantité de lettres, exposant des hypothèses variées, rarement sérieuses. Le détective reste convaincu de ses conclusions. Quelques années passent. La famille Kent a déménagé. Constance passe d’un collège de Dinan (en Bretagne) à un établissement dirigé par un religieux, le révérend Wagner. En 1864, Whicher prend sa retraite, devenant détective privé.

L’année suivante, des aveux relancent cette mystérieuse affaire…

Il s’agit donc d’une histoire criminelle bien réelle, retracée avec une magnifique précision par Kate Summerscale. On comprend que toute la Grande-Bretagne fut captivée par ce cas, ce qui entraîna quelques vives polémiques. Le rôle des détectives de la police fut contesté. On rappela l’inviolabilité du foyer anglais, fondement de la société victorienne. On développa les positions psychologiques de l’époque. Mais, surtout, cette affaire inspira les plus brillants romanciers, tels Wilkie Collins ou Mary Élizabeth Braddon. Même Charles Dickens fut troublé par ce dossier, admirant les détectives tout en défendant l’accusée. La formule “Ça se lit comme un polar” est bien faible pour exprimer la qualité de ce livre.

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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 06:29
 

Le vol Regis 753 atterrit à l’aéroport JFK de New York. À peine sur le tarmac, l’équipage de ce Boeing en provenance d’Allemagne ne répond plus. Liaisons coupées et lumières éteintes, on pourrait penser à une panne, pourtant improbable. Très vite, on se rend compte que tous les passagers de l’avion fantôme sont morts. Dans l’hypothèse d’un virus meurtrier fulgurant, l’avion est immédiatement placé en quarantaine. L’épidémiologiste Éphraïm Goodweather et son assistante Nora Martinez sont appelés en urgence sur les lieux… Ainsi débute “La Lignée”, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan (Presses de la Cité, 2009), un roman monstrueusement riche en surprises.

Étrange impression pour Eph et Nora, découvrant ces deux cent personnes mortes soudainement. Il y a néanmoins quatre rescapés, bientôt hospitalisés. Le confinement de l’appareil permettra des analyses précises, avant les autopsies. Dans la soute, on retrouve un grand coffre noir vide, sorte de cercueil tapissé de terre. Une conférence de presse est destinée à calmer l’opinion. D’ailleurs, la foule des new-yorkais s’intéresse à un autre phénomène, une éclipse solaire. De retour dans l’avion, Eph et Nora constatent d’étranges irisations dans l’habitacle. Le curieux coffre noir a disparu si brusquement, que même la surveillance vidéo n’a pas capté cet instant. Encore les deux scientifiques ignorent-ils que l’objet a déjà fait une victime, la bagagiste qui avait approché l’avion. Les quatre rescapés se sont vite rétablis. Tous sont rentrés chez eux, sauf le copilote Redfern, qui se montre coopératif pour analyser son état. Toutefois, les passagers saufs vont ressentir des douleurs inquiétantes. À l’autopsie des victimes, on remarque que tous les cadavres portent des marques de lacérations, sans plaies. Les corps sont exsangues, mais aucun début de décomposition n’apparaît.

Abraham Setrakian est un vieux prêteur sur gages du quartier de Spanish Harlem. Lui, qui a connu les camps d’extermination et traversé bien des horreurs durant sa vie, a déjà compris ce qui se passe. Depuis son enfance, il connaît la légende de Jusef Czardu. Cette créature, il l’a plusieurs fois affronté. Abraham tente de contacter Eph et Nora à l’hôpital. Il les conjure de détruire au plus tôt les corps des victimes. Interpellé par la police, il est incarcéré au commissariat. Abraham va y croiser Gus, un jeune latino, involontairement mêlé à l’affaire. Alors que tous les corps ont mystérieusement disparu de l’Institut Médico-légal, et que le copilote Redfern subit une crise violente, Eph et Nora font finalement libérer Abraham. À l’abri de sa boutique, celui-ci va tout leur expliquer.

Vous pensez prendre un risque en vous fiant à la parole d’un vieux bonhomme dont vous ignorez tout. Mais, en un sens, je prends un risque mille fois plus grand en vous confiant cette responsabilité. Ce que nous évoquons là, ce n’est rien moins que l’avenir de l’humanité.Celui qui a voyagé dans le cercueil noir de l’avion, qui a conditionné les passagers, c’est le Maître vampire qu’Abraham traque depuis toujours. Il prédit avec justesse que, dès leur première nuit dans New York, les zombies vont faire des ravages. La contamination continuera la deuxième nuit, sans grand espoir de les arrêter. Bientôt accusé par le FBI, à cause d’une manipulation, Eph va devoir fuir avec Nora et Abraham. Il craint que les zombies s’attaquent à son fils Zack et à son ex-épouse. Le trio en cavale va élaborer une stratégie pour contrer le Maître des vampires. L’aide d’un courageux dératiseur ne sera pas de trop pour faire face au monstre…

Voici donc le premier épisode d’une trilogie écrite par le cinéaste Guillermo Del Toro, expert passionné de la mythologie des vampires, et le romancier Chuck Hogan. Depuis Dracula ou Nosferatu, visions romantiques issues de légendes anciennes, ces créatures appartiennent à la grande Littérature populaire. Les auteurs ont ici adopté une version plus puissante, où vampires et zombies symbolisent le Mal invincible et perpétuel. Pour la population ignorante du danger, le péril s’accroît au fil des heures et des jours. Frissons garantis pour les amateurs de spectaculaires scènes sous haute tension. Dès le départ, l’étrange situation interroge, puis on est captivé par le combat d’Éphraïm Goodweather, d’Abraham Setrakian, et de Nora Martinez. Inutile de préciser qu’il s’agit d’un scénario solide et très visuel, qui progresse dans la terreur et la violence. Même à un second niveau de lecture, plus décalé, cette histoire reste extrêmement réjouissante. Un roman très réussi, absolument entraînant.

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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 10:48
 

Bien que publiés chez ­Grasset Jeunesse, les romans d’Hervé Moisan (qui signe H.M.) s’adressent autant aux adultes qu’aux lecteurs ados. Certes, les faits ont pour décor l’univers lycéen (ainsi que des quartiers parisiens). Néanmoins, c’est sur la réalité actuelle que s’appuie l’auteur pour nous raconter ces histoires. Découvrons les aventures diablement mouvementées (et sanglantes) dans lesquelles sont entraînés Alex et Alexandra.

Gorges Rouges(2008). Le lycée professionnel Arthur Rimbaud est situé dans le 7e arrondissement de Paris. En Seconde BEP, Alex est un des 230 élèves de l’établissement. Ce jour-là, avec son pote black Tiago, ils découvrent leur prof de maths assassiné dans sa classe. Le sévère M.Guillaume a été égorgé. Ils alertent les autres enseignants. Peu après, la séduisante proviseure est tuée de la même manière dans son bureau. Alex pense avoir vu s’enfuir John, son copain de primaire et frère de sang, qui fréquente aujourd’hui des cailleras. L’enquête de police est dirigée par le commissaire Marouet, un Noir que les élèves surnomment vite Mariolle. Il interroge Alex, qui garde le silence au sujet de John. Ensuite, Alex a besoin de se confier à son amie complice, la rousse Alexandra, qui est en Terminale Bac Pro. Émettre des hypothèses ne les avance guère. Bien qu’il y ait une poignée de mecs louches parmi les élèves, ils pensent que l’assassin est plutôt un adulte.

Cherchant John, le duo passe chez son père, M.Moukrane, épicier Rue des Martyrs et fan de Johnny Hallyday. Grâce à Leïla, amie d’Alexandra, ils trouvent une piste. Mais Alex est agressé par deux jeunes caïds, Requin et Squale, qui protègent la planque de John. Quand Alex parvient à lui parler, John s’explique. Risquant d’être impliqué, il voulait récupérer le cassette de vidéo-surveillance dans le bureau de la proviseure. Il a assisté au meurtre, sans reconnaître le tueur. Le lendemain, peu concentré durant les cours, Alex est encore interrogé par le commissaire. Celui-ci suspecte fortement John, trop connu des services de police. Alex n’imagine pas son copain dans le rôle de l’Affreux (c’est ainsi qu’il surnomme l’assassin). Le soir, Alex et Alexandra tentent de contacter à nouveau John. À proximité de la planque, Squale a été égorgé par l’Affreux. Il leur faut retrouver Requin, dans une soirée reggae, pour suivre la piste de John.

Alex est directement confronté à l’assassin, qui le pourchasse et commet un véritable carnage. Heureusement, Alexandra intervient à temps pour sauver son ami. Hospitalisé, Alex apprend du commissaire que le criminel a fait en tout sept victimes. Cette série de meurtre a-t-elle un rapport avec le militantisme de M.Guillaume ? Le policier ne peut rien affirmer. Si, grâce à son héroïsme, Alex est devenu la star du lycée, il est conscient d’être surtout un appât pour attirer le tueur. Par un cousin de John, Alex va bientôt disposer d’un indice capital…

D’un côté, l’auteur évoque le harcèlement des jeunes blacks ou le sort de l’amie Leïla, mais n’oublie pas qu’il y aussi des cas graves de délinquance parmi la jeunesse “issue de l’immigration”. Et le racisme imbécile est contagieux. Pas de candeur complaisante dans le propos, donc. Narration claire et tempo rythmé, suspense et rebondissements au programme !

Samira(2009). Alex et Alexandra sont toujours scolarisés au même lycée. Ce jour-là, un incident se produit à la sortie de létablissement : les frères de leur copine Samira, qui a fui sa famille et vit dans un foyer, débarquent pour la récupérer de force. Le commando est vite repoussé, en particulier grâce à lintrépide Katia, qui va héberger Samira chez elle. Selon Alex et Alexandra, reste à savoir qui a mouchardé pour que les frangins arrivent à point nommé. Sans doute Saïd, plus délinquant que vrai lycéen. Pour glaner des infos, Alex se rapproche dAhmed, ami de Saïd. Comme Ahmed nest pas bavard, Alex le prend en filature jusquau Père-Lachaise. Il a rendez-vous avec Saïd et un autre jeune. Le trio repère vite Alex. Soudain, Saïd est abattu par arme à feu. Ahmet préfère fuir, tandis quAlex contacte (sans trop en dire) le commissaire Marouet.

Au Lycée, la réunion du petit comité de soutien à Samira est perturbé par des ados machos provocateurs. Mauvais prétextes et autres rumeurs sur la jeune fille fusent. Ça risque de virer à l’altercation violente. Pour une fois solidaires, les écervelées de Seconde arrivent en renfort. Pour comprendre le meurtre de Saïd, seul Ahmed a les réponses. Alex et Katia, toujours offensive, le pistent depuis les Passages Couverts jusqu’à La Défense. Bien que jouant au chef de gang protégé par ses comparses, qui malmènent Alex, Ahmed est abattu comme le fut Saïd. Pour Alex et Katia, la situation reste tendue tant qu’ils n’ont pas quitté le quartier. En y réfléchissant un peu plus tard avec Alexandra, ils concluent que le troisième jeune vu au Père-Lachaise est également en danger. Il s’agit d’un nommé Seb, vivant dans un milieu aisé, qui a un job dans un restaurant. Avec les deux autres, c’était la fête, le shit, le fric, et les filles trop crédules.

Alex et Alexandra s’arrangent pour le rencontrer. Seb est déjà conscient d’être la nouvelle cible. Il hésite quand Alex lui propose de tout raconter au commissaire. Il a tort, car le tueur n’est pas loin. Pour Alex, impossible de rattraper l’assassin qui s’enfuit en Vélib’. Une fois encore, Alex est interrogé par le policier Marouet. Tous deux pensent que le motif de ces crimes est probablement une vengeance. De leur côté, les frères de Samira ont maltraité une fille du Lycée pour savoir que le sœur se cachait chez Katia…

Cette histoire vivante, et même trépidante, montre une réalité du monde actuel, sans masquer ses contradictions et ambiguïtés. Si ados et adultes n’ont logiquement pas les mêmes valeurs, certains comportements n’évoluent guère : “Un mec qui couche, c’est un vrai de vrai, et une nana qui les imite, c’est une salope.” La tolérance n’empêchant pas la lucidité, Hervé Moisan nous décrit sans naïveté le contexte. Alex est de nouveau mêlé à une affaire dure et mouvementée, qui laisse une petite place à ses émois amoureux. Il va prendre quelques coups, y compris au moral. Car, à l’heure où l’enquête semble se dénouer, il va connaître des surprises supplémentaires.

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