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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 07:19
 

Les éditions Ex Nihilo publient un ouvrage destiné aux passionnés de culture polar:Roman policier, fragment d’histoirede Régis Messac. Il s’agit de chroniques sur de nombreux romans publiés dans les années 1930. Mais sans doute est-il nécessaire de rappeler qui fut Régis Messac (1893-1945). Il devient enseignant en 1922, exerçant comme professeur à Montpellier dès 1929. Cette année-là, il soutient sa thèse de doctorat, Le Detective novel et l’influence de la pensée scientifique.Éditée par Honoré Champion, cette célèbre étude trouve un large écho auprès des amateurs de romans policiers et devient un outil indispensable à toute recherche sur les origines du genre. Régis Messac publie la même année, à la librairie parisienne Picart, une autre étude importante : Influences françaises dans l’œuvre d’Edgar Poe.précise Claude Mesplède dans son “Dictionnaire des Littératures Policières” (Éd. Joseph K).

Régis Messac fut certainement le premier à considérer que la Littérature policière existait en tant que telle, sans être un sous-genre littéraire. Pour lui, le roman populaire se doit d’être de qualité. Aussi ne se trompe-t-il pas quand il fait l’éloge d’un certain Dashiell Hammett : “Dans Le faucon de Malte, tout le monde est immoral, crûment, froidement immoral. Une seule chose compte : l’argent, les dollars. Le détective lui-même, Spade, le héros de ce récit, ne vaut pas mieux que les autres, les criminels qu’il poursuit. D’ailleurs, il le sait et ne s’en cache pas…” Messac évoque aussi La clé de verre et L’introuvable, du même Hammett. Il s’agace de la propagande (selon lui) contenue dans les enquêtes du Père Brown, de G.K. Chesterton. Il salue la mémoire d’Earl Derr Biggers (décédé en 1933), dont le héros Charlie Chan est un policier chinois d’Honolulu. Il chronique encore quelques autres romanciers étrangers.

Parmi les auteurs français dont il parle, beaucoup ont disparu de nos mémoires. Néanmoins, il est intéressant de retrouver à travers ces textes les thèmes qui étaient abordés. Les schématiques affaires d’espionnages ne sont que rarement dignes d’y perdre son temps et son argent, selon lui. Ce qui importe, c’est que même dans un petit roman de mystère, l’intrigue soit solide. Dans ce cas, Messac peut se montrer bienveillant : “L’auteur jongle avec les vieux thèmes, mais avec une désinvolture espiègle qui les rajeunit. Pas beaucoup de vraie nouveauté, mais de la fraîcheur, de l’allégresse. L’auteur a dû beaucoup s’amuser à écrire son livre. On ne s’ennuie pas à le lire.” Mais, qu’on ne le déçoive pas : “Début impressionnant et dans le meilleur style (…) Mais quand on en vient à débrouiller l’énigme, le lecteur est déçu. L’auteur n’a rien de mieux à lui offrir que les intrigues de conspirateurs masqués (…) Vieille histoire qui n’est même plus bonne pour les opérettes.” ou encore “[ce roman] n’appartient pas au genre policier, mais au genre ennuyeux.”

Régis Messac évoque plusieurs romans de Georges Simenon (et s’amuse de son pseudo, Georges Sim). Ces textes nous remettent en mémoire des auteurs de qualité, hélas oubliés, tels Claude Aveline et Noël Vindry. Et quelques autres, bien plus mineurs, probablement. Messac n’aime pas le Grand Prix du Roman d’aventures, créé par l’ancêtre de la collection Le Masque. C’est pour cela qu’il commence par se méprendre sur le talent de Pierre Very. Même s’il garde une certaine réserve, il lui reconnaît ensuite une originalité (comme dans M.Marcel des Pompes Funèbres).

Rassemblant de nombreuses informations sur la Littérature de l’époque, à travers un panel représentatif de romans, cet ouvrage documentaire s’avère passionnant pour tous ceux qui s’intéressent à l’évolution de ce genre littéraire. Loin d’une étude rébarbative, ou d'opinions émanant d'un dilettante, c'est un excellent recueil de chroniques.

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 07:20
 

On avait adoréThérapie, son premier suspense psychologique, où le mystère joue sur certains aspects intimistes. Dans “Ne les crois pas (l’Archipel, 2009), Sebastian Fitzek place ses héros au cœur d’une mise en scène beaucoup plus spectaculaire. En effet, une prise d’otage est suivie à la radio par l’ensemble de la population de Berlin.

Alcoolique et suicidaire, Ira Samin est une psychologue de la police qu’on laisse sur la touche. Elle culpabilise depuis le décès d’une de ses filles, Sara. Ce jour-là, Ira a décidé d’en finir. Policier d’une unité de tireurs d’élite et ex-amant de la jeune femme, Götz vient la chercher pour être négociatrice d’une situation de crise. Dans les locaux de la radio 101.5, un homme a pris en otage un groupe de visiteurs, l’animateur et un technicien. Armé, il prétend être harnaché d’une ceinture d’explosifs, mais on ignore encore ses revendications. Il menace de tuer des otages à chaque Cash Call, jeu téléphonique célèbre de la station dont il a modifié les règles. Il en a probablement déjà abattu un, qu’il ne s’attendait pas à voir dans le groupe en visite. Il n’accepte de négocier qu’avec Ira. Steuer, le chef de la police, n’a aucune confiance en elle. Il préfèrerait un assaut rapide, mais Götz admet qu’Ira peut faire évoluer la situation. D’autant qu’on a pu installer une caméra pour observer le studio. Le bureau de Diesel, le rédacteur en chef déjanté de la radio, va servir de base à la négociatrice.

Le preneur d’otage est identifié. Il s’agit de Yann May, un psychologue qui a cessé son activité. Huit mois plus tôt, sa fiancée Leoni a été victime d’un mortel accident de la route. Au moment où on annonçait son décès à Yann, Leoni lui téléphonait en lui demandant de ne pas croire cette version de sa mort. Depuis, on a tout fait pour le dissuader de poser des questions, l’obligeant même à ne plus exercer son métier. Le programme étant repris en direct par toutes les radios berlinoises, Yann dénonce à complot d’État. Il exige d’Ira qu’elle retrouve Leoni, vivante selon lui. Il l’a compris en lisant le rapport d’autopsie, où manque un détail essentiel : la vraie Leoni était enceinte, pas la victime. Quand Steuer envoie un tireur d’élite, Yann tire sur celui-ci. Et Kitty, jeune employée de la station, se cache dans un placard du studio de radio, à l’insu de Yann. Kitty n’est autre que la seconde fille d’Ira, fâchée avec sa mère depuis le suicide de Sara. Le procureur général Faust débarque de son hélico. Niant les élucubrations de Yann, il demande à Ira de gagner du temps à défaut de calmer Yann.

Grâce à Götz, Ira parvient à entrer en contact par talkie-walkie avec Kitty. Toujours hostile vis-à-vis d’Ira, Steuer se demande si certains otages ne seraient pas des complices de Yann. Ce dernier n’est pas dupe quand la police détourne les appels téléphoniques du cruel jeu qu’il organise. Yann confie à Ira que sa fiancée Leoni conservait une part de mystère, y compris sur ses origines russes. De son côté, le rédacteur en chef Diesel trouve la preuve formelle que la photo de l’accident de Leoni est un trucage. Quand Yann détecte la présence de Kitty, l’équipe de Götz est prête à l’assaut. Bien qu’elle soit désormais écartée de l’affaire, Ira continue à être dangereusement impliquée dans la suite…

Yann prétend faire éclater la vérité, mais il se peut qu’il agisse pour un tiers qui veut récupérer Leoni. S’il a vraiment tué deux hommes, son cas apparaît réglé d’avance. Plus que la “disparition” de Leoni, ce sont les secrets qui l’entourent encore qui doivent être éclaircis. Sans nul doute, si elle est vivante, elle reste en danger. Quant à Ira, qu’elle soit au bord du suicide, ce n’est pas exactement ce qui la rend attachante. Certes elle est fragile, mais aussi capable de faire face, dualité de caractère offrant une force au personnage. Toutefois, on devine que l’affaire est pleine de faux-semblants, on n’exclut pas des manipulations, et on doit s’interroger sur le rôle des divers protagonistes. Énigmatique et riche en péripéties, ce deuxième suspense de Sebastian Fitzek est aussi convaincant et solide que le premier.
"Thérapie" de Sebastian Fitzek est aujourd'hui disponible chez Le Livre de Poche. Lire l'article consacré à ce roman.  

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 20:12

 

Basées à Perpignan, les éditions Mare Nostrum organisent un concours de nouvelles, "Roussillon Noir", jusqu'au 28 février 2010. En voici le règlement.

Ce concours est ouvert à tous les auteurs de nouvelles noires ou policières, sans limite d’âge. Lesdites nouvelles doivent être écrites en langue française et se dérouler dans les Pyrénées-Orientales. A l’issue d’une présélection, dix nouvelles seront retenues pour être présentées à un jury d’auteurs et de professionnels de l’écriture. Trois nouvelles seront primées (selon un vote émanant d’une majorité de voix du jury). La première sera éditée dans le recueil Noir Roussillon 2 aux éditions Mare Nostrum, les deux suivantes seront publiées sur le site  www.www.marenostrumedition.com .
Les gagnants seront personnellement informés avant la remise du prix, en mai 2010. La participation au concours engage l’auteur à accepter la publication de son texte sans condition. Au cas où des nouvelles seraient ex-æquo la voix du président du jury compte double. Elles ne devront pas excéder 20 pages d’une cinquantaine de lignes en Times 12. Chaque candidat ne peut envoyer qu’une seule nouvelle. Les nouvelles doivent être envoyées au format Word ou PDF à
marenostrum@orange.fr ainsi qu’en version papier avant le 28 février 2010 avec, en tête du manuscrit, vos coordonnées (nom, prénom, adresse postale et adresse mail). Les manuscrits ne sont pas retournés. Mare Nostrum éditions, 17 rue du Castillet 66000 PERPIGNAN. 

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 07:18
 

Présenté chez Pocket en “Édition Collector”, cartonnée avec jaquette, voici un court roman inédit de Maxime Chattam : “Carnages”. On sait que, dans la réalité, des tueries se produisent dans des écoles. Chattam se sert de cette base, de façon plutôt convaincante.

Policier à New York depuis douze ans, Lamar est un Noir à la taille imposante. Quand un carnage se produit dans un lycée de Harlem, il est appelé sur les lieux. Un élève de dix-sept ans vient de tirer sur tous ceux qu’il croisait, causant quatorze morts et vingt-et-un blessés. Le jeune tueur est bientôt retrouvé dans le local clos où il s’est suicidé. Complètement effrayé, l’élève Chris DeRoy est découvert caché dans la même pièce. Ayant rassemblé toutes les dépositions, Lamar reconstitue la sanglante matinée du tueur. Celui-ci étant mort, l’affaire est vite close. Mais dix jours plus tard, un deuxième carnage endeuille une école du Queens. Là encore, c’est un élève qui a abattu plusieurs victimes, avant de se suicider. Bien que ce ne soit pas le secteur de Lamar, il s’y intéresse. L’analyse des armes utilisées par les deux tueurs indique qu’il existe un lien.

Une nouvelle tuerie se produit dans un autre établissement. Trois carnages en trois semaines selon le même scénario, avec suicide des jeunes tueurs, il n’y a plus de hasard. Il est évident pour Lamar que quelqu’un se cache derrière cette série criminelle:…celui ou celle qui avait fourni les armes aux adolescents était un vieux briscard du crime, il en connaissait un rayon, et se tenait au courant (…) Quelque part dans les fichiers de la police, un homme était répertorié, qui pouvait être responsable de ces carnages. Ou du moins conduire Lamar au responsable.” Selon les témoignages, les tueurs étaient des ados normaux, un peu solitaires, pas réputés dangereux. L’expert en balistique relève un indice capital, qui pourrait remettre en cause les suicides volontaires des coupables. Lamar s’interroge effectivement sur le délai concernant le premier cas.

Au lycée de Harlem, si le gardien Quincey est plutôt coopératif, le directeur McLogan ne cache pas son hostilité envers le policier. Néanmoins, Lamar parvient à glaner quelques renseignements. L’un des élèves, à la scolarité problématique, ferait un bon suspect. Lamar expose à sa collègue Doris le scénario plausible de ce qui s’est réellement passé. L’adolescent ne se trouve pas au domicile de ses parents quand Lamar et Doris vont l’y chercher. Par contre, dans la cave où il se réunit avec des amis, les policiers découvrent des éléments capitaux. Il faut retrouver leur suspect avant un quatrième carnage…

Le lecteur comprend vite que l’hypothèse d’origine (un tueur par carnage) est trop simple. Mais s’il existe un “exécuteur”, il y a certainement aussi un “commanditaire”, l’un et l’autre n’étant pas si facilement identifiables. Quant au mobile des assassins, il est parfaitement crédible. On retrouve la narration fluide et précise de l’auteur. Ce suspense, plus bref que ses romans habituels, offre une facette séduisante de Maxime Chattam.


En cette fin d’année, Pocket nous présente neuf titres dans une “Édition Collector”, des livres cartonnés avec jaquettes. Outre le roman de Chattam, on pourra lire ou relire l’excellent “Tokyo” de Mo Hayder, qui obtint le Prix SNCF du polar européen et le Prix des lectrices de ELLE. Les autres titres sont aussi des romans marquants : “L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux”, de Nicholas Evans ; “Sur la route de Madison”, de R.J.Waller ; “La chambre des officiers”, de Marc Dugain ; “Je vais bien ne t’en fais pas”, d’Olivier Adam ; “Le Montespan”, de Jean Teulé ; “Sexe, diamants et plus si affinités”, de Lauren Weisberger ; “Les choses”, de Georges Perec. Voilà une idée-cadeaux supplémentaire pour les fêtes de Noël.

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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 07:28
 

Alain Demouzon figure depuis longtemps parmi les grands noms de littérature polar. Rappelons ses principaux succès, maintes fois réédités : Mouche (1976), Le Premier-né d'Égypte, Un coup pourri, Le Retour de Luis, La Pêche au vif, Mes crimes imparfaits (Prix Mystère de la critique 1979), Adieu La Jolla, Monsieur Abel, Section rouge de l'espoir, Quidam, Bungalow, Château-des-Rentiers, Paquebot, Dernière station avant Jérusalem, (Série Noire), Melchior, Melchior et les innocents, La Promesse de Melchior (Prix polar 2000 du salon de Montigny-lès-Cormeilles - Prix Mystère de la critique 2001) , Melchior en automne, Agence Melchior, Un amour de Melchior.

Aujourd’hui, Alain Demouzon nous propose une visite sur son site Internet. Non seulement parmi ses polars noirs, mais à travers l’ensemble de son œuvre.
www.alain-demouzon.fr
La photo d'illustration remonte à juillet 2002, la seule fois où Alain Demouzon fut invité au festival Le Chien Jaune de Concarneau. Il s'en souvient, dans la réponse qu'il adresse à Action-Suspense :

« Comme il est dit au chapitre "Sur les sentiers", de la page "Chemin faisant", du site Demouzon :  [...] comme toujours dans ce genre de “minutes heureuses”*, l’apparence d’amitié est fugace ; chacun retourne à son monde habituel et l’oubli brise le compagnonnage d’un moment. Pourrait-on rassembler un jour tous ceux que nous avons ainsi croisé au cours d’une vie ?

Ce Chien Jaune est un bon souvenir.

Je n'y ai participé qu'une seule fois et je ne doute pas de ces minutes heureuses (*Baudelaire) en votre compagnie et de quelques autres compagnons de route. Aurons-nous droit au grand banquet de retrouvailles de "tous ceux que nous avons croisé au cours d'une vie ?" Merci pour ce message amical et meilleurs souvenirs à votre blog. »

www.alain-demouzon.fr

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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 07:21
 

Après “Le dé d’Atanas” et “L’orgue de quinte”, voici le troisième épisode de la série L’Arcamonde d’Hervé Picart, “Le cœur-de-gloire” (Éd. Le Castor astral). Il s’agit de romans d’énigmes assez souriant, particulièrement séduisants. On se sent vite complice de l’astucieux enquêteur, qui s’inscrit dans la tradition des grands noms de la littérature populaire.

À Bruges, l’antiquaire Frans Bogaert et son assistante Lauren s’occupent de la boutique l’Arcamonde, sur le Spiegelrei (Quai du Miroir). En ce mois de mai, une très belle cliente va perturber l’inventaire imposé à Bogaert par son assureur. Toute de rouge vêtue, Ornella de Volder vient faire expertiser un bijou. Ce cœur-de-gloire n’est qu’un simple cristal sans grande valeur. À peine surprise, la belle Ornella jette le bijou peu après dans une poubelle. Mais elle revient bientôt, car le cœur-de-gloire est réapparu chez elle. Bien que Bogaert devine aisément une mésentente dans le couple, il ne s’agit pas d’un mauvais tour du mari. Celui-ci est actuellement en voyage. L’antiquaire cache le bijou dans son bureau, en sécurité, afin de l’analyser. Une fois encore, Ornella le retrouve chez elle. Lauren comprend que c’est un soi-disant technicien passé dans la boutique qui l’a dérobé. Bien qu’éprouvant peu de sympathie pour Ornella, Bogaert va enquêter.

L’intérieur du cœur-de-gloire contient un liquide rouge, qui s’avère être quelques gouttes de sang. Ce qui rappelle une secrète tradition toscane, du village de San Gimignano. Au lointain temps où des rivalités partisanes secouaient cette région d’Italie, ce bijou était le symbole d’une vengeance accomplie. Même Stendhal évoqua la chose dans une de ses chroniques, un document inédit. Sa version romancée raconte plutôt un drame passionnel, façon Roméo et Juliette, qu’une vérité historique. Néanmoins, un expert confirme que ce rituel de vengeance a bien existé. Ornella avoue avoir une “alternative amoureuse”, un amant surnommé Aramis, dont elle est sans nouvelles depuis plusieurs jours. Son appartement est vide, tout signe rappelant Ornella a même été enlevé. Bogaert relève des traces de sang sec. Il fait comparer le sang trouvé dans le bijou avec l’ADN d’Aramis, mais il se garde de conclure trop vite.

Rudy de Volder, le mari d’Ornella, a une étrange passion. Depuis toujours, il est fasciné par le sang, collectionnant des lettres écrites avec du sang. Certes, à Bruges, on célèbre la fête du Saint-Sang, mais ça reste une curieuse passion. Bogaert retrouve le fabricant des cœurs-de-gloire, auquel un anonyme en commanda quatre. De son côté, Lauren repère un détail sur la vidéo du vol du bijou dans la boutique. Quand Rudy de Volder se rend en visite chez l’antiquaire, il souligne un aspect troublant du caractère d’Ornella. Bogaert n’envisage pas que ce couple bizarre soit des criminels. Par contre, il est temps qu’on cesse de lui raconter des calembredaines…

Notre perspicace antiquaire se nomme Bogaert, son assistance cultive sa ressemblance avec Lauren Bacall, voilà qui augure d’une tonalité plutôt souriante. L’auteur n’est pas avare de formules amusantes. À une terrasse de bistrot, Bogaert croise même le commissaire Van In, héros brugeois des romans de Pieter Aspe. L’antiquaire est donc confronté à une mystérieuse affaire, où la psychologie des protagonistes a autant d’importance que la référence à des faits anciens. S’il possède la capacité déductive d’un Sherlock Holmes, Bogaert est un enquêteur d’aujourd’hui, équipé d’Internet, s‘informant auprès de ses contacts en réseau. Malgré tout, le bon sens et des exemples du passé sont toujours utiles pour approcher la vérité. Une série de très agréables romans d'énigme, à découvrir.

(“Le cœur-de-gloire” d'Hervé Picart sort le 5 novembre 2009)

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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 07:21
 

Outre ses nombreux polars, Roland Sadaune a déjà publié en 2001 un roman-jeunesse dans la collection Le Furet chez Albin Michel,Cherchez la cible. Il récidive avec “Rave-le-bol (Val d’Oise Éditions, 2009), les mésaventures du jeune et intrépide Guillaume, entraîné dans de dangereuses péripéties. Le héros va croiser des personnages singuliers, dont il a bien raison de se méfier.

Guillaume, quatorze ans, habite le quartier de la Bastille, avec son frère cadet Julien et leur mère. Vanessa, leur sœur aînée, déjà jeune adulte, vit aussi avec eux. Le jour d’Halloween, Guillaume a rendez-vous au MacDo avec son copain Davy, âgé de seize ans. Celui-ci est le fils d’un homme qui a de hautes fonctions dans la police, croit savoir Guillaume. Selon leur copine Sylvère, Davy est déjà reparti. Il a laissé un message pour son ami, évoquant “un type à la tronche de cire”. Par ailleurs, Guillaume essaie d’imaginer un moyen pour aller à la free party où doit se rendre sa sœur Vanessa. Il a tellement envie de savoir à quoi ressemble une rave ! Entre temps, Guillaume est convoqué au commissariat du quartier. La disparition du turbulent Davy, connu des services de police pour de menus méfaits, a été signalée. Guillaume ne peut guère les renseigner.

Julien, son jeune frère, est un petit futé. Selon lui, ce “type à la tronche de cire” fréquente le Very Rapidos, un fast-food. Sans difficulté, Guillaume repère cet homme qui semble effectivement très bizarre. Il s’installe là avec ses peluches à heures fixe, consomme en silence. Selon le jeune Arnaud (dit Naunau), on le surnomme le Dirlo. Par contre, quand Guillaume évoque son pote Davy, Arnaud s’énerve et le jette du fast-food. Peu après, l’adolescent est sévèrement menacé par un Antillais, qui lui conseille de se mêler de ses affaires. C’est encore grâce à Julien que Guillaume obtient des précisions sur la rave party. Le jeune garçon se débrouille pour se cacher dans le coffre de la voiture d’Eddie, le petit ami de Vanessa. Au bout du trajet, Guillaume ignore où il se trouve réellement.

Ayant trouvé le flingue qu’Eddie cachait dans son coffre, il s’empresse de le vider de ses munitions. Il doit jouer à cache-cache avec sa sœur et Eddie, qui ont deviné sa présence. Aucune chance pour lui d’entrer dans le hangar où se passe la teuf. Il remarque un certain Marco, dont Davy et Sylvère ont prononcé le nom. Guillaume retrouve aussi Arnaud, en mauvaise posture. Le petit délinquant lui explique les trafics auxquels il est mêlé. Il confirme le rôle de ceux que Guillaume soupçonne d’avoir enlevé Davy. Dès le lendemain, l’adolescent poursuit son enquête. À ses risques et périls…

Une histoire à la tonalité actuelle, mouvementée à souhait. Le tempo vif du récit, et l’écriture nerveuse de l’auteur, sont des atouts pouvant séduire les lecteurs ados. Et sans doute les adultes, qui y verront un scénario rythmé fort distrayant. Très agréable !

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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 07:10
 

Les nouvelles d’Alain Emery ont obtenu plusieurs Prix mérités. Il vient d’en publier un recueil aux éditions La Tour d’Oysel,Divines antilopes. Ces vingt textes ne revendiquent pas une étiquettepolar. Néanmoins, il y est souvent question de secrets et de mort, de déchéance et de culpabilité. À travers ces portraits, on imagine bien ces personnages figurant dans quelques romans noirs, ou au cœur d’intrigues criminelles à suspense.

Dans “Barnum”, un impressionnant garde du corps est au service de deux experts en licenciements, cyniques et sans scrupules. Face à la réalité des victimes de leurs décisions, il finit par réagir. Dans “La cuisine des anges”, un jeune professeur de piano visé par une rumeur est agressé par des excités. Seul témoin, son logeur préfère le silence. Dans “Divines antilopes”, un reporter photographe suit la chaotique carrière de l’artiste Lou. Le chasseur de scoop est encore sur sa piste, alors qu’elle est quasiment oubliée. “Chinook” met en scène un littérateur misogyne imbu de lui-même. Au contact de la jeune Clarisse, il déchante quant à sa séduction et son talent. Il se retrouve sous l’emprise fatale de la jeune femme. Dans “Les illusions en moins”, le trésor supposé du défunt Bourne attire bien des convoitises, sous l’œil amusé de son ami pêcheur. “Le messager de l’orage” est le portait, par son ordonnance majordome, d’un vieux général au caractère d’acier. Le héros de “Sortir du silence”, dont la mère agonise, se souvient de son père, violent alcoolique. “La maison du Français” se passe au Paraguay, où le vieux Costes s’est retiré avec ses secrets, avant de mourir assassiné. Dans “Chants de ruines”, un pauvre habitant du désert est devenu par chance gardien armé de cette frontière que d’autres tentent toujours de franchir. Situé au Brésil, “Vers le sud” évoque une ancienne danseuse, ruinée et alcoolique.

Dans “Tout l’or du monde”, un homme est hanté par ses fantômes, souvenirs d’un épisode dramatique à la fin de la dernière guerre. “Caboche” est le surnom d’un boxeur, qui a dû fuir sa région d’origine après avoir cogné à mort un pur salaud. “La procédure” est celle que suit à la lettre un huissier, plus préoccupé par ses projets que par le sort d’une femme endettée. Dans “Un reflet sur les eaux”, un vagabond est accusé du meurtre d’une dame âgée. Il possède un alibi, mais n’est-il pas condamné d’avance ? Dans “Lettres mortes”, un ancien garde-chasse disculpe par courrier un braconnier condamné pour meurtre. Initiative inutile, peut-être. “Un voile de cendres” évoque les suites fatales d’une violente altercations entre deux hommes, dont les rescapés n’ont plus jamais reparlé. Dans “De l’ombre à Dieu”, la veuve d’un écrivain rétablit la vérité sur la rivalité qui opposait son mari à un auteur de talent, causant la mort de ce dernier. “Les chiens entre eux” a pour décor un hameau pouilleux où un couple fut soupçonné d’avoir empoisonné des chiens. Le maître des lieux a laissé la situation s’envenimer. Dans “Un roi nu”, il assiste au procès de son grand-père. Doit-il lui aussi le condamner ? “Amigos” se passe dans les montagnes franco-espagnoles. Un vagabond et un vieil homme sympathisent. Le premier confie au second sa dérive et son crime…

Quelques pages pour décrire un destin perturbé, un secret qui ne s’efface pas si aisément, les dérapages d’une situation, ou les causes d’un comportement particulier. Faire passer l’émotion, la compréhension, la réflexion. Tel est l’enjeu, à la fois simple et ambitieux, des nouvelles d’Alain Emery. Dans ses courts textes, il réussit à transmettre cette empathie. Il nous rappelle que chacun vit avec sa propre expérience, parfois douloureuse. Un recueil de nouvelles très convaincant.

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