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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 07:19

 

Les “Podium Polars” d’Action-Suspense n’ont pas la valeur d’un Prix littéraire. Il s’agit seulement de souligner la qualité de trois romans à suspense parus dans l’année. En 2008, ils étaient attribués à Sebastian Fitzek, Joseph Incardona, et Nadine Monfils. Voici le palmarès 2009 des “Podium Polars”.

Megan Abbott :Absente” (Éd. Sonatine)

1951. Après avoir été reporter pour le magazine Cinestar, Gil Hopkins (dit Hop) est attaché de presse pour un studio hollywoodien. Son rôle consiste autant à écrire des communiqués de presse optimistes qu’à résoudre des situations à problèmes. L’épouse de Hop, Midge, l’a quitté après un mariage orageux. Elle a rejoint Jerry, journaliste confirmé et meilleur ami de Hop. L’attaché de presse est contacté par Iolene, une actrice métis. Celle-ci éprouve toujours des remords après la disparition de son amie Jean Spangler, deux ans plus tôt. Dans cette affaire très médiatisée, Hop n’avoua pas tout ce qu’il savait à la police. Le 7 octobre 1949, la starlette Jean Spangler quitte ses proches, prétextant un tournage de nuit. On ne retrouvera d’elle que son sac à main dans un parc, et quelques mots écrits à la hâte. Sur ce billet, elle cite un Dr Scott et un nommé Kirk. L’acteur Kirk Douglas prouve vite qu’il n’est pas concerné. Divorcée, peut-être enceinte, elle était l’amie de Davy Ogul, mafieux membre du gang Cohen. En réalité, Gil Hopkins fut un des derniers à croiser Jean Spangler. Avec Iolene, ils faisaient partie d’un groupe de fêtards s’enivrant au club Eight Ball. Il y avait aussi le duo Merrel et Sutton, stars de comédies musicales patriotiques. Quand ils buvaient à l’excès, Gene Merrel et Marv Sutton s’avéraient violents et pervers avec les femmes. Séduit par une peu farouche Miss Hotcha, Hop partit avant la fin de la nuit. Iolene, qui avait quitté les fêtards au miteux club Red Lily, se sent en danger et se cache. À l’issue d’une nuit d’ivresse, Hop raconte ce qu’il sait de l’affaire Jean Spangler à la jeune reporter rousse Frannie Adair. Le lendemain, il est conscient d’avoir trop parlé, mais se sent capable d’arranger ça. Néanmoins, Frannie mène sa petite enquête. Tout en surveillant le jeune femme, Hop recueille des témoignages sur la fameuse soirée…

PODIUM POLARS 2009Basé sur une véritable affaire de disparition, qui fut largement médiatisée à l’époque, ce roman de Megan Abbott reconstitue à la perfection les coulisses hollywoodiennes de l’après-guerre. À l’opposé du mythe de l’usine à rêve, c’est la sordide face cachée de cet univers qu’elle nous présente. Gil Hopkins incarne un de ceux qui bâtirent la légende dorée d’Hollywood. À sa façon, même si la “vraie vie” n’a plus grand sens pour lui, il reste honnête. Deux ans après les faits, il a vraiment envie de savoir ce qu’il est advenu de Jean Spangler. Un pur régal noir !

Saskia Noort : “Petits meurtres entre voisins” (Denoël)

Aux Pays-Bas. Karen, son mari Michel, et leurs deux fillettes, sont des citadins venus d’Amsterdam, installés depuis quelques mois dans ce village. Ils ont bientôt sympathisé avec un groupe d’amis, trentenaires avancés, ayant réussi socialement. En devenant proche d’Hanneke, femme active comme elle, Karen a lié connaissance avec Patricia, Babette et Angela. Toutes cinq ont crée le Club de Dîneurs, où chacune organise des soirées festives, avec leurs maris. Épouse du riche Simon, Patricia étale nettement plus de luxe que les autres. Il leur arrive de s’alcooliser lors de ces soirées, mais l’ambiance reste chaleureuse. Une nuit, un incendie ravage la maison de Babette. Elle est sauve, ainsi que ses deux fils, mais son mari Evert a péri. On comprend vite que c’est Evert qui, par désespoir suicidaire, a voulu se supprimer avec sa famille en brûlant leur maison. Ses amis le savaient dépressif; il avait même été interné quelques temps. Mais nul n’aurait imaginé le pire. Babette est accueillie chez Karen et Michel. Particulièrement touchée, Hanneke disparaît une nuit, se réfugiant dans un hôtel d’Amsterdam. Babette avoue à Karen que son mari et Hanneke ont eu une liaison amoureuse, la priant de ne pas en parler. Le lendemain, on apprend qu’Hanneke est tombée du balcon de sa chambre d’hôtel. Elle est hospitalisée dans un état critique, plongée dans le coma. Accident, suicide, alcool, la policière Dorien Jager n’exclut aucune éventualité. L’incendie, la mort d’Evert, s’expliquent : c’était un loser, en proie à des délires violents. Financé par le riche Simon, Evert s’était lourdement endetté. Karen est attirée depuis longtemps par le charismatique Simon. Un soir, il font l’amour en cachette. La jeune femme sait qu’elle ne doit pas s’amouracher de cet amant. Dorien Jager poursuit son enquête sur la mort suspecte d’Hanneke, interrogeant entre autres Karen. Peu après, Karen sent planer un malaise : elle est accusée par ses amis d’avoir révélé des secrets à la policière, ce qui est faux…

Suspense psychologique, où soupçons et hypothèses autour de deux cas litigieux alimentent une très bonne intrigue, nuancée. Saskia Noort nous décrit avec une fine justesse l’hypocrisie qui règne généralement dans un cercle d’amis. Quels que soit la tranche d’âge ou le niveau social, la superficialité des rapports dans ces petits groupes se constate partout. Sous le masque de la convivialité, les liens manquent de sincérité, attisant de fourbes reproches et de sourdes jalousies. Finaliste du Prix SNCF du Polar cette année, Saskia Noort mériterait cette récompense.

Jean-Paul Jody : “La route de Gakona” (Seuil)

Le détective privé Kinscoff accepte d’enquêter sur le suicide suspect d’un retraité nantais. Bricoleur inventif, l’homme n’avait aucune raison de mettre fin à ses jours. Il était membre d’un réseau de passionnés des techniques électromagnétiques, lui-même testant des expériences curieuses. Kinscoff interroge son ami Babou, de la compagnie Royal de Luxe. Le retraité avait retrouvé un des multiples brevets du scientifique Tesla, un visionnaire du début du 20e siècle. Celui-ci imagina maîtriser les ondes afin de fournir à tous de l’électricité gratuite, projet que rejetèrent les industriels de son temps. Par contre, les militaires s’inspirèrent de ses travaux, exploitant l’idée d’un “rayon de la mort” permettant de contrôler le mental humain. Quand l’éléphant de Royal de Luxe est saboté, c’est Babou qu’on vise. Rejoint par sa stagiaire effacée Cathy, Kinscoff interroge un radioamateur, ami de Babou. S’il n’est pas parano, des expérimentations extrêmement dangereuses pour les êtres humains seraient en cours. Après avoir été attaqués en voiture, Kinscoff et Cathy rentrent à Paris. La stagiaire cherche des infos sur les brevets de Tesla, sur les expériences actuelles concernant le climat, et sur les “chemtrails”. Ses découvertes sont, pour le moins, fort inquiétantes. Kinscoff, son associé et Cathy se savent surveillés par un individu. Dans l’ombre, l’américain Schramm dirige une opération de grande envergure. Pour protéger un programme expérimental, il envoie à travers le monde ses deux tueurs, Doug et Daemon. Ceux-ci ont supprimé des radioamateurs en Pennsylvanie, dans le désert australien, le retraité nantais et un vieux savant japonais. Schramm a obtenu la collaboration des services secrets français. C’est ainsi que le maître agent Tiez a engagé son ami Melchior. C’est lui qui surveille les agissements de Kinscoff, cherchant à réduire au silence ceux qu’il contacte. Kinscoff étudie la documentation du retraité nantais. Cathy s’informe sur le conditionnement humains et ses divers procédés. Certaines BD et autres récits de science-fiction ne sont peut-être pas si éloignés de réalités d’aujourd’hui. Une climatologue, experte du réchauffement climatique, expose à Kinscoff les théories controversées sur ces questions. Elle évoque une base expérimentale norvégienne, pouvant correspondre aux vieux projets de Tesla. Kinscoff et Cathy se rendent le plus discrètement possible en Norvège. Malgré les précautions, Schramm est avisé de leur destination. Puis c’est vers le Canada et l’Alaska que le couple va poursuivre sa quête de vérité sur la mystérieuse utilisation des ondes…

S’appuyant sur une très riche documentation, assortie de détails d’autant plus angoissants qu’ils sont précis, Jean-Paul Jody nous suggère des hypothèses qui ne relèvent (hélas) plus de la science-fiction. Les ondes sont utilisées dans notre quotidien. Évidemment, sont traités de paranoïaques ceux qui formulent des suppositions pourtant plausibles. “La route de Gakona” est également un excellent roman d’action. Le couple de héros nous entraîne dans leurs trépidantes aventures, de la région nantaise jusque sur la glaciale et impraticable piste Chilkoot. Le danger est en permanence à leurs trousses.

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 07:20

Action-Suspense vous souhaite un Joyeux Noël !
lectricesNOEL.JPG

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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 07:10

Publié aux Éditions Phébus en 2006, “Déjanté” de l’auteur irlandais Hugo Hamilton est réédité dans la collection Points. Avec sa part de sourire, voilà un véritable suspense noir, de qualité supérieure.

À Dublin, Pat Coyne est un policier de base, un garda. Âgé d’environ 35 ans, il est marié à Carmel, qui se passionne actuellement pour le dessin. Ils ont trois jeunes enfants. Coyne n’a guère d’affinités avec sa belle-mère, Mrs Gogarty. Son métier consiste à être vigilant, à traiter les méfaits du quotidiens, à traquer les délinquants. Arrêter des petits malfrats tel ce Joe Perry, qui a tenté un hold-up à la Poste, avant d’être vite rattrapé. Coyne l’ayant un peu brusqué, on relâche rapidement Joe Perry. HAMILTON-Dejante.JPGLe commissaire Molloy voudrait bien que le garda Coyne s’en tienne à sa mission, sans violence ni héroïsme. Pourtant, quand il voit qu’on ne fait rien contre Drummer Cunningham et sa bande, Coyne en est révolté.

Un certain Brannigan accepte de révéler ce qu’il sait sur ces trafiquants, jusqu’ici intouchables. Mais Drummer Cunningham et ses complices interceptent le témoin, avant de le supprimer. Bien sûr, ces hommes sont ensuite interrogés par la police, mais on ne retient aucune accusation contre eux. Coyne consulte son ami ancien garda, Fred Metcalf, pour savoir comment s’attaquer à ces truands. Il n’hésite pas à défier Mick Cunningham, le frère de Drummer, mais le commissaire Molloy lui rappelle sévèrement que ce n’est pas sa fonction. Afin d’éloigner un temps Carmel des cours de dessins donnés par George Sitwell, Coyne emmène son épouse en balade dans l’ouest du pays.

Au retour, il décide de surveiller la bande de Cunningham, de s’améliorer physiquement, de s’affirmer comme une “vrai dur”. En famille, il va mener sa petite enquête dans une boucherie et une ferme pouvant masquer les trafics de Cunningham. Sans succès, en vérité. Avec son ami Vinnie, il passe une soirée au Jet d’Eau, le night-club de Drummer Cunningham. Il y rencontre Naomi, une jeune junkie paumée qu’il a déjà croisée, qui est la maîtresse de Cunningham. Coyne est bientôt viré de la boite par le videur. “La justice de Coyne” est désormais en marche. Il se venge en brûlant la voiture de Drummer. Les jours suivants, la bande de truands enquête pour identifier le responsable. Quand il entame une course-poursuite contre Joe Perry, Coyne joue un peu trop à “Mr Suicide”. L’accident est inévitable, détruisant sa voiture de service.

Le couple ayant quelques soucis bancaires, Coyne se venge du banquier en se défoulant à sa manière. Le prof de dessin Sitwell porte plainte contre Coyne pour procédure abusive, ce qui entraîne la suspension du garda. Carmel est brièvement kidnappée par Cunningham et ses amis, qui l’humilient en l’obligeant à danser. Cette fois, la guerre est déclarée entre Coyne et les truands. Il ne craint pas de les affronter sur leur terrain, tout en essayant de sortir Naomi de sa dépendance. Coyne se met sérieusement en danger, ainsi que sa famille. Au risque de périr en jouant les justiciers…

Pat Coyne est un personnage diablement attachant. Honnête citoyen irlandais s’étant forgé ses propres valeurs, c’est davantage un révolté qu’un excité : “Le type décidé. Qui sait exactement ce qui ne tourne pas rond dans le monde. C’était un flic dévoué. Bien au-delà des exigences du devoir […] Il était en croisade, et Dublin avait perdu les pédales, aussi simple que ça. Il obéissait à un appel intérieur avec pour mission de réformer la société et de nettoyer la ville. Et puis il allait bien falloir que quelqu’un s’occupe de ce putain d’environnement.” Coyne est un type qui se cultive, s’intéresse à la nature et à la marche de notre société. Lui qui a manqué de père, il se comporte en bon père de famille. Par ailleurs, quand les faits ne correspondent pas à sa vision des choses, il donne dans l’excès, ce qu’il appelle “La justice de Coyne”. Ce qui nous offre des scènes d’une grande drôlerie. Avec ses méthodes incertaines, il passe à l’action de façon souvent suicidaire. Finalement, il est assez touchant, jamais vraiment ridicule. Car, si son raisonnement lui est personnel, son combat n’est pas stupide. Excellent !
Lire aussi la chronique d'Eireann Yvon sur ce roman (cliquez)

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 07:09
 

Que vont nous présenter les éditeurs en ce début 2010 ? Voici une douzaine de titres parmi les suspenses à venir. Pour les sorties du mois de janvier, commençons avec notre vieil ami Salvo Montalbano.

Camilleri-mini.JPGAndrea Camilleri : Les ailes du sphinx (Fleuve Noir). Lorsque le corps d’une jeune femme, un papillon tatoué sur l’épaule, est découvert dans une décharge, le commissaire Montalbano traverse une mauvaise passe. Les choses vont mal avec Livia, son éternelle fiancée génoise, depuis son incartade avec une très jeune fille à l’épisode précédent (Un été ardent), sans compter que son récent infarctus l’inquiète. Et puis il vieillit et ça lui mine le moral. Il se charge néanmoins de l’enquête qui va le mener à une pieuse association favorisant l’immigration de filles de l’Est. Seulement, tandis qu’il s’occupe en même temps d’un étrange enlèvement, il se heurte à l’évêque et aux plus hautes sphères de l’Église et de l’État, mobilisées jusqu’à Rome pour entraver la découverte d’une vérité glaçante. Avec une galerie de personnages hauts en couleur et dans cette langue savoureuse qu‘on aime, Camilleri nous dévoile, bien au-delà de son île, l’universelle vilenie d’une certaine bonne société.

Didier Sénécal : Mortelle collection (Fleuve Noir). En se réveillant dans sa chambre d’hôpital après un long coma, SENECAL-miniBertrand Cousin éprouve la joie du miraculé. Mais lorsqu’une infirmière vient lui annoncer que son épouse a perdu la vie dans leur tragique accident de voiture, toute l’horreur de la situation lui revient en bloc. La route Napoléon, la voiture grise dont il est sûr qu’elle les suivait depuis l’après-midi, et la queue de poisson, juste avant le ravin. Bertrand Cousin n’a plus rien à perdre et c’est désormais une question d’honneur. Il doit retrouver l’assassin. Puisqu’il s’agit d’un crime, Cousin en est certain. Qui pourrait bien vouloir du mal à cette banale grenouille, à ce professeur sans histoire ? C’est ce que se demandent les deux agents américains chargés de le surveiller, ignorant tout de la mission qui les contraint de jour comme de nuit à épier les faits et gestes de ce pauvre petit homme. Et l’équipe de la DST mandatée pour espionner les deux Américains n’y comprend guère davantage. De rencontres en rencontres une seule chose est sûre : le petit homme en question les met sur la piste d’un autre petit homme dont la grandeur a traversé les siècles... (L’auteur marque une pause dans le récit des aventures du commissaire Lediacre. Il a choisi ici un mode de narration qui ménage le suspense en alternant trois points de vue : GRULEY-minile protagoniste principal, les agents américains et les agents français.)

Bryan Gruley : Starvation Lake (Le Cherche-Midi Éditeur). L'État du Michigan, vaste étendue de la région des Grands Lacs à la frontière canadienne, connaît des hivers rigoureux, où l'ennui est souvent aussi mortel que le blizzard. C'est là, dans la ville de Starvation Lake où il est né et a grandi, que Gus Carpenter est revenu pour s'occuper du journal local après une brillante carrière dans un grand quotidien national. Cette petite communauté où tout le monde se connaît est en état de choc le jour où la motoneige de l'ancien entraîneur de hockey disparu vingt ans plus tôt refait surface au milieu d'un lac gelé, criblée d'impacts de balles. Ancien joueur de l'équipe, Gus va chercher à élucider ce mystère, qui le touche de près. Cette petite société qu'il croyait pourtant bien connaître ne va pas tarder à révéler des secrets tous plus sombres et sordides les uns que les autres. Le premier suspense de Bryan Gruley, un portrait sans concession d'une petite ville de province et de ses turpitudes.

KELLERMAN-miniJonathan Kellerman : Meurtre et obsession (Seuil Policiers). Tanya Bigelow était une fillette très rangée lorsque le psychologue Alex Delaware la soigna pour des troubles obsessionnels. Âgée maintenant de 19 ans, elle vient le revoir parce que sa tante et mère adoptive, Patty Bigelow, lui a avoué un crime sur son lit de mort. Delaware se souvient de Patty comme de quelqu’un qui n’aurait jamais pu commettre cette chose terrible. Mais pour apaiser Tanya, il décide d’enquêter et demande à son ami, l’inspecteur Milo Sturgis, de lui donner un coup de main. N’ayant que de vagues détails de la supposée affaire, les deux amis se lancent dans une enquête qui les conduit des quartiers les plus minables aux plus belles propriétés de Los Angeles et leur fait découvrir des personnages bizarres et inquiétants. Jusqu’au jour où un meurtre horrible, et bien réel celui-là, leur ouvre les portes d’un passé où désespoir, vengeance et mort formaient un cocktail absolument sordide.

Michael Koryta : La nuit de tomahawk (Seuil Policiers). Voilà sept ans que Frank Temple a appris l’horrible secret de son père: héros de la guerre du Vietnam (comme son propre père avait été un héros du débarquement en Normandie), celui-ci l’était réellement. Mais c’était aussi un tueur à gages, cette double existence le conduisant au suicide. KORYTA-miniBouleversé, Frank a passé sept ans à fuir ce sombre héritage et ne peut croire que son père ait été si ignoble. Après tout, ses victimes n’avaient rien d’innocent. Et Devin Matteson, l’homme qui l’a entraîné dans le crime avant de le dénoncer au FBI, n’était pas un saint non plus. Quand un vieil ami appelle Frank pour lui dire que Matteson revient s’installer dans un lieu sacré de la famille, celui-ci ne le supporte pas et envisage de le tuer. Sauf que Matteson est introuvable et qu’il tombe sur une femme aussi superbe qu’étrange et un monsieur très nerveux et fortement armé. Que faire ? La solution se dessine lorsque deux tueurs de Miami se pointent à leur tour…

Jeffrey Archer : Le sentier de la gloire (First Éditions). Le 8 juin 1924 à 12h50, à environ 620 pieds du mont Everest, George Leigh Mallory, alpiniste de renommée mondiale, et son compagnon de cordée, Andrew Irvine, sont aperçus vivants pour la dernière fois. Soixante-seize ans plus tard, le 1er mai 1999, une expédition américaine découvre à 8229 mètres sur la face nord de l’Everest le corps exceptionnellement conservé de George Mallory. Est-il mort en montant vers le sommet, ou au retour de son ascension ? Car, dans ce cas, ce ne sont peut-être pas Edmund Hillary et son sherpa Tensing Norgay qui furent les premiers vainqueurs à vaincre mille difficultés pour arriver au sommet.

Sara Gran : Viens plus près (Sonatine Éditions). Amanda a tout pour être heureuse : un mari qu’elle aime, un métier (architecte) qui la comble. Une vie parfaite, en apparence. Jusqu’au jour où, dans un état second, elle se met peu à peu à réaliser ses désirs les plus fous, à donner libre cours à toutes ses pulsions. Est-elle possédée? Cherche-t-elle inconsciemment une libération totale, absolue? Jusqu’où ira cette descente aux enfers, qui peut parfois prendre des allures de paradis?

FLYNN-Gillian-miniUn coup d’œil sur quelques titres à paraître en février 2010.

Gillian Flynn : Les lieux sombres (Sonatine Éditions). Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans leur ferme familiale. Rescapée par miracle, la petite fille désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de 15 ans. Ce fait divers émeut tout le pays, et la jeune Libby devient un symbole de l’innocence bafouée. Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby, qui ne s’est jamais remise du drame, souffre de dépression chronique. Encouragée par une association d’un type très particulier, elle accepte pour la première fois de revisiter les lieux sombres de son passé. C’est là, dans un Middle West désolé, dévasté par la crise économique et sociale, qu’une vérité inimaginable commence à émerger. Libby n’a d’autre choix pour se reconstruire, et peut-être enfin recommencer à vivre, que de faire toute la lumière sur l’affaire Quelles qu’en soient les conséquences.

Jérôme Bucy : La colonie des ténèbres (Éd.Belfond). À Paris, aujourd’hui. Des colonies de chauves-souris installées dans les souterrains du RER sont mystérieusement décimées. Andersen est un biologique travaillant pour Naturalis, fleuron de l’industrie chimique. BUCY-miniIl étudie l’influence d’un nouvel insecticide sur le comportement de ces animaux. En parallèle, Éphémère a piraté le site internet de Naturalis. Vivant près d’un site de production, cette jeune femme s’intéresse au cas de son voisin. Ce dernier, employé de l’usine, est tombé gravement malade après avoir respiré des gaz toxiques. Dans leurs quêtes respectives, Andersen et Éphémère vont remonter jusqu’à une série de crimes atroces perpétrés à Berlin-Est dans les années 1960. Bientôt, leur apparaît la vérité, plus terrifiante encore que ce qu’ils imaginaient.

Le 8e roman de John Connoly : L’empreinte des amants (Presses de la Cité). Ancien inspecteur devenu détective privé, Charlie Parker reste obsédé par une trahison jamais expliquée qu’il vécut autrefois. Il n’avait que quinze ans, lorsque sont père policier se suicida après avoir abattu un couple d’adolescents. Quand on lui enlève sa licence de détective, Charlie Parker part pour New York, sur les lieux de son enfance. Il tient à faire la lumière sur cette vieille affaire. Il retrouve et interroge les anciens collègues de son père, et l’entourage des victimes. En fouillant dans son passé, Charlie Parker réveille certains fantômes plus que malsains.

Greg Iles : Poison conjugal (Coll. Sang d’Encre). Chris Shepard mène une tranquille vie de médecin à Natchez, dans le Mississippi. Jusqu’au jour où l’agent du FBI Alexandra Morse se présente à son cabinet. Elle lui annonce que la femme qu’il vient d’épouser cherche à l’assassiner. D’abord dans le déni, Chris finit par douter et accepte de collaborer à l’enquête. Les investigations visent le célèbre avocat Andrew Rusk, spécialisé dans les divorces. Les conjoints de ses clients meurent sans qu’on puisse jamais prouver qu’il s’agit de meurtres. Puisque le nom de Mme Shepard figure sur l’agenda d’Andrew Rusk, il ne reste plus à Chris qu’à servir d’appât…

Un inédit de Gyles Brandreth : Oscar Wilde et le cadavre souriant (10-18). En 1882, Oscar Wilde n’est encore qu’un jeune poète ambitieux, dandy et tapageur. La série de conférences qu’il donne pendant plusieurs mois aux Etats-Unis lui apporte enfin fortune et notoriété. À New York, il rencontre Edmond La Grange, qui lui propose de monter Hamlet dans son théâtre parisien. PLAQUE1.jpgOscar Wilde accepte l’offre. À Paris, il se lie à un jeune écrivain anglais, Robert Sherard, fréquente Sarah Bernhardt et ses amis décadents. Plusieurs drames marquent les répétitions de la pièce. L’habilleur Traquair meurt intoxiqué par le gaz. Oscar est agressé. Fille d’Edmond et star de la troupe, Agnès La Grange disparaît. Malgré l’ambiance pesante, la première d’Hamlet est un triomphe. Pourtant le sort s’acharne sur Oscar Wilde et son entourage.

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 07:39

 

Pour rendre hommage à Jean Amila (1910-1995), voici une sélection totalement subjective de trois titres. Certes, il en écrivit de plus sombres et denses que les deux premiers, que l’on peut qualifier de comédies noires. Quant au troisième, c’est l’ultime roman de Jean Amila publié dans la collection Série Noire.

AMILA-Soif.JPG"Jusqu’à plus soif" (1962). Nomville est un tout petit village de Normandie, pas exactement comme les autres. Ici, on ne vit que pour la goutte, la gnole. On y fabrique une eau-de-vie si forte qu’elle attaque le système nerveux, poussant souvent au suicide. C’est dans cette ambiance que Marie-Anne, institutrice arrivant de Paris, va devoir enseigner. Apprendre quelque chose à des fillettes qui, à la récréation, boivent du café en ajoutant une bonne dose d’alcool, est-ce vraiment possible ?

De retour de la guerre dans les Aurès, Pierrot Soulage habite Nomville. Dans sa famille, on distille peut-être encore plus que la moyenne. Pierrot rencontre ce qu’il pense être la chance de sa vie : des trafiquants ont besoin de bons chauffeurs comme lui. Puisqu’il est recommandé par le père Bardin, un des responsables du trafic, tout devrait aller pour le mieux. Toutefois, le père Bardin n’aime pas du tout les truands qui envisagent de gérer le trafic à sa place.

Augereau, le cousin de Marie-Anne, est employé à la répression des fraudes, particulièrement chargé des trafics illicites d’alcool. Malgré une préparation et une efficacité évidente, Augereau a du mal à mettre la main sur ceux qu’il poursuit. Il manque de moyens contre un réseau bien organisé, sans doute soutenu dans de hautes sphères. Prise en grippe par sa directrice et une partie des parents d’élèves, Marie-Anne peut-elle continuer à enseigner ? Le risque d’agression est bien réel. À fréquenter des truands qui n’hésitent pas à éliminer les gens trop curieux, Pierrot n’est pas à l’abri du danger. Quant à Augereau, il prend des risques en s’en prenant à ce juteux trafic… Ce roman a été adapté au cinéma sous le même titre par Maurice Labro.

AMILA-Langes radieux"Langes radieux" (1963). Roger-le-Boucher est abattu par la police de Montargis, après avoir été signalé anonymement par Eugène Long, honnête comptable qui l’avait pris en auto-stop. C’est le prélude à une véritable course au butin, nombreux étant ceux qui veulent savoir où le truand a caché son magot. Claire, l’épouse légitime du défunt, vient d’accoucher. Aux policiers comme aux anciens amis de son mari, elle répond qu’elle ignore où il a planqué l’argent. De son côté, le brave Eugène Long pense avoir une excellente idée. Il veut retrouver l’argent pour que la famille de Bernier, un des convoyeurs tués dans le casse de Roger-le-Boucher, puisse le rendre à la banque. Adrienne, la fille de Bernier, estime l’idée stupide.

Avec la complicité de son amie Marité, Claire s’enfuit de la maison de l’Assistance Publique où elles vivaient. Les deux femmes et leurs bébés sont pistées par Cicisse et Jo-de-Fréjus, chacun de leur côté. Ceux-ci appartiennent à deux bandes de truands rivaux. Tous deux sont prêts à s’associer pour récupérer le butin. Truands et policiers descendent vers la Côte d’Azur, jusqu’à la villa Fleur d’Épine, perdue dans l’arrière-pays. Remue-ménage qui trouble la quiétude de Gallière, un peintre désargenté vivant non loin de ladite villa. Être sur place ne signifie pas qu’il soit plus facile de retrouver le fric. Eugène Long s’aperçoit un peu tard qu’il n’aurait pas dû se mêler de cette affaire. Claire et Marité risquent bien d’être bientôt au cœur d’un jeu sanglant… Ce roman a été adapté au cinéma par Georges Lautner (Fleur d’oseille, 1967).

AMILA-Hiroshima"Au balcon d’Hiroshima" (1985). En France, la fin de la 2e Guerre Mondiale approche. Delaveine et Roblet, deux petits truands, profitent d’une attaque de la R.A.F. pour s’évader de la prison où ils purgeaient leur peine. Sous les noms de Capitaine Carcasse et de Blaireau, le duo prétend ensuite appartenir à la Résistance. Leurs activités réelles restent douteuses. Leur principal but consiste à retrouver Roger Dampierre (dit Roro-des-Amandiers), qui a fui avec le butin de leur dernier casse. Celui-ci se fait désormais appeler Jérémy Gilbert. Il vit au Japon, où il exploite des machines à sous.

Bien qu’ayant retrouvé sa trace, le commissaire Bergeret aura des difficultés à aller plus loin en cette période troublée. En effet, au Japon, la guerre n’est pas terminée. Un raid aérien sur Tokyo détruit une grande partie de la ville. Roger perd sa femme et ses enfants, avant d’être fait prisonnier avec un groupe de Français. Déplacés d’un camp à l’autre, ils sont bientôt au bord de la famine. Pendant ce temps, ses anciens complices ont fini par reconstituer son parcours, et partent au Japon. Non sans mal, ils parviennent à leur but. Mais ils tombent aux mains de militaires japonais, qui mettent en prison tous les Occidentaux. Delaveine et Roblet ont-ils la moindre chance de retrouver Roger Dampierre dans de telles conditions ? Le butin ou la survie, qu’est-ce qui importe finalement le plus ? D’autant que la guerre va ici se terminer de la façon explosive que l’Histoire à retenu… C’est le dernier roman de Jean Amila, publié dans la Série Noire.

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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 07:16
 

Suite de notre série consacrée aux romans de Léo Malet. Avant de retrouver Nestor Burma, évoquons un roman qui mérite assurément d’être redécouvert. Parmi les héros éphémères créés par Léo Malet, on peut retenir le commissaire Raffin dans “Énigme aux Folies-Bergère”(1952). S’il s’agit d’un policier officiel, son enquête n’est pas moins sinueuse que celles du détective, avec lequel il partage de subtils points communs.

Burma-Folies-BergereRaffin reçoit un appel téléphonique d’Hubert Courvoisier, qu’il a rencontré chez des amis, avec lequel il a sympathisé. Celui-ci ne précise pas pourquoi il souhaite rencontrer le policier. Trois jours plus tard, Courvoisier est retrouvé mort assassiné, dans la Marne au volant de sa voiture. La famille de la victime se compose de sa femme Irène, qui adore les mondanités, et de sa belle-fille Solange Darnay, née du précédent mariage d’Irène. Solange est actuellement danseuse nue aux Folies-Bergère, un choix probablement en réaction à la vie trop bourgeoise de sa famille. Pour le commissaire Raffin, difficile de trouver le motif du meurtre de Courvoisier. Quand un petit truand jouant les indics est assassiné sur le palier du policier, ce dernier se demande s’il existe un rapport direct avec le premier meurtre. Peu après, un inconnu assomme le commissaire dans une guinguette inoccupée des bords de Marne. Selon leur amie commune, Mme Marchand, Courvoisier s’inquiétait de voir sa belle-fille employée aux Folies-Bergère. Peut-être voulait-il voir Raffin pour cette raison. Quel rapport existe-t-il entre le décès accidentel d’un certain Aaron Rosenthal, la vocation de Solange pour la danse nue, et l’étrange Clara. BURMA-120gareCelle-ci fut aussi danseuse aux Folies-Bergère, avant de perdre une jambe. On peut encore s’interroger sur deux danseuses, la jeune Jacky et la jalouse Dora, ainsi que sur leur logeuse, Marie Daugier. On retrouve entre leurs mains le 6.35 qui a abattu Courvoisier, mais faut-il en conclure que ce sont des criminelles ? Fatigué, le commissaire va lancer son équipe sur toutes les pistes pour enfin dénicher le coupable…

Souvent rééditée, la toute première enquête du détective Nestor Burma “120 rue de la gare” (1943) est de nouveau publiée chez Pocket. Bob Colomer, l’assistant de Nestor Burma, est assassiné sur un quai de gare, sous les yeux de son patron. Une jeune fille en trench-coat (ressemblant à Michèle Morgan) est présente, serrant dans sa main un pistolet. Avant de mourir, la victime cite une adresse dont le détective a déjà entendu parler. Un amnésique lui avait donné la même, quand il était prisonnier dans un stalag en Allemagne. À son retour de captivité, en 1941, Nestor doit séjourner un temps à Lyon. En cette époque trouble où les détectives n’ont guère de raison d’être, bonne occasion se reposer dans cette ville. Mais la mort de Colomer entraîne bien des questions. Comment se fait-il que cet éternel fauché détenait tant d’argent sur lui ? D’où connaissait-il Montbrison, célébrité du barreau réfugié en zone libre ? Et, surtout, où donc se trouve cette fameuse Rue de la gare ?

Burma-LouvresPublié en 1954, “Le soleil naît derrière Le Louvre” est le premier épisode des Nouveaux Mystères de Paris. Nestor Burma s’occupe d’un cas tranquille. Il doit faire en sorte que M.Lheureux puisse retourner chez lui en province. Zavatter est affecté comme garde du corps de ce client aisé. Lorsqu’un escroc du nom d’Étienne Larpent est assassiné, le détective n’est pas concerné. Sauf quand son ami le commissaire Florimond Faroux lui apprend qu’il y aurait une prime à la clé. En effet, ce meurtre a un rapport avec le vol d’un tableau de Raphaël, au Louvre. Nestor entreprend de surveiller Geneviève Levasseur, mannequin et maîtresse d’Étienne Larpent. Peut-être ignorait-elle tout des activités délictueuses du défunt, mais ça reste à vérifier. Parmi les amis de l’escroc, Nicolas Birikos, un Grec jouant très mal la comédie, et Maurice Chassard, un gigolo sans scrupules voulant s’essayer au chantage. Se montrant trop curieux, Nestor va recevoir quelques mauvais coups, qu’il sait encaisser. Suivant sa petite idée, il s’arrange pour que M.Lheureux ne quitte pas Paris trop vite. Après l’escroc, d’autres vont être supprimés. On trouve même un cadavre dans le bureau du détective. Quant au tableau de Raphaël, Nestor ne l’oublie pas. Mais il doit rester sur ses gardes, ne pas manquer de réflexes s’il veut sauver sa peau…

Le détective revient dans le deuxième épisode, “Des kilomètres de linceul” (1955). Nestor Burma est engagé par une amie d’autrefois, afin qu’il la protège de Moreno, son ancien amant. Toutefois, Esther Levyberg ne dit pas toute la vérité au détective. Celui-ci sait que Moreno est supposé être mort durant la Guerre d’Espagne. C’est plutôt le frère d’Esther, René Levyberg, qui a besoin des services de Nestor. Cet homme d’affaire, qui cherche à racheter un journal, semble être victime d’un chantage. Le clandé de la Rue de la Lune sert de boite à lettres au maître-chanteur. Lemeunier, un vrai pro du chantage, a été éliminé car il en savait probablement trop. Nestor se retrouve bientôt en mauvaise posture, avec un cadavre attaché à son poignet…

BURMA-TOLBIACOn peut considérer le neuvième épisode des Nouveaux Mystères de Paris comme un grand classique, actuellement réédité chez Pocket: “Brouillard au pont de Tolbiac” (1956). Ayant reçu une lettre d’un nommé Abel Benoit, qu’il ne connaît pas, Nestor Burma se rend en métro à l’hôpital de la Salpêtrière, d’où lui a écrit cet homme. Durant le trajet, il remarque qu’une jeune gitane le suit. Cette Bélita Moralès, qui a posté le courrier d’Abel Benoit, lui apprend que celui-ci vient de mourir. Nestor vérifie à la Salpêtrière, où il croise l’inspecteur de police Fabre. En voyant le corps, le détective reconnaît Albert Lenantais. Nestor a bien connu cet anarchiste autrefois, quand il fréquentait le Foyer Végétalien, à l’époque de sa lointaine jeunesse. Entre des utopistes nuancés tel Lenantais et des partisans d’actions radicales, les discussions étaient alors tendues. Le commissaire Florimond Faroux, qui les a rejoints, lui apprend que le vieil anar poursuivait ses traficotages. Quant à savoir qui l’a agressé, avant qu’il ne soit soigné à l’hôpital, la police n’a guère avancé dans son enquête. Le détective contacte le journaliste Marc Covet, afin qu’il glane des infos sur cette affaire. Puis Nestor se rend dans le triste quartier du passage des Hautes-Formes, où logeait Lenantais. Il intervient pour protéger Bélita, battue par une grosse sorcière nommée Dolorès, qui croit avoir des droits sur elle. Bélita voyait en Lenantais comme un père adoptif, qui payait pour que son clan manouche la laisse en paix. Nestor récupère le portefeuille que Lenantais avait confié à Bélita, espérant y trouver plus tard un quelconque indice. Lenantais est-il mort à cause d’une vieille affaire sanglante jamais élucidée, de la bande de gitans menaçant Bélita, de sa marginalité choisie ? Le détective devient intime avec la jeune femme, sans perdre de vue qu’il doit mener à son terme cette enquête…
Cliquez aussi sur : Léo Malet et les détectives (Nestor Burma) 
et aussi ici : Léo Malet : Pas de bavards à La Muette (Nestor Burma)

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 07:16
 

Publié au printemps 2009, le nouveau roman d’Hubert Monteilhet est intituléChoc en retour(Éditions de Fallois). Intrigue solide et subtile, pour un roman très plaisant à lire.

À Vaison-la-Romaine peu avant la 2e Guerre Mondiale, “Le Mas des Sources” est devenu une référence gastronomique grâce à la passion du cuisinier Urbain Desgenettes. 09-MONTEILHET.JPGEn juin 1944, alors qu’il vient de se marier avec Irène, Urbain est dénoncé à la Gestapo. Déporté en Allemagne, puis prisonnier des Russes, il n’est de retour dans son restaurant que le 21 décembre 1948. C’est aujourd’hui son cousin Gustave qui est chef de cuisine au “Mas”, toujours dirigé par Irène. Tant qu’il s’occupait de son “Auberge du Ventoux”, Gustave n’était qu’un piètre cuisinier, mais il s’est amélioré. Sœur de celui-ci et ex-amante d’Urbain, Angélique est toujours employée au “Mas”. Urbain découvre qu’Irène aurait eu deux filles jumelles, dont le père serait Gustave. Étonnant pour lui qui connaît la froideur sexuelle de son épouse, et vu le manque de séduction de son cousin.

Le commissaire Amédée Fontanège s’interroge toujours sur la dénonciation qui envoya Urbain en déportation. Suspecter Irène n’aurait pas de sens, puisque la jeune mariée s’est retrouvée dans l’embarras. On pourrait soupçonner Gustave, visant la place de cuisinier au “Mas”, établissement plus prestigieux que le sien. Il ne répond guère au profil d’un coupable, choqué qu’il est des accusations suggérées contre lui. Concernant Irène, des faits probables expliquent son refus de sexualité. Enfant, elle fut victime de son père incestueux, le marquis de Manges. Si elle garde le secret au sujet des fillettes jumelles, un échange de courriers entre Irène et son amie Louise permet de mieux comprendre le mystère. Quant au rôle de Gustave, dont le compte bancaire n’est pas très net, il reste encore à déterminer.

Accompagné d’Angélique, dont il s’avoue peu épris, Urbain s’accorde des vacances pour un safari au Ruanda. Là-bas, il sympathise avec des colons wallons. Selon eux, Angélique a le “mauvais œil”, idée laissant Urbain sceptique. Sur place, il rencontre aussi Lamantin, ex-secrétaire du commissariat de police, qui vola l’original de la lettre de dénonciation. Au courrant des pressions qu’Irène exerce sur Gustave, celui-ci lui présente son opinion sur l’affaire. En rentrant au “Mas”, Urbain a une franche explication avec son épouse. Peu après, on vole le manuscrit du traité d’Urbain sur la cuisine provençale. Plus grave, leur plombier est empoisonné à la place d’Urbain. Celui-ci et Irène éloignent le cadavre pour préserver la réputation du “Mas”. Même si le policier Fontanège conclut à une mort naturelle du plombier, d’autres décès surviennent…

Le héros narrateur est un gourmet raffiné, dont on comprend l’état d’esprit à travers ce genre de propos: “J’avais mis toute mon expérience, toute mon âme, toute ma générosité native dans cet essai [de 732 pages, sur la cuisine provençale]. Tandis que des fous furieux s’acharnent à détruire la planète, il est bon que des êtres raisonnables œuvrent modestement à de véritables progrès. La recette de la blanquette a quand même plus de portée que la bombe atomique.” Il est à l’image de l’auteur, outre sa production littéraire, qui fut un temps chroniqueur gastronomique. Grand prix de Littérature policière 1960, Hubert Monteilhet n’a rien perdu du plaisir de nous concocter un bon suspense, de nous raconter cette histoire sur le ton enjoué qu’il affectionne.

Voilà l’occasion de revenir sur un autre très bon roman d’Hubert Monteilhet publié en 1993 aux Éditions de Fallois, “Œdipe en Médoc”. Monteilhet-93C’est une des aventures de son héros Peter Rössli, qui enquête aussi dans “La part des anges” (1990), “Étoiles filantes” (1994) et “Le taureau par les cornes” (1996).

Dans le Médoc, deux amis quadragénaires possèdent chacun un domaine vinicole. Appartenant à l’aristocratique race des jouisseurs, Claude gère au mieux son château et ses crus de Pauillac. Philippe produit un faible Saint-Estèphe, et dirige mal ses affaires. Son épouse Christine est récemment décédée. Leur fille Claudine est âgée de dix-sept ans. Philippe a appris que Christine le trompait depuis des années avec Claude. Il a songé à divorcer. Dans une lettre écrite peu avant sa mort, sa femme lui avoue que Claudine est, en réalité, la fille de Claude. Endetté à l’extrême, Philippe laisse se développer (et encourage) une relation amoureuse entre Claude et la jeune fille.

Quand Claudine se trouve enceinte, Claude est ravi de l’épouser. Philippe ne cache guère qu’il va tirer financièrement parti de cette union. Ce n’est qu’après le mariage qu’il révèle à son gendre l’incestueuse vérité, preuve à l’appui. Son domaine étant en travaux aux frais de Claude, Philippe envisage de s’installer chez ce dernier.

Enquêteur à l’Union Suisse d’Assurances, Peter Rössli s’occupe d’une affaire douteuse pouvant impliquer Philippe. Celui-ci l’invite à un dîner prévu chez Claude. Ses hôtes passent une soirée très arrosée, avec Peter pour témoin. Le matin suivant, les deux hommes sont trouvés morts dans leurs chambres fermées à clé. Peter mène une enquête parallèle à celle du capitaine de gendarmerie. Ce qui est en jeu, c’est le versement d’une grosse prime d’assurances. Restant le seul à connaître la vérité sur le vrai père de Claudine, il s’efforce de protéger la jeune fille. Pour reconstituer les évènements de la nuit du crime, Peter a besoin de l’aide de son épouse...

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 17:15
 

Disponible chez Pocket, “Mortelle protection” de Robert Crais est une nouvelle aventure du détective Joe Pike et de son associé Elvis Cole. Rappelons que Joe Pike reste la bête noire de tous les flics de Los Angeles. Chez eux, personne n’a oublié son renvoi fracassant de la police, des années plus tôt, après la mort mystérieuse de son équipier lors d’une arrestation.

CRAIS-Mortelle_ptotection.JPGLos Angeles, en pleine nuit, Hollywood Boulevard est désert. Roulant à 160 km/h, la jeune héritière Larkin Conner Barkley (22 ans) ne se préoccupe pas des feux rouges. Soudain, c’est l’accident, son Aston Martin part en tête-à-queue. Dans la Mercedes gris métallisé qu’elle a heurté, une personne semble blessée. Malgré l’intervention de Larkin, les autres redémarrent et décampent rapidement. L’affaire aurait dû se terminer après son témoignage aux policiers. Mais dans les quarante-huit heures qui suivent, elle reçoit la visite d’agents du ministère de la Justice et des services du procureur. Quelques jours plus tard, elle est victime d’une première tentative de meurtre. Finie l’insouciance, quand elle réalise qu’elle est un témoin gênant.

Elle contacte le ténébreux Joe Pike, afin d’assurer sa protection. Ainsi naît un tandem forcé, bientôt confronté aux attaques d'un ennemi un peu trop bien informé. Tentatives de meurtre, courses poursuites et trahisons : Joe a trouvé des adversaires à sa taille. PLAQUE1.jpgIl ne peut compter que sur lui-même et son fidèle ami, Elvis Cole, pour mettre la fille à l'abri et sauver leurs peaux. La cavale infernale de ce couple improbable nous offre une plongée dans la jungle urbaine de la Cité des Anges. Un thriller musclé, nerveux.

Pike a parfois du mal à maîtriser sa protégée, comme dans cette scène où il la récupère dans un night-club arménien.

"La fille le repéra au moment où il atteignit le bar, et cessa de danser aussi soudainement qu’un enfant pris en flagrant délit de bêtise. Elle se releva et baissa les yeux sur lui, honteuse et effrayée. Pike s’immobilisa à ses pieds et, l’espace d’un instant, ils furent seuls dans la salle à ne pas être en transes. 
« Descendez, cria Pike entre deux pulsations de basses. »

Elle ne bougea pas. Ses traits exprimaient une tristesse qui le troubla. Il ne prit pas la peine de se répéter. Il n’était pas sur qu’elle l’ait entendu. Elle ne résista pas quand il la descendit du comptoir. Pike l’entraîna vers la sortie. Les clients ne savaient trop comment réagir, certains riaient, d’autres huaient ; mais tout à coup deux des cousins, les plus âgés, ainsi qu’un type massif à la bedaine saillante, s’interposèrent devant Pike…"

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