Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 07:15

 

Dès le début 2010, les éditions Points lance le “Prix du Meilleur Polar des lecteurs de Points”. Après une sélection participative et exigeante, un prix sera décerné au roman noir, au thriller ou au roman policier qui aura séduit le plus grand nombre de jurés-lecteurs. Neuf titres seront retenus, dont la liste sera dévoilée au fil des mois, et il n’y aura qu’un seul gagnant. Les grands noms devraient y côtoyer les nouveaux talents actuels. Ces romans seront issus des collections Points Policiers, Points Thrillers, et Points Romans Noirs. Le Président d’honneur de l’opération est Arnaldur Indridason, l’auteur de “La femme en vert” (Grand Prix des lectrices de Elle), “La voix” (Grand prix de Littérature policière, Trophée 813 du meilleur roman étranger), “L’homme du lac” (Prix polar européen du Point).

PRIX_POLAR_POINTS.JPGÀ partir du 3 janvier 2010, rendez-vous en librairie pour découvrir la sélection du mois. Tous les amateurs de polars, du simple lecteur aux libraires, en passant par les bloggeurs sont invités à s’inscrire pour entrer dans le jury. Celui-ci se doit d’être le plus représentatif possible. Il comptera trente jurés-lecteurs, qui défendront leur préférence. Les lecteurs qui souhaitent participer au jury devront se connecter avant le 31 mars sur le site :
www.meilleurpolar.com

En mars, la deuxième sélection sera dévoilée. En avril, les membres du jury seront choisis, et on pourra avoir des infos à leur sujet sur le site dédié. En mai, la troisième sélection sera annoncée. Le processus se poursuit jusqu’à l’automne. Le Prix sera remis au lauréat le 3 décembre 2010 par le Président du jury. L’ensemble du public pourra suivre tout au long de l’année l’évolution de ce Prix grâce au site www.meilleurpolar.com

 

Des infos sur le Prix 2011 ? Cliquez ici.

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 07:20

 

AprèsLa tectonique des ploucsetLa guerre des mistons, Sylvain Jazdzewski nous propose une nouvelle aventure du policier Ledru,Macchab’ en eau douce(Le Riffle, 2009). Si la forme semble plus classique, ne nous y trompons pas. Il s’agit d’un polar sombre, qui s’inscrit dans la tradition du roman noir.

09-JAZDZEWSKIAprès s’être marié à l’ex-prostituée junkie Morphy, l’enquêteur Ledru réintègre la police. Il va faire de nouveau équipe avec son jeune collègue David Danrou, qui créa avec lui et la défunte Germaine un foyer pour marginaux. Déjà une affaire mystérieuse se présente. On vient de retrouver un cadavre à l’état de squelette, baignant depuis environ quatre mois dans une rivière. Seuls signes distinctifs, l’homme poignardé non identifié porte deux pendentifs. L’un représente une salamandre, l’autre un dragon. David Danrou se souvient d’une bande, “l’Ordre de la Salamandre”, faisant du trafic sur la zone portuaire. On la soupçonna d’être impliquée dans le meurtre d’une jeune femme. Quant à l’autre symbole, il existe ici une association médiéviste Dragon Vermeil. Janier, le directeur du collège Prévert, est le responsable de ce groupe de passionnés réunis autour de la mythologie du Moyen-Âge et de ses dérivés.

Sur le port, le clochard Tarzan affirme n’avoir quasiment rien vu du meurtre de la jeune femme. Ledru et David interrogent aussi d’anciens marins, qui sont peu loquaces. On cite vaguement le nom d’un certain Piotr, qui passe pour un dur dans le secteur. Le vieux marin Jean semble pourtant en savoir davantage. Le duo de policiers le prend en filature, jusqu’à la planque de Piotr, absent. Ils interrogent ensuite Janier, de l’association Dragon Vermeil. Il leur explique que le dragon symbolise ce qui a trait au merveilleux, au fantastique, et vermeil est un clin d’œil au Chevalier Vermeil de la légende arthurienne. Par contre, le directeur du collège Prévert n’est pas pressé de leur donner la liste des membres du groupe. Les policiers remarquent une auberge nommée La Salamandre et le Dragon, tenue par la pulpeuse Jenny. L’endroit est sympathique, mais pourrait masquer des activités illégales.

Tarzan est assassiné, avant que deux autres morts suspectes ne se produisent. Le décès du vieux marin Jean passe pour accidentelle. Quant au suicide de Rebecca, membre de Dragon Vermeil, il apparaît fort douteux. Ledru obtient quelques informations de Frédo, ancien de l’Ordre de la Salamandre, aujourd’hui atteint d’un cancer. Dans l’enquête sur le squelette non-identifié, le policier va bientôt clore le dossier. La victime doit être Gérard Salmanodan, prof membre disparu de Dragon Vermeil. Mais il y a bien des faits que les policiers ignorent. Ce trafic de filles des pays de l’Est organisé par la bande du port allait sans doute plus loin que de la simple prostitution. Et quand Frédo se fit doubler par ses complices, il se tenait prêt à réagir. De son côté, Rebecca se posait des questions sur les têtes de Dragon Vermeil. Quant à prouver un lien entre les deux affaires, pas si facile pour Ledru et David…

Le policier Ledru s’occupe ici d’une enquête plus conventionnelle. Cadavre inconnu d’un côté, crime mal résolu de l’autre, et nouvelle série de meurtres, sont au programme. Toutefois, comme il ne s’agit pas simplement de résoudre une énigme, Sylvain Jazdzewski articule le récit d’une façon moins linéaire qu’il y parait. Une partie de l’histoire nous décrit la sordide réalité des faits. Entre les trafics sur le port, l’association du Dragon Vermeil, et l’auberge en ville, chacun des protagonistes mène son propre jeu. La noirceur est au rendez-vous, et explique les actes criminels. Quant à l’identité de la victime initiale, l’auteur nous la livre de manière ludique. Un roman fort convaincant.
Lire aussi l'article sur les deux précédents romans de Sylvain Jazdzewski, ayant pour héros le policier Ledru, ainsi que l'interview de l'auteur. Pour tous renseignements, on peut aussi visiter le site de l'éditeur, Le Riffle. (cliquez sur les liens)

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 07:14
 

Dans l’œuvre d’Ed McBain, la série mettant en scène les inspecteurs du 87e District d’Isola débute en 1956 avecDu balai !. Si le flegmatique et humaniste policier Steve Carella émerge du lot, tous ses collègues ont un réel rôle à jouer dans chacune des enquêtes. Sur plusieurs dizaines de titres parus dans cette attachante série, tous sont passionnants. Voici trois exemples illustrant la diversité des intrigues. Bienvenue à Isola, métropole américaine où règne le suspense.

McBAIN-Soufflerpastuer.jpgSouffler n’est pas tuer(1959). Un message anonyme a été apporté par un gamin de dix ans au commissariat du 87e.Je tuerai la dame ce soir à huit heures. Qu’est-ce que vous allez faire ?dit ce courrier. Qu’il s’agisse d’une provocation, d’une vraie menace de mort ou de la lettre d’un fou, les policiers du 87e sont tenus d’enquêter. Peut-être l’expéditeur veut-il qu’on l’empêche de commettre ce meurtre. Avant tout, il faut situerla dame. Est-ce plutôt cette chanteuse qui reprend son tour de chant, ou cette prostituée à la fausse biographie ? Quel rôle joue cet écrivaillon, qui gêne tout son immeuble en tapant à la machine, et ce type qui prétend avoir perdu ses jumelles ? L’inspecteur Cotton Hawes a failli mettre la main sur l’auteur du message. Des empreintes sur les jumelles méritent qu’on vérifie si on ne les a pas dans les fichiers de police. Il serait bon de retrouver le gamin qui apporta la lettre, afin d’établir un portrait-robot de l’inconnu. Le temps passe, le temps file. La chaleur pèse sur la ville. Il ne reste que douze heures pour retrouver l’expéditeur du courrier. Cotton Hawes espère bien qu’à huit heures tout sera résolu, car il a rendez-vous avec une jolie libraire. Une nouvelle fois, il est tout près d’attraper le tueur potentiel, qui s’échappe encore. Le portrait-robot n’est pas une si bonne idée, puisque aucun témoin ne reconnaît l’individu. Malgré la tension, Steve Carella finit par définir avec astuce le sens caché du message. S’i a vu juste, Cotton Hawes n’a que quelques minutes pour sauver la victime…

McBAIN-SoupeauxpouletsSoupe aux poulets(1959). Une femme toute de noir vêtue se présente au commissariat du 87e. Elle parait un peu âgée, mais n’a que trente-deux ans. Elle demande à rencontrer l’inspecteur Carella. Sortant une arme, elle annonce être venue tuer le policier. Elle le considère comme responsable de la mort de son mari, Frank Dodge. Ce dernier était un truand, un voleur, un meurtrier. Inutile de la raisonner, la veuve n’a qu’une idée en tête: abattre Carella, absent pour le moment. Au premier étage du commissariat, elle prend en otage les flics du 87e, avec une bouteille de nitroglycérine qu’elle menace de faire sauter. Le lieutenant Byrnes, les inspecteurs Cotton Hawes, Bert Kling, Meyer Meyer, tous doivent lui obéir. Le policier Hal Willis qui arrive avec Angelica, une Portoricaine qui vient d’égorger un type, est bientôt retenu lui aussi. Meyer tente de lancer des messages écrits dans la rue, mais seront-ils lus ? Hawes a son idée en accentuant le chauffage. Byrnes essaie d’alerter le flic de garde, sans être sûr d’avoir été compris. Angelica aide un peu la veuve, espérant pouvoir fuir. Pendant ce temps, Steve Carella enquête sur le présumé suicide du riche Mr Scott. À moins qu’il ne s’agisse d’un meurtre en chambre close ? Alan, David, ou Mark, l’un des fils Scott a-t-il tué leur père, en s’y prenant comment ? Un vrai casse-tête pour le patient Carella, qui sait réfléchir. Au 87e, la situation se complique quand la veuve blesse gravement le policier Miscolo. En outre, Mme Carella vient attendre son mari au commissariat. Cotton Hawes finit par se demander si la bouteille contient vraiment de la nitroglycérine…

McBAIN-OnsuicideOn suicide(1964). Délicate affaire pour Carella et ses collègues. Un couple s’est suicidé par le gaz. Après une explosion, on retrouve leurs corps côte à côte sur leur lit. Pour tout vêtement, ils ne portent que chacun un slip. Deux bouteilles de whisky largement entamées se trouvent au pied du lit. Un mot d’adieu tapé à la machine semble leur ultime message. Thomas et Irène étaient amants. Ils envisageaient de se marier, selon la mère de la jeune femme. Amos, le frère de Thomas, ne croit ni au suicide, ni à des projets de mariage. Quant au mari d’Irène, il affirme n’avoir rien su des infidélités de son épouse. Pour Carella et Hawes, certains détails sont troublants. Pas la moindre empreinte sur les lieux, même les verres ont été lavés. Curieux que ce couple nu n’ait pas fait l’amour avant de se suicider. Aucun véritable suspect parmi les proches. Mary Tomlinson, la mère d’Irène, ne voulait que le bonheur de sa fille. Amos Barlow, le frère de Thomas, vénérait littéralement celui-ci. Le mari d’Irène parait bien incapable de tuer. Carella est victime de deux agressions, sans qu’il y ait de lien certain avec ce dossier. Faute d’éléments nouveaux, il faudrait se résoudre à clore l’enquête. Mais les inspecteurs du 87e n’aiment guère les affaires aussi bancales que celle-ci…

Ces titres ont été réédités dans les tomes 1, 2 et 3 des Omnibus consacrés au cycle "87e District" d'Ed McBain.
Voir l'animation-vidéo en hommage à cet auteur (cliquer)
Lire aussi : "Alice en danger" d'Ed McBain (cliquer)

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 07:16
 

Publié chez ActuSF,Maudit soit l’Éternel !de Thierry Marignac ne manque pas d’originalité. Peut-être s’agit-il de Science-Fiction, ou plus justement de fiction. Quelque soit le qualificatif, ces deux nouvelles (qui se font suite) constituent des récits hilarants et délirants.

Depuis le Concile de 2020, la situation religieuse mondiale s’est radicalisée. Les occidentaux sont rassemblés au sein de l’Église Multiculte, tandis que les Musuls ont créé le Califat Unifié. Chacun à construit un mur de protection contre l’autre. Entre le mur Anti-Musuls et le mur Anti-Roumis, s’étend un espace contaminé appelé la Zone, où vivent des bannis de la Foi, les Contractuels. Néanmoins, toute frontière est perméable aux trafics, comme aux mauvais coups entre les deux camps opposés. MARIGNAC-Eternel.JPGJean-Pierre, le Roublard et le Secrétaire, trois amis depuis l’adolescence, ne sont pas les plus fervents croyants de la Chrétienté.

Employé aux Saintes Écritures, c’est le Secrétaire qui nous raconte leurs mésaventures. Sans doute est-il le moins ambitieux du trio. Malgré la pression maternelle, les Codes du mariage et de la bagatelle s’étant abominablement compliqués depuis 2020, il hésite à tenter l’expérience maritale. Sa mère vit avec le Sacristain, exorciste en titre, bénéficiant de maints honneurs. Fils d’Avocat liturgique agréé par le Vatican, Jean-Pierre a exploité ses dons d’orateur et son charisme de leader pour écarter le Cardinal. Devenu Sous-Diacre, il gère les affaires religieuses à la place du Cardinal. Le Roublard, c’est autre chose. De caractère suicidaire, il a finalement été expatrié dans la Zone. C’est l’opportunité qu’il attendait car, depuis, il y mène un fructueux bizness. Il traficote sans problème avec les Musuls, jamais à court de combines.

Un jour, Jean-Pierre et le Secrétaire décident d’aller le voir dans la Zone. Ils logent à l’Abbaye, où Jean-Pierre adresse un sermon aux nonnes sur les vertus de l’alcool. Pas étonnant que les choses dégénèrent après ça. Le Secrétaire repère sœur Marie-Thérèse de l’Annonciation, mais il y a peut de chance que sa mère l’accepte comme bru. À l’occasion de cette virée, Jean-Pierre a perdu son portefeuille contenant de précieux documents. Accompagné par le Commando du Juste, le duo retourne dans la Zone récupérer l’objet. Ne pouvant accuser les pilleurs de troncs, il faut organiser une séance d’exorcisme, qui tourne comme toujours à la pagaille.

(Dieu n’a pas que ça à foutre, 2e partie) Tout ça a donné l’envie à Jean-Pierre de devenir Exorciste titulaire, à la place du Sacristain. Avec ses amis pour assistants, il va se lancer dans des tournées missionnaires au cœur de la Zone. Le rituel risque d’être un peu différent. En face, chez les Musuls, Ahmed le dompteur est le chef des Services Spéciaux du Califat. C’est cet espion efficace et cruel qui a réussi à polluer certains aliments des Roumis. Quand le problème des relais holographiques se pose, il envoie Mémhet chez les Infidèles, avec l’agent Ispahan. Le Roublard et le Secrétaire vont leur permettre de suivre la tournée de l’exorciste Jean-Pierre. Ainsi, ils verront si des radars holographiques existent. En réalité, le Roublard a une idée derrière la tête…

Les tribulations déjantées de ce trio, dans un monde où règne l’absolutisme religieux, sont savoureuses. Pour contrer l’excès de domination ecclésiastique, la solution consiste à semer le bordel, semble nous dire Thierry Marignac. Pour ses héros, tous les moyens sont bons, surtout s’ils en tirent un bénéfice. Le désordre et la confusion supposant une narration débridée, voire saccadée, les amateurs d’histoires linéaires seront déroutés. Les autres adoreront sans nul doute. Il n’est pas si fréquent qu’un auteur sache traiter avec humour le thème de la religion, profitons-en !

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 07:13
 

Le roman de Guillaume FortinFaux semblants (Éditions du Polar) est sans doute à déconseiller aux âmes sensibles. Pourtant, ce n’est pas en usant d’un langage mesuré, d’images édulcorées, que l’on peut transcrire l’univers de la prostitution masculine, puisque tel est le contexte de cette intrigue.

Marseille, aujourd’hui. Policiers à la brigade criminelle, le jeune commissaire Lébovitch et son adjoint le commandant Marquez enquêtent sur un meurtre dans les milieux homosexuels. Le client d’un prostitué travesti a été assommé et mutilé post-mortem dans une miteuse chambre d’hôtel du quartier de l’Opéra. Contrairement à Marquez, qui affiche ses préjugés méprisants, Lébovitch ne croit pas à un banal règlement de comptes. On se serait plutôt attaqué à un prostitué, et non à un client. Galinette, un travesti qui accepte de jouer les intermédiaires entre prostitués et policiers, témoigne du sentiment de peur que tous ressentent depuis le crime. FORTIN-G-2009.JPGImaginant un tueur psychopathe, Lébovitch tente de se renseigner auprès des psys locaux, qui invoquent tous le secret médical. Tous, sauf la psychiatre sexologue Marie-Claire Savy.

Un de ses patients en analyse, Benjamin Reynaud, est un prostitué travesti. Depuis son jeune âge, son parcours personnel est éloquent. La mort de son père violent, la disparition de son jumeau, une adolescence chaotique, autant d’éléments l’ayant amené à s’enfoncer dans des situations de plus en plus perverses. Il évoque une sorte de dédoublement de la personnalité, idée confuse qu’il ne sait décrypter. Marie-Claire Savy accepte de collaborer tant soit peu avec Lébovitch, même si Benjamin n’est pas plus suspect qu’un autre. Marquez et ses collègues surveillent les travestis de la rue Curiol. Ce qui n’empêche pas que se produise un deuxième meurtre, similaire au premier. Interrogé à l’Évêché, le veilleur de nuit arabe de l’hôtel Horizon prétend ne rien savoir. Les clients des travestis sont listés, mais le juge d’instruction recommande de la prudence.

Alors que Lébovitch et la psychiatre deviennent amants, Marquez prend goût aux fellations prodiguées par Galinette. Il s’excite en jouant les voyeurs, matant en secret Benjamin avec un client. Ce n’est pas du côté de l’hôtel Horizon, fermé pour changement de direction, que Lébovitch obtiendra une piste. Un troisième meurtre est commis à l’heure où Marquez aurait dû être en surveillance. Occupé avec Galinette, il doit fausser son rapport. Quand Lébovitch fait le bilan des interrogatoires de prostitués, pas grand-chose n’en sort. Marquez surveille plus sérieusement Benjamin. Celui-ci est embarqué par un type en BMW, jusqu’à une propriété où se déroule une partouze homo sado-maso. Avant que Marquez ne puisse intervenir, un client de Benjamin est assassiné. Blessé, le prostitué est hospitalisé, sous protection policière. L’organisateur de la soirée, dont le père serait influent, apparaît comme le meilleur suspect…

Guillaume Fortin ne fait pas dans l’allusif, l’esquissé. Il se veut direct et percutant, tant dans les actes que dans les dialogues. Les pratiques en question engendrent une évidente violence, des rapports basés sur une domination. Aucun “épanouissement sexuel”, ni “équilibre psychologique”, dans ces milieux malsains. L’auteur suggère une clientèle venue de milieux aisés; il aurait pu se montrer encore plus incisif à ce sujet. Si Lébovitch est l’enquêteur en titre, le policier Marquez apparaît comme le personnage fort de cette histoire. D’un côté, c’est un flic pro et dur; de l’autre, son rôle est plus trouble. Un noir suspense à l’ambiance glauque, où personne n’est réellement innocent, ce qui rend ce roman d’autant plus convaincant.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 07:21
 

Bon nombre de romans et nouvelles de William Irish (ou Cornell Wollrich) sont remarquables. Son sujet majeur consistait à explorer sous toutes ses formes le thème de la vengeance, visant une seule ou plusieurs personnes. Cruel dilemme que d’affirmer qu’un titre de William Irish serait meilleur qu’un autre. IRISH-EtrangleurMystere.jpgS’il ne fallait choisir qu’un roman de ce grand auteur, on pourrait retenir l’excellentConcerto pour l’étrangleur(Strangler’s sérénade, 1951) publié en France en 1956 (collection Un Mystère). Peut-être parce que le doute y est permanent, alimentant un suspense dense. Et puis l’atmosphère d’une île ajoute toujours un bonus à une intrigue policière. Découvrons cette excellente histoire.

Champ Prescott est un policier new-yorkais. Pour sa convalescence, il doit passer quelques semaines de repos dans l’île Joseph Vineyard, sur la côte est des États-Unis. Un séjour qui n’enchante guère cet homme d’action. D’autant que le premier habitant qu’il croise est Lon Bardsley, un déficient mental. Heureusement, peu après, il rencontre la charmante Susan. Dans les jours qui suivent, plusieurs meurtres sont commis sur l’île. Car le suicide du vieux Punshon n’est autre qu’un assassinat camouflé. L’ivrogne Sam Harkness n’est pas mort en tombant simplement dans son escalier. Martha Colby, la femme la plus riche de l’île a bel et bien été assassinée. C’est aussi le cas de Rob Spinner, non loin de son amie Cassie, qui n’a pu vivre sans lui.IRISH-ETRANGLEUR

Avant chacun de ses forfaits, le criminel siffle un air célèbre, “Yankee Doodle”. C’est aussi l’habitude de Lon Bardsley, le débile du secteur. Benson, le chef de la police local, ne cherche pas plus loin son suspect idéal. Se peut-il que le jeune homme soit un simulateur, plus conscient de ses actes qu’on ne le pense ? Champ Prescott doute fortement de la culpabilité de Lon. Séduit par la ravissante Susan, le policier ne néglige pas son aide. Tous deux essaient de déterminer le point commun entre les meurtres, entre les victimes. Toutes habitaient l’île, mais c’est leur seul point commun apparent. Pourtant, il existe forcément un puissant mobile meurtrier. Prescott pense que Susan risque d’être la prochaine victime. Comment intervenir contre un assassin habile et rusé ?
(Roman réédité dans certaines anthologies consacrées à William Irish)

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 07:16
 

Pierre Véry était un auteur dont les romans ne manquaient ni de fantaisie, ni d’humour. Pour lui rendre hommage, commençons par les trois premières aventures de l’avocat Prosper Lepicq, publiées en 1934. Il apparaît dansMeurtre quai des Orfèvres. Le policier Paluaud est retrouvé mort dans un placard de son bureau de la PJ, au Quai des Orfèvres. À proximité, une clé anglaise sans empreinte, et un marteau qui portes celles d’un ancien bagnard, Léon Prioux. Ce dernier est donc activement recherché par la police. L’avocat Prosper Lepicq est également suspecté, car il rôdait autour du lieu du crime. Léon Prioux se rend bientôt à la police. Mais le même jour, le jeune Edmond Dauvergne fait des aveux dans un grand journal. Deux coupables, c’est trop, à moins qu’ils ne mentent tous les deux ? On pourrait envisager un banal suicide, mais la probité du policier Paluaud exclut cette hypothèse. Peut-être le vol de fiches compromettantes est-il à l’origine de cette affaire. Tout cela semble organisé, commandité et manipulé par un inconnu qui reste dans l’ombre…
VERY-M-MARCELM.Marcel des Pompes Funèbres. Étrange entourage que celui du regretté Octave, ancien des Pompes Funèbres qui tenait un magasin funéraire. Son épouse Françoise était bien plus jeune que lui. Sa tante Lucie est une vieille fille, qui se veut la conscience de leur famille. Le cousin dévoué Bernard Hilairet va s’occuper des formalités. Citons encore Fernand Grau, Célestin Courtois et son épouse à l’air endormi Marthe, la famille de province. Sans oublier ces messieurs des Pompes Funèbres: M.Marcel, vieil ami du défunt, amoureux de sa veuve; Armand Chanut, homme antipathique au curieux comportement; M.Brême, qui veille sur les cercueils; et les subalternes Daguet et Babulle. Quand Hilairet est assassiné, le mystère s’épaissit. M.Lepicq rôde dans la maison, au cas où l’on aurait besoin de ses services d’avocat, menant sa petite enquête. Hilairet était-il un simple brocanteur ? Que fait donc cette boîte-à-outils de cambrioleur au domicile de M.Marcel ? Armand Chanut avait-il un motif d’éliminer la victime ? À moins qu’un des membres de la famille n’ait quelque chose à se reprocher ? Telles sont les multiples questions que se pose Prosper Lepicq, dans cette affaire à l’ambiance si particulière…
VERY-PereNoelL’assassinat du Père Noël. Pour le touriste de passage, Mortefond semble être un tranquille village de Meurthe-et-Moselle. Pourtant, l’abbé Fuchs a quelques raisons de s’inquiéter. On a menacé de voler le trésor de l’église. On a même pénétré dans la sacristie. Poursuivi, l’inconnu a sauté par la fenêtre, sans laisser la moindre trace sur le sol détrempé. Tandis que se préparent les fêtes de Noël, un mystérieux marquis de Santa-Claus s’installe dans la région. Le sacristain Kappel se méfie immédiatement de lui. D’autant que tous deux cherchent la même relique, disparue à l’époque de la Révolution. Dans le village, rivalité et suspicions vont déboucher sur un drame. Prosper Lepicq use ici d’une fausse identité qui lui permet de mener l’enquête à sa manière…

Autre succès de Pierre Véry : “Goupi Mains-Rouges” (1936). Vivant à Paris depuis longtemps, le jeune Goupi-Monsieur retrouve sa famille campagnarde. Les Goupi forment un clan, qui a l’habitude de résoudre ses problèmes entre soi. Des problèmes, il en naît dès l’arrivée de Goupi-Monsieur. Celui-ci se perd sur le chemin de la ferme, à cause du jeu macabre de son oncle. Puis l’aîné de la famille est agressé. Cette nuit-là, on leur vole dix mille francs, le pire des crimes pour les Goupi. Tous commencent à s’inquiéter pour le magot familial. Leur aïeul a perdu la mémoire, il est incapable de leur révéler la cachette. Bientôt, c’est la tante de Goupi-Monsieur qui disparaît. Goupi Mains-Rouges, c’est un peu le sorcier du clan. Menant son enquête, il ne tarde pas à suspecter Goupi-Monsieur. Mais cette accusation est plutôt une ruse pour découvrir le vrai coupable…

VERY-M.ROUGESPierre Véry publia en 1949 une suite très originale, avec “Goupi Mains-Rouges à Paris”. Mains-Rouges reconnaît sur une photo la fille indochinoise du défunt Goupi-Tonkin. Elle est partie depuis trois ans, pour vivre à Paris. Bien que n’ayant jamais mis les pieds dans la capitale, Mains-Rouges va tenter d’y retrouver la trace de sa nièce. La piste débute par la boite postale privée où la jeune fille recevait son courrier. À cette adresse, il repère un curieux homme qu’il prend en filature. Ce qui le mène à la Pension Sainte-Agathe, “la sécurité de la jeune fille”. C’est un endroit où sont recueillies les jeunes personnes arrivant à Paris. Mains-Rouges y croise Aimée Laprade, qui vient de sa région, mais pas de signe de Goupi-Mousmé. Mme Bleu dirige cette pension, tirant de beau revenus en hébergeant les jeunes filles, puis en les plaçant comme employées de maison ou en leur trouvant un riche mari. Elle est entourée de son fils Gérard et de M.Bleu, frère de la directrice, deux personnages insolites. Il y a aussi le professeur de musique René de Fouques, amant de Mme Bleu, qui n’est pas insensibles à quelques-unes de ses protégées. Le rusé Mains-Rouges s’intéresse autant à l’ambiance du foyer qu’à son histoire. Car cinq acheteurs potentiels sont décédés avant d’acquérir cette maison. Mains-Rouges poursuit ses investigations en espérant retrouver sa nièce vivante, ce qui apparaît de moins en moins sûr…

VERY-AVRILTerminons avec un roman-jeunesse de Pierre Véry, publié en 1960, “Les héritiers d’Avril”. Maître Festalin, notaire, a chargé le détective Julien Louguereau de retrouver les héritiers de Noël Jean Guillaume Avril. Ce dernier est décédé en 1914, mais un document récemment découvert relance la succession. Après élimination de quelques personnes étrangères à l’héritage, le détective de l’agence Euréka ne retient que quatre ayant-droits. Ducluzaud est un comédien sexagénaire à la carrière modeste, qui déclame volontiers des vers célèbres. Jussieaume est un jeune serrurier qui a fait de la prison. Connaissant trop bien son métier, il fut accusé de vol. Mme Grayfield, Anglaise d’origine française, se consacre à des œuvres de charité au profit des enfants. Enfin, il y a Noël de Saint-Aigle, quatorze ans. Orphelin adopté, celui-ci voit cette affaire comme une petite aventure qu’il peut partager avec ses copains Dominique (dit Grand-Chef) et Ali. Le testament d’Avril fut enregistré sur un disque, que l’on retrouve bientôt cassé par la moitié. Le détective pense comprendre le message initial du testateur. Le sens du message devrait permettre à Dominique de deviner où est caché le document, les dernières volontés d’Avril. Mais d’autres personnes cherchent la même chose. Dans un manoir de Dordogne, serait déposé un coffre espagnol contenant la fortune d’Avril. Toutefois, Dominique se demande si le trésor existe réellement ?

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 09:19
 

Le nouveau roman de Christian Denis vient de paraître. “Le médecin de l’Aiguillon-sur-Mer” s’inspire d’un faits divers qui se produisit réellement dans cette région.

Juin 1939. Originaires de Dresde, Sarah Löwenstein, 28 ans, et son fils Ernst, 9 ans, ont fui l’Allemagne nazie. Juif, le père de la jeune femme a été envoyé en déportation. Sarah et Ernst se réfugient dans la région de l’Aiguillon-sur-Mer. Ils trouvent à se loger chez la brave Mme Merrien. Le début de leur séjour se passe dans une ambiance de vacances. Sarah et Ernst vont à la plage, ou visitent la région à vélo. Sarah sympathise avec des amies germanophones, filles d’un militaire français. Selon celui-ci, au sujet des menaces de guerre, l’organisation stratégique d’Hitler n’est que mascarade et esbroufe. Le régime de ce pantin va s’effondrer comme une mise en scène grotesque. Grâce à la ligne Maginot et au général Gamelin, la France est à l’abri d’un grave conflit.

DENIS-L-Aiguillon.JPGAu bal du 14 juillet, Sarah fait la connaissance d’un pêcheur, André Char, et de son matelot. Mme Merrien n’ignore pas la mauvaise réputation de ces hommes alcooliques et violents. Sarah s’enivre avec eux, et devient la maîtresse de Char. En son absence, Mme Merrien s’occupe du petit Ernst. Sarah prend l’habitude d’accompagner les deux pêcheurs lors des sorties en mer. Tous trois abusent de l’alcool, facilitant les relations sexuelles. Un jour, un sérieux incident se produit. Sarah est victime d’un coma éthylique à bord. Les deux pêcheurs ne mesurent que trop tard la situation, et se débarrassent du corps de la jeune femme. Découverte vivante, Sarah est hospitalisée à Luçon. Elle succombe de septicémie quelques jours plus tard. En ce début septembre, André Char et son acolyte sont mobilisés comme les autres. Aucune vraie enquête n’est menée sur l’affaire.

Sous la protection de Mme Merrien et des amis de Sarah, le petit israélite Ernst est scolarisé tandis qu’on francise son nom. À l’issue de la guerre, il rentre en Allemagne. Bien des années plus tard, devenu adulte, Ernst revient à l’Aiguillon-sur-Mer. Il retrouve le Dr Dutilleux, qui tenta de sauver sa mère. Bien accueilli par la famille du médecin, ainsi que par le colonel Motais qui l’aida jadis, Ernst cherche à vérifier les circonstances de la mort de Sarah…

Il s’agit d’un de ces crimes inexpliqués auxquels on n’a guère donné suite, chacun préférant oublier, le temps faisant son œuvre. Sans doute, dans de nombreux endroits, les plus âgés se souviennent-ils de cas similaires, jamais éclaircis. Ici, l’enfant de la victime étant sauf malgré la guerre, l’affaire était raisonnablement close. Sans effets inutiles, Christian Denis retrace le contexte local et historique. Il développe surtout une véritable intrigue. Comme toujours chez ce narrateur émérite, la vivacité entraînante du récit le rend captivant. Ce court roman est vraiment très agréable à lire.

Contact E.C.D : 06.79.45.04.43

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/