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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 07:12
 

En ce début 2010, les éditions Le Cherche Midi nous présentent “Starvation Lake”, un roman de Bryan Gruley. Une intrigue dexcellent niveau, dont voici quelques éléments.

Starvation Lake est une petite ville au nord de l’État du Michigan, en bordure du lac éponyme. Une région proche de la frontière canadienne, où les hivers sont particulièrement froids. Après avoir été employé dans un quotidien de Détroit, Gus Carpenter est revenu diriger le journal local de sa ville natale. Starvation a connu des périodes plus fastes, quand il était adolescent. Gus se souvient de l’époque où Jack Blackburn s’installa dans le secteur. Il entreprit de créer une solide équipe de hockey sur glace, dont il fut le coach incontesté. Après des débuts décevants, Blackburn parvint à motiver les “River Rats” qui gagnèrent bon nombre de compétitions. Dans l’équipe, il y avait Gus, son meilleur ami Soupy, l’arrogant Teddy Boynton, d’autres encore, qui vivent toujours ici.

GRULEY-miniLeurs succès contribuèrent à la prospérité de Starvation. La marina du père de Soupy attirait les touristes. Patron du pub Enright’s, Q.G. des supporters du club de hockey, Francis Dufresne investissait dans l’immobilier. Blackburn était le héros de la région, admiré des jeunes joueurs comme de leurs parents. Ce n’est pas l’échec des “River Rats” en finale, qui entraîna le déclin relatif de la ville. Ce fut la mort accidentelle du coach Blackburn. Une nuit, sa motoneige coula avec lui dans le lac gelé. Léo, le régisseur du club, en fut témoin et tenta en vain de le sauver. On ne retrouva jamais son cadavre, ce qui n’est guère étonnant. Dix ans plus tard, certains évoquent encore de fumeuses hypothèses sur sa mort.

Aujourd’hui, pour relancer Starvation Lake, Teddy Boynton veut investir dans une nouvelle marina. Il n’hésitera pas à causer du tort à Soupy, mal organisé et largement endetté, qui a hérité de celle de son défunt père. Gus Carpenter ne tient pas à aider Boynton grâce au journal, pour qu’il enfonce son ami Soupy. La motoneige du coach Blackburn est retrouvée par hasard. C’est bien la sienne, mais elle n’est pas dans le lac où il a disparu. Joanie, jeune collaboratrice de Gus qui possède un vrai talent de journaliste, mène immédiatement l’enquête. De son côté, Gus s’interroge, ressassant toute cette époque glorieuse. Le vieux Léo n’a jamais été très loquace. Il reste marqué par l’accident mortel du coach. Gus consulte les archives du journal, conscient que Blackburn avait caché des choses sur une partie de son passé.

Le shérif Dingus Aho ne simplifie pas l’enquête du journaliste. La policière adjointe Darlene, qui fut l’amie de cœur de Gus, ne peut pas vraiment l’aider, mais reste protectrice. Tout à ses projets, Teddy Boynton n’a pas envie de voir resurgir cette histoire. Francis Dufresne ne s’y intéresse pas non plus. La mère de Gus ne lui donne pas un témoignage très complet sur ce qu’elle sait. Officieusement, le shérif donne à Gus la copie d’une curieuse reconnaissance de dette. Ni une preuve, ni même une piste à suivre. Soupy a déjà des ennuis à cause de ses problèmes financiers. Il en risque de bien pire, s’il est prouvé qu’il a été mêlé à la mort de Blackburn. Gus ne peut laisser tomber son seul véritable ami. Son enquête prend une tournure délicate, lui-même finissant par être pourchassé par les flics. Le décès de Léo est un déclencheur, Gus menant ses investigations jusqu’à Washington DC. Il finit par définir les rôles des principaux témoins de l’affaire, sordide dans les faits, cynique dans le bizness qu’elle générait…

C’est donc la chronique d’une petite ville et de ses sombres secrets. Elle a bénéficié d’un essor et d’une prospérité, qui masquaient une réalité beaucoup moins reluisante. Alors adolescent, Gus Carpenter garde des souvenirs positifs de ce temps-là, et nous les raconte. Certains épisodes furent moins agréables, sans doute. Si, désormais, il y a bien une malédiction sur cette ville, c’est le hockey qui en fut la cause. Aucun de ceux qui ont vécu ou connu les faits ne sont innocents. Gus doit ouvrir les yeux sur la vérité, mais il n’est jamais en position de force. C’est bien ce qui fait de lui un personnage assez attachant. L’auteur crée une ambiance troublante, où planent les non-dits, l’imprécision hypocrite des mémoires. C’est comme si la situation pouvait à tout moment basculer en défaveur de Gus (et de Soupy), alors qu’on le sent sur le bon chemin. Il convient de s’installer dans ce noir suspense, de se mêler à la vie des protagonistes, afin d’apprécier la saveur de ce très bon roman.

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 07:18

 

C’est un réel bonheur que de suivre notre cousin sicilien Salvo Montalbano dans ses aventures. Il n’est pas donc nécessaire de souligner les qualités deLes ailes du sphinx (Fleuve Noir), puisque c’est une évidence. Voici un petit résumé du nouveau roman d’Andrea Camilleri.

On a trouvé le cadavre d’une jeune femme nue dans l’ancien ruisseau servant de décharge, sur la route de Montelusa. C’est un coin où les rendez-vous sexuels sont habituels. La victime a été défigurée par un tir au visage, ce qui la rend impossible à identifier. En réalité, elle a été tuée ailleurs, au moins vingt-quatre heures plus tôt. On l’a déshabillée et lavée avant de la déposer là, vu que ses vêtements devaient être ensanglantés. 10-CAMILLERI-1.JPGSon seul signe distinctif est un tatouage sur l’omoplate, un papillon sphinx. On a juste découvert de la poudre rubis sous ses ongles. Le commissaire Salvo Montalbano demande à un ami journaliste-télé de lancer un appel à témoins. L’autre affaire en cours est moins préoccupante. Le kidnapping de M.Picarella, il n’y a que son épouse qui y croit, qui insiste. On l’a vu dans un night-club de Cuba, comme le prouve une photo.

Un témoin pense avoir reconnu la jeune victime de la décharge. Cette Katia, une Russe brune de 23 ans, il l’a employée comme aide à domicile. Ce n’est peut-être pas elle, car la morte est blonde. Ingrid, la bonne copine de Montalbano, aide le commissaire à oublier le silence persistant de sa compagne Livia. Ingrid a eu, elle aussi, une employée de maison russe. Cette Irina lui a volé des bijoux, avant de disparaître. Comme Katia, elle était originaire de Scelkovo. Elles étaient prises en charge par l’association La Bonne Volonté, dirigée par Monseigneur Pisicchio et par le chevalier Piro. Plutôt antipathiques, ces deux-là, estime Salvo Montalbano, qui renifle là une odeur de fric et de roussi. Une troisième fille de Scelkovo, Sonia, fut aussi hébergée par l’association avant de disparaître. Ça mérite une petite enquête sur le fonctionnement de La Bonne Volonté.

Montalbano découvre qu’il existe une quatrième Russe, Zin, maquée avec un petit délinquant. Toutes portent le même tatouage, toutes sont passées par la fameuse association. Justement, le Questeur fait comprendre à Montalbano qu’il ne doit pas s’occuper de La Bonne Volonté, conseil qu’il s’empresse d’ignorer. Katia est bientôt repérée. Employée chez un notaire, elle est sous la protection d’un curé qui n’apprécie guère l’association de Mgr Pisicchio. Les adjoints du commissaire ont tenté de savoir d’où venait la poudre rubis, que la victime avait sous les ongles. Ce n’est pas chez les utilisateurs qu’il faut chercher, mais chez un fournisseur de cette poudre. Montalbano imagine bientôt le bon scénario…

Si, à 56 ans, il reste adepte des bons repas et des plats de poisson frais, l’ami Salvo se sent gagné par “l’alibi de la vieillesse”. Néanmoins, dès que se présente une enquête criminelle sérieuse, le revoilà dans l’action. Avec une intrigue de bon aloi, comme sait les concocter Camilleri. Et ce n’est pas parce que l’affaire semble bouclée trente pages avant la fin qu’elle est terminée. Sans oublier une belle part d’humour, parfois grinçant. (“Dans le parking, le commissaire s’atrouva à côté d’une Ferrari. À qui appartenait-elle ? Certainement à un crétin, quoi que pût être le nom du propriétaire écrit sur la carte grise. Parce qu’y pouvait y avoir qu’un crétin pour se promener au pays dans une voiture pareille. Et y avait aussi une deuxième catégorie d’imbéciles, parents très proches des crétins à Ferrari, c’était celle des gens qui, pour aller faire leur marché, se prenaient leur tout-terrain à quatre roues motrices, avec quatorze phares grands et petits, boussole et essuie-glaces spéciaux anti-tempêtes de sable.”)
Des romans qu’on lit toujours avec un très grand plaisir.

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 07:20
 

Ce n’est pas exactement un "nouveau" roman de Jean-Bernard Pouy, puisque cette histoire fut publiée par épisodes en 2006 dans la revue Shanghai Express. Conforme aux traditions de la Littérature populaire, “Les Compagnons du Veau d’Or parait aujourd’hui chez Baleine.

Drano est un anarchiste parisien publiant un fanzine, “Ni Dieu Ni Maître Ni Patron”, qu’il vend sur le marché et par abonnements. Son ami Marcel s’inquiète de la disparition d’Éva, prostituée venue de Lituanie dont il est amoureux. Elle aurait été recrutée par “des potentats plein de fric, des mecs sans foi ni loi [régnant] sur l’économie européenne.” Une confrérie de financiers retenant une prostituée dans un manoir breton, voilà une affaire qui intéressera les lecteurs de Drano. 10-POUY-1.JPGDirection la Bretagne, où il enquête de Guingamp à Morlaix en passant par Paimpol. Pendant ce temps, Éva s’interroge dans sa prison dorée. Être le jouet sexuel de ces huit hommes masqués de cuir rouge n’est pas ce qui la tourmente. D’autant que majordome Igor lui offre d’agréables moments. Mais elle a assisté à une terrible scène. Prisonnier de la confrérie, un homme a été supplicié et mortellement empalé. Étant témoin d’un meurtre, Éva craint d’être éliminée.

La victime est Jean-François Ledonnec, puissant PDG. Quand sa disparition est annoncée, ça n’attriste guère Drano : “Un patron de moins, c’était toujours bon à prendre, surtout quand c’était comme le Ledonnec un gangster en col blanc tâché par la sueur des travailleurs esclaves.” C’est le troisième dirigeant de grandes entreprises qui disparaît en peu de temps. Il faudra que Drano fouille dans ses archives au sujet de ces trois-là. Alors qu’il se trouve en gare de Morlaix, Drano repère la blonde Éva. Le majordome Igor était chargé de la supprimer. Il a préféré lui rendre la liberté, lui conseillant de retourner à Tallinn et de s’y faire oublier. Éva raconte à Drano les faits dont elle a été témoin au manoir. L’étonnante méthode moyenâgeuse utilisée pour tuer Ledonnec amène diverses hypothèses. Secte ésotérique fascisante ou groupe d’acharnés de la jungle capitalisme, ces types-là s’avèrent dangereux. Drano met Éva à l’abri.

La disparition d’un autre PDG, Le Fèvre des Arcs, doit être aussi imputée à cette mystérieuse confrérie. Le quatrième financier visé risque fort d’être Dennis Thurbank, un requin des affaires qui ne manque pas d’ennemis. Drano fait un saut à Paris, pour charger Marcel de dénicher des infos dans ses copieuses archives, et pour acquérir un pistolet anonyme. Il braque le mac d’Éva afin d’obtenir quelques renseignements supplémentaires, puis il retourne à Morlaix. La jeune femme choisit de rentrer sans attendre dans son pays balte. Drano bénéficie d’un petit coup de pouce du destin, qui lui permet de prendre Igor en filature. Après avoir situé le manoir de Pentrec, encore faut-il trouver le moyen d’affronter les membres de la confrérie…

Prix Paul Féval du Roman populaire 1996, Jean-Bernard Pouy s’inspire ici de la grande tradition feuilletoniste. Avec les personnages classiques de ce type d’intrigues : l’enquêteur qui agit pour la beauté du geste, la fragile héroïne en péril, le groupe d’énigmatiques comploteurs dans leur manoir mystérieux caché au cœur du terroir, le majordome aux airs de brute mais au grand cœur. Étant bien entendu qu’un héros anarchiste ne peut en aucun cas alerter la police avant avoir toutes les preuves. Meurtres cruels, indices incertains, courses poursuites, et dangers en tous genres font évidemment partie des ingrédients indispensables. Parmi les codes respectés, chaque fin de chapitre coupe l’action, incitant à entamer le suivant : “Éva descendit sur le quai. La première chose qu’elle vit, ce furent cinq policiers en uniformes qui, près de la sortie, regardaient sans sa direction” (Vont-ils l’arrêter ? Vous le saurez au prochain épisode). Comme les feuilletons d’autrefois, ce suspense est désormais publié en roman complet. Un vrai suspense populaire !


Voilà l’occasion d’évoquer un autre livre de Jean-Bernard Pouy, “En haut Dumas” (Eden, 2002), illustré par Philippe Lechien. Cette histoire s’inscrit une fois encore dans la tradition du roman populaire, chère à l'auteur. Alexandre Dumas restant une des figures tutélaires de cette littérature, on peut considérer ce texte comme un hommage à celui-ci. Avec une belle dose d’esprit anar, bien sûr. POUY-LECHIENC’est dans un de ces petits bistrots de quartier, à l’ambiance bon enfant, que nos sympathiques héros se réunissent. Leurs modestes “exploits” sont plein de saveur. Les dessins complètent fort agréablement le récit.

Le Reinitas est un bistrot de la rue Alexandre Dumas, à Paris. Trois hommes s’y donnent rendez-vous une fois par mois, le deuxième mercredi, à onze heures tapantes. Mousquetaires venus chacun de leur banlieue, Hamid, Gérard et Da Silva sont d’anciens militants éjectés de leur syndicat, jugés trop virulents. Ils sont devenus spécialistes en petites arnaques. Ensemble, ils élaborent des coups ni trop dangereux, ni contraignants, selon le triple principe : humilité, précision, inattendu. “Ça faisait trois ans qu’ils fonctionnaient ainsi. Tout roulait comme sur des roulettes, au moins aussi parfaitement huilées que les roulements à bille qu’ils fabriquaient avant, le nez dans la chaîne et les mains dans le cambouis.” Dérober des voitures de luxe sous prétexte de lutte anti-alcoolique, ou refiler deux mille CD de Léo Ferré, ils ne manquent pas d’initiatives originales.

Ce jour-là, malgré la grève, le trio est globalement ponctuel au rendez-vous. Ils apprécient ici l’ambiance familière de bistrot parisien traditionnel : “…tout ce qui fait qu’un bar est un théâtre proposant la même pièce tous les jours, à la même heure, avec les mêmes clients devenus d’imperturbables spectateurs, des vrais, ceux qui n’aiment pas que mute la mise en scène.” Le cinéphile Hamid tente toujours de séduire Margot, belle serveuse du Reinitas. Aujourd’hui, ce qui occupe les trois amis, c’est le prochain transfert des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon. Ne sont-ils pas les fils spirituels de Monte-Cristo, menant une perpétuelle vengeance contre le haut patronat et la société actuelle ? Il faudrait mettre au point une idée symbolique, marquante et un peu rémunératrice, pour s’associer à l’évènement : “Il ne fallait pas oublier de toujours faire coïncider leur lutte avec celle, juste et permanente, contre les nantis.”

Grâce à l’Internet de Margot, le trio collecte un paquet de renseignements, sur Alexandre Dumas, sa vie, son œuvre. Quand arrive le jour J, ils sont fin prêts, déjà en action. Rien moins qu’une prise d’otage. Le PDG qu’ils séquestrent ne devrait pas sous-estimer ce trio d’amateurs. Car Dumas imagina dans ses romans plusieurs exemples de châtiments et de vengeances…

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 07:17

 

Plusieurs auteurs ont accepté de répondre au “Portrait chinois” soumis par Action-Suspense. WALKER-1.JPGAujourd'hui : Lalie Walker ("Aux malheurs des dames", "A l'ombre des humains", "La stratégie du fou" - Les survivantes , chez Actes Sud)


Si tu étais un assassin, quelle arme aurais-tu utilisé ?

Un charme.

Si tu étais le cauchemar des cauchemars ?

Un vivant fléau.

Si tu étais le rêve absolument inaccessible ?

Un espoir.

Si tu étais le pire défaut humain ?

L’aveuglement, pour me leurrer en toute bonne foi sur la condition humaine.

Si tu étais un personnage historique (lequel), serais-tu pire ou meilleur ?

Surcouf… pire, j’aurais même sabordé les vaisseaux français !

Si tu étais l'amante d’une star, vivante ou disparue, ce serait qui ?

De Clint Eastwood, dans "Le Bon, la Brute et le Truand".

WALKER-2Si tu étais un animal 1/ sauvage, 2/ domestique ?

Sauvage : une tortue de mer

Domestique : une tortue de jardin… pour retourner à la mer !

Si tu étais une ville 1/ de France, 2/ d’Europe ?

D’Europe : Lisbonne

De France : un port en bord de mer, où il ferait toujours beau et chaud, où il n’y aurait pas de présence policière ni étatique – ça existe ?

Si tu étais un jour de la semaine ou une heure de la journée ?

Le 8è jour, pour avoir 24h00 de plus.

Si tu étais un métier (autre qu’auteur), lequel et pourquoi ?

Voix radiophonique : pour ensorceler le monde.

Si tu étais une catégorie musicale ?

Opéra rock : pour la scénographie, le chant, la musique – un soulèvement.

Si tu étais un sport ?

Le sport de chambre, pour le plaisir et la beauté du geste répété à l’infini.

Un peu plus d'infos sur Lalie Walker ? Cliquez sur ma chronique de "Aux malheurs des dames", celle de "L'appel du barge" (Le Poulpe). Sur Rayon Polar, on trouve aussi ma chronique concernant "A l'ombre des humains" (Editions In-8).


Cliquez sur l'interview de Lalie Walker, exposant les poursuites judiciaires concernant "Aux malheurs des dames"

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 07:30

 

Plusieurs auteurs ont accepté de répondre au “Portrait chinois” soumis par Action-Suspense. Aujourd'hui : Maxime Gillio (“Les disparus de l'A16”, “Le cimetière des morts qui chantent”, “L'abattoir dans la dune”, “Bienvenue à Dunkerque”, parus dans la collection "Polars en Nord")

GILLIO-1.JPGSi tu étais un assassin, quelle arme aurais-tu utilisée ?

Pas très original, mais la bastos entre les yeux. Simple, efficace, direct. Je n’aime pas faire souffrir les gens, et je n’aime pas les choses qui traînent en longueur. Donc là, au moins, vite plié, la victime n’a pas trop à se plaindre et on passe à un autre contrat.

Si tu étais le cauchemar des cauchemars ?

Être balancé au beau milieu de l’océan, résister en vain puis sombrer et sentir l’eau envahir mes poumons dans un ultime réflexe de respiration.

Ou sinon, la réélection présidentielle de 2012.

Si tu étais le rêve absolument inaccessible ?

Si je dis devenir écrivain à temps complet, je reconnais que c’est inaccessible et je déprime… Si je dis la paix dans le monde, je ressemble à une chanson de Raphaël, et ça, c’est carrément les boules… Bon, ben, être immortel, alors.

Si tu étais le pire défaut humain ?

Celui qui consiste à mettre sa carte bleue dans le distributeur automatique pour consulter ses comptes, contempler d’un œil morne le montant sur le ticket, réintroduire sa carte, demander tes billets ET un justificatif, ranger l’argent ET le justificatif dans le portefeuille avant de se barrer du distributeur.

Pourquoi ? Mais parce que je suis toujours derrière ce genre de personnes ! C’est le drame de ma vie.

GILLIO-2Si tu étais un personnage historique (lequel), serais-tu pire ou meilleur ?

Charles Corver, l’arbitre de France-Allemagne, Séville, 1982. Pour enfin foutre un carton rouge à ce boucher d’Harald Schumacher.

Si tu étais l’amant d’une star, vivante ou disparue, ce serait qui ?

Alors là, pas d’hésitation ! Vivante, Scarlett Johansson, nom de Dieu ! (Claude, si tu pouvais être assez sympa pour lui envoyer ce message…).

Disparue, y a l’embarras du choix, mais je dirais Marilyn Monroe, parce qu’en toute modestie, je pense que je l’aurais rendue heureuse et qu’avec moi, elle ne se serait pas suicidée (ou que j’aurais empêché les frères Kennedy de la suicider).

Si tu étais un animal 1/ sauvage, 2/ domestique ?

Sauvage, l’aï (le paresseux, quoi…) pour voir ce que ça fait de prendre son temps. Domestique, le poisson rouge, pour oublier toutes les trente secondes que je vais crever un jour.

Si tu étais une ville 1/ de France, 2/ d’Europe ?

De France : la logique voudrait que je dise Dunkerque, car c’est là que se passent mes romans, mais en réalité, je suis campagne à fond. Donc n’importe quel bled perdu avec des fermes en vieilles pierres et plein de moutons autour.

D’Europe : Londres. La seule mégapole où je rêve d’habiter un jour. Souvenirs d’enfance…

GILLIO-3Si tu étais un jour de la semaine ou une heure de la journée ?

N’importe quel jour sauf le dimanche. Je hais le dimanche. L’heure ? 8 h 45, celle à laquelle je me mets à écrire (lorsque je peux écrire).

Si tu étais un métier (autre qu’auteur), lequel et pourquoi ?

Garagiste, menuisier, plombier, bref, un métier où la dextérité est primordiale, moi qui sais à peine changer une ampoule.

Ou proctologue : ça me changerait des trous du culs que je côtoie quotidiennement.

Si tu étais une catégorie musicale ?

La disco. Parce que c’est léger, futile, entraînant et que ça donne envie de faire des cochonneries sous la couette.

Si tu étais un sport ?

Le squash (que je pratique) : ça me défoule, c’est physique, à la limite de l’épuisement, on n’a pas le temps de se poser des questions. Effet essorage physique et intellectuel garanti.

Sinon, j’aimerais bien essayer le lancer de nains. Ça doit être fun.

En savoir plus sur les titres de Maxime Gillio ?
Cliquez sur mon article évoquant ses deux premiers romans, ma chronique sur "Le cimetière des morts qui chantent", celle sur "Les disparus de l'A10" .

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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 07:16
  ANNIV-YVON



En janvier 2008, une idée saugrenue me traversa l’esprit : "Si tu créais ton propre blog ?". La voix de la raison devait être absente, car elle ne me dissuada pas.
C’est ainsi que le 16 janvier 2008 démarra “Action-Suspense”. Deux ans après, j'éviterai bilans et discours. Il suffit de relire
mon édito du 1er janvier.
Je préfère marquer cet anniversaire avec deux cartes de vœux que m’ont adressé des amis. L’une est un clin d’œil dont Yvon Coquil est coutumier. L’autre est un tableau, “Midnight Song”, du peintre de polar Roland Sadaune.
Deux illustrations pour deux ans d’existence, voilà pour le symbole. Merci encore à tous de votre fidélité.

ANNIV-SADAUNE

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 07:41

 

MONFILS-4Plusieurs auteurs ont accepté de répondre au “Portrait chinois” soumis par Action-Suspense. Aujourd'hui : Nadine Monfils ("Nickel Blues", "Téquila frappée", "Babylone dreams", "Coco givrée" – Ed.Belfond. "Le bar crade de Kaskouille" ― Suite Noire)


Si tu étais un assassin, quelle arme aurais-tu utilisé ?

Des petits ciseaux dorés.

Si tu étais le cauchemars des cauchemars ?

J’enculerais les huissiers (juste retour des choses)

Si tu étais le rêve absolument inaccessible ?

Je ferais l’amour avec Jacques Brel en écoutant ses chansons.

Si tu étais le pire défaut humain ?

La perfection. Quelle horreur !

Si tu étais un personnage historique (lequel), serais-tu pire ou meilleur ?

Soeur Emmanuelle avec ses baskets ― Oui-Oui avec sa petite auto à pédales

MONFILS-3Si tu étais l'amante d’une star, vivante ou disparue, ce serait qui ?

John Malkovich

Si tu étais un animal 1/ sauvage, 2/ domestique ?

Un marsupilami. Un chien errant. Jamais soumis !

Si tu étais une ville 1/ de France, 2/ d’Europe ?

Montmartre. Bruxelles et Pandore (qui n’existe que dans mes polars)

Si tu étais un jour de la semaine ou une heure de la journée ?

Samedi, parce que dimanche on peut roupiller.

Si tu étais un métier (autre qu’auteur), lequel et pourquoi ?

Pianiste dans des bars glauques, parce-que la musique des paumés est la plus belle.

MONFILS-2Si tu étais une catégorie musicale ?

Les chansons de Brel , d’Arno et de Chavela Vargas. Parce qu’elle râpent le cœur.

Si tu étais un sport ?

Aucun. Je déteste ça !

 

Nadine Monfils n'a pas fini de faire parler d'elle. À paraître début mars 2010 : “Coco givrée” aux Ed.Belfond... Avril (Canada) : “Les fantômes de Mont-Tremblant” (polar, dans la série du Commissaire Léon, le flic qui tricote) éd. Québec/Amérique... En projet pour le cinéma: “Nickel Blues” (bientôt sur vos écrans ?).

On trouve toutes mes chroniques concernant les romans de Nadine Monfils chez Rayon Polar. Cliquez sur : "Téquila frappée" , "Nickel blues" , "Le bar crade de Kaskouille" , "Le bal du diable" .

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 07:21
 

Les amateurs de comédies policières connaissent certainement les romans de l’australien Shane Maloney. Retour sur ses deux premiers titres traduits en France.

MALONEY-1.JPG"Ça fait moche dans le tableau" (Le Masque, 2004)

Melbourne, 1989. Murray Whelan est le conseiller du ministre Agnelli, qu’on vient de nommer aux Affaires Culturelles. Murray n’y connaît rien. Aussi s’empresse-t-il de rencontrer des personnes qualifiées. Loyal soutien de leur parti politique, le riche Lloyd Eastlake est surtout un important décideur dans le domaine artistique. Grâce à lui, le ministère va acheter à l’homme d’affaires Max Karlin une superbe toile du défunt peintre Szabo. Directrice du Centre d’Art Moderne, Fiona Lambert a appuyé cette initiative. Elle fut une proche de Szabo, et valorise son œuvre.

Murray est attiré par la belle Salina Fleet, critique d’art. Marcus Taylor, jeune peintre dont Salina se dit la fiancée, est retrouvé mort dans les douves de la National Gallery. On pense à un suicide protestataire, après qu’il eût fait scandale dans une soirée. Cette mort, qui peut aussi bien être un accident, risque de nuire à son ministre. Murray se renseigne donc sur Marcus. Il semblait être le fils illégitime de Szabo. Dans son studio, Murray remarque un tableau identique à celui acheté par le ministère. Mais les toiles peintes par Marcus disparaissent bientôt. Selon Salina Fleet, Marcus pratiquait l’appropriation, plutôt que de véritables copies. Murray s’interroge sur Spider, le chauffeur de Lloyd Eastlake, un ami d’enfance avec lequel il a un contentieux. Obelisk Trust et Austral Fine Art sont des sociétés aux activités peu claires. Elles sont dirigées par Eastlake, qui a beaucoup investi dans les projets de Max Karlin. En faisant réparer un tableau abîmé, Murray s’aperçoit que c’est une copie – qui fait partie de tout un lot

La tonalité du récit est franchement souriante, voire parfois désopilante. Le milieu politique décrit est universel, avec ses décideurs occultes. Les experts artistiques prétentieux au langage nébuleux ne sont pas épargnés. Surtout, la vie privée de Murray Whelan est plus qu’agitée. Il ne peut guère consacrer de temps à ses amours ou à son fils Red. Le rythme de ses aventures est soutenu. La comédie ne doit pas faire oublier les ingénieuses touches de suspense..

MALONEY-2"Bien joué !" (Le Masque, 2005)

Australie, 1990. Murray Whelan est toujours le conseiller du ministre Agnelli. Le comité d’organisation pour la candidature de Melbourne aux Jeux Olympiques de 1996 lui confie une mission. On craint que les Koories aborigènes sapent les efforts du comité. Murray est chargé de calmer Ambrose Buchanan, militant le plus actif des Koories. Ils se connaissent un peu, et s’apprécient. Murray sait que les arguments des Noirs sont justes. Pour éviter tout trouble, Ambrose demande la création d’un Institut Aborigène des sports, destiné aux athlètes noirs. Le ministre des Sports et son conseiller, Denis Dogherty, approuvent l’idée.

La jeune Holly, prof d’aérobic amie de Murray, a des problèmes avec son ex-fiancé Steeve. Cet haltérophile est de plus en plus nerveux, depuis qu’il se dope aux produits vétérinaires pour chevaux. Protéger la belle Holly contre ce colosse n’est pas aisé pour Murray. Un prometteur athlète Koori est assassiné. Steeve peut être soupçonné, ainsi que des skinheads racistes. Ce meurtre énerve Ambrose, ainsi que le violent cousin de la victime, Deadly Anderson. Il traque Steeve. Conseiller et beau-frère du ministre des Sports, Denis a disparu. Tout ça est problématique, car le comité d’évaluation du CIO arrive bientôt. Murray et Holly retrouvent Denis, mourrant, chez Steeve. Denis et le ministre sont les oncles de Steeve, qui se cache après cette mortelle agression. Voilà une parenté avec un fou furieux dopé qu’il est préférable de ne pas rendre publique. Le père de Steeve fut un sportif polonais, qui joua les transfuges aux J.O. de 1956 à Melbourne. Murray se renseigne sur cette vieille histoire…

Shane Maloney épingle ici le monde sportif. Il faut admettre que l’olympisme est plus proche de la politique et de l’économie que du sport. Les relations ethniques avec les aborigènes restent en Australie un sujet délicat, qu’il aborde également. Ces thèmes sont traités avec un humour sarcastique, plus grinçant que le roman précédent.

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