Voici publié le troisième roman Maxime Gillio dans la collection Polars en Nord : “Le cimetière des mots qui chantent” (Ed.Ravet-Anceau). On y retrouve les principaux personnages des précédentes aventures, le jeune inspecteur Marquet (venu de Nice) et son supérieur expérimenté et cultivé, Charles Dacié. Ce dernier, en voyage sentimental avec la soeur de Marquet, n'apparait cette fois qu'en cours de récit, mais il a son rôle à jouer. On sent ici l’auteur à l’aise dans les portraits, n’hésitant pas à appuyer la caricature, mais sans exagération. Avec, comme il se doit, une belle part d'humour : “Pas mal du tout votre raisonnement, Stéphane. Donc pour résumer, on a certainement un meurtrier paysan avec une technologie de pointe” ou des clins d’œil, tel “ce qui a éparpillé le fossoyeur façon puzzle…” Autre point fort à souligner, la construction narrative : l’intrigue est nuancée, fignolée avec précision. Maxime Gillio confirme les qualités de romanciers que l'on a déjà remarquées. Petit survol de ce roman :
L'inspecteur Marquet laisse le cas d’un sans-papiers roumain ayant disparu à ses collègues, car une autre affaire l'attend. D’ailleurs, la jeune femme qui a signalé les faits est sans doute trop candide, le Roumain ayant abusé de sa bienveillance avant de disparaître. Marquet s’intéresse donc aux curieux Claeneboo, famille de terriens dont l’entreprise de pompes funèbres est réputée dans la région d’Arleghem. Si leur grand-mère Augusta est toujours en vie, ce sont aujourd’hui les cinq frères Claeneboo qui dirigent l’affaire. L’aîné a été récemment victime d’un mortel accident de voiture. Alors qu’il commençait à creuser une tombe au cimetière d’Arleghem, le deuxième frère a péri dans une explosion. Ce n’est pas un vieil obus enterré là qui a causé le drame, mais des mines anti-chars déposées depuis peu. Plus à l'aise en ville, Marquet se sent désorienté dans cette campagne flamande. Surtout que les trois frères survivants sont des taiseux, méfiants et même hostiles. Augusta, l’aïeule supposée sénile, ne parle qu’en langue flamande. La blonde Julie est vraiment la femme à tout faire des cinq célibataires de la fratrie. Elle confirme qu’il se passe depuis quelques temps des choses bizarres autour des Claeneboo.
Des témoins se souviennent de l’histoire de cette famille. Chef de la Résistance locale, le grand-père Louis fit abattre deux collabos miliciens en 1944. On sait qu’en réalité, il voulait épouser Lucette, la fiancée d’un des miliciens. Sexagénaire, Fabien Engrand est revenu s’installer dans la région. C’est le fils du collabo abattu et de Lucette, qui l’éleva seule. L’hypothèse d’une vengeance d’Engrand semble trop évidente, sans doute. Mais quand, malgré les précautions des Claeneboo, un troisième frère meurt dans une explosion chimique, Fabien Engrand est quand même le suspect idéal. D’autant qu’il peut maintenant prouver que son père génétique était Louis Claeneboo, et réclamer une large part de sa fortune. Après ses vacances amoureuses avec Sonia, la sœur de Marquet, Charles Dacié est de retour. Son aide ne sera pas inutile, aussi bien dans le cas du sans-papiers roumain que dans le dossier Claeneboo. Car la série criminelle n’est pas close...