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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 04:55
Le magazine L'Indic n°21 est disponible !

Les premiers noms venant à l'esprit quand on évoque des religieux-détectives sont sans doute celui du Père Brown (de Gilbert Keith Chesterton), de Frère Cadfael (d'Ellis Peters), ou de Soeur Fidelma (de Peter Tremayne). On pensera aussi à Guillaume de Baskerville, l'enquêteur d'Umberto Eco dans "Le nom de la rose". Depuis "Le moine" de M.G.Lewis publié en 1796, les ecclésiastiques sont des personnages récurrents dans la littérature à suspense. Le roman policier français leur a accordé une belle place, aussi.

Au cinéma, ce fut la charmante Sophie Desmarets qui, dans "Le secret de sœur Angèle" de Léo Joannon en 1956, incarna l'héroïne des romans signés Henri Catalan. Religieuse de l'ordre de Saint-Vincent-de-Paul, l'intrépide sœur Angèle a vécu de 1952 à 1959 une douzaine d'aventures publiées chez Le Masque. Avec leurs couvertures marrons spécifiques, ces histoires agitées et énigmatiques connurent un joli succès. Dans la collection Le Masque, Jacques Ouvard enchaîna en créant un autre héros religieux, le père Boileau. De 1959 ("L'assassin est dans le couvent", Prix du Roman d'Aventure) à 1981, cet ancien commissaire de la PJ sera au centre de vingt romans.

L'écrivain Michel Grisolia et le cinéaste Francis Girod imaginèrent un détective religieux : "Le mystère de l'abbé Moisan" (1991) et "La justice de l'abbé Moisan" (1993) furent publiés aux éditions J.C.Lattès. De nos jours encore, un moine est co-héros dans les polars historiques d'Olivier Barde-Cabuçon, chez Actes Noirs. Au temps de Louis 15, ce moine (fort peu catholique) n'est autre que le père du commissaire aux morts étranges. Les deux premiers titres de cette série ont été récompensés par le Prix Sang d'Encre et le Prix Historia… Bien d'autres prêtres, curés, religieux en tous genres, apparaissent dans des seconds rôles, au gré des intrigues dans quantité de romans à suspense français.

Dans son 21e numéro, le magazine L'Indic  consacre un dossier à la religion, sous diverses formes. De la SF aux personnages ayant marqué ce thème, sans oublier la spiritualité d'un Jack Taylor, différentes approches à découvrir. Par ailleurs, de nombreuses rubriques sont au programme. Une interview de l'auteur israélien Dror Mishani, une nouvelle d'Anouk Langaney, les critiques de quelques polars (actuels ou plus anciens), une balade sur l'île de Noirmoutier avec Boileau-Narcejac, des photos, du cinéma et de la musique.

Comme toujours, c'est un riche sommaire que nous proposent les rédacteurs de L'Indic sur 48 pages. Pour vous abonner, il suffit de retourner un chèque de 28 euros (4 numéros par an) à l'ordre de Fondu Au Noir, 2 rue Marcel Sembat - 44100 NANTES.

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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 04:55

Archibald Sirauton est un ancien magistrat, reconverti dans la viticulture en Bourgogne. Il est maire de Saint-Vincent-des-Vignes, une bourgade à cinquante-cinq kilomètres au nord de Lyon. Avec son chien Tirbouchon, il habite le manoir hérité de ses parents. Bougonne, sa gouvernante, a assurément mérité son sobriquet. Filoche, son employé, est un repris de justice revenu dans le droit chemin. Archibald est fiancé à Xavière Sifakis, comédienne entrevue sur les écrans et au théâtre. Actuellement, Xa (c'est ainsi qu'on l'appelle) est en répétition à Lyon pour une pièce de Molière dirigée par Paul Deflers. Un grand metteur en scène, mais intransigeant. Bien que laïc par son état d'esprit et par sa fonction de maire, Archi s'accorde plutôt bien avec Hippolyte Goma, le curé local venu d'Afrique.

Ce qui agite depuis peu la population du cru, c'est un site Internet baptisé "Village en folies". Par ses propos venimeux, le rédacteur vise non seulement Archi et son entourage, mais plusieurs autres villageois. Photos à l'appui si le besoin s'en fait sentir, le corbeau dénonce de supposés défauts de chacun. Au manoir, les proches d'Archi tentent de dresser le portrait de l'auteur du site. Bon photographe, écrivant sans faute, c'est sans doute un type dans la force de l'âge, fortiche en informatique et vivant dans la région. Au bistrot de Saint-Vincent-des-Vignes, les habitants s'échauffent et les bigotes visées râlent. On est d'accord avec Archi pour ne pas mêler les flics à cette affaire. Néanmoins, le sujet finit par faire le buzz auprès des internautes, dont les réactions sont bassement sarcastiques.

Pour avoir "profané" un symbole respecté des villageois, l'anti-clérical Brulebois est la cible de la population, après avoir été dénoncé par "Village en folies". Se réfugiant au manoir, il est finalement pris en charge par le curé Goma. Il devient difficile pour Archi de raisonner ses administrés. Et puis, il suit une autre affaire, concernant quelque peu sa compagne Xa. Le metteur en scène Deflers a été assassiné dans son bureau, au théâtre. Un buste de Molière à disparu, peut-être l'arme du crime. Si le capitaine de police Bordas, ami d'Archi, est toujours fiable, le commissaire Poussin voit là une occasion de briller. Il soupçonne en tête Lydie Grandchamp, comédienne et amante de la victime. Heureusement, des témoins favorables à la suspecte évitent au policier de se fourvoyer dans cette voie.

Un personnage non-identifié traînait dans cette partie de la salle appelée "le paradis". Il se manifestera bientôt anonymement sous le pseudonyme de Valère, personnage de Molière. L'inconnu veut "récupérer son bien", sans préciser lequel. Ce qui ne fait pas forcément de lui un tueur. Kortas, producteur de spectacles, est retrouvé mort dans son appartement de luxe, assassiné de la même façon que Deflers. Il est certain que ce ne sera pas la dernière victime. Le commissaire Poussin interroge à nouveau la troupe de comédiens. De son côté, Archi suit une piste basée sur des limonaires pour retrouver l'énigmatique Valère. Il faut encore avancer sur le site "Village en folies", qui les attaquent de nouveau, Xa et lui…

Philippe Bouin : L'homme du paradis (Presses de la Cité, 2015)

Après “Le vignoble du Diable” et “Les chais des ambitieux”, on retrouve avec un plaisir certain l'univers bourguignon et lyonnais d'Archibald Sirauton. S'il affiche une part de désinvolture, l'ex-juge devenu vigneron n'en est pas moins un homme responsable et un enquêteur avisé. Il ne néglige pas les tirages de cartes divinatoires de Bougonne, mais se fie à son cartésianisme pour réfléchir et résoudre les problèmes. La tranquille tradition vinicole et villageoise est ici bousculée par l'aspect négatif d'Internet :

“Ces intouchables s'appellent les tchateurs anonymes. Sous le couvert de leurs pseudos, ils détruisent et salissent en toute impunité… Dès que l'un d'eux trouve un sujet à démolir, c'est aussitôt l'hallali. On ne sait pas de quoi il s'agit, mais qu'importe, marrons-nous, haro sur le baudet. Le lynchage est ouvert à l'abri des procès.” Modernité et médiocrité vont de pair, quand les vils instincts se déchaînent.

C'est encore une excellente comédie policière que nous propose Philippe Bouin, écrivain confirmé ayant, depuis quinze ans, deux douzaines de romans à son actif. Au théâtre comme au village, on nous présente une belle galerie de personnages typiques, prêtant à sourire. L'aspect criminel, c'est dans le petit monde théâtral (autour de la belle Xavière) qu'il prend forme ici. Mystérieux crimes et individu ambigu rôdant dans les parages : il est bon qu'Archibald Sirauton y mette son grain de sel (non pas son grain de raisin) afin que le commissaire, trop confiant en ses propres talents, ne se fourvoie pas. Un suspense très agréable, entre humour et énigme.

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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 04:55
L'homme noir, personnage mystérieux à plus d'un titre

Quand on parle polar ou SF, "l'homme noir" ne va pas désigner le mâle africain, mais plus sûrement la noirceur de l'âme, des actes ou des tenues, du personnage-titre. En 1939, un certain André Sans publia aux Éditions de la Librairie de L'Arc (Brive La Gaillarde) un roman de 126 pages (en tirage limité et numéroté, illustré de 36 gravures sur bois de Jean Margerit) intitulé "L'homme noir". On peut supposer qu'il s'agit d'un conte à suspense car Edgar Allan Poe est cité en exergue, via un extrait de Le puits et la pendule, "Oh ! Une voix… une voix pour crier !"

G.J.Arnaud utilisa le même titre pour un roman publié dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir en 1975. L'histoire se passe à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse. C'est là que Roger Courson, qui vit aujourd'hui à Nice, passa son enfance. Dans certains couloirs de cet immeuble désormais lézardé, les mômes d'autrefois avaient peur du légendaire "homme noir" hantant les lieux. “Lorsqu'il n'était qu'un enfant, il ne s'y hasardait qu'en compagnie des autres, un bout de bougie à la main. Outre les chausse-trappes, il y avait l'Homme Noir. Tous les enfants l'avaient vu. Lui aussi. Une ombre en grande cape et chapeau pointu qui se glissait d'étage en étage, silencieux et sinistre… On disait qu'un trésor y avait été caché par un riche soyeux au moment de la révolte des Canuts en 1831 et que l'Homme Noir n'était autre que le fantôme du soyeux recherchant son bien.” S'il est de retour chez ses parents, c'est que Roger vient d'assassiner sa compagne Gisèle. Voilà le seul endroit qu'il ait trouvé pour se cacher. Auprès de ses parents, qui sont décédés de mort naturelle, dont les corps sont toujours dans l'appartement. Un refuge pas si sûr, car des attentats visent ce pâté de maison habité surtout par des familles arabes venues d'Algérie. C'est l'œuvre d'un comité dirigé par l'étudiant Pascal Lacaze et son amie Hélène Ferni, afin d'obtenir le relogement de ceux qui vivent dans ce trou-à-rats. Ce qui risque de trop attirer l'attention des autorités sur cet immeuble, augmentant l'angoisse de Roger.

"L'homme noir" fut réédité en 1995 chez le même éditeur, dans un recueil de quatre titres. Les autres sont trois succès de cet auteur : "Enfantasmes" (Prix Mystère de la Critique 1977), "L'enfer du décor", "Les jeudis de Julie". En début d'année 2015, les éditions Rivages/Noir ont aussi publié un roman de Luca Poldelmengo intitulé "L'homme noir".

L'homme noir, personnage mystérieux à plus d'un titre

En science-fiction, on trouve également ce titre. "L'homme noir" est un recueil de huit nouvelles signées Robert E.Howard, qui fut successivement publié par Le Masque fantastique en 1976, chez NéO en 1982, au Fleuve Noir en 1991. Il existe encore un roman de fantasy de Robin Hobb publié par Pygmalion en 2005, sous ce titre.

Légères variantes dans les romans destinés à la jeunesse. Avec le livre d'Alix Clémence "Ninon et l'homme en noir" publié par Syros, dans la collection Souris Noire, en 1999. Chez PKJ (Pocket Jeunesse), "L'homme en noir" de Catherine MacPhail est le tome 3 de sa série Némésis, publié en 2010.

Côté bédé, on peut citer des titres très approchants. Tel "Mandy Riley – L'homme en noir" (tome 1) de Ray Collins et Ernesto Garcia Seijas, aux Éd. du Lombard, 1988. Plus ancien, une bédé sans doute parue dans le Journal de Tintin, puis en album : "L'homme noir de Ripaton" de Mitteï (série L'indésirable Désiré, Dargaud 1970).

L'homme noir, personnage mystérieux à plus d'un titre
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11 juin 2015 4 11 /06 /juin /2015 04:55

Don Kurtwood est un universitaire de quarante ans. Il enseigne l'anglais dans le Kentucky. Il a eu une compagne, Rebecca, mais cultive peu sa vie sociale. Depuis l'enfance Don aime les livres, y consacrant maintenant l'essentiel de son temps. Son père Joseph Kurtwood, qui fut commercial dans l'Ohio, était également un grand lecteur. Si Don ne privilégie que les ouvrages à la qualité avérée, son père préférait la littérature populaire. Il a accumulé des quantités de polars et de westerns, qu'il lisait sans fin. Un vrai boulimique de lecture. Joseph Kurtwood vient de mourir, suite à une longue maladie dégénérative. Don est de retour auprès de sa mère pour les obsèques. Il réalise qu'il connaissait mal ses parents.

Au funérarium, Don est approché par un petit gros à l'allure négligée qui ne fait pas partie de leurs proches. Ce Lou Caledonia est libraire d'occasions dans cette ville, spécialiste des livres rares. Ces dernières années, il a essayé en vain d'entrer en contact avec le défunt. Joseph Kurtwood ne donnait pas suite à ses courriers. Lou Caledonia demande à Don de passer au plus tôt à sa librairie, afin de lui expliquer les détails. Vu le stock de livres dont sa mère ne sait que faire, autant que l'attitude énigmatique du libraire, Don décide de se rendre chez Lou Caledonia le soir-même. La boutique est bien telle que l'imaginait Don, surchargée de livres. C'est alors qu'il découvre le cadavre du libraire, assassiné.

Ayant immédiatement téléphoné à la police, Don est interrogé par l'inspecteur Phil Hyland. On peut penser que ce meurtre a été causé par un cambriolage ayant mal tourné. Don ne révèle pas au policier le petit indice qu'il a trouvé chez la victime : l'avis de décès de son père, avec une inscription manuscrite, "l'étranger". Est-ce que cela a vraiment la moindre importance, d'ailleurs ? Ce n'est pas sa mère qui pourrait le renseigner. Si ses parents formaient un couple ordinaire, une certaine indifférence régnait entre eux. Sa mère est juste embarrassée par tous ces livres.

Le policier Hyland est un pro consciencieux. Il creuse son sujet, s'informe sur le contexte autour du libraire, ne se contentant pas des apparences. C'est ainsi qu'il s'intéresse à une collection de romans populaires datant du début des années 1970. Elle ne comporte que vingt titres, des westerns traditionnels. Avec deux singularités, ce qui fait sérieusement monter la cote de ces livres auprès des passionnés cherchant la collection complète. Dans les cartons de son père, Don retrouve des photos du temps de la jeunesse de Joseph. Il n'avait jamais pensé que son père avait eu une vie différente, par le passé…

David Bell : La cavale de l'étranger (Ombres Noires, 2015)

Ce roman court est l'œuvre de David Bell, qui a connu un certain succès avec “Fleur de cimetière” publié chez Actes Noirs. Outre l'histoire, on trouvera une interview de l'auteur, en fin de volume. Il y explique clairement l'origine de sa passion du livre, et le contexte de cette fiction. Les romans mettant en scène des lecteurs assidus, soulignant le plaisir qu'ils éprouvent au contact du livre, possèdent toujours un "parfum" particulier. Si l'universitaire s'enferme dans l'étude de la grande littérature, activité fort honorable, son père avait saisi tout le charme d'ouvrages populaires, ceux d'hier et d'aujourd'hui.

“C'était la preuve flagrante qu'il avait bel et bien eu une vie avant son mariage. Mon père avait peu d'amis quand j'étais petit, et il ne s'en était pas fait beaucoup plus après mon départ de la maison et sa retraite. Ma mère avait une vie sociale. Mon père avait ses livres, et le sport à la télé. Mais les photos du carton racontaient une autre histoire…” Le thème de l'intrigue, au-delà de son aspect criminel, c'est avant tout la relation entre père et fils, parent et enfant. La transmission entre générations s'est perdue depuis quelques décennies, et pourtant elle était riche, y compris sur la personnalité et la vie de nos aïeux. C'est ce qu'évoque David Bell, avec fluidité et une sensibilité de bon aloi. Un fort agréable roman court.

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10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 04:55

La ligne 1 du métro parisien va de La Défense jusqu'au Château-de-Vincennes, soit seize kilomètres et demi traversant le cœur de la capitale. C'est un dimanche soir du début de l'automne. Âgé de vingt-cinq ans, Vincent prend le métro à la station Les Sablons, afin de rejoindre des copains faisant la fête. Amis qui le considèrent comme assez immature, et qui sont habitués à ce qu'il soit en retard. Sans doute ignorent-ils le parcours chaotique de Vincent, qui vit aujourd'hui de petits boulots. Né d'un coït bâclé, il connut une enfance instable avec une mère alcoolo, avant d'être adopté par une famille bienveillante. Vincent en garde une fêlure profonde, qu'il masque aux autres. C'est un grand brun racé, de belle allure : “Il porte une barbe de trois jours qui accentue son côté sauvage, un brin brutal, vraiment masculin.” Séduisant, Vincent est beaucoup plus dangereux qu'il n'en a l'air.

Stéphanie Dujardin est une étudiante de vingt-trois ans. Il fait aussi l'hôtesse d'animation, comme ce week-end pour cette foire aux vins à La Défense. Stéphanie a un petit ami, Martin. Un jeune homme sérieux, épris d'elle, manquant hélas de fantaisie. Elle n'est pas trop sûre de ses sentiments à l'égard de Martin. Ce soir, Stéphanie préfère aller dormir chez ses parents (couple aisé, trente ans de mariage) à Saint-Mandé. Son père pense que le destin décide de nos vies, tandis que sa mère croit plus au hasard : Stéphanie oscille entre les deux opinions. Pourtant, à cause d'un passager du métro éméché et énervé, ce soir-là c'est bien le hasard qui met en contact Stéphanie et Vincent. Qui se présente sous le prénom de Pierre. Fasciné par le cou gracile des jolies jeunes femmes, il a vite cherché à lier connaissance. Leurs âges et le charme de Vincent les rapprochent bientôt.

Il ne faudrait pas croire que les policiers du Quai des Orfèvres restent inactifs concernant ce tueur en série ayant déjà poignardé quatre victimes. Au sein de l'équipe de Pelletier, le brigadier-chef Jean-Marc Charland, trente-sept ans, est obsédé par l'affaire. Au point d'y avoir encore consacré son dimanche, rentrant chez lui fatigué, en métro. Ce qui n'a pas été divulgué au public, c'est l'avancée du dossier depuis le cas Caroline Garrigue, dix jours plus tôt. Grâce à Sophie, voisine de la victime, la police dispose d'un portrait très précis de l'assassin égorgeur. Son mode opératoire, ils l'ont à peu près défini aussi. Charland va en métro de Châtelet jusqu'à Bastille. Derrière lui, un couple de jeunes amoureux, Stéphanie et Vincent. Il les a remarqués, mais n'a pas vu le visage du jeune homme. Il ne réalisera que trop tard que c'est justement ce tueur en série qu'ils traquent.

Bien que Martin lui laisse des messages SMS, lui promettant de la rejoindre en scooter à Saint-Mandé, Stéphanie se sent de plus en plus attirée par ce beau brun de "Pierre". Bien que le policier l'ait raté, le jeune homme a compris qu'il y avait du danger. Bien que tout puisse s'arrêter à ce moment-là, station Porte-de-Vincennes, Vincent et Stéphanie vont poursuivre ensemble le trajet vers Saint-Mandé. Bien que l'obstiné Charland ait la chance de tomber sur un chauffeur de taxi coopératif, interviendra-t-il assez tôt ?…

Jacques Expert : Tu me plais (Le Livre de Poche, 2015 – Inédit)

Il devient rare de lire des suspenses à l'intrigue tendue respectant les trois unités, ce qui exige une construction parfaite. Nous avons ici l'unité de lieu : le métro et la destination finale. Avec également l'unité de temps, celui du trajet durant cette soirée du dimanche. Enfin, tous les événements doivent être liés et nécessaires pour alimenter l'unité d'action, ce qui est aussi le cas. Certes, Vincent et Stéphanie sont au centre de l'histoire. Mais on nous présente par ailleurs les parents de Stéphanie, son compagnon Martin, une Sylvia et une Caroline parmi les précédentes victimes, un passager désagréable, un conducteur raciste du métro, un flic fatigué, un efficace agent de la RATP, etc.

En somme, on peut croiser tant de gens, et il se peut se produire tant de chose quand on emprunte le métro parisien un dimanche soir. L'auteur joue avec malice sur les notions complémentaires que sont le hasard et le destin. Dans les passages ponctuels en italiques, il fait le bilan d'étape, s'interrogeant sur le sort de la victime potentielle, sur l'attitude de personnes extérieures. Jolie combinaison avec les faits, inexorables, dont nous voilà les témoins. Pour ceux qui sont équipés, un "flash code" à la fin du roman laisse entrevoir une suite, puisque le dénouement est "ouvert". Un suspense (inédit) à la fois habile et enjoué, intense et vif, qui offre un grand plaisir de lecture.

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9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 09:30
Festival international du roman à Frontignan les 26, 27, 28 juin

La 18e édition du Festival international du roman noir (FIRN) vous donne rendez-vous à Frontignan. Tous les auteurs invités seront présents les 26, 27, 28 juin. Avec Fred Vargas, marraine du festival. Le FIRN invite les "étranges étrangers" à la grande table du roman noir. Qu'ils se meuvent dans la nuit ou dans la ville, qu'ils voguent sur des radeaux d'exils ou sur des rives de solitudes, qu'ils se choisissent de nouvelles identités ou frappent la décence de la normalité, les étrangers forment l'humaine humanité... Migrations, dissidences, exclusion sociale, différence et questions de genre,  folie, solitude et héros en quête d’étrange... les auteurs invités exploreront le thème sous toutes ces déclinaisons lors des tables rondes.

Sont annoncés plus de 60 invités internationaux :

Dr Alderete - Nine Antico - Patrick Bard - Lilian Bathelot - Cesare Battisti - Catherine Bessonart - Laurence Biberfeld - Marc Boulet - Fabrice Bourland - Anne Bourrel - Franck Bouysse - John Burnside - Alper Canigüz - Chloé Cruchaudet - Réda Dalil - Victor Del Arbol - Adrien Demont - Boris Dokmak - Serguei Dounovetz - El Don Guillermo – Fabrice Erre – Fabcaro - Jérôme Fansten - Anne-Charlotte Gauthier - Sébastien Gendron - Guillaume Guerse - Sophie Hénaff - Joko - Sylvain Kermici - Hicham Larsi - Oriane Lassus - Marin Ledun - Matthias Lehmann - Sophie Loubière - Claude Lucas - Armèle Malavallon - Marcus Malte - Ian Manook - Olivier Martinelli - Thomas Mathieu - William McIlvanney - Michel Moatti - Patrick Mosconi - Naïri Nahapetian - Marie Neuser - Martine Nougué - Jean-Paul Nozière - SJ Parris - Nicolas Pinet - Gianni Pirozzi - Emilie Plateau – Jean-Bernard Pouy - Michel Quint - Anne Simon - Olivier Thiébaut - Olivier Truc - Alessio Viola - Inger Wolf - Francis Zamponi - Fred Vargas.

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9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 04:30
Le Havre : Festival Polar à la plage du 10 au 14 juin 2015

Le Havre : 13e Festival du Polar à la plage, du 10 au 14 juin 2015

Le festival du « Polar à la Plage » organisé par Les Ancres Noires  montera ses chapiteaux à deux pas de la mer pour accueillir des auteurs, des dessinateurs, des musiciens, des lectures, des débats, du théâtre, du cinéma, des courts-métrages et des conteurs…

Le président d’honneur de cette édition est Philippe Huet .

Cette année, en plus des auteurs français, Les Ancres Noires accueilleront des romanciers internationaux : Karen Maitland (Grande Bretagne), Rafael Reig et Christina Fallaràs (Espagne), Naïri Nahapétian (Iran), Kishwar Desai (Inde), Gianni Biondillo (Italie), David Coulon, Sandrine Colette, Dominique Chappey, Dominique DelahayeThierry Marignac, Dominique Manotti, Eric Maravélias, Jean-Paul Halnaut, Jérôme Leroy, Maurice Gouiran, Emmanuel Grand, Marcus Malte, Laurence BiberfeldHervé Commère, Dominique Sylvain, Ian Manook.

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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 04:50

Originaire de Brie-Comte-Robert, le commissaire Louis Gardel est âgé de vingt-huit ans. Il est en poste au Quai des Orfèvres. Il est très apprécié du préfet de police Lépine. Le jeune enquêteur entretient une relation semi-amoureuse avec une voyante, Lucie Cassandre, qui a pour voisin un drôle de bonhomme, Guillaume de Kostrowitzky. En ce mois d'octobre 1902, c'est le commissaire Cornette qui est chargé de faire la lumière sur le décès brutal d’Émile Zola. Néanmoins, par admiration pour celui qui défendit le capitaine Dreyfus, Louis Gardel s'intéresse à sa mort suspecte. Déjà, les funérailles du grand écrivain se préparent. Il y assistera, parmi une foule considérable. Il va aussi interroger Mme Monnier, concierge de l'immeuble de Zola. Car, ce jour-là, la présence imprévue de ramoneurs est curieuse.

Une autre affaire est confiée au policier Gardel : les sœurs Frou-Frou sont des jumelles qui se produisent aux Folies-Bergère. Habitant un hôtel particulier avenue d'Antin, ces demi-mondaines sont actuellement entretenues par le diplomate et financier Raffalovitch. Ruiné, leur précédent protecteur, le baron Eisenberg, s'est récemment suicidé. Olympe de Bléville et sa sœur Hortense figurent, telles Liane de Pougy ou la Belle Otero, parmi les célébrités du Tout-Paris. En réalité, c'étaient deux orphelines jumelles élevées séparément qui, sous l'impulsion d'Olympe, ont réussi ensemble à se hisser jusqu'à la haute société de l'époque. Riches amants et douces amantes, la liste des amours des sœurs Frou-Frou est longue. Hélas, Olympe de Bléville vient d'être poignardée dans sa loge, aux Folies-Bergère.

Assisté de l'inspecteur Galabert, le commissaire Gardel n'est pas certain que la lettre de menaces reçue par les jumelles soit capitale dans ce dossier. Néanmoins, on fait expertiser l'écriture, qui pourrait bien désigner quelqu'un de la famille du baron Eisenberg. Le préfet Lépine rappelle à Gardel que ce meurtre touche au prestige de Paris, et des jolies femmes qui en sont les ambassadrices. Tandis que Galabert rêve d'approcher la Belle Otero, Gardel s'intéresse à un couple d'amis d'Olympe, l'écrivain Willy et son épouse Colette. Celle-ci fut intime avec la victime. Gardel devine en elle une personnalité attachante, et ne doute pas qu'elle soit l'auteure de la série de romans "Claudine". Si son mari Willy fanfaronne, à son habitude, difficile de le soupçonner d'avoir assassiné par jalousie Olympe de Bléville.

Imaginer un lien entre la mort d’Émile Zola et celle d'une sœur Frou-Frou, c'est sans doute saugrenu. Autant que de tester sur des cobayes le gaz mortel qui tua Zola. Gardel s'invite chez la comtesse de Loynes, pas une aristocrate mais une demi-mondaine mûre qui guida les débuts d'Olympe. Le policier n'aime guère ces militants de mouvements anti-sémites, que fréquentent cette dame. L'affaire de Fort-Chabrol, trois ans plus tôt, oblige à se méfier de ces Ligues. La lettre de menaces offre à la police du préfet Lépine un coupable idéal. Le commissaire Gardel est sûr que la vérité est plus compliquée. Aux obsèques d'Olympe, le gratin mondain est réuni. S'il écoute en s'amusant les ragots du maître d'hôtel Hugo, c'est plutôt grâce à Colette que Gardel peut espérer avancer dans ses investigations…

Gilles Schlesser : Sale époque (Éd.Parigramme, 2015)

Explorer une période du passé, voilà une forme de voyage dans le temps que permet le polar historique. Toutefois, un roman n'est pas un cours magistral où l'auteur étalerait son érudition. Gilles Schlesser le sait pertinemment : il privilégie toujours l'intrigue criminelle. Ce sont le mystère et l'enquête qui priment, c'est la recherche de la vérité qui importe. Par la parfaite connaissance du contexte, ici Paris en 1902 au cœur de la Belle-Époque, sont ensuite restituées les ambiances d'alors, les décors typiques, et l'on côtoie les grands noms qui faisaient l'actualité de ces années-là. On aperçoit la silhouette d'Apollinaire, on rend visite à Colette et Willy, on entre dans le bureau du préfet Lépine, et sont évoquées ces courtisanes pour lesquelles les messieurs de la haute société dilapidaient des fortunes.

Les femmes, l'argent, le sexe : tout ça était clinquant chez les demi-mondaines, beaucoup moins chez les filles des rues : “Si l'on ajoute aux six mille filles officiellement encartées les quatre-vingt mille lorettes, grisettes et autres insoumises sur les trottoirs de Paris, sans compter les pierreuses des terrains vagues ou des fortifs, il y aurait – selon Lépine – plus de cent cinquante mille prostituées dans la capitale. Dont la moitié porte la syphilis, ce "Mal de Naples" qui touche désormais un Parisien sur sept, ces "avariés" qui emplissent chaque jour un peu plus le service des vénériens de Cochin.” Belle-Époque pour une infime partie de la société, le peuple ne comptant guère, loin de cette débauche frénétique.

L'émotion autour de la mort d’Émile Zola était indescriptible, mais on la ressent dans cette histoire. Quant aux circonstances de son décès, on verra ce qu'en dit le commissaire Louis Gardel. Bien que fin limier, il reste tant soit peu un provincial complexé, nostalgique d'un amour de jeunesse. Peut-être parce qu'elle vient de Bourgogne, il se sent en affinités avec Mme Gauthier-Villars, plus connue sous le nom de Colette. On apercevra la comédienne Polaire, qui incarna "Claudine" au théâtre, dont la popularité fut celle d'une star. Gardel aime aussi flâner dans Paris, choisissant certains bars : “Le Flore est un bistrot tranquille de petits rentiers et de joueurs de cartes, un café sans histoire où l'on est sûr que jamais la moindre personnalité ne mettra les pieds.” Le récit ne manque pas d'humour, en voilà une preuve, puisqu'on sait ce que symbolisera plus tard le Café de Flore. Il y aurait mille autre qualités à souligner, car c'est un savoureux polar qu'a concocté Gilles Schlesser.

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Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

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ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

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