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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 05:55

La Ville, c'est une métropole américaine en 1935. Henry le Rouge en est le tout-puissant maire depuis 1929. Au centre d'un cercle d'amis hommes d'affaires, il règne avec la plus grande fermeté. Il s'appuie sur les forces de police, et aussi sur les vigiles de l'UAS, l'Unité Anti-Subversion. Ces derniers affrontent sans pitié les syndicats, qui ont lancé des grèves contre les établissements de certains proches du maire. Ce qui ne va pas empêcher des attentats visant Bernal, patron de Capitol Industries, ou Altabelli, deux amis de Henry le Rouge. Le détective Ethan Poole est un sympathisant des mouvements sociaux. Il soutient Carla, pasionaria communiste, et son comparse Enrique. Au besoin, Ethan Poole n'hésite pas à pratiquer le chantage contre des gens tels que Roderigo Bernal. Toutefois, il mène aussi de vraies enquêtes. Comme cette affaire Prosnicki, où une femme voudrait retrouver son fils Casper disparu depuis sept ans.

Frank Frings est journaliste pour La Gazette. Ce migraineux se soigne aux cigarettes de haschich. Il est l'amant de Nora Aspen, chanteuse de jazz quelque peu connue. Celle-ci sent actuellement une sourde menace autour d'elle. Les attentats ciblant des proches du maire sont des faits divers qui intéressent Frings. Quelques années plus tôt, convaincu par la vitalité et les promesses d'Henry le Rouge, il fut favorable à son égard. Ayant déchanté depuis l'élection, le reporter écrit des articles agressifs. Et surtout, il cherche des preuves des malversations du maire. L'industriel Bernal a de bonnes raisons de l'aider : “Quand le système des petits arrangements du maire s'effondrera, ce sera le chaos, et je veux savoir à quel moment se produira ce dénouement inéluctable. Je ne veux pas mourir, M.Frings. Or, des morts, il y en aura avant la fin de tout ceci.” Lui qui connaît certains secrets de la Ville, il offre au journaliste une piste sérieuse.

Les Catacombes sont les archives de la police et de la justice de la Ville. Arthur Puskis en est le documentaliste depuis vingt-sept ans. Maniaque des classements minutieux, il remarque l'existence d'un double dossier sur la même affaire. Des deux photos trouvées, laquelle est vraiment celle du criminel Reif DeGraffenreid, qui fut condamné il y a quelques années ? Il s'avère que la photo de substitution est celle d'un certain Prosnicki. Le maire a été avisé de la petite enquête d'Arthur Puskis. Déjà, il a lancé un homme de main sur la trace d'Ethan Poole, non pour ses sympathies syndicales, mais parce qu'il s'informe sur le cas Prosnicki. Vérifiant les dossiers des Catacombes, Arthur s'aperçoit qu'une vingtaine de condamnés n'ont jamais été emprisonnés. Qu'est-ce donc que ce Projet Navajo ? Quel rapport avec le Massacre de la Fête d'anniversaire, datant de 1929, car un lien existe. Quand on lui présente la machine moderne qui remplacera les dossiers des Catacombes, Arthur comprend que les autorités municipales veulent détruire les preuves...

Toby Ball : Les Catacombes (Éd.10-18, 2013) – Coup de cœur –

Témoignant des réalités sociales sur fonds d'intrigue criminelle, le roman noir évolue avec son temps, c'est normal. Dans notre monde déréglé, le témoignage de tels polars garde une certaine importance. Néanmoins, les passionnés aiment à retrouver les ambiances des romans noirs d'autrefois.

Ceux qui évoquaient les mafias, la corruption généralisée et les embrouilles si courantes durant l'Entre-deux-guerres aux États-Unis. Ceux qui décrivaient la Prohibition, les clubs mal famés, les truands cyniques, les trafics en tous genres. Ces romans qui montraient la Ville sans la nommer, puisqu'il pouvait s'agir de New York, de Chicago ou autre métropole. Ceux qui mettaient en scène des personnages sombres, des détectives ou journalistes d'investigation, qui possédaient leurs propres principes moraux. Face à des notables pourris ou des caïds sans états d'âmes, tous avides de pouvoir.

C'est une immersion dans les décors fantomatiques de cette Ville corrompue, que nous propose Toby Ball. C'est une ambiance “à l'ancienne” qu'il reconstitue avec soin, selon les critères du roman noir authentique. Le climat de mystère et de menace est omniprésent : “Parce que la situation est encore plus terrible que vous ne le pensez. Vous n'avez aucune idée de ce qui s'est passé, ni de ce qui se passe. Le Massacre de la Fête d'anniversaire, l'élimination du gang de White, le Projet Navajo, les hôpitaux qui sont en réalité des prisons, la disparition de familles entières...”

Sachant que cette phrase apparaît environ deux cent soixante pages avant le dénouement, c'est dire que les questions énigmatiques et les diverses péripéties ne manquent pas ensuite. Héros atypique, le bureaucrate Arthur Puskis apparaît d'une certaine façon comme le pivot de cette noire histoire. Un suspense (inédit) à la manière traditionnelle, qui procure un réel bonheur aux lecteurs.

- "Les Catacombes" de Toby Ball est disponible dès le 21 novembre 2013 -

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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 05:55

Gérard Dreuil est marié à Dorothée, propriétaire d'une maison de couture. Plus âgée que lui de six ans, son épouse fait preuve d'un caractère directif, possessif. Bien difficile à supporter, mais Gérard s'en accommode autant que possible. Dorothée a décidé un voyage en Espagne. Par hasard, dans un cabaret de Barcelone, Gérard retrouve Pascale, son ancienne petite amie, qui est toujours chanteuse. Elle l'entraîne dans une bodega du barrio chino, où ils évoquent ensemble leur passé commun. Ces retrouvailles font-elles vraiment plaisir à Pascale ? Elle semble avoir tiré un trait sur cette époque. Elle disparaît sans laisser ses coordonnées.

Un indice permet à Gérard de penser qu'elle va bientôt se produire aux Baléares. Avec habileté, il convainc Dorothée d'y séjourner. Il ne tarde pas à retrouver Pascale. Le couple se donne des rendez-vous nocturnes sur la plage. La jeune femme avoue à Gérard la vraie raison pour laquelle elle le quitta, quelques années plus tôt. Peut-être que si Gérard n'était pas marié, Pascale accepterait de revenir vivre avec lui ? Sans doute lâcherait-elle son actuel compagnon, Perez de Faber ? Gérard profite d'utiliser certaines circonstances pour éliminer son épouse. Pas de risque, puisque le rapport officiel conclut au simple accident.

De retour à Paris, Gérard apprend qu'il hérite de tout, y compris d'une assurance-vie dont il n'avait jamais entendu parler. Cazoulès, l'enquêteur de la Compagnie, imagine que Gérard a assassiné Dorothée pour toucher cette importante somme de l'assurance-vie. De son côté, Gérard est reparti à Barcelone, espérant y retrouver Pascale, qui a encore disparu. Il va devoir affronter Perez de Faber, un adversaire coriace qui souhaite conserver à tout prix la jeune femme auprès de lui. Se cacher de la police dans le barrio chino ne suffira sans doute pas à Gérard pour s'en sortir...

Michel Lebrun : Un soleil de plomb (1958)

Petit hommage au romancier Michel Lebrun (1930-1996). “Un soleil de plomb” fut publié en 1958 dans la collection Un Mystère. Un de ses excellents titres, qui a été réédité en 1987 aux éditions Le Rocher (Les maîtres de la Littérature policière). On le trouve aussi chez Le Masque, (Les maîtres du Mystère). Un suspense fluide et intense à la fois, dans la meilleure tradition du polar.

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12 novembre 2013 2 12 /11 /novembre /2013 05:55

Benjamin Cooker est un œnologue de réputation internationale, dont le Guide des vins est une référence. Basé dans la région bordelaise, il est assisté du jeune Virgile Lanssien, et de la laborantine Alexandrine de la Palussière. Parmi leurs activités, Cooker et son équipe sont aussi conseillers pour bon nombre de viticulteurs. La qualité du vin, son amélioration, c'est tout un métier. Benjamin Cooker accepte également des missions comme celle que lui a confié Georges Gimonprez. C'est l'un des plus importants négociants de Bordeaux. Il possède un château et diverses propriétés. Par sa férocité en affaires, Georges Gimonprez ne compte pas que des amis. Son nouveau projet consiste à investir en Chine. Acheter 1350 hectares d'un seul tenant, y planter de la vigne et commercialiser sur le marché chinois, un programme pour lequel il a besoin des conseils de Benjamin Cooker.

Alors qu'il dîne dans le même restaurant que l'œnologue et son assistant, Gimonprez est victime d'une fatale crise cardiaque. Dès le lendemain, Benjamin est reçu au château par la veuve. Elle paraît peu surprise du décès de son époux. Le médecin traitant du négociant confirme les soucis de santé de son patient. C'est le neveu du défunt, Thomas Cardonet, déjà directeur général, qui devra prendre les rênes de l'entreprise. Sa mère Hélène, veuve de longue date, devenue la compagne de Berland, comptable de la société Gimonprez, ne suit que de loin l'évolution de la société de son frère. Le commissaire Barbaroux est déjà occupé par l'agression d'étudiants œnologues chinois à Bordeaux. Si Benjamin déniche des éléments nouveaux, il saura les exploiter. “C'est tout à fait le genre d'embrouilles qui vous excitent, ça...” ironise Virgile. “Disons que ça me titille, plutôt.” admet son patron.

Benjamin Cooker fait connaissance avec l'entourage professionnel de Gimonprez. Pour le moment, les projets du défunt restent en cours. L'œnologue doit s'improviser guide afin de vanter à deux Chinois les mérites de la région. Avec Virgile, Benjamin visite un cabanon de pêche qui lui a paru suspect. Un lieu confortable, où ils découvrent une possible pistes, des traces de coûteux cigares. Cooker voudrait bien définir à quoi servait le labo personnel de Gimonprez. Alors qu'ils ont analysé et dégusté les échantillons des vins qui seront commercialisés bientôt, l'œnologue et ses adjoints comprennent mieux d'où venaient les problèmes de santé du défunt. Il est indispensable que le commissaire Barbaroux relance une enquête sérieuse, maintenant... 

Jean-P.Alaux – N.Balen : Crise aiguë dans les Graves (Fayard, 2013)

À chaque nouvel épisode de cette série de romans “Le sang de la vigne”, on éprouve un plaisir certain à suivre ce détective amateur. Pour Cooker, il s'agit davantage de recueillir de menus indices et des impressions, que de mener une enquête en bonne et due forme. Ses investigations peuvent être animées, mais l'ambiance se veut plus feutrée et courtoise que pétaradante ou explosive. On préfère observer et écouter, que sortir l'artillerie lourde et menacer l'adversaire. Foncer dans le tas, façon baroudeur ? Non, comprendre un contexte, économique ou familial, c'est déjà faire un grand pas en direction de la vérité.

Si Jean-Pierre Alaux et Noël Balen n'abusent pas des détails érudits, ils nous font néanmoins visiter le terroir, et livrent quelques détails historiques : comment le vin clairet du Moyen-Âge devint, au fil des siècles, le Bordeaux actuel ; l'hommage qu'on doit aux frères Lillet, les premiers à largement commercialiser ces vins dès la fin du dix-neuvième siècle. L'occasion aussi d'en apprendre un peu plus sur les meilleurs cigares cubains. En filigrane, il n'est pas interdit de s'interroger sur les échanges économiques avec la Chine, peut-être un concurrent à venir sur les marchés internationaux. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle affaire s'avère aussi plaisante et savoureuse que les précédentes aventures de Benjamin Cooker.

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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 05:55

En ce 11 novembre, mettons un peu de côté les polars. Cet armistice de 1918 aurait dû mettre fin définitivement à toutes les guerres en Europe, et peut-être dans le monde. Ce ne fut pas le cas, car la fragile démocratie a toujours été la cible des dirigeants politiques belliqueux et dictatoriaux. Aujourd'hui encore, sommes-nous à l'abri ? Relire témoignages et romans sur cette époque reste un moyen de ne pas retomber dans la même haine de l'autre, qui conduit toujours au massacre. Quelques parutions récentes...

Chez Le Livre de Poche : “1914-1918 Français et Allemands dans les tranchées”. 1080 pages, réunissant quatre immenses romans sur la Grande Guerre : Roland Dorgelès “Les Croix de bois”, Erich Maria Remarque “À l’ouest rien de nouveau”, Gabriel Chevalier “La Peur et Crapouillot”, Ernst Junger “Orages d’acier”.

À l’été 1914, les armées françaises et allemandes s’engagèrent dans un conflit qui, pour la première fois dans l’histoire, allait se propager au niveau mondial. Plusieurs millions d’hommes furent envoyés sur le front. Dans la boue des tranchées, sous les obus et les nuages de gaz, ils tentèrent de survivre à “la plus formidable connerie des temps modernes”. Beaucoup ne revinrent jamais. De ces années terribles sont nés des textes d’une grande force littéraire, devenus des classiques contemporains. Ce volume réunit quatre auteurs français et allemands, dont les œuvres témoignent, chacun à leur façon, de la vie de ces hommes engloutis dans la folie meurtrière de la guerre.

11 novembre 1918, des romans et témoignages à lire ou relire

Chez Librio, deux titres complémentaires : “Paroles de poilus”, de Jean-Pierre Guéno. “Voilà six mois bientôt qu'on traîne cette misérable existence qui n'a plus rien d'humain.” Août 1914 : les soldats partent sous les fleurs et les encouragements du peuple français. Sur les huit millions de poilus mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions ne reverront pas leur village natal. Plus de quatre millions souffrent de graves blessures, pour la plupart irréversibles. Mais, au-delà des séquelles physiques, ils sont à jamais marqués par l'horreur de cette guerre. Huit décennies plus tard, suite à l'appel de Radio France, des milliers de personnes envoyèrent les lettres de poilus conservées par leurs familles. Cet ouvrage en présente une centaine, qui n'ont pas vieilli. Ces mots déchirants incitent les nouvelles générations au devoir de mémoire, au devoir de vigilance et à l'humanité...

Un livre qui se complète avec “Les poilus”, de Jean-Pierre Guéno, de nouveaux documents de soldats, inconnus ou célèbres (Apollinaire) traitant de la mobilisation, la chasse aux espions, les soldats de la colonie, les lettres d’amour.

Chez Folio, un classique : “Le feu – Journal d'une escouade” d'Henri Barbusse. Prix Goncourt en 1916, le témoignage poignant de l'horreur des tranchées par un survivant. Il reste un chef-d’œuvre de la littérature de guerre. Dossier et glossaire réalisés par Pascale Salinier. Lecture d'image par Alain Jaubert « Des héros, des espèces de gens extraordinaires, des idoles? Allons donc! On a été des bourreaux. On a fait honnêtement le métier de bourreaux. On le r’fera encore, à tour de bras, parce qu’il est grand et important de faire ce métier-là pour punir la guerre et l’étouffer. Le geste de tuerie est toujours ignoble – quelquefois nécessaire, mais toujours ignoble. Oui, de durs et infatigables bourreaux, voilà ce qu’on a été. Mais qu’on ne me parle pas de la vertu militaire parce que j’ai tué des Allemands.»

Chez Folio aussi, à découvrir les “Écrits pacifistes” de Jean Giono. Ce volume réunit «Refus d'obéissance», «Précisions» et «Recherche de la pureté», trois textes pacifistes d’un homme qui n’oublia jamais l’horreur de la Première Guerre mondiale.

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 05:55

Journaliste à Ouest-France, Jean-Noël Levavasseur a dirigé plusieurs recueils de nouvelles autour de la musique (The Clash London calling, The Doors, Ramones, Bérurier Noir, les Cramps). Le principe consiste à s'inspirer d'un des titres de ces groupes très rocks, afin d'imaginer une histoire courte. Sans qu'il soit indispensable de se référer à la chanson telle qu'elle existe. Chacune des nouvelles (grunges et noires) est illustrée par Jean-Christophe Chauzy, un dessinateur de très belle réputation.

Cette fois, sont réunis treize auteurs : Ingrid Astier, Marion Chemin, Stéphane Le Carre, Jean-Noël Levavasseur, Jean-Luc Manet, Caroline Sers, Frédéric Prilleux, Marie Vindy, Olivier Martinelli, Cyrille Martinez, Mathias Moreau, Guillaume de Prat, Nicolas Rouillé. Des notices biographiques permettent de situer chacun d'eux. Ils utilisent les titres de l'album “Nevermind” de Kurt Cobain (1967-1994) et de Nirvana. Une chronologie, succincte mais précise, permet de survoler le parcours de ce groupe, ainsi que la discographie qui suivit le décès prématuré de son leader. Un recueil de nouvelles rock'n'roll à ne pas manquer.

Jean-Noël Levavasseur : Nevermind (Ed.Buchet-Chastel, 2013)

Coup d'œil sur quelques-unes des nouvelles de ce recueil.

Caroline Sers : "Smells like teen spirit". Cobin est un vieillard qui se la joue rebelle. Pour un vieux gâteux déconnecté du présent dans cette maison de retraite, c'est un moyen d'être encore un peu vivant. Les visites de sa fille et de son petit-fils Cédric, indifférent avec sa musique dans les oreilles, c'est surtout du temps perdu. Autant que de repenser à son propre passé trop lisse...

Marie Vindy : "Come as you are". La journaliste Jessy a suivi la tournée de Kurt et de son grouple pour un reportage, plus d'un an auparavant. Depuis, sous prétexte de se sevrer de la drogue, Kurt s'est isolé dans un bâtiment en pleine cambrousse. Pas sûr qu'il ait cessé de se shooter. La mission de Jessy, l'inciter à reprendre les concerts, semble vouée à l'échec. Un miracle reste possible, peu importe qui le convaincra...

Ingrid Astier : "Breed". À la Bibliothèque François-Mitterrand, il prépare un article sur l'alpinisme, relisant la vie de Lionel Terray. Une jeune fille vêtue d'une robe de lainage rouge lui dénudant le dos distrait son attention, autant qu'une chanson de Nirvana. Avoir le coup de foudre pour un bel edelweiss est aussi hasardeux, dangereux, que d'affronter la haute montagne, ce qui le rend méfiant...

Frédéric Prilleux : "Polly". Un trio de baltrigues a kidnappé une adolescente. Joli coup, car cette Polly est la récente gagnante française du Grand prix de l'Eurovision. Sa chanson “Les petits pois sont rouges” marque politiquement les esprits, et déplaît dans son école. La famille tarde à s'exprimer sur les chaînes infos, afin de donner le feu vert pour la rançon. Richard, Louis et Henri vont-ils rester avec leur otage sur les bras ?...

Jean-Noël Levavasseur : "On a plain". C'est un coin paumé de l'Amérique rurale. Ce loser est témoin d'une altercation dans une station service, entre la blonde Courtney et un type à l'air sélect. La fille va filer avec le véhicule du témoin, mais il réussit à réagir assez vite. Le couple improbable poursuit sa route sans destination affichée. Jusqu'à un motel, pour une nuit très sexe. Sans doute devrait-il se méfier davantage de l'intrépide Courtney...

Jean-Luc Manet : "Endless, Nameless". C'est un rottweiler âgé de douze ans. Avec sa mère, ils furent jadis abandonnés par leurs maîtres. Il se retrouva bientôt seul. Au hasard d'une rencontre, il fut adopté par le marginal Kurt. Celui-ci le baptisa Connard. Une vie sans confort, entre les squats et les excès de Kurt. Étape à la SPA, avant de devenir chien de garde. Lui qui ne veut que protéger les autres, il risque d'être victime d'une méprise...

Avec également des textes de Marion Chemin, Stéphane Le Carre, Olivier Martinelli, Cyrille Martinez, Mathias Moreau, Guillaume de Prat, et Nicolas Rouillé. Par ailleurs, Jean-Noël Levavasseur est l'auteur de “Irish confit”, une des aventures de la série Léo Tanguy.

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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 05:55

Jake Skowran vit dans une petite ville du Wisconsin. L'endroit est économiquement sinistré depuis la dernière crise. Comme quelques autres, l'usine qui employait Jake et beaucoup de gens a fermé définitivement. Sa compagne Kelly l'a quitté, et il est endetté auprès des organismes bancaires. Ses paris perdants chez le bookmaker local l'appauvrissent encore davantage. Son fidèle copain Tommy Waretka dirige une station service appartenant au groupe Gas'nGo. Il s'est arrangé pour lui proposer un poste, boulot de nuit mal payé, mais mieux que rien. Le jeune employé Prezda lui inculque quelques bases, dans un jargon qu'il doit traduire. Le job pourrait lui convenir, mais un délégué du groupe Gas'nGo vient troubler la situation. Le nommé Brecht risque de mettre sur la sellette le poste de Tommy, et le statut des deux employés, faute d'appliquer strictement les règlements édictés.

Jake doit 4200 dollars à Ken Gardocki, le bookmaker. Celui-ci lui offre 5000 dollars pour assassiner son épouse Corinne, plus jeune que lui. Huit cent tickets de bénéfice, Jake ne va pas cracher sur cette opportunité. D'autant que le bookmaker a prévu un plan sans faille pour le samedi soir suivant. S'interroger sur la morale ? “Des types nous ont tués, moi et ma ville, et je suis sûr que ça ne les empêche pas de dormir. Pourquoi devrais-je m'arracher les cheveux à cause de Corinne Gardocki ?” D'ailleurs, lorsqu'il voit des sociétés telle EFS profiter de la crise, comment ne pas avoir envie de buter bon nombre de malfaisants ? L'homme de main du bookmaker, Karl, fournit un pistolet à Jake. Son jeune collègue le remplace au boulot tandis que, sous la pluie, il va à pied remplir sa mission. Après coup, même si c'est imprudent, Jake conserve l'arme du crime.

Puisque Brecht entend faire du tort au personnel de la station service, autant le mettre hors course sans tarder. Puisque le bookmaker propose à Jake une mission à New York, pour abréger la vie d'un malade du sida de Long Island, autant que ça lui rapporte de fric. C'est le système qui fait de Jake un tueur à gages : “Un monde sans règle... [Il y a] des gens dans des immeubles de bureaux qui essaient en ce moment même de calculer si licencier sept cent personnes leur fera économiser de l'argent... L'économie c'est la souffrance, les mensonges, la peur et la bêtise, et je suis en train de me faire une niche. Je ne suis pas plus fêlé que le voisin, simplement plus décidé.” Certes, il risque de passer pour suspect. Pourtant, il gagne en lucidité concernant l'entourage de Garbocki. Au final, c'est peut-être un job d'avenir, qui lui permettrait une nouvelle vie de couple...

Iain Levison : Un petit boulot (Éd.Liana Levi, coll. Piccolo, 2013)

Pour le symbolique n°100 de leur collection de poche Piccolo, les Éditions Liana Levi ont choisi de rééditer le premier succès de Iain Levison, sorti en 2003. Belle initiative, car il s'agit d'un roman magistral. Une histoire dont le thème est plus universel que jamais, les crises économiques frappant partout la population.

Au-delà de l'intrigue criminelle, c'est le sort des victimes d'injustes licenciements qui est au cœur du sujet. Remonter la pente est improbable pour beaucoup, pas de miracle à attendre. Alors survivre, même en végétant, reste la moins indigne des solutions. Pendant ce temps, les groupes financiers mondiaux conservent de juteux bénéfices et dividendes, qu'on se rassure. Et d'autres petits malins profitent également de la crise. Telle cette société “qui se fait du fric en inventant des moyens de transmettre l'aide de l’État à des gens marginalisés. Un informaticien rapace a un contrat avec l'État parce que nous avons tous perdu notre boulot. On se nourrit sur notre dos, c'est la pire des insultes.”

L'unique réponse réside-t-elle dans le cynisme de Jake ? Être encore moins moral que ces grosses sociétés internationales semant la misère. Profiter de n'importe quelle occasion, fut-ce en supprimant ses congénères. Évidemment, c'est avec une sacrée ironie que nous sont racontées les péripéties des aventures de ce tueur à gages improvisé. Un moyen de réveiller la conscience citoyenne de chacun d'entre nous, peut-être. Même si ça reste une fiction, pas un mode d'emploi, c'est probablement ce qui a fait le succès de ce livre. Cette réédition est la bienvenue, pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore.

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 05:55

Ouest-France propose en cet automne 2013 un Hors-Série consacré à dix-neuf Grandes affaires criminelles dans l'Ouest. Bonne manière d'évoquer avec un peu de recul des cas célèbres ou déjà oubliés, des dossiers historiques ou des affaires plus inclassables. Tout l'intérêt ici, c'est de revenir sur des crimes qui sont encore proches, pour beaucoup.

Parmi les affaires actuelles célèbres, on n'oubliera pas de sitôt Xavier Dupont de Ligonnès tuant toute sa famille, son épouse et ses quatre enfants, en avril 2011. Idem pour le docteur Yves Godard, naufragé au départ de Saint-Malo le 1er septembre 1999. Dans ces deux cas, on n'a pas retrouvé les cadavres de ces assassins. On se souvient sûrement du viol et du meurtre de la jeune Caroline Dickinson en juillet 1996, dont le meurtrier fut retrouvé presque par hasard en Floride. Difficile de ne pas connaître Francis Heaulmes, qui sévit à Brest à la Pentecôte 1989, et qui trouva ainsi le gendarme Abgrall sur sa route. Quant aux troublantes zones d'ombre de l'affaire Dany Leprince en 1994, on peut rester plus sceptique que Roland Agret (quel que soit se respect qu'on porte à celui-ci) qui défend avec acharnement cet accusé depuis des années.

Concernant les affaires judiciaires historiques, passons rapidement sur le cas des sœurs Papin en 1933 au Mans, trop mis en valeur ces dernières années. Aussi insolite soit-il, le parcours criminel d'Hélène Jégado, au milieu du 19e siècle, a été également surexploité depuis quelques temps. L'enlèvement du milliardaire sarthois Henri Lelièvre par Jacques Mesrine en juin 1979 s'avère beaucoup plus intéressant. Faisons la transition avec les crimes oubliés, en citant le cas de l'abbé Albert Bruneau condamné à mort pour le meurtre d'un curé débauché près de Laval en 1894. Et celui de l'énigmatique affaire de la malle sanglante de Château d'Olonnes en février 1949, qui a pu inspirer le film Les diaboliques de Henri-Georges Clouzot.

Grandes affaires criminelles dans l'Ouest – Ouest-France hors-série

L'actualité file vite, les faits divers se succèdent. Certains meurtres ne trouvent jamais de faits concrets qui permettent de les expliquer, ou alors assez mal. Faute d'éléments, de certitudes, le grand public tire vite un trait sur ces dossiers rapidement oubliés. Tel le meurtre mal élucidé de deux hommes dans un stand de tir brestois en octobre 1996, peut-être pour leur voler leurs armes. Ou le double meurtre non élucidé d'un couple de touristes anglais en pleine campagne des Côtes d'Armor, dans leur Combi Wolkswagen jaune, en octobre 1986. Plus loin dans le temps, pas plus d'explication sur le meurtre du lycéen de 17 ans Serge Lepetit, le 1er novembre 1969, dans les falaises de La Hague.

Proche de nous, mais autant incertaine, l'enquête bâclée autour de la mort du jeune vendangeur Aurélien Pioger en octobre 2008 dans le Maine-et-Loire. Sans doute aura-t-on vite oublié Didier Tallineau, qui fut rattrapé pour un premier meurtre après avoir assassiné une seconde victime, jeune infirmière, en 1999. Récent encore, à l'été 2012, le meurtre d'une employée par un salarié de la même entreprise de la région nantaise. Et puis, le corps dans une valise retrouvé flottant en rade de Lorient, qui sera identifié (et les quatre complices arrêtés) grâce à une clé de sécurité.

Deux cas qu'il convient de classer à part. D'abord, une vaste affaire de pédophilie en 2005 dans la région d'Angers. Et la fameuse prise d'otages au palais de justice de Nantes en décembre 1985 par Georges Courtois. Ce dernier, âgé de trente-huit ans, avait déjà passé vingt années en prison. Il voulait faire comprendre qu'on était trop sévère envers lui. D'autant que ce repris de justice et son complice étaient jugé cette fois pour un coup à, seulement, 18000 Francs.

Dix-neuf dossiers de “Grandes affaires criminelles dans l'Ouest” à redécouvrir. Si on habite dans la large zone de diffusion de Ouest-France, on le trouvera aisément. Sinon, on peut le commander par Internet, via la Boutique de ce journal.

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 05:55

Âgé de la mi-trentaine, Hughes est clerc de notaire à Nantes. Ex-joueur de rugby, il est marié à Nathalie, qui se montre de plus en plus distante envers lui. Hughes a dû traverser une partie de la France pour contacter un client, Pascal Martin. Cet ancien militaire habite une ferme dans un village, avec sa femme et la fille de celle-ci, Morgane. L'orage gronde et la pluie tombe dru, quand Hughes s'égare dans la contrée où il a rendez-vous. Pire, la voiture de l'étude notariale tombe en panne au milieu de nulle part. Hughes est secouru par Sébastien Girard, agriculteur de vingt-deux ans des environs. Il vit avec sa mère, la blonde Virginie, et son vieil oncle Hippolyte Girard, retraité de l'armée. Dans cette famille règne un laconisme ambiant, bien qu'ils l'invitent à passer la nuit chez eux. Réparer la voiture risque d'être un peu long, mais Hughes compte bien rentrer entre-temps à Nantes pour le week-end. Le contretemps ne semble pas gêner Nathalie.

Le lendemain vendredi, passant au bistrot local avec Sébastien, Hughes note qu'existe une rivalité plutôt vive entre les Martin et les Girard. On n'est pas loin de se menacer. Conduit par Virginie, le clerc de notaire se rend chez Pascal Martin afin de régler l'affaire d'héritage le concernant. Avant qu'il ne prenne son train du retour, Sébastien propose à Hughes de participer à une battue aux sangliers. Il n'est pas armé, mais participe volontiers avec les chasseurs locaux.

Flambeau, le chien de Sébastien, est abattu en marge de la chasse. Au vu des menaces proférées le matin, on soupçonne Pascal Martin ou un de ses proches. Le groupe va interroger l'intéressé. Le fils Martin a un alibi, et leur ami Fargeaud nie être concerné. L'incident a retardé Hughes qui, décalant son départ, passe une nouvelle nuit à la ferme des Girard. Hippolyte lui raconte les ragots sur quelques femmes du village. Il est vrai que la croustillante boulangère Mélanie se laisse facilement séduire.

Rôdant dans la nuit à le recherche de Sébastien, Hippolyte et Hughes s'aperçoivent qu'il a eu un rendez-vous amoureux avec Morgane Martin. Ce qui contrarie sévèrement le vieil oncle, note Hughes. À cause des rivalités familiales, sans doute. Finalement, le clerc va rentrer à Nantes par le train. Pour comprendre bien vite que la rupture entre Nathalie et lui est inévitable. Puisqu'il doit retourner chercher la voiture réparée, Hughes en profite pour louer un gîte près du village afin de s'offrir quelques jours de repos. La tension n'a pas vraiment faibli entre Sébastien et Hippolyte. C'est surtout avec Virginie qu'Hughes espère renouer, tout en s'intéressant également à l'énigmatique Morgane Martin...

Pierric Guittaut : La fille de la pluie (Gallimard, Série Noire, 2013)

On nous a beaucoup vanté le “polar urbain”, la jungle des villes propice à la corruption et au crime. Les secteurs plus campagnards ne sont pas à l'abri des drames et des meurtres, non plus. Malgré l'urbanisation tous azimut, l'essentiel de la population française habite dans des communes de taille moyenne, ne l'oublions pas. Quand les écrivains américains décrivent la ruralité de leur pays dans toute sa noirceur, on applaudit souvent. Il serait injuste que les romanciers français traitant des mêmes thèmes ne soient pas autant mis en valeur. Des personnages forts, des “secrets de famille” et des situations conflictuelles, nos auteurs sont généralement assez doués pour les mettre en scène avec crédibilité. Ce roman noir de Pierric Guittaut en apporte la démonstration, une fois encore.

Lorsque l'on présente une communauté villageoise, le moins aisé est de faire en sorte que chacun soit identifiable, du moins parmi les principaux protagonistes. Sur ce point aussi, l'auteur s'en tire bien. Il aurait pu esquisser une France profonde intemporelle, mais c'est un décor plus actuel dont il se sert, à juste titre. Aujourd'hui, les chasseurs font aussi souvent des battues aux nuisibles (renards, sangliers) que de la chasse proprement dite. Et, pour peu que vous débarquiez dans une telle commune, on vous traitera vite de “Parisien” si vous contrariez le rythme des habitants. Perric Guittaut détaille avec soin les réalités rurales, qui participe à l'intrigue criminelle, et sait faire monter la tension. Un très bel exemple du roman noir français de notre époque.

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