Il y a quarante ans, les éditions Eurédif publiaient une mémorable série d'aventures dans leur collection Diane, des romans signés Ugo Solenza. De 1974 à 1976, paraissent quinze épisodes de la vie mouvementée de Marion, une jeune Irlandaise du 18e siècle. Il s'agit d'intrigues riches en péripéties, à la fois historiques et érotiques. Le contexte conflictuel entre la Grande-Bretagne et l'Irlande sert de toile de fond à ces récits, avec la violence qui régnait en ces temps-là. Rebelles irlandais et aristocrates anglais s'opposent autant par des faits guerriers qu'en se tendant divers pièges sournois. Les révoltés sont souvent mis en prison, risquant l'exécution. Séduisante jeune femme, Marion est une bisexuelle avérée. Les scènes sexuelles sont évocatrices, comme celles où elle est maltraitée, celles-ci étant récurrentes. Romans d'action, avec leur part d'érotisme, ces livres constituent finalement une épopée entraînante, agitée à souhaits, très agréable à lire.
En réalité, nous savons qu'Ugo Solenza fut un des pseudonymes du grand romancier populaire Georges-Jean Arnaud. Des histoires plus solides qu'on pourrait l'imaginer. Pour le vérifier, survolons les quinze épisodes de cette série...
Née en 1740 dans une Irlande ravagée par la famine, Marion Galavay fut tôt orpheline. Elle a été recueillie par un jeune garçon, Stephen O'Coney. Il fut son compagnon durant de longues années, jusqu'à ce que la vie les sépare suite à un drame. Marion ayant été violée par un fils de lord, Stephen châtia ce dernier. Devenue la compagne forcée d'un bohémien nommé Murphy, Marion connaît la misère, la faim, le danger. Elle s'habite en garçon pour être moins en péril. Jusqu'au jour où, à Dublin, Murphy la vend à des lords débauchés qui la prennent pour un adolescent. Trompés par l'aspect de Marion, le trio de jeunes lords lui font subir d'odieux sévices. Elle s'échappe, non sans avoir défiguré lord Killin. Celui-ci va la poursuivre de sa vengeance avec une terrible obstination. (“Marion”).
Seule dans Dublin, elle va croiser Stephen, qui reste dans une certaine clandestinité, car il est devenu un chef rebelle catholique. Malgré ses précautions, il risque d'être démasqué, et condamné à mort. Marion n'a eu d'autre choix que le rôle de fille galante, entretenue par un bourgeois de la ville. Lord Killin et son intendant, Flamy, utilisent une servante d'auberge, June, pour tendre un piège à Marion. Les deux jeunes femmes sont obligées de participer à une orgie bestiale. Elle réussissent néanmoins à s'enfuir. Grâce au au cocher Primross, s'avérant un père de substitution pour Marion, elles peuvent se cacher. Marion se fait aider par Gussie, chef d'une bande d'adolescents miséreux, afin de faire évader Stephen. Mais rien ne va fonctionner comme prévu, Marion et Primross étant les seuls à s'en sortir par miracle. (“Marion de Dublin”).
Marion retrouve un des trois lords l'ayant si cruellement maltraitée naguère. Lord Sidmoun n'a rien d'un monstre. Il éprouve de tels remords qu'il accueille Marion son son toit, supporte ses caprices et ses frasques, toutes ces avanies car il est tombé amoureux d'elle. Lord Killin soudoie l'entourage de Marion, afin de l'attirer dans un nouveau piège vengeur. Lord Sidmoun et le cocher Primross la tirent des griffes de son tourmenteur, blessant lord Killin afin qu'il ne puisse plus tenir une épée (“Marion la proscrite”).
Marion accepte d'épouser lord Daniel Sidmoun, à condition que le mariage ne soit pas consommé. Entre-temps, Stephen O'Coney a été officiellement exécuté. En réalité, Flamy est intervenu, pour que le condamné entre au service de lord Killin. Pensant son ami mort, Marion finit par vivre une vie de couple normale avec son mari, même si elle n'est guère appréciée de la gentry irlandaise. Stephen ne tardera pas à reprendre sa vie de révolté. (“Lady Marion”).
Maintenant qu'elle est comtesse de Harrigan, lord Killin doit se montrer plus rusé encore pour atteindre Marion. Il utilise la servante June et le bohémien Murphy pour organiser un guet-apens. Des bandits s'emparent de Marion et de sa jeune chambrière Mary. Ils vont réclamer une rançon de cent mille livres. La fortune du mari n'y suffirait pas, et lord Simoun ne peut pas compter sur l'aide de son oncle. En effet, lord Justice déteste la jeune femme, et a toujours désapprouvé cette mésalliance. Lord Killin l'influence, faisant croire à un plan de Marion et Stephen pour ruiner leur famille. À la tête de sa troupe de rebelle, c'est Stephen O'Coney qui parvient à sauver son amie (“Une rançon pour Marion”).
Le jeune femme est maintenant prête à partager la vie aventureuse de Stephen. Celui-ci a accumulé un petit trésor, afin de mener de futures actions contre les occupants anglais. En attendant, le coupe s'installe dans une fermette au bord du Shannon. Une vie effacée et terne pour l'intrépide Marion. Le cocher Primross retrouvera la jeune femme, après de longues recherches. Elle ne tient pas à revenir auprès de son mari (“Marion l'infidèle”).
Stephen a décidé de s'emparer du trésor de guerre, un million de livres, que transporte l'Imperious, navire ancré devant le port de Limerick. Il charge Marion de séduire Cornélius Ripley, le capitaine du bateau. Bien qu'étant connu pour sa dureté, Ripley est séduit par la belle Marion. Il l'invite à son bord dans le plus grand secret. Les rebelles en ont profité pour s'introduire sur le navire, afin de s'en emparer. Marion et ses amis ignoraient que lord Sidmoun était troisième lieutenant sur ce bateau. La situation évoluera de façon plus compliquée que prévu (“Marion galante”).
Le mari de Marion est accusé d'avoir déserté, en quittant l'Imperious où il était officier. Sa femme s'acharne à le défendre, à lui éviter la potence. Devenue une personnalité de la haute société londonienne, elle obtient la protection du vieux duc d'Armagh. Manœuvrant avec audace et courage, Marion oblige le principal accusateur à se rétracter. Lord Sidmoun est heureusement disculpé. Mais déjà Marion souhaite retourner en Irlande, afin de retrouver la trace de son cher Stephen (“Marion des brumes”).
Sur le bateau vers l'Irlande, Marion fait la connaissance d'un Français, Lionel Degreves. Cet homme la suit depuis Londres. Il lui révèle qu'il est chargé d'une mission auprès de Stephen O'Coney, le Rebelle, par le roi de France. Marion et son nouvel amant Degreves recherchent leur ami. À la suite d'une défaite, Stephen s'est réfugié dans un village de naufrageurs, dont il partage les activités coupables. Plein d'amertume, il ne paraît plus croire aux espoirs du peuple irlandais. Il est accompagné de Cathy, ex-religieuse que des Protestants ont martyrisée. Stephen se laisse convaincre de reprendre la lutte, avec le soutien de prêtres clandestins et de volontaires. Il ne veut pas quitter son île afin d'aller plaider sa cause devant le roi de France. Par contre, Marion accepte d'être l'ambassadrice de cette cause (“Marion d'Irlande”).
Marion espère convaincre Louis XV d'intervenir militairement en Irlande, afin d'en chasser les Anglais. Le bohémien Murphy est désormais employé comme agent par l'Amirauté anglaise. Il est chargé de discréditer Marion, la faisant d'abord placer dans un lazaret sous prétexte de contamination. Comme elle déjoue tous ses pièges, Murphy finit par l'enlever avec la complicité d'un gitan, Zephaïre. Ayant enduré d'odieux sévices, Mario s'évade et trouve refuge auprès de son amie intime, la comtesse Mélanie de Serres. Ses exploits font grand bruit à Versailles (“Perverse Marion”).
Marion n'a pas tardé à séduire le roi de France. Qu'elle devienne la maîtresse de Louis XV ne peut que fortement déplaire à la Pompadour. Dom Rabast, un Jésuite équivoque et intriguant envoyé par Rome, se propose d'intervenir dans cette situation. Malgré tout, Marion est bientôt contrainte de fuir la France pour échapper aux manigances de Mme de Pompadour. Accompagnée de Degreves et de Dom Rabast, Marion est de retour en Irlande à une époque critique. Bon nombre de rebelles, dont Stephen, ont été emprisonnés ou tués. Profitant de la confusion, des bandes organisées de brigands (les Rapparees) ont mis le sud de l'Irlande à feu et à sang. Le domaine appartenant à Marion et à son mari a été attaqué, laissant lord Sidmoun mortellement blessé. Marion s'aperçoit qu'elle aurait dû davantage se méfier de Dom Rabast (“Complot pour Marion” et “Un roi pour Marion”).
Avec ses complices Mary et Cathy, Marion s'est réfugiée dans le village de Galgo. Ici vivent d'anciens lépreux, des estropiés, des monstres. Lord Justice, le détestable oncle du mari de Marion, est retenu prisonnier à Galgo. Espérant le retrouver, lord Killin kidnappe et torture le cocher Primross, ami de Marion. Au village, les vieux décident qu'il faut se mettre sous la protection d'un trio de sorcières. Ce qui promet à Marion des aventures amoureuses particulières. De retour à la civilisation, Marion est encore la proie de lord Killin, mais le vieux duc d'Armagh intervient en sa faveur. De son côté, Stephen a obtenu de l'aide d'un certain Heran de Depardieu pour s'évader, et quitter l'Irlande. Le couple se retrouve, mais l'avenir s'annonce sombre pour eux (“Les démons de Marion”).
Stephen et Marion se sont installés dans une petite maison du port de Killorgin. Assisté par le mousse Olier, Stephen y mène une vie de pêcheur. Marion s'interroge sur ce que sont devenus les biens de son défunt mari : “Tout ce qu'elle savait, c'est que son beau domaine de Harrigan, confisqué par la justice, avait été vendu mais elle ignorait à qui. En retrouvant Stephen O'Coney, elle avait désormais tout perdu.” Pourtant, de nouvelles aventures périlleuses attendent encore le couple, toujours traqués par leurs ennemis. Cet épisode, “Marion des mers”, et le suivant, “La gloire de Marion”, concluent cette saga.
Ce survol est basé sur les résumés, ici revus et corrigés, figurant en préambule de chaque roman de la série Marion.