Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 05:55

Le commissaire Amédée Mallock possède un faciès que l'on n'oublie pas : “Des cheveux blonds coupés au sécateur, un gros nez, un menton jamais content et des yeux d'un vert lumineux, ça ne passe pas inaperçu.” Avec son équipe d'enquêteurs du CAS (Crimes et Affaires Sévères), il a quitté le Quai des Orfèvres pour la rue du Cloître-Notre-Dame, sur l'île de la Cité. En cet automne très pluvieux, c'est au Musée du Louvre que se produit une affaire incroyable : on a volé la Joconde ! Ce qui apparaît impossible, la sécurité étant maximale autour du chef d'œuvre. L'opération commando a fait une victime, un artiste de renommée internationale nommé Ivo. Hospitalisé, il sera bientôt remis et témoignera de ce qu'il a vu. Quant à espérer la discrétion sur ce vol abracadabrant, sûrement pas.

Effectivement, le voleur déguisé en Polichinelle, avec un masque de médecin moyenâgeux, a illico revendiqué l'acte via Internet. Il se fait appeler Docteur Ockham. Les adjoints de Mallock connaissent aussi bien les légendes autour de la Joconde, déjà volée une centaine d'années plus tôt, que les fumeuses théories sur “le rasoir d'Ockham”. Quand le coupable leur adresse un bocal de “confiture de Joconde” après avoir massacré le tableau, on peut se demander s'il a détruit le vrai chef d'œuvre. Et surtout dans quel but ? S'agit-il d'en tirer un bénéfice financier, ou de discréditer le Louvre au profit d'autres grands musées à travers le monde ? Polichinelle ou Ockham, l'inconnu est cultivé, et capable de déjouer les investigations techniques, en particulier de brouiller sa piste Internet.

Tandis que les intempéries continuent, Ockham se lance dans des “raids capillaires” qui visent d'abord un philosophe médiatique, avant que soit aussi scalpés des grands patrons et d'autres personnalités. Mallock commence à s'inquiéter pour sa compagne Margot, reporter coutumière des risques. Mais, deux semaines durant, Ockham ne fait plus parler de lui. C'est parce qu'il a sévi au États-Unis. Ami de Mallock, Tom Marvin du FBI s'occupe des agressions perpétrées là-bas. Après un bocal de “Soupe de cheveux” et un autre de “Pervers au vinaigre”, Mallock est pris du mal de mer à Paris. Tout ça pour récupérer, sur la Seine en délire, un bocal de “d'aspic de langue” que le fou furieux y a balancé.

Ockham poursuivra avec des “Oreilles de cochon vinaigrette” tranchées sur un député et son assistant, puis des “Couilles d'ânes aux marrons” coupées à trois journalistes, dans leurs bocaux. La montée des eaux menace de faire déferler des crues sur Paris. Quand il assassine un chanteur connu, Mallock devrait réaliser qu'Ockham est passé à un nouveau stade. Sa prochaine victime est une des collaboratrices du commissaire, mortellement agressée en direct sur Internet et mutilée par le dément Polichinelle. Un défi à Mallock, très certainement, afin de démoraliser le policier et son équipe. Ça pourrait, au contraire, stimuler Mallock. Encore que l'arrestation d'un suspect ne signifie pas la fin de l'affaire…

Mallock : Le principe de parcimonie (Fleuve Éditions, 2016)

Il s'agit de la cinquième aventure du commissaire Mallock. L'auteur ponctuant le récit de rappels concernant la carrière du policier, et de détails sur sa vie privée, il n'est nullement indispensable d'avoir lu les précédents titres. Personnage paradoxal que cet enquêteur, “ours bipolaire, anarchiste défendant l'ordre” aux états d'âme mêlant calme et violence, misanthropie et mélancolie. Perspicace, sans doute, mais il est confronté à un redoutable ennemi. Il faudrait aller fouiller dans la mémoire d'un enfant qui a grandi sur le Plateau du Larzac, hanté par des enlèvements hallucinatoires, pour en percer la psychologie. Cet adversaire peut longtemps espérer l'impunité, d'autant que les menaces de crues sur Paris perturbent quelque peu les recherches policières.

À l'instar de San-Antonio signant de son nom ses romans, l'auteur Mallock décrit le monde du commissaire éponyme. Avec moins de fantaisie, même si l'histoire comporte une part non négligeable d'humour, on l'imagine bien. Avec beaucoup de mystères et des passages d'une certaine gravité. Il est vrai que c'est un monstre singulier qu'il affronte ici. Grâce à une intrigue foisonnante, le lecteur est entraîné dans un suspense fort divertissant.

Partager cet article
Repost0
11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 07:45

Christoffer Carlsson : "Le syndrome du pire"

Originaire de Salem, dans l'agglomération de Stockholm, Leo Junker est aujourd'hui âgé de trente-trois ans. Quand le policier émérite Charles Levin remarqua les qualités du jeune agent Leo Junker, il lui fit intégrer le service des Affaires Internes. Leo se montra très efficace, jusqu'au fiasco d'une opération de police sur l'île de Gotland. Le but réel semblait être de piéger les flics. C'est ainsi que Leo tira sur un de ses confrères. Mis en congé-maladie, soigné psychologiquement, il comprit qu'on faisait de lui le bouc-émissaire dans cette affaire. En outre, il y avait eu quelques temps avant sa séparation d'avec la tatoueuse Sam Falk. Désormais, Leo ingurgite des calmants et se remémore le passé.

Salem n'était pas une ville agréable, avec ses pavillons tristounets, ses tours d'habitation trop hautes et trop grises, son château d'eau. C'est près de ce dernier bâtiment que Leo sympathisa avec John Grimberg, à l'époque de leur adolescence. Klas et Diana Grimbert formaient un couple moins équilibré qu'il y semblait. Leur fils “Grim”, comme il se faisait appeler, gérait beaucoup la vie de famille, et protégeait sa jeune sœur Julia. Créatif, Grim l'était sans doute. Ce fut bientôt en confectionnant de faux papiers d'identité, qu'il en fit la démonstration. Ce qui l'obligea à séjourner dans un camp d'été pour pré-délinquants. En son absence, Julia et Leo vécurent une relation amoureuse de plus en plus intime. Elle veilla à ce que son frère ignore leur romance. L'affaire tourna finalement mal pour Julia.

Dans l'immeuble de Léo, un meurtre a été commis au foyer associatif accueillant pour la nuit des SDF. Âgée d'environ vingt-cinq ans, Rebecca Salomonsson était une junkie et une dealeuse. On l'a abattue de très près. Bien qu'étant interdit de se prévaloir du titre de policier, Leo est le premier sur les lieux. Il remarque le collier que la victime serre dans sa main. L'objet a appartenu à quelqu'un que Leo connaissait bien. Il en dit le moins possible à son collègue Gabriel Birck. Il évite de lui parler des messages anonymes reçus depuis peu sur son téléphone. Par contre, l'aide de Charles Levin ne sera pas inutile, car celui-ci a une secrétaire qui fournit très rapidement les renseignements voulus. Leo contacte son ex-compagne Sam, proche de milieux underground. Si Rebecca était visée, pourquoi ne pas l'éliminer dans un endroit moins risqué ? s'interroge Sam…

 

L'adolescence de Leo Junker avec John et Julia Grimberg dans cette ville de banlieue qu'est Salem nous est racontée en alternance avec les faits actuels. C'est là que prend racine cette histoire, car on ne doute pas un instant qu'existe un lien entre les deux époques. Le “double récit” est mené avec une finesse exemplaire, soulignant le contraste entre l'ado Leo, qui s'est trouvé un ami et une petite copine, et le flic désabusé qu'il est devenu à cause de circonstances mal éclaircies. Heureusement pour lui, Leo le solitaire est moins seul qu'on pourrait le penser, pour cette enquête parallèle. Grâce aux réminiscences qui le hantent, de possibles réponses se font jour. Excellent roman noir jouant sur les ambiances autant que sur les caractères de singuliers personnages, avec aussi de courtes pauses un brin plus souriantes. Un suspense subtil et excitant.

Polars en poche, chez J'ai Lu : Marin Ledun et Christoffer Carlsson

Marin Ledun : "Au fer rouge"

À Bayonne, une cellule de police est détachée pour enquêter sur une affaire énigmatique, sous la direction du Toulousain Axel Meyer. Il a été prévenu par son supérieur, Maldjian, qu'ils risquaient fort d'être confrontés à un panier de crabes, entre séquelles politiques autour de l'ETA et trafics de drogue. Meyer est assisté d'Emma Lefebvre, jeune policière ayant entamé sa carrière après avoir fait partie des victimes des attentats de Madrid, en 2004. Hantée par le terrorisme, Emma est bien informée sur la complexité de la question basque, indépendantistes de l'ETA face aux brigades anti-terroristes des GAL au service de la police espagnole. Le troisième larron de l'équipe, c'est Simon Garnier. Ce flic corrompu mesure la dangerosité de ses relations avec celui qui orchestre la chienlit actuelle au Pays Basque.

Un trafiquant de drogue a été retrouvé mort dans une valise sur la plage du Penon, dans les Landes, après avoir vogué en mer bien qu'il ait été jeté à l'eau pas si loin. Il fallait s'y attendre : en Espagne, ce Domingo Augusti a été soupçonné de méfaits politisés, avant de se tourner vers le lucratif trafic de drogue. Il s'avère que le père d'Augusti fut lui-même un policier anti-terroriste aux méthodes violentes. Ami de ce dernier, Adis García fut un des tortionnaires anti-ETA dont Emma compte explorer la piste. Il est possible que ce García ait reconstitué une milice active, mais son dossier est "Secret Défense". Si le procureur Stéphane Boyer débloquait les choses, ça aiderait grandement Emma et Axel Meyer. Nina, la petite amie prostituée madrilène de Domingo Augusti, a été supprimée. Simon Garnier ne tarde pas à vérifier que le tueur est Aarón Sánchez, l'adjoint de Javier Cruz.

Officier de la Guardia Civil en poste à la section antiterroriste de Bordeaux, Javier Cruz est un policier censé œuvrer pour la sécurité des citoyens français et espagnols. Mais il a entrepris de révolutionner les méthodes ordinaires. Non sans arrière-pensée d'un profit personnel, peut-être. Cruz a commencé par créer une nébuleuse de sociétés, dirigées par Aarón Sánchez, criminel aguerri. Pour financer son action, Javier Cruz a détourné une grosse quantité de cocaïne, éliminant des passeurs tels Domingo Augusti. Il veut acquérir un terrain appartenant à Jean-Christophe Giraud, puissant industriel local. Que cet endroit soit contaminé ne doit pas entraver son opération immobilière.

Gaizka, dont le père ouvrier est mort à cause de la contamination, entend bien le prouver et démontrer les fautes de Giraud. La prostituée Yaiza Gónzalez, dite Macrina sait qu'elle doit se montrer prudente, les putes étant insignifiantes dans cet univers mafieux. Mais elle aura son rôle à jouer. Ayant examiné les dossiers des Stups, Axel Meyer interroge un dealer emprisonné, López, qui sait comment les 55 kilos de cocaïne ont été détournés…

 

Si un roman n'est pas un documentaire, la fiction peut interroger sur le réel. L'organisation indépendantiste ETA a mis fin à son action armée. Étonnant de constater le calme apparent qui, si rapidement, semble s'être installé au Pays Basque des deux côtés de la frontière. Contraints et forcés, les ex-militants sont-ils priés d'oublier leur cause, tandis que d'autres en tirent profit, peut-être selon des méthodes mafieuses ? C'est à travers les protagonistes d'une enquête, forcément faussée par un contexte où se mêlent politique et trafic, que Marin Ledun nous suggère une situation pas si clarifiée. Une certaine impunité donne de mauvaises habitudes, autant à des malfaiteurs prêts à toutes les missions, qu'à des policiers sur lesquels la hiérarchie n'a plus d'autorité.

Pour construire une solide intrigue sinueuse, une sacrée maîtrise est indispensable. Passer d'un personnage à l'autre sans "perdre" le lecteur, décrire des protagonistes de caractères différents voire opposés, esquisser le passé sans faire de "leçons d'histoire", conserver un tempo narratif souple et rythmé, c'est visiblement le défi que s'est fixé ici l'auteur. C'est magistralement réussi. On se passionne vite pour son intrigue foisonnante, un chassé-croisé permanent et dense. Un noir suspense absolument réussi.

Partager cet article
Repost0
10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 05:55

En Norvège, Jo Uddermann est marié avec Agnete, qu'il connaît depuis leur scolarité. Ils ont une fille âgée de six ans, Emma. Ils habitent à Frysjaveien, dans la banlieue d'Oslo. Jo a hérité cette maison de son défunt père, qui fut agent des pompes funèbres associé avec son oncle. La fille de ce dernier, sa cousine Jenny, est aujourd'hui dans la police. Jo reste en très bons termes avec elle. Jo est un écrivain quelque peu connu. Il vient de publier un roman autobiographie intitulé "La craie". L'histoire s'inspire avec une grande véracité d'un épisode de son adolescence. Quand il avait treize ans, un élève de sa classe provoqua un incendie dans le gymnase du collège.

À l'époque, Jo avait une allure d'intello à grosses lunettes, tandis que son copain Georg, le fautif, était un ado singulier ressemblant à un gnome aux cheveux blancs. Tous deux composaient ensemble des bandes-dessinées, sur des thèmes assez cruels initiés par Georg. Vingt-deux ans plus tard, Jo pense que son ami était animé par un "plaisir du mal", de la destruction. Dans leur classe, ils côtoyaient deux filles complètement dissemblables. Agnete, la future épouse de Jo, était du genre réservée et studieuse, se tenant en retrait, refusant de se livrer vraiment. Un trait de caractère qui reste vivace chez elle, bien longtemps après. Agnete était dans l'ombre derrière Katinka, sa meilleure copine.

Katinka était une fille flamboyante, extravertie. Par la suite, elle fut quelque peu mêlée à des affaires pas nettes. D'autant que son compagnon Vebjørn, autre élève de leur classe d'alors, fit un séjour en prison pour vente de stupéfiants. Jo et Georg masquaient mal leur attirance pour Katinka, au temps du collège. L'adolescente avait un rapport trouble avec eux, se méfiant un peu de Georg, plus proche de Jo. C'est par Greta Nymann, la mère de Georg, que Jo apprit par hasard que celui-ci était mort en Irlande. Elle ne donna guère de précision. C'est cette rencontre de hasard avec Mme Nymann qui incita Jo à écrire "La craie", l'histoire de Georg. Il sollicita le témoignage de Katinka, un prétexte pour renouer avec elle. Tous deux trouvèrent l'occasion de devenir intimes.

Le livre de Jo connaît un certain succès de la part des critiques. L'interview-télé de l'auteur se passe de façon satisfaisante. Encore que Jo ne soit pas totalement sûr de sa prestation. Quelques signes lui donne à penser qu'un inconnu rôde autour de sa famille. Le cadavre de Katinka est découvert près du chalet où elle résidait. Jo l'avait revue récemment encore. Sa cousine Jenny ne tient à l'impliquer en aucune manière, mais la collègue de la policière, Thea, s'avère beaucoup plus suspicieuse. Ayant compris que Jo l'avait trompée avec Katinka, Agnete quitte la maison avec leur fille Emma. Faut-il suspecter Vebjørn du meurtre de Katinka ? Quand Jo se retrouve face à un élément du passé, il risque de s'enfermer dans une maussade paranoïa. Jenny ne paraît pas croire ce qu'il lui raconte. Le danger qui plane semble pourtant bien réel…

Nikolaj Frobenius : Branches obscures (Actes Sud, 2016)

Nikolaj Frobenius nous présente une sorte de conte funeste autour du métier d'écrivain, et de la création littéraire. Il y a là une référence avouée à “La part des ténèbres” (The dark half) de Stephen King, même si le scénario est très différent. C'est probablement David Goodis (1917-1967) qui, dans l'esprit, influence le plus ce roman. Le héros a une pensée pour son histoire personnelle, “ses démons intérieurs et son alcoolisme croissant, son manteau élimé, et son frère attardé mental. Goodis était l'écrivain tragique classique, manifestement talentueux, mais chroniquement malchanceux, il lui manquait la confiance en soi nécessaire et il s'était fait exploiter par des producteurs de cinéma cyniques.” Avant tout, David Goodis est l'écrivain du destin, de la fatalité, de la descente aux enfers. C'est, toutes proportions gardées et sans les comparer, ce qu'exploite ici Nikolaj Frobenius.

L'intrigue est pleine de mystère, d'interrogations. On va même replonger dans des scènes datant de l'adolescence des protagonistes afin de mieux comprendre. La famille du héros est sans doute menacée, mais c'est quelque chose de plus "intérieur" qui sera en péril. Un suspense de très belle qualité, mais aussi une réflexion sur la position de l'écrivain : “Tout ce que je vois autour de moi a l'air si faux, si fabriqué. Le monde est une scénographie branlante, les hommes sont de mauvais comédiens […] Le sentiment de les percer à jour est convaincant, mais je ne sais pas ce que j'ai démasqué. Si ce n'est que tout est faux, et que la vie est sans nécessité.” Nikolaj Frobenius signe là un roman qui ne recèle que des atouts favorables.

Partager cet article
Repost0
9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 05:55

À Rio-de-Janeiro, Teodoro Avelar Guimarães vit avec sa mère Patrícia, infirme en fauteuil roulant depuis l'accident qui causa la mort de son mari, et leur chien Sansão. Étudiant en médecine, Teo est depuis l'enfance indifférent au reste du monde. “Il n'aimait personne, ne nourrissait aucun attachement pour personne, n'éprouvait aucun manque, aucune nostalgie, aucune aspiration : il se bornait à vivre.” Existence routinière revendiquée : “Un vide rempli d'avance d'émotions ternes et timides. Et peut-être n'était-ce pas plus mal ainsi. En tout cas, il s'en accommodait.” Quand Noël approche, ce sont les vacances d'été au Brésil. Lors d'une soirée de fête où il s'ennuie autant que d'habitude, Teo fait bientôt la connaissance de Clarice Manhães, jeune fille menue âgée de vingt-quatre ans.

Teo est troublé par la désinvolture déroutante de Clarice, fille de bonne famille, étudiante décomplexée qui projette d'écrire un scénario de film intitulé “Jours parfaits”. Il s'arrange pour obtenir des renseignements sur elle, pour entrer à nouveau en contact. Clarice n'est pas dupe du jeu de Teo. Quand elle s'énerve contre lui, il l'assomme et la kidnappe. Il va la droguer avec un des médicaments de sa mère Patrícia, une fois rendus à son domicile. Teo doit calmer aussi le chien Sansão, qui a senti un problème, au risque d'empoisonner l'animal. Il se procure dans un sex-shop des objets de bondage, afin d'empêcher Clarice de s'enfuir. Teo évite de dire la vérité à sa mère au sujet de Clarice, évoquant sa nouvelle petite amie avec laquelle il va partir quelques temps en voyage.

En effet, Clarice avait prévu de s'absenter durant plusieurs semaines. Elle avait réservé un chalet isolé à l'Hôtel du Lac des Nains, à Teresópolis, afin de travailler sur son scénario. Teo et Clarice s'y installent, la jeune fille restant séquestrée et menottée. Pas évident que le jeune étudiant obtienne cette symbiose amoureuse qu'il espère : “Tu crois vraiment que m'enfermer et me faire des piqûres de narcotique toutes les cinq minutes va m'inciter à t'aimer ?” s'insurge Clarice. Néanmoins, leur première semaine de séjour se déroule à peu près bien, selon les critères de Teo. Il finit par acheter des alliances de fiançailles. Clarice fait semblant d'accepter sa demande en mariage, mais va tenter de prendre sa liberté en mains. Teo maîtrise la situation, punissant sa compagne.

Le violoniste Breno, véritable petit ami de Clarice, s'introduit nuitamment au chalet. Teo ne peut pas rester sans réagir. Le couple quitte rapidement les lieux. Puisque Clarice avait prévu de faire un repérage pour son scénario sur l'Ilha Grande, c'est la destination choisie par Teo. Non sans quelques soucis en cours de route. Il loue pour un mois une maison à une vieille dame prénommée Gertrudes, prénom qui fait fantasmer Teo. Par téléphone, il est ponctuellement en contact avec sa mère et celle de Clarice. Il paraît que la police est à la recherche de Breno. Malgré le décor idyllique, il se peut que la relation entre Teo et sa captive change brutalement. Et que la suite se complique bien davantage…

Raphael Montes : Jours parfaits (Éd.10-18, 2016) – Coup de cœur –

Raphael Montes écrit que sa mère lui suggéra : “Si tu essayais plutôt d'écrire une histoire d'amour ?” Ce jeune auteur brésilien (né en 1990) a suivi son conseil. En effet, il s'agit ici d'une intrigue romantique, d'une certaine façon. Toutefois, rien à voir avec la platitude de ces récits où, après tant de déceptions sentimentales, la belle héroïne larmoyante trouve (malgré quelques écueils) l'amour auprès du prince charmant, séduisant et équilibré, dont elle a toujours rêvé. Raphael Montes a concocté une aventure mille fois plus excitante que ces niaiseries à la guimauve. Non seulement les péripéties se succèdent sur un tempo de bon aloi, mais la psychologie de tous les personnages est d'une sacrée justesse.

S'apitoyer sur le sort malheureux de Clarice ? Décréter que Teo est cruel et pervers ? Ce n'est nullement l'intention que fait passer l'auteur. On comprend que, tous deux issus de famille honorables, Clarice et Teo sont des monstres d'égoïsme. La jeune fille se fiche des conventions, l'étudiant en médecine est centré sur lui-même. Absurdement, Teo maltraite Clarice pour se faire aimer, mais celle-ci s'aime-t-elle vraiment ? On trouve une belle part d'humour noir dans cette affaire. Difficile de citer des passages explicites, car ces sourires sont liés au contexte. Telle cette grande valise rose, si pratique pour transporter une frêle jeune fille. Suspense mouvementé, états d'âme et drôlerie se marient harmonieusement dans ce roman remarquable.

Partager cet article
Repost0
7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 05:55
Circonflexe, on aime ton accent ! ^_^ !

Des diplômés déchaînés font disparaître les accents, nous rabâchant que c'est mieux. Ils blâment ces symboles, les maîtres du langage. Des bêtises à brûler telles d'infâmes icônes, vraiment ? L'entêtement de ces crâneurs est fâcheux. Bientôt, être partisan du circonflexe va apparaître comme un délit ? On n'a pas hâte de voir ça.

Il y aura enquête. On sera accusés de lâcheté, de traîtrise si on refuse d'être contrôlés ? Pour notre châtiment, on va aussitôt nous jeter entravés de chaînes dans des geôles voûtées aux murs suintant le salpêtre ? On va plutôt nous cloîtrer en sûreté dans un bâtiment, genre entrepôt. On y côtoiera des benêts malhonnêtes, des ânes sans accent qui nous feront sans trêve des piqûres, façon hôpital ?

Cerise sur le gâteau, on va nous taxer d'un impôt, une dîme avec des intérêts si on ne paie pas ? On risque la saisie-arrêt. Ruinés, plus de rôtis, ni d'entrecôte à mâcher. Plus d'huîtres fraîches au dîner, de champagne en flûte, finies les pêches goûteuses et les pâtisseries. On fera carême toute l'année, avec d'insipides ragoûts-pâtes. On aura une taille de guêpe, mais ça va nous gâcher la vie, surtout pour nos aînés.

Pas gâtés, on traînera sans goût, rôdant l'air blême, frôlant la sinistrose saumâtre. De bâbord à tribord, sur une île ou en forêt, on marchera sous la grêle, les jours de tempête. On ne rêvera plus : terminé, aucun rôle ne sera nôtre dans le théâtre de la vie. Une fêlure qui aura causé des dégâts dans nos âmes, dans nos têtes. Quel gâchis !

De grâce, protégeons l'accent circonflexe !

Partager cet article
Repost0
6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 05:55
Peter Guttridge : Des hommes dépourvus de sentiments (Rouergue Noir, 2016)

De nos jours à Brighton, sur le littoral sud de la Grande-Bretagne. Depuis deux ans sur la touche, l'ancien commissaire Bob Watts est parvenu à se faire élire Préfet de Police. Son ex-adjointe Kate Hewitt lui a succédé à la tête du commissariat. Sarah Gilchrist reste sans nul doute l'inspectrice la plus performante de la police de Brighton. La jeune femme fut naguère l'amante de Bob Watts. Sarah a choisi un assistant à sa mesure, Bellamy Heap. Il vient d'être promu inspecteur. S'il a l'air fluet, s'il rougit parfois, il est intelligent, cultivé et il possède un bon instinct d'enquêteur. Tout l'opposé de Donald Donaldson, leur collègue obtus et peu actif, gradé à l'ancienneté. Des affaires de magie noire bidon, de tirs sur des mouettes et de vols de cuivre constituent les missions quotidiennes du service de police.

Cette fois, c'est à un cas de profanation de tombe nocturne que doivent s'intéresser Sarah et Heap. Il leur est assez facile d'identifier le suspect. Bernard Rafferty, soixante-trois ans, est le directeur du Royal Pavilion, lieu historique, bâtiment emblématique de Brighton. Le duo de policier l'interroge : il se montre hautain, méprisant. Sarah et Heap découvrent des squelettes habillés dans une pièce de sa maison. Un drôle de fétichisme qu'il assume. Pour Rafferty, son comportement n'a rien d'anormal. Pourtant, il semble avoir profané au moins deux cent cinquante tombes, entassant quantité d'ossements au sous-sol du Royal Pavilion parmi les archives et objets non exposés. Les deux policiers visitent ces tunnels inutilisés. Ils y trouvent des œuvres hindoues, probablement issue du temple d'Angkor Wat.

À l'autre bout du monde, Jimmy Tingley voyage en Asie. Ami de Bob Watts, il a appartenu aux services secrets. En 1978, il fit partie d'un commando intervenant au Cambodge, au temps du dictateur Pol Pot. Officiellement, il s'agissait de récupérer trois marins anglais, enfermés dans la prison S21. Pas difficile pour des soldats chevronnés, face à des jeunes gardiens peu aguerris. Mais la mission ne se déroula pas comme prévu. Car Tingley voulut ramener une jeune métis franco-cambodgienne qu'il connaissait fort bien. Les autres baroudeurs disparurent, tandis que Tingley se débrouillait pour s'en sortir. Trente-cinq ans plus tard, il s'aperçoit que Rogers et Howe, ses anciens partenaires ne sont pas morts. Il est encore temps de régler quelques comptes, en souvenir de Michelle.

Si le but de Tingley est Siem Reap, près du site d'Angkor, il doit avant tout s'adresser à Sal Paradise, un caïd mafieux régnant sur les trafics au Cambodge depuis plusieurs décennies. À Brighton, alors que Bob Watts est contacté au téléphone par Tingley, les policiers Sarah et Heap s'interrogent sur l'attitude d'une Asiatique, Prak Chang, qui paraît chercher la trace de son fils, Youk. Un agent du FBI spécialisé dans les trafics d'œuvres d'art se joint à la police locale pour faire la lumière sur une possible filière en provenance du Cambodge. Sarah n'est pas insensible au charme de cet Américain. La piste du magasin d'antiquité suivie par Bob Watts, pour son ami Tingley, est incertaine. Un cadavre est retrouvé dans un tunnel muré du Royal Pavilion. L'affaire va bientôt prendre la bonne direction…

Peter Guttridge : Des hommes dépourvus de sentiments (Rouergue Noir, 2016)

Après “Promenade du crime”, “Le dernier roi de Brighton” et “Abandonnés de Dieu”, voici un nouvel opus de Peter Guttridge ayant pour principal décor la ville côtière de Brighton. Toutefois, cette aventure nous permet de voyager beaucoup plus loin. Car c'est l'histoire du Cambodge au 20e siècle qui constitue le socle de l'intrigue. Les Khmers rouges et leur chef Pol Pot (1928-1998) ont laissé l'image d'un régime pratiquant la terreur, la torture et la destruction. Bien longtemps après, le pays ne s'en est toujours pas vraiment remis.

Le site d'Angkor Wat est protégé par les instances internationales. Mais on peut supposer que des trafics d'œuvres rares, venant d'autres temples enfouis dans la jungle, ont cours malgré tout. Les collectionneurs ne manquent jamais, allant jusqu'à plaider (tel Rafferty) que la préservation d'un patrimoine précieux n'est pas du vol. Comme le précise l'agent du FBI, le trafic d'antiquités ou de n'importe quoi participe au blanchiment d'argent sale et à l'évasion fiscale, les truands sachant se diversifier. Et se donner des façades respectables.

Le double récit est particulièrement habile. D'un côté, nous suivons Tingley au Cambodge, avec ses recherches actuelles et ses souvenirs mouvementés du passé. De l'autre, nous observons les tribulations de quelques membres de la police de Brighton. Il ne s'agit pas strictement d'un roman d'enquête, même s'il y en a une. Tant de perversions semblent coutumières dans cette ville ! C'est plutôt le contexte global qui offre une véritable force à l'histoire, rythmée et très convaincante, avec de l'émotion et des sourires. Excellent.

Partager cet article
Repost0
4 février 2016 4 04 /02 /février /2016 05:55

Au début des années 1950, Philip Marlowe est détective privé à Los Angeles. Cet été-là, une belle cliente blonde aux yeux noirs se présente à son bureau du Cahuenga Building. Originaires d'Irlande, Clare Cavendish collabore avec sa mère, Mme Langrishe, qui a fait fortune en Californie dans les parfums. Clare est mariée à Richard Cavendish, un oisif qui joue au polo et avec ses conquêtes. La riche jeune femme avait un amant, Nico Peterson, disparu depuis environ deux mois. S'avouant séduit par sa cliente, Marlowe accepte de le rechercher. Dans le quartier où habitait Nico Peterson, et au bar qu'il fréquentait souvent, le détective apprend que deux Mexicains sont également sur la piste de celui-ci.

Le flic Joe Green ne tarde pas à renseigner Marlowe : Peterson est mort une nuit près du Cahuilla Club, un établissement huppé de Bay City, renversé par une voiture ayant pris la fuite. Marlowe se rend chez les Cavendish, une grandiose demeure d'Ocean Heights, afin d'annoncer la nouvelle à Clare. Il y croise le jeune demi-frère de celle-ci, Everett Edwards, et le mari de sa cliente. La jeune femme ne paraît pas bouleversée par le décès de son amant. “Ce qu'il y a, Monsieur Marlowe, c'est que je l'ai vu l'autre jour dans la rue. Il n'avait pas du tout l'air mort” explique-t-elle. Le détective se doutait bien qu'elle lui taisait une partie de ses motivations. Maintenant, elle affirme vouloir juste retrouver Peterson.

Après avoir consulté le rapport sur l'accident mortel, Marlowe se rend au Cahuilla Club. Il est reçu par le directeur, qui se montre courtois, limitant son propre rôle dans ce cas. Le détective peut s'étonner qu'il lui consacre autant de temps, alors que le directeur est très sûrement occupé. C'est ensuite Mme Langrishe, la mère de Clare, qui fixe rendez-vous à Marlowe, sans doute informée par son gendre. Une femme de caractère : “Il y avait chez elle quelque chose que je ne pouvais m'empêcher d'apprécier. Une certaine force morale.” Elle le met en garde : “Soyez prudent, Monsieur Marlowe, me conseilla-t-elle. À mon avis, vous ne savez pas à qui vous avez affaire.” Sans préciser d'où viendra le danger.

Le détective rencontre Mandy Rogers, vague actrice venue de Hope Springs dans l'Iowa, dont Peterson était plus ou moins l'agent. Puis il va croiser Lynn Peterson, la sœur de Nico. C'est alors que surgissent les deux Mexicains, qui n'ont rien de mauviettes. Le pugilat se termine par un KO de Marlowe. Entre-temps, Lynn semble avoir été enlevée par le duo de Mexicains violents. S'il peut compter sur Joe Green, le détective est obligé de faire appel au flic Bernie Ohls pour la suite. Alors que Marlowe devient plus intime avec Clare, il est "invité" par le caïd Lou Hendricks. Ce dernier a de bonnes raison de chercher Peterson, lui aussi, mais le détective refuse son offre de l'engager pour une somme rondelette. Son enquête lui réserve encore bon nombre de surprises…

Benjamin Black : La blonde aux yeux noirs (Éd.10-18, 2016) – Philip Marlowe –

Philip Marlowe, le détective privé créé par Raymond Chandler (1888-1959), symbolise la mythologie de ce genre de personnages. Même s'il peut évoquer d'anciens amis, tels Terry Lennox ou Linda Loring, même s'il s'amourache ici de Clare Cavendish, c'est avant tout un héros solitaire. D'ailleurs, il donne une intéressante définition imagée de son existence : “Pour vous, une vie solitaire est inimaginable. Vous êtes comme un de ces gros bateaux de croisière sur lesquels se bousculent des kyrielles de marins, de stewards, de mécaniciens, de mecs en uniforme pimpant avec casquette à galons. Il vous faut tout ce personnel, sans parler des belles gens tout de blanc vêtus qui jouent à divers jeux sur le pont. Mais voyez-vous ce petit skiff qui s'éloigne vers l'horizon, celui à la voile noire ? Ça, c'est moi. Et moi, là-bas, je suis heureux.”

La Californie des années 1950 que Marlowe sillonne dans son Oldsmobile, entre bars aux allures de pubs et quartiers huppés : Benjamin Black ne trahit nullement les bases de l'œuvre de Chandler. Étant originaire de Wexford, sans doute y ajoute-t-il une dose de son Irlande natale. Pour le reste, on retrouve avec bonheur les caractéristiques des “romans de détectives”, entre enquête sinueuse, amis flics, adversaires sournois ou dangereux et ambiance sombre. Sans oublier l'indispensable “femme fatale”, bien entendu. Très jolie réussite que cette version revisitée des aventures de Philip Marlowe.

Partager cet article
Repost0
2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 05:55

En cette fin novembre 1888, Sherlock Holmes est fortement déprimé. Il est nécessaire que le docteur Watson revienne au 221B Baker Street, afin de veiller sur son addiction. Quand il reçoit une mystérieuse lettre de France, Holmes retrouve son dynamisme. Une artiste française y évoque le cupide comte Pellingham. Par son frère Mycroft, Holmes n'ignore pas que l'aristocrate est impliqué dans le vol d'une statue antique à Marseille. Une affaire qui a causé quatre morts, dont le détective refusa de s'occuper. Holmes et Watson partent sans délai pour Paris. Émeline La Victoire y est très connue dans les cabarets-spectacles, sous le pseudonyme de Cerise Chérie. Une dizaine d'années plus tôt, elle eut une brève liaison avec le comte Pellingham, marié par ailleurs. C'est ainsi que naquit leur enfant, Émile.

Qu'ils soit élevé par le comte et son épouse, c'était un arrangement bénéfique pour Émile. Mais Émeline est inquiète pour son fils. Jusqu'à présent, elle put le rencontrer une fois par an, grâce au valet français du comte, Pomeroy. Cette année, on le lui interdit. Si Holmes accepte d'enquêter, il s'aperçoit bientôt qu'il n'est pas seul sur l'affaire. Après un incident visant Watson au Louvre, les deux Anglais se rendent à Montmartre, où Émeline se produit au "Chat Noir". Lorsqu'une situation chaotique entraîne une bagarre, un détective nommé Jean Vidocq intervient. Il prétend être un descendant du célèbre François-Eugène Vidocq. La police française l'a chargé d'enquêter sur le vol de la statue antique. Probablement est-il l'amant d'Émeline La Victoire. Il s'agit surtout d'un rival pour Sherlock Holmes.

Le détective britannique préfère garder un œil sur ce douteux Jean Vidocq. C'est ainsi que tous quatre, Holmes et Watson avec Émeline et l'enquêteur français, rentrent en Grande-Bretagne. Au club Diogène où ils ont rendez-vous, l'omnipotent Mycroft Holmes révèle à son frère cadet et à Watson où l'on cache Émile. Le duo doit se rendre dans le Lancashire, au nord de l'Angleterre, dans la demeure du comte Pellingham, sous une fausse identité. Holmes se déplacera en fauteuil roulant, déguisé en expert en art. Outre la statue volée, il devra également se renseigner sur la mort récente de trois enfants. Les victimes, bien que mineures, étaient employées dans l'usine de filature de soie du comte. Pendant ce temps à Londres, Émeline et Jean Vidocq devraient bientôt retrouver le petit Émile.

Chez le comte Pellingham, le beau-père américain de celui-ci se montre plus aimable que le suspicieux majordome Mason. Dans cette maison labyrinthique, bien que très surveillés, Holmes et Watson parviennent à interroger le valet français Pomeroy. Mais la mort frappe certains habitants de la demeure, et Holmes estime que rien n'est encore réglé : “Jusqu'à ce que j'aie démêlé la situation ici et envoyé le comte derrière les verrous, [Émile] risque d'échapper à notre protection, et d'être rendu à ses persécuteurs. Il est particulièrement vulnérable maintenant…” S'il peut compter sur le jeune coroner local et sur son épouse, Holmes va devoir affronter des adversaires qui ont bien des secrets à masquer…

Bonnie MacBird : Une affaire de sang (City Éditions, 2016) ─ Sherlock Holmes ─

Quantité d'auteurs ont pastiché, tout en respectant le canon holmésien, l'œuvre de Conan Doyle. De tels personnages ne peuvent qu'inspirer les romanciers, cherchant à se montrer aussi subtils que le créateur de Sherlock Holmes, pour élaborer des intrigues d'un niveau comparable. Riche en contrastes sociologiques, l'ère victorienne s'avère aussi fort tentante à utiliser. Londres au temps de Jack l'Éventreur, Paris à l'époque du Montmartre festif où l'on croisera Toulouse-Lautrec, la campagne anglaise du Lancashire éloignée de la capitale, autant de décors où nous entraîne cette énigmatique histoire. Avec des rebondissements à foison, et des protagonistes auxquels on ne saurait toujours accorder sa confiance.

Si l'auteure américaine n'insiste pas trop sur ce point, Holmes et Watson sont tous deux âgés d'environ trente-cinq ans : un duo d'enquêteurs plein d'énergie et d'initiatives, d'une belle témérité, capables de supporter les chocs. Détail sans importance : la présentation du Vidocq légendaire est plutôt approximative, et même erronée. Par contre, la cinquième partie du récit est intitulée “Une ténébreuse affaire”, comme le roman de Balzac souvent considéré comme une des premières histoires policières. C'est avec un réel plaisir qu'on lit cette aventure agitée de Sherlock Holmes, version Bonnie MacBird.

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/