En Suède. Greta, son compagnon Alex et leur fillette Smilla, ont loué pour quelques jours un cottage à Marhem. Ça se situe aux abords d’un lac qu’on appelle ici le Cauchemar, mais qui porte sûrement un nom plus officiel. Ce jour-là, tous trois vont faire un tour en canot sur le lac. Alex et Smilla en profitent pour explorer l’îlot, d’allure assez hostile, au milieu du lac, Greta restant dans la barque. Quelques heures plus tard, la jeune femme s’inquiète quand elle ne voit pas revenir Alex et Smilla. Elle débarque sur la petite île, à leur recherche. Mais ses efforts sont vains, pas de traces d’Alex et Smilla. Elle retourne à leur cottage, hésitant à prévenir la police de cette double disparition. Seule, Greta est assaillie de mille pensées. Les plus agréables étant les souvenirs des débuts de sa relation avec Alex.
Le lendemain, Greta va de nouveau tenter de retrouver les disparus su’ l’îlot, sans plus de succès. Revenue sur le rivage, elle fait face à une bande d’ados menaçants, dont le meneur pourrait s’avérer dangereux. Le cottage est son meilleur refuge. Les appels téléphoniques répétés de sa mère deviennent envahissants, estime Greta. À force de ruminer dans la solitude, elle sait bien que ça risque de virer au délire. Il faudrait qu’elle rentre maintenant chez elle, mais ne dépasse guère en voiture les environs de Marhem. La police, qu’elle a finalement contactée, trouve de grosses contradictions dans le témoignage de Greta, dans sa propre situation. Elle ne compte pas expliquer que, comme bien d’autres, elle a longtemps été suivie par des psychologues, mais que c’est du passé. L’endroit où elle se sent le mieux pour le moment, c’est le cottage près du lac.
Bien qu’elle l’ignore, Greta est effectivement en danger. Quelqu’un envisage de se venger d’elle, à cause d’un épisode de sa vie. Sa fragilité ne joue pas en sa faveur, c’est sûr. La protection de sa mère ne sera probablement pas suffisante. Il lui reste l’espoir d’un "retour à la normale"…
Bien sûr, je me lance tout de même à leur recherche. Ignorant cet instinct qui me souffle que c’est peine perdue. Je tire le bateau au sec avec des gestes maladroits, attrapant au passage le sweat qu’Alex a abandonné à l’arrière.Un certain malaise progresse le long de mon dos. Je crie les noms d’Alex et de Smilla. Quand je passe ma tête dans l’encolure du pull, je m’aperçois que mes bras sont engourdis. L’odeur masculine imprègne encore le tissus, m’entoure. L’odeur d’Alex.
Cela me fait l’effet d’un coup de poignard dans le ventre, mais je me focalise sur la montée de la colline. Je n’ai pas fait plus de quelques pas que mon cœur s’accélère.Je m’essouffle. La pente est pus raide que je ne le croyais.
Voilà un pur suspense psychologique dans la plus belle tradition, ménageant une part d’angoisse chez l’héroïne, et une multitude de questions. Évidemment, on devine que les faits ne sont pas aussi clairs que ce qu’elle nous raconte. Greta est un personnage perturbé, dont on ne doute pas qu’elle garde des secrets, et ce lac qui n’a rien d’accueillant contribue à une atmosphère troublante. N’en disons pas davantage. Le récit est mené avec souplesse, l’intrigue parfaitement maîtrisée – renouvelant plutôt habilement le thème de la disparition mal explicable. Un suspense convaincant, captivant, qui séduira inévitablement les amateurs d’énigmes psychologiques.