Des diplômés déchaînés font disparaître les accents, nous rabâchant que c'est mieux. Ils blâment ces symboles, les maîtres du langage. Des bêtises à brûler telles d'infâmes icônes, vraiment ? L'entêtement de ces crâneurs est fâcheux. Bientôt, être partisan du circonflexe va apparaître comme un délit ? On n'a pas hâte de voir ça.
Il y aura enquête. On sera accusés de lâcheté, de traîtrise si on refuse d'être contrôlés ? Pour notre châtiment, on va aussitôt nous jeter entravés de chaînes dans des geôles voûtées aux murs suintant le salpêtre ? On va plutôt nous cloîtrer en sûreté dans un bâtiment, genre entrepôt. On y côtoiera des benêts malhonnêtes, des ânes sans accent qui nous feront sans trêve des piqûres, façon hôpital ?
Cerise sur le gâteau, on va nous taxer d'un impôt, une dîme avec des intérêts si on ne paie pas ? On risque la saisie-arrêt. Ruinés, plus de rôtis, ni d'entrecôte à mâcher. Plus d'huîtres fraîches au dîner, de champagne en flûte, finies les pêches goûteuses et les pâtisseries. On fera carême toute l'année, avec d'insipides ragoûts-pâtes. On aura une taille de guêpe, mais ça va nous gâcher la vie, surtout pour nos aînés.
Pas gâtés, on traînera sans goût, rôdant l'air blême, frôlant la sinistrose saumâtre. De bâbord à tribord, sur une île ou en forêt, on marchera sous la grêle, les jours de tempête. On ne rêvera plus : terminé, aucun rôle ne sera nôtre dans le théâtre de la vie. Une fêlure qui aura causé des dégâts dans nos âmes, dans nos têtes. Quel gâchis !
De grâce, protégeons l'accent circonflexe !