Dans la collection Suite Noire, des Éditions La Branche, Christian Roux vient de publier “La bannière était en
noir”. Il a eu l’amabilité de répondre à la chronique que j’ai consacré à ce livre sur rayonpolar.com.
Voici d’abord mon commentaire au sujet de ce livre, sur les
mésaventures d'un jeune Normand découvrant Paris : “Ce court roman, qu'on a envie de rebaptiser “Candide à Facholand”, n'échappe sans doute pas à large part de caricature. La naïveté et
l'inexpérience ont des limites, même pour un jeune venu de province. Le coup de bonneteau, il faut aujourd'hui être bien niais pour se laisser piéger, par exemple. Néanmoins, l'auteur évite
l'angélisme concernant le cas de Samia et des filles de familles arabes. Quant aux nazillons amateurs de castagne en marge des matchs de foot, on sait qu'ils existent. Sur ce point, on n'a pas
l'impression que leur portrait soit exagéré. Qu'ils soient encadrés ou guidés par certains politiques est évident. Le destin de ce jeune héros apparaît donc comme un conte actuel, une fable de
notre époque. De Christian Roux, il faut lire ou relire “Braquages” et “Placards”, deux excellents romans.”
Laissons maintenant la parole à Christian Roux, qui apporte quelques précisions sur ce texte : “Bonjour, merci pour votre
lecture mais je me permets un petit désaccord. J'habite encore au fin fond de l'île de France, dans un minuscule village, en limite de la Normandie et de la région Centre. Nombre de familles
vivent des revenus de leur statut de familles d'accueil. Je crois que vous n'avez pas idée du degré d'inculture et de quasi analphabétisme qu'on rencontre chez pas mal de jeunes logeant dans nos
villages, et notamment dans ces familles. L'ennui, l'illusion d'être quelqu'un en s'abrutissant de 8,6 et de shit bon marché ne leur donnent pas pour autant une grande connaissance du monde, loin
de là... Vous connaissez sans doute... mais ça marche toujours. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les joueurs de bonneteau sévissent encore. Il faut bien que quelqu'un s'y laisse
prendre...
"...Je n'ai pas voulu écrire de caricature mais dépeindre l'un de ces jeunes abandonnés de tous et à qui il est facile, par la suite, de jeter la pierre. (Et encore, je suis resté soft pour
tenter de rester crédible, ce qui n'a pas l'air d'avoir été réussi au regard de votre lecture - petite anecdote au passage : récemment, ils ont fauché des autoradios; deux heures après, ils se
faisaient prendre en train de les vendre au Cash-Converter le plus proche, vous le croyez, ça?)... Cela dit, mon personnage est un être unique, pas le représentant d'un groupe social, qui
possède sa propre histoire - une sorte de Lucien Lacombe des temps modernes. Mais j'y reviendrai sans doute dans un roman plus large, me permettant de développer un peu plus certains aspects et -
peut-être - de leur donner plus de corps... Quand à la dimension "conte", c'est bien vu de votre part. Un texte de cette dimension (que J.B.Pouy m'a fait le plaisir de me demander), c'était un
nouveau pari pour moi. Cordialement, Christian Roux.”
Effectivement, c'est un court roman à découvrir. J'ai seulement signalé aux lecteurs futurs la part caricaturale du jeune
héros, vraiment pas préparé à la vie. C'est avec plaisir que je présente la réaction de l'auteur, dont on espère de prochains romans aussi percutants que ses premiers titres.
Du même auteur : “Les ombres mortes” (Rivages/Noir, 2005). A paraître, en
octobre 2009 : “Kadogos” (Rivages/Noir).
le site de christian roux