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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 04:55

Lui demander son identité serait inutile, et peut-être imprudent. C'est un Parisien, qui fait le maximum pour passer inaperçu. En tenue de ville, costume passe-partout, on est moins repérable qu'en jogging typé banlieue. Pour traiter ses affaires illégales et lucratives, il est perpétuellement en mouvement, méfiant à l'extrême, genre parano. Vis-à-vis de tous ses contacts, c'est lui qui fixe les règles. Ça lui rapporte des fortunes, judicieusement placées dans l'immobilier plutôt qu'en banque. Il opère dans le trafic le plus juteux actuellement. Non pas celui de la drogue, comme tant d'autres. Ayant appris la langue croate, il importe des armes depuis les Balkans. Lui-même n'apparaît jamais directement, nulle part. Sauf lorsque son business se détraque quelque peu, et qu'il faut réagir au plus tôt.

C'est ce qui s'est produit à Marseille. Freddy, son comparse local, avait la garde d'un stock d'arme plaqué dans un box. Des petits malins, peut-être par hasard car tout est possible à Marseille, ont mis la main sur cet arsenal. Le Parisien est donc obligé de descendre sur place, en costard malgré la chaleur, sa tenue de camouflage habituelle. Il a rendez-vous avec Freddy sur le Vieux-Port. Son contact, c'est le petit truand méridional dans toute sa splendeur. Il a l'air très heureux de rencontrer pour la première fois le Parisien, qui lui fait gagner 10 % à chaque transaction d'armes. Un job très rentable, mais grosse perte en cas de vol. Quant à ceux qui ont fauché le stock, Freddy est "presque sûr" de savoir de qui il s'agit. Car ils ont proposé de revendre lesdites armes à un de ses sbires.

Le plan de Freddy est limpide : un Comorien de ses amis, chez qui ils dégustent un repas goûteux dans les quartiers-nord, va se faire passer pour l'acheteur du stock disparu. Une fois la transaction lancée, le Parisien et Freddy n'auront plus qu'à intervenir et récupérer les armes. Évidemment, le scénario ne va pas se dérouler d'une façon aussi simpliste. Pas mal de viande froide qui va rester sur le carreau, finalement. Certes, le Parisien s'empare d'un pactole en argent liquide et en armes. Mais, pour aller au bout de cette affaire-là, il doit pactiser avec l'Indien. Un peu chtarbé à cause de l'abus de coke, ce caïd marseillais de pacotille. S'il n'a qu'un lointain rapport avec l'Amérique, l'Indien est néanmoins capable de rejouer Little Big Horn quasiment à lui tout seul. Ça va encore saigner…

Jérémie Guez : Là-bas, c'est Marseille (Petits polars du Monde, 2015)

Récompensé par le prix SNCF du polar 2013 avec “Balancé dans les cordes”, Jérémie Guez est un des jeunes talents à suivre de près. Excellent choix que de débuter cette quatrième saison des Petits polars du Monde par cet auteur. Il nous dessine le portrait vivant d'un trafiquant d'armes d'aujourd'hui, possédant une morale personnelle : “L'éthique, quand on vend des armes, c'est toujours bizarre. Mais bon, on trouve toujours des trucs pour s'arranger avec la réalité. Pour se dire qu'on n'est pas un salaud, et qu'on fait quelque chose de logique puisqu'on vend ce que les gens achètent, et si c'est pas moi alors c'est un autre… blablabla […] De tous ses vieux principes à la con, il n'en a gardé qu'un. Il ne vend qu'aux pirates de la rue. Pas aux terroristes. Il ne peut rien contre la revente de son propre matos, mais fait tout pour que seuls les voyous en bénéficient.”

Illustrée par Jacques Ferrandez, cette nouvelle de Jérémie Guez s'avère mouvementée, non sans une part d'ironie. L'apparente cordialité des volubiles Marseillais, qui vantent volontiers leur bonne humeur méditerranéenne, ne peut faire oublier que c'est de longue date la ville de tous les trafics, braquages et rackets. Étranger à Marseille, heureusement pour lui, le héros est en permanence sur ses gardes…

Ce texte est suivi d'un mini-guide signé Jean-Michel Boissier, “Échappée à Marseille”. Sur les traces de ce Petit Polar, le journaliste fait un petit tour informé et amusé des rues et des monuments, des jolis coins et des bonnes adresses, de l’esprit des lieux et de l’humeur des habitants. Ici, il découvre que le Vieux-Port s’humanise, que le MuCEM a de la gueule, que le Panier a ses bobos, que la Bonne Mère est bien haute, que Le Corbusier n’était pas si fada et que la ville n’est pas si facile. Sans oublier d'évoquer Jean-Claude Izzo.

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25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 04:55

Né en 1952, David Lamb est aujourd'hui âgé de cinquante-quatre ans. Il exerce le même métier depuis dix-neuf ans. Sans être fortuné, Lamb est aisé. Séparé de Cathy, il a pour amante Linnie, qui ignore qu'il ne vit plus avec sa femme. Dans la banlieue de Chicago, Lamb vient d'assister aux obsèques de son vieux père. Dans la rue, il est abordé par une enfant de onze ans, sorte de jeu entre élèves d'une classe de 5e. Cette fillette malingre, avec ses tâches de rousseur, se prénomme Tommie. Lamb la situe bientôt : “Une gamine livrée à elle-même. Qui obtient tout juste la moyenne à l'école. Ni jolie, ni sportive, ni intelligente. Simplement une gamine qui a grandi moins vite que les autres mais qui veut rester dans la course...” Tommie vit dans un quartier très modeste avec sa mère et le compagnon de celle-ci, Jessie. Pas malheureuse, mais rien de très chaleureux dans son existence.

Dès leur deuxième rencontre, une complicité naît entre Lamb et Tommie. Peut-être parce qu'ils sont tous deux plutôt solitaires. Il sent que cette enfant a besoin d'une autre vie, et lui parle d'aller camper ensemble quelques jours. Au fil de leurs rendez-vous, Lamb lui fait miroiter les décors des grands espaces, des prairies de l'Amérique rurale montagneuse. À son travail, on comprend que Lamb ait besoin de prendre du recul après le décès de son père. Normal qu'il prenne des vacances en ce beau mois de septembre. Pour Tommie, leur relation n'est pas conventionnelle, mais acceptable : “Et qu'est-ce que sa démarche avait de répréhensible ? Qu'un type comme lui offre un bon déjeuner à une gamine comme elle, qu'il la gâte un peu ? À elle, cela lui faisait du bien. Lui, cela agissait comme un remontant pour son cœur meurtri. N'est-ce pas ?” Ils vont effectivement partir ensemble, en pick-up.

De Chicago, ils voyagent vers le Wyoming et le Nebraska. Lamb l'apprivoise, joue au guide à travers les paysages si différents qu'elle découvre, s'improvise conteur lors des étapes en motels. La nuit étoilée, elle ne la remarque jamais en ville à cause des lumières. L'idée de rentrer la titille, forcément, car elle sait que leur périple passerait facilement pour un kidnapping. D'ailleurs, pendant ce temps, que se passe-t-il du côté de Chicago ? Lamb et Tommie arrivent à destination, une propriété campagnarde sur El Rancho Road. Il y a un chalet, qui mérite une sérieuse remise en état. Leur installation restera précaire, même s'ils complètent par quelques achats pour la fillette dans une petite ville des environs. Il ne faudrait pas que le vieux voisin Forster s'intéresse de trop près à eux. Ni que les souvenirs douloureux de Lamb remontent à la surface, gâchant cet épisode paradisiaque…

Bonnie Nadzam : Lamb (Éd.Points, 2015) – Coup de cœur –

En 2011, ce roman fut couronné par le Flaherty-Dunnan First Novel Prize. Les flagrantes qualités humanistes de cette histoire ont assurément pesé dans l'attribution de ce Prix littéraire. Il figura parmi la vingtaine de titres sélectionnés du "Women's prize for fiction 2013". Il s'agit bien d'un "roman noir", davantage au sens sociétal de cette appellation, qu'au niveau criminel. Néanmoins, une mineure de onze ans partant à l'aventure avec un quinquagénaire qu'elle connaît à peine, c'est assimilé à un enlèvement, au moins dans tous les pays occidentaux. Qu'elle soit consentante, qu'il soit généreux, qu'il la traite amicalement en la surnommant "porcinette", que cette initiative n'ait absolument rien de sordide, l'adulte est coupable. Même si la tendresse, la gentillesse ne sont pas des crimes.

Pourtant, le but de David Lamb est clair : “Tu verras, tout le monde va en sortir gagnant. Ça renforcera l'amour que [ta mère et Jessie] éprouvent l'un pour l'autre, et l'amour qu'ils ressentent pour toi… Tu posséderas en toi la quiétude de la terre. Tu sauras tellement plus de choses. Tu auras touché du doigt l'âme secrète de ce pays. Tu en seras même imprégnée. Et tu la transmettras aux autres.” Subsiste-t-il des ambiguïtés dans le rapport entre la fillette et l'homme ? La psychologie de Lamb est à la fois plus tortueuse et plus subtile que celle d'un ravisseur d'enfant. C'est un besoin profond qui explique cette espèce de fugue avec la jeune Tommie, comme la nécessité d'une étape hors des sentiers battus, en décalage avec la normalité du monde, avant une possible suite. Pas un strict polar, mais une remarquable intrigue, digne d'un sincère "Coup de cœur".

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 04:55

Hermosillo est la capitale de l’État de Sonora, au Mexique. La température y est de trente-six degrés, en ce mois de mai. Venu de Washington, P.Z.Evans s'y trouve en compagnie de son confrère mexicain Alejo Díaz. Ce sont des agents fédéraux, des exécuteurs. Leur cible actuelle n'est autre que Alonso María Carillo, aussi connu sous le surnom de Cuchillo, le “Couteau”. On le soupçonne d'être à la tête d'un des cartels de Sonora, responsable de plusieurs milliers de morts, et trafiquant de drogue. “Aux yeux du monde, Cuchillo était un homme d'affaire audacieux doublé d'un philanthrope… Apparemment, il avait fait fortune en créant des entreprises honnêtes et florissantes, réputées pour traiter correctement leurs employés tout en étant respectueuses de l'environnement.”

Dans sa propriété d'Hermosillo, cernée d'un haut mur équipé d'un fil électrifié, Carillo est entouré d'une sécurité maximale, sous la direction du garde José. Les bâtiments sont dotés de vitres blindées. Carillo n'est pas seulement un businessman affichant sa loyauté et son intégrité, c'est un homme distingué et cultivé. Collectionneur de livres rares, donc fort coûteux, il dispose d'une vaste bibliothèque abritant vingt-deux mille ouvrages. Des éditions originales, avec souvent des autographes de ces écrivains. “Les gens refusent d'accepter que je sois simplement un homme d'affaires. Ils pensent que si je réussis, c'est parce que je suis un criminel et que je mérite donc d'être attaqué. C'est injuste !” Carillo sait qu'on lui prête l'intention de commettre un attentat contre un bus de touristes.

À Washington, Billings est l'organisateur de l'opération visant Carillo. La dangerosité du Mexicain lui paraît désormais plus douteuse. Il ne se comporte pas du tout tel un mafieux. Un gentleman âgé de cinquante-sept ans, plutôt qu'un chef de cartel ? Néanmoins, Billings confirme l'exécution, exigeant la destruction complète des preuves qui pourraient prouver une intervention des Fédéraux. Pour Evans et Díaz, le point faible de Carillo, ce sont les livres : voilà la base sur laquelle ils élaborent leur plan d'attaque. Puisqu'on doit lui apporter un exemplaire rarissime d'un livre de Charles Dickens, “Le magasin d'antiquités”, ce sera Díaz qui va s'en charger à la place du vendeur habituel. Carillo en profite pour lui faire visiter les lieux, en particulier sa bibliothèque personnelle…

Jeffery Deaver : Châtié par le feu (Ombres Noires, 2015)

Cette longue nouvelle (ou novella) de Jeffery Deaver traite un sujet criminel, comme il se doit. Les “gentils” agents gouvernementaux ont pour mission d'abattre le “méchant” caïd mafieux. Du moins, est-ce ainsi qu'on a présenté la situation aux Fédéraux. Ceux-ci vont introduire un objet piégé chez leur cible, le supposé mafieux. Du moins, est-ce ainsi que l'auteur nous raconte les faits. On verra ce qu'il adviendra, au fil du récit. Comprenons quand même que, avant tout, cette histoire est un hommage aux livres.

La bibliothèque d'Alonso María Carillo recèle des éditions très rares de nombreux grands classiques, n'omettant pas des romanciers beaucoup plus grand public : “…les auteurs de romans policiers ou de romans populaires maîtrisent souvent mieux leur art que les auteurs soi-disant littéraires. Les lecteurs le savent : ils préfèrent de bonnes histoires à des artifices prétentieux.” C'est ainsi que Conan Doyle et Dashiell Hammett côtoient Proust et F.Scott Fitzgerald, que Graham Greene et Ian Fleming sont près de Virginia Woolf ou de William Faulkner.

À la fin de “Châtié par le feu”, on trouve un entretien avec J.Deaver. Outre son métier, son inspiration, il y évoque certains auteurs de polars qu'il apprécie. Un roman court à l'intrigue et au contexte fort agréables.

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23 juin 2015 2 23 /06 /juin /2015 04:55

Rémi Fontevrault est un fils de bourgeois du 8e arrondissement de Paris. Fin des années 1970, il effectue son service national. C'est là qu'il sympathise avec Lieutenant, un peu plus âgé que lui. Ce dernier est issu d'une famille de collabos, assumant une marginalité qui s'affiche "patriotique". Rémi n'est pas insensible au charme de la blonde Irène, sœur de Lieutenant. À la fin de ses obligations militaires, Rémi est engagé dans la société de son père, comme traducteur. Il garde un pied à la fac, où il tente d'apprendre la langue russe. Un endroit très politisé, avec des grèves fréquentes. Le GUD d'extrême-droite y est représenté par “ce potache de Charles-Henri et ses paltoquets”, intellos capables de citer les maîtres-à-penser du nationalisme ultra, mais pas des hommes d'action.

Pour alimenter sa colère intérieure, Rémi a besoin de cogner. Quand il prend des mauvais coups, il s'arrange pour se venger (à trois contre un) du "rugbyman" qui l'a estourbi. Il en profite pour renouer avec Lieutenant, qui est assisté de Phong. Et pour se rapprocher intimement d'Irène. Son père envoie Rémi en mission à Belfast, en tant que traducteur pour l'universitaire Kriss. En ces années 1980, l'ambiance est toujours lourde en Ulster, et la population méfiante. Un climat grisant pour Rémi. À la demande de Lieutenant, il prend contact avec le révérend McCluskey, activiste pro-Anglais entouré de skinheads. Pourtant, c'est plutôt chez les chaleureux catholiques nord-Irlandais que dans le camp british qu'on passe du bon temps, Rémi l'admet. Un attentat à la voiture piégée interrompt son séjour.

Nourri de culture celto-nordique, autant que marqué par la mort, Rémi revient à Paris. Il retrouve Irène, et Lieutenant qui estime qu'il n'est pas encore un vrai combattant. Rémi va s'entraîner à la boxe thaïe, et côtoyer les politiciens. “Le Chafouin [leur candidat, n°2 du parti] est un opportuniste à qui on n'avait proposé que des strapontins dans d'autres partis de droite… Les autres sont des épiciers ou des avocats. Ils défendent leurs boutiques, leurs cabinets, ils veulent du pouvoir, ils n'en auraient pas eu ailleurs, les places sont chères.” Dans la banlieue sensible où Le Chafouin fait campagne, Rémi assure le service d'ordre de ses meetings. Avec trop de zèle combattant, comme toujours. C'est plutôt un job pour Charles-Henri et ses paltoquets, meilleurs propagandistes.

Néanmoins, avec Phong, Rémi continue à travers Paris à provoquer, à jouer la castagne. Si ces rixes déplaisent à Lieutenant, elles sont réprouvées par les politiciens du mouvement, qui misent sur la respectabilité et non sur la bagarre. À cause de ces méthodes opposées, le fossé commence sérieusement à se creuser entre eux. Tandis que Lieutenant et Phong se mettent au vert pour un temps, Rémi et Irène partent pour un périple dans les pays de l'Est. Revenant en France par l'Alsace, ils vont tenter d'organiser la dissidence au sein du parti d'extrême-droite, une stratégie risquant de s'avérer trop aléatoire…

Thierry Marignac : Fasciste (coll.Hélios Noir, 2015)

S'agissant d'un roman, donc d'une fiction, ce livre n'est pas un plaidoyer en faveur des fanatiques du fascisme. Guidés par leurs préjugés, certains réacs ont pu le croire. Héritiers du pétainisme, cultivant le négatif depuis soixante-dix ans, haïssant la population, ils sont passés à côté de l'évolution de la France. Ce sont de vieux aigris, sans question d'âge car une partie d'entre eux est encore jeune. Ils confondent leur nationalisme obtus avec le patriotisme. Ils sont fascinés par le mythe d'un pays idéal, figé dans des valeurs "comme avant". Ils sont le passé, et veulent qu'on y retourne. Donneurs de leçons bien-pensants, ils accusent les autres de tous les maux. Faute d'argument, ils se réfèrent à des idéologies mortes depuis longtemps, continuant à tout condamner, à semer leurs diatribes.

Auteur controversé ayant suscité quelques vifs débats entre lecteurs, Thierry Marignac ne se préoccupe probablement pas de sa réputation. Que certains ne l'aiment pas, ça le laisse froid. Que d'autres le vénèrent, on peut penser que ça l'amuse. Marignac brandissant l'étendard du refus, au nom de mouvances groupusculaires ? L'embrigadement, on doute que ce soit l'état d'esprit de cet écrivain et traducteur. Il revendique sa liberté, ses opinions, ses choix de vie, son goût pour la boxe, et sa détestation des conformismes. Qu'il assume ses contradictions, sûrement. Qu'il cherche à convaincre qui que ce soit, avec autoritarisme, certes non. Avec “Fasciste”, son premier titre publié initialement en 1988, il voulait frapper fort, troubler la réflexion. Il y est parvenu. L'interview de l'auteur, en fin de volume, nous éclaire sur lui-même et ce roman.

Lire une fiction politique n'est pas partager un point de vue identique à celui exposé. Dans la préface, Pierric Guittaut ressasse les arguties périmées qui lui sont chères, selon sa propre lecture de ce roman. Si l'on a une vision moins étriquée du monde, l'approche ne sera pas la même. Le héros de “Fasciste” n'est qu'un suiveur se prenant pour un meneur. Sa culture fascisante est un salmigondis d'idéaux censés justifier son excitation guerrière. Pas une once de panache en lui. Il n'inspire finalement pas le moindre sentiment. Ni pitié, ni dégoût, et encore moins de l'admiration. C'est justement là que réside la manière de Marignac : il ne décrit pas un accusé s'étant fourvoyé de son plein gré, il présente un jeune bourgeois jouant sa “Fureur de vivre” (Rebel without a cause) version fachos.

Roman-culte ? Laissons cette formule lénifiante aux benêts évoqués plus haut. Par contre, c'est un portrait riche en nuances que dessina ici Thierry Marignac. Le contexte politique a changé, depuis près de trente ans. Mais il y a fort à parier que de nouvelles générations correspondant à ce type de personnage, mercenaires dans l'âme, existent encore. Voilà une des bonnes raisons de redécouvrir ce livre, qui méritait une réédition.

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22 juin 2015 1 22 /06 /juin /2015 04:55

Pineta est une station touristique à dix kilomètres de Pise. Massimo Viviani, trente-sept ans, ex-mathématicien, a ouvert quelques années plus tôt son propre bistrot, le BarLume, dans cette petite ville qui est le berceau de sa famille. D'ailleurs, son grand-père Ampelio et un quarteron d'amis ayant largement dépassé la septantaine sont les plus fidèles clients du bar de Massimo. Parfois envahissants, les vieillards ! Tiziana Guazzelli est serveuse à temps partiel au BarLume. Ce qui laisse une certaine liberté à Massimo, quand le besoin s'en fait sentir. Pineta accueille ponctuellement des congrès, tel celui qui réunit en ce mois de mai des scientifiques du monde entier. "International Workshop of Macromolecular and Biomacromolecular Chemistry" : avec un pareil intitulé, ce doit être du sérieux.

À l'hôtel Santa Bona, Massimo et Aldo, vieil acolyte de son grand-père, assurent le service traiteur pendant les pauses du congrès. Un des Japonais présents, Koichi Kawaguchi, ne se passionne guère pour les conférences, car il est plutôt expert en informatique. Quant au lunatique professeur hollandais Antonius C.J.Snijders, il préfère chevaucher un vélo et trouver des attractions touristiques peu onéreuses. On déplore le décès accidentel du professeur japonais Asahara, soixante-quatorze ans, qui a fait une mauvaise chute dans sa chambre d'hôtel. Connu pour être un imbécile antipathique, le commissaire Vinicio Fusco est chargé d'enquêter. Convoqué par le policier, Massimo comprend qu'il ne s'agit pas du tout d'une mort naturelle : on a versé une dose de médicament contre-indiqué dans la boisson du vieux scientifique. Ça ressemble donc bien à un meurtre.

Même si l'information est censée ne pas être trop tôt divulguée, le grand-père Ampelio et ses amis en débattent au bar de Massimo. Client de passage, le professeur Snijders révèle avoir été témoin d'une scène avec la victime : l'éminent Asahara projetait de donner un avis négatif quant aux crédits accordés à son compatriote scientifique Watanabe. Voilà qui entraînerait la fin des recherches de l'intéressé et de son équipe. Un bon motif de vouloir éliminer Asahara. Ça mérite d'être indiqué au commissaire Fusco. Le service traiteur étant annulé, vu que le congrès est en deuil, Massimo accepte de jouer au traducteur pour aider le policier Fusco. Durant les interrogatoires des participants, il va traduire de l'anglais à l'italien, tandis que Koichi Kawaguchi traduira les réponses des Japonais.

Watanabe affecte de mépriser la suspicion criminelle le concernant. Selon un de ses confrères nippons, l'ordinateur trouvé dans la chambre du professeur Ashara n'est pas celui qu'il utilisait couramment. Massimo contacte un ami informaticien de l'université de Pise afin qu'il explore l'appareil. En effet, le contenu de cet ordinateur ne présente pas grand intérêt. Impossible même de s'en servir pour une présentation lors d'un congrès. Alors que Tiziana a redécoré le bar en son absence, Massimo s'énerve à peine, se concentrant sur cette énigmatique affaire. Si le farfelu Snijders ne peut pas l'aider, Koichi Kawaguchi est un spécialiste de l'informatique et de ses astuces…

Marco Malvadi : Un tour de passe-passe (10-18 + Christian Bourgois Éditeur, 2015) - Inédit -

On retrouve avec un grand plaisir les protagonistes de “La briscola à cinq”, premier titre de cette série inédite. On s'imagine volontiers dans ce paysage toscan, à l'ombre de l'orme sur la terrasse du bistrot de Massimo, écoutant les palabres d'Ampelio et des ancêtres qui y jouent quotidiennement aux cartes. Après la “briscola”, il sera d'ailleurs question d'un autre jeu, le bonneteau, dont le vieil Aldo reste un habile expert. Ambiance pittoresque, bien sûr, mais la technologie de pointe s'invite dans cet épisode. D'abord, Internet arrive (avec difficulté) sous forme de Wifi au BarLume. Ensuite, ce sont des pointures du monde scientifique qui sont réunies en congrès, ce printemps-là à Pineta. La modernité (aussi incarnée par Tiziana) côtoie donc la tradition dans cette histoire.

L'humour est omniprésent dans ce roman. En témoigne le portrait du policier : “Massimo éprouvait pour le commissaire Vinicio Fusco de l'irritation et de la compassion. Triste et agaçant était à ses yeux le mélange d'arrogance, de prétention, de bêtise et d'entêtement qui, compressé avec un goût douteux en bloc d'environ un mètre cinquante-cinq, lui donnait naissance. Et comme c'est toujours le cas avec les individus antipathiques, une caractéristique aussi insignifiante que la taille se changeait chez lui en défaut impardonnable, ainsi qu'en occasion de moquerie.” La circulation urbaine à Pise n'échappe pas à l'ironie, non plus, l'aménagement routier semblant hasardeux : “En roulant dans ce bordel amoncelé, Massimo avait parfois l'impression que la mairie s'était ingéniée à créer un minigolf...” Cette comédie policière inédite est un délicieux bonheur de lecture.

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20 juin 2015 6 20 /06 /juin /2015 04:55
Alfredo Noriega : Mourir, la belle affaire ! (J'ai Lu, 2015)

Les rééditions en format poche offrent l'opportunité de découvrir des titres que l'on a pu négliger à leur parution initiale. C'est probablement le cas de “Mourir, la belle affaire”. Inhabituelle et déstabilisante histoire dans un décor fort peu familier, un inclassable, “hors normes” à tous égards. Polar noir ou roman sociétal, difficile de se prononcer car l'intrigue ne se dévoile qu'à travers un chassé-croisé nocturne et brumeux. C'est ce qui donne sa tonalité particulière, et rapidement fascinante, à cette intrigue…

 

Quito, capitale de l'Équateur, altitude 2850 mètres, une agglomération de deux millions et demi d'habitants. À l'ombre du volcan Guagua Pichincha, la vieille cité coloniale côtoie la ville moderne, issue d'un essor urbain labyrinthique et anarchique. L'Équateur, un pays latin conjuguant foi et violence. “Les lascars avaient déjà pris la fuite, la police arrivait, ainsi qu'une ambulance. La rue où habitait Heriberto Gonzaga S'était remplie du spectacle qu'engendre la violence dans une ville née pour prier.” Ici, règles et lois sont des notions approximatives, puisque la mort fait pleinement partie du quotidien… Un accident de la route cause les décès de Julio et Marianna. Leur amie Maria de Carmen Sosa s'en sort, non sans séquelles psychologiques. Le conducteur du 4x4 qui a heurté leur voiture pourrie s'est enfuit sans attendre. Pendant deux ans, nul ne cherche à l'identifier.

Quand survient le suicide de Maria de Carmen, le policier Heriberto Gonzaga vérifie que l'enquête fut bâclée. Il se sent impuissant. Pourtant, en secouant un épicier qui fut témoin de l'accident, Heriberto trouve une piste. Le chauffard serait l'architecte Ortiz, sans doute impliqué dans des affaires de blanchiment. Le policier l'abat sans hésiter et lui vole son nouveau 4x4. Le défunt Ortiz a une fille de dix-huit ans, Paulina. Pas insensible, Heriberto la prend en filature tandis qu'elle visite des églises. À l'inverse de son oncle et de sa mère, Paulina n'éprouve aucun esprit de vengeance.

Le légiste Arturo Fernadez est braqué par trois sbires à la solde des Ortiz, qui cherchent Heriberto Gonzaga. S'ils épargnent la grand-mère du policier, ils tuent le chauffeur du taxi transportant dans la nuit Paulina et Heriberto. Ainsi s'acheva la vie singulière de Devoto Santos, qui se paya son taxi de curieuse façon. Le père du brigadier Segundo Cifuentes étant autopsié après un arrêt cardiaque en voiture, c'est ainsi qu'il fait connaissance du légiste Arturo. Consultant le rapport médical sur l'accident causé par Ortiz, il espère relancer l'affaire. Tandis que Heriberto navigue toujours dans la métropole quiténienne, avec ou sans Paulina, le légiste rencontre la grand-mère du policier. Cifuentes et lui poursuivent une enquête qui a peu de chances d'aboutir…

 

“Voilà comment est la nuit, sans trêve ni compassion, uniquement soumise au destin. Heriberto la regarde, le visage envahi par l'absurde ; tous deux sont épuisés, crasseux et morts de faim. Depuis un bon bout de temps, ils n'arrivent pas à comprendre, ne serait-ce que cela, pourquoi ils sont ensemble.” Paulina et le policier, couple hautement improbable, en effet. Dès que l'on adopte un certain fatalisme des habitants de Quito, on se sent à leurs côtés dans ces tribulations équatoriennes. Ce qui apparaît déroutant, peut-être, c'est qu'aucun d'eux ne cherche vraiment d'explication, ni de vérité. Comme si la torpeur valait mieux que la réalité. On vous répond facilement “Et...?” dans le sens de “Qu'est-ce que ça peut me faire ?” Ambiance éloignée de nos critères occidentaux : il faut prendre le temps d'y adhérer. L'auteur s'attarde sur des personnages au parcours gratiné. Tels le chauffeur de taxi Devoto Santos, ou l'attachante aïeule du policier Gonzaga. Parce que c'est un roman insolite, il mérite un large public.

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19 juin 2015 5 19 /06 /juin /2015 04:55

À Édimbourg, de nos jours. Tony McLean vient d'accéder au grade d'inspecteur de police. Il ne dispose que d'une petite équipe composée de Robert Laird, dit Bob La Grogne, et de Stuart MacBride, un nouveau venu. Sa supérieure McIntyre ne lui accorde pas autant de moyens qu'à Charles Duguid, enquêteur confirmé au surnom peu flatteur. Pour McLean, un cambriolage qui peut s'inscrire dans une série de vols : à chaque fois, on annihile l'alarme pourtant sophistiquée, au domicile de récents défunts pour y dérober des bijoux. Charles Duguid est chargé d'une affaire plus sensible : l'ancien banquier Barnaby Smythe a été assassiné chez lui, éviscéré dans une mise en scène d'horreur. Bien que retraité, il restait encore puissant dans cette région d'Écosse. McLean est vaguement associé à l'enquête.

Dans le quartier de Sighthill, le corps momifié d'une jeune fille vient d'être découvert sur un chantier, dans la cave d'une demeure en rénovation. Une pièce secrète, où la victime fut crucifiée, violentée, étripée, selon un étrange rituel morbide. Si le parquet présente un dessin curieux, c'est dans des niches masquées que McLean trouve les principaux indices : des bocaux contenant des restes humains. Avec ses adjoints, il devra remonter le temps, car la robe de la victime indique qu'elle est morte vers le milieu des années 1940. Ce que confirme Jenny Spiers, qui dirige une boutique de vêtements vintage, et qui pourrait bien devenir une amie de McLean. Selon les déductions du policier, ce crime fut commis par six personnes. Sa supérieure McIntyre estime que ce n'est pas un cas prioritaire.

La demeure a longtemps appartenu au banquier Farquhar et à son fils Albert. Il serait bon de retrouver des infos sur le maçon qui façonna la cave secrète, ce que le jeune agent Stuart MacBride tente d'établir. Bienveillants avec McLean, le légiste Angus Cadwallader et son assistante Tracy lui offrent autant qu'ils peuvent un maximum d'éléments. L'affaire Barnaby Smythe trouve abruptement son dénouement, par le suicide de Jonathan Okolo, un Nigérian immigré clandestin. Duguid et McIntyre sont satisfaits. La mort d'un autre homme âgé, Buchan Stewart, oncle homosexuel de l'inspecteur Duguid, ressemble fort à celle de Barnaby Smythe. Là encore, un crime vite résolu, car le voisin et vieil amant de la victime se suicide en laissant des aveux. McLean n'est pas convaincu dans les deux cas.

Orphelin dès sa prime enfance, Tony McLean fut élevé par sa grand-mère Esther, femme appartenant à la haute société d'Édimbourg. Ayant végété dans le coma durant dix-huit mois, Esther vient de mourir. McLean laisse le notaire Jonas Carstairs s'occuper de tout, obsèques et succession. Le policier est assez surpris d'apprendre qu'il hérite d'une fortune, venant de son aïeule. Sans doute Carstairs voudrait-il lui fournir quelques détails, mais il n'en aura pas le temps. C'est chez sa grand-mère que McLean parvient à interpeller le cambrioleur en série. Dans l'appartement de ce Fergus McReadie, on retrouve son butin. Dont un bijou datant de 1932, ayant un lien avec la victime de la demeure des Farquhar. D'autres décès suspects se produisent, en apparence des suicides. Face à la mort qui rôde depuis plus de soixante ans, Tony McLean sera-t-il le plus fort ?…

James Oswald : De mort naturelle (Éd.Bragelonne, 2015)

C'est avec une très belle découverte que débute la nouvelle collection Bragelonne Thrillers. Ce suspense de James Oswald n'est pas à classer strictement parmi les romans d'enquête. Certes, le héros en est un policier dont nous allons suivre les investigations. On comprend bientôt que c'est tout l'univers de McLean qui importe ici, pas seulement son métier. Ses relations avec les autres sont nuancées, confiance ou sympathie vis-à-vis de certains, plus en retrait quand ça s'impose. Sans doute, une sensibilité qui lui vient des épreuves qu'il a connues par le passé. Il est confronté à des meurtres sanguinolents, actuels ou anciens, qu'on peut qualifier de démoniaques. Ce qui, par des sensations floues ou glauques, a de quoi perturber quelque peu l'esprit, quand on est pas parfaitement "zen".

McLean est un personnage que l'on trouve très vite attachant. Quant à l'histoire, elle est de celles où il convient de s'installer, sans chercher trop rapidement les clés de l'intrigue. Toutes les pièces du puzzle dessineront le même tableau, on l'imagine. Retenons autant les protagonistes secondaires car, grâce à une construction habile, nul ne joue ici de rôle inutile. Pour les lecteurs comme pour l'enquêteur, il ne s'agit pas seulement de "suivre des pistes", d'envisager des coupables, mais de s'immerger dans cette ambiance où plane le mystère. Tout sera-t-il totalement rationnel, dans cette Écosse empreinte d'énigmatiques mythes ? Nous verrons bien. James Oswald nous propose un roman diablement excitant, franchement convaincant.

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 04:55

Léo Tanguy est mort ! À travers son site Internet où ses articles soulignaient quelques-uns des dysfonctionnements de notre société, le cyber-reporter indépendant ne s'était pas fait que des amis. Léo Tanguy est allé trop loin, cette fois : on l'a assommé, avant d'incendier la grange où il gisait. À l'origine, ce sont des épandages par des drones qui ont amené Léo à enquêter. Déverser des larves de pyrales sur des champs cultivés, c'est contaminer et détruire les récoltes à venir. Car il n'y a guère de parade contre ces papillons maléfiques, surtout quand ils attaquent par milliers maïs et céréales. Utiliser des OGM ? Il reste des agriculteurs honnêtes qui s'y refusent. Ceux du Mouvement Pour la Terre, en particulier. Le recours au chimique, à tout ce qui engraisse l'industrie phytosanitaire, ça suffit !

Un autre produit se développe depuis quelques temps, le VertuMax. Version plus écolo des traitements habituels ? Ça reste à prouver. C'est le genre de produit invasif qui, une fois sa mission première remplie, s'étend et devient aussi dangereux que les autres, sinon davantage. Énormes enjeux financiers autour du VertuMax, on l'imagine bien. Il n'est donc pas surprenant qu'on ait voulu éliminer un fouineur tel que Léo Tanguy, officiellement décédé. Sauf que le reporter assiste, savamment grimé par ses proches qui sont les seuls informés, à son propre enterrement au cimetière de Plouguer. Non, Léo Tanguy n'est pas vraiment mort, mais la prudence s'impose. Même défendre l'écologie concrète, comme le fait Nine, la maire de cette commune, c'est risquer des représailles.

D'autant que le P2R, Parti pour un Renouveau Républicain, est très présent dans la région, avec un discours populiste. Le Flohic, son chef régional, semble entretenir des ambitions politiques nationales, d'ailleurs. Grâce à son ami nain Potiron, Léo Tanguy remonte la piste de son agresseur jusqu'à ses commanditaires. Bernard, l'exécutant, fut engagé par Quentin Froger, enseignant ultra-catho, qui servait d'intermédiaire pour Hamelin, un des principaux adjoints de Le Flohic. Le P2R s'oppose publiquement au MPT, d'accord, mais en venir à un acte criminel, ça sent la grosse-grosse embrouille. Rester dans l'ombre, faire confiance à la force de frappe du nain Potiron, ça ne satisfait pas tant Léo Tanguy. Alors, dans son vieux Combi, tous deux vont se joindre à la Marche avançant vers Paris.

Au départ, il y avait juste deux frères paysans. Puis des centaines de personnes ont aussi voulu porter à Paris leurs revendications. Peut-être sont-ils maintenant des milliers, qui arriveront le 14 juillet sur les Champs-Élysées. Des sympathisants du MPT, des citoyens ordinaires, plus des infiltrés du P2R, très certainement. Crâne d'Œuf et La Natte, eux, ce sont d'authentiques adeptes de la bazarchie, version améliorée de l'anarchie. Ils sont les auteurs d'un chant de marche anar du plus bel effet. Il y a encore Ben-Hur, militant de toutes les causes marginales. Et la belle Camélia, qui fait concurrence à Suzie, l'amante de Léo. Et tant d'autres… Pendant ce temps, le père de Léo alimente son site Internet avec quelques révélations. Le 14 juillet à Paris s'annonce spectaculaire, cette année…

Hervé Sard : Larguez les anars ! (Éd.La Gidouille, 2015)

Comme on le sait, Léo Tanguy est le cousin breton de Gabriel Lecouvreur, héros de la série Le Poulpe. Selon le même principe, un nouvel auteur reprend le personnage à chacun des épisodes, lui accordant des aventures bien sûr pimentées. Tel son parent poulpesque, Léo Tanguy s'intéresse avant tout aux "gros", aux puissants, à ceux qui dérèglent notre monde au profit des trusts, de la finance, de l'industrie internationale. Car ils bénéficient toujours d'appuis locaux, du soutien de décideurs politiques ou économiques. Si les "mouvements citoyens" semblent encore peu gangrenés, certains en tirent néanmoins parti. Derrière le prétexte de l'anti-écotaxe, il y avait bien des structures manipulatrices, par exemple. Léo Tanguy, avec sa sincérité, n'échappe pas à une part de naïveté à ce sujet.

Il s'agit d'une comédie policière, c'est vrai. Qui n'est pas dépourvue d'humour grinçant. Le nain qui accompagne ici Léo assume sa particularité physique, car rien n'interdit d'évoquer le nanisme sans complexe. La Marche permet à l'auteur de nous dessiner de succulents portraits, évidemment. L'arrivisme politicard autant que le poids de multinationales ne sont pas ménagés, avec une belle ironie, non plus. Un regard sur notre époque, manière de nous alerter sur les "abus de pouvoir" dont nous sommes ainsi victimes. Avec tous ces drones et ces caméras qui nous surveillent, interrogeons-nous. L'excellent Hervé Sard a su capter tout ce qui fait la saveur de l'univers de Léo Tanguy, dans ce très bon polar.

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