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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 04:55

Âgé de quarante-sept ans, Jim Thane vivait en Californie avec sa femme Libby, plus jeune que lui. S'il fut un brillant cadre dirigeant dans des sociétés de haut-niveau, il a traversé une période glauque. La drogue, les jeux d'argent et les putes l'ont fait sombrer. Libby ne l'a pas laissé tomber, bien que leur enfant soit décédé accidentellement. Depuis deux ans, Jim pratique l'abstinence sous le contrôle d'un ex-policier. Grâce à son ami Tad Billups, qui représente un groupe d'investisseurs, Jim a enfin une nouvelle chance. Tad lui confie un poste de directeur intérimaire, sur la côte ouest de la Floride. Il s'agit de redresser, dans les plus brefs délais, une société développant un nouveau logiciel informatique. Un défi qui paraît presque perdu d'avance, trop de millions ayant été dilapidés pour peu de résultats.

En ce mois d'août, Libby a préparé leur installation en Floride. Pour sa désintoxication, Jim est contraint de s'adresser à un psy local. Au sein de l'entreprise, rares sont les employés fiables, hormis la comptable Joan, la réceptionniste Amanda et le programmeur Darryl. Le logiciel n'est que très approximatif : son potentiel n'est pas nul, mais sa rentabilité est loin d'être flagrante. Jim pense que la "reconnaissance faciale" via l'informatique, ça pourrait intéresser des banques. Dans un premier temps, le ratage de la démonstration compromet cette opportunité. Un policier du FBI, de Tampa, continue à enquêter sur la disparition soudaine de Charles Adams, ancien directeur de la société. Jim ne lui avoue pas qu'il vient d'en découvrir la raison probable : un énorme détournement d'argent.

En effet, plus de trois millions de dollars ont été versés à un fournisseur fantôme. Il fallait pour ça l'aval du directeur. Jim utilise une ruse afin de dénicher l'adresse supposée dudit fournisseur, à Sanibel Island. Dans le grenier de cette maison vide, des millions en billets de banque, pactole qu'un gang vient récupérer sous les yeux de Jim. Son épouse Libby estime qu'il doit s'en tenir à ce qu'a demandé Tad Billups, protéger les intérêts de celui-ci, et gérer la fin de la société s'il ne peut faire mieux. Même s'il faut licencier, à commencer par le prétentieux directeur des ventes, des contrats sont miraculeusement signés pour le logiciel. Y compris avec la banque où la démonstration fut loupée. Jim finit par profiter de l'embellie sans se poser de questions, même si ces ventes lui semblent artificielles.

Jim s'est rapproché d'Amanda, la réceptionniste. D'origine russe, la jeune femme lui confie son parcours, aussi chaotique mais plus violent que celui de Jim. L'agent du FBI est sur la piste de l'insaisissable mafieux russe Ghol Gedrosian, qui paraît désormais poursuivre ses activités délictueuses en Floride. Jim affirme ne rien savoir au sujet de cet homme, ce qui est inexact. Car il connaît, du moins partiellement, "l'influence" du Russe. Des révélations inattendues vont bientôt changer la situation pour Jim. Fermer les yeux devient impossible pour lui. Dans un premier temps, il trouve refuge à Fort Myers Beach, chez Amanda. Mais le danger est omniprésent, et Jim ne peut convaincre sans preuve l'agent du FBI…

Matthew Klein : Sans retour (Série Noire, 2016)

Ce roman se décompose en deux parties. La première décrit le redressement économique d'une entreprise, selon la méthode américaine devenue universelle : pas de sentiment ! Jim Thane étant un ex-junkie et alcoolo, accro au jeu et aux prostituées, l'objectif devient hasardeux. Heureusement qu'il est soutenu moralement par son épouse. On a un aperçu du rôle des investisseurs à capital-risque, et du fonctionnement de certaines "start-up" qui ne sont que des gouffres financiers. Activités illusoires, mais l'essentiel pour les employés est d'afficher un beau statut social et de bénéficier des budgets, tant que l'argent coule à flots. Les sommes dépensées en "recherche et développement" sont-elles toujours justifiées ? Ça n'existe pas qu'aux États-Unis, ces sociétés quasiment factices.

Dans la seconde partie, l'histoire vire au polar schizophrénique. En dire davantage serait trop en dévoiler. Néanmoins, un certain nombre d'éléments apparus précédemment dans le récit offrent un lien avec cette progression de l'intrigue. Si le héros glisse vers la perte de contrôle, postulat bien connu du roman noir, le dénouement restera plus obscur que la moyenne. Ce qui importe peu, puisque tout est dans "l'aventure" à laquelle il vient d'être confronté. Au réalisme sociétal non dénué d'ironie, succède donc un roman d'action : un suspense à double facette riche en péripéties, que l'auteur maîtrise et rend captivant.

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 04:55

C'est une ville grise avec des artères rectilignes, un pont en plein milieu, des bâtiments de guerre dans l'arsenal militaire, le tout plombé à l'année par une pluie monotone. Une "Cité du Ponant" attrape-tempête : “Tout ce que l'Atlantique accumulait de dépressions et de contrariétés venait vomir ici, comme si c'était là que l'océan avait choisi de se venger des hommes.” Raymond est un ex-serrurier, placé dans la cohorte des sans-emplois pour donner bonne conscience à ceux qui ont un travail. Ce solitaire occupe son temps entre les vieux films au cinéma Les Amandiers, et quelques bistrots de cette ville qui en compte des quantités. C'est ainsi qu'il rencontre le Colonel, un vieil orateur de bars, une figure locale.

Si ce bonhomme fripé n'a jamais appartenu à l'Armée, la discipline est un leitmotiv pour lui. Le Colonel n'est pas un philosophe de comptoir ordinaire. Il réserve sa verve à des récits fantasmatiques orientaux : quand il évoque l'Inde, le voilà lyrique. Il s'emballe dès qu'il parle de Shéhérazade. N'écrit-il pas un livre, futur sommet de la littérature, où il sera question de jungle et de garnison, du Bengale et de ses tigres féroces, peut-être même de fakirs ? À la Bibliothèque, il est le seul à consulter un ouvrage de référence, traitant des aventures véritables de valeureux explorateurs d'antan. Le Colonel possède un kriss authentique, ce poignard particulier qui en fait une arme admirable de perfection.

La petite bande autour du Colonel s'est étoffée. Outre Raymond, il y a René. Ce n'est pas qu'un athlète de bistrots, qu'un champion de la bière. C'est en vue des Jeux olympiques qu'il s'entraîne, bien que personne ne l'ait vu en plein effort. “Un grand sportif se muscle dans l'ombre” affirme-t-il. Le quatrième larron du groupe, on l'appelle Gabegie. Il s'agit d'un aveugle à l'aspect lunaire, d'un adepte du tir à l'arc. Ses talents d'archer visant vers le vide ne sont pas sans inquiéter : il se fait parfois alpaguer par les flics. Mais “chaque fois qu'il décochait au-dessus du grand rien, il était déjà en plein sur le podium. C'était une victoire sur tous les connards qui lui avaient fait des misères quand il était petit, et une manière de saluer la mémoire de son père.” Ils forment un sacré quatuor !

Au-delà de l'exotisme de ses récits, ceux que le Colonel porte au pinacle, ce sont les guerriers mouktars : ils représentent le summum du courage, de l'intelligence, de la force. “Le guerrier mouktar, c'est le combat fait homme. C'est la fin des dieux… L'homme qui prend en main son destin, qui le fait ployer, qui le tord en sons sens, il a plus besoin de bon Dieu pour exister. Y a plus rien de tracé : C'est lui qui commande, quoi. Le mouktar ignore la fatalité ! Il prend tout à bras-le-corps et si on l'en empêche, il s'infiltre, il fait le mur, il escalade, se faufile, bondit entre les pièges.” S'ils décidaient un jour de fuir cette ville maudite, c'est des guerriers mouktars qu'ils devraient s'inspirer. Cambrioler un nabab prétentieux deviendrait alors un jeu d'enfant pour le Colonel et ses braves…

Arnaud Le Gouëfflec : Le guerrier mouktar (Éd.Sixto, 2016)

Un extrait s'impose, pour partager l'état d'esprit du Colonel : “L'imagination, c'est un sortilège. Quand tu la sors de sa boîte, elle te fait valser. Si tu la maintiens sous presse, elle donne des coups dans le couvercle. Faut qu'elle vive, quoi ! C'est une bête vivante…

L'imagination est un muscle. Si tu la travailles pas, si tu la développes pas, elle s'atrophie, elle se rabougrit. Elle tombe comme une poche flasque. Quand on a la santé, elle est bien pleine, elle tient autour de l'os. Les gens qu'ont pas d'imagination, je les repère à cent mètres. Ils dégagent un parfum de faiblesse. Ils sont moites à l'intérieur et leurs pensées, elles suintent dans leur cervelle exactement comme la main d'un type pas franc qui glisse dans la tienne. J'ai jamais pu supporter ce genre de mollesse. Les gens qu'ont pas d'imagination, c'est les plus cons. La connerie, c'est précisément ça, mes agneaux, le manque d'imagination. Définition ! Le con, il n'y a que lui. Il ne voit pas au-delà. L'abruti sans imagination, il n'en a même pas assez pour se mettre à la place des autres. Celui qui sait pas s'y mettre, dans la peau d'autrui, il est cuit. Enfermé dans son petit caisson. Pas de compassion. Pas d'intelligence, pas de finesse, donc pas d'imagination.”

 

Il est déconseillé aux grincheux, aux négatifs, aux râleurs, de lire les romans et autres productions d'Arnaud Le Gouëfflec. On ne voudrait pas que ces lecteurs soient contaminés par le talent passionné de cet auteur. Il nous présente des personnages dont la marginalité pourrait déplaire à ces tristes conformistes, qui n'y verraient qu'une histoire de "piliers de bistrots". Alors qu'on est là dans la lignée d'Antoine Blondin, avec “Un singe en hiver”. Des héros qui regardent la vie "autrement", entre poésie et lucidité, au gré de leur fantaisie ou de leurs rêves, que l'on envie quelque peu. Le dénouement risque d'assombrir le destin de ces guerriers mouktars, certes. Combattre le quotidien sans surprise n'est-il pas la mission de ces “clochards célestes” dignes de Jack Kerouac ?

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 04:55

Le commandant de police Jean-Louis Perrot, père de famille divorcé, avec son collègue et ami célibataire le capitaine Hubert Lefèvre, sont en poste à la PJ de Bordeaux. Leur supérieur, le commissaire Law, est un Anglais qui ne maîtrise pas toutes les subtilités de la langue française. Ils sont chargés d'enquêter sur la mort suspecte de Tania Borel, âgée de trente-trois ans, habitant avec sa famille dans un lotissement de la région bordelaise. Ce sont les deux fillettes de la victime qui ont découvert le corps. Chauffeur-routier, le mari Jérémy Borel était absent, et semble posséder un bon alibi. Le père et ses filles ont trouvé provisoirement refuge chez Karine Plassard, leur voisine.

Mortellement frappée avec un tisonnier, où l'on a effacé les empreintes, Tania Borel n'a pas subi de violences sexuelles. Les deux policiers interrogent les proches, les voisins et les employeurs du couple. Ils apprennent que Tania avait perdu son emploi depuis plusieurs mois, sur des soupçons injustifiés. La jeune femme n'en avait pas parlé à son mari. Sans doute craignait-elle la réaction de Jérémy. Les témoignages des ex-collègues féminines de Tania sont contrastés, mi-positifs, mi-négatifs. Dans l'ensemble, le portrait de la victime apparaît plutôt lisse. Un peu trop, probablement. Perrot sait qu'il ne faut pas se baser uniquement sur ce qu'en disent les témoins, fielleux ou amicaux.

Damien est divorcé de son ex-femme Karen. Ils ont eu une fille ensemble, Capucine. Il vit désormais avec Annabelle, formant un couple harmonieux. Sauf qu'Annabelle n'arrive pas à être enceinte. Des analyses médicales faites sans en avertir Damien indiquent que c'est lui qui est infertile. Ce qui pose question quant à la paternité, dans le cas de Capucine. Femme directive, Karen paraît dénuée de sensibilité, assez égoïste même si elle adore sa fille. Malgré la stérilité de Damien, quelques mois plus tard, Annabelle est enceinte. Ce qui provoque un certain agacement chez Karen. C'est impossible, elle est bien placée pour le savoir. Peut-être Karen risque-t-elle de représenter une manque pour Annabelle.

Bruno et Stéphane sont eux aussi en couple. Le désir d'avoir un enfant les perturbent de plus en plus. “Ils ne sont pas moins valables que d'autres. Ils sont même sans doute par bien des aspects des gens meilleurs que beaucoup. Et Bruno sent qu'ils feront des pères formidables...” Mais légalement, bien que leurs métiers soient une garantie de stabilité, c'est encore difficile. Voire interdit, s'ils avaient le projet de faire appel à une inconnue. À cause de leurs activités très prenantes, ils apprennent tardivement la mort de Tania. De leur côté, le binôme de policiers progresse lentement, collectant quelques pistes. Ce qui n'empêchera pas un autre meurtre, commis par le même assassin…

Anne-Solen Kerbrat : Là où tout a commencé (Éd.du Palémon, 2016)

Il est bon de différencier la forme et le fond, dans ce roman. L'auteure nous présente une enquête policière balisée, dans les règles de l'art. Elle ne se prive pas d'ajouter quelques détails privés sur ses deux flics, ce qui leur donne une vraie consistance, une crédibilité. C'est aussi l'occasion de provoquer des moments souriants, aux dépens de leur supérieur, ou sur la voracité d'un des policiers. Indices et hypothèses sont suggérés sans lourdeur, au fil de leurs investigations.

C'est évidemment le contexte, on ne peut plus actuel, qui rend très intéressant ce roman. Depuis toujours, c'est naturel, la plupart des couples souhaitent avoir un ou des enfants. Mais la société a évolué, de nouvelles possibilités existent. Une seconde union après un divorce, ou des couples homosexuels : on n'est plus dans la situation familiale traditionnelle. Tout ça n'induit aucune perversité, mais peut compliquer la vie des conjoints. Voilà ce qui pimente l'intrigue concoctée par l'auteure, dans ce bon suspense.

Anne-Solen Kerbrat : Là où tout a commencé (Éd.du Palémon, 2016)

Les huit romans policiers d'Anne-Solen Kerbrat sont disponibles aux Éditions du Palémon : Dernier tour de manège à Cergy, Mi Amor à Rochefort, Jour maudit à l'Île-Tudy, Bordeaux voit rouge, Saint-Quay s'inquiète, Cure fatale à Nantes (rééditions), Par-delà les grilles, Là où tout a commencé (inédits). Coup d'œil sur les deux premiers titres de cette série, qui met en scène les enquêteurs Perrot et Lefèvre.

"Dernier tour de manège à Cergy" – Prix du Goéland Masqué Penmarc'h 2006

Jean-Louis Perrot enquête, suite à la découverte du cadavre d’une jeune fille dénudée sur le manège de la base de loisirs de Cergy-Neuville. Juliette, seize ans, était la fille de Paul Bordenave et Céline Goodwill, divorcés. Le père, absent la veille, et sa compagne sont bouleversés. La mère ne masque pas sa propre fragilité. Juliette devait passer la nuit chez son amie de lycée, Adèle. Celle-ci ne peut expliquer ce qui s’est produit. Perrot s'interroge sur deux proches de Juliette : sa tante Marianne, antiquaire, et son oncle Louis, peintre. Leur sensibilité s’accorde mal avec le clan des Aciéries Bordenave, aujourd’hui dirigées par leur frère Paul. L’ancien petit ami de Juliette n’est pas concerné. Elle était enceinte de son nouvel amant, non identifié. Le policier est sensible au charme de Céline, laquelle reste marquée par le décès brutal de son père adoré. Un témoin fournit une piste sérieuse : il a vu le père d'Adèle et sa maîtresse sur la base de loisirs cette nuit-là. Celui-ci a déjà eu des ennuis avec la justice...

"Mi Amor à Rochefort"

Perrot et Lefèvre enquêtent à Rochefort, en Charente-Maritime. On y découvre successivement trois cadavres dénudés et mutilés. La première victime, Nathalie Bonneau, était une assistante sociale ayant de sérieux problèmes de couple. Néanmoins, son mari semble effondré. Le second mort est Eric Soubise, directeur d’un service social. Sa séduisante veuve, ne paraît guère le regretter. Le troisième se nommait Jacquard, prof de Langues Orientales. Il paraissait apprécier les belles asiatiques, parfois mineures. En ce froid mois de février, les deux policiers interrogent témoins et proches des victimes. Des analyses ADN sont demandées. Le nommé Bobo se promène souvent non loin des lieux de ces crimes, piste incertaine. Sur chaque cadavre, on trouva une sorte de signature : N.A.T. Dans les archives des victimes, des lettres anonymes, dont on ne tarde pas à connaître l’auteur. Ce Stéphane Plie fut condamné à dix ans de prison. L’avis des deux intervenants sociaux pesa contre lui. Il affirme toujours que ce fut un accident. Les deux policiers harcèlent Stéphane Plie, qui nie ces trois meurtres...

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 04:55

Londonienne pur jus, Agatha Raisin n'avait que de cinquante-trois ans, quand elle vendit son entreprise de communication et s'installa à la campagne, dans les Cotswolds. Elle a eu un peu de mal à s'intégrer dans ce village de Carsely, où elle avait acheté un cottage. Mais en résolvant une affaire criminelle plus vite que son seul ami, le jeune agent de police Bill Wong, elle a gagné la sympathie. Fréquenter l'épouse du pasteur et les dames de son association caritative, c'est bien. Mais Agatha Raisin cherche surtout à séduire son voisin quinquagénaire, le colonel en retraite James Lacey. Sans être indifférent, celui-ci pourrait lui préférer Freda Huntingdon, nouvelle venue à Carsely, bien plus jeune qu'Agatha.

Agatha pense se relancer professionnellement à Londres, en s'associant avec son ancien collègue Jack Pomfret. Son épouse et lui ont vécu entre-temps en Espagne, mais le bar qu'ils y avait créé s'avéra une expérience décevante. Agatha s'aperçoit que Jack Pomfret n'est pas des plus fiables, et s'en retourne au village. Elle possède maintenant deux chats, Hodge et Boswell. Un bon prétexte pour tenter de charmer le beau vétérinaire exerçant ici depuis peu, Paul Bladen. Il serait divorcé, encore qu'Agatha n'en soit pas trop sûre. Après un premier rendez-vous raté, Bladen l'invite à dîner dans un restaurant grec médiocre. Il a sans doute besoin de financement pour mener à bien son projet de clinique vétérinaire.

Alors qu'il soigne un cheval dans les écuries de Lord Pendlebury, Paul Bladen est victime d'une seringue destinée à l'animal. Selon les premières constatations du policier Bill Wong, malgré une bosse sur le crâne du vétérinaire, il doit s'agir d'un accident. Agatha convainc son voisin James Lacey, qui s'ennuie quelque peu, d'interroger ensemble Lord Pendlebury. Celui-ci est un vieux gâteux pas aimable, estime Agatha. Néanmoins, les faits confirment la thèse accidentelle. Assistant aux obsèques du vétérinaire, Agatha note la présence de beaucoup de femmes du village. Pour elle, nul doute qu'il ait été un "coureur de jupons". Avec James Lacey, elle poursuit son enquête à Mircester, la petite ville des environs.

Agatha commence par saccager les toilettes d'un pub, avant de rencontrer des témoins. Ni l'associé du vétérinaire, ni l'ex-épouse de Paul Bladen, n'apparaissent troublés par le décès de celui-ci. Ça ne semble pas être une question d'héritage, le défunt n'ayant guère d'argent. James Lacey n'est pas loin d'admettre que leur enquête parallèle est inutile. Toutefois, le décès de la bibliothécaire Mrs Josephs va relancer les soupçons. Certes, elle était diabétique, mais Bill Wong remarque des indices suspects. Le corps a été traîné dans la maison, et bientôt l'autopsie va révéler une sorte d'empoisonnement. Le témoignage de Cheryl Mabbs, ex-employée de Paul Bladen, indique qu'il fricotait avec Freda Huntingdon, et qu'il courtisait d'autres clientes…

M.C.Beaton : Agatha Raisin – Remède de cheval (Albin Michel, 2016)

Après “La quiche fatale”, voici la deuxième aventure de Mrs Agatha Raisin, une série de romans à succès en Grande-Bretagne. On est ici dans la meilleure tradition des comédies policières à l'Anglaise, héritée d'Agatha Christie. Qui offre son prénom à la dynamique héroïne quinquagénaire s'improvisant détective amateur. Afin d'éviter de se morfondre dans son village, charmant car typiquement british mais plutôt endormi, elle imagine des mystères et des crimes. Ceux-ci ont effectivement eu lieu, quoi qu'en pense d'abord Bill Wong. Agatha va d'ailleurs faire la connaissance des parents du jeune constable, qui sont d'un abord assez peu engageant.

Émule de Miss Marple dans une version rajeunie, Agatha ne craint pas d'aller déranger des personnes qui, souvent, n'ont que faire d'investigations supposées farfelues. Pourtant, elle n'a pas tort de persévérer, de vouloir percer le mystère, de traquer la vérité. Tout cela nous est raconté avec beaucoup de drôlerie, bien sûr. Sa maladresse dans ses relations avec les hommes qu'elle vise y contribue largement. Un bouton sur le nez peut également engendrer des conséquences catastrophiques, et carrément humoristiques. Succession de péripéties agitées, narration très vivante et fluide, on passe un excellent moment en lisant les enquêtes de Mrs Agatha Raisin.

Bonne nouvelle ! Les tomes 3 et 4 des aventures d'Agatha Raisin

seront disponible en français dès novembre 2016.

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9 juin 2016 4 09 /06 /juin /2016 04:55

Martin Mesnil est un Normand de quarante ans, divorcé, père de deux enfants. Même si ça fragilise sa situation bancaire, il a choisi une certaine liberté dans le travail, préférant des missions d’intérim. Cette fois, Martin trouve un job de nuit pour une semaine, à la gare maritime de Ouistreham. Avec son collègue David, il s'agira de guider les poids lourds à l'embarquement et au débarquement. Martin n'ignore pas que, comme d'autres ports sur la Manche, Ouistreham attire les clandestins cherchant un passage vers l'Angleterre. On ne lui demandera pas de fliquer ces migrants, ça reste le boulot des gendarmes. Dès son arrivée, il rencontre Novak Borovic, jeune patron de la SPB.

C'est un ancien joueur de foot venu de Salvénie, qui eut une petite carrière internationale après ses débuts dans l'équipe appartenant à son père Dragan, dans leur pays. Novak se veut absolument strict sur le contrôle des camions, pas de complaisance avec les réfugiés, ni de corruption. S'il repère des clandestins, il doit alerter le duo de vigiles de la SPB qui les envoient aux gendarmes. Martin a croisé les deux sbires, qui n'inspirent nullement la sympathie. Il va loger durant la semaine dans un bungalow prêté par l'intermédiaire de la séduisante Gisèle, amie de sa mère, infirmière libérale et bénévole auprès des migrants. La cabane est rudimentaire, mais Martin s'avoue sous le charme de Gisèle.

Des incidents concernant les clandestins, comme ce groupe d'une vingtaine d'entre eux bloqués dans un camion frigorifique, ou quelques pugilats dans leur camp de fortune, ça se produit aussi du côté de Ouistreham. Plus grave, le cas de ce réfugié salvène retrouvé crucifié sur la clôture d'un champ. Il se prénommait Viktor. C'était sa cinquième tentative pour trouver un moyen de traverser la Manche. Il a eu la malchance d'être pris en charge par un binôme en Mercedes. Il a été victime d'un traquenard mortel. Son cadavre exposé ainsi, ce n'est pas sans rappeler les méthodes utilisées lors du conflit en Salvénie, voilà quelques années. Pendant lequel Dragan Borovic fut un chef de guerre cruel et redouté.

La mort de Viktor est-elle due à un litige entre migrants, ou s'agit-il d'une vengeance qui trouverait son origine en Salvénie ? Renseigné par son ami flic de base William, Martin apprend que Dragan fut peu poursuivi après la guerre dans ce pays. Peut-être joua-t-il un rôle moins crucial qu'on ne l'a prétendu. Ni Novak Borovic, ni son père, n'ayant réellement intérêt à remuer le passé, difficile de leur attribuer la mort de leur compatriote Viktor. Son bungalow ayant été "visité", Martin craint que l'on s'en prenne à sa famille. Disposant d'une vague piste, le nom d'un certain Azem, il va croiser le Shérif et le Petit Tonio : un costaud aux cheveux blancs crépus, et un petit binoclard rondouillard. La tension monte autour du quai de Ouistreham…

Jean-Noël Levavasseur : Une manche perdue (OREP Éditions, 2016)

Gabriel Lecouvreur a fait des émules : créé voilà une vingtaine d'années, Le Poulpe est un personnage libre et curieux, qui fouille à son compte dans les désordres et les failles du quotidien. Ni un vengeur, ni le représentant d'une loi ou d'une morale, c'est un enquêteur un peu plus libertaire que d'habitude, juste un témoin de son temps. Depuis 2008, il a un cousin breton, le cyberjournaliste Léo Tanguy (publié désormais aux éditions La Gidouille). Voici aujourd'hui un autre de ses cousins, un Normand cette fois, à l'initiative de Marion Chemin et de Jean-Noël Levavasseur. Sa parenté d'esprit avec le Poulpe ne nous est pas cachée, puisque Jean-Bernard Pouy (le père de Gabriel Lecouvreur) signe ici la préface.

La question des migrants, thème d'actualité et de controverse. Plutôt devrait-on dire : le problème des réfugiés de passage sur le sol français, cherchant à rejoindre la Grande-Bretagne, bloqués à nos frontières. Remercions les autorités britanniques de nous mettre dans le pétrin, et de faire de ces migrants quasiment des apatrides, des fantômes. Kurdes, Syriens, Afghans, Iraniens, et autres nationalités n'ont pas choisi de nous envahir. Nul ne fait preuve d'une compassion angélique envers ces clandestins. Martin Mesnil, le héros de cette histoire, dont la mère est très impliquée dans l'associatif leur venant en aide, n'est pas un naïf : il souhaite juste comprendre. D'autant qu'un meurtre a été commis.

Étant lui-même bas-Normand, le journaliste Jean-Noël Levavasseur utilise des décors qui lui sont familiers. Outre Ouistreham, ses habitants et ses paysages, l'ambiance nocturne d'une gare maritime ne peut qu'être singulière, troublante. Cela ajoute de la crédibilité au récit. Une intrigue à suspense, un contexte actuel : voilà un roman noir à découvrir.

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 04:55

Recueil de dix nouvelles.

-“American gravity” : L'Amérique des années 1950, sur la côte Ouest. Âgée de vingt ans, Alexandra est une de ces jolies filles qui pullulent dans l'artistique marginal. Cette junkie participe à un show de strip-tease, fatigant et sans prestige mais lucratif. Ce n'est pas Warren, motard aventureux vivant à ses dépens, perdant le fric d'Alexandra au poker, qui la sortira de cette spirale miteuse. Terry, vaguement comédien, moins salaud que Warren, lui permettra de se poser quelque peu à Santa Monica. C'est plus près de Hollywood, l'inaccessible rêve. Des séries de photos dénudées, des prestations dans des films pornos ringards, montrer son cul et tout le reste, voilà ce que l'on attend d'une fille comme elle. Limiter les embrouilles et leurs conséquences, ce serait déjà pas mal pour Alex.

-“Tessa” : Trois jeunes hommes débarquent à Villeneuve-lès-Avignon. Outre Fly le Nîmois, qui se prénomme en réalité Olivier, il y a Julien le Parisien et Bertie l’Alsacien. Ils ont été engagés par Richard Prunier, le second de M.Keller, pour le braquage de la BNP locale. Le vigile étant leur complice, tout doit bien se passer, avec effet de surprise garanti pour le personnel et la clientèle. Le trio prend le fric, mais il y a un couac côté vigile. Celui-ci tire sur Fly, lui logeant une balle dans la clavicule. D’instinct, Fly réplique et abat le vigile. Puis les trois braqueurs quittent en urgence la banque, chacun pour soi.

Sanguinolent, Fly titube dans les rues chaudes de Villeneuve, se cachant dans un parking pour masquer sa blessure. Quand il repère une maison avec son jardinet, il commence par se terrer dans la cabane à outil. Puis il pénètre dans la maison, trouvant une bonne planque dans une pièce de débarras. La jeune femme chez qui Fly s’est introduit à son insu se nomme Tessa Livi. Elle est photographe. Souvent absente, ce qui laisse le champ libre au blessé pour se soigner, se reposer, se nourrir, écouter de la musique et les infos. Les trois complices du hold-up sont activement recherché par la police. Depuis sa cachette, Fly observe clandestinement la jeune femme, qui cache quelques secrets.

Marc Villard : La fille des Abattoirs (Rivages/Noir, 2016)

-“La route de Modesto” : Au volant de sa Mustang rouge, Carla erre de motel en motel, du côté de Modesto, en Californie. Avec le bébé Kevin, dont elle s'occupe aussi bien que possible. Sans le sou, Carla file sans payer les chambres de motels, squatte quelques heures une propriété vide. Elle et Kevin finissent par échouer dans une bourgade en fête, Torsada. Un certain Dave Parker est sur sa piste. Une mission pas bien compliquée. Pas tellement excitante, non plus.

-“La fille des Abattoirs” : Serge Dahan est un Toulousain âgé de soixante-deux ans. Retraité des assurances, il peint en amateur. Son épouse Sylvia est décédée. Leur fille Marie, trente-sept ans, est policière municipale. Divorcée, elle est la mère de Marius, dix-sept ans, qui a l'habitude de faucher un peu de fric à son grand-père pour le perdre au poker. Serge vit dans le quartier Reynerie, un ensemble de hauts immeubles peu accueillants, où il a ses habitudes. Il s'entend bien avec sa voisine quadragénaire, la gouailleuse prostituée Nadine. Il n'en profite pas sexuellement.

Un soir, Emma Silvano, la docteur du quartier, est assassinée par un trio de voyous qui cherchaient de la drogue. Serge a toujours apprécié cette femme-médecin compréhensive, en particulier dans le cas de Sylvia. Ayant assisté à la scène, il sait que c'est Dany et sa bande qui l'ont tuée. Mais ici, il est prudent de n'avoir rien vu, de se taire. Ce que fait Serge quand la police l'interroge, prétextant qu'il était en train de peindre. Même pour Nadine, il garde la même version. Sans doute lui faudra-t-il trouver un remède contre l'impunité de Dany, le moment venu. Mais une quatre question le taraude.

Sylvia avait l'habitude de se rendre au Musée des Abattoirs. Elle restait comme fascinée devant une toile de Roland Topor, “La jeune fille en pleurs”, datant de 1982. Un gardien confirme qu'elle venait une fois par semaine, ce qui est un peu trop souvent. Le visage de la fille du tableau rappelle quelqu'un à Serge : la jeune sœur de son épouse, Lily, décédée à cause d'un accident de voiture, bien avant leur mariage. Topor n'a pu la connaître mais elle lui ressemble. Serge et Sylvia n'ont jamais fréquenté son beau-père Antoine Marino.

-“El Diez” : Dès juillet 1984, un jeune Argentin va révolutionner la ville de Naples. Un magicien du ballon rond s'impose dans le football italien, offrant une meilleure image à cette ville peuplée de pauvres. Diego Maradona est une icône, un Dieu vivant pour les Napolitains. Sept années durant, il les fait rêver grâce à son jeu tout en fluidité et en précision. Indirectement, Maradona a influencé la vie de Claudio Manetti, employé dans une usine de saucisses, et de sa fille adolescente Laura. Car, malgré tout, Naples reste une ville de trafics, sous l'influence de la Mafia…

 

Il s'agit d'un recueil de dix nouvelles, écrites par cet expert en textes courts qu'est Marc Villard. Qu'il situe ces histoires dans l'Amérique d'hier ou d'aujourd'hui, en France ou en Europe, c'est toujours avec vivacité et inventivité qu'il nous entraîne dans ces récits. On constate le soin qu'il apporte à chaque nouvelle, qu'elle s'appuie sur le mythe américain ou sur les réalités françaises actuelles. La brièveté relative de ces textes n'empêche pas l'auteur de parfaitement dessiner des personnages crédibles, souvent touchants. Les épisodes dans la vie des protagonistes forment de vraies histoires, des moments forts. Dans “La fille des Abattoirs”, donnant son titre au recueil, le contexte est géographiquement situé dans la région toulousaine, sans masquer que certains quartiers y sont “sensibles”. Marc Villard reste le maître incontesté de la nouvelle, nous prodiguant un grand plaisir de lecture.

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 04:55

Angel Dare fut une célèbre actrice de films pornographiques. Depuis quelques années, elle s’est reconvertie. Son agence fournit des strip-teaseuses pour des clubs et des filles pour des films X. Assistée de son employée Didi et de l’ancien flic Lalo Malloy, Angel Dare offre ainsi aux jeunes femmes des contacts sérieux dans ce milieu souvent malsain. Ce jour-là, ayant reçu une visiteuse prénommée Lia, d’origine roumaine, c’est le début de graves ennuis pour Angel. Deux types menaçants viennent lui réclamer la mallette pleine d’argent que Lia, partie entre-temps, avait avec elle. Ils fouillent, mais ne trouvent rien. Plus tard, son ami cinéaste Sam Hammer la supplie de venir tourner un film X avec l’acteur Jesse Black, un service qu’Angel ne peut lui refuser. Victime d’un piège, elle est maltraitée, torturée et violée, par ceux qui sont passés à son bureau. Cible de plusieurs coups de feu, Angel est laissée pour morte dans un coffre de voiture.

En mauvaise posture mais pas morte, la jeune femme appelle Malloy à l’aide. Le premier conseil qu’il lui donne est de se cacher. Elle est recherchée par la police pour le meurtre de Sam Hammer : c’est l’arme d’Angel qui a servi à le tuer. Si elle reçoit quelques soins chez une dominatrice SM, ses hématomes sont visibles et encore douloureux. Angel et Malloy font un détour par Vegas, afin de contacter Zandora, une amie de la visiteuse Lia. La strip-teaseuse a été tuée par les deux brutes qu’Angel connaît déjà. Retour à Los Angeles pour le couple. Angel s’installe discrètement dans l’appartement de Malloy. Pour Angel, il faut de changer d’aspect, avoir l’air d’un homme, quitte à ressembler à un homo. Malloy la fait passer pour un jeune neveu qu’il protège, tabassé par des voyous (afin d’expliquer les traces sur son visage).

Traduit du roumain, le message de Lia destiné à Zandora évoque un réseau de prostitution utilisant des filles venues des pays de l’Est. Fort possible, car certains films auquels participa Lia, ressemblent à des catalogues de jeunes prostituées. La cassette de vidéosurveillance des bureaux d’Angel a été subtilisée, certainement par ceux du réseau en question. L’énigme de mallette pleine d’argent est bientôt résolue, une autre visiteuse s’en étant emparée ce matin-là. Angel et Malloy espéraient trouver Lia à un point de rendez-vous, mais ce sont les tortionnaires d’Angel qui sont là…

Christa Faust : Money shot (Éd.Gallmeister, 2016)

Une précision s'impose : si vous avez lu L’Ange du porno (coll.Outside, Éd.du Rocher, 2011), il s'agit du même roman, dans une nouvelle traduction. On eût aimé que ce fut indiqué. L'essentiel reste qu'une nouvelle chance soit offerte à ce très bon livre. Dans la puritaine Amérique, la place de l’industrie du film X est complexe. Moralement réprouvée, commercialement acceptable, elle s’est organisée un milieu à part, celui du divertissement sexuel. Angel Dare y baigne depuis de longues années. Il faut avouer qu’elle était précoce. Elle se retrouve au cœur d’une sinistre affaire, battue, accusée, poursuivie.

C’est du roman noir nerveux, au tempo vif, aux scènes-choc. La crudité du langage et le franc-parler d’Angel ne doit pas donner le sentiment que le sourire prime sur la sombre intrigue. Même si elle assume une certaine dérision, placée dans l’illégalité, la jeune femme est contrainte de surmonter de nombreuses épreuves. Péripéties rythmées, ambiances marginales, tonalité décalée de la narratrice, voilà une histoire réjouissante.

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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 04:55

Ithaca est une ville américaine de l’État de New York. Âgés de quinze ans, Fox (c'est son vrai prénom) et son ami Cliff y sont lycéens. Cliff est un grand Noir, qui fait figure d'intello dans sa famille instable. Fox est issu d'un milieu ordinaire. Il est amoureux de la jolie Mia depuis trois mois. Assez réservée, celle-ci fut un peu attirée par les sportifs dynamiques, avant de s'apercevoir que Fox était sûrement le garçon de ses rêves. Elle ignore que Fox montre parfois des faiblesses. Ça fait plus de deux ans qu'il se fait racketter, sans résister, par Craig et sa bande de jeunes délinquants. À quatre contre un, comment pourrait-il les empêcher de lui piquer son argent ? Cette fois-là, c'est plus sérieux, car Fox a 385 dollars sur lui. Économisée durant un trimestre, cette somme était destinée à l'achat d'une bague pour Mia. Craig s'en empare, Fox doit se faire une raison.

Depuis quelques temps, un tueur sévit dans la région d'Ithaca. S'attaquant à des jeunes femmes, il en est à sa troisième victime. La dernière a été découverte sur une décharge. La police ne semble pas avoir d'indices. Celui qui se fait appeler le Pretender est un chasseur, un criminel pervers, dont l'idée obsessionnelle est de passer la bague au doigt à ses cibles. Ses motivations sont plus que malsaines : “Il existe une autre loi de la nature chez l'être humain du 21e siècle : la volonté d'autodestruction, le refus du bonheur. Tout est joué d'avance, alors à quoi bon tendre vers quelque chose que nous ne pouvons atteindre. Restons dans cet enfer, vautrons-nous dans le chaudron, en fin de compte, la souffrance est tellement rassurante.” Même si Cliff essaie de faire oublier sa mésaventure à son ami, ils ne vont pas jouer aux détectives pour traquer le Pretender.

Au lycée, Arnold Spencer est “un petit blond renfrogné en blazer bleu et chemise blanche coiffé d'une raie impeccable sur le côté droit, qui [prend] tout le monde de haut parce que son père [est] un avocat plein aux as.” Le hautain Arnie n'a aucun ami. Quand il surprend la conversation où Fox se confie à Cliff, il intervient. Il leur propose de cambrioler sans le moindre risque le coffre-fort de son père, absent ce week-end. Ils trouveront 2400 dollars et une statuette précieuse à l'intérieur. Fox et Cliff pourront se partager le butin. Arnie leur explique qu'il les renseigne car il déteste son père. Le duo d'amis est partant pour ce vol. Mais Todd, dit la Hyène, le second de Craig, a espionné cet échange entre Arnie, Fox et Cliff. Il en informe immédiatement le chef de la bande. Ayant une idée derrière la tête, Craig décide qu'il se chargera seul de doubler Fox et Cliff.

Tandis que Mia s'impatiente de voir évoluer sa relation avec son petit-ami, Fox et Cliff ne rencontrent pas vraiment de difficultés pour pénétrer cette nuit-là dans la vaste propriété de l'avocat Mark N.Spencer, le père d'Arnie. Bien qu'ils repèrent vite le coffre-fort, la suite va s'avérer beaucoup plus hasardeuse pour eux, peut-être mortelle…

Jeremy Behm : Mon ami Arnie (Éd.Syros, 2016)

Ce roman entre dans la catégorie "polars jeunesse", puisque tel est le public des éditions Syros. Les héros de cette aventure ayant quinze ans, c'est l'âge à partir duquel on peut la recommander aux jeunes lecteurs. Il n'est nullement interdit aux adultes de lire ce livre, s'agissant là d'une intrigue très bien construite et riche en péripéties. À chaque chapitre, on change de narrateur, tous les protagonistes ayant leur mot à dire dans cette affaire. Néanmoins, Fox et son copain Cliff restent les premiers concernés par l'évolution du récit. Mia, Craig, ainsi qu'évidemment Arnie, ont également la parole. Sans oublier le Pretender, le tueur en série, qui doit justifier ses crimes délirants.

Situer ce suspense pour jeunes à Ithaca est plutôt juste, quand on sait que l'âge moyen dans cette ville de trente mille habitants est de vingt-deux ans. Toutefois, l'essentiel reste de nous raconter les tribulations de Fox, incité à un cambriolage pour continuer à plaire à sa conquête, Mia : une jolie romance, servant de toile de fond à cette histoire remuante autant que souriante. Certes, tout cela n'est pas exempt de chtarbés commettant de sales crimes, mais on peut espérer que les méchants perdront la partie. Un sympathique polar, d'une lecture très agréable.

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