Cicéron Angledroit est l’héritier naturel du détective Nestor Burma dans le Val-de-Marne. Du moins exerce-t-il la même profession, mais avec un dilettantisme certain. Le qualifier de fin limier serait très exagéré. Il passe moins de temps en filatures et enquêtes, qu’à boire le coup avec ses amis René et Momo, rois des tire-au-flanc, des bras-cassés hors-catégorie. Cicéron consacre ponctuellement quelques heures à sa fille en bas-âge, Elvira Angledroit, dont s’occupe la mère du détective. Pour les galipettes, il ne choisit pas entre la pharmacienne mariée Brigitte et la fliquette sexy Vanessa. Il se laisserait volontiers tenter par d’autres donzelles, si ça se présentait. Son emploi du temps est assez chargé.
Le commissaire Théophile Saint Antoine, le supérieur de Vanessa, confie une mission au détective. Chaque jour, une femme mystérieuse débarque du train en gare de Vitry à 8h15 en modifiant quotidiennement son aspect. Elle a été repérée par une caméra sophistiquée. La suivre, c’est à la portée de Cicéron. D’autant que l’énigme va être bien vite résolue. Sa ravissante notaire lui soumet un autre problème. Elle est très inquiète au sujet de Gérard Manvussa, son mari, producteur-télé d’émissions débiles, pléonasme. Cet hyperactif n’a plus donné signe de vie depuis quelques jours. On peut craindre un enlèvement autant qu’une simple fugue. Cicéron promet de s’occuper de l’affaire, dès que possible.
De son côté, le commissaire Saint-Antoine écope d’un noyé, retrouvé dans la Seine près du Port-à-l’Anglais. Il est rapidement établi que le cadavre n’est pas celui de Gérard Manvussa, l’inconnu ne semblant pas être recherché par des proches. Faute de mieux, le commissaire demande à Vanessa et à Cicéron d’enquêter en binôme public-privé. On sait juste que la victime a été tuée dans une baignoire, avant d’être jetée à la Seine, dans "un coin à brochets". S’il devient incollable sur les brochets, pas sûr que ça fasse tellement avancer l’enquête du détective. Par ailleurs, il contacte au studio de télévision l’assistante de Manvussa. Les derniers échanges téléphoniques du disparu peuvent offrir des indices.
Il n’est pas impossible que le grand patron d’une chaîne de télé soit impliqué dans cette histoire. Pas le genre de bonhomme haut-placé qu’on suspecte sans preuve. Pas mort du tout, Gérard Manvussa s’adresse à la police pour expliquer qu’il était juste en voyage à l’étranger. Tout s’explique ? Pas exactement. Le détective reste troublé par “la simultanéité des faits. Manvussa disparaît pour rencontrer un type mystérieux venu de loin et que personne ne connaît dans le coin, et un autre mystérieux mec que personne ne connaît dans le coin est repêché dans le même coin.” Drôle de sac-de-noeuds à démêler…
J’appelle le commissaire :
— Vous avez du nouveau pour votre cadavre ?
— Pas vraiment. Le légiste a juste confirmé qu’il était bien mort noyé. Il y a environ quarante-huit heures. Il a reçu un coup sur la tête mais ça peut aussi venir de la chute. On n’est pas très avancés. Aucune disparition, à part la vôtre, n’a été déclarée. Et comme ça ne correspond pas. Au moins on sait qu’en quarante-huit heures, il n’a pas pu venir du Mont Gerbier de Jonc, c’est déjà ça. Ça limite le périmètre.
— Surtout que c’est la Loire qui prend sa source au Mont Gerbier de Jonc.
— Faites pas chier !
Six aventures au compteur pour Cicéron Angledroit, vaillant détective vitriot (de Vitry-sur-Seine, qui se trouve "logiquement" dans le Val-de-Marne). Tous ces titres sont disponibles aux Éditions du Palémon, désormais. C’est de la pure comédie sur fond d’intrigue policière, que nous propose l’auteur. Le héros doit davantage à San-Antonio qu’aux grands "privés" de la littérature polar. Récit fluide et tonalité enjouée, on respecte les caractéristiques du genre. Avec une galerie de personnages prêtant à sourire. En tête desquels, l’alter-ego de Bérurier, en la personne de René, un homme qui ne mourra pas de soif. Momo, handicapé en recherche d’un statut social, n’est pas mal non plus. Quant au policier Saint-Antoine, ce sympathique pantouflard vieillissant délègue plus qu’il agit. Ce roman, qui ne manque pas de péripéties, fait partie des agréables divertissements qu’on apprécie pour leur bonne humeur. Quand polar et humour vont de pair, ne boudons pas notre plaisir.
Cicéron Angledroit : Qui père gagne (Éd.du Palémon, 2016) - Le blog de Claude LE NOCHER
Cicéron Angledroit est, en quelque sorte, un héritier de Sam Spade et de Philip Marlowe. Ce quadragénaire se présente lui aussi comme détective privé. Un peu moins glorieux que ses aînés, s...
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