Le Prix du polar lycéen d'Aubusson 2011 est attribué au roman “Retour à la nuit”, d'Éric Maneval (Éditions Écorce).
Cette récompense a été décernée à l'occasion de la 6e édition de ce prix, dans le cadre du 5e festival des Nuits noires d’Aubusson les 9, 10 et 11 juin 2011.
Le jury se composait de 250 lycéens venus de différents établissements du Limousin, entre autres Guéret, Limoges et Aubusson. Les votes
de chacun, et leurs argumentations, ont été recueillis par les auteurs invités cette année au festival : Hafed Benotman, Laurence Biberfeld (qui présidait le festival), Sylvie Granotier, Cyril
Herry, Marin Ledun, Jean-Hugues Oppel, Sébastien Rutés et Antonin Varenne.
Bravo à Éric, lecteur passionné et auteur talentueux, visiteur quasi-quotidien d'Action-Suspense, auquel j'adresse mes plus sincères félicitations pour ce Prix amplement mérité !
L'intrigue de “Retour à la nuit”, d'Éric Maneval :
Âgé d’une trentaine d’année, Antoine Revin est veilleur de nuit dans un foyer de la région de Limoges. On y héberge des ados en difficulté sociale ou psychologique.
Maîtrisant sans trop de problème la situation, Antoine apprécie ce métier. N’étant pas éducateur, il n’a pas à s’intéresser au cas des pensionnaires. Pourtant, il discute souvent au milieu de la
nuit avec la jeune Ouria. Parfois, il calme le petit Aymeric qui cauchemarde, croyant voir un moine templier. Une nuit, Antoine suit une émission de télé consacrée à l’affaire Firnbacher. Un
jeune condamné est en prison depuis des années, accusé d’avoir tué et mutilé un enfant. Le portrait-robot d’un vague suspect jamais identifié frappe Antoine. Il connaît l’homme, lié à un épisode
douloureux de sa propre vie.
Antoine avait huit ans. Il adorait plonger dans la Vézère, en aval du barrage de Treignac. Malgré les crues de la rivière, il ne
craignait pas les risques. Ce jour-là, il fut heurté par un tronc d’arbre, et faillit mourir. Un inconnu se trouvant sur la rive le sauva des eaux. Ce blond barbu aux yeux bleus soigna ses
multiples plaies, non sans lui faire un peu mal pour qu’il retienne la leçon, avant que l’enfant ne soit hospitalisé. Le corps d’Antoine est encore strié des cicatrices causées en cette occasion.
Il les a montrées à Ouria, qui semble fascinée. Conscient que son témoignage sur le suspect du portrait-robot peut relancer l’affaire Firnbacher, Antoine s’adresse à un ami journaliste. Celui-ci
le met en contact avec Teddy Romero, expert en tueurs pervers.
Après avoir photographié ses cicatrices, Romero et sa collaboratrice Mina, médium, interrogent en détail Antoine sous hypnose. Les
faits sont proches de ceux du dossier Firnbacher. La méthode correspond à celle du “Découpeur”, qui a seize victimes à son actif. Sauf qu’Antoine est vivant et que l’inconnu l’a sauvé une
révision du procès. Au foyer, une nuit suivante, le jeune frimeur Gaétan cause des troubles qu’Antoine parvient à réprimer avec l’aide d’Ouria. Après l’incident, un éducateur lui rappelle qu’il
n’a pas à s’improviser psy. Un peu plus tard, Antoine soupçonne une présence suspecte autour du foyer…
Noire et psychologique, l’intrigue s’avère plus interrogative qu’oppressante, ce qui constitue un bel atout. Inutile de surcharger la tension quand l’histoire est bien pensée. Le format court (120 pages) permet au récit de garder une réelle densité. On sent le poids de son passé, chez le héros. Sans que ce soit un reproche, l’auteur aurait pu s’attarder sur la relativité des témoignages. Apporter une version disculpant un accusé, ce n’est pas anodin. On laisse au lecteur le soin de se poser lui-même les questions. Quant à la psycho des ados, on voit ici que certains éducateurs sociaux en ont une vision trop schématique. Prendre du recul, éviter l’affectif, c’est d’accord. Mais ces jeunes ont aussi un instinct, une sensibilité du vécu, qu’Antoine perçoit mieux que ses collègues. Un suspense qui se base sur de tels personnages, êtres humains donc imparfaits, ne peut que séduire…