En juin 2011, Colin Farrell et Keira Knigthley sont à l’affiche du film “London Boulevard”, adapté du roman de Ken Bruen. Ce livre étant réédité chez Points, bonne occasion de savourer une intrigue noire très excitante…
Mitch sort après trois ans de prison. On l’a condamné pour une bagarre dont il ne garde qu’un souvenir confus. Son ami Billy Norton l’attend à sa sortie, avant de l’installer dans un appartement luxueux de Clapham Junction. Mitch y trouve des vêtements de grande classe et un max de livres. Norton a organisé une fête pour le retour de Mitch. Lors de cette soirée, on lui propose un emploi régulier chez Lillian Palmer, comédienne de théâtre. “J’ai un toit, des fringues, des offres de boulot, alors que ça fait à peine vingt-quatre heures que je suis sorti. Ils ont tout faux, les taulards. La vie dehors, c’est du gâteau.” Mitch assiste Norton, qui va racketter les locataires endettés d’immeubles sous contrôle d’un gang, avant de prendre ses fonctions au manoir de la comédienne. Bien qu’un peu mûre, Lillian Palmer reste diablement attirante. Le majordome Jordan veille sur elle. Mitch est aussi séduit par la Rolls-Royce Silver Shadow, dans le garage.
Joe était un copain SDF pour lequel Mitch avait de l’affection. Il a été cogné à mort par
deux jeunes voyous. Se chargeant de l’inhumation de Joe, Mitch ne compte pas laisser tranquille ses agresseurs. Sa sœur Briony est une jeune femme complètement givrée, kleptomane perdue dans ses
délires. Aux obsèques de Joe, Mitch lui présente Sanji Patel, récemment rencontré à l’hosto. Briony flashe illico sur ce médecin d’origine indienne. Le docteur est sous le charme, lui aussi. Vu
le manque de stabilité de Briony, pas sûr qu’il s’agisse d’une relation de longue durée, mais qui sait ? Par ailleurs, Mitch a rendez-vous avec Gant, le boss du gang employant Norton. N’ayant pas
envie de fraterniser avec ce requin, ni de participer à ses rackets puisqu’il a un boulot légal, Mitch gagne du temps avant de décliner son offre. Le majordome Jordan lui propose un studio, dans
la propriété de Lillian Palmer — dont Mitch est devenu l’amant.
Se sachant dans le collimateur du boss Gant, Mitch ne tarde pas à accepter de loger dans le studio. Chauffeur de maître au volant de la Silver Shadow, Mitch accompagne Lillian et la conforte dans ses vagues projets théâtraux. Même s’il est prêt à affronter Gant, il n’ignore pas que c’est un dangereux adversaire. Et puis, il y a aussi un certain Kerrkovian qui rôde autour de Mitch. Le genre de types qui réservent des surprises, généralement mauvaises. Entre-temps, Mitch accepte de participer à un hold-up organisé par son complice Jeff. Il n’aime pas beaucoup le jeune punk, nouveau dans la bande et peu fiable, mais ce n’est pas lui qui décide. Son idylle débutante avec la belle Aisling, Mitch veut y croire. L’hécatombe qui s’annonce risque de contrarier la suite. Toutefois, avec l’aide de Jordan, Mitch va sévèrement répliquer…
Ken Bruen est sans pitié, pour notre plus grand plaisir.
Sympathiser avec tel ou tel protagoniste serait une erreur, car le jeu de massacre n’épargnera personne. On n’évolue pas ici dans un monde de braves gens. Profiter de chaque instant de chance, et se débarrasser de tout obstacle gênant, voilà la seule morale de Mitch. S’il prend des coups, il se soigne au mélange de médicaments et d’alcool, la meilleure recette pour se requinquer. Être le plus fort, voire le plus habile, son séjour en taule lui a confirmé qu’il n’existe pas d’autre alternative pour survivre. Cynisme, peut-être, ou plutôt s’agit-il d’un défi permanent. Quant aux femmes qui l’entourent, sœur ou amantes, il n’a guère de vraie tendresse à leur offrir. En outre, il réalise qu’on ne doit pas faire confiance à ceux qui méprisent les polars.
Un régal d’humour mordant et d’action fracassante !