Philippe Margotin a consacré des livres biographiques à Johnny Hallyday (2011), Amy Winehouse, U2 (2010), Alain Bashung, Radiohead (2009), Michel Polnareff, Sting et The Police, The Who (2007), les Rolling Stones, Muse (2006). C’est dire que cet auteur s’intéresse de près à l’univers musical. Aux Etats-Unis et à la Californie, aussi : chez l’éditeur Pascal Galodé, il a déjà publié un album intitulé “Los Angeles : la ville, ses mythes et ses stars” (2009). Aujourd’hui, il aborde le mythe hollywoodien à travers treize faits divers meurtriers, dans “Hollywood Scènes de crime”. Cet exercice n’a rien de vraiment innovant, mais reste fort sympathique à lire. Il s’agit d’histoires vraies ayant, comme on dit, défrayé la chronique. La médiatisation est sans doute le point commun entre ces affaires, puisque des célébrités sont au cœur des cas criminels en question.
Le premier à en faire les frais fut évidemment Roscoe Fatty Arbuckle, en 1921. Ce sont bien les journaux appartenant à William Randolph Hearst qui accusèrent ce comédien comique d’avoir causé la mort de Virginia Rappe. Fatty Arbuckle fut acquitté, sans jamais être réhabilité par cette presse qui l’accabla, juste parce qu’il était connu. Sur ce sujet, lire aussi le roman d’Ace Atkins “Le jardin du Diable” (Le Masque). Si l’auteur revient sur des affaires très souvent traitées, telles la mort de Marylin Monroe, celle de Sharon Tate, ou le cas fort compliqué d’O.J.Simpson, il évoque d’autres faits moins habituels.
Dans les années 1920, la mort du cinéaste William Desmond Taylor fut aussi suspecte que celle, deux ans plus tard, de Thomas Ince (surnommé à l’époque “le père du western”). En 1932, Paul Bern était une des personnalités d’Hollywood, producteur influent marié à la mythique Jean Harlow. Suicide ou meurtre ? On retrouva son cadavre dans le manoir qu’il venait d’offrir à son épouse. En 1959, la même question se posera au sujet de la mort de George Reeves, qui incarnait alors Superman à la télévision.
Bugsy Siegel était un caïd mafieux, un truand qui ne détestait pas faire parler de lui. Il est mort comme le mafiosi qu‘il fut, en 1947, victime d’un contrat. Cette même année 1947, se produisit une affaire dont on parle encore, depuis que James Ellroy l’a retracée dans “Le Dahlia Noir”. La découverte du corps mutilé d’Elisabeth Short, vague starlette à la vie chaotique, marqua le début d’une enquête qui ne trouva jamais sa conclusion. Il y avait soixante-quinze noms dans le carnet d’adresses d’Elisabeth Short, autant de suspects possibles. À moins qu’elle n’ait été victime d’un tueur en série sans rapport avec elle. Cas énigmatique, bien sûr, mais parmi toutes ces filles qui fréquentaient Hollywood d’alors, dans l’espoir de trouver un rôle au cinéma ou un mari, toutes étaient des proies faciles.
Parmi les affaires encore récentes, en 1981, la noyade de Natalie Wood à Catalina Island reste troublante. Certes, il y eut cette nuit-là une dispute avec son mari Robert Wagner, mais la suite fut très probablement accidentelle. L’auteur en profite pour nous rappeler le sort dramatique de James Dean et de Sal Mineo, partenaires de Natalie Wood dans “La fureur de vivre”. En 2001, le comédien Robert Blake fut lui aussi impliqué dans une affaire suspecte, le décès de sa nouvelle épouse. Bonny Lee Bakley est encore une de ces filles au parcours chaotique, ce qui ternit nettement son image de victime.
Enfin, est évoquée l’affaire Phil Spector, datant de 2003. Inutile de rappeler que l’accusé est un des plus grands producteurs de l’histoire du Rock. Actrice sur le déclin, Lana Clarkson est retrouvée morte dans la propriété de Phil Spector, Pyrenees Castle. L’arme utilisée appartient à l’arsenal du célèbre producteur. Des traces donnent à penser qu’il a pu la tuer. Mais on ne peut exclure le suicide, car il est possible que la victime ait été ivre. Phil Spector va engager plusieurs avocats successifs pour le défendre, et son premier procès s’annonce mal. Les témoins de l’accusation accablent Spector, montrant de lui une facette très violente. La suite lui est un peu moins défavorable. Mais il a été rejugé, et lourdement condamné…
“Hollywood scènes de crime” (Pascal Galodé Editeurs) permet de nous remémorer ces affaires qui participent au mythe.