Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 07:06
Rencontré le 26 avril dans le cadre de Mauves en Noir, Patrick Mosconi a accepté de répondre à une série de questions, inspirées de celles de Proust.

Quel don de la nature rêvez-vous d’avoir ?

« De traduire la vie en musique. »

Quel est votre principal trait de caractère ?

« L’émotivité »

Quelle faute vous inspire le plus d'indulgence ?

« Toutes les fautes à certains moments, et aucune indulgence à d'autres moments »

A part vous-même qui voudriez-vous être ?

« Un oiseau »

Quels sont vos héros dans la fiction ?

« Les frères Karamazov »

Quel est votre mot préféré?

« Frère »

Quel est votre juron ou gros mot favori?

« Beaucoup : de Merde à Zob en passant par Enculé »

Avez-vous une drogue favorite, à part l’écriture ?

« Dans le désordre : alcool, lecture, sexe, jardinage… »

Quel est votre état d’esprit actuel ?

« Plutôt mélancolique »

Joli clin d’œil, puisque Patrick Mosconi vient de publier “Mélancolies” aux Éditions Seuil. Quelques mots sur ce roman : Le coma de Mariane se prolonge anormalement après une intervention en neurochirurgie à l’hôpital Lariboisière. Inquiète, l’anesthésiste Violeta reste au chevet de sa patiente. Elle note les bribes de paroles qui échappent à Mariane, comme si elle devait lui délivrer ses secrets, peut-être le motif pour lequel elle se réfugie dans ce coma. Ces propos décousus, Violeta les évoque avec son amant Tristan. Infirmier, celui-ci est devenu muet après un choc. Plus exactement, il a choisi de ne plus parler. Tristan consigne dans des cahiers l’évolution de la relation, ambiguë sans doute, entre Mariane, Violeta et lui. Dès leur première rencontre, l’anesthésiste a senti le caractère mystérieux de Mariane. Celle-ci ne partage rien de fort avec ses proches. Dans l’atelier d’art de Mariane, Violeta découvre le portrait d’une femme brune. Son sosie ou son propre portrait, pourtant peint avant leur rencontre. Dans les documents de Mariane, Violeta est troublée par un conte, qui réveille des réminiscences de son enfance. L’état de santé de Mariane s’aggrave, frôlant le coma irréversible. Puisque la cartésienne Violeta a ressenti de l’irrationnel chez Mariane, Tristan sort de son mutisme et lui propose de s’adresser au magnétiseur Adrien. Le lien inexplicable qui s’est tissé entre les deux femmes incite Violeta à le contacter. Probablement est-il le seul qui puisse la sauver. Est-ce vraiment aider Mariane, habitée par des démons intérieurs maléfiques, que de l’amener à sortir du coma ?

Le jeu amoureux n’étant pas un crime, il n’y a pas ici de cadavre. Rien dans cette affaire n’enfreint la loi, ni n’entraîne enquête ou poursuites. Mais ce n’est pas un simple exercice de style. Ces portraits nuancés de trois personnes détaillent leur manière d‘être. Solitaires et indépendants, ils ont besoin de s’intéresser à “l’autre” sans afficher de sentiments. Lecteurs de romans hors normes, celui-ci vous est adressé.

Partager cet article
Repost0
25 avril 2009 6 25 /04 /avril /2009 06:41
 

Dans "Manhattan Freud" (Albin Michel, 2009) de Luc Bossi, l'intrigue et le contexte sont les deux éléments complémentaires. Tandis qu’un policier new-yorkais intègre mène une enquête de terrain, les psys Freud et Jung abordent l’affaire à leur manière. Non sans être entraînés dans des péripéties agitées, voire dangereuses. Humain et honnête, l’inspecteur Kahn préfigure les Incorruptibles, qui lui succéderont à l’époque de la Prohibition. Au gré d’un récit sinueux à souhait qui évolue à bon rythme, l’auteur manie avec une habileté certaine quelques faux-semblants. C’est également le contexte qui fait l’intérêt de cette histoire. En 1909, New York est en pleine mutation, sous l’influence de personnages charismatiques, tels le financier J.P.Morgan, l’homme d’affaire Waldorf, ou Adolph Ochs, patron du New York Times. Dans chaque milieu, l’ambiance apparaît ici fort bien restituée.

Sigmund Freud et son disciple Carl Jung font un voyage aux Etats-Unis, pays où les théories sur la psychanalyse sont encore mal appréciées en ce début de 20e siècle. Une certaine tension règne entre Jung et Freud, ce dernier n’aimant ni la désinvolture sexuelle de son adepte, ni sa volonté supposée d’être plus brillant que le Maître. Dès qu’ils débarquent à New York, cette ville les impressionne par sa démesure. L’inspecteur-chef Khan fait partie de ceux qui voudraient réformer la police new-yorkaise, la doter de vrais moyens, afin que la sécurité ne soit pas aux mains de l’agence Pinkerton. August Korda, l’un des bâtisseurs de la ville, vient d’être assassiné à son domicile. Son secrétaire John Manson est en fuite, ce qui fait de lui le principal suspect. Khan ne tarde pas à mettre la main sur Manson, qui nie être le meurtrier.
À cause de passages amnésique, Grace Korda, la fille de la victime ayant trouvé le cadavre, ne se souvient pas des faits. Herman Korda, son oncle, accepte que Freud s’occupe du cas de Grace. Pour le psy, il s’agit de la soigner, non pas d’aider la police. Dès la première séance, une étrangeté apparaît : Grace Korda est habitée par une double personnalité. Judith, la seconde (du nom de sa poupée), est d’un caractère virulent, comme cherchant à protéger Grace… Le policier Khan apprend qu’August Korda appartenait à un mystérieux Club des Architectes, dont plusieurs membres ont disparu récemment. Ce groupe rassemble les puissants fondateurs du New York actuel, qui développent les projets les plus modernistes. Le corps d’un des membres disparus est découvert dans une cuve au sous-sol d’un immeuble neuf. Près de lui, comme ce fut le cas pour Korda, une gravure qui fait référence à l’alchimie. Un signe laissé par l’assassin. Dans cette affaire, le rôle de Roy Blake, employé de Pinkerton qui était en contact avec Korda, reste obscur. Même si le policier Khan est un peu sceptique sur la science de Freud et Jung, il admet que le tueur puisse être un criminel névrosé... Ce voyage de Freud en Amérique est très convaincant.
Luc Bossi est annoncé au festival "Mauves en Noir", les 25 et 26 avril 2009.

Partager cet article
Repost0
24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 06:53
 

Le prix VSD du Polar 2009 a été attribué en mars à Stéphane Lefebvre pour son premier roman, "Opale" (Ed.Les Nouveaux Auteurs). Cette récompense est largement méritée, car ce livre de 630 pages est un vrai roman populaire, au meilleur sens du terme. C’est un héros sans prétention, assumant comme il peut les évènements, qui nous raconte ses mésaventures. Certes, son enquête amateur débute avec un souriant dilettantisme. Mais il a mis le doigt sur une affaire bien plus glauque. Voici donc un résumé (forcément partiel) de cette foisonnante intrigue.

Robin Mésange est journaliste pour L’Éclair Boulonnais, petit hebdo de la Côte d’Opale. Coutumier d’articles locaux peu excitants, Robin tient cette fois un scoop. Il a photographié un suicidé chutant de la falaise au Cap Blanc-Nez. Mais quand il analyse les clichés, il remarque une tâche jaune anormale. Un poussin géant ? Non, plutôt à une présence suspecte. Au commissariat de Boulogne, Robin est reçu par la lieutenant Léa Gauthier. Il tombe instantanément amoureux de la jeune femme. Autant pour un futur article que pour Léa, Robin entreprend de trouver des indices concrets. Il s’introduit par ruse chez Hochart, le présumé suicidé, dont le matériel informatique a disparu. Ancienne nounou de Robin, Valentine reste sa seule “famille” depuis que la mère du journaliste est atteinte d’Alzheimer. Veuve d’âge mûr, elle entame une relation romantique avec un homme de sa génération, Abdelattif. Robin en est heureux pour elle, espérant que son prétendant ne la décevra pas. Le journaliste s’aperçoit qu’il est pisté par un skater. Le jeune Tony veut seulement l’informer d’une affaire sordide. Élève au lycée Charlemagne, la séduisante Leïla s’est suicidée après été victime d’un viol collectif par des adultes. Tony pense que Hochart, employé au labo du lycée, fut l’un des violeurs. Avec l’accord de Jib, son rédacteur en chef, Robin va poursuivre l’enquête, en suivant cette piste du lycée. Quand se produit un autre décès violent, le journaliste est longuement interrogé par le collègue de Léa. Delplace, un prof de Charlemagne, a été découvert égorgé. Peut-être un suicide, quand même ? Tony imagine qu’un justicier s’est chargé de venger Leïla. Effectivement, Hochart fut impliqué dans une affaire de mœurs et Delplace pouvait avoir été complice du viol. Sous le prétexte d’un reportage généraliste, Robin enquête au lycée, interrogeant les copines de Leïla. Mlle Kramé, la prof de physique avec laquelle travaillait Hochart, l’intrigue quelque peu…

La principale qualité de cette histoire : conserver une tonalité narrative enjouée, alors que quelques aspects sont carrément noirs, ce qui n’est pas un mince exploit. Visiblement, le plaisir d’écriture n’est pas un vain mot pour Stéphane Lefebvre. Avec des formules comme “Un club SM au lycée, telle était ma réponse à la devinette. Une occupation comme une autre pour une jolie lycéenne, entre les clubs poterie et badminton. Vachement plausible”. Sans doute abuse-t-il des références à la culture-télé. Et la tendresse qu’il éprouve envers certains personnages l’empêche d’en faire de vrais suspects. L’essentiel, c’est qu’il parvient à captiver ses lecteurs durant tout ce long roman. Belle réussite.

Partager cet article
Repost0
4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 06:18
 

Personne ne démentira le franc succès de la collection Polars en Nord, dirigée par Gilles Guillon, aux Éditions Ravet-Anceau. Si tous les romans se situent géographiquement du Nord Pas-de-Calais à la Picardie, on remarque une belle diversité des intrigues et des styles. Parler de polar régional serait absurdement restrictif, puisque de réels talents se sont affirmés au sein de cette collection. Celle-ci atteint désormais son quarantième titre (et ne s’arrêtera pas là, soyons-en sûrs). Petite présentation des titres récents.

n°39 : "Risquons-Tout", d’Yves Baudrin. Le quartier frontalier du Risquons-Tout à Tourcoing est au coeur de l’intrigue du premier livre du Lillois Yves Baudrin. Il s’agit d’un roman noir très sombre, plongeant dans les profondeurs de l’âme humaine. Chargé d’enquêter sur la mort d’un ami de son frère, Teo Troublet, policier à Tourcoing, ne sait pas qu’il va déterrer un vieux secret de famille. Au départ, ça semblait être un banal règlement de comptes entre petits trafiquants dans le quartier du Risquons-Tout. Confronté à des individus appartenant à la pègre internationale, qui usent d’une violence froide et méthodique, Teo va découvrir la face sombre de son propre père. Un récit noir, halluciné jusqu’à la confrontation finale.

n°40 : "Mort sur la Lys", de Léo Lapointe. Un meurtre commis dans une entreprise textile en crise, tel est le point de départ du nouveau roman policier de Léo Lapointe, figure du polar nordiste. Située au bord de la Lys depuis trois générations, la teinturerie Desprairie s’apprête à vivre des heures difficiles. Son patron a décidé de réunir le personnel pour lui annoncer une nouvelle capitale, la délocalisation des activités en Inde. Mais son neveu est retrouvé mort dans l’usine. Règlements de comptes dans le monde du textile et luttes pour le pouvoir à l’heure de la mondialisation sont au coeur de cette affaire. Sur les bords de la Lys, le détective s’appelle prosaïquement Bernard, policier apparu dans "La tour de Lille" (2007), précédent roman de l’auteur. Léo Lapointe s’est fait connaître en 2005 avec "Le vagabond de la baie de Somme", premier titre publié dans la collection polars en nord.

Partager cet article
Repost0
2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 06:14

 

Yann Venner vient de publier aux éditions Le Cormoran (distribué par Coop-Breizh) “Lumière pour les oubliés”. L’histoire se passe au printemps 2006. Nous y retrouvons les héros des trois précédents romans de Yann Venner. Cette fois, l’affaire est encore plus grave. Il s’agit du sort des sans-papiers, qu’ils survivent à Trélouzic, Lannion ou ailleurs. Fanch Bugalez et sa compagne Gwendoline, avec leur vieil ami Eugène Cabioch, sont témoins d’un drame qui empoisonne toute la région. Un écrivain haïtien et une directrice d’école ont été assassinés, et la situation semble vouloir dégénérer encore davantage. En Bretagne où des êtres humains de diverses origines sont venus se réfugier, l’affaire fait grand bruit. Dans une Europe devenue forteresse, oubliant toute idée humaniste, partisans et opposants de la politique d’immigration font entendre leur voix. Faire la lumière dans cette affaire ne sera pas simple pour le commissaire Cesare Le Tellier.

Dans la postface, Yann Venner explique sa démarche concernant ce nouveau roman : “La liberté de circulation n'est pas encore reconnue comme un droit universel pour les personnes qui quittent leur pays pour des raisons économiques, politiques, climatiques ou tout simplement pour tenter leur chance ailleurs. Sur tous les continents, on observe ce phénomène de rejet, de racisme ou de violences qui prennent pour cible ceux qui semblent tirer parti des ouvertures internationales qu'offre la mondialisation. Les arguments sécuritaires, la transformation en bouc émissaire de ceux que l'on nomme abusivement clandestins, les inquiétudes en matière de préservation des acquis sociaux, les enjeux identitaires, sont tous des thèmes qui alimentent les discours politiques et les imaginaires sociaux quand on aborde la question des migrations. Ce roman ne tente pas de poser ces questions et d'y répondre. Il est une tentative d'écriture de l'histoire du temps présent, écriture ayant pour trame une narration fictive et pour fil rouge le dialogue interculturel. Loin des artifices de la littérature engagée, loin d'un choc des cultures – expression imbécile assénée à tort et à travers – l'auteur souhaite que le principal héros de ce livre soit le langage, rien que le langage – la langue propre d' un écrivain.” 
Un précédent article en cliquant ici Trois livres de Yann Venner


Partager cet article
Repost0
1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 06:49
 

Sur la côte vendéenne, Tébrignoles-sur-Mer est une charmante station balnéaire. “Le Cercle des potes disparus” y réunit des retraités qui estiment ne pas être encore totalement dépassés. Louis, Tiroir-Caisse, Émilie, Francine, Pierrot, et leurs amis sont des bons vivants, qui aiment faire la fête ensemble. C’est la chronique des mésaventures de ces seniors que nous raconte Christian Denis dans le premier volume (“Le Cercle des potes disparus”), paru en 2003, toujours disponible. Des péripéties plus comiques que tragiques, il faut l’avouer. Car ils sont volontiers farceurs, ces aimables anciens. Ils jouent à modifier les affichages, afin d’obtenir un effet souriant (on annonce une conférence sur l’athéisme ou sur l’athlétisme ? Le maire pense aux élection ou aux érections ?). Mais ils ne se laissent pas marcher sur les pieds, Louis et ses amis. Qu’une bande de vils loubards à motos les provoquent, et ils ne tardent pas à réagir. C’est que Tiroir-Caisse est un ancien pharmacien, qui connaît les vertus de la digitaline et de quelques médicaments bien dosés. Ses amis ayant péri de noyade ou d’accident, le chef de la bande motorisée s’attaque à Pierrot, qui ne s’en remettra pas. La vengeance s’impose… Un an plus tard, alors que Marthe (dite La Pythie) a rejoint le Cercle, un nouveau problème se présente. Alors que le groupe visite un monastère, assistant à “l’extase d’un oblat”, Louis reconnaît ce vrai-faux religieux, qui fit partie de la Gestapo française, rue Lauriston… Dans la région de Tébrignoles, les deux frères Récolet sont des ivrognes connus de la Justice, qui s’amusent à tirer sur les chats. Celui d’Émilie est victime de leurs plaisirs malsains. Les amis du Cercle décident de réagir…

Aujourd’hui, Christian Denis nous propose une nouvelle série d’aventures, avec les mêmes retraités, plus quelques membres supplémentaires (“Le Cercle des potes disparus - 2”). Le jeune abbé Biroteau déprime, car il n’a guère de paroissiens à la messe. Grâce à un érudit, Sylvère, qui connaît l’importance du surnaturel dans toutes les religions, le Cercle va trouver une solution spectaculaire. L’ancien pharmacien Tiroir-Caisse n’ignore pas les effets des alcaloïdes de l’amanite tue-mouche. Et puis les miracles hallucinatoires, c’est bon pour le commerce local, n’en déplaise au diacre qui dénonce l’affaire au maire... Par ailleurs, Marika (jeune protégée hongroise du Cercle, qui vit à Nantes) a des problèmes de salubrité dans le vieil immeuble où elle est locataire. La propriétaire est une riche dame célibataire de 65 ans, d'un déplorable esprit petit-bourgeois. Elle est réticente à engager des travaux. Louis et Tiroir-Caisse se doivent d'intervenir... La mairie de Tébrignoles offre aux membres du Cercle des vacances dans une belle villa, à La Tranche-sur-Mer. Une manière de les éloigner un peu de la vie locale. Leur voisin est un riche homme d'affaire retraité, qu'ils baptisent bientôt “Stock-option”. Par l'intermédiaire de son chauffeur black, le sympahique Bonaventure, il affirme être gêné par leurs petites fêtes autour du barbecue. Pour l'amadouer, le Cercle lui envoie la jeune Marika. Dont “Stock-option” tombe vite amoureux. Mais, dans certains cas, les “parachutes dorés” sont moins utiles que les vrais... De retour à Tébrignoles, le Cercle organise une nouvelle fête. A la suite de laquelle, l'abbé Biroteau va être traumatisé par une scène érotique fort troubante...
On l'a compris, chaque “épisode” ne manque ni d’humour, ni d’agitation. De savoureux polars humoristiques. Ces deux livres sont publiés aux éditions ECD : contacter Christian Denis : 06.79.45.04.43. Un précédent article sur ses autres romans, cliquer ici Un auteur : Christian Denis

Partager cet article
Repost0
28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 07:57
 

Né en 1970, Laurent Fétis publia très tôt ses premiers romans, devenant un des plus jeunes auteurs de la Série Noire, dès 1992. Claude Mesplède dit de lui: « Laurent Fétis, jeune auteur dont les productions se font malheureusement trop rares, figure parmi les plus doués de sa génération ». Deux (courts) romans récents de cet auteur méritent l’intérêt.
Un grand bruit blanc” (Éd. Mare Nostrum, 2007, Polar Rock n°2). Bien quayant peu de thunes, la blonde Aurélie (27 ans) et sa brune copine Amandine sont des habituées des soirées parisiennes. Elles sont admises sans problème dans tous les clubs aux ambiances techno électro-rock. Leur ami Phil propose à Aurélie de dealer un produit stupéfiant, le Trèfle Blanc. Une drogue chère, mais puissante. Krim, le fournisseur, a la réputation dêtre un dur. Il cherche des vendeuses ayant de l‘allure, pour une clientèle aisée. Aurélie accepte, constatant immédiatement que ce Trèfle Blanc plait aux acheteurs. Noir à forte stature, Harry est chef de la sécurité du club le Kargo. Ayant éjecté un jeune dealer, il est victime dune expédition punitive. Hospitalisé, le voilà désormais amnésique et borgne. Il ne reconnaît ni sa famille, ni son patron, mais Harry garde le souvenir très précis de ses agresseurs.Grand cyclope éclopé, il retourne vivre avec son épouse et leur fils. Il éprouve un violent besoin de vengeance, séquipe pour rôder autour du Kargo, afin dy repérer ceux qui lont attaqué. Un psy lui conseille de se changer les idées grâce à la lecture. Harry nest pas contre, lui qui aime lire à son fils Le Chevalier féerique. Pour Aurélie, le bizness fonctionne bien, vu quelle a lexclusivité du Trèfle Blanc sur Paris. Sans la désapprouver, Amandine prend un peu ses distances avec son amante. Harry, lui, apprend quil a écrit des romans par le passé… Derrière la futilité des clubs branchés et les glauques trafics de substances chimiques, les portraits de Harry et dAurélie sont dune subtile précision. Le videur est un écrivain qui na pas persévéré. Lareine de la nuitperd plus quelle ne gagne en écoulant son produit. Mais leur sombre destin comporte aussi de souriantes facettes.
Le tacot d’Elsa Lambiek (Éd. La Branche 2008, Suite Noire n°27). Jacques entame sa dernière année de fac de Droit à Rennes. Avec ses meilleurs copains Fred et Miguel, ce sont des habitués des fiestas les plus déjantées. Ils ont lintention de séclater à lextrême durant lultime période qui les réunit. Fred, lintello du trio, est un admirateur des monstrueux serial killers. Bien que fiancé à la ravissante Sarah, Miguel reste un séducteur impénitent. Quant à Jacques, il a besoin d’un cocktail dalcool et de produits stupéfiants pour que la fête soit réussie. Il est attiré par la belle Sophie, qui organise régulièrement des soirées chez elle, mais ne concrétise guère. Une jeune étudiante singulière a rejoint leurs cours. Belge de la région de Namur, elle suit un programme Erasmus. Elle loge dans une chambre minable chez un vieux pervers, car elle dispose de peu de moyens. Jacques tente de cerner la personnalité de cette Elsa Lambiek,une meuf zarbos genre freakde lavis général, pas très jolie, mal habillée, froide et réfractaire à la coquetterie. Malgré tout, Jacques finit par sympathiser avec Elsa. Il lamène même dans une soirée. Le comportement méprisant dun ami de Sophie, Romain, déplait fortement à Elsa. Quelques jours plus tard, elle massacre le cabriolet rutilant du jeune friqué. Gilbert, ami belge dElsa, vient darriver à Rennes. Elle ne tarde pas à sinstaller avec lui. À cause du provocateur Gilbert, Fred et Miguel prennent leurs distances. Peut-être pas encore assez… Dans cettecomédie horrifiquesur fonds de nuits de fête et d’excès, Laurent Fétis nous fait partager (avec une certaine espièglerie) la fascination du héros pour cette jeune femme hors norme. Malgré ce fond de cruauté en elle, Elsa reste attachante par son côté rebelle. Jusquà là, le portrait est nuancé. Avec l’arrivée de Gilbert, amateur de jeux scatologiques, la situation ne peut quempirer. La référence aux films gores, glauques, à prendre au second degré, est explicite. À lire donc comme tel, afin de savourer pleinement.

Partager cet article
Repost0
27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 07:20

Avec une héroïne qui n’est pas sans rappeler Hannibal Lecter, Chelsea Cain nous propose deux suspenses solides et convaincants, dans la meilleure tradition du thriller.
L’étrange relation entre la redoutable Gretchen Lowell et le policier Archie Sheridan commence dans
Au cœur du mal” (Fleuve Noir 2008, Pocket 2009) D’une beauté fascinante, Gretchen Lowell est une femme extrêmement dangereuse. L’inspecteur Archie Sheridan, de Portland (Oregon), a traqué pendant dix ans cette tueuse qui a fait plus de 200 victimes. Il connaît bien ses méthodes, gravées en lui pour toujours – sa poitrine porte la cicatrice en forme de cœur que Gretchen a dessinée avant de lui administrer une injection mortelle. Nul ne sait pourquoi elle lui a laissé la vie sauve. Deux ans plus tard, Gretchen est en prison mais Archie reste marqué. Sa vie de famille s’en ressent, et la relation perverse qu’il entretient avec son ancienne tortionnaire le trouble énormément. Il est chargé d’enquêter sur une nouvelle affaire de serial killer. La jeune journaliste Susan Ward s’intéresse de près aux affaires qu’il traite, elle aussi. Dans sa prison, Gretchen n’en reste pas moins une menace…

On retrouve les mêmes personnages principaux dans “L'étreinte du mal (Fleuve Noir, 2009) Archie Sheridan est toujours hypnotisé par Gretchen Lowell. Malgré tout, il tente de revivre avec sa famille. Affaibli, il a repris son poste à la Brigade Spéciale de Portland. Son collègue et ami Henry essaie vainement de l'écarter de Gretchen, qu'Archie a continué à rencontrer au pénitencier. Le cadavre très abîmé d'une femme est découvert à Forest Park. Une enquête qui devrait occuper en priorité Archie. D'autant que, grâce à un curieux témoignage, deux autres corps sont bientôt retrouvés non loin de là. S'agit-il vraiment d'une prostituée et d'un SDF ? Admiratrice d'Archie, la jeune journaliste Susan Ward a écrit un article incriminant le sénateur Castle. Il fut longtemps l'amant d'une mineure, Molly, qui a accepté de tout raconter à Susan. Pour l'instant, le supérieur de Susan bloque cet article. Parker, le mentor de la jeune femme, et Castle trouvent la mort dans un accident de voiture. Le journal préfère glorifier le sénateur que de sortir le dossier scandaleux... En prison, Gretchen est agressée dans des circonstances incertaines. Henry décide d'un transfert. Ce que la démoniaque Gretchen avait prévu. Elle en profite pour s'évader. La police doit intervenir à l'école des enfants d'Archie, craignant que Gretchen s'en prenne à eux. L'enquêteur et sa famille sont en danger. Susan et sa fantasque mère sont aussi menacées...
Des thrillers efficaces, entre tension et mystère !

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/