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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 06:14
 

Basés à Nice, Mémoires Millénaires Éditions présente des livres couplant un dossier scientifique et un roman historique à suspense. Une approche qui permet de retracer des situations au plus près de leur contexte d’époque. Voici leurs romans récents.

Fabrice Anfosso : "Le Manuscrit de la Porte" (2008, dossier scientifique dirigé par Marc Bouiron). Juillet 1406. S’opposant au pape élu Innocent VII, le schismatique Benoît XIII s’installe au château de Nice. Narrateur des faits, l’Officier de garde (au service du sénéchal et du viguier) est chargé de veiller sur le pontife. Dans le même temps arrive à Nice sœur Colette, future sainte, venue proposer à Benoît XIII d’importantes réformes religieuses. Comme le pape autoproclamé, l’Officier est fort impressionné par la jeune femme - qui a la réputation de faire des miracles. Plusieurs cardinaux proches de Benoît XIII décèdent en quelques jours. Leur mort est attribuée à la peste, qui sévit partout. L’Officier doute, certains signes ne correspondant pas à la maladie. Les quatre défunts cardinaux s’étaient déclarés contre les réformes voulues par sœur Colette.
Si le viguier Barthélemy Provana préfère parler d’acte divin ayant châtié les prélats, les indices relevés sont bien humains. Malgré tout, l’Officier est décidé à poursuivre son enquête. Difficile pour lui de suspecter sœur Colette. Il déjoue une tentative d’empoisonnement contre lui-même, semblant prouver que l’ennemi entre aisément au château. Dans son sommeil, l’Officier reçoit un message de Dieu, lui donnant mission de découvrir la vérité. Il se réveille avec les stigmates du Christ. Exhumant le corps du premier cardinal, il comprend la méthode d’empoisonnement. Bien que le cardinal Michel de Salva fasse partie des quatre victimes, ce fut lui qui initia le complot. Sans doute visait-il aussi Benoît XIII. Il existe donc un second assassin, menant un autre jeu…

Ugo Bellagamba : "La 8e colline de Rome" (2009, dossier scientifique dirigé par Monique Jannet). En l’an 268, la mort de l’empereur romain Gallien entraîne de nouveaux bouleversements au sein du pouvoir. L’ex-impératrice Cornélie Salonine a fui Rome, accompagnée de sa servante Tertia, du fidèle Primo. C’est le guerrier goth Quintus qui assure la sécurité de Cornélie. Leur convoi arrive incognito, de nuit, à Cemenelum (Cimiez). L’impératrice se place sous la protection du gouverneur Aurelius, qui lui prête sa propriété. Afin de rester anonyme, elle se fait passer pour une veuve, riche donatrice finançant l’extension des thermes de la ville. En visitant le chantier en question, Cornélie croise un artisan chaufournier, Nertovalus, qui l’impressionne et la charme. Si la famille Fabii contribua à l’essor de la cité, cet homme est issu de la tribu qui fonda Cemenelum. La confiance s’établit bientôt entre Nertovalus et Quintus. Bien que sujet de l’empire romain, Nertovalus appartient à la nouvelle mouvance religieuse, les chrétiens.
Venant de Syracuse, le jeune esclave Hector (13 ans) est un enfant cultivé et philosophe. On va l’employer aux thermes de Cemenelum, où - rebaptisé Sixte - il sera au service des patriciennes fréquentant les lieux. Très vite, Cornélie devient son unique cliente. L‘ex-impératrice a senti que cet enfant l’aiderait à surmonter ses peines, et à comprendre cette religion des chrétiens que le défunt empereur Gallien tolérait largement. Quelques décades plus tard, un centurion et ses troupes arrivent à Cemenelum. L’émissaire de Rome recherche Cornélie. Le gouverneur prétend qu’elle n’est pas restée ici. Mais cet homme de pouvoir doit aussi ménager ses intérêts, quitte à trahir Cornélie. Grâce à Nertovalus et à Quintus, l’impératrice trouve refuge dans les quartiers modestes de la ville…

On retrace ici l’arrivée progressive des chrétiens, le travail artisanal de construction, et l’activité des thermes. Ensuite, la fiction constitue une très bonne illustration de la vie en ces temps lointains. On entrevoit le bas peuple, esclaves et prostituées, et surtout la caste des patriciens, bourgeoisie gallo-romaine. L’avènement de chaque empereur romain entraînait une succession tragique, sanglante. Le récit nous aide à percevoir ces drames. 
Les prochains livres dans cette collection... en novembre 2009 : "Le dernier Rempart - La chute du château de Nice en 1692" par Fabrice Anfosso (roman) et Marc Bouiron (Dossier Science) - en juin 2010 : "Le Rattachement de Nice à la France en 1860" à l'occasion du 150e anniversaire par Louis-Gilles Pairault (Roman) et Hervé Barelli (Dossier Science)

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 06:19
 

Christian Denis vient de publier son 21e livre, "De Préfailles en Saint-Nazaire" (chez ECD). S'il nous propose souvent des thrillers souriants, ce roman est animé par une intrigue un peu plus sombre et mystérieuse. On y retrouve cette fluidité narrative, ce tempo souple qui donne de la légèreté à ses récits.

Architecte aux chantiers navals de Saint-Nazaire, Julien habite à Préfailles, au sud de l’embouchure de la Loire. Homme mûr, ce veuf vit seul chez lui, mais possède quelques amis. C'est par hasard qu'il rencontre un jour la jeune Aurore, 28 ans, qui vient de Grenoble. Aurore se promène à vélo dans cette région de Pornic. Après une soirée au restaurant, Julien héberge la jeune femme. Son passage risque d’être éphémère car elle s’en va dès le lendemain. Quelques jours plus tard, Aurore re-contacte Julien. Elle réalise que sa présence rend Julien heureux et, elle aussi amoureuse, s’installe bientôt chez lui. Aurore est bientôt attaquée dans le jardin de Julien. Bien que témoin, il ne voit pas l’agresseur. Sa version n’est pas crédible pour les gendarmes, qui soupçonnent vite Julien. Même son avocat n’est pas sûr du témoignage de son client. Hospitalisée, Aurore elle-même suspecte Julien. Des faits étranges se produisent dans sa chambre d’hôpital, mais nul n’a vraiment envie de chercher une explication. Julien en arrive à se demander s’il n’a pas commis inconsciemment cette agression. Alors que la juge d’instruction va l’inculper, deux militaires interviennent pour que Julien n’ait pas d’ennuis. À leur insu, Aurore et Julien sont mêlés à un projet secret, dont le mari de la jeune femme est l’un des protagonistes. Bien que protégé par des gardes du corps, le couple n’est pas à l’abri d’adversaires malintentionnés...

Pour Action-Suspense, Christian Denis a répondu à quelques questions.

Y a-t-il un mot que tu aimes particulièrement, et un autre que tu détestes ?

Christian Denis : J'aime bien porcelaine qui évoque ce qu'il y a de plus fragile, de plus délicat, alors que son étymon latin porcella signifie vulve de truie – ce qui est assez différent. Je déteste le nouveau verbe impacter, il me fait trop penser à empaqueté. 


Quelle est ton occupation préférée, à part écrire ?

C.D : Manger des huîtres, écouter de la musique concrète et répétitive, ou en écrire moi-même.

Quel est le seul romancier dont tu ne te lasses jamais ?

C.D : Balzac. J'ai tout lu. Dans les temps jadis, je sévissais pour la revue L'année balzacienne, éditée aux Presses Universitaires de France.

Aimes-tu les personnages que tu décris dans tes romans ?

C.D : Oui, surtout les plus décalés, les anarchistes de droite et les plus hara-kiriesques, si je peux me permettre ce néologisme.

Quand écriras-tu un gros roman de 500 pages ?

C.D : Je ne sais pas, mais je me dis qu'un si gros roman doit coûter cher au lecteur vu l'augmentation du prix du papier, et je suis partisan du polar pas trop cher.

Es-tu capable de définir ton principal trait de ton caractère?

C.D : L'opiniâtreté, ça contient de l'entêtement, mais c'est utile quand on veut s'en sortir.

A part toi-même qui voudrais-tu être ?

C.D : Un compositeur à la Pierre Schaeffer.


Quelle faute t'inspire le plus d'indulgence chez les autres ?

C.D : La négligence des accessoires orthographiques, parce qu'elle provoque involontairement des cocasseries telles : le palais des congres, l'entreprise de maconnerie.

On peut commander les romans de Christian Denis au 06.79.45.04.43
cliquez sur ce précédent article concernant Christian Denis 

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 07:07
 

Pascal Polisset est un lecteur avisé, qui connaît et admire de longue date l'oeuvre de Patrick Mosconi. Il rend ici hommage aux deux derniers romans parus de cet écrivain. C’est avec plaisir qu’Action-Suspense laisse la parole à l'ami Pascal.


« Patrick Mosconi est un écrivain, à la fois, intriguant et passionnant pour au moins deux raisons.

D’abord parce qu’il écrit rarement. Ce qui pourrait n’être que le fait des éditeurs est, en fait, la conséquence d’une foule d’autres vies sourdes et passionnées qui mènent pas à pas, l’homme dans l’ombre et l’envahissent à la limite de la rupture d’existence. Heureusement et malgré lui, ces vies exigent, pour se poursuivre, quelques éclats sombres qui le ravivent et lui imposent quelques trop courts retours au pas ou au galop, l’auteur ignorant le doux balancement d’un trot de longue haleine.

Ses deux derniers livres : “Sans mot dit” (Editions La Branche, coll. Suite Noire) et “Mélancolies” (Seuil, coll. Romans noirs) écrits coups pour coups, le réinventent, en même temps qu’ils le réinvitent sur les festivals, sur les rayons des libraires.

Dernièrement, au festival du roman noir de Frontignan, un ami commun me disait : « Mosco écrit toujours la même chose depuis trente ans ». J’ai trouvé cette phrase d’une incroyable justesse : sous couvert d’un humour acide, le frère commun définissait cet écrivain.

Patrick Mosconi écrit une incessante invitation à un détour de lecture, un peu comme ces bras de fleuves que les aménagements ont mis en marge du cours principal, et qui reviennent lentement, inlassablement au cours principal pour donner leurs eaux jusqu’à l’estuaire, jusqu’à la mer immense. Dans ces bras, que les aménageurs nomment « morts », les naturalistes savent retrouver toute l’histoire du fleuve, toutes ces espèces vivantes qui ont été mises au rencard des exigences économiques et qui s’immiscent en permanence pour redonner de la vie au cours principal. Dans ces bras, au bout des doigts de l’écrivain, un clavier pour outil, ce sont ces vies reléguées qui imposent leurs existences face au flux tendu des certitudes imposées et si débilitantes.

Dans “Sans mot dit” l’auteur balade ses personnages au gré des événements et des misères qui les ont créés. Dans “Mélancolies”, nous sommes dans un huis clos, plus précisément dans plusieurs cercles clos. Chaque personnage reste confronté à sa propre histoire et se retrouve « hors de lui », obligé de « partager » ce qui lui est le plus personnel.. tout autour d’un silence pesant.. d’une incroyable convergence.

Ce qui est essentiel dans l’écriture de Patrick Mosconi c’est que, si « il écrit toujours la même chose depuis trente ans.. », la petite musique de fond de ces livres oblige de changer de disques pour les mieux apprécier. Pour ce nouvel ouvrage, j’ai choisi a contrario : Paolo Conte. Cela m’a aidé à passer les épreuves du récit. »

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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 06:16
 

Léo Tanguy est un cyber-journaliste exerçant en Bretagne. Beaucoup d’abonnés suivent ses enquêtes sur son site internet. Créé par Gérard Alle, Sylvie Rouch et Denis Flageul, ce héros de fiction poursuit ses aventures sous la plumes d’autres auteurs (dont Jean-Bernard Pouy et Thierry Daubrège. Intéressons-nous à l’épisode écrit par Jean-Noël Levavasseur : “Irish confit”  (Coop Breizh , 2009).

Léo Tanguy et son copain irlandais Sean se connaissent depuis l’époque où Belfast était encore minée par la guerre civile, il y a 25 ans. Par tradition familiale, Sean s’engagea pour la cause de son pays. Il passa de longues années en prison, avant de s’expatrier en Arizona. En provenance des Etats-Unis, le musicien Sean débarque en Bretagne pour une série de concerts dans des bistrots, une tournée de quinze jours organisée par Léo Tanguy. Pendant ces deux semaines, Sean va donner ses impressions sur le blog du site Internet de Léo. Au bout de quelques jours, Katell accompagnera Sean, afin de libérer Léo. En effet, le journaliste poursuit un reportage sur l’adaptation des Anglais en Bretagne.

Ambiance normalement agitée pour les premiers spectacles de Sean. De passage chez les parents de Léo, qui le considèrent comme un second fils, l’Irlandais sympathise même avec les amis Anglais du couple. Martin et Jennifer sont culturellement ouverts. Par contre, Léo relève sur son site Internet des messages menaçants signés Brian DeFreitas, un homme mort depuis longtemps, à Belfast. Au concert de Vannes, des Anglais malintentionnés cherchent la baston, mais ils sont vite calmés. Simple incident de parcours ? Léo et Katell s‘inquiètent. Les mêmes hooligans se manifestent au spectacle de Lorient, sans violence. Le Professeur Hugh Cornell, qu’interroge Léo, affirme que la grande majorité des Anglais installés en Bretagne sont pacifiques, même les paresseux qui n’apprennent pas le français. Néanmoins, certains peuvent avoir des choses à cacher, et des “enclaves autonomes anglaises” existent. Telle l’île d’Arz, dans le golfe du Morbihan, dirigée par Gordon Johnston. À Concarneau, les perturbateurs anglais sont rapidement refoulés du concert de Sean. Mais Léo et ses amis ne sont pas à l’abri de nouveaux et gros ennuis…

Ce “Tro breizh” (tour de Bretagne) de Sean est l’occasion de visiter quelques pubs connus. Et de se poser la question d’un éventuel envahissement britannique dans cette région. Par ailleurs, on retrouve quelques-uns des sympathiques seconds rôles habituels de la série, vite devenus familiers aux lecteurs. Sur une intrigue plutôt solide, entre flash-backs et interventions de Sean sur son blog, le récit progresse à bon rythme.

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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 06:15
 

Dimanche 12 juillet vers 22h50, France 2 diffuse le deuxième téléfilm de la collection Suite Noire. C’est une adaptation du roman de Chantal Pelletier "Tirez sur le caviste", publié aux Éditions La Branche. La réalisatrice Emmanuelle Bercot a choisi l’un des livres les plus savoureux de cette série. La tonalité caustique de cette histoire carrément amorale est vraiment très réussie. Avec, dans le rôle du caviste sanglante victime, un nommé Jean-Bernard Pouy, comédien à ses heures. Au-dela du clin d'oeil, nous avons là un scénario fort, dans le meilleur esprit du roman noir. Un téléfilm à ne pas manquer.

Voici un large extrait de la chronique que j’ai consacré à "Tirez sur le caviste" en 2007, pour rayonpolar.com.

« Ce vigneron de Bourgogne est un gastronome ; ou plutôt un maniaque de la bonne cuisine, un “tatillon de la papille”. Un jour, il abat sa femme, qu’il estime mauvaise cuisinière depuis trop longtemps. Elle manquait autant de talent culinaire que de goût vestimentaire. Cacher le cadavre n’est pas un problème : les caves du vigneron sont vastes et équipées. A son ouvrier Christian, un peu simplet, il dit que son épouse est partie au Rwanda. L’humanitaire, c’était la passion de sa femme. Il finit par se convaincre qu’elle effectue réellement une longue mission là-bas.

A Macon, le vigneron croise par hasard une jeune paumée, Aline. Cette fille, il devine que c’est une cuisinière douée, l’aubaine du gourmet. Elle est réticente quand il veut l’engager, mais accepte. Au début, il doit la mater, l’adapter à ses horaires et à ses désirs gustatifs. Au besoin, une bonne torgnole la remet dans le droit chemin. Christian va aider Aline pour le jardin. On y cultivera légumes et plantes nécessaires aux mets à venir. Puisqu’on collecte des vêtements pour le Rwanda, le vigneron charge Aline de trier ceux de son épouse, avant de les lui expédier.

Les artichauts à la barigoule ratés, ce n’est pas plus appétissant que de la pâtée pour chiens. A cause de ce plat infect, le vigneron s’énerve. Il sort son flingue, visant la jeune cuisinière. Il ignore que, si tout le monde a un passé, celui d’Aline fut très particulier… La pulpeuse Vanessa avait des projets au Portugal. Avec son amante, elles braquèrent un caviste afin d’avoir le fric pour le voyage. Elle claquèrent cet argent dans un hôtel de Macon. Finalement, Vanessa fila seule vers Lisbonne, abandonnant sa compagne. Cette dernière fut embauchée par un vigneron, qui exploita ses capacités culinaires. Elle économisa son salaire pour rejoindre Vanessa. En triant les vêtements de la femme de son patron, elle découvrit le pactole caché par la disparue du Rwanda. Quand le vigneron la visa avec son arme, il ne savait pas qu’Aline avait déjà quelques meurtres à son actif (…)

Le portrait de ce gastronome égoïste est un régal : “J’avais effectivement tendance à être un peu intransigeant avec la nourriture, ce qui me paraissait normal (…) je mangeais quatre fois par jour, je ne voyais pas pourquoi il aurait fallu que je cauchemarde des milliers de fois par an.” Quant au cordon-bleu qu’il déniche, ce n’est pas exactement la jeune femme soumise qu’il imagine. »

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 06:10
 

Francis Zamponi a étudié toutes les facettes d’une manipulation qui n’a pas atteint son objectif : l’affaire Markovic, parfaite illustration des plus sombres combinaisons dont l’état gaulliste était coutumier. Notre boulot n’est pas de faire éclater un scandale public. Il est de mettre Mazarin [Pompidou] hors-jeu. Lorsqu’il saura que tout a être découvert, il abandonnera la politique en échange de son impunité. Ceux qui nous dirigent n’en demandent pas plus explique ici le principal organisateur du complot. C’est une reconstitution des faits, sous forme de roman-vérité, que nous présente l’auteur de "69, année politique" (Seuil, 2009).

En 2008, Joseph Cladère - un ancien officier des Services de Renseignements français - est inculpé pour des malversations et incarcéré. Le septuagénaire dispose de sérieux atouts, des éléments remontant à quarante ans. Cladère fut impliqué dans les secrets de l’affaire Markovic. Il fait parvenir à la juge d’instruction, un par un, ses cahiers retraçant la face cachée de ce dossier qui fit scandale à l’époque. Un Yougoslave nommé Markovic est retrouvé mort dans les Yvelines, début octobre 1968. Le jeune policier Rioullens est chargé de l’enquête, avec son collègue expérimenté Parrant. Markovic est domicilié chez le couple d’Alain Delon, dont il est censé être l’homme à tout faire. On ne lui connaît aucune autre activité précise. Rioullens espère que la housse à matelas enveloppant le corps lui offrira une piste, mais c’est improbable.

En coulisse, ce décès donne des idées aux purs gaullistes, qui détestent Georges Pompidou, possible successeur du général. L’ancien premier ministre n’est pas un ex-Résistant, c’est un intellectuel qu’ils trouvent trop conciliant avec les communistes (en ces temps de Guerre Froide). Entouré d’une poignée de mousquetaires, Joseph Cladère met en œuvre une manipulation visant Pompidou. Cette Opération Mazarin est menée en concertation avec Brulard, patron des Renseignements Généraux. Leur Milady se nomme Monique Darbet. Vaguement attachée de presse dans les milieux artistiques, son rôle consiste à propager des rumeurs. Le journaliste Falleix, du Figaro, est un proche de Pompidou. À Falleix et à son fils, Monique Darbet laisse entendre que les soirées des couples Delon et Pompidou cachaient des partouzes. On utilise même des photos bidonnées pour le prouver. Markovic exécuté pour avoir voulu faire chanter ces hautes personnalités ? Le témoignage de Boris Ackov, un Yougoslave emprisonné, ne convainc pas les policiers Rioullens et Parrant.

La piste de Marcantoni, un truand protégé par ses antécédents de Résistant, ami de Delon, serait plus crédible. Qu’importe la vérité : Cladère fait remonter tous les éléments accablants pour Pompidou, avec l’aide de Brulard. Durant le week-end de la Toussaint 1968, le Général de Gaulle est informé des faits (truqués) et se montre sévère avec Pompidou. D’abord choqués, l’ancien premier ministre et son entourage réagissent bientôt face à la calomnie. Cladère se sert aussi de l’action en justice du frère de Markovic. Pourtant, début 1969, alors que Pompidou se pose ouvertement en successeur de De Gaule, l’opération psychologique s’avère un échec. Cladère veut encore y croire.

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 10:15
 

Créée et dirigée par Jean-Bernard Pouy aux Éditions La Branche, la collection Suite Noire connaît un beau succès. Hommage à la célèbre collection de Gallimard fondée en 1945 par Marcel Duhamel, Suite Noire convie tous les auteurs français ayant été publiés dans la Série Noire à signer un court polar, incisif et rythmé, reprenant sous forme d’allusion (allitération, jeu de mots ou homophonie) ses titres les plus fameux. Des livres dans lesquels les auteurs utilisent le genre noir pour porter un coup de projecteur sur les dérèglements de notre société.

Huit téléfilms innovants et décapants de 60 minutes adaptés de ces romans noirs ont été réalisés par des cinéastes. Chaque film est le fruit de la rencontre volontaire entre un réalisateur venu du cinéma et l’un des livres de la collection Suite Noire. Il s’agit donc bien de huit oeuvres originales où, tout en jouant avec les codes du film noir et de la série B, chaque réalisateur a eu à coeur de faire une création personnelle, innovante, libre. Originalité de ses tandems romanciers/cinéastes, richesse de ses castings, pluralité des univers et des sujets abordés, vraie liberté de ton et de mise en scène, admettant la distance, l’humour, l’outrance, la provocation voire la transgression : tel est le projet de ces téléfilms. Une nouvelle génération d’oeuvres noires, à déguster sur France2 dès le dimanche 5 juillet, vers 22h50.

Pour mémoire, voici ma chronique concernant On achève bien les disc-jockeys, de Didier Daeninckx (2006), premier roman adapté de cette série.

Sur une radio associative contestataire, Crista anime chaque vendredi soir une émission destinée aux détenus, Levée d’écrou. Certains l’appellent en cachette depuis leur prison, grâce à des portables bricolés. Manu fait partie des fidèles de ce programme, qui dénonce les tares de la vie carcérale et de la justice. Dès sa sortie, Manu rencontre Crista à la radio. Il admet appartenir à la petite délinquance, mais n’a pas mérité son séjour en prison. Crista et lui passent le week-end ensemble, chez elle. Manu connaît Baquery, le responsable de la radio. Ils ont un passé militant en commun. Maîtrisant l’informatique, Manu propose de créer à peu de frais un site Internet pour la radio. L’initiative plait à Baquery. Afin d’assurer le contenu du site, Manu discute avec chacun des animateurs. D’une large diversité, tous sont très motivés par leur action. Manu acquiert vite une belle notoriété auprès d’eux. Il continue à vivre avec Crista. Manu possède un lot de portables top niveau, des téléphones indétectables. Ces coûteuses petites merveilles intéressent Stormy et ses amis. Il en achète dix, payées cash. Crista ignore ce trafic lucratif. Manu doit passer quelques jours en Touraine, où vit son fils de dix ans. Crista les y rejoint un peu plus tard (…)

La description de cette radio militante permet à Daeninckx de défendre des thèmes sociaux, son éternel combat. Entre autres, il souligne combien les conditions de vie pénitentiaire n’ont rien de luxueuses, il évoque une souriante « affaire Brassens », et il rend hommage au comédien méconnu Jacques Rispal. Pour autant, il ne néglige pas l’intrigue à suspense. Malgré un apparent optimisme, le destin de cette poignée de personnages ne peut qu’être sombre. Car tout est manipulation en ce monde où règne le flicage.

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 12:09
 

Les Éditions du Barbu viennent de créer leur collection Noir Express, en format de poche (consultez leur site). Deux auteurs qui ont déjà prouvé leur talent inaugurent cette collection.

Yvon Coquil : "Docks". Novy Dardoup est enquêteur pour la Société d’Assurance Mutuelle, à Brest. Il est le protégé de Chapot, le patron, car Dardoup fut le meilleur ami de son fils Pierre. Engagé dans l’activisme anar, Pierre est mort lors d’un braquage. Dardoup reste fidèle à sa mémoire. Divorcé, l’enquêteur loge chez ses amis Mathieu et Chantal, au dernier étage du bar Le Maltais. Le patron du bistrot est le champion du traficotage. Petites combines permettant à Dardoup d’être toujours habillé de luxueux costumes, et de changer fréquemment de véhicule. Dardoup a aussi la fâcheuse habitude de faire la tournée nocturne des bars, suivie de réveils éthyliques pénibles. Un incendie sur le Port de commerce. Dardoup est vite alerté. Mais les flics dirigés par Le Gall l’écartent du sinistre. Chapot lui apprend que la SAM laisse la police officielle s’occuper de l’affaire. Il est vrai que Penhors, retrouvé mort dans les décombres, était un courtier respecté du Port de co’. La curiosité de Dardoup l’amène à rôder autour des lieux incendiés. Une Porsche est cachée, bien à l’abri. Il remarque des tags qui peuvent lui donner une piste. Peu après, Dardoup reçoit un appel téléphonique anonyme menaçant. Selon la rumeur, le policier Le Gall et Penhors étaient proches. Les contrôles radicaux organisés chaque mois par le flic dans le secteur du Port gênent Mathieu et ses amis traficoteurs. Même si Chapot le fait monter en grade pour l’acheter, Dardoup continue son enquête parallèle. Alors qu’il a identifié le tagueur Bonzo, ce dernier est découvert noyé. Difficile de croire au hasard. Selon le vieux docker Gaonac’h, Le Gall fricote du louche avec le nommé Louvois, responsable logistique de la société Chic and Chicken. Après avoir été tabassé, Dardoup s’en est remis. Voilà qu’il retrouve son logement saccagé...

Les ambiances portuaires pluvieuses constituent de parfaits décors pour romans noirs. Passionné de culture polar, Yvon Coquil exploite ce climat grisâtre avec une belle réussite. Il met en scène un enquêteur d’assurances aux allures de détective privé traditionnel. Sans cacher la référence à Sam Spade, héros des romans de Dashiell Hammett, incarné au cinéma par Humphrey Bogart. Malgré quelques douloureuses mésaventures, les privés durs à cuire ne renoncent jamais. Voilà qui pourrait servir de base à un très bon scénario de film. En noir et blanc, de préférence. L’auteur nous présente aussi quelques scènes de la vie brestoise, pleines d’authenticité. Le roman noir est aussi un témoignage, Coquil ne l’ignore pas. Ce deuxième roman confirme le qualité déjà remarquée dans “Black Poher” (Prix du Goéland Masqué 2008).

Bernard Leonetti : "0666". Quinquagénaire, Marcel Dupin est détective privé à Laville. Il fantasme sur les héros, agents secrets de roman ou de cinéma entourés des plus belles femmes, qu’il ne risque pas d’égaler. Jouer à être Nestor Burma, c’est déjà ça. Marcel n’est sans doute pas aussi efficace que son collègue Anastase, détective sérieux dont il fut l’employé. Marcel a, quand même, résolu l’épineuse affaire Jason, son unique titre de gloire. En grande partie grâce à l’esprit mathématique de son neveu Édouard, brillant informaticien, il l'avoue. Les clients ne se bousculent pas dans l’officine (c’est ainsi qu’il appelle son bureau) de Marcel. Sabine de Génovis s’adresse à lui, afin qu’il retrouve sa fille disparue, Maribelle, étudiante de 26 ans. Marcel comprend bientôt qu'Anastase a abandonné l’affaire. Le père de la disparue est le patron de la société d’informatique HTC, qui emploie Édouard. Tétraplégique, ne recevant personne, Henri de Génovis reste un cerveau. A-t-on enlevé Maribelle pour viser cette grosse entreprise ? La jeune fille semblant sous l’influence d’un maître à penser, Marcel Dupin imagine l’hypothèse d’une secte. Dans l'appart' de Maribelle, l’ordinateur semble l’unique élément qui importait à la disparue, par ailleurs accro du téléphone portable. Autant de domaines auxquels Marcel est parfaitement hermétique. Un coup de main de son neveu sera le bienvenu. Anastase contacte Marcel. Il parait sur la défensive, conseillant à son ex-enquêteur de se méfier de tout, lui confiant de curieux codes. Édouard explore l’ordinateur de Maribelle. Elle fréquentait un espace virtuel, le Monde d’Henri, sorte de Second Life. C’est comme un club sécurisé où même le code 666, reçu d’Anastase, est insuffisant pour pénétrer. Il faut être connecté avec un portable de toute dernière génération. Marcel se renseigne sur 666, le nombre de la Bête, porteur de tant d’imaginaire assez malsain, symbole de cette idée de secte à laquelle tient le détective. Quant à Mme de Génovis, elle prétend que le Monde d’Henri n’est qu’un divertissement. Se concentrer sur le Monde d’Henri, y pénétrer sous avatar, c’est la bonne solution - mais elle n’est pas sans danger mortel…

Une histoire dont l’intrigue et le climat ne sont pas si ordinaires. Certes, l’auteur attribue à ce brave Marcel Dupin un petit air ridicule. Avec ce minable détective, aussi sympathique qu’incompétent, on commence dans la fantaisie, l’humour farceur. Mais, bien qu’il déplore certains usages actuels, Marcel vit au 21e siècle. Le jargon informatique le dépasse. Toutefois, il possède un bon instinct, celui de l’Être humain. Un Modérateur anonyme qui intervient sur une ligne téléphonique, ou son neveu qui s’enferme pendant deux jours dans un monde artificiel, ce sont des situations qui l'interpèlent. Et c’est ainsi qu’on avance peu à peu vers la noirceur, sur un chemin jalonné de cadavres. Une belle illustration par le polar d’un phénomène programmé, la lobotomisation de l’ensemble de la population.

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