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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 06:21
 

Pour fêter ses 30 ans, la collection Spécial-Suspense publie deux romans de très belle qualité. Voici celui de Lisa Gardner : “Sauver sa peau (Albin Michel, 2009). À ceux qui imaginent que le petit résumé suivant raconte toute l’histoire, il convient de répondre qu’ils se trompent. Ce n’est là qu’un survol, à travers les grandes lignes du scénario concocté par l’auteur. Tortueuse à souhait, l’intrigue est bien plus dense encore, plus intense.

Aujourd’hui âgée de 32 ans, Annabelle est revenue vivre à Boston. Ses parents et elle ont fui le Massachusetts vingt-cinq ans plus tôt. Elle a connu une enfance chaotique, son père décidant souvent de changer de ville. Il lui apprit à se méfier des inconnus, lui fit suivre des cours de boxe. Annabelle ne sut jamais ce que son père, universitaire ayant quitté son poste, redoutait réellement. Ce mode de vie, autant que l’alcool, furent fatals à sa mère. Quelques temps après leur retour à Boston, sous des faux noms, le père d’Annabelle mourut dans un accident. Restant en permanence sur la défensive, la jeune femme vit seule avec sa chienne Bella. À part le livreur d’UPS lui apportant des colis à domicile pour son métier, Annabelle ne cherche pas à communiquer avec quiconque.

Ancien tireur d’élite mêlé à une affaire mal éclaircie, Bobby Dodge est désormais policier. Son amie D.D.Warren, commandante de la police de Boston, fait appel à lui. Dans le quartier de Mattapan, juste à côté de l’ex-hôpital psychiatrique, on vient de faire une macabre découverte. Dans une caverne creusée et aménagée, on a trouvé les corps momifiés de six fillettes dans des sacs. Il s’agit d’enfants enlevés un quart de siècle plus tôt. Ce qui rappelle à Bobby Dodge l’affaire Umbrio. En 1980, ce type kidnappa la jeune Catherine Gagnon. Celle-ci ayant pu s’en sortir, le coupable (mort depuis) était en prison à l’époque où les six fillettes furent enlevées. Par la suite, Bobby et Catherine eurent une relation trouble. La mort brutale du mari de Catherine obligea Bobby à changer de métier.

Annabelle est censée faire partie des six victimes. En réalité, c’est son amie Dori Petracelli qu’on a découverte à sa place. Est-ce l’enlèvement de cette gamine qui alimenta la paranoïa du père d’Annabelle ? La jeune femme explique son cas à Bobby Dodge et D.D.Warren. Les policiers acceptent qu’elle visite “la tombe de sa meilleure amie”. Un témoin s’adresse au trio. Ancien employé de l’hôpital psychiatrique, Charlie Marvin relate quelques cas singuliers qu’il a connus. Il cite notamment celui de Christopher Eola, un cinglé particulièrement fourbe. Cette piste intéresse la police. Ils apprennent que l’introuvable Eola fut trop vite remis en liberté, et qu’il bénéficie d’une rente de sa riche famille. Bobby s’interroge aussi sur le protecteur père d’Annabelle, possible suspect pédophile.

Annabelle revoit les parents de son amie Dori, qui n’ont jamais compris le déménagement express de sa famille, ni la disparition de leur propre fille. Puis, la jeune femme et les deux policiers rencontrent Catherine Gagnon dans sa belle propriété d’Arizona. Elle confirme que son kidnappeur était bien Umbrio, pas un autre. Hospitalisée, elle fut questionnée par le père d’Annabelle qui se faisait passer pour un agent du FBI. Or, l’affaire se passait deux ans avant l’enlèvement de Dori et des fillettes. Au retour, D.D. Warren trouve un message menaçant sur sa voiture. Malgré l’efficacité de Bobby, elle va être exposée à un grave danger. Annabelle reste méfiante, étant certaine que le criminel rôde non loin d’elle. Seul l’ancien supérieur de son père connaît tous les détails et les causes…

La complexe expérience de vie d’Annabelle dès l’enfance, les mystères entourant son père, le cas de Dori Petracelli différent de celui de Catherine Gagnon, ou la situation de Bobby Dodge, rien ici n’est jamais limpides. Quant au meurtrier, inspiré par l’affaire Umbrio ou pas du tout, il serait prématuré de le désigner trop rapidement. L’équipe de policier est active, mais l’adversaire est habile, toujours présent. Personnage central, la dynamique et prudente Annabelle s’avère attachante, car elle n’a jamais un comportement de victime. Savoir si elle doit détester son père, pour avoir perturbé ses jeunes années, reste une des clés de l’énigme. La force de l’auteur consiste à mesurer la tension, sans tomber dans des effets faciles, des schémas attendus. C’est dire que ce roman est idéalement maîtrisé. Un suspense de qualité supérieure.

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 06:23
 

AprèsDéviancesetPsycho,Funéraillesde Richard Montanari est la troisième aventure du duo Kevin Byrne-Jessica Balzano. Sur les rives de la Shuylkill ("Deux cent cinq kilomètres de scènes de crime potentielles"), les deux flics traquent un adepte de la lune et des contes de fées. L’auteur évite le trop schématique duel entre le serial killer et la police, sans négliger une tension certaine durant le récit…

À peine de retour à Philadelphie, l’inspecteur chevronné Kevin Byrne se retrouve face à un repris de justice qui tue son otage, avant d’être abattu. Mais c’est surtout à une étrange série de meurtres que Byrne et sa jeune coéquipière Jessica Balzano sont confrontés. On découvre sur la rive de la Schuykill le cadavre d’une femme, aux pieds amputés. L’œuvre d’un cinglé, à n’en pas douter. Peu de témoins dans ce secteur isolé. Au mieux, les policiers peuvent suspecter un agent immobilier, sans doute plus frimeur que dangereux. Les proches de la victime, y compris le prêtre orthodoxe Greg, apportent peu d’éléments utiles.

Dans l’ombre, le pasteur Roland Hannah (avec son demi-frère simplet Charles) joue les vengeurs, punissant des coupables ayant échappé à la Justice. Le jeune policier amish Josh Bontrager n’est pas de trop pour aider Byrne et Balzano dans leur enquête. Alors qu’il vient de fêter son départ en retraite, le vieux flic Brigham est assassiné. Durant sa carrière, une seule enquête (sur la mort de deux fillettes) n’avait pas abouti. C’est sur le lieu de la disparition des victimes qu’on trouve son cadavre carbonisé. Brigham continuait à collecter des indices sur l’affaire non résolue.

Une deuxième femme étranglée est découverte au bord de la Shuylkill. Comme la première, on a dessiné sur son corps une lune à base de sperme et de sang. Les victimes portant des robes anciennes, Jessica Balzano visite les friperies de la ville. Sans savoir quel rôle il joue, elle croise le pasteur Roland, ainsi qu’une future victime du tueur. Bientôt, un autre cadavre de femme est retrouvé au bord de la même rivière. Byrne et Josh Bontrager poursuivent l’enquête, tandis que Jessica Balzano est chargée de l’affaire Brigham. Avec une collègue, elles s’intéressent à la photo d’une maison isolée, qu’elles finissent par situer en Pennsylvanie. La famille Damgaard y créa jadis un parc d’attraction, sur le thème des contes. Cet endroit abandonné est promis à la démolition…

Foisonnante enquête, riche en détails et en personnages suspects, à laquelle se mêle une précédente affaire. Sans oublier le mari de l’otage tuée au tout début, qui menace Byrne, et un bien étrange pasteur. Tous les éléments d’un solide thriller sont réunis ici, dans un suspense qui captive jusqu’au dénouement.
Ce suspense sort chez "Pocket" cette semaine.

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 08:02

 

L'ami Pascal Polisset évoque une de ses récentes lectures : “Missak”, de Didier Daeninckx (éditions Perrin, août 2009). Action-Suspense lui laisse bien volontiers la parole.

C’est évident, dans quelques journaux, sur quelques sites, quelques critiques littéraires vont ranger le dernier livre de Didier Daeninckx dans la rubrique qui leur colle au clavier : au choix : polar, roman noir, voire littérature noire, pire roman policier… D’autres, plus aguerris à la lecture de cet écrivain, viendront, peut être, à écrire qu’il invente ou réinvente un genre.

Peut être, plus littérairement, plus en amont de l’actuelle nomenclature des parutions, serait-il un auteur qui trempant sa plume dans la veine de l’Histoire lui redonne chair et vie. D’autant que c’est dans les entrailles du monde ouvrier, de ces récits oubliés ou bannis qu’il va chercher sdidieron inspiration et construit son écriture.

Arthur Koestler, Manès Sperber, Upton Sinclair, Anton Ciliga, Victor Serge, Georges Orwell, Panaï Istrati, Paul Nizan, David Rousset ont mis en mots et phrases, en romans, les copeaux de leurs vies hachurées par une histoire occultée mais cela reste la bibliothèque inachevée d’une époque où "Il était minuit dans la siècle".

Ce qui différencie, manifestement, l’écrivain, trop jeune pour avoir été acteur de périodes historiques qu’il traite, de toute la production littéraire actuelle, c’est qu’il renoue un fil cassé entre l’Histoire et l’histoire des hommes et des femmes qui les ont vécues et ce sans aucun respect du silence des convenances et autres lâchetés convenues. Pire, il écrit des romans dont l’exactitude historique confond les mémoires policières, celles d’historiens patentés et quelques autres imbus de certitudes rarement démenties.

Dans son dernier roman, “Missak”, Didier Daeninckx nous conte l’enquête, évidemment improbable – rappel : c’est un roman - d’un jeune journaliste, Louis Dragère, commis par sa rédaction, celle de "l’Humanité", pour rédiger un papier commémorant les victimes dites de "l’Affiche rouge". Le jeune garçon, journaliste à l’Huma, vingt cinq ans au mitant des années cinquante, n’est qu’un enfant du "Parti des fusillés" et s’attelle, sans vergogne, à taper son article. Il s’agira de rédiger un article préparatoire à l’érection d’un monument dédié aux fusillés du "Groupe Manouchian".

Dans un Paris victime des inondations, dans la distorsion entre sa vie et celle de son aimée, bloquée auprès du lit d’une mère malade,… de rencontres en réflexions, le doute, qui l’envahit, s’impose à sa raison. Il lui faudra s’immerger dans l’histoire des communistes, juifs arméniens qui habitent non loin de chez lui, mais aussi en Arménie soviétique.

Il croisera tour à tour Duclos, Aragon, Aznavour, Roland Filiatre, Henri Krazucki, Charles Tillon, Armène Asssadourian, la sœur de Mélinée, l’épouse de Missak, figure emblématique du martyr de ces militants des FTP-MOI, "seuls" et isolés résistants de la toute première heure..

Louis est notre guide, il nous repose de la violence de l’Histoire qu’il traverse. Sa crédulité aimable mais inquiète, une certaine incompréhension sur laquelle il base son enquête, car enquête il existe, nous autorisent, lecteurs, d’être acteurs de la volonté de l’auteur de renouer des liens avec cette histoire, cette Histoire bafouée mais qui demeure totalement essentielle.

Il est d’évidence que quant à classer ce livre, comme certains autres de cet auteur, il faudrait l’appeler d’un genre particulier, mais je n’ai pas trouvé le mot adéquat : peut être un nouveau genre : du Daeninckx  ?

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 06:18

Voici “Le Diable Noir de Saint-Cado” (Éd. Bargain, 2009), huitième suspense de Gisèle Guillo. On y retrouve Vincent et ses proches, mais il n’est absolument pas indispensable d’avoir lu les précédents titres pour apprécier celui-ci. Car seule importe la situation mystérieuse à laquelle ils sont confrontés.

Vincent et Margot ont loué, avec leurs amis Jean-Luc et Anne-Marie, une maison au bord de la Ria d’Étel, dans le Morbihan. Ces vacances à Saint-Cado débutent mal. Jean-Luc est victime d’une entorse, à cause des trous invisibles creusés dans le jardin. Les jeunes enfants de Vincent et Margot sont effrayés par l’épouvantail pendu au cerisier de la voisine. En outre, la maison est beaucoup plus sinistre qu’ils ne s’y attendaient. Dans le secteur, on prétend même qu’elle est hantée. Ils apprennent qu’une forte rivalité oppose Basile Martin, le propriétaire, à sa cousine et voisine Pénélope Martin. Se disant spoliée de son héritage, elle se montre hostile envers tous les occupants de la maison. Les deux couples parviennent à amadouer Pénélope en l’invitant à dîner. Une sympathie mutuelle naît entre eux tous, même si la célibataire garde quelques secrets.

Un autre cas épineux se présente pour les vacanciers. Gabriel Martin, grand-oncle de Pénélope et Basile, a provisoirement quitté sa maison de retraite pour s’installer en caravane dans le jardin. Ce non-respect du contrat de location irrite Vincent et ses amis. Hélas, Basile Martin et son épouse sont injoignables, car ils effectuent un voyage en Chine. Sans être désagréable, il a l’amitié envahissante, ce Gabriel. Plus inquiétant, la fille de Jean-Luc et Margot croit voir un fantôme, puis sa mère entend des bruits nocturnes dans la maison. Dans un placard, les vacanciers remarquent une poupée ancienne. Contrairement aux affirmations de Pénélope et Gabriel, cette demeure n’a pas toujours appartenu aux Martin. Avant la 2e Guerre, une famille de Juifs allemands y a vécu. Tués ou disparus dans la tourmente nazie, ces diamantaires auraient caché ici un véritable magot.

Les trous dans le jardin s’expliquent : on cherche encore ce légendaire trésor. Si le cyclothymique oncle Gabriel joue au somnambule par une nuit d’orage, la suite est plus dramatique. On le trouve pendu au cerisier de Pénélope, à la place de l’épouvantail. La gendarmerie enquête sur ce douteux suicide, empêchant les vacanciers de quitter la région. Basile Martin et son épouse restent bien difficile à joindre en Chine. Quant à Pénélope, qui n’a pas d’alibi, elle est une des héritières de Gabriel. L’ambiance reste tendue dans la maison, d’autant que la poupée ancienne a disparu. L’accident dont est bientôt victime Pénélope apparaît vite suspect. La voiture de la voisine a été sabotée. Les gendarmes soupçonnent Vincent de ce méfait. Ses amis et lui sont plusieurs fois interrogés. Menant leurs propres investigations, Jean-Luc et Vincent trouvent une piste…

Gisèle Guillo cultive une tension légère, bien présente, sans oublier quelques touches d’humour, notamment à travers le personnage de Gabriel. C’est évidemment la fluidité du récit qui constitue l’atout principal de ce roman. Cette souplesse narrative est réellement entraînante. Dans la meilleure tradition, un très bon petit polar comme on les aime.

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 06:17

Didier Daeninckx est l’auteur de plusieurs épisodes du Poulpe, dont “Nazis dans le métro” (1996) et “La route du Rom” (2003). Retour sur “Éthique en toc” (Librio), une aventure poulpesque parmi les plus dignes de cette série.

1999. Gabriel Lecouvreur apprend le suicide de Pierre Floric, son “jumeau”, né comme lui le 22 mars 1960. Ce brillant historien a mis fin à ses jours à Caluire, dans la maison où fut arrêté Jean Moulin. Pour Le Poulpe, difficile d’expliquer ce geste, même en imaginant un acte symbolique lié au héros de la Résistance. Gabriel se déplace à Lyon. Il va y être hébergé par son ami Zill Dagona, militant qui révèle des infos occultées dans sa petite revue. Gabriel rencontre l’étudiante Léa Bargane, danseuse et créatrice d’abat-jour, qui fut la maîtresse de Floric. Elle évoque quelques-uns de travaux du défunt, entre autres sur l’industriel lyonnais Berliet, qui fut à l’époque proche du nazisme. Gabriel n’est pas certain que Léa soit vraiment étudiante. Et ses abat-jour sont assez curieux.

Février 2000. Les raisons de la mort de Pierre Floric n’ont jamais été éclaircies. Quand il entend à la radio que la bibliothèque interuniversitaire de Lyon a été ravagée par un incendie, Le Poulpe retourne sur place. Des milliers de livres ont disparu dans ce désastre. On sait qu’il y a une victime, une femme. Gabriel est sûr que la radio a annoncé le nom de Léa Bargane, mais personne ne confirme plus cette info. Il visite clandestinement l’appartement de Léa, s’intéressant à la malle pleine de documents que Floric avait laissé chez elle. Le Poulpe est agressé par deux hommes, qui volent ladite malle. Gabriel se requinque grâce à son ami Zill Dagona, avant d’aller interroger l’épouse de Floric. Que celui-ci ait étudié l’histoire de Nostradamus n’est probablement pas lié à son suicide.

Selon Zill, qui enquête pour sa revue sur les meurtres de travestis, l’autopsie indique de Léa a été abattue par arme à feu. Gabriel se rend au Centre Gabriel-Roux, où Floric exerçait son métier d’historien. Le directeur admet, sans se l’expliquer, que le caractère de son collègue avait changé avant son suicide. C’est au club La Jungle en Folie que Gabriel trouve une piste, grâce à une amie un peu paumée de Léa. Elle cite un nommé Béraud, dont Le Poulpe découvre bientôt qu’il est archiviste au Centre Gabriel-Roux. Étonnant parcours que celui de Béraud qui, six ans plus tôt, se trouvait aux Mexique, auprès des rebelles du Chiapas. Comme sympathisant à leur cause, ou pour quelle autre raison ? Telle reste la question. Son passé parait tabou. La collection de fiche de films pornos de Béraud offre au Poulpe une piste sérieuse…

Le personnage du Poulpe permet à Daeninckx de souligner ici l’existence de réseaux révisionnistes. Entre les historiens ayant minimisé l’importance de faits graves (“Ces estimés professeurs étaient chargés de pacifier la réalité pour la rendre acceptable” p.84) et les négationnistes falsifiant l’Histoire avec des théories fumeuses, quelle place pour la vérité historique ? Les méthodes insidieuses de ces derniers sont connues. Héritiers de la Collaboration et admirateurs du nazisme, ces imposteurs ne sont pas avares de versions mensongères. Au passage, l’auteur nous rappelle quelques aspects peu glorieux de l’histoire lyonnaise, et fait même un détour latino-américain. Il n’oublie pas que les aventures du Poulpe se doivent d’être riches en péripéties. C’est ainsi que Gabriel mène, à sa manière si personnelle, une enquête mouvementée. Toujours disponible chez Librio, un roman à lire ou à relire.

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 06:21

Ces deux auteurs-là ont fidélisé un large public : Peter Robinson et James Paterson figurent, de longue date, parmi les auteurs de best-sellers. Retour sur deux de leurs romans, aujourd’hui diffusés en format de poche.

Peter Robinson : “Étrange affaire

À Eastvale, dans le Yorkshire. Le quinquagénaire inspecteur Banks se remet lentement d’une précédente affaire, où son cottage fut incendié. Sa collègue Annie Cabbot reste perplexe sur ses relations avec Banks. Ayant reçu un appel téléphonique de son frère Roy, Banks se rend d’urgence à Londres. Tous deux n’ont guère de point commun. Roy est un homme d’argent, peut-être à la limite de l’escroquerie. Il semble avoir disparu. Banks s’installe dans sa luxueuse maison, qu’il fouille en quête d’indices. Il trouve un Cdrom et une clé USB. Il en examine le contenu chez Corinne, l’ex-fiancée de Roy. Selon elle, les activités de Roy sont absolument légales.

Jennifer Clewes a été assassinée près d’Eastvale. Annie Cabbot est chargée du dossier. La victime venait ici rencontrer Banks. Elle était responsable d’un centre privé de planning familial londonien. Tandis que l’inspecteur Templeton suit une piste locale, Annie va enquêter à Londres. Elle rencontre les proches de Jennifer Clewes, qui était la nouvelle petite amie de Roy Banks. Au Centre, tout le monde appréciait la victime. Annie pense que le docteur Lukas, femme originaire d’un pays de l’Est, garde quelque secret. De son côté, Banks s’aperçoit que son frère s’était amélioré. Car il fut témoin direct des attentats du 11 septembre à New York.

Parmi les amis de Roy, Lambert parait impliqué dans des trafics suspects. Le cadavre de Roy est découvert sur les berges de la Tamise. Banks se sent surveillé par deux mafieux, les mêmes qui ont éliminé Jennifer Clewes. Le docteur Lukas révèle à Annie qu’elle venait en aide clandestinement à des prostituées issues des Balkans, avec l’accord de Jennifer. Grâce à Carmen, enceinte, elles comprirent enfin qu’il s’agissait d’un véritable esclavage sexuel…

Cette aventure de l’inspecteur Banks démontre encore une fois la parfaite maîtrise de Peter Robinson. D’une part, une double enquête astucieusement construite autour d’une même affaire. Avec un habile chassé-croisé entre Banks et Annie. S’y ajoute un dossier d’agression criminelle, qui finit par être résolu. D’autre part, exposé avec précision, le vécu des personnages leur apporte une grande véracité. Ils évoluent dans un monde concret, réaliste, parfois dur, complexe et nuancé. Si le thème du trafic en question n’est pas neuf, il est fort bien utilisé. Un roman de qualité supérieure. (Déjà disponible)

James Patterson : “Promesse de sang

Nick Pellisante dirige à New York un service du FBI. Deux de ses hommes ont été abattus par Dominic Cavello, lors de son arrestation. Puissant chef de la mafia que Nick traque depuis longtemps, Cavello va être jugé pour des crimes qu’il a commandités. Parmi les jurés à son procès, Annie DeGrasse est une comédienne qui élève seule son fils de dix ans. Un rôle qu’elle aurait préféré éviter. Les témoignages de mafieux repentis sont accablants pour le cynique accusé. Nick assiste au procès, cité aussi comme témoin. En parallèle, Remlikov a été engagé par les amis de Cavello. Ce tueur expérimenté venu d’Israël doit faire cesser le procès. Par précaution, on isole les jurés. Sous les yeux de Nick, les sbires de Remlikov font exploser le bus transportant le jury. Annie est la seule rescapée.

Cinq mois plus tard. Nick s’est mis en congé du FBI. Annie tente de surmonter le drame. Ils restent en contact. Le nouveau procès de Cavello est annoncé, hautement sécurisé. Alors qu’on sélectionne les jurés, Remlikov est de retour à New York. Avec les mêmes complices, il organise l’évasion de Cavello, au cœur du tribunal. Intervenant lors de cette action sanglante, Nick est blessé, impuissant à empêcher leur fuite. Malgré les contrôles, Cavello disparaît, non sans se venger de la famille d’un témoin repenti. Sa hiérarchie refuse de réintégrer Nick, trop impliqué. Obsédé par l’affaire, il note un détail lui offrant une piste. Le FBI possède un dossier sur Remlikov. Pas question pour Nick de demander l’appui de ses collègues. Possédant l’adresse de leur suspect, Annie et lui s’envolent pour Israël. Le couple kidnappe le fils de Remlikov afin de faire pression sur lui. Le tueur donne l’adresse approximative d’où se cache Cavello…

Mouvementé à souhait, ce thriller est impeccable. La fluidité de la narration constitue son atout majeur. Pas de temps mort dans les péripéties et rebondissements qui agitent cette histoire. Les mafiosi et autres tueurs sont typés, sans être trop caricaturaux. On s’attache vite à la jurée, marquée par le drame, mais digne autant que sexy ; et à l’agent du FBI, déterminé, allant jusqu‘au «bout du monde» pour que justice soit faite. Un scénario solide et captivant. (Disponible en septembre 2009)

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 06:17

C’est à Belle-Île-en-Mer que se déroule “Mauvaises graines” de Louarnig Gwaskell, nouvel épisode de la collection Léo Tanguy. N’oublions pas que les enquêtes du cyber-reporter se passent dans un futur proche. Cette histoire ne reflète donc pas la réalité actuelle de Belle-Île, largement basée sur diverses formes touristiques.

Léo Tanguy débarque à Belle-Île. Il a appris que son vieux copain Fanch Mahé, un marin adepte des tatouages, a disparu depuis peu. Logé chez son ami écossais Cecil, photographe, Léo laisse au repos son Combi bariolé pour utiliser un scooter non polluant. En effet, protéger l’environnement n’est pas un vain mot sur l’île. D’ailleurs, les exploitations agricoles sont toutes bio, désormais. Par contre, la propriété de la Pointe des Poulains (qui fut celle de la comédienne Sarah Bernhardt) est strictement interdite, et bien gardée. Elle appartient à Martial Saint-Alban, puissant homme d’affaires. Dans le plus grand secret, ce dernier prépare un projet pharaonique pour l’île, un complexe touristique d‘élite. Lourd investissement, bien sûr, mais les moyens financiers et la mégalomanie de Saint-Alban sont sans limite. Léo ignore encore tout cela.

Le journaliste s’inquiète sérieusement de la disparition de Fanch, sachant qu’on est aussi sans nouvelle du meilleur ami de celui-ci, Pierre Manchec. Après le patron-pêcheur qui employait Fanch, Léo interroge le tatoueur attitré de son copain. Diablement créatif et novateur, celui-là. Il s’intéresse aussi aux ennuis de quelques exploitants bios de Belle-Île, dont l’un a eu sa grange incendiée. Léo rencontre un éleveur, une séduisante arboricultrice, un apiculteur passionné. Toutes les terres ont été vendues quelques années plus tôt, sous conditions de produire bio, par le Conservatoire du Littoral avant sa privatisation. Les abeilles de l’apiculteur ont été touchées par des produits chimiques. D’autres ont trouvé traces de semis OGM dans leurs plantations. Le matériel d’un agriculteur vient d’être saboté. En outre, une société bidon cherche à acquérir leurs terres.

Les nuits sont agitées sur l’île. Les sbires de Saint-Alban commettent des dégradations pour inciter les fermiers à vendre. Un deuxième commando rôde dans les parcelles agricoles, y introduisant des semences OGM vérolant les produits bios. Un troisième groupe surveille les premiers, se heurtant parfois aux seconds. Ce commando-là est en mission officielle. Après qu’on ait retrouvé le cadavre de Pierre Manchec puis celui d’un plongeur, les gendarmes locaux admettent ne rien comprendre. Léo non plus ne voit pas le lien entre ces méfaits contre les agriculteurs et la disparition de Fanch. Néanmoins, il dérange sûrement ceux qui ont volé le disque dur de son ordinateur, avec tout le dossier en cours…

L’auteur nous présente une aventure garantie 100% bio. Ou, plutôt, une illustration par l’exemple des enjeux de la production biologique face aux lobbies des semenciers, telle la multinationale nommée ici Mondosancto. On nous donne moult détails intéressants sur l’univers du bio. Quant à l’affairiste Saint-Alban avec son délirant projet, qui peut affirmer que ce genre de mégalo n’existe pas ? Un type réellement dangereux. C’est une affaire particulièrement mouvementée que raconte Louarnig Gwaskell. Espérons que la prise de conscience qu’il évoque, de la part des officiels, ne soit pas qu’utopie. Un roman qui se lit avec grand plaisir.
-Cliquez ici pour une autre aventure de Léo Tanguy -

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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 06:20

Publié chez Elytis, Serial piqueur de Dom Dayau apparaissait comme un roman prometteur. Mais son thème est trop spécifique pour vraiment capter l’attention sur la durée. En nous transmettant ses connaissances sur le sujet, l’auteur semble beaucoup s’amuser, ce qui est plutôt un point favorable. Le personnage de la râleuse Jeannette Musardier, minutieuse préparatrice de coléoptères au Muséum, offre une part d’humour. Des références à l’Antiquité, sont les bienvenues. Toutefois, une certaine confusion plane : on ne sait trop qui mène l’enquête dans cette affaire. Quant aux coupables, ils sont un peusortis du chapeau.

Quinquagénaire, le Pr. Vincent Cuvier exerce au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Surnommé Scaramouche, c’est un entomologiste passionné, entouré d’une équipe aussi férue des insectes que lui-même. Son assistant Lucien Ferchaud est, en outre, son partenaire au bridge (ils espèrent être finalistes d’un concours). Cuvier a transmis son enthousiasme à un gendarme, Frédéric Casties, créateur d’une unité spécialisée d’enquête. Pour certains crimes, l’étude des bestioles trouvées autour d’un corps apportent d’utiles éléments. Quand un cadavre mutilé en décomposition est retrouvé en forêt de Rambouillet, Casties détecte sur les lieux insectes et larves qu’il range dans des fioles: “À travers les parois de ses flacons, l’adjudant-chef observe le grouillement des arthropodes nécrophiles, qui forment la longue cohorte des travailleurs de la mort.”

Si l’on a déterminé que la mort remonte à plus de deux mois, il reste difficile d’identifier le cadavre. Cuvier donne aux enquêteurs quelques éclaircissements sur les insectes nécrophages. Le plus surprenant est, sans doute, qu’on ait trouvé dans le slip de cet homme un insecte rare, d’une espèce qu’on estime disparue. Le meurtre semble revendiqué par un message signé Sekhmet. Cette référence à l’Antiquité, peut-être aux Plaies d’Égypte qui ruinèrent le pays, est aussi étonnante qu’énigmatique. L’équipe du Pr. Cuvier, ainsi que le légiste Beaucourt, cherchent tout ce qui pourra faire progresser l’enquête. On recense une deuxième victime au port de Gennevilliers, un cadavre dans un bloc de béton, à l’intérieur d’une caisse. Encore une fois, la signature de Sekhmet.

Quel rapport avec la déesse ? “Sekhmet était la Puissance, vénérée à Memphis [Égypte]. Un corps de femme prisonnier d’une longue tunique, une tête de lionne coiffée d’une perruque et d’un disque solaire, elle incarnait la force dévastatrice. Elle était le spectre et le signe de la vie qu’elle portait. Sekhmet apportait les épidémies, mais certains de ses pouvoirs éloignaient les maladies.” L’adjudant-chef Casties espère que les insectes grouillant dans la caisse en bois donneront des indices. C’est surtout la coûteuse bague de l’homme qui peut offrir une piste. Quant à Cuvier, il n’aime guère ces symboles, paraboles et fariboles relatives à l’Antiquité. La troisième victime est un Roumain, qui aurait été piqué par une abeille. À moins que Sekhmet ne lui ait injecté du venin.

Bientôt, après avoir identifié le bijou de la deuxième victime, l’affaire prend une tournure internationale. On apprend que cinq diplomates ont récemment disparu de façon mystérieuse. Le Commandant Goulard, des Services Secrets, s’en mêle lui aussi. Un nouveau cadavre, momifié, est découvert dans une contrebasse… Ce roman n’est pas inintéressant, mais on pouvait espérer une histoire plus palpitante, plus convaincante.

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