Le prix VSD du Polar 2009 a été attribué en mars à Stéphane Lefebvre pour son premier roman, "Opale" (Ed.Les Nouveaux Auteurs). Cette récompense est largement méritée, car ce livre de 630 pages est un vrai roman populaire, au meilleur sens du terme. C’est un héros sans prétention, assumant comme il peut les évènements, qui nous raconte ses mésaventures. Certes, son enquête amateur débute avec un souriant dilettantisme. Mais il a mis le doigt sur une affaire bien plus glauque. Voici donc un résumé (forcément partiel) de cette foisonnante intrigue.
Robin Mésange est journaliste pour L’Éclair Boulonnais, petit hebdo de la Côte d’Opale. Coutumier d’articles locaux peu excitants, Robin tient cette fois un scoop. Il a photographié un suicidé chutant de la falaise au Cap Blanc-Nez. Mais quand il analyse les clichés, il remarque une tâche jaune anormale. Un poussin géant ? Non, plutôt à une présence suspecte. Au commissariat de Boulogne, Robin est reçu par la lieutenant Léa Gauthier. Il tombe instantanément amoureux de la jeune femme. Autant pour un futur article que pour Léa, Robin entreprend de trouver des indices concrets. Il s’introduit par ruse chez Hochart, le présumé suicidé, dont le matériel informatique a disparu. Ancienne nounou de Robin, Valentine reste sa seule “famille” depuis que la mère du journaliste est atteinte d’Alzheimer. Veuve d’âge mûr, elle entame une relation romantique avec un homme de sa génération, Abdelattif. Robin en est heureux pour elle, espérant que son prétendant ne la décevra pas. Le journaliste s’aperçoit qu’il est pisté par un skater. Le jeune Tony veut seulement l’informer d’une affaire sordide. Élève au lycée Charlemagne, la séduisante Leïla s’est suicidée après été victime d’un viol collectif par des adultes. Tony pense que Hochart, employé au labo du lycée, fut l’un des violeurs. Avec l’accord de Jib, son rédacteur en chef, Robin va poursuivre l’enquête, en suivant cette piste du lycée. Quand se produit un autre décès violent, le journaliste est longuement interrogé par le collègue de Léa. Delplace, un prof de Charlemagne, a été découvert égorgé. Peut-être un suicide, quand même ? Tony imagine qu’un justicier s’est chargé de venger Leïla. Effectivement, Hochart fut impliqué dans une affaire de mœurs et Delplace pouvait avoir été complice du viol. Sous le prétexte d’un reportage généraliste, Robin enquête au lycée, interrogeant les copines de Leïla. Mlle Kramé, la prof de physique avec laquelle travaillait Hochart, l’intrigue quelque peu…
La principale qualité de cette histoire : conserver une tonalité narrative enjouée, alors que quelques aspects sont carrément noirs, ce qui n’est pas un mince exploit. Visiblement, le plaisir d’écriture n’est pas un vain mot pour Stéphane Lefebvre. Avec des formules comme “Un club SM au lycée, telle était ma réponse à la devinette. Une occupation comme une autre pour une jolie lycéenne, entre les clubs poterie et badminton. Vachement plausible”. Sans doute abuse-t-il des références à la culture-télé. Et la tendresse qu’il éprouve envers certains personnages l’empêche d’en faire de vrais suspects. L’essentiel, c’est qu’il parvient à captiver ses lecteurs durant tout ce long roman. Belle réussite.