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2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 04:55

Virginie Brac est scénariste de télévision et romancière. Elle se fit connaître avec les polars “Sourire kabyle” (1982) et “Mort d'un fauve” (1983). Sa trilogie consacrée aux enquêtes de la psychiatre urgentiste Véra Cabral obtint un beau succès : “Tropique du pervers” (2000), “Notre-Dame des barjots” (2002) et “Double peine” (2004). Récompensé par le Grand prix de Littérature policière, ce dernier titre était en effet de qualité supérieure.

Entre vie privée compliquée et vie professionnelle agitée, le personnage de Véra Cabral est très réussi, vivant et attachant. Virginie Brac eut l'intelligence d’inclure des passages plus souriants dans cette histoire largement sombre. Percer les plus noirs secrets de chacun pour expliquer la psychologie de la meurtrière, ce n’est pas simple quand personne ne dit la vérité. Celle-ci apparaît progressivement, dans un récit très bien dosé. “Double peine” est un captivant noir suspense.

Virginie Brac: Double peine (Grand prix de Littérature policière 2004)

Lors d’une intervention d’urgence à Fleury-Mérogis, la psychiatre Véra Cabral arrive trop tard. Giselle, une détenue, a tué une surveillante pourtant amicale. Incompréhensible, la prisonnière devant sortir une semaine plus tard, après une peine de dix ans pour meurtre. À Véra, elle a parlé d’un fils mort, mais son défenseur affirme que Giselle n’a pas d’enfant. Un bilan d’évaluation doit établir si elle est psychotique ou dangereuse. Véra a des soucis avec la famille huppée de son fiancé Hugo. Ils refusent d'admettre que leur fils aîné bat sa femme. Quand le problème tourne au drame, Véra s’en mêle. En outre, elle a raison de penser qu’Hugo lui échappe pour une autre.

Le policier algérien Hakim Salem est en mission en France. Il s’intéresse à Giselle, qui fut la compagne d’un terroriste islamique. Véra Cabral s'avoue n'être pas insensible à son charme froid. Il est bien renseigné sur elle et sur son enquête. Les parents de Giselle se veulent irréprochables. Si le père, ancien sergent de la guerre d’Algérie, ne cache pas ses opinions, il nie avoir tué l’enfant de Giselle. Celle-ci, tabassée en prison, est soignée à l’hôpital où exerce Véra. La psy visite clandestinement la maison des parents, y devinant une présence cachée.

Véra reçoit un paquet contenant une petite oreille. Elle apprend où naquit Giselle. Elle veut joindre Hakim pour qu’il l’aide et s’explique. Il semble être reparti chez lui. Véra demande à la police une perquisition au domicile des parents de Giselle. S’il y a eu un enfant ici, ils ne trouvent rien. Il peut s'agir d'une fuite, ou plutôt d'un kidnapping. Le père finira par dire la vérité à Véra sur les vraies origines de Giselle.

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 04:55

La collection Crime Parfait des éditions Mercure de France (alors dirigée par Simone Gallimard) eut pour but d'amener des auteurs de littérature classique à écrire des polars. Paul Guth, Pascal Lainé, Pierre-Jean Rémy, Camille Bourniquel, René Barjavel, Jean Raspail, Michel Del Castillo, Suzanne Prou, et d'autres s'y essayèrent sans convaincre autant que Gilles Perrault, Roger Peyrefitte, Cecil Saint-Laurent ou Didier Decoin, qui maîtrisaient déjà des intrigues à suspense. Les admirateurs de Guy des Cars, Jean Lartéguy, Pierre Bourgeade, ou René-Victor Pilhes y trouvèrent quand même quelques qualités. Le titre le plus original de cette collection fut sans doute “L'Angle mort” (publié en novembre 1991), un cadavre exquis réunissant huit auteurs.

Le mieux est d'en relire la présentation : « Les Surréalistes, qui savaient s'amuser, jouaient aux cadavres exquis. L'un commençait une phrase, que l'autre poursuivait, et ainsi de suite. Jusqu'à ce que naisse, insolite, imprévisible, à l'insu des partenaire, un texte !... Les principes de ce feuilleton singulier [“L'Angle mort”] étaient simples. Réunir en huis-clos huit talentueux écrivains qui ne se connaissaient pas –ou mal– mais qui s'estimaient assez pour se supporter dans nos pages estivales, comme s'il se fut agit d'une croisière organisée, sur une mer agitée, par l'Événement du Jeudi [hebdo de l'époque], et reprise plus tard par le Mercure de France. Nous ne sommes pas peu fiers d'avoir fait rimer ici San-Antonio et Modiano, se croiser Daniel Boulanger et Michel Grisolia, se suivre Jean Vautrin et Didier Daeninckx, d'avoir réveillé Régis Debray de son long sommeil romanesque, et poussé Jean-Marc Roberts à s'exercer pour la première fois au polar. »

Cette forme de “cadavres exquis” peut donner le meilleur ou le pire. Chacun des huit auteurs a fourni un chapitre devant tenir compte de ce qui précédait. Dans l’ordre : San-Antonio, D.Boulanger, P.Modiano, M.Grisolia, J.-M.Roberts, R.Debray, J.Vautrin, et D.Daeninckx. Ici le résultat fut plus que satisfaisant, très réussi. Chacun sut alimenter cette intrigue avec son propre style, gardant une tonalité convaincante, respectant le suspense et l’action, sans négliger une part d’humour dans cette suite sanglante et loufoque. Un roman assez court, que l’on savoure encore mieux en le lisant une deuxième fois, pour le plaisir.

Cadavres exquis : L'Angle mort (1991, coll.Crime Parfait)

Imbert, simple quidam, est dans sa voiture. Un camion le bloque, livrant un panneau de verre pour la vitrine d’une boutique. Dans le reflet dansant de cette vitre, Imbert croit apercevoir une jeune femme qui se précipite à une fenêtre anonyme d’un immeuble. Un flot de sang semble s’échapper de sa gorge tranchée.

Seul dans la vie (avec ses deux perruches et son désespoir) Imbert revient dans le quartier le soir-même, espérant vaguement obtenir une explication sur cette troublante vision. Dans un bar tenu par un Auvergnat, il croise un Lituanien distingué et un horloger possédant une montre ancienne fort originale.

Imbert et l’horloger Virole découvrent le Lituanien assassiné. Il n’a aucune envie de prévenir la police, Imbert ! Ni de rester sur les lieux. Réminiscences d’un passé enfoui? Peut-être. Pourtant la commissaire de police qui l’attend chez lui quelques heures plus tard n’a pas grand chose à lui reprocher.

Mlle Cécile, dont on remplaçait la vitrine ce jour-là, se montre amicale –et avoue ne pas s’appeler Cécile. Mais c’est la trace du Lituanien qu’Imbert préfère suivre, six culottes de dentelle en poche. La veuve de l’étranger n’aura pas le temps d’expliquer quoi que ce soit. À son tour, elle est assassinée.

Quand les policiers cèdent la place aux espions, on doit s’attendre à une série de morts. Qu’ils prennent Imbert pour un agent de l’Est est absurde. Mais il pourra passer entre les gouttes (de sang ?) puisque le vrai espion demande qu’on l’épargne. Il ira jusqu’à Saint-Paul-de-Vence, presque nu, pour tenter de comprendre…

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 05:55

Chester Himes est avant tout connu des amateurs de polars pour sa série Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, neuf romans noirs d'une amoralité délicieuse. Il faudrait aussi se souvenir d'un ouvrage assez différent, "Une affaire de viol", publié en 1963 aux Éditions Les Yeux ouverts (traduction d'André Mathieu). Ce livre fut réédité plus tard dans une nouvelle traduction sous le titre "Affaire de viol" aux Éditions Des Autres, 1978, puis reprit son titre "Une affaire de viol", aux éditions André Dimanche - collection Rive noire, en 1999.

Sans doute est-il inutile de vanter les évidentes qualités de ce plaidoyer contre le racisme, qui évite le piège de la démonstration caricaturale. Ce grand écrivain que fut Chester Himes fait preuve ici d’une remarquable subtilité, dans un texte captivant du début à la fin. Si l’on connaît bien les autres romans de l’auteur, il faut également découvrir cet excellent titre !

Chester Himes : Une affaire de viol (1963)

Paris, 1956. Mrs Hancock, 40 ans, mourut dans une chambre d’hôtel où elle se trouvait avec quatre Noirs. Il fut établi qu’elle avait eu des relations sexuelles dans les heures précédant sa mort. Cause du décès : elle avait bu du sherry contenant une drogue aphrodisiaque. Au procès, l’accusation n’eut aucun mal à convaincre les jurés blancs de la culpabilité des quatre Noirs. On supposa une suite de viols, suivis du meurtre. Pourtant, la défense souligna que la victime connaissait parfaitement Scott Hamilton (le principal accusé) puisqu’ils avaient vécu ensemble à une époque.

Ami d’Hamilton, l’écrivain Noir américain Roger Garrison tenta de faire la lumière sur cette affaire. En effet, il trouva des éléments biographiques importants sur les accusés. Mais il n’approcha jamais vraiment la réalité de cette histoire. Il s’intéressa trop peu à la victime, et resta sur le plan idéologique – avec quelques préjugés. Personne ne s’interrogea sur le rôle de Brissaud, ex-mari de la défunte. Il était responsable de la fragilité physique et nerveuse de Mrs Hancock ce jour-là. Ted, un des Noirs, avait des raisons complexes pour la faire boire. En fait, personne ne voulait réellement établir toute la vérité dans ce dossier…

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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 05:00

Ça va barder” est un film français de John Berry sorti fin mars 1955. Rappelons que ce cinéaste (né à New York en 1917, décédé à Paris en 1999) fut dans son pays une victime du maccarthysme. Inscrit sur la liste noire lui interdisant d'exercer son métier, il s'exila en France au début de la décennie 1950. Le héros se nomme ici Johnny Jordan, incarné par Eddie Constantine. Ami de John Berry, celui-ci l'avait suivi en France. Ensemble, ils ont tourné aussi “Je suis un sentimental” (1955) et “À tout casser” (1968, avec Johnny Hallyday). S'il joua le rôle de Lemmy Caution, le héros de Peter Cheney, le comédien Eddie Constantine (1917-1993) fut en grande partie abonné aux films de série B. Il interpréta des aventuriers généralement bagarreurs, parfois agents officieux. Des films à prendre au second degré, riches en péripéties mouvementées et en jolies partenaires pour Eddie Constantine. Il signa en 1955 dans la collection Un Mystère le roman “Votre dévoué Blake”, plus sûrement écrit par un auteur-maison.

“Ça va barder” Eddie Constantine chez Spécial-Police

Il est entouré dans “Ça va barder” de May Britt (Suédoise née en 1933, repérée par le producteur Carlo Ponti, elle tourna surtout jusqu'en 1960, et fut mariée huit ans à Sammy Davis Jr), Monique Van Vooren, Irène Galter, Roger Saget, Jean Danet, Clément Harari, Lyla Rocco, Évelyne Rey. Jess Hahn ou Pierre Brice étant des comédiens hélas oubliés, tout juste relève-t-on le nom de Jean Carmet (dans le rôle d'Alvarez, le meilleur copain de Johnny Jordan). Sur une histoire de John Berry et Henri-François Rey, les dialogues sont de Jacques-Laurent Bost et le scénario de Jacques Nahum. Ce dernier sera, dès les années 1970, le producteur des séries télés adaptées d'Arsène Lupin.

“Ça va barder” a été novellisé en parallèle du film, dans la collection Spécial-Suspense (n°70B) du Fleuve Noir, sous le pseudonyme de Michel Colas. Ne perdons pas notre temps à chercher de qui il s'agissait. Ce pseudo n'a été utilisé qu'une seule fois. C'est un auteur chevronné qui a transposé le film. L'histoire étant racontée à la première personne par le héros, ça donne une belle vivacité au récit. Décor tropical pour un pur roman d'aventure, où se succèdent les scènes agitées, dans la meilleure tradition. Un brin d'humour et un peu d'amour, mais ce sont les rebondissements qui priment. Un suspense typique de cette époque, encore très agréable à lire grâce à une intrigue bien construite...

“Ça va barder” Eddie Constantine chez Spécial-Police

L'Américain Johnny Jordan voulait devenir un grand journaliste. S'il fut reporter de guerre, il resta quelques temps en Europe dès 1945. Quelques traficotages de marché noir, puis divers métiers aléatoires lui permirent de subsister. Ensuite, Johnny tenta sa chance en Amérique Centrale. À Puerto-Negro, son comparse Alvarez et lui firent de la contrebande, avant de devoir arrêter. Johnny dut quitter Gina, sa séduisante petite amie, afin de rentrer en Europe. Il ne s'enrichit pas davantage, et finit par échouer à Lisbonne. Il s'arrange pour entrer en contact avec le gras armateur Moreno. L'un de ses cargos, Le Mozambique, doit partir pour Puerto-Negro. Moreno propose une mission à Johnny, pour cinq mille dollars. Il négocie, obtenant le double. Il s'agit de mettre fin à du piratage maritime. Deux navires de Moreno ont été attaqués, leur cargaison volée. Le matériel transporté par les cargos, ce sont certainement des armes. Johnny embarque sur Le Mozambique.

Peu avant l'arrivée, agressé dans la cale du cargo, Johnny soupçonne fort le commandant. Il ne dévoile pas sa mission à Sammy Kern, l'agent de Moreno à Puerto-Negro. Johnny ne tarde pas à se ré-installer chez Alvarez, qui tient un bistrot avec sa femme Boubica. Celle-ci n'est pas ravie du retour de Johnny. Bien informé, Alvarez conseille à son ami de se méfier des dangereux adversaires qu'il devra affronter. Gina n'habite évidemment plus ici. On peut la trouver au club Habaneira, dirigé par le nommé Diégo. Les retrouvailles entre Johnny et Gina sont plus que mitigées, la jeune femme restant distante. C'est parce que, après le départ de son amant, elle a fini par épouser Diégo. Ce dernier semble en affaires avec Sammy Kern, l'agent de Moreno. Activités illicites, à n'en pas douter. Après une nouvelle rugueuse rencontre, le commandant du Mozambique et Johnny finissent par sympathiser. Il lui offre une piste possible, la crique du Moro.

C'est dans cette anse que mouille le bateau de Lopez, ravitailleur de phares. Peut-être bien le navire qui sert à attaquer les cargaisons de Moreno. Johnny secoue Sammy Kern, qui admet sa complicité dans les trafics locaux. Au club Habaneira, face à Diégo, Johnny et Gina font semblant d'être étrangers. Lors d'un détour par le miteux bordel Paradise, Johnny est impliqué dans une bagarre contre des Marines. Peu après, on retrouve Kern, tué dans son bureau. Johnny risque des ennuis avec les flics. Heureusement, l'inspecteur Da Silva n'est pas trop borné. Entre-temps, Moreno est arrivé à Puerto-Negro. Johnny ira au bout de sa mission, avec l'aide d'Alvarez et de la belle Gina.

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 04:55

C'est chez Le Masque que fut publiée la trilogie de Stephen Booth ayant pour décor la région rurale de Peak District, dans les Midlands, en Grande-Bretagne : "Black Dog" (2001), "Peak Park" (2002), "L'aigle sanglant" (2003). Ils ont été réédités au Livre de Poche. Retour sur le deuxième titre, qui utilise le nom du parc naturel de cet endroit; Un très bon roman, pas seulement pour son aspect policier mais aussi pour son humanité. Le policier Ben Cooper, héros altruiste épris de justice et amoureux de la nature, est un personnage véritablement attachant. Sa collègue Diane Fry, avec ses nombreux défauts, apparaît son complément parfait. Mais ce sont les portraits de tous les protagonistes qui font la qualité de cette excellente histoire. Honnêtes ou véreux, on nous les décrit avec un réalisme sensible. Peak Park étant un lieu qui lui est cher, Stephen Booth en parle avec tendresse et précision. L’intrigue criminelle est délicieusement tortueuse et habilement construite, utilisant la part d’ombre de chacun, jusqu'à un dénouement convaincant.

Stephen Booth : Peak Park (Le Masque, 2002)

C'est au cœur de Peak Park qu'est découvert le cadavre de Jenny Weston, près du site des Neuf Vierges” sur la lande de Ringham. Elle a été poignardée. Le policier Ben Cooper et le sergent Diane Fry font partie des enquêteurs. Ils s’entendent mal : Ben est natif de la région, alors que Diane est une pure citadine. Celle-ci s’occupe aussi de la précédente agression ayant eu lieu à Peak Park. Maggie Crew, avocate, a été défigurée à coups de couteaux. Ses souvenirs, elle les refoule. Diane essaie d’établir des points communs entre les deux victimes, mais ils sont peu nombreux. Le dialogue avec Maggie est difficile.

Ben Cooper et son collègue Todd Weenink cherchent des témoignages. Le ranger Owen Fox les aide à approcher certains voisins, comme le brutal Warren Leach. La ferme de celui-ci périclite, son épouse disparaît. Deux marginaux vivotant dans un fourgon en panne feraient également de bons suspects. Ben n’y croit pas, Calvin et Stride n’étant pas des violents. D’autres sont interrogés : l’ex-mari de Jenny, un employé du marché aux bestiaux, un cambrioleur qui se serait vengé du père de Jenny, un type recherché pour agression par la police de Manchester. Mais ces gens-là n’ont guère de lien direct avec cette double affaire.

Ben apprend que des combats (illégaux) de chiens étaient organisés dans un hangar chez Warren Leach. Ce qui ne sera pas sans conséquences pour le fermier. Des indices entraînent l’arrestation d’Owen Fox, ce qui choque Ben. Même si le ranger est libéré, sa réputation est fichue. Ben découvre bientôt un cadavre putrescent, celui d’une femme. C’est la jeune Ros Daniels, activiste de la défense des animaux. On la recherchait, car elle a vécu durant une période chez Jenny Weston...

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 04:58

N'ayant publié que trois titres ("Le dernier mort du Val", "La mort en double", "D'une pierre deux morts") dans la collection Spécial-Police, Alain Rivière ne figure pas parmi les auteurs marquants du Fleuve Noir de l'époque. Selon l'Oncle Paul, il s'agissait du pseudo de l'épouse d'un auteur-phare de cet éditeur. D'autres indices (un enquêteur d'assurances, des prénoms) peuvent faire penser à un autre romancier ayant plusieurs pseudos. Évitons ces broutilles hypothétiques. Dans “Le dernier mort du Val”, l'histoire est un peu lente au départ, lourde comme l’ambiance de la petite ville décrite, floue comme les secrets de chacun. La seconde moitié est plus enlevée, et le dénouement bienvenu. Peut-être pas un grand polar, mais un suspense de fort bon niveau.

Alain Rivière : Le dernier mort du Val (Fleuve Noir, 1977)

Une petite ville de province au milieu de la décennie 1970. “Blotti le long de son fleuve, Saint-Front ne se réveillait qu'à l'aube, au son des premiers vélomoteurs des travailleurs matinaux qui la traversaient.” Ici règne une tranquillité bourgeoise provinciale de bon aloi. Clotilde, l’épouse du promoteur immobilier Arnaud Saint-Voulx découvre son mari, qui vient de se faire tirer dessus. Il n’est pas mort, mais grièvement touché. Un clerc de notaire sera assassiné le lendemain, avec la même arme. C’était un ami de la première victime. Une coïncidence paraît improbable.

Employé d’un cabinet d’avocat, Jean-Placide Moulin enquête pour les compagnies d’assurances. Plusieurs autres habitants de la sous-préfecture étant assurés par la même compagnie, celle-ci craint d’avoir à débourser si d’autres morts se produisent. Jean-Placide se rend donc sur les lieux. Le commissaire chargé de l’affaire connaît bien la région et les personnes concernées. Après avoir dîné avec Jean-Placide, on le retrouve à son tour assassiné. Avait-il déjà identifié coupable ? Assurément, sa mort brutale est liée aux deux agressions précédentes. Un nouveau commissaire arrive, bien décidé à trouver la vérité.

Le notaire M.Donnot, l’agent immobilier Desforges, l’ingénieur M.Gervaise, l’architecte Delagrange, ou le jeune docteur Laurent (l’amant de Clotilde) : tous ces gens-là –non seulement se connaissent car ils font partie des mêmes milieux– mais ont un point commun. Et des intérêts convergents. Est-ce par la belle Nicole, employée du cadastre, que Jean-Placide obtiendra des renseignements ? Ou par Clotilde, qui se demande si elle devra bientôt choisir entre mari et amant ? Est-ce le dernier projet immobilier en date qui est la cause de ces crimes ? Le policier considère le docteur Laurent comme son meilleur suspect. Jean-Placide ne le pense pas coupable. L’argent n’est pas le mobile de l’affaire. L’épisode final arrangera peut-être tout le monde...

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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 05:00

Publiée en France depuis 2000, Lisa Gardner a bientôt convaincu un large public grâce à ses très bons suspenses : Jusqu'à ce que la mort nous sépare, La fille cachée, La vengeance aux yeux noirs, Tu ne m'échapperas pas (tous chez l'Archipel)... Disparue, Sauver sa peau, La maison d'à côté, Derniers adieux, Les morsures du passé (tous chez Albin Michel).

Retour sur “Tu ne m'échapperas pas” sorti en 2003, réédité chez J'ai Lu en 2005. Imitant ceux de Mary Jane Clark, le titre français est peu inspiré. Néanmoins, on trouve ici de véritables qualités qu’il convient de souligner. Dès le début, la pression est intense. Le scénario, et le rôle de chacun, sont d’une belle précision. Certains indices sont plus clairs qu’on nous le suggère. Le plus intéressant reste le rappel des cas réels de fusillades en milieu scolaire. Lisa Gardner cherche à comprendre ce dramatique phénomène criminel. Bien documentée, elle esquisse des réponses. Un suspense efficace, qui démontrait déjà les atouts favorables de cette excellente romancière.

Lisa Gardner : Tu ne m'échapperas pas (2003)

Tranquille bourgade de l’Oregon, Bakersville est secouée par un drame. Une fusillade a semé la panique à la cité scolaire. Deux fillettes et une jeune prof d’informatique, Melissa Avalon, ont été abattues. Le tueur est un élève de 13 ans, Danny O’Grady, le fils du shérif. Lorraine “Rainie” Conner s’occupe de l’enquête. Adjointe du shérif, cette jeune femme compétente fut naguère impliquée dans le meurtre mal élucidé de sa propre mère. Elle reste marquée par ces faits datant de quatorze ans.

Danny étant le coupable évident, le policier Sanders entend boucler le dossier rapidement. Rainie éprouve des doutes. Elle sait Danny solitaire, mais pas violent. Quincy, “l’agenquêteur” du FBI qui les a rejoints, est un expert des fusillades dans les écoles. Avec Rainie, ils interrogent les témoins. Le principal et le conseiller d’éducation regrettent de n’avoir pas su prévoir le drame. Danny a sûrement été influencé. Il correspondait sur Internet avec un adulte signant “NoLava”. Mais les mémoires des ordinateurs ont été nettoyées. On parle d’un homme en noir, vu sur les lieux du crime. Rainie et Quincy n’excluent pas cette piste.

Celui qui manipula Danny n’est pas loin. Prudent, il a tout préparé avec soin. Il a même étudié le cas de Rainie, ravivant les douloureux souvenirs de celle-ci. La preuve est bientôt établie que Danny n’a pas tué la prof. Si tous possèdent un alibi, aucun suspect ne doit être écarté. Pas même le père de Melissa, trop intime avec sa fille. Conditionné, Danny a bien tiré sur les gamines. Reste à établir qui a exécuté la prof. Éloignant Quincy, le tueur s’attaque à Rainie...

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 05:13

 

André Lay, qui utilisa souvent des décors exotiques, évoqua plusieurs fois les serpents dans ses romans. Dans «Sang et eau» (Fleuve Noir 1966), le héros et son amie traversent les bayous de Louisiane sur un canot. SERPENTS-1Ils y croisent non seulement de dangereux caïmans et de menaçantes tortues, mais aussi un crotale – ou serpent à sonnettes. Un adroit coup de feu résoudra la question, au grand soulagement de la jeune femme… La même espèce de serpents est évoquée dans «Mon ami le crotale» (Fleuve Noir 1972). Cette histoire se passe dans le désert du Colorado où, après cinq ans de prison, un homme attend ses anciens complices. Le classique partage du butin finira mal, y compris pour un policier véreux. Le crotale joue ici un vrai rôle : il vengera le héros… Toujours d’André Lay, l’imposant commissaire vénézuélien Perello Vallespi est confronté, lui, à un anaconda dans «Vallespi chasse la sorcière» (Fleuve Noir 1970). Enfermé par une femme inquiétante dans une cage, le bouillant policier risque d’être attaqué par l’impressionnant serpent. L’illustration de Michel Gourdon pour «Cette mort qui nous guette» d’André Lay toujours (Fleuve Noir 1966) donne à penser qu’il y est encore question de serpent.

«Les quatre vipères» de Pierre Véry (rééd.Le Masque) fait allusion à « quatre vipères de cristal diffusant un parfum subtil, vite surnommé par la presse l’Odeur Funèbre » nous dit la présentation de ce roman. Extrait page 32 : «Sur la table, un serpent ! Long de quinze centimètres environ, de la grosseur du pouce, il se tenait immobile, lové, sa tête tournée belliqueuse ment vers moi (…) SERPENTS-2C’était une vipère, avec un V marqué sur sa plate tête triangulaire et une expression de méchanceté inexprimable dans ses prunelles pâles. Mais c’était une vipère de cristal…»

«L’œil du serpent» de Georges-J.Arnaud (Fleuve Noir 1974) met en scène un couple de routards se sentant poursuivis jusqu’à Toulon par un quidam inquiétant, qu’ils surnomment "l’homme à l’œil de serpent". Une fois arrivés, ils ont sans doute tort de se croire de se croire en sécurité – protégés par le "cercle magique" du jeune homme. L’affaire est sérieuse. Ici, pas de vrai serpent, mais un œil très particulier. On appréciera également le bon jeu de mot de James Carter pour son titre : «Le serpent d’Hippocrate» (Fleuve Noir 1975) qui se passe dans le milieu médical.

 

 

On peut citer aussi, par exemple :

« Des serpents sur vos têtes » d'Alan Scolefield (Série Noire, 1980)

« Le serpent dans l'herbe » d'Anthony Gilbert (Le Masque, 1956)

« Le serpent dans la ville » de Madeleine Coudray (Eurédif Suspense, 1978)

« Le piège aux serpents » d’Adam Saint-Moore (Fleuve Noir 1959)

« Le pêcheur de serpents » de Marcel Le Champs (Série Noire, 1953)

« Un serpent dans la poche » de Philippe Verteuil (Le Masque, 1977)

« Le serpent à lunette » de Robert Destanque (Super Noire Gallimard, 1978)

« Le serpent » de Mickey Spillane (rééditions diverses)

« L'empreinte du serpent » de Th.Bataille et J.Bruno (Pocket, 1995)

« Le baiser du serpent » de David Wiltse (1984 - Livre de Poche, 1987)

« La proie du serpent » de M.Martens et J.P.Bastid (Sueurs Froides Denoël, 1982)

« Le ventre du serpent » de Chrystine Brouillet (roman jeunesse, 1996)

« Vipère au sein » de James Hadley Chase (Série Noire, 1952)

« Vipère noire » de Boris Starling (J'ai Lu, 2005)

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