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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 04:55

Âgé de soixante-trois ans, l'inspecteur Richard Queen est désormais à la retraite, après sa belle carrière à la Brigade des homicides de New York. S'ennuyant beaucoup, il passe des vacances chez ses amis, le couple Pearl, sur la côte du Connecticut. Abe Pearl est chef de la police locale de Taugus. Tout près de là, se trouve Nair Island, une île privée reliée au continent, appartenant à une poignée de milliardaires. Alton et Sarah Humffrey possèdent ici leur résidence estivale. Ce riche homme d'affaire et son épouse viennent d'adopter un bébé, qu'ils ont prénommé Michael. Ils ont utilisé les services d'un intermédiaire douteux de New York, A.Burt Finner. Dès que la mère authentique est sortie de l'hôpital, elle lui a confié le nourrisson. À Nair Island, c'est la nurse Sherwood, nouvellement engagée, qui va s'occuper du bébé. Cette infirmière quinquagénaire est très expérimentée.

Richard Queen et Jessie Sherwood ont sympathisé par hasard en bord de mer. Le jour de la fête du 4 juillet, une nervosité certaine règne dans la maison de vacances des Humffrey. En partie, à cause de leur neveu Ron Frost endetté, auquel le milliardaire ne veut plus prêter d'argent. Peu après, un visiteur nocturne tente d'approcher la nursery, avant d'être mis en fuite par Jessie Sherwood. Probablement un mauvais coup du neveu, selon Richard Queen et son amie la nurse. Le mois de juillet se passe sans autre incident. Début août, Jessie Sherwood revient de sa journée de congé hebdomadaire. Elle découvre le corps du bébé Michael asphyxié. On peut penser à une maladresse de la mère adoptive, Sarah. La nurse a toutefois remarqué une taie d'oreiller avec une trace de main sale près de l'enfant mort. Personne ne la croit, sauf l'ex-inspecteur Queen.

Malgré une barrière et un gardien, “Nair Island est accessible, au prix d'un petit effort, à n'importe qui” admet Richard Queen. Jessie Sherwood et lui soupçonnent encore le neveu Ron Frost, mais il possède un sérieux alibi. L'affaire sera bientôt classée comme accident, le policier local Abe Pearl n'y pouvant rien. Dépressive, Sarah Humffrey est internée dans un sanatorium. De plus en plus proches, Richard Queen et la nurse vont poursuivre l'enquête à New York. A.Burt Finner n'est pas inconnu des services de police. Face à Richard Queen, il nie d'abord toute transaction avec Alton Humffrey au sujet d'un bébé, avant de se montrer plus coopératif. Il va être éliminé, ce qui risque d'entraîner Queen et Jessie Sherwood dans l'impasse. Néanmoins, ils retrouveront la vraie mère de l'enfant défunt. Leur suspect n°1 ne sera nullement facile à arrêter…

Ellery Queen : Le cas de l'inspecteur Queen (Éditions Omnibus, 2014)

Les Éditions Omnibus rééditent depuis le printemps 2014 quelques grands classiques de la littérature policière en romans unitaires. Ellery Queen (Le cas de l'inspecteur Queen), Vera Caspary (Laura), Dashiell Hammett (Jungle urbaine), Mickey Spillane (J'aurai ta peau), G.K.Chesterton (La sagesse du père Brown), Nicolas Freeling (Psychanalyse d'un crime) sont disponibles. Des titres incontournables pour tous les amateurs des meilleurs polars.

Il s'agit ici d'un roman écrit en 1956. Les décors (ainsi que les véhicules) sont bien ceux de l'Amérique de ces années-là. Le Connecticut servait alors de villégiature aux plus riches familles new-yorkaises ou du Massachusetts (les Humffrey habitent Concord, dans cet État). À travers un soldat fantomatique, il est même fait allusion à la Guerre de Corée. Le personnage d'Ellery Queen n'apparaît pas (il est en voyage en Europe) dans cette affaire qui met à l'honneur son père, le policier Richard Queen. Veuf de longue date, il a droit à une amourette avec la sémillante Jessie Sherwood, infirmière consciencieuse et téméraire.

On aurait franchement tort d'imaginer une intrigue linéaire, une simple enquête balisée n'offrant guère de surprises. Au contraire, sans pourtant rien emberlificoter, le récit fluide nous décrit une suite de situations qu'il ne sera pas si aisé de démêler. Telle une pièce de théâtre en cinq actes loin d'être figée, l'ensemble s'avère crédible et solide. Les auteurs de ces époques, dont le duo Ellery Queen, savaient concocter des histoires captivantes.

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18 juillet 2014 5 18 /07 /juillet /2014 04:55

Selon les rares infos à son sujet sur Wikipedia, Frédéric Valmain est né le 31 janvier 1931 à Alger, et mort le 9 juin 2003 à Champigny (Val-de-Marne). Il était acteur, scénariste, et écrivain. De son vrai nom Paul Baulat, il commence à tourner de tout petits rôles, avant de rencontrer le succès au théâtre avec “Liberty bar” qui est aussi sa première œuvre théâtrale. [Cette pièce est très souvent attribuée à Frédéric Dard, notamment par Thierry Cazon en 2001, Pierre Assouline en juillet 2008 et par Alexandre Clément en 2012. "Le flamenco des assassins" fut adaptée au cinéma sous le titre de "Johnny Banco", ce roman aurait pu également avoir été écrit par Frédéric Dard.]

Par contre, nul ne semble contester que “La mort dans l'âme” (1958) soit effectivement un roman de Frédéric Valmain. La tonalité est fort éloignée de ce qu'écrivait Frédéric Dard durant ces années-là, même s'il variait son style, à l'évidence. Un jeune héros désinvolte et arriviste navigue entre plusieurs femmes, commettant un crime pour assurer son avenir en profitant des circonstances.

Dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir, Valmain aurait utilisé le pseudo de James Carter. Ce qui est aussi partiellement contesté par ceux qui voient l'ombre de Frédéric Dard partout. J'ai testé plusieurs James Carter, dont “L'âge de déraison” (1977). On est là encore à mille lieues de l'inspiration et de l'écriture de Frédéric Dard. Une bonne petite intrigue avec une narration fluide, pour un suspense agréable comme il s'en est publié beaucoup alors. Grosse différence avec les quatre San-Antonio parus cette année-là.

Pour ma part, sans la moindre polémique, je ne suis pas du tout convaincu que Frédéric Valmain et James Carter aient été des pseudos de F.Dard, ce qu'il a d'ailleurs nié. Donc, ne payons pas au prix fort ces romans anciens, d'un bon niveau mais pas forcément attribuables à Frédéric Dard.

Frédéric Valmain : La mort dans l'âme (1958) + James Carter : L'âge de déraison (1977)

Frédéric Valmain : La mort dans l'âme (Arthème Fayard, 1958)

 

Quartier Latin, à la fin des années 1950, au temps où tout le monde chante “Les feuilles mortes” de Prévert. Sacha Terbieff est un jeune peintre de Saint-Germain-des-Prés, qui ne cache pas son ambition de se faire un nom. Ce trentenaire est en couple depuis une année avec Anna-Maria Pétracci. Italienne de vingt-trois ans, elle suit des cours à la Sorbonne. Elle est moins attachée au succès que son compagnon. Trois toiles de Sacha sont exposées parmi d'autres dans une galerie. Dès le vernissage, se présente une acheteuse. Il s'agit de la comtesse Frieda Wrumberg, belle quadragénaire (avouant trente-cinq ans) aux grand yeux bleus acier, au fin visage triangulaire cerné de cheveux blonds et courts.

La comtesse n'est pas seulement ravissante, elle est surtout riche. Elle demande à Sacha de lui livrer les toiles chez elles, après la durée de l'expo. Au 13 Quai de Boulogne, la demeure de Frieda Wrumberg respire le luxe. Les sculptures qu'elle réalise sont peu au goût de Sacha. Ce qui ne l'empêche pas de sortir ce soir-là avec Frieda et son toutou, le pékinois Jiky. Sacha la laisse mijoter ensuite pendant une semaine, avant qu'ils ne deviennent amants. Jalouse d'Anna-Maria, Frieda propose le mariage à Sacha. Ce qu'il accepte vite, quittant brutalement sa compagne. C'est en Italie que les nouveaux mariés passent leur voyage de noces. Se disant souffrante, Frieda provoque leur retour anticipé. Elle avait envie d'un ravalement de façade, tout simplement.

Ces caprices de Frieda rendent lourde l'ambiance chez elle. Sacha renoue avec Anna-Maria. Postant une lettre d'adieu à Frieda, le peintre part en voiture sur la Côte d'Azur avec sa compagne. Ils ont un accident, provoquant la mort d'Anna-Maria. Comme elle portait au doigt l'alliance de Frieda, Sacha en profite. Se disant que son épouse à entraîné une malédiction sur lui et sa compagne, il s'en débarrasse. Il prépare une fausse version pour M.Spizer, l'homme d'affaires de Frieda, qui organise les funérailles et la succession. Pour les obsèques, arrive de Londres la fille de la défunte, Nadja, vingt-cinq ans...

 

James Carter : L'âge de déraison (Fleuve Noir, 1977)

 

Joseph Picock est professeur dans les environs de New York. Il est marié à Gloria depuis une vingtaine d'années. Cette ancienne strip-teaseuse est devenue une femme d'intérieur exigeante, ce qui ennuie son époux. C'est ainsi qu'un jour, Picock la fait tomber dans les escaliers. Moitié-accident, moitié-crime, le digne époux de Gloria n'est nullement inquiété. Le voilà enfin libre. De son côté, Orso Chérubini est libre, lui aussi. Car il vient de s'évader de prison, se faisant passer pour malade. Chérubini fut le compagnon de Gloria, avant son mariage avec Picock. Il a été emprisonné durant un quart de siècle à Sing-Sing. Comme Gloria n'avait jamais cessé de lui écrire pendant son incarcération, le FBI pense que l'évadé va chercher à la contacter pour faciliter sa fuite.

Jo Picock n'a pas l'intention d'alerter les flics lorsque Chérubini débarque chez lui. Bien au contraire, ça mettra un peu de piment dans la vie de ce lecteur assidu de polars. Il compte protéger Chérubini, le cacher. Touché par cet accueil, l'ex-Ennemi public n°1 lui fait même des confidences sur le pactole qu'il a planqué. Chérubini est plus souffrant qu'il ne le pensait lui-même, au point de trépasser. Picock se demande alors s'il ne serait pas capable de jouer son rôle, afin de retrouver l'endroit où se trouve le butin de Chérubini. Les deux hommes se ressemble plus ou moins. Après tout ce temps, personne ne se souviendra des traits exacts de Chérubini.

Il contacte un certain Willy, qui détient le renseignement recherché. Avocat véreux, Willy l'invite à séjourner quelques jours chez Madame Bijou, patronne d'un bordel de luxe. Sans tarder, Picock tombe sous le charme de la séduisante Yoko. Cette domestique ne semble pas insensible à sa prestance de quinquagénaire. On ne peut guère se fier à Willy. Quand l'avocat va se montrer gourmand, Yoko choisira d'aider Picock. Le couple va bientôt se diriger vers la Californie, en quête du trésor de Chérubini. Il se trouve du côté de San Luis, sur le boulevard du front de mer, dans un vieux fortin puant. Malgré sa maturité, Picock risque de se montrer aussi naïf qu'un enfant de chœur...

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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 04:55

En ces débuts de la décennie 1970, l'espionnage est une activité à plein temps entre l'Est et l'Ouest, ou inversement. La France compterait presque pour quantité négligeable dans le domaine du secret international, de la barbouzerie tous azimut. Sauf si le commissaire San-Antonio et le mastard Bérurier sont missionnés pour résoudre un bintz d'enfer. Le topo, c'est qu'un agent de l'Est a vendu des documents à nos services français. Mais il s'est fait voler son attaché-case à l'aéroport de Catane, avant de se faire buter plus tard. Voici donc San-Antonio et Béru en Sicile, pour récupérer la valoche et ses papelards. Pour ça, ils repèrent un voleur pro local, le nommé Donato. Ils le filochent jusqu'à domicile, lui mettent la pression en kidnappant sa jolie sœur Lila, pas une farouche.

Passons sur des obsèques motorisées, et sur le moment où San-Antonio risque de périr en étant jeté dans la lave de l'Etna. Le commissaire et le goinfre Bérurier sont “invités” à Messine, pas pour pêcher la sardine mais chez un chef de la Mafia. Marchand de cercueils, cet Aldo Cesarini prétend négocier la valise, qu'il ne possède pas. Un temps captif, San-Antonio est libéré par les femmes du mafieux. Il en profite pour sauter successivement l'épouse de Cesarini, sa fille veuve, et sa petite-fille. Cette dernière, Thérésa, le conduit chez son grand-père maternel, un potier, où il pourra se planquer. Le répit sera court pour San-Antonio. Les sbires de l'organisation “Code Z”, dirigée dans le coin par la vieille actrice Linda Benson, cognent et séquestrent bientôt le vaillant commissaire.

San-Antonio a été contraint de leur avouer que sa mission n'est pas aussi claire que ça. Alors qu'il sert de cible façon stand de tir, un duo de tueur intervient, exécutant la bande de mercenaires de “Code Z”. Ceux-là sont plus ou moins des alliés, puisqu'il s'agit des services secrets ricains. Dont le QG se trouve sur un navire mieux équipé qu'il n'en a l'air. Avec eux, San-Antonio tente une explication de l'imbroglio (un mot rital qui s'impose). Les documents existent sans exister, mais c'est pas le principal, en somme.

Le commissaire en réchappe encore, tandis que les joyeux espions amerloques sont à leur tour dézingués. Il va faire la connaissance d'une belle Suédoise de vingt-cinq ans (pléonasme) nommée Ulla Hopp. Une complice bien utile quand San-Antonio recontacte le voleur Donato. Et puis, nonobstant quelques autres péripéties, il ne faut pas que le commissaire oublie de récupérer son adjoint Bérurier, avant d'aller exposer la situation au Vieux et au ministre de tutelle…

San-Antonio : Si, signore ! (Pocket, 2014)

Un San-Antonio d'il y a tout juste quarante ans. Comme le commissaire est un multi-carte de l'aventure, un varié dans les missions, le voici lancé dans une histoire où une Mata-Hari ne saurait plus qui trahir (c'est une image). Donc, il y a une valoche à retrouver, que tout le monde veut, mais qui n'a aucune importance, vous suivez ? En réalité, ce serait ce qui se passe sur un îlot sicilien qui est inquiétant, paraît-il. L'essentiel, c'est que ça extermine beaucoup autour de San-Antonio. Du cadavre à longueur de chapitres, et pas de temps mort, voyez. Dès que les services secrets passent à l'action, c'est ainsi. Et avec un max de gaudriole sexuelle suggérée, également, car le commissaire ne laisse aucune femme passer à sa portée sans la lutiner à la française. Faut que ça bouge, à tous points de vue.

L'auteur ne manque pas d'ironiser sur les beaux esprits littéraires, microcosme dont il est exclu : “Écrivailleur de calembredaine, c'est pestilentiel, dégradant. Ça rejaillit sur l'espèce entière. Tout le monde en subit les éclaboussures. Le romancier, pour être respecté, faut qu'y soye aussi homme de lettres. Bien tartant, pompeux, verbeux, docte. C'est pourquoi je cantonne dans la bienséance, tu remarqueras. Je me fais oublier le passé. Je me virginise le style en déployant les grands artifices. Pas bête, hein ? P't-être qu'un jour, je serai amnistié. On me laissera mourir dans le rang, en bout de file, en bout de table, mais parmi. Je serai gracié à force d'application. Ils diront : voyez, il avait bon fond, ce Santonio. Il était récupérable. L'âge lui a dessillé les yeux. Il a compris où se trouvait la vérité...” San-Antonio les dépassera en talent pendant encore plus d'un quart de siècle.

Outre “Si, signore !”, sont actuellement réédités “Maman les petits bateaux” et “En avant la moujik”, publiés autour des années 1970. Les occasions de (re)découvrir l'univers de San-Antonio ne manquent pas.

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 04:55

Le Tour de France 1957, celui où Jacques Anquetil prit le pouvoir et endossa son premier maillot jaune. Avant que n'arrivent les champions cyclistes de l'époque, passe la caravane publicitaire. “Le Tour de France, c'est une kermesse ambulante. Un soir dans une ville, le lendemain dans une autre, le Tour apporte avec lui la joie et le désordre. Des centaines de voitures, des milliers de gens étrangers à la ville, qui quelques heures plus tard s'en iront, laissant derrière eux en souvenir de leur passage des tonnes de papiers froissés et de bouteilles vides […] Oui, le Tour de France apportait à tous ces gens vingt-quatre heures de folie, une rupture dans leurs traditions, une espèce de liberté de tout faire. Demain, ils reprendraient leurs habitudes un instant brisées. Jusqu'à l'année prochaine.” Partie de Charleroi, l'étape du jour arrive à Metz, avant de rejoindre Colmar le lendemain.

Le car-podium Solocafé, c'est une petite équipe dirigée par la sensuelle madame Micheline et son amant François Ravier. Avec le chauffeur Léon Terroux, l'accordéoniste Dominique Quercy, la jeune artiste Gigi Saint Elme, et le chanteur Bernard Portel. Sexagénaire, Portel a connu une certaine gloire plus de vingt ans auparavant. Marié à Clémence, trente ans, ils ont une fillette de quatre ans, Sylvie. Sans doute Portel est-il un brin ringard, mais il a encore un public nostalgique des vieilles chansons qu'il interprète lors du show du soir, sur le car-podium. Accroc à la drogue, il a connu un long passage à vide, et fut sauvé lorsqu'il rencontra l'amour avec l'infirmière Clémence. Durant ce Tour, il devient miraculeusement l'amant de la romantique Gigi qui n'a que vingt ans. Elle ne lui demande aucune promesse d'avenir, juste trois semaines de bonheur ensemble.

Bernard Portel considère Dominique Quercy comme son meilleur ami. Mais l'accordéoniste masque sa furieuse jalousie envers le vieux chanteur. À l'étape de Metz ce soir-là, armé d'un revolver, Dominique est prêt à éliminer Portel. Alors que le musicien est agressé par un malfaiteur, Portel intervient pour l'aider, gardant sur lui le revolver. Gigi est méfiante envers Dominique, sentant la haine qui habite l'accordéoniste contre Bernard. Au sein de l'équipe Solocafé, l'ambiance est d'ailleurs tendue. Madame Micheline n'apprécie pas que son amant François courtise la jeune Gigi, inutilement. Le chauffeur Léon Terroux observe volontiers le petit cercle qui l'entoure. Nerveux, Dominique Quercy risque d'en venir à se battre avec lui. Car, à l'étape de Colmar, l'accordéoniste ne sait toujours pas comment il va supprimer Bernard Portel. Ce dernier file encore le parfait amour avec Gigi.

Les fâcheries des uns et des autres font ressembler Solocafé à une “caravane-fantôme”, se dit Bernard. “À croire qu'il y a un mauvais sort sur notre équipe” conclut Léon. Le Tour se dirige maintenant vers Besançon, où un coureur italien gagne l'étape, Pierino Baffi. Sans Gigi, dont l'absence est attribuée à une dispute avec Madame Micheline. Mais c'est la mort qui a commencé à rôder autour de Solocafé, causant plusieurs victimes…

Tour de France – Michel Lebrun : La caravane passe (1958)

Michel Lebrun (1930-1996) fut un de nos grands romanciers populaires, récompensé entre autres par le Grand prix de Littérature policière 1956 pour “Pleins feux sur Sylvie”. En 1957, il suivit quelques étapes du Tour de France, s'imprégnant de son ambiance. Ce qu'il restitue avec une belle justesse, au gré de plusieurs paragraphes, décrivant en quelques phrases la caravane publicitaire du Tour. Les partenaires de la Grande Boucle n'ont jamais manqué d'inventivité pour séduire le public de ce grand rendez-vous annuel. On croise ici les silhouettes des Frères Jacques et de l'incontournable Yvette Horner. On évoque les véhicules bigarrés de Cinzano, Verigoud, et autres marques, avec pause dégustation de la Bière de Champigneulles, spectacles du soir dans chaque ville. Et toute la fête qui faisait le charme du Tour de France, au temps où on chantait “La fille du Bédouin”…

Toutefois, il ne s'agit pas d'un reportage sur le Tour 1957, seulement de son contexte. Dans cette habile intrigue, Michel Lebrun met en scène des personnages d'une véritable densité. Par exemple, si Bernard Portel est un “has been”, son parcours n'est pas sans rappeler les carrières fluctuantes d'artistes d'alors. Gigi est assurément moins naïve que son âge le laisse supposer. Le gigolo François est à l'image des play-boys de ce temps-là. On découvre progressivement les motivations de l'assassin potentiel, fort maladroit. “La caravane passe”, jamais réédité, est certainement un roman totalement oublié de Michel Lebrun. À tort, car il s'agit d'un de ses titres les plus réussis.

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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 04:55

Christian Mantey est né en 1941. Il est l'auteur d'une vingtaine de suspenses pour le Fleuve Noir, à partir de 1969, ainsi qu'une dizaine de romans S.F. pour ce même éditeur. Dans les années 1980, il collabore aux productions de Gérard de Villiers, sous divers pseudos collectifs : Jeffrey Lord (série Blade), Zeb Chilicotte, Jean Christian Bergman, ou Buddy Matieson. Ses titres publiés au Fleuve Noir (L'encagé volontaire, Le même en noir, Témoin, Commission desperados, Mourir à Cefalu, etc.) sont d'agréables romans d'action, des aventures aux intrigues rythmées. S'il fallait retenir deux exemples qui sortent du lot, “Les aussi pires” et Meurtre à la ligne” apparaissent – chacun dans leur genre – comme des titres plutôt réussis.

Christian Mantey : Les aussi pires - Meurtre à la ligne (Fleuve Noir)

"Les aussi pires" (Fleuve Noir, 1973) est un roman d'aventure particulièrement mouvementé. La quête suicidaire du héros, dans le style desperado, est ici présentée avec un humour teinté de cynisme : Jos Chack donne l'image d'une jeune fils de famille, s'ennuyant quelque peu dans sa vie dorée. Sa mère vient de mourir, son père n'a guère de rapports avec lui. Ce dernier lui offre une belle somme d'argent, assez pour vivre sans souci durant un certain temps. Mais ce que cherche Jos, ce n'est pas la tranquillité financière. Il pourrait quitter Paris en prenant l'avion, ou simplement en s'achetant une voiture. Jos préfère en dérober une, c'est plus excitant.

Sur le trajet, il remarque un automobiliste au comportement curieux. Il le suit, pour voir. Cet homme est sur le point d'abattre son propre chien, pour de fumeuses raisons. Jos va sauver le chien, et le gardera. Plus loin en direction du sud de la France, il subit un contrôle de gendarmerie. Dans sa position, voilà une situation pouvant mal tourner. Mais il ne s'agit pas de vrais gendarmes. Jos n'a aucunement l'intention de se laisser dépouiller. Il se défend, tue les deux hommes, puis reprend la routre avec le chien Clebs. Lors d'une pause, l'animal est kidnappé. Qui est donc cet adversaire qui se fait appeler Hergé ? Le voleur du chien attire Jos dans une scierie désaffectée. Cette fois, c'est sa vie qui est en jeu, il en est conscient. Face au désir de vengeance de l'autre, la volonté de survie de Jos est la plus forte.

La belle Kaya est une étrangère faisant de l'auto-stop vers la Côte d'Azur. Il ne sera pas question de sentiments entre eux. Tous deux s'installent ensemble au bord de la mer. Le hasard leur permet de récolter une belle somme aux courses. Kaya avoue ne pas être insensible à l'argent. L'Américain Harrison propose à Jos une mission qu'il ne peut refuser : attaquer un transport de fonds illicite. Une opération rentable, présentant peu de risques. Échaudé, Jos se méfie des coups tordus, et celui-là s'annonce gratiné...

 

"Meurtre à la ligne" (Fleuve Noir, 1974) met en scène un auteur qui pourrait être Christian Mantey en personne. Le couple d'amis, ce sont le réalisateur-télé Jean-Jacques Goron et l'animatrice-télé aussi scénariste Joëlle Goron, alors peu connus : Florent Garnier est un romancier populaire, qui nous raconte les aléas de son difficile métier. Plein d'ironie, il égratigne le comité de lecture de son éditeur, et décrit une rencontre avec son directeur littéraire. Pour gagner davantage de lecteurs, Garnier doit-il écrire plus classique, ou cultiver sa propre publicité. La seconde solution est très certainement la plus payante, encore faut-il trouver une idée géniale. Il est l'ami d'un couple, Jean-Jacques et Joëlle (dite Jojo) Cordier. Il propose à l'intrépide Jojo de simuler une disparition spectaculaire, pour laquelle on ne manquerait pas de le suspecter lui, Garnier. Dès qu'on aura assez parlé de lui, Jojo fera son retour.

Une publicité à peine risquée, mais à la frontière de la légalité. C'est pourquoi la jeune femme hésite quelque peu. Jojo finit par accepter, malgré tout. Après avoir conditionné certains témoins, elle se cache. Dans les jours qui suivent, les proches de Jojo s'inquiètent naturellement. Des soupçons se portent sur Florent Garnier, comme prévu. Celui-ci comprend bientôt pourquoi il ne parvenait pas à joindre Jojo au téléphone. À cause d'un curieux réseau téléphonique clandestin, dont Garnier finit par joindre des membres. Avec eux, afin de se disculper, il vont chercher à retrouver Jojo...

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 04:55

Le public français s'est passionné pour la Coupe du Monde de football en 1998, qui vit la victoire de l'équipe de France. Le capitaine de cette équipe mythique qui a battu le Brésil en finale, Didier Deschamps, est le sélectionneur de celle de 2014. On verra si c'est de bon augure. Voici l'occasion d'évoquer quelques romans ayant trait au football.

Certes, on trouverait quelques titres étrangers, tel celui de David Peace “44 jours” (Rivages, 2010) : Le lendemain de Noël 1962, Brian Clough, buteur surdoué de l’équipe de Sunderland, se blesse. Ce sera la fin d’une carrière qui s’annonçait exceptionnelle. Avide de revanche, il se reconvertit comme manager. Aidé de son inséparable ami Peter Taylor, il va conduire l’équipe de Derby à la victoire en championnat d’Angleterre. Deux ans plus tard, Clough prend la direction de Leeds United, l’un des plus grands clubs européens. Fidèle à son style, il commence par jeter un pavé dans la mare : Leeds ne doit ses victoires qu’à la tricherie et aux manœuvres de son prédécesseur. Désormais, l’honnêteté et le beau jeu régneront sans partage. Mais c’est sans compter avec l’hostilité de l’équipe et des dirigeants : ce qui s’annonçait comme le couronnement de la carrière de Brian Clough vire au cauchemar...

Il faudrait aussi évoquer le roman d'Alfred Draper : A mort l'arbitre (Série Noire, 1973), pionnier du thème. Une grande partie de la planète parlant plutôt de soccer que de football, intéressons-nous donc à une poignée de polars français abordant, de près ou de loin, ce sujet. Citons l'épisode du Poulpe (n°128) signé Frédéric Prilleux et Michel Pelé : Kop d'immondes (Baleine, 1998). Une version bédé de ce roman a été publiée aux éditions 6 pieds sous terre, en 2004. Par ailleurs, Frédéric Prilleux a concocté un recueil de nouvelles, réunissant 17 auteurs : Les hommes en noir (Les Contrebandiers, 2011). Marcus Malte, Caryl Férey, Jérôme Leroy, Dominique Sylvain, Marc Villard, Thierry Crifo, Jean-Hugues Oppel figurent parmi les auteurs ayant contribué à ce recueil sur les arbitres de football... Revenons sur quelques autres titres.

Mondial 2014 : Football, suspense et polar

Marc Villard “Ballon mort” (Série Noire 1984, Le Castor Astral 2008)

François Bertolini, 34 ans, a fait une belle carrière de footballeur. Voilà une dizaine de jours qu’il a disparu. Il avait souscrit une assurance-vie pour une forte somme. Enquêteur de la compagnie, Stéphane Miller est lui aussi natif d’Orlandeaux. Adolescent, il a souvent joué au foot avec Bertolini sur le vieux stade de la ville. Avec son jeune fils Freddy, expert absolu en cinéma, Miller va séjourner sur place chez son père, le temps d’éclaircir l’affaire. Doumicq, l’agent d’assurance local, ne voit pas vraiment la nécessité d’une enquête. La famille Bertolini ne parait pas se tracasser pour la disparition du joueur. Après un pèlerinage sur le terrain de foot de sa jeunesse, Miller interroge l’épouse de François Bertolini. Mal vue de la famille de son mari, elle apparaît sur la défensive. Certain que son ami est mort, Miller cherche l’endroit isolé ou dangereux pouvant receler son corps.

C’est au fond des Grottes de Caliante qu’il découvre le cadavre de Bertolini, enseveli sous des roches. Accident ou simulation masquant un meurtre, ce ne sont pas les “pedzouilles zélés” de flics du coin qui sont capables de répondre. Désormais, Miller en fait une affaire personnelle. Le cas de Lou Simonin, catho traditionaliste, qui dirige l’association “Les amis de la Plaine”, intrigue toujours Miller. L’enquêteur et Freddy sont la cible d’une camionnette non identifiée…

Ce fut un des premiers succès de Marc Villard. On a tort d'opposer sportifs et intellectuels. Car nos images d’enfance, nos admirations et nos plaisirs, restent ancrées en nous. Foot, cinéma, rock et jazz, telles sont les références indélébiles de l’auteur. Mais il n’oublie pas de nous proposer une vraie intrigue, sombre sans être trop noire.

Caryl Férey “Raclée de Verts” (Suite Noire 2007, Pocket 2013)

Admirateur de la grande époque des Verts, l’équipe de foot de Saint-Étienne, Michel habite dans la banlieue stéphanoise. Il vit seul avec son vieux chien Janvion. Étant interdit de stade, il suit les matches de l’actuelle équipe de Saint-Étienne à la télé. Ce gros supporter raciste n’aime ni les colorés de diverses origines, ni les femmes qui sont toutes nulles. Il se moque d’avoir des amis, les Verts constituant son unique univers. Chaque soir de match, l’adrénaline monte en lui. Il profite de cette excitation pour agresser chez elles des vieilles dames qu’il a repérées. Il les identifie aux anciens adversaires de sa glorieuse équipe. Le chien Janvion est son partenaire lors de ces braquages, qui leur permettent de subsister financièrement. Que le butin soit faible ou plus rentable, Michel supprime ses victimes sans états d’âme. Puis il retourne à sa délirante passion.

Michel perd soudainement l’odorat. Pas si grave, puisque les Verts gagnent contre Strasbourg. Plus embêtant, il perd aussi le sens du goût. L’important, c’est le petit match nul de Saint-Étienne à Marseille. Dans son bistrot habituel (où il est toléré), Michel passe une soirée arrosée avec Marie. La situation va bientôt se gâter pour Michel...

Ironique portrait d’un solitaire monomaniaque, obnubilé par sa passion jusqu’à l’excès, indifférent au reste du monde, inconscient de sa monstruosité. On peut se demander si ce genre de personnage, cas d’exception sans doute, n’existe pas réellement. Caryl Férey le rend très crédible. Les références à la formidable épopée de l’équipe stéphanoise ravivent nos heureux souvenirs. Quant au style, il est savoureux : “Janvion [le chien] a 29 ans. Il est en fin de carrière mais ne le sait pas encore. Je le lui dirai un jour, avant de le piquer.” Drôle et cruel, à la fois. Délicieux, donc.

Mondial 2014 : Football, suspense et polar

Ludo Sterman“Dernier shoot pour l’enfer”, Fayard Noir (2012).

Julian Milner est un journaliste sportif parisien âgé de trente-cinq ans. Fils d’un militant irlandais, son heure de gloire arrive enfin en ce printemps 2008. Julian vient de publier la biographie d’Angel Novella, le leader de l’équipe de France de football qui gagna la Coupe du Monde 1998. Novella étant décédé brutalement en 2006 après une fin de carrière en demi-teinte, il a recueilli des témoignages sur celui qui fut un héros pour les supporters. Le livre s’annonce un succès, mais la haute direction du journal garde un œil quelque peu méfiant sur Julian. Le suicide de Sébastien Peyron, au lendemain de la présentation de cette biographie, pousse Julian à s’interroger. Star lui aussi de la grande équipe de 1998, Peyron avait un caractère peu expansif, mais ça n’explique pas son acte. Le commissaire Martinez mène une enquête de routine sur ce décès, sans livrer le fond de sa pensée.

Évidemment, l’aspect financier de la victoire de 1998 n’a pas été tellement clair. Bien qu’étant un élément-phare de l’équipe, Peyron a pu faire partie des joueurs moins bien servis. Le grand patron du journal insiste pour que Julian se consacre à la promo de la biographie, plutôt qu’à de vaines recherches sur le suicide de Peyron. Joseph, vieux journaliste écarté après de sulfureux articles, recommande la prudence à Julian. Néanmoins, celui-ci rencontre Aurélie, la veuve du joueur, avant d’aller interroger des anciens de 1998 qui se sont vite éloignés de l’équipe. Frattaci admet que l’esprit collectif était bon et qu’il ne négligeait pas le fric, mais que certaines règles de vie n’étaient pas à son goût. Une nuit, Julian se laisse enfermer dans les locaux de la Fédé, afin de consulter les dossiers financiers. Il va de plus en plus s'exposer aux dangers mafieux du foot...

Les milieux sportifs seraient bien plus frelatés encore qu’on ne l’imagine. On y préserve un statut supérieur, davantage basé sur des sommes colossales occultes que sur le sport et l’efficacité de chacun. L’omerta va plus loin, banalisant le dopage et ses dangers. Y compris dans le football, même si les cas probants ont été niés, étouffés, et vite oubliés. Tel est le thème de ce roman noir, fort bien documenté sur les plus sombres aspects du foot-bizness, qui montre les rouages et pressions ainsi que les complicités au sein de cet univers vicié. Excellent polar sur les arcanes du football de haut niveau.

Pascal Martin Les fantômes du Mur Païen (Presses de la Cité, 2006)

Surnommé Le Bonsaï, Vincent Romain est un jeune spécialiste des virus. Foch, son mentor, fait appel à lui pour une délicate affaire. Neuf clandestins Noirs ont été massacrés dans la forêt vosgienne, près du “Mur païen. Le Bonsaï s’installe à l’auberge de Lou, près du Mont Sainte-Odile et du lieu du crime. Germain, l’amant garde-champêtre de la jeune femme, ne comprend pas pourquoi Lou le rejette. Inspiré par sa game boy, Le Bonsaï devine que Germain servit de guide au groupe de Noirs. Il ne put empêcher le carnage, perpétré par un commando de tueurs. Il y avait un dixième noir, Aga, un gamin muet de douze ans qui s’est réfugié chez Lou.

C’est cet enfant que Le Bonsaï est chargé de retrouver, pour le compte de Jean Orion, président du club de foot strasbourgeois. Le policier Mignoni surveille Le Bonsaï. Le rôle de l’inspecteur n’est pas de contrer son action, mais de servir au mieux les intérêts du Ministère. L’affaire attise de vives tensions sociales et raciales. Quand trois footballeurs blancs de Strasbourg sont empoisonnés, des fachos en profitent pour multiplier les troubles. C’est à cause d’un ancien mercenaire portugais que des “gastéropodes assassins foutent la pagaille sociale”. Dans l’ombre, les néo-nazis flamands qui ont massacré les Noirs (et tué Germain) traquent toujours Aga. Le Bonsaï, Lou et Aga doivent fuir. Mignoni les aide à repousser le commando de nazillons...

Excellent roman d’action, à la narration fluide. Le tempo est vif, les rebondissements sont nombreux. On y retrouve Le Bonsaï, et plusieurs autres personnages tout aussi singuliers. L’ambiance est énigmatique, sans aucune lourdeur. Car on sourit également – des médisantes habituées d’une winstub, ou de la voiturette poussive du Bonsaï, par exemple. Ce suspense souligne les méfaits du racisme. Il aborde les relations entre l’argent et le football, devenu une vraie industrie.

Yann Venner La disparue de Guingamp (L’Ecir, 2007)

Tout irait bien dans ce petit coin de Bretagne, si un malfaisant n’avait saboté la voiture de Fanch, et saccagé le jardin de son vieux copain Eugène. Leur ami le commissaire Cesare Le Tellier est prêt à enquêter, quand il est chargé d’une affaire plus grave. Apprentie coiffeuse, Rébecca Stereden est la fille de l’adjudant de gendarmerie du secteur. Nourrie de romans sentimentaux, la jeune blonde sans cervelle se croit aimée d’un footballeur africain de Guingamp. Elle a fugué pour rejoindre son beau Victor. Éméchée et excitée, Rébecca le retrouve au stade du Roudourou, où l’En Avant prépare son prochain match. Tous deux sont agressés. Rébecca est kidnappée.

L’adjudant Félix Stereden reçoit le scalp de sa fille, avec la demande d’une forte rançon. “C’est la démocratie qu’est atteinte. S’en prendre à la fille d’un gendarme, fleuron de votre sécurité, c’est comme si on s’attaquerait en direct à Marianne, statue de notre liberté, notre mère à tous” clame Félix, tandis que son opulente épouse récolte des fonds pour la rançon. Ouvrier d’une usine de charcuterie, Bertrange est passionné de culture amérindienne. A tel point que ça l’a rendu schizophrène, cet “Indien” qui a enlevé Rébecca. Le policier Cesare interroge les footballeurs guingampais et les amies de la disparue, sans obtenir d’indice probant. Le match Guingamp-Marseille se joue sous haute surveillance, car Cesare pense que le kidnappeur rôdera au stade du Roudourou...

Cette “comédie noire” est fort sympathique. On retient d’abord l’humour, dans de savoureux portraits : “Il lui dit qu’il était Malien du nord. Elle répéta partout qu’elle sortait avec un joueur de foot nord-malien.” Passionné des mots, Yann Venner ne lésine pas sur la caricature appuyée. L’auteur parvient à exprimer une certaine noirceur, grâce à un inquiétant psychopathe. La narration amusée évite un trop sombre suspense.

Mondial 2014 : Football, suspense et polar

Un aspect parallèle au football est aussi évoqué dans “Trash Circus de Joseph Incardona (Ed.Parigramme, 2012) : Trente-trois ans, sportif, veuf, père de jumelles de douze ans, Porsche, Rolex, appartement luxueux, vêtements coûteux, Frédéric Haltier a le profil du gagnant dans l’univers des médias. Son autre facette, ignorée de tous ses proches, est nettement plus sombre. Supporter du PSG, il fait partie de ceux qui pratiquent la baston en marge des matchs, la castagne sauvage mêlant skins fachos et hooligans sans pitié. Cette violence, il en a aussi besoin lors de ses rapports sexuels, traitant les femmes tels de simples objets de luxure.

À paraître à l'automne 2014 aux éditions La Gidouille, la prochaine aventure de Léo Tanguy sera signée Michel Dréan, et concernera également le football. On peut lire encore le roman “Footness” de Dragan Brkic, sur l'influence de l'argent dans le sport, publié chez PubliBook. Il existe certainement d'autres romans français sur le thème du football, ou s'en approchant, ces exemples n'étant pas exhaustifs.

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 04:55

Détective au Quai des Orfèvres sous l’autorité du commissaire Dubœuf, Alexis Duquel a souvent affronté le criminel Machin. Bien que Machin ait été exécuté un an plus tôt, il semble être impliqué dans une nouvelle série de meurtres. Ses empreintes en témoignent. Il utilise un 24x36, arme de précision. Duquel pense qu’il rôde dans un congrès d’auteurs de S.F., tenant ses assises à Assise (Italie). Quatre écrivains seraient en danger : Dumoral, Ducid, Dufrein, et Dural. Ce dernier est abattu. De son côté, le commissaire Dubœuf disparaît un temps dans la nature. La mort d’un nommé Dutronc en serait la cause.

Au congrès, miss Farfrom est victime de Machin. L'écrivain Dumoral et elle furent élevés par la même nourrice – avec d’autres enfants, dont un muet. Menacé, l’auteur de S.F. échappe à un meurtre. Séquestré par un “déjanté ravisseur”, le détective Duquel se libère. Il retrouve la trace du criminel en Occitanie, mais l’homme est déjà parti. Pour Duquel, Machin et le nourrisson muet élevé par Mme Dubon ne pourraient faire qu’un. Plusieurs personnes s’appelant Machin sont tuées, comme s’il s’agissait de brouiller les pistes. A Angers, Duquel a rendez-vous avec l’instigateur de cette affaire. Désorienté, il s’enfuit en empruntant un train-fantôme.

Intervient une pause où Duquel “digressait abusivement, profitant d’un moment d’inattention des lecteurs pour s’éloigner de la solution…” Et quand il s’offre des vacances, les lecteurs protestent. Finalement, Duquel obtient des éclaircissements sur les victimes de Machin, élevées ensemble. Chez la nourrice, Duquel espère découvrir toute la vérité, y compris sur sa propre enfance. Quant à l’assassin, saura-t-on jamais qui il est ?...

Hurl Barbe : Alice crime (Ed.Gingko, 2004)

Il s’agit d’un polar expérimental, dont la première édition confidentielle date de 1979. Réédité depuis 2004 par l'éditeur Gingko, ce livre est toujours disponible. Peu importe que quelques références semblent un brin obscures au lectorat actuel. Car c'est un “petit joyau [qui] rappelle le Boris Vian juvénile de Vercoquin et le plancton selon Michel Lebrun (L’Almanach du Crime, 1980).

Un roman singulier, quasiment mythique. Sa pagination à rebours va de la fin au début. La numérotation des chapitres s’inverse au 17e. L’évolution du récit apparaît extravagante, burlesque, loufoque, mais merveilleusement maîtrisée. Les mésaventures d’un héros amateur d’Alka-Seltzer à la chantilly sont forcément originales. Il suffit de se prendre au jeu du non-sens pour apprécier cette curiosité stylistique. Puisque ce livre est encore diffusé, que les amateurs de hors norme ne se privent pas de le découvrir.

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 04:55

Près de dix ans après son décès, rendons une fois encore hommage à Brice Pelman (1924-2004), un des romanciers parmi les plus originaux de la collection Spécial-Police du Fleuve Noir d'antan. Datant de 1980, le premier titre est une excellente comédie policière, un chassé-croisé entre plusieurs personnages. Une histoire riche en rebondissements, teintée d'un certain humour, dont l'épilogue est savoureux. Le second titre, publié en 1998, est l'ultime roman paru de Brice Pelman. Il donnait une suite à la première aventure de Pierre Meysonnier, “Le trésor de la Casbah Souira” (1995). Le directeur de collection tarda à publier ce second épisode, et finit par le caser dans une collection SF-Mystère éloignée de son sujet. Ça reste un des très bons suspenses du regretté Brice Pelman.

 

"La péniche au trésor" (1980) :

Homme jeune et dynamique, Victor Tiphaine rentre en France après plusieurs années. Son oncle Clovis est un vieil original fortuné, vivant à bord d'une péniche (Janus) sur la Seine. Il a demandé à Victor de faire le voyage, car il pense que sa fin est proche. Clovis veut parler à son neveu d'un trésor qu'il possède. Dans l'avion, Victor fait la connaissance de la belle Jenny. Suite à ce véritable coup de foudre, ils n'ont plus envie de se quitter. Mais, quand Jenny se rend aux toilettes dans l'aéroport, des hommes enlèvent Victor. Ils vont le séquestrer dans une cave. Un personnage lui ressemblant fortement, le nommé Tantale, va se substituer à lui et se rendre sur la péniche de Clovis.

Jenny ne parvient pas à croire que Victor l'ait aussi brutalement laissée tomber. Toujours de bon conseil, sa meilleure amie Pia va l'aider à faire la lumière sur cette situation. Se faisant passer pour une journaliste, Pia va rencontrer Clovis – et Tantale, le faux Victor. Le vieil homme tombe immédiatement sous le charme de la séduisante Pia. Ce qui ne plaît guère à Mariel, une vieille amie de Clovis qui a tendance à trop le couver selon lui. Quand Pia fait entendre à jenny la voix enregistrée de Tantale, elle comprend que ce n'est pas le vrai Victor... Et le trésor ? Clovis en aurait été dépossédé par un certain Englebach. Il admet que celui-ci a abusé de sa confiance. Pour retrouver la trace du trésor, il s'agirait de retrouver le fameux Englebach, actuellement au Pays-Bas. De son côté, Victor doit sortir des griffes de ses ravisseurs, et tenter de rejoindre Jenny. Pia, quant à elle, prend aussi beaucoup de risques en suivant Tantale...

Brice Pelman : La péniche au trésor – La Pierre Makatea (Fleuve Noir)

"La pierre Makatea" (1998) :

L'aventurier Pierre Meysonnier et la belle journaliste Gildadora partent ensemble en Russie. À Saint-Pétersbourg, ils comptent retrouver Julie Lavoine, une jeune femme ayant échappé par miracle à plusieurs catastrophes. Le couple pense qu'elle est protégée par la Pierre Makatea, qui rend son possesseur immortel. Gildadora en bénéficia dans une précédente affaire. Julie Lavoine a probablement volé ce joyau entre-temps. Les renseignements du journaliste Onéguine sont minces, menant Meysonnier aux abords du Palais Sokolov. Il y surprend deux hommes qui essaient d'y pénétrer par effraction.

Pour sa part, Gildadora s'adresse à la police, en la personne du commissaire Brodsky. Pas insensible au charme de la jeune femme, le flic ne va pas ménager ses efforts afin de trouver la trace de Julie Lavoine. Ce qui semble une mission impossible. En planque devant le Palais Sokolov, Meysonnier et Gildadora assistent à l'arrivée d'Igor Bajenov, qui ne manque pas d'admirateurs. Celui qu'on surnomme Le Nouveau Tsar n'est autre que le compagnon de Julie Lavoine. La Pierre Makatea servant à conquérir et à garder le pouvoir, l'hypothèse est plausible. Pendant ce temps, deux truands français rôdent dans Saint-Pétersbourg. Le couple peut-il faire confiance au policier Brodsky, ou au chauffeur de taxi Vladimir ? Meysonnier et Gildadora n'ont pas peur de prendre des risques, afin de mettre la main sur la précieuse pierre...

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